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Albus fit comme si de rien n’était quand Nara arriva, fit comme s’il regardait sa montre d’un air impatient, en tapant du pied. Il ne voulait surtout pas qu’elle le voit stressé et angoissé, ça aurait tout cassé. Surtout avec l’assurance dont il avait fait preuve en lui annonçant l’enjeu du pari, la dernière fois. Il ne fallait surtout pas se dégonfler. Mais Merlin sait que c’est bien là la plus grande faiblesse du jeune Gryffondor. En fait, il en avait deux, plus précisément, de démons. Le premier était la perte de ses proches, son épouvantard. Après, il y avait l’amour, son incapacité à maitriser les sentiments amoureux. N’avons-nous pas évoqué déjà la raison même de ces cours ? S’il n’y avait eu qu’un seul râteau, ça va, il aurait pu s’en remettre (ce qui n’avait pas été tache facile déjà avec Valhalla). Valhalla. Oui cette grosse mégère super canon. Elle lui avait parut tellement jolie, tellement rayonnante, tellement majestueuse. Mais aussi tellement imposante, hautaine et odieuse. C’était en quatrième année, et il avait vraiment misé un max sur l’apparence. Sauf que dans sa béatitude, il ne s’était pas renseigné comme il le fallait sur la fille. Et jusqu’à présent, il ne sait pas grand-chose sur elle. Même pas son nom de famille. Elle avait juste des yeux bleu mer envoutants et de beaux cheveux blonds voluptueux un brin argentés –une descendante vélane peut-être ? Peu importe, de toute façon, elle ne lui faisait plus rien, à présent. Heureusement, ça remonte à il y a déjà deux ans. Enfin, il faut dire surtout que découvrir comme ça qu’en réalité elle était la copine de Scorpius Malefoy, son grand ennemi de toujours l’avait quelque peu refroidit, mais sacrément choqué surtout. Il avait été la risée de Poudlard pendant deux bonnes semaines au moins, la jeune Valhalla n’ayant pas hésité à aller raconter cette « divertissante mésaventure » à tout bout de champ. Une vraie langue de vipère. Ah oui, avais-je déjà précisé qu’elle était à Serpentard ?

Mais ça ne s’est pas arrêté là. Non, il y en a eu un deuxième, Isis-Andromède Cayrel, une jolie Gryffondor tout innocente, qui n’avait pourtant rien de mauvais. Si ce n’est qu’elle est comme l’intruse dans sa famille de grands mages noirs… Mais ce n’est pas la fin du monde, pas vrai ? Pete Levingston est aussi un Gryffondor issu d’une famille pro-Voldemort. Ca ne l’a pas empêché d’être le meilleur ami d’Albus et d’aimer Blake, une Résistante qui y croit dur comme fer, à la victoire du bien. Mais elle, Isis, était sensible. Beaucoup trop sensible, et surtout fragile. Elle lui a aussi foutu un vent, alors qu’il lui déclarait son amour dans un placard à balai –ne demandez pas comment ils s’y sont retrouvés coincés. Il aurait pu l’embrasser, s’il en avait eu le cran. Bref, triste destinée amoureuse. Albus ne savait décidément vraiment pas comment s’y prendre avec les filles. Même avec les plus timides.

Le truc tout con était qu’il ne savait pas encore qu’elle fille il allait choisir, en ce moment. Une pas trop jolie, ni pas assez, un peu plus jeune que lui peut-être. Une Poufsouffle surement. Les Serdaigle sont trop sérieux pour se laisser faire, les Serpentard bien trop dangereux et il risquerait de la croiser trop souvent si c’était une Gryffondor. Il allait en free-style. Improvisation totale. La première venue. Le tout était qu’elle ne le rembarre pas.

« Eh bien ! Mr Potter, quelle classe ! Au niveau vestimentaire, je dois avouer que ça le fait. T'es pas trop stressé ? T'inquiètes, ça fait pas aussi peur que ça en à l'air ! Et puis je suis sûre que tu as bien révisé donc pas de problèmes ! Ah au fait, j'ai apporté des dragées surprises de Bertie Crochue, car un spectacle sans grignotage n'est pas un vrai spectacle tu ne trouves pas ? Bon, plus sérieusement.. Comment tu te sens ? T'as vraiment l'air super angoissé. T'es sûr de vouloir le faire quand même »

Ton ironique, c’est clair. Elle se foutait de lui. Il était habillé comme un vieux sac à patates ! Albus leva les yeux au ciel. « C’est bon, j’ai fais de mon mieux pour l’habit, pas besoin d’en rajouter. Je ne vais pas faire une demande en mariage non plus. » Elle avait vraiment amené les dragées, c’était pas croyable. Albus se sentait super débile pour le coup. Il avait espéré jusqu’au bout qu’elle oublie. Il tenta de prendre un air assuré, les bras croisés « Tu me prends pour qui ? Je suis pas du genre à abandonner aussi facilement, je ne me serais pas cassé la tête à me préparer comme ça sinon. De toute façon, j’ai tout prévu, elle va fondre la nana, c’est dans la poche poulette. » Ok, sa voix tremblait un peu dans les aigus, loin de se donner l’air décontracté et sur de lui désiré ; c’était plutôt lui qui commençait à fléchir. De toute façon, quand faut y aller… « Par contre, tu vas m’aider, parce que je ne sais pas qui choisir, je ne veux pas en prendre une déjà casée, tu vois ? Ça serait un peu con. Après, c’est juste pour danser… C’est pas un rencard. Enfin pas un vrai. Non ? »

Albus tout à coup envisagea ce rendez-vous d’une façon toute autre. C’est clair qui s’il venait vêtu de cette façon, avec une rose, draguer une fille pour l’inviter à danser elle s’imaginerait qu’il voulait quelque chose de sérieux. Comment pourrait-elle se douter que c’était un exercice ? La bonne blague. Dire que c’était lui qui avait lancé cette idée, sans réfléchir. Il peut vraiment venir et lui faire « Bonjour ça va ? Viens on va juste danser, nan c’est un délire le costume et la rose, je t’aime pas vraiment, c’est pour te draguer, un pari que j’ai lancé à Nara. Un après-midi toi et moi, mais t’inquièèètes ! Après on ne se voit plus. C’est pour le fun quoi. ». La fille lui conseillerait probablement l’hôpital le plus proche, et qui sait, lui paierait même le transport. Non, décidément, c’était un plan foireux. « Je veux dire, j’ai pas envie d’une relation là, tout de suite. C’est suffisamment lourd à gérer tout ce qui m’arrive, mes problèmes familiaux, la Résistance… Enfin tu vois. Je peux pas me mettre une fille dans les pattes, ça va pas le faire. » Ce qui était totalement vrai, il faut dire.

« J'étais sérieuse Al, tu es vraiment très bien. Et t'as totalement raison, ce n'est pas pour une demande en mariage. Tu veux un bonbon ? »

Mouais Albus n’était pas convaincu quand même. Il est persuadé d’être habillé comme un vendeur de bonbons ambulants. D’ailleurs, en parlant de bonbons, Albus, d’ordinaire plutôt gourmand, avait l’estomac trop noué pour pouvoir engloutir quoique ce soit. Pas même une malheureuse dragée de Bertie Crochues, qu’il trouvait si amusante d’ordinaire. Toutefois, pour ne pas perdre la face devant Nara, il en prit tout de même une bleue, qu’il mit dans sa poche sans même y jeter un coup d’œil, le regard fixé vers les larges escaliers qui lui faisaient face.

« Tu sais, elle est capable de se gérer quand tu n'es pas là. Je te parle pas de rester avec elle H24, de ne plus accorder de temps à tes amis, ta famille et ta cause, mais juste d'avoir quelqu'un à tes côtés, qui pourrait t'aider par exemple. Enfin, c'est ce que j'en pense perso.. »

Albus ne réagit pas tout de suite. Venant de Nara, cette réaction ne lui était pas très surprenante. C’est elle qui l’entraîne depuis voilà déjà quelques mois dans le but d’avoir une copine, rappelons-le. Comment pouvait-il espérer une autre réponse que celle-ci. Il était évident qu’elle avait vu dans ses paroles un prétexte pour échapper à cette mise en scène plutôt gênante… Rha la peste. Ils ne pourront jamais être d’accord de toute façon. Une fille c’est une responsabilité quand même. Il faut lui sourire tout le temps, l’embrasser, lui faire des cadeaux pour des fêtes inutiles comme la saint-valentin (aka la fête où il vaut mieux ne pas avoir de copine si on ne veut pas se ruiner dans des restaurants hors de prix) la supporter quand elle raconte ses histoires insignifiantes et quand même hocher la tête avec intérêt, pour ne pas lui faire de mal. C’est tout un art, entretenir une relation. C’est même Nara qui le lui a enseigné. Sortir avec une fille comme ça, c’est mal…

Quoi ? Vous croyez qu’Albus cherche des excuses ? Pas du tout… Enfin, un peu quand même, il faut avouer que le prétexte de ses problèmes familiaux n’était seulement qu’en partie vrai. Une des seules raisons qui feraient que la fille en question soit dérangée en sa compagnie, serait de le voir souvent déprimé, à penser à ce qui se passe dans le monde magique, à ce qui arrive à son frère. Songer qu’il ferait mieux de vite sortir de cette école, pour mieux se battre dans la Résistance, et de ne pas se limiter à seulement un groupuscule de collégiens dont il était un des représentants. Après, s’il choisissait une Résistante, ça pourrait le faire, pour le reste. Du moment qu’elle avait une situation familiale stable, pas dans le genre Pete quoi. Ça irait, en fait. Il n’y avait pratiquement aucune raison pour qu’une fille dans sa vie le gêne en quoique ce soit… En perspective.

Il y avait quand même une chose. Il ne voulait pas se désintéresser de son objectif. S’attacher à une personne de plus. S’inquiéter d’encore une personne. Porter une attention supplémentaire à cette fille. Car on sait bien qu’Albus a vraiment très peur de perdre ses proches. Dont fera partie la fille, s’il s’attache à elle. Après, comme Nara l’a si bien dit, elle est capable de se gérer toute seule. Mais quand il se rappelle à quel point Pete et Blake étaient mal quand ils étaient loin l’un de l’autre, il se dit qu’il n’a pas vraiment besoin d’avoir ça en plus. Quel dilemme… Pfff, décidément Albus était vraiment irrécupérable sur la question. Ne sachant que répondre, il décida de soupirer d’un air désespéré et de se la jouer macho :

« Ouais mais non, ça va clairement me gêner. », fit-il d’un air qu’il voulait décontracter. « J’ai trop pas le temps. Tss. Après bon, quand faut y aller, faut y aller. Je t’ai parié que j’inviterais une fille, non ? Je vais pas me défiler. »

Mais on oublie qu’Albus n’est pas du genre à regarder vers l’arrière mais au contraire, à partir de l’avant sans penser aux conséquences, et à ne jamais revenir sur sa parole. Oui, car si ces pensées avaient traversé un tant soit peu l’esprit du jeune Potter, ce ne fut quand dans un laps de temps très court. Et il ne fut jamais question d’abandonner son pari, seulement d’éviter de se trainer la fille dans les pattes, et de se limiter à un rendez-vous. Oui, Albus était toujours là, avec même sa rose arc-en-ciel dans les mains !

C’est alors que les portes s’ouvrirent brusquement, sans qu’Albus ne puisse rien faire d’autre que de sursauter, en se remettant d’un geste ses cheveux en ordre. Au moins une chose qui pouvait aller, pour le coup, ses cheveux.

« T'es prêt ? Ça va commencer ! »

*NON JE NE SUIS PAS PRÊT CA VA TOUT FOIRER, NOM D’UN DE CES SAL*PARDS DE GOBELINS DE GRINGOTTS, POURQUOI IL Y A AUTANT DE GENS, JE DETESTE LA FOULE, MAMAN DONNE MOI LA FORCE QUE T’AS EU CE JOUR LA POUR SAUTER SUR PAPA LORS DE CE P*TAIN DE MATCH DE QUIDDITCH* Pensa Albus à toute vitesse, au rythme des battements de son cœur. Il déglutit une énième fois, se pinça les lèvres et lança à Nara :

« Bien sûr ! Je n’ai jamais été aussi prêt qu’aujourd’hui. » Mentit le mieux possible Albus. « Bon, on va faire un truc. Faut pas que tu te fasses remarquer, pigé ? Tu vas te planquer là, derrière la statue. Moi je vais tenter d’en chopper une ici, comme ça tu me verras… » Pourquoi avait-il l’impression que rien n’allait se dérouler comme prévu ? Le plan était pourtant simple.

Pendant que Nara s’exécutait, Albus observa les alentours, les sourcils froncés. Aucun doute qu’on se doute de quoique ce soit, chacun était dans son propre univers, personne ne faisait vraiment attention à eux. Les premières personnes à les avoir vus seuls avaient déjà disparu de la circulation.

Il ne fallait pas perdre de temps. Albus pointa du doigt la première fille qu’il croisa, sans vraiment regarder qui c’était. Une Serdaigle, qui était entourée d’autres filles qui étaient en pleine conversation apparemment palpitante. Mais la fille en question d’avait pas l’air de participer à la conversation, regardant son rapeltout qu’elle avait dans les mains d’un air distrait.

« Tu la connais celle-là ? Comment elle est, genre dans son caractère ? Elle est prise ? Résistante, Impartiale, Obscure ? » Il n’osait pas trop la regarder, se contentant d’un regard en coin, pour ne pas se faire remarquer, faisant face à Nara. « Je ne veux pas de n’importe qui, si ça doit durer, au moins qu'elle soit un tant soit peu sympathique. »