Zahara ♦ Naranja.

Le moral dans les chaussettes, Nara prenait son déjeuner dans la Grande Salle où il n'y avait pas grand monde. Peut-être parce qu'il était trop tôt ou trop tard, elle avait un peu perdu la notion du temps, à force de fixer son assiette sans rien avaler. Isolée des autres élèves, elle laissait libre cours à ses pensées, cherchant des solutions à ses problèmes divers et variés. Elle allait se lever pour se rendre à la bibliothèque lorsqu'un hibou se posa près d'elle, une lettre dans le bec, sur laquelle son nom était écrit. Elle l'attrapa et décacheta rapidement celle-ci, espérant des nouvelles de sa famille. Elle était loin du compte. Les interrogatoires. Elle avait presque fini par croire qu'ils l'avaient oublié, car presque tous les autres élèves étaient déjà passés. D'après ce que Nara avait pu entendre, c'était loin d'être une partie de plaisir, et la jeune espagnole se demandait bien ce qu'elle allait bien pouvoir leur raconter. Elle ne savait rien. Rien. Nada. Pas plus que ce que les professeurs et membres du personnel ne leur montraient. Personnellement, la vie du corps enseignant, elle en avait rien à faire, ça l'intéressait pas. Mais si Voldemort croyait qu'il y avait un fruit pourri entre ses rangs, c'était sans doute vrai... Nara avait bien réfléchi de son côté, mais tous les professeurs étaient si odieux et tournés vers le mal qu'elle ne voyait pas vraiment lequel pourrait se détacher du lot. Repoussant son plat, elle se leva aussitôt et se dirigea vers les cachots. Il fallait mieux être en avance pour ce genre de choses. Elle ne souhaitait pas trop se faire mal voir par celui ou celle qui l'interrogerait. Déjà qu'elle n'était pas très bien vu par les Mangemorts à cause de sa relation avec Albus... Ils devaient sans doute penser qu'elle en savait un paquet sur la résistance, mais il n'en était rien. Bien au contraire même. C'était même le sujet de sa dernière rupture avec le jeune Potter. Il ne lui disait rien. Elle n'avait jamais été au courant de quoi que ce soit. Au final, c'était peut-être mieux comme ça. Au moins, elle ne risquait pas de balancer des informations compromettantes sur Albus ou sur d'autres personnes dans cet interrogatoire. Même si ce n'était pas vraiment le but de celui-ci. Nara descendit les marches qui la menèrent aux couloirs glaciaux des cachots. C'était sans doute la partie du château qu'elle détestait le plus. Froid, peu accueillant, ça ne donnait vraiment pas envie de s'y rendre. Malheureusement, elle n'avait pas vraiment le choix à cet instant-là. Un élève sortit de la salle des interrogatoires, l'air légèrement rassuré et content que cela soit terminé. Nara toqua à la porte, en espérant que tout se passe bien.

On lui intima d'entrer, et la jeune Poufsouffle se retrouva nez à nez avec Zahara McClary, l'assistante du prof de potions, et accessoirement, sa copine aussi. Bref, elle ne la connaissait pas trop. Mais c'était loin d'être une enfant de cœur, comme tous ces copains mangemorts d'ailleurs. Elle ou une autre... Cela ne devait pas changer grand chose... Naranja referma soigneusement la porte. Zahara lui montra une chaise, où elle s'assit en silence. Il fallait mieux tenter d'avoir l'air de respecter le plus possible la jeune femme. Ou Naranja allait le payer cher. Déjà, en la voyant, elle ne s'était pas vraiment sentie rassurée. Comme si l'assistante allait la massacrer. C'était peut-être son regard ou sa posture, en tout cas, cela ne présageait rien de bon pour la jeune espagnole. Aussitôt après, elle déclina son identité, et Nara acquiesça d'un hochement de tête : « Oui, c'est bien ça. » La phrase de McClary lui revint en tête 'je sais parfaitement qui tu es'. Pourtant, Nara ne se souvenait pas vraiment avoir fait quelque chose pour cela, et laissa donc couler, en attendant les instructions. La voix de Zahara était aussi sèche et coupante qu'une lame de rasoir, et lorsqu'elle fit glisser sa baguette entre ses doigts, Naranja comprit qu'elle n'avait pas intérêt à la décevoir, au risque de le payer, sans doute à coup de Doloris ou d'un sortilège pas très sympathique. La Poufsouffle n'était pas vraiment enchantée au fait de se faire torturer. Secrètement, elle espérait qu'elle saurait répondre aux questions posées. Mais si elle en doutait fortement. « Tu es ici étant donné qu'il y a un traître au sein du château, une personne ne suit pas l'allégeance qu'il a donné au Seigneur des Ténèbres et par conséquent, je souhaite que tu me dises tout ce que tu sais et ne me dis pas que tu ne sais rien, sinon ma baguette risque de démanger. Je veux donc savoir tout ce que tu sais sur tes professeurs, les membres du personnel, je veux savoir si tu estimes qu'il y en a qui sont plus ou moins louches, lesquels sont le moins sûr d'eux par exemple, ce qu'il peut bien se passer en cours, des comportements bizarres, enfin tu vois le topo. »

Nara ne s'était pas vraiment trompée. Le ton de la conversation était donnée. Nara parlait, cela plaisait à McClary, et tout allait bien. Cela ne lui plaisait pas, et elle souffrirait. Pourtant, elle encaissa les menaces sans sourciller et attendit sagement qu'on lui laisse la parole, essayant en même temps de rassembler quelques trucs intéressants à sortir pour ne pas se faire défoncer. Personnellement, ça semblait plutôt mal engagé. Naranja décida de jouer la carte de la sincérité, mais si elle était persuadée que cela n'allait pas marcher.« Sincèrement, Madame, au risque de vous décevoir, je ne sais pas grand chose sur ce sujet là. » Elle marqua une petite pause, mais reprit très vite, peut-être par peur des représailles. « En dehors des cours, je ne côtoie pas du tout les membres du corps enseignant et le personnel. Tout ce que je sais, ce sont des rumeurs pas très intéressantes, des ragots, des bruits qui courent concernant leurs vies de couple ou des trucs dans le genre. » Elle ouvrit la bouche de nouveau, essayant d'ignorer les battements de son corps qui s'était brusquement accéléré. Elle avait les mains moites, et ne se sentait pas du tout à l'aise : « Concernant d'hypothétiques comportements suspects, je ne vois pas vraiment. Madame Dewis est un peu bizarre, mais je crois que c'est dans sa nature donc bon. Le professeur Yaxley, ça m'étonnerait beaucoup que ça soit lui, il est trop méchant et impliqué dans ce qu'il fait pour cela. Concernant Alterman, je la connais pas trop, je ne suis plus cette option. Y a Lupin qui est un peu étrange, mais ça, je vous apprends rien. Sinon, le professeur Löfgren arrive souvent en retard en cours à cause de ses crises, à ce qu'il parait. Mais rien qui justifierait qu'elle soit le traitre. » Nara chercha dans sa tête les autres noms de ses professeurs, mais elle était tellement en panique qu'elle en oubliait la moitié. C'était nul. Tout ce qu'elle avait dit était pitoyable et dénué d'intérêt. Mais elle ne savait juste pas quoi ajouter d'autres. Elle préféra dire : « Voilà. Je ne sais rien d'autres, je vous jure. » En espérant que cela suffirait, mais elle savait pertinemment que cela ne serait pas le cas.

Spoiler:

Zahara ♦ Naranja.

Ils étaient marrants, les profs, le personnel de l'école, les mangemorts en général. Qu'est-ce qu'ils pouvaient être cons et naïfs aussi. Comment pouvaient-ils s'imaginer que les élèves de Poudlard, des enfants, des gamins, des adolescents, pouvaient détenir des informations sur le soit disant traître, sur le cafard qui s'était immiscé dans leurs rangs, alors qu'eux-même, adultes confirmés dans l'art du meurtre, de la dissimulation, de la manipulation n'avaient pas pu trouver une quelconque preuve pour démasquer le coupable ? En passant la porte, Nara avait tout de suite su qu'elle allait passer un sale quart d'heure. Elle déglutit doucement en attendant la réponse de McClary, mais elle savait bien que cela ne lui suffisait pas. Elle en voulait plus, mais la jeune espagnole ne le pouvait pas, tout simplement parce qu'elle l'ignorait. Les potins qui concernaient les élèves, oui, elle était une experte sur ces sujets-là, mais sur le corps enseignant... Elle en avait rien à faire d'eux, qui maltraitaient les élèves récalcitrants et qui punissaient injustement à coup de doloris ou d'imperium, leur faisant endurer les pires souffrances et faire les pires choses. Nara aimait Poudlard, mais cet aspect là de l'école lui faisait parfois bien regretter d'y être. Déjà, elle ne s'y sentait pas toujours à sa place, ayant le sang sale comme certains obscurs se plaisaient à lui répéter. Il n'était pas bon de dire ici qu'on avait une mère moldue, alors elle évitait de parler de cette partie là de sa vie, pour la protéger elle, et aussi le reste de sa famille, dont une partie ne possédait pas la moindre once de magie en eux. On ne savait jamais ce que ces gens-là, les mangemorts, étaient capable de faire, Nara ne voulait prendre aucun risque.

En quelques secondes, Nara débita tout ce qu'elle savait sur les profs, c'est-à-dire, pas grand-chose. Cela ne lui suffirait pas, elle le lut immédiatement dans les yeux froids de McClary, elle se crispa. Elle sentait qu'elle n'allait pas tarder à lever sa baguette et à la torturer, c'était une pratique courante dans les interrogatoires à ce qu'elle avait entendu, et cela m'étonnerait qu'elle déroge à la règle, surtout après le piètre réquisitoire que Nara venait de lui servir. Elle avait visé juste. Elle la regarda jouer avec sa baguette pendant quelques secondes, comme cela devait être son habitude. Sans doute pour faire durer le "plaisir". La jeune espagnole détestait les profs, tous autant qu'ils étaient. Pour elle, ils étaient tous à mettre dans le même panier, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre. Si traître il y avait entre eux, il devait être profondément caché. C'était impossible. Ce n'étaient que des bourreaux, tous autant qu'ils étaient, et parfois, elle se demandait s'ils avaient vraiment décidé de devenir mangemort par principe, où s'ils s'étaient engagés dans la cause parce qu'ils croyaient à la pureté du sang, et aux autres conneries dans ce genre-là. Mais en tout cas, ils étaient tellement si détestables que cela lui donnait envie de vomir. Ce n'était pas vraiment la vision qu'elle avait de l'enseignement. « Tu te souviens ce que j'ai dis ? Si jamais tes histoires ne m'intéressaient pas ? Ou bien que j'estimais que tu ne m'avais pas assez dit de choses ? » Nara murmura : « Très bien même. » Deux secondes plus tard, elle vit le sort fuser de la baguette de Zahara, elle n'était pas idiote, elle avait vu le coup venir. Elle se tordit de douleur durant quelques secondes, tomba au sol et encaissa, attendant que cela passe. Ce n'était pas la première fois qu'elle en recevait un, mais on ne s'habitait jamais vraiment à ces choses-là. Et puis, son dernier doloris remontait déjà à quelques mois, Nara évitait toujours de se faire remarquer en cours ou dans les couloirs. Passer inaperçue était souvent la meilleure solution pour se protéger. Mais à cet instant précis, Nara en avait assez, et avait même envie de dire le fond de sa pensée. De toute manière, elle n'avait plus rien à perdre. Elle avait toujours su que sa franchise la desservirait un jour, ce jour était venu. Elle avait voulu jouer carte sur table avec l'assistante du maître des potions, et elle ne l'avait pas cru. Elle secoua la tête et se redressa, à bout de souffle. « Tu préfères reprendre ton explication ou la mienne ? » Doucement, sans même sans rendre compte, un rire nerveux sortit de la bouche de Naranja. Elle ne préférait même pas lever les yeux vers McClary, au risque de la voir de nouveau pointer sa baguette sur elle. Elle murmura : « Vous savez, vous pouvez me torturer autant que vous le souhaitez, vous pouvez demander à un legimens de lire en moi, vous pouvez me faire boire une potion de veritaserum si ça vous amuse, ça ne changera rien au fait que je ne sais rien. » Elle marqua une pause, mais reprit tout de suite après, ne voulant pas donner à McClary le temps de répliquer, mais surtout, elle voulait avouer tout ce qu'elle avait sur le cœur pendant qu'elle en avait encore le courage. « Tout ce que les autres élèves vous ont dit avant, ça vous apportera rien, on sait rien, tout comme vous. Sérieusement, vous croyez peut-être que nous, pauvres étudiants de cette école, on peut faire le poids face à vous ? Comment pourrions-nous être au courant d'un truc pareil ? Il n'y a pas de traitre parmi vous, c'est pas possible. Regardez autour de vous, vous vous ressemblez tous, vous agissez tous de la même manière. C'est pas vrai ? » C'était plus une affirmation qu'une question, au final. « Et puis, en passant, la torture, ça sert à rien, au mieux, je vous dirais ce que je voulais entendre, je vous balancerais un nom au hasard, et vous serez contente. Au pire, vous aurez rien. Bref, dans les deux cas, vous perdez votre temps. » Elle releva les yeux vers l'assistante du professeur de potions, et elle sentit une boule se former au fond de sa gorge. Elle allait se faire tuer.