ROSE ET ROXANNE

Le vent soufflait énormément aujourd’hui. Les arbres du parc ployaient sous la force des rafales de vent et presque aucun élève n’osait s’aventurer à l’extérieur. Mais même les couloirs étaient victimes du vent glacial qui sévissait au dehors. Les courants d’air étaient encore plus froids que la normale, et tous les élèves avaient sortis écharpes et bonnets pour se rendre en cours. On avait donc affaire à une horde d’étudiants habillés comme en plein hiver, le nez glacé et frissonnant. Roxanne Weasley avait abandonné sa salle commune bien chauffée par le feu qui crépitait dans l’antre de la cheminée pour se rendre en cours. Comme tous les autres, elle avait sorti une écharpe qu’elle avait enroulé autour de son cou. Mais pas de bonnet, elle n’aimait pas les bonnets. La jeune verte était donc en train de marcher dans les couloirs en direction de son cours d’histoire de la magie, les bras croisés pour tenter de se réchauffer un peu. Vivre à Poudlard avait parfois quelques inconvénients, elle devait bien l’avouer. La demoiselle tourna à un détour de couloir et se rapprocha de sa salle de cours. En quelques pas elle rejoignit un groupe d’élèves de son cours, commun aux Gryffondors. « T’as fait le devoir ? Franchement j’ai rien compris j’ai écrit n’importe quoi » Les oreilles baladeuses de la demoiselle enregistrèrent quelques bribes de la conversation du groupe de fille. Le cœur de la demoiselle loupa un battement lorsqu’elle se rappela qu’elle était censée rendre un devoir pour ce cours. Devoir qui lui était complètement sortit de la tête, sinon elle aurait demandé à Louise de lui faire. La verte et argent sentit une vague de chaleur s’emparer d’elle, chaleur qui n’avait rien à voir avec une quelconque accalmie du vent qui soufflait. Elle était dans la merde, il fallait bien le dire. La blonde n’était pas du genre à ne pas rendre ses devoirs, et elle n’aimait pas se faire reprendre par ses profs lorsqu’elle ne les rendait pas. Et là elle n’avait même pas le temps d’écrire une ébauche d’un devoir, de rendre un quelconque parchemin, même minable. Maugréant contre elle-même et contre sa mémoire de poisson rouge pour ce genre de choses, elle accéléra le pas pour arriver plus vite dans la salle de cours. La moitié des élèves étaient déjà assis, parlant du devoir et comparant leurs écrits. La jeune fille alla s’installer à une table dans le fond et posa son sac sur la table d’un geste rageur. Elle s’assit et mit sa tête entre ses mains. Ces dernières semaines à Poudlard avaient été plus que pourries, et la blonde se surprenait parfois à rêver du monde extérieur. Elle avait hâte que tout cela se termine et qu’elle puisse enfin se tirer de cet endroit et ne plus croiser la tête de ses camarades, même si certains allaient un peu lui manquer. Mais là n’était pas le problème le plus urgent pour l’heure. Elle devait trouver un moyen d’échapper de ce mauvais pas. La solution apparue quelques secondes plus tard, sous la forme de Rose Weasley. Un sourire s’étala sur les lèvres de la blonde tandis que sa cousine se levait, prétextant d’aller aux toilettes, laissant sa table sans surveillance, et notamment son devoir. L’occasion était parfaite, presque trop belle pour être vraie. Vérifiant que tout le monde était occupé à autre chose, la blonde se pencha au-dessus de sa table et en une seconde elle s’empara du précieux bien de la rouge. Puis, comme si de rien était, elle sortit sa baguette et effaça le prénom de Rose pour y mettre le sien. Lorsque la rousse revint, quelques minutes plus tard, elle n’eut pas le temps de questionner qui que ce soit puisque le professeur pénétra dans la salle. Le silence se fit instantanément et Roxanne profitait du spectacle que lui offrait sa chère cousine. Cette dernière regardait partout autour d’elle, soulevant ses livres, se penchant pour regarder sur le sol si son devoir n’était pas tombé. La blonde vit la panique s’installer peu à peu sur les traits de la rouge et or, et ses gestes se faire beaucoup moins précis, beaucoup plus brusques. « Vous aviez un devoir à me rendre. Weasley, ramassez les copies » La voix de son professeur coupa la blonde dans le plaisir de son spectacle mais elle se leva docilement pour récupérer les copies des autres élèves. Lorsqu’elle arriva à la place de sa cousine, elle tendit la main, un sourire mauvais sur le visage. Une émotion passa dans les yeux de la rousse mais Roxanne n’y prêta aucunement attention, elle était bien trop fière de son coup pour s’attarder sur les sentiments de sa cousine. « Bah alors ? T’as pas fait le devoir Rose ? » demanda-t-elle. L’autre Weasley lui lança un regard noir, le visage echauffé. Mais elle ne pouvait rien faire, elle avait les mains liées et même si elle savait que Roxanne était responsable de ce mauvais coup, elle ne pouvait pas décemment l’accuser devant toute la classe. « Professeur, il semblerait que Rose n’ai pas fait son devoir » lança-t-elle. Le professeur releva la tête et dévisagea la jeune rouge et or dont le visage prit une douce couleur rose. « C’est vrai mademoiselle Weasley ? » La rouge bafouilla une réponse incompréhensible et à la vue de cette réaction, le professeur compris que Roxanne était dans le vrai. « Et bien tout ça nous fera un T, et deux heures de retenue samedi matin mademoiselle. » Puis il retourna à ses notes tandis que Roxanne continuait à ramasser les copies des autres élèves. Elle alla ensuite les déposer sur le bureau de son professeur puis retourna à sa place, lançant un regard satisfait à sa cousine au passage.

Le reste du cours se passa sans encombre. Rose avait le nez plongée dans ses notes et n’osait même pas participer, le souvenir de cet épisode cuisant sans doute encore en tête. Franchement, Roxanne n’était pas peu fière de son coup d’éclat, elle pouvait bien avouer qu’elle s’était surpassée aujourd’hui. Lorsque le cours fut terminé, elle sortit de la salle dans les dernières, savourant les commentaires des autres élèves sur la faute de Rose Weasley, réputée pour être l’une des meilleures – si ce n’est la meilleure – des élèves de Poudlard. La jeune verte se rendit ensuite à son autre cours, se félicitant intérieurement. Deux heures plus tard, elle était de nouveau dans les couloirs, toujours aussi froids, en route pour la Grande Salle où elle était censée prendre son déjeuner. Seulement tout ne se passa pas comme prévu. Tandis qu’elle se promenait tranquillement, elle sentit quelqu’un la pousser violemment dans une salle dont la porte était ouverte. La verte entendit ensuite la porte claquer et lorsqu’elle releva les yeux elle vit que Rose se tenait face à elle. La vue de sa cousine la fit sourire et elle se releva de toute sa hauteur, jaugeant la rousse du pire regard dont elle était capable. « Qu’est-ce que t’as Rose ? Encore un problème de devoir pas fait ? » Elle avait bien envie de jouer avec elle, d’une part parce qu’elle n’avait aucune affection envers sa cousine et d’autre part parce qu’elle n’avait absolument pas peur d’elle. Même si elle en venait à sortir sa baguette, Rose ne serait pas effrayante pour autant. Autant elle évitait de provoquer certaines personnes qu’elle savait plutôt tenaces, autant Rose Weasley ne faisait pas partie de cette liste. « Désolée je peux rien faire pour toi, c’est pas mon problème si tu décides de jouer les rebelles. » lança-t-elle à l’adresse de ladite cousine. Ce n’était pas la première fois que Roxanne réduisait les efforts de Rose à être une bonne élève à néant. Plusieurs fois depuis leur entrée à Poudlard elle avait détruit les parchemins longuement préparés par sa cousine, poussant le vice jusqu’à s’introduire dans sa salle commune grâce à l’aide de connaissances rouges et or qui ne posaient pas de questions. Des parchemins brûlés ou illisibles, elle en avait fait. Voler un devoir pour se l’approprier c’était la première fois, mais ce n’était pas une si mauvaise idée que ça, elle devait bien l’avouer. « Maintenant si tu veux bien te pousser, j’aimerais aller manger et l’idée de discuter avec toi me fait pas vraiment plaisir » La blonde fit un pas en avant mais la rousse resta plantée devant la porte. Elle commençait à sérieusement l’énerver. Qu’est-ce qu’elle comptait faire au juste ? Rester devant une porte pendant trois heures pour empêcher Roxanne de sortir ? Quelle merveilleuse idée. Lui faire une leçon de morale ? L’insulter ? Grand bien lui fasse, tout ce qui sortait de la bouche d’un membre de sa famille glissait sur la verte et argent comme de l’eau et ne l’atteignait pas le moins du monde. Donc il était complètement idiot que la jeune rouge décide de s’enfermer en compagnie de Roxanne, car elle allait avoir affaire à un mur de briques. Soupirant, la jeune verte croisa les bras sur sa poitrine, attendant au moins une réponse de sa cousine avant de sortir définitivement de cette pièce.

Spoiler:

Réponse supprimée par inadvertance

ROSE ET ROXANNE

Les deux cousines se soutenaient du regard sans que l’une ne se décide à baisser les yeux. Pour une fois il fallait bien avouer que la rouge et or était déterminée et qu’elle paraissait bien décidée à se venger du coup que venait de lui jouer sa cousine, mais Roxanne de son côté n’avait pas l’intention de la laisser faire. Si Miss-Parfaite décidait de sortir des sentiers battus et de ne pas accepter la condition qui était la sienne, Roxanne allait vite lui rappeler où elle devait être et ce qu’elle devait faire. En l’occurrence se taire devant sa cousine et accepter sans sourciller toutes les crasses qui pouvaient sortir de son esprit quelque peu machiavélique. Rose Weasley ne devait pas inverser les rôles et Roxanne était bien décidée à lui faire comprendre ça, de quelque manière que ce soit. La blonde aperçut un morceau de bois dans la main de sa cousine et elle sentit son dos se raidir lorsqu’elle comprit que la rousse avait sorti sa baguette. Ce n’était pas vraiment une bonne idée et Roxanne ne voulait pas se retrouver propulsée à travers la pièce. « On sait toutes les deux, que ce n’est pas moi la rebelle ici » Roxanne profita de quelques secondes d’inattention de sa cousine pour sortir sa propre baguette de sa poche, histoire d’avoir quelque chose pour se protéger et ne pas être à la merci de la lionne. La remarque de la jeune fille la fit sourire. Roxanne n’était pas non plus ce que l’on peut appeler une rebelle. Méchante, vicieuse, manipulatrice d’accord, rebelle était un bien grand mot. Mais c’est sûr que comparée à sa cousine, elle était relativement rebelle, chose pas très difficile étant donné que Rose ne faisait jamais rien qui puisse être un jour réprimandé par un professeur ou un surveillant. « J’espère que tu t’amuses au moins, à réduire mes efforts d’être une bonne élève, à néant. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi cela te pose autant problème, que je veuille être toujours meilleure … » Les yeux de Rose vinrent de nouveau rencontrer ceux de Roxanne tandis que cette derrière sentait un sourire s’afficher peu à peu sur ses lèvres. Comme ça elle voulait savoir pourquoi Roxanne s’obstinait à détruire Rose ? En soit il n’y avait pas réellement de raisons. Tout chez Rose exaspérait la jeune blonde, de sa tête de jeune première à ses notes excellentes, de son attitude si parfaite qu’elle en est ennuyeuse à son manque de piquant. Elle paraissait tellement fade aux yeux de la jeune vipère que celle-ci avait décidé de tout mettre en œuvre pour pourrir les efforts acharnés de la jeune rouge et donner un peu d’intérêt à sa personne. Trop de perfection devient vite ennuyeux et Rose avait atteint ce point d’ennui ultime aux yeux de sa cousine verte et argent.

« Tu t’entend parler ? Vouloir être la meilleure sérieusement ? C’est d’un pathétique affligeant. » répondit-elle tout en gardant un œil sur sa baguette. Ses doigts tenaient fermement le morceau de bois, même si elle savait qu’elle n’aurait pas le réflexe de se protéger si jamais Rose lui envoyait un sort. Et pouvait toujours cependant en envoyer un autre dès qu’elle en aurait l’occasion. Ou pas. C’était plus une protection dans sa tête qu’une véritable protection physique. Cela faisait trop longtemps que la jeune fille n’avait pas utilisé sa baguette dans un duel, ce n’était pas vraiment son genre. Elle marqua une pause et reprit. « Et ouais t’en fais pas, ça m’amuse vraiment de réduire tes efforts à néant, si tu savais. » Tout alla très vite à partir de là. Roxanne n’entendit pas la phrase de la rousse mais elle vit sa baguette se lever, elle entendit un mot prononcé et un filet de lumière fondre sur elle. Le choc la fit reculer d’un pas. Elle avait osé. Elle avait osé la viser et lui lancer un sort. Jamais elle ne lui pardonnerait. Peu à peu la jeune fille sentit son corps échapper à son contrôle. Ses jambes se mirent à bouger de leur propre initiative et tout son corps suivait les pas incontrôlés de ses pieds. Serrant du mieux qu’elle le pouvait sa baguette, la verte et argent sentit ses ongles s’enfoncer dans sa chair tandis qu’elle tentait par tous les moyens de stabiliser son corps d’une manière ou d’une autre. Mais c’était mission impossible. Elle n’avait aucune prise à laquelle s’attacher pour maintenir la folie de son corps. Fermant les yeux la jeune fille pointa sa baguette sur ses jambes et elle prononça dans un murmure « Finite Incantatem » en priant pour que cela marche. Une seconde plus tard elle sentit son corps retrouver une attitude normale et elle tomba à genoux tandis que son cœur se remettait des dernières secondes qu’il venait d’endurer. Elle sentit bientôt une vague de chaleur monter en elle et elle rouvrit les yeux avant de les poser sur sa cousine qui la regardait de sa place. Elle n’aurait pas dû faire ça, il était hors de question que quelqu’un comme Rose Weasley ose pointer sa baguette sur Roxanne, c’était impensable. « Bien joué Miss-Parfaite. » lança-t-elle dans un souffle, tentant tant bien que mal de reprendre son souffle après cette danse effrénée. « Mais si tu as tellement envie de rire, on peut arranger ça facilement » Sa colère ne faisait qu’accentuer et elle aurait voulu lui lancer tous les pires sorts dont elle avait connaissance mais se retrouver avec un cadavre sur les bras en plein Poudlard n’était peut-être pas une si bonne idée que ça. La blonde se releva et leva sa baguette en direction de sa cousine.

« Rictusempra » Un jet de lumière violet pâle sortit de sa baguette et fusa droit en direction de la rouge et or qui le reçut en pleine poitrine. Si elle voulait commencer à jouer à ça, rien n’était plus simple pour Roxanne. Bien qu’elle ne soit pas vraiment fan de duels, elle pouvait très bien se prendre au jeu si jamais quelqu’un l’obligeait à y rentrer. Elle n’était peut-être pas la meilleure en sortilèges, elle était sans doute moins douée que sa cousine, mais elle avait beaucoup moins de scrupules à lancer des sorts que son homologue rouge et or. Et si jamais elle sentait qu’elle perdait la face dans ce combat, il suffirait de faire peur à Rose en lui disant que quelqu’un arrivait pour qu’elle lâche prise et la laisse sortir. Tout du moins elle l’espérait véritablement, car il faut toujours avoir un plan B lorsque l’on se retrouve dans une telle situation. Tous les sorts que la jeune fille connaissait défilèrent dans sa tête tandis qu’elle regardait sa cousine commencer à se plier en eux et qu’un rire s’échappait de la bouche de cette dernière. Ce sort était drôle mais elle commençait à avoir marre des rires de sa cousine qui résonnaient dans la salle vide. Aussi elle murmura un « Finite » et les rires de la rouge se stoppèrent aussitôt. Le silence revint vite dans la pièce mais Roxanne ne voulait pas prendre de risques, et se retrouver une nouvelle fois sous l’emprise d’un sort quelconque. Elle avait eu de la chance la première fois mais la seconde n’allait peut-être pas être si simple, et il ne fallait pas jouer avec le feu et risquer de se retrouver les pieds suspendus au plafond, à la merci de la folie vengeresse de sa cousine. « Je pense pas que j’ai réellement envie de t’entendre parler mon chou » dit-elle tandis qu’un autre sort fusait de sa baguette. Sort de babillage. Pratique pour éviter que quelqu’un vous lance un sort étant donné que votre victime est incapable de prononcer un mot quelconque. Tandis que Rose subissait les effets du sort envoyé par sa cousine, Roxanne baissa le bras et regarda autour d’elle. Elle repéra une table à quelques pas de là, juste en face de Rose et elle décida d’aller s’y assoir. Appuyé contre le bois de la table, la vipère croisa les bras sur sa poitrine, baguette toujours en main, et posa son regard sur la rousse. Elle pouvait profiter de ce moment pour lui parler et lui balancer tout ce qu’elle avait toujours pensé d’elle, mais elle ne savait pas si elle devait le faire et par quoi commencer. Mais elle se souvint qu’elle parlait de Rose et que ses considérations à son égard étaient inexistantes. « Tu veux jouer au vengeur masqué ou quoi ? Ça te va pas très bien. Tu pensais à quoi, c’est pas parce que t’as les meilleures notes de Poudlard que ça veut dire que je vais m’incliner devant toi, m’excuser et te rendre ton foutu devoir. » Chose impossible de toute façon, vu qu’elle l’avait déjà rendu à son prof à l’heure qu’il était. « Et puis c’est bon quoi, une heure de retenue ça va pas te tuer, tu pourras travailler t’en fais pas » dit-elle d’un ton ironique. A croire hormis le travail sa cousine n’avait rien d’autre dans la vie. Que faisait-elle pour s’occuper quand elle avait terminé ses devoirs ? Elle mangeait ? Dormait ? Quelle vie passionnante vraiment. « Faudrait que tu te lâche Miss-Parfaite, parce que sinon ça me donnera encore plus envie de continuer à pourrir ta vie comme je le fais si bien. » Au fond elle se foutait bien de ce qu’elle pouvait faire de sa vie, elle ne l’aimait pas. Mais continuer à lui pourrir la vie était si drôle, cela marchait tellement bien que Roxanne ne pouvait pas imaginer une seule seconde de s’arrêter. De toute façon maintenant qu’elle était lancée dans son cercle infernal elle ne pouvait décemment pas en sortir et abandonner tous ses efforts pour détruire les efforts de sa cousine. La blonde releva les yeux sur la rousse qui ne pouvait toujours pas prononcer un seul mot puis leva sa baguette en soupirant. Si la rouge et or ne pouvait pas parler la discussion allait vite tourner court et ce n'était pas vraiment très drôle. Pointant son morceau de bois sur la bouche de Rose, Roxanne prononça le contre-sort, délivrant au passage sa cousine du sortilège dont elle était prisonnière.

Spoiler:

ROSE ET ROXANNE

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Malgré la levée du sort lancé sur la rousse, le silence s’imposa dans la salle. Les deux cousines se jaugeaient du regard, l’une en face de l’autre. Ce que voyait Roxanne ne lui plaisait pas, elle ne pouvait pas comprendre ce qui pouvait motiver une fille comme Rose à venir la voir comme ça, à essayer de régler une histoire qui n’avait pas de fin. C’était fatiguant, inutile, exaspérant. Et, étrangement, Roxanne sentait bien qu’elle n’allait pas sortir indemne de cet affrontement contre sa cousine, qu’elle aussi allait perdre quelque chose, que Rose ne serait pas la seule à sortir de la salle avec quelque chose en moins. Si cela lui arrachait la bouche de la dire, la vipère savait que sa cousine n’était pas la dernière des idiotes et qu’un combat en face à face tel que celui-ci tournerait rapidement à l’avantage de la rouge et or. Malheureusement, Roxanne excellait plus en matière de mots qu’en matière de sorts. Ses affrontements physiques contre d’autres élèves pouvaient se compter sur les doigts de la main, et c’était pour une bonne raison. Elle n’était pas faite pour s’éterniser à lancer des sorts contre quelqu’un d’autre. Et puis elle partait du principe que les sorts faisaient moins de mal que les mots : un sort, vous pourrez toujours vous en remettre. Les mots eux restent incrustés dans votre esprit, s’immiscent dans vos souvenirs, votre mémoire, et malgré les plus beaux efforts du monde, vous ne parvenez jamais à vous en débarrasser complètement. C’est pour cette simple et unique raison que la blonde avait fait des affrontements verbaux son terrain de jeu, son amusement. « Je ne cherche pas à être la meilleure pour voir les autres s’incliner, je ne cherche pas à écraser les autres Tu n’as pas compris que je ne travaille que pour moi ? Je m'en fiche des autres ! » Roxanne avait bien compris tout ça, Rose n’était pas du genre à se comparer aux autres. Mais qu’importe, que ce soit pour elle ou pour les autres, cette quête de la perfection était quelque chose d’insensé, d’idiot, d’inutile. Être la meilleure, mais pour quoi faire ? Pour se sentir mieux ? Pour trouver un quelconque réconfort dans les livres ? Pour se sentir enfin aimée ? La vipère ne connaissait pas les raisons qui poussaient sa cousine à chercher inlassablement cette perfection, et elle ne voulait pas les connaître. Ce qui concernait la rousse n’intéressait pas la blonde, elles vivaient dans deux mondes distincts, séparées par un mur qui ne tomberait jamais. Elles étaient trop opposées, trop éloignées, trop différentes. La rousse continua à parler, inlassablement, continuant sur sa lancée. Roxanne ne comprenait rien d’après elle, et bien que cela lui fasse plaisir de le penser, ce n’était pas la blonde qui allait la contredire. Elle n’en avait ni l’envie ni la force. Entrer dans un dialogue de sourd était au-dessus de ses forces aujourd’hui, alors elle laissa sa cousine continuer à parler, les mots entrant dans ses oreilles mais n’ayant pas l’impact voulu. Elle se foutait bien de ce qui pouvait motiver Rose, elle se foutait bien de ses états âmes, de ses sentiments à propos d’elle. « Mais à ton avis, si je perds mon temps avec toi, ni pour des excuses, ni pour mon devoir, ni pour le pouvoir, pour quelle raison ? » La blonde haussa un sourcil. Que cherchait-elle à faire ? Les raisons qui motivaient Rose n’avaient aucun intérêt aux yeux de la vipère qui ne releva même pas la question qui lui était directement posée. Si Rose avait envie de se lâcher une bonne fois pour toute, qu’elle se fasse plaisir, qu’elle aille au bout de ses envies, Roxanne était prête à subir tous les sorts que la rouge pouvait bien lui envoyer. Elle était prête à recevoir tout ce que son esprit en colère et frustré pouvait bien inventer. Au fond, qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Même si elle recevait quelques sorts douloureux en pleine figure, son sort serait toujours plus enviable que celui de Rose. Sa vie ne serait pas qu’une quête sans fin de la perfection, sa vie ne se résumerait pas à jouer un rôle inlassablement. « Je pense que c’est toi qui te crois supérieure, tu crois que ta vie est plus palpitante ? Pourtant tu sembles avoir assez de temps libre pour emmerder les autres, ne serait-ce pas plutôt toi qui t’ennuies ? » Bien sûr que c’était elle qui se sentait supérieure, il ne fallait pas rester très longtemps en compagnie de Roxanne pour le comprendre. Et cette dernière ne le niait pas, à quoi bon de toute façon. C’était vrai, elle se sentait bien au-dessus que la majorité des élèves, la majorité de sa famille. Elle avait peut-être tort, bien sûr, mais c’était un fait et Rose ne venait pas de sortir quelque chose d’inédit. Quant à son soi-disant ennui, la rouge était peut-être dans le vrai, mais pas complètement. Mais à quoi bon contredire les pensées de cette fille ? Roxanne se fichait bien de savoir ce que sa cousine pensait d’elle, ce n’était pas la fille qu’elle cherchait à tout prix à impressionner, à mettre dans sa poche. Qu’elle la trouve laide, idiote, vicieuse, débile, tout ceci lui était bien égal. Rose pouvait se faire un plaisir à penser ce qu’elle voulait, de le crier sur tous les toits, Roxanne ne changerait pas pour autant et n’en serait même pas vexée. Se faire insulter par une fille comme Rose, une fille qui n’arrive pas à sortir de sa bulle de perfection, ce n’était pas vraiment se faire insulter.

Mais la verte et argent n’eut même pas le temps de dire quoique ce soit. Elle sentit un choc au niveau de sa poitrine et recula d’un pas avant d’entendre « Je trouve que c'est assez représentatif de l’intérieur, tu ne trouves pas ? » La blonde ferma les yeux et porta ses mains au visage. Comme elle le pensait, elle sentit que la surface habituellement lisse de sa peau était à présent recouverte de furoncles. Relevant la tête, elle fit face à sa cousine qui semblait fière de son coup, mais elle ne répondit rien. Un sourire s’étala sur les lèvres de la verte et argent tandis qu’elle était victime d’un nouveau sort lancé par sa charmante adversaire. Cette fois-ci, son physique ne fut pas touché. Elle se demanda même quel sort avait bien pût lui être lancé. C’est alors qu’elle sentit son ventre se contracter, et elle fut prise d’un haut-le-cœur affreux. Se pliant en deux, la jeune fille pencha la tête en avant juste à temps pour vomir une énorme limace qui alla s’écraser sur le sol sale de la pièce. Reprenant doucement son souffle, les mains crispées sur son ventre qui semblait danser la polka, la jeune fille releva la tête, ne se détachant pas de son sourire. « C’est tout ? » lança-t-elle, le souffle haletant. La verte et argent s’appuya contre la table qui était non loin d’elle et serra sa baguette fortement dans sa main. Elle attendit quelques secondes, sûre qu’elle n’allait pas cracher une nouvelle limace tout de suite, puis reprit. « Je penses que tu as assez joué avec moi maintenant. » dit-elle avant de lever le bras rapidement. Un jet de lumière écarlate jaillit du morceau de bois si vite que Rose n’eut pas le temps d’esquisser un seul geste. Sa baguette lui sauta des mains et retomba à quelques centimètres de la blonde. Cette dernière posa son pied sur le bout de bois et le ramena à elle. Sa cousine était désarmée, Roxanne non. Mais elle n’allait pas se servir de magie, plus maintenant. Prise d’un nouveau haut-le-cœur, la jeune fille se pencha sur le côté pour rejeter une limace qui alla rejoindre la précédente. S’essuyant la bouche du revers de sa manche, elle rangea la baguette de sa cousine dans sa poche intérieure, puis s’approcha de cette dernière. « Tu veux savoir Rose ? Je me fous de ce que tu peux m’envoyer comme sort. Je me fous de ce que tu peux penser de moi. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu n’es rien, tu n’existes pas pour moi, tu n’es qu’un vulgaire pion dans cette école, un fantôme que je croise en cours. » La blonde arriva bientôt à la hauteur de sa cousine.

Un sourire s’étalait toujours sur les lèvres de la verte lorsqu’elle leva les yeux vers sa cousine. Elle resta quelques secondes devant la rouge et or sans rien dire, sans rien faire, puis soudain elle l’attrapa par le col de sa chemise et la fit tomber au sol, la suivant dans sa chute. Les deux cousines étaient maintenant à terre, Roxanne au-dessus de Rose, maintenant sa prise sur le vêtement de la rouge et or. « Être la meilleure en cours ne te servira à rien. Même si tu fais tous les efforts du monde, tu es née avec la tare d’être une Weasley. Et dans notre monde ce n’est pas quelque chose de bien. » Lança-t-elle. « Tu me parles d’image, de perfection de travail. Ta vie se résume à ça, c’est affligeant. Alors oui, peut-être que je m’ennuie, peut-être que je suis pas miss-parfaite, mais au moins je ne dépense pas mon énergie à être quelqu’un d’autre » Elle sentit un nouveau haut-le-cœur lui contracter l’abdomen et se pencha sur le côté avant de reprendre sa position initiale. « Tu me trouves laide hein ? Très bien, je suis laide, je me sens supérieure à vous tous, et alors ? Au fond tu es comme moi, le simple fait de venir me défigurer, de me lancer des sorts, tout cela prouve que tu ne vaux pas mieux que moi. » La verte et argent resserra sa prise sur le col de la jeune fille. « Mais regardes toi, tu ne fiches des autres, tu ne penses qu’à toi. Et tu viens de critiquer ? Tu es égoïste, tu ne vois que ton nombril, alors s’il te plaît ne viens pas me faire la morale après » Elle ne pouvait pas l’aimer, elle ne pouvait pas même faire semblant de l’apprécier, et elle ne pouvait pas partir maintenant, pas après tout ce qu’elle venait de recevoir dans la face, pas après ces divers sorts qu’elle venait de recevoir. « Je veux même pas comprendre ce qui te motives, je veux pas savoir quoique ce soit sur toi. Ce que tu m’as montré aujourd’hui suffit. » Elle marqua une légère pause avant de reprendre. « Tu me dis que je suis laide, tu me dis que je suis méchante, mais regarde toi. Tu n’arrives même pas à te défendre sans lancer un sort, tu me juges et après tu viens dire que c’est moi la vilaine ? Regarde-toi dans un miroir. » Toutes les émotions de la blonde se déversèrent en elle dans un mélange tourbillonnant et bouillant. Tout ce qu’elle avait toujours voulu dire à Rose, à un membre de sa famille, au monde entier, tout se mélangeait dans sa tête et sortait en flots continus de sa bouche, pour se déverser sur sa cousine. « Vous êtes tous là à me juger parce que je penses pas la même chose que vous. Mes parents, mon frère, toi. Merde quoi, vous êtes pas mieux que moi, tous autant que vous êtes. Si t’étais si intelligente que ça, tu serais même pas là à ce moment. Tu vaux pas mieux que moi pour la simple et bonne raison que tu viens de faire exactement ce que tu me reproches. » La blonde reprit son souffle mais fut vite de nouveau la victime d’un haut le cœur affreux. Ses doigts lâchèrent la prise qu’ils avaient emprisonnée et elle se leva en chancelant avant de se pencher pour vomir une énième limace. En ce moment précis, elle devait vraiment faire peine à voir, mais elle s’en fichait bien. Pour la première fois depuis bien longtemps elle n’avait pas envie d’être parfaite, d’être belle et digne. Son visage était recouvert de furoncles, elle devait être blême, elle crachait des limaces. Mais tout cela lui importait peu parce qu’elle venait de se rendre compte que tous ceux qui venaient lui faire la morale ne valaient pas mieux qu’elle. Ils étaient tous hypocrites. Tous à vouloir la ramener de leur côté. Mais ils rentraient tous dans son jeu, ils répondaient tous à ses attaques. Rose, Lily, Fred. Ils n’avaient pas encore compris que c’étaient leurs réactions qui poussait la verte et argent à continuer, que c’était de voir qu’ils ne supportaient pas ses coups bas qui lui donnait envie de continuer, encore et encore. Non, ils ne comprenaient rien, ils étaient aveuglés. La vipère se retourna vers sa cousine qui était toujours à terre et lui lança un regard plein de pitié et de dégoût, un mélange des émotions qui se battaient en elle. « Va-t’en. T’as plus rien à faire ici. » lui dit-elle. C’était terminé, du moins l’espérait-elle. Elle ne voyait pas ce que l’on pouvait ajouter. Aucune ne sortirait victorieuse d’ici, aucune ne serait couronnée de laurier aujourd’hui. Non, elles avaient toutes les deux subies les foudres de l’autre, elles avaient toutes les deux abdiqué devant la force de l’adversaire.

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ROSE ET ROXANNE

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Adossée contre une table, les mains crispées sur son ventre qui ne cessait de lui faire mal à cause du sort lancé par sa cousine, Roxanne espérait que Rose allait sortir de la pièce sans demander son reste, pour enfin la laisser seule. Elle ne voyait pas ce qu’on pouvait ajouter à la discussion, elle ne voyait pas une seule bonne raison pour que Rose reste encore dans la salle. Et pourtant elle n’avait toujours pas entendu la porte s’ouvrir, elle n’avait toujours pas vu la rousse se relever. Le silence était bien installé mais pourtant la verte et argent n’était pas encore seule, et elle se demandait bien ce que la rouquine attendait pour sortir une bonne fois pour toute. « Attends, je ne vais pas partir là-dessus, bien qu’effectivement je n’ai plus rien à faire ici » La blonde posa ses yeux sur sa cousine qui tentait tant bien que mal de se relever. Sa première tentative fut désastreuse mais elle parvint finalement à se retrouver sur ses deux jambes. Dans d’autres circonstances la blonde aurait souri ou lancé une petite pique méchante, mais elle n’en avait ni l’envie ni la force. Plus maintenant. De toute façon elle n’en aurait pas eu le temps puisqu’elle sentit une nouvelle fois cet horrible haut-le-cœur s’emparer de son corps et une nouvelle limace sortit de sa bouche pour aller s’écraser contre le sol froid de la pièce. Elle commençait à s’habituer à cette affreuse sensation, ce goût infect dans sa bouche devenait maintenant presque acceptable, même si tout cela était encore répugnant. A croire que la demoiselle s’habituait à subir tout ce qui sortait de la haine de sa cousine. Lorsqu’elle releva la tête après avoir fini de cracher la limace, elle vit que Rose s’était approchée d’elle. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Ne pouvait-elle pas partir, même après tout ça ? Roxanne lui avait dit ce qu’elle avait à lui dire, Rose lui avait fait subir ce qu’elle voulait lui faire subir. Elles étaient quittes, il n’y avait rien à ajouter, rien qui ne soit utile en ces circonstances étranges. « … Je n’ai absolument rien avoir avec ton choix de camp, si c’est à cela que tu faisais allusion, que tu sois chez les Obscurs, je m’en fiche totalement, tu fais ce que tu veux » Bien sûr que Rose n’avait rien à voir avec son choix. Roxanne était une grande fille qui prenait seule ses décisions, elle n’avait besoin de personne pour pencher d’un côté ou de l’autre de la balance. Et encore moins de l’avis de sa cousine qui n’avait aucune valeur à ses yeux. Mais cela n’empêche qu’elle sentait bien tous les regards de sa famille à chaque fois qu’elle passait près d’eux. Ces regards emplis de dégoût, de honte, de déception. Elle s’y était habituée, cela ne la blessait même plus. Mais quand bien même, elle était lasse de voir qu’ils étaient toujours bloqués dans leurs valeurs, sans une seule once de tolérance pour ceux qui n’étaient pas comme eux. Qu’attendaient-ils ? Que Roxanne se laisse faire comme ça ? Non, elle se devait de rétorquer, de faire en sorte qu’ils comprennent. Tout le monde avait sa part de responsabilité dans cette guerre incessante entre la blonde et le reste de sa famille. Mais ils ne le comprenaient pas, ils pensaient que la seule fautive c’était elle, et c’est cette idée qui la mettait hors d’elle, ce poids qu’ils voulaient lui mettre sur les épaules. C’était insupportable d’être pointée du doigt comme le mouton noir, celle qui fait tout foirer.

« Ensuite … Tu as raison, on ne vaut pas mieux que toi, pour ma part je suis vraiment égoïste, inintéressante, ennuyeuse, même laide si tu veux. Et comme toi je suis totalement indifférente, alors si les mots n’ont aucun impact sur toi, ils n’en ont pas plus sur moi » La blonde ne put retenir un petit rire sarcastique. De quoi Rose se plaignait-elle ? Les seules remarques qu’elle devait supporter étaient basées sur son envie de perfection. Elle ne savait pas ce que c’était de vivre en sachant que toute sa famille se ligue contre elle dans son dos, elle ne savait pas ce que c’était de supporter les remarques des Obscurs sur son nom de famille, elle ne savait rien de la méchanceté pure et dure. Roxanne l’avait vu, elle l’avait vécu dès son arrivée dans cette école. Et elle avait dû se battre pour s’imposer et se faire respecter. Elle avait dû faire des choix qui étaient contestables, mais elle n’avait jamais été aussi bien lotie que l’avait été Rose. Alors la rousse pouvait bien se foutre des remarques des autres élèves, cela ne faisait rien à Roxanne. Tant mieux pour elle. La verte et argent se retourna vers sa cousine qui était à quelques tables d’elle. Au fond elles n’étaient pas si différentes que ça, mais elles avaient trop de contradictions pour s’entendre. Jamais elles ne pourraient s’entendre, même si au fond Rose était celle qui ressemblait le plus à Roxanne. « Tant mieux pour toi » murmura-t-elle. Elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait dire, elle ne voyait rien à ajouter. La verte et argent voulait juste enfin être seule, elle ne voulait plus voir la tête de Rose, elle voulait se retrouver loin d’elle. « Je veux juste réussir, même si tu dis que c’est impossible. Je pense que c’est pour ça que je suis ici aujourd’hui, tu peux continuer à essayer de m’emmerder, je réussirais. » Toujours la même rengaine. Réussir. Mais réussir à faire quoi ? Rose n’arrivait pas à comprendre que sa famille et ses choix étaient le plus gros handicap qu’elle portait sur ses épaules. Ses notes, son comportement, tout cela n’avait aucune importance aux yeux des Mangemorts. La seule chose qu’ils voyaient c’était ce nom marqué au fer rouge, cette famille qui lui collait à la peau et dont elle aurait du mal à se détacher. Alors réussir n’était qu’une utopie, un rêve inaccessible dans cette époque sombre où être Résistant n’était pas bien vu. Rose était intelligente mais elle ne comprenait pas ça. Roxanne n’avait même pas la force de lui faire comprendre. De toute manière la rouge et or en ferait bien vite l’amère expérience. Lorsqu’elle sentira ces regards de haine en dehors de l’école, lorsqu’elle se retrouvera à de voir obéir à n’importe quel Mangemort sous peine de se faire tuer. Si c’était la vie dont elle avait envie, grand bien lui fasse. Mais Roxanne aspirait à autre chose, elle ne voulait pas être bloquée dans l’avenir tout tracé par son nom de famille. Elle voulait faire autre chose, avoir les possibilités que tous les autres avaient. Et non pas se retrouver en cavale comme son cousin juste parce qu’il s’appelait Potter – et qu’il était complètement idiot aussi. Ils pensaient pouvoir changer le monde mais ils ne comprenaient pas que c’était impossible. Changer le monde, se soulever. C’était une noble cause, mais malheureusement elle avait de fortes chances d’échouer. Et que feraient-ils ce jour-là ? Ils seraient démunis, sans aucune perspective d’avenir, plus aucune chose en laquelle croire. Voulaient-ils vraiment en arriver là ? Roxanne en doutait fortement, mais ce n’était pas à elle de leur dire. La vie s’en chargerait bien assez vite. « Tu ne m’enlèveras pas l’idée que tu n’es qu’une grosse peste emmerdeuse, mais … Je n’aurais pas dû te juger trop vite sur certains points, et je m’en excuse » La blonde releva la tête et vit que sa cousine était déjà au niveau de la porte. Elle n’avait rien vu des derniers déplacements de la rouquine, sans doute trop perdue dans ses pensées. Le principal était qu’elle soit sur le point se sortir, et qu’elle venait de comprendre quelque chose. « Continue à le croire, ce n’est pas moi qui te ferait changer d’avis sur ce point. » lança-t-elle à sa cousine tandis que cette dernière tournait la poignée de la porte. « Et ne penses pas en avoir fini avec moi » ajouta-t-elle à voix basse, plus pour elle-même. C’était une mise en garde, mais Rose ne devait pas l’avoir entendu. La blonde entendit elle aussi Rose dire quelque chose tout bas, mais elle ne pouvait pas vraiment dire avec exactitude ce que sa cousine venait de prononcer, et elle n’y prêta pas attention. Après tout plus rien ne comptait maintenant, elles étaient toutes les deux fatiguées de ce qui venait de se passer.

La jeune fille vit sa cousine sortir de la salle en laissant la porte ouverte et elle jeta un coup d’œil à sa montre. Son prochain cours n’allait pas tarder à commencer mais elle ne pouvait pas s’y rendre dans l’état dans lequel elle se trouvait. S’asseyant sur une chaise, ou plutôt s’affalant dessus, elle se remémora tout ce qui venait de se passer. Elle n’aurait jamais cru pouvoir dire tout ce qu’elle venait de dire à sa cousine, surtout à Rose. Mais au fond cela lui avait fait du bien, ça avait enlevé une bonne part de son fardeau. Même si la rouge et or n’en avait que faire, même si cela n’avait aucun impact sur le futur, au moins elle avait dit ce qu’elle avait à dire. Elle avait perdu des plumes dans ce combat, c’était le moins que l’on puisse dire, mais tant pis, Rose aussi n’en était pas sortie indemne, elle le savait. A quoi bon faire semblant de toute façon, Rose ne l’aimait pas, Roxanne n’aimait pas Rose. Mais au moins elles avaient dit ce qu’elles avaient à dire, ce qu’elles pensaient, et c’était déjà là une bonne chose. Maintenant Roxanne avait juste envie de rentrer dans son dortoir pour oublier tout cela. Mais elle n’allait pas en rester là. Elle allait se venger, c’était comme ça qu’elle fonctionnait. Même si toute cette conversation lui avait fait comprendre certaines choses, elle ne pouvait laisser passer les sortilèges de la rousse envers elle. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser passer tout ça. Rose avait osé lever la main sur elle, et elle allait s’en mordre les doigts. Pas tout de suite, pas encore, mais lorsqu’elle s’y attendrait le moins. La rouge et or l’avait défiguré, elle lui avait fait cracher des limaces, et Roxanne n’allait pas se laisser faire comme un gentil chien. Non, sa vengeance sera au rendez-vous, c’était une promesse qu’elle se faisait. La blonde jeta un nouveau coup d’œil à sa montre et vit que les cours avaient commencé depuis cinq bonnes minutes. Se relevant, elle s’approcha de la porte et passa la tête dans l’embrasure pour vérifier que la voie était libre. Lorsque cela fut fait, elle sortit de la salle en fermant la porte et s’empressa de se diriger vers l’infirmerie, tête baissée, pour que quelqu’un s’occupe de son fâcheux état.

FIN