Taylor regarda le papier qu’elle tenait dans sa main, celui qui annonçait la prochaine personne qu’elle devrait interroger. Louise Londubat était sa prochaine victime. Elle ricana, elle avait eu un élève de chaque maison, autrement dit une victime de chaque maison. Enfin pas forcément une victime si la jeune fille avait des choses intéressante à lui dire, seulement au vu de son nom de famille et des couleurs qu’elle portait c’était plus mal parti. La blonde s’était toujours demandé si les maisons avaient réellement une incidence sur le chemin de vie emprunté. Et comme Cauldwell avait tout de suite parlé pour sauver sa peau, que Harrison s’était énervée avec fougue, que McDonagh était plutôt calme et réfléchit, elle en déduisit que oui, la maison influençait vraiment, à moins qu’elle ne soit tombée que sur des exceptions. La surveillante soupira. Elle en avait marre de tourner en rond et d’interroger des élèves qui ne savaient rien. Elle savait déjà qu’ils étaient inutiles mais les interroger n’avait fait qu’accentuer cette impression. D’un geste de la main assuré, la jeune femme ouvrit la porte de la salle des interrogatoires. En entrant deux adjectifs lui vinrent en tête : vide et froide. Normal puisqu’elle lui était réservée pour cet horaire, puis elle remonta son gilet sur ses épaules, les pierres gardaient vraiment la fraicheur avec elles. Elle commençait à connaître cette salle par cœur et pourtant c’était une salle trop nouvelle pour elle comme pour tout le monde. Précédemment personne ne venait jamais dans cette partie du château et soudain tout le monde y faisait le tour. C’était impressionnant comment une seule chose, un seul détail pouvait transformer radicalement un tas d’événements. Il n’avait fallu que d’un seul traître, que d’une seule rumeur et tout s’était déclenché à une vitesse folle. Du jour au lendemain une bombe avait explosé. Bon, il faut aussi dire que Taylor avait été dans les premières à bondir sur ses pieds, elle adulait tellement le Lord que savoir qu’il y avait un traître avait tout de suite contribué à l’augmentation de sa mauvaise humeur. Elle était exécrable en ce moment, parce qu’en de cela, ils étaient tous consignés au château, plus personne n’avait le droit d’en sortir tant qu’il y avait un traître dans les parages… or cet enfermement ne plaisait pas le moins du monde à la blonde. Le seul avantage, c’est qu’elle voyait souvent Jeremiah. Elle leva la tête vers la pendule, Londubat ne devrait plus tarder à arriver, ou alors elle viendrait la chercher elle-même afin de calmer sa mauvaise humeur. Elle espéra de tout cœur que la demoiselle arriverait en retard, cela lui permettrait de lancer un sortilège avant même de commencer à poser des questions. Seulement quelqu’un toqua à la porte deux minutes avant qu’il soit l’heure précise, et mince voilà qu’elle était même en avance. La blonde lâcha un « Il reste deux minutes » méprisant afin que la jeune fille ne rentre pas. Elle espérait qu’au moins la gamine ait les chocottes de l’autre côté de la porte. Les deux minutes s’écoulèrent bien trop rapidement au goût de la blonde et la gamine de l’autre côté de la porte toqua de nouveau. Cette fois-ci Kensington lui permit d’entrer dans la salle et lui indiqua la chaise devant elle. « Louise Aurélia Londubat, sang-pur, seize ans, poufsouffle ? » Ce n’était pas une question c’était le protocole. En plus elle connaissait bien la plupart des élèves, enfin surtout ceux qui allaient régulièrement en colle, c’était inutile de demander cela. Inutile de faire cela, le traître, ce foutu traître devrait être torturé tout de suite, sans passer par les gamins qui n’avaient rien à voir avec l’histoire. La jeune femme sortit sa baguette et positionna la pointe de façon à ce qu’elle soit face à la gamine. « Ok, donc je ne vais pas te faire un speech très long, tu sais précisément pourquoi tu es ici. Je veux des informations sur la personne qui aurait pu être un traître au Lord. » Le regard de la jeune femme est noir et questionneur alors que la jeune fille en face à juste l’impression d’être dans un autre monde. Elle avait décidé de la tutoyer, montrant par là qu'elle était inférieur et que la jeune fille avait intérêt à la vouvoyer. « Et je n’ai aucune envie que cela traîne ok, donc tu vas être rapide, me donner toutes les informations que tu as pu voir, toutes les attitudes de tes professeurs qui ont pu paraître louche à tes yeux, tout ce que tu sais et je te laisserais sortir. » Elle lui offrit un faux sourire gentil, mais un vrai sourire sadique. « Dans le cas contraire je n’hésiterais pas à me servir de ma baguette qui me démange. » Voilà, elle avait fini de parler, c’était maintenant au tour de la jeune fille. Pitié Merlin, faites qu’elle ait quelque chose d’intéressant à dire.

« Oh non Trevor ! Méchant crapaud, méchant ! » Louise regarda avec déception sa lettre officielle de convocation pleine de bave, son crapaud venant juste de trouver la bonne idée de sauter dessus pour faire mumuse. Reposant la missive sur son lit, la jolie brune, de nouveau brune d’ailleurs, regarda d’u regard un peu absent la lettre. Elle savait ce qui l’attendait dans les cachots, Kenneth était déjà passé et il lui avait raconté en détails, seulement quand on s’appelle Louise Londubat c’est un peu difficile de parler d’un potentiel traitre quand on n’est même pas foutu de voir que la moitié de l’école se fout de votre gueule et qu’il est temps de grandir. Louise toujours enfermée dans son monde de bisounours est incapable de prendre part à ce genre de chose et là pour le coup elle se retrouvait au pied du mur à ne pas savoir quoi faire. Haussant finalement les épaules, la belle attrapa son sac, sa lettre et quitta son dortoir avec…le sourire aux lèvres. Non tout va bien c’est normal ne vous inquiétez pas cette fille n’est pas maso elle est juste un peu débile sur les bords et surtout très inconsciente. Sautillant presque dans les couloirs en se rendant en salle d’interrogatoire, la jaune arriva enfin devant la porte un peu essoufflée et toqua gentiment sur le bois de la lourde porte, attendant que quelqu’un l’autorise à rentrer ce que fit une voix féminine qu’elle ne connaissait pas très bien. Tournant la poignée, Louise passa la tête par la porte et tomba sur une jeune femme blonde assise à une table, visiblement agacée d’être ici. Refermant la porte derrière elle, Londubat retira tout sourire de son visage et amorça un mouvement vers la table, se faisant un croche pied toute seule, elle manqua de tomber mais parvint à se rattraper de peu avant d’aller finalement prendre place sur la chaise en face de la sorcière, ses mains sagement posées sur ses cuisses. « Louise Aurélia Londubat, sang-pur, seize ans, poufsouffle ? » regardant un court instant la jeune femme, Louise eut le drôle de réflexe de regarder derrière elle comme si la question ne lui était pas adressée. Pour sa défense elle n’était pas habituée à ce qu’on lui demande son identité comme ça, c’est super bizarre comme façon de faire. Retournant finalement la tête vers Taylor, la jaune en déduisit donc que la question lui était adressée et elle hocha la tête un peu trop vigoureusement comme si on venait de lui proposer un kilo de bonbons. « Ok, donc je ne vais pas te faire un speech très long, tu sais précisément pourquoi tu es ici. Je veux des informations sur la personne qui aurait pu être un traître au Lord. » C’est le moment que choisit un petit moucheron pour venir voler juste devant le nez de la jaune et noir qui se mit à loucher pour essayer de suivre des yeux ce petit être minuscule et passionnant, perdant complètement le fil de la conversation avec la jolie blonde en face d’elle. « …ma baguette qui me démange. » Hein ? Se reconnectant avec la réalité, Louise cligna plusieurs fois des yeux pour essayer de se souvenir en vain de ce que la dame au regard méchant venait de lui demander. Réfléchis Louise bon sang. Fronçant un peu les sourcils sous le coup de la concentration un peu comme si elle était aux toilettes en fait, Londubat poussa finalement un soupire qui n’avait rien d’insultant, juste comme si elle se dégonflait en fait. Sa baguette la démange…c’est une métaphore ? Elle ne comprenait pas le sens de la phrase en fait. Se tortillant sur sa chaise en se mordillant la lèvre, Louise tourna la tête pour regarder le mur comme si quelque chose de très intéressant se trouvait dessus, laissant encore le silence s’étirer. « Les gens sont gentils ici je ne comprends pas pourquoi tout le monde est à cran en ce moment… » Parlant un peu pour elle-même et avouons-le, pour ne rien dire, Louise tourna de nouveau la tête vers Taylor et lui adressa un grand sourire…merlin elle allait crever. « Hum ba le professeur de potion il m’aime pas, j’ai fait évacuer sa classe 26 fois depuis le début de ma scolarité, il dit que j’ai battu le record de mon père, Neville Londubat vous le connaissez ? Oui surement. Mais il est méchant le professeur Yaxley, donc c’est bon ça non ? » attrapant une mèche de cheveux, Louise la coinça entre sa lèvre et son nez comme une moustache avant de regarder en l’air, la bouche en cul de poule pour maintenir la mèche en place lui donnant un air très con en soi. « Le professeur Sade il est gentil, il me donne des cours de vol gratuit, il m’a consolé aussi quand j’ai rompu avec Louis parce que lui aussi il…euh enfin il est gentil mais je ne sais pas s’il fait des trucs louches, je ne crois pas, je le vois juste au terrain de vol et des fois dans ses appartements. » Bien joué Louise continue de faire passer tes professeurs pour des pédophiles c’est bien. « Les deux bibliothécaires ils sont un peu bizarre mais moi j’aime les gens bizarre, enfin la fille elle crie beaucoup quand même mais le garçon il est euh…je crois qu’il a une deuxième personne dans la tête en fait, c’est peut être ça le problème, il a une deuxième personne dans la tête qui est le traitre, mais il ne le sait pas donc du coup personne ne sait qui est le traitre parce que lui-même ne le sait pas, mais en fait c’est la même personne… » Partant une fois de plus dans ses hypothèses sans queue ni tête, la jeune fille parvint tout de même à se stopper avant de regarder de nouveau la blonde en face d’elle. « Moi aussi avant j’étais blonde mais Roxanne disait que ça m’allait pas alors je suis devenue brune, ça vous va bien à vous. » Adieu.

Spoiler:

La jeune fille était rentrée dans la salle, dès les premières secondes, Taylor avait compris que l’interrogatoire allait être une catastrophe. Et pas uniquement parce que la gamine n’aurait rien à dire, mais parce qu’en plus elle n’avait pas un comportement normal. Elle avait l’air dans la lune ou dans un monde à part. « Les gens sont gentils ici je ne comprends pas pourquoi tout le monde est à cran en ce moment… » Voilà la preuve que la blonde attendait : cette fille ne vivait pas dans le monde actuel qu’était Poudlard. Elle pouvait trouver les gens gentils si elle le voulait, mais ne pas comprendre pourquoi les gens étaient à cran, ça c’était une autre paire de manche. Taylor ne put retenir un soupire, le soupire qui annonçait que cela venait à peine de commencer et que pourtant la fin ne se verrait jamais. Adieu monde cruel. « Hum bah le professeur de potion il m’aime pas, j’ai fait évacuer sa classe 26 fois depuis le début de ma scolarité, il dit que j’ai battu le record de mon père, Neville Londubat vous le connaissez ? Oui surement. Mais il est méchant le professeur Yaxley, donc c’est bon ça non ? » Les paroles de la jeune fille n’avaient ni queue ni tête. Comme si elle parlait pour combler un vide sans pour autant chercher à dire quelque chose de constructif. Taylor avait fait beaucoup d’interrogatoires dans sa vie, mais elle était d’accord pour dire que ceux des élèves avaient été les pires. Pour ceux des adultes c’était différents car la torture menait à quelque chose, car forcément ils cachaient des choses. Seulement là, Taylor savait bien qu’elle n’arrivait à rien face à cette gamine. Elle aurait beau la menacer, la torturer, rien ne sortirait. Elle releva la tête vers la jeune fille, se demandant pourquoi elle ne parlait plus : elle avait une moustache de cheveux. Taylor écarquilla les yeux plusieurs fois. Abasourdie était le seul adjectif qui pouvait la qualifier parfaitement. « Le professeur Sade il est gentil, il me donne des cours de vol gratuit, il m’a consolé aussi quand j’ai rompu avec Louis parce que lui aussi il…euh enfin il est gentil mais je ne sais pas s’il fait des trucs louches, je ne crois pas, je le vois juste au terrain de vol et des fois dans ses appartements. Les deux bibliothécaires ils sont un peu bizarre mais moi j’aime les gens bizarre, enfin la fille elle crie beaucoup quand même mais le garçon il est euh…je crois qu’il a une deuxième personne dans la tête en fait, c’est peut être ça le problème, il a une deuxième personne dans la tête qui est le traitre, mais il ne le sait pas donc du coup personne ne sait qui est le traitre parce que lui-même ne le sait pas, mais en fait c’est la même personne… » Taylor était à deux doigts de péter un câble. Elle n’allait plus pouvoir tenir, elle allait craquer. Cela allait être la fin de la sublime Kensington. Elle inspira une bonne bouffée d’air et … « Moi aussi avant j’étais blonde mais Roxanne disait que ça m’allait pas alors je suis devenue brune, ça vous va bien à vous. » Oh mais s’il vous plait, faites-la taire. « Ne … parlez … plus… » Elle laissa patienter quelques secondes et ouvrit la bouche de nouveau. « Tu vois le silence est d’or, alors on va faire un pact : tu ne parles que si ce que tu as dire est plus important que le silence, d’accord ? » Le regard perdu et imbécile de la nouvelle brune d’après ses dires finit d’achever la surveillante. La jeune femme était passée au tutoiement parce que la poufsouffle n’avait pas l’air de comprendre les choses compliquées, ils fallait être clair et précis avec elle. La surveillante ferma les yeux un quart de seconde et reprit son visage impassible. « Donc je te répète, je pose les questions et toi tu me donnes des informations. Aucune conclusion, aucun avis personnel. » Elle se leva et s’approcha de la gamine, avec un peu de force elle prit le visage de la jeune fille entre ses doigts et la força à la regarder. « Tu ne bouges pas pour faire d’autres chose qu’ouvrir la bouche et parler. Je vais t’aider. » D’un coup de baguette violent elle pétrifia la jeune fille : elle voyait, entendait, mais la seule fonction qu’elle gardait c’était parler. Tout le reste elle en était incapable. Taylor expira avec bonheur, peut être que ça allait être mieux maintenant. « Donc tu as compris ? Tu ne dis rien si ce n’est pas intéressant. Tu me donnes des informations sur tes professeurs. Même s’ils sont gentils, ils font des trucs bizarres parfois non ? tu peux le faire. » Pour récupérer des informations, ils faut s’adapter. Sur certains la torture permettait de faire cracher n’importe quel morceau, pour d’autres, cela ne servait à rien. Rares étaient ces personnes, mais Londubat faisait partit de ce monde. « Tu auras un bonbon si tu me dis quelque chose t’intéressant d’accord ? » Elle lui parlait comme si elle s’adressait à un enfant et c’était sûrement la meilleure chose à faire. Même si au fond d’elle, elle avait honte à la fin de l’entretien, elle lancerait un sortilège d’oubli à la gamine, quoiqu’elle n’en n’avait même pas besoin, personne ne la croirait. Et sitôt que la gamine serait sortie de la pièce, Kensington enlèverait le souvenir de sa mémoire et le détruirait à jamais. Elle soupira et attendit.