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Un amas houleux de cheveux flamboyant s'agite en un tourbillon de soie. Il me semble avoir tendu la main pour en caresser quelques mèches, néanmoins la distance imposée entre nous ne le permet pas... à moins que ce soit mon corps tout entier qui s'alourdit et refuse de bouger. Je braque alors mes yeux fauves sur sa silhouette famélique ; elle danse entre les pétales de roses flétries, ses bras fins découpant les airs me clament de la rejoindre. Elle m'enchante les sens par un regard qui me touche, m'embrase et me susurre d'une voix chantante et railleuse que je ne l'aurais pas pour moi. Je me relève brusquement, une raideur dans la nuque moite et crispée par l'effort, quand je sens quelque chose qui pénètre la peau de mes bras à en lacérer la chair : des ronces se sont enroulées autour des mes poignets qui, féroces et fougueux, tentent désespérément de s'en défaire. Une douleur vive raidit mon corps tout entier et matraque mon cou soudain encerclé de cette maudite plante qui se targue d'être ma geôlière et me retient contre la froideur du mur. Ces épines enfoncées dans ma chair creusent des plaies béantes desquelles suintent des perles de sang, larmes d'hémoglobine qui roulent jusqu'au pétales de rose tombées à terre. Impuissant, je braque mes yeux sur cette silhouette féminine que je distingue à peine. J'entrevois pourtant son rictus narquois, et malgré le mépris qu'il porte j'ai le coeur qui s'enhardit, cyclique comme un tambour. Je ne souhaite plus qu'arracher le glaive d'un de ses baisers, mais la jeune femme dont je ne perçois que la chevelure rousse se penche et brandit un poignard, qui de son bras cambré à mon coeur trace un chemin fatal.

Ainsley se réveilla en sursaut, le front moite, la gorge sèche et le coeur battant. Tentant de reprendre une respiration normale, le jeune homme s'aperçut bien vite que c'était peine perdue : l'oxygène se faisait rare malgré ses poumons avides d'un air vivifiant. Comprenant qu'il ne s'agissait que d'un mauvais rêve, le Gryffondor cracha tout de même un bref juron colérique non sans repousser d'un geste sec ses draps défaits. « Debout ! » La voix nasillarde d'un de ses colocataires de chambre accompagna le crissement désagréable d'un lourd rideau tiré d'un geste sec, révélant la lumière blafarde du matin. Malgré son timbre énergique, le jeune garçon tentant de réveiller les autres dormeurs ne reçut en échange que des feulements contrariés. Les Gryffondors mâles avaient l'air de lionceaux agonisants sur les bords d'un lac asséché dès lors qu'ils n'avaient pas leurs neuf heures de sommeil... Indifférent à cet accueil matinal qui laissait à désirer, il se tourna vers Sin dont le teint blême et le regard assassin trahissaient une bien mauvaise nuit : « Jolie coupe. » fit alors son camarade d'un ton espiègle lorsqu'il avisa les cheveux en batailles de Ainsley... avant de recevoir un coussin en pleine figure.

Nuit agitée et réveil difficile donc, et pourtant cela n'entacha pas le dynamisme du Gryffondor – qui comata tout de même de bien longues minutes lorsqu'il dut se traîner jusque la salle de bain, mais qui ressortit frais, dispos et énergique de sa douche matinale – quand bien même démarrer la journée avec un cours de divination pouvait s'avérer laborieux. La matière en elle-même n'était pas forcément déplaisante, ce qui l'était surtout c'était tout ce scepticisme qui voletait autour : les sortilèges étaient une matière concrète, la métamorphose était une matière concrète, l'Histoire de la magie était une matière bar... concrète... Mais en somme, la Divination avait de cela de particulier que les élèves n'étaient jamais sûrs de la véracité des résultats. Si Ainsley apprenait ce matin en lisant ses marcs de café qu'il mourrait dans une attaque de sirènes nymphomanes en tentant de pêcher la morue dans le lac de Poudlard, en toutes probabilités il n'en retiendrait que le 'nymphomanes' et jetterait le reste au bon vouloir de sa mauvaise foi. La Divination, on y croit que lorsque cela nous arrange, au final. « La forme Sin ? » Les yeux en amande du Gryffondor toisaient la silhouette familière, ou dirions-nous plus qu'intime, du beau Serdaigle s'étant approché de lui d'un sourire enjôleur. Sin se contenta de lui offrir un rictus à la fois charmant et cynique avant de souffler un : « Pas vraiment. Je crois que je manque d'activité physique, si tu vois ce que je veux dire. » entre la frustration déguisée et l'autodérision franchement amusée. Inutile d'en dire plus, sa voix suave suintant la lubricité ainsi que son regard braqué instinctivement sur les fesses rebondies d'une jolie demoiselle montant les escaliers devant eux, parlaient clairement pour lui.

Les deux amis pénétrèrent enfin la salle de classe dont la température arracha un commentaire frisquet au jeune Serdaigle. Ils prirent place à une table, un signe de tête poli pour le professeur au passage, et sortirent leurs affaires sous le joug d'un brouhaha incessant. Malgré tout, la voix du professeur Dewis passa outre ce tintamarre fait de discussions, de rires et de lourds livres matraquant les tables. « Bonjour jeunes gens. Asseyez vous, je vous en prie. N'hésitez pas à vous rapprochez, je ne compte pas vous ensorceler... » « Trop tard... » murmura le licencieux Ainsley d'une voix un peu trop mordante pour se prétendre sage. Après tout le professeur de Divination était une belle femme. Aux goûts vestimentaires excentriques certes, mais tout de même. Cette dernière s'avança dans de longues présentations paraissant interminables mais nécessaires, que le Gryffondor n'accueillit cependant que d'une oreille. Il n'était déjà pas évident de capter l'attention du brun ténébreux, si en plus on lui demandait de boire toutes les paroles de ses interlocuteurs... Oh bien sûr, une lueur amusée brilla dans l'alcôve de ses yeux bruns à l'entente de mots prenant toute de suite une connotation particulière pour lui, tels que 'entretiens individualisés', mais le rouge et or se contenta de rester taciturne, esquissant un seul demi sourire au coin de ses lèvres sanguines. Le mutisme dont il faisait preuve faisait par ailleurs défaut à l'un des élèves visiblement sceptique et de mauvaise humeur, qui jugea bon d'attaquer le professeur à coup de earl grey, théières, et autres infusions à plantes : « Non parce que mon earl grey de ce matin m’a annoncé que j’allais me retrouver édenté avant la fin de la journée, alors j’aimerais quand même savoir si je peux me fier à mon pisse mémé. » Blasé, Ainsley leva ses yeux ambrés au plafond avant de murmurer quelques mots las mais non dépourvus d'une franchise trop crue : « Nous pompe pas l'air, je préfère autant quand on me pompe autre chose. » Un soupir passa ses lèvres blêmes alors qu'il reposa ses yeux désabusés sur ses effets posés sur la table, quand à ses côtés Benjamin renchérit d'une voix tout aussi assurée : « Ça peut s'arranger très vite si vraiment tu y tiens. » Bref, ambiance de folie en cours de divination.

« À votre avis, d'où viennent les forces de la divination, ou plutôt, pourquoi des gens dénués de facilités ou de capacité pour la divination arrivent-elles à percevoir des bribes, aussi incertaines soit-elles, d'événements proches ? » Et la classe assista au plus long blanc jamais créé depuis le début d'année... du moins jusqu'à ce qu'une demoiselle ne lève fébrilement la main et n'ose une explication plus ou moins plausible. « Tout le monde peut... euh... percevoir des choses parce que... euh... l'avenir c'est... euh... nous qui le choisissons donc nos esprits savent plus ou moins ce qui va se passer... ? » « C'est un peu comme si le voyant avait des capteurs très nombreux et ouverts vers l'extérieur, et l'autre personnage n'en avait que peu ou inactifs... Est-ce que quelqu'un a saisi ce que cela implique ? » « Ce que vous voulez dire, en fait, c'est que bien qu'un sorcier naisse sans ces... « capteurs », ou bien avec un nombre faible de ceux-ci, s'il travail pour les utiliser et les entraîner, son pouvoir de divination augmentera, même s'il restera forcément moins bon que le niveau de quelqu'un qui y est pré-destiné et donc, qui est né avec un tas de capteurs ? » Mais quel sérieux, quelle application, quel zèle dans tout son monologue intellectuel ! Amusé, Ainsley porta son regard sur son voisin de table, étouffant un bref rire quant à l'attitude consciencieuse et appliquée de Benjamin de répondre aux questions. Ce dernier lui lança d'ailleurs un regard défiant, comme le mettant au challenge d'en dire plus. « Tu es si mignon quand tu parles pour ne rien dire, sweety. » fit alors Ainsley dans un grand sourire espiègle, accentuant sur le côté mielleux de sa réplique pour le taquiner d'avantage. Il étouffa cependant un « ouch » après avoir reçu un coup de coude pseudo discret de son voisin dans les côtes. Qui aime bien châtie bien. Enfin il paraît.

Loubelle s'était convaincue de tenter de trouver le sommeil la veille. Elle l'avait amèrement regretté. La lumière de la lune éclairait le plafond pendant un instant, puis en une seconde elle s'était assoupie. Lou se voyait, mais pas dans ce qui était le futur. Pour l'une des rares fois de sa vie, la poufsouffle rêvait du passé. Elle était debout, dans le cadre de la porte de madame Amos. Ses yeux couleur de poison étaient emplis d'un océan de tristesse. La professeur de divination faisait ses valises. Elle déposait divers instruments dans une valise. « Vous ne pouvez pas partir. Ils n'ont pas le droit de faire ça. Restez professeur Amos, restez je vous en supplie. Vous êtes la seule personne qui ne m'avez jamais aidée. La seule personne à qui je me sois ouverte à ce sujet, VOUS DEVEZ RESTER. » La voix de la jeune femme se cassait alors que la professeur s'immobilisait en laissant tomber une prophétie sur le sol. Dans le silence, on entendit très clairement la prophétie. « Les nés-moldus se verront privés de tous leurs droits. Ils seront réduits à vivre comme des moldus dans des quartiers sous surveillance. » Les larmes coulaient silencieusement sur les joues de la demoiselle alors que la professeur s'approchait pour prendre la jeune femme dans ses bras comme elle l'avait fait avec la gamine qu'elle avait été. Après un long moment d'accolade, la professeur se recula et lui sourit. Pourtant, quelque chose dépassa la réalité. Son sourire grandit, devenant diabolique. Son sourire était si grand qu'il faisait craquer la peau de son visage. Il cassait en morceaux, comme l'aurait fait de la porcelaine. Les pièces du visage de la femme tombaient en se fracassant sur le sol. Ne laissant sur place que le squelette de la sorcière. Un mort-vivant qui s'approchait vers elle tout en entourant sa gorge des os de ses mains.

La jeune femme se réveillait en criant, portant ses mains à sa gorge. Elle avait peut-être dormi quinze minutes, pas plus. La jeune femme s'acharna à ne pas dormir du reste de la nuit. Tant qu'à cauchemarder sur ce qui se produirait le lendemain, autant le faire éveillée. C'est ainsi qu'elle passa sa nuit à faire tout sauf dormir. Lire, écrire, dessiner, coudre pour réparer ses robes, n'importe quoi pour tenter de se changer les idées. Pourtant, elle n'arrêtait pas d'y penser à ce cours de divination qui aurait lieu quelques heures après le lever du soleil. Elle redoutait chaque heure qui passait et qui la rapprochait de cet enfer qui se répéterait chaque semaine.

Plus qu'une heure avant le cours. Loubelle avait songé à ne pas s'y rendre , mais elle ne pouvait pas manquer de précieuses informations sur la divination. Elle avait donc enfilé des vêtements noirs pour une plus grande discrétion. Une simple petite robe noire. Elle montait juste au-dessus de sa poitrine alors que de la dentelle noire couvraient ses épaules et une grande partie de son dos. Ses pieds étaient chaussés de petits souliers noirs tandis que ses cheveux retombaient doucement sur ses épaules en longues cascades blondes foncées. Elle descendit pour manger, mais ne fit que grignoter quelques trucs. Les élèves commencèrent à monter et Loubelle ne fit autrement que de les suivre jusqu'au septième étage. Elle entra dans la pièce presque sur la pointe des pieds alors qu'elle était choquée de découvrir la pièce changée. La rage bouillait en elle si férocement. La pièce était très bien comme elle était avant. Ce nouveau décor lui donnait carrément des hauts le coeur. Tentant d'oublier son malaise, la demoiselle remarqua Ainshy et ne tarda pas à aller s'asseoir derrière lui. Adressant au doux sourire au jeune homme. Poser ses prunelles sur le gryffondor enleva son angoisse à Loubelle durant un instant. Puis la pimbêche dans son accoutrement ridicule pris la parole.

« Bonjour jeunes gens. Asseyez vous, je vous en prie. N'hésitez pas à vous rapprochez, je ne compte pas vous ensorceler... » « Trop tard... » Avait murmuré le ténébreux jeune homme à son ami. Assez fort pourtant, pour que la demoiselle l'entende. Elle soupira discrètement, c'était officiel, elle détestait déjà cette femme. Elle la trouvait moche et particulièrement ridicule. Loubelle n'écoutait que distraitement ses présentations ennuyantes. Fixant plutôt sa plume blanche qu'elle faisait tourner entre ses frêles doigts. Pourtant, elle sut attirer son attention avec ses propos. Sachez cependant qu'il vous faudra oublier tout ce que vous avez appris jusque là. « Oubliez les bondieuseries et la bonne aventure qui vous a été servie jusqu'ici. Je veux aborder avec vous la divination sous sa forme moderne, sous un oeil jeune et neuf. » Oh non ! Mais quelle tache. Quelle pauvre idiote ils avaient engagé pour être le professeur de divination. Non seulement madame Amos avait fait un travail exceptionnel, mais elle était également née chez les moldus. Elle avait grandi dans un monde de moldu avec un don qu'elle ne comprenait pas, exactement comme Loubelle. La jeune femme bouillait et se retenait de lancer des répliques blessante à la professeur. Elle perdait son attention, absolument toute son attention. Tant pis, elle apprendrait ailleurs les rudiments de la divination. Loubelle ne voulait plus entendre un mot sortir des lèvres de cette impertinente femme. Elle tomba en transe, figée sur sa plume alors que son esprit volait ailleurs. Diverses images floues et sans importances voguaient sous ses yeux. Le visage de Sin y apparaissait, il souriait tout bonnement alors que sa peau baignait dans le soleil et que sa tête reposait sur la pelouse. Rêverie ou vision, elle fut interrompue par une boule de papier qui toucha sa main. La jeune femme s'était empressée de l'ouvrir pour y découvrir une espèce de gribouillis avec des ailles qui semblaient voler étant donné le mouvement de ses ailes. Loubelle esquissa un magnifique sourire alors qu'elle déchirait discrètement un bout de parchemin pour y écrire et dessiner également. Un petit loup endormis figurait au bas du parchemin alors que la missive disait :

Citation :

Une petite luciole qui s'endort dans ce cours barbant !Et toi aussi, t'es un petit loupiot qui fait dodo ! Pourquoi tu t'es pas assied avec moi ?On aurait pu se foutre de ce cours barbant et de cette prof moche et disgracieuse ensemble.

« Ainshy... »

Avait-elle murmurer doucement, mais pourtant assez fort pour attirer l'attention du jeune homme qui se tournait vers elle. Lorsqu'il la regardait, quelque chose de surnaturel se produisait. Tous les bruits environnant cessaient et tous les gens disparaissaient. Ils n'étaient que tous les deux dans une salle vide où ils se regardaient. La demoiselle souriait doucement alors qu'elle déposait la missive dans la paume de son ami. Ses doigts effleuraient ceux du garçon alors que les joues de la demoiselle s'empourpraient. Elle tentait de le cacher en posant sa main sur l'une de ses joues tout en tournant la tête de côté. Définitivement, les cours de divinations ne seraient plus jamais les mêmes. Ses résultats non plus, d'ailleurs.