Shane poussa un énième soupire afin de faire partager son ennui au reste de la classe mais surtout à son professeur. La joue appuyée contre la paume de sa main, le pouffssoufle ignora royalement le regard noir que lui lança le dit professeur la craie encore en appuie sur le tableau. En même temps personne ne pouvait lui en vouloir, le cours d’arithmancie était un des cours les plus ennuyeux que le monde ait porté, à croire que les fondateurs de cette école se sont amusés à créer certaines matières juste dans l’espoir de faire mourir d’ennui les élèves, une sorte de torture douce. Bande de sadiques. Et puis ce n’était pas comme si Shane était l’exemple même du bon élève, c’était bien tout le contraire. Pour lui aller en cours se résumait à dormir sur sa table, ou parfois à dessiner sur un cahier en attendant que l’heure passe, c’était aussi pour ce genre de raisons qu’il se retrouvait bien souvent en heures de colle. Décollant sa joue de sa main, le brun bascula sa tête en arrière, le dos en appuie sur le dossier de sa chaise. Il ne cachait aucunement l’ennui qui l’habitait en cet instant et ça le faisait marrer de voir les regards de son professeur. De toute façon on arrivait à la fin de l’année et Shane avait bien l’intention de quitter l’école alors à quoi bon faire encore semblant, de toute façon au vu de ce qu’il avait répondu sur ses examens de fin d’année il y avait très peu de chance qu’il passe en classe préparatoire ou alors quelqu’un là-haut avait décidé de le pourrir jusqu’au bout mais il en doutait, même si Löfgren en serait bien capable cette tarée. Fixant le plafond en faisant claquer sa langue contre son palais dans une mimique agaçante, Loan reçut un coup de coude dans les côtes qui le fit sursauter alors que les pieds avant de sa chaise retouchaient bruyamment le sol.  Il croisa alors le regard noir de Pálina qui le dissuada de continuer son petit manège. Visiblement elle n’appréciait pas tellement la plaisanterie alors il mima une fermeture éclair sur ses lèvres avant de lui lancer un sourire angélique suivit d’un clin d’œil. Il fut satisfait de voir qu’elle se contenait pour ne pas sourire face à ses conneries et il glissa sa main sous la table pour la poser sur sa cuisse, remontant légèrement sa jupe. Un sourire en coin apparut sur ses lèvres quand elle se crispa, le rouge colorant la peau de ses joues diaphane. Il la regarda tourner la tête vers ses camarades et en profita pour exercer une légère pression sur sa cuisse, se retenant de remonter plus haut la main. Mais le professeur annonça la fin du cours avant qu’il ne puisse s’amuser d’avantage et il libéra la cuisse de sa petite-amie sous le regard accusateur de celle-ci, levant les deux mains en signe de paix. Se levant à son tour de sa chaise comme le reste de ses camarades, Shane fit craquer sa nuque avant de ranger le peu d’affaires qu’il avait sortit de son sac de cours, passant la sangle sur son épaule en attendant que la Gryffondor en fasse de même. Il n’avait pas beaucoup de cours en commun avec les rouges alors forcément quand ça arrivait il en profitait un maximum même si ses rendez-vous avec l’irlandaise devenaient quotidien, ils ne pouvaient plus passer une seule journée sans se sauter dessus, c’était chimique. Appuyant sa hanche contre une table en croisant les bras sur sa poitrine, le jaune observa les autres élèves de la classe qui s’activaient à ranger leurs affaires et à sortir au plus vite de cette salle de cours soporifique. Il s’amusa à détailler chaque visage, chaque expression comme à son habitude, analysant le contenu des pensées de ces élèves pourtant sans histoire. Il avait toujours été fasciné par cette capacité humaine à dissimulé les sentiments, à se cacher derrière un sourire, derrière une plaisanterie douteuse, il n’avait jamais compris comment les personnes pouvaient se laisser leurrer aussi facilement par tous ces masques factices qu’ils étaient pourtant si simple de faire tomber. Le regard de Shane accrocha alors une autre chevelure rousse qu’il connaissait bien. Rose Weasley. Il l’observa ranger ses affaires en silence, ne disant pas un seul mot à ses camarades. Il détailla les cernes sous ses yeux, l’absence d’éclat dans son regard émeraude, la lenteur de ses gestes trahissant une fatigue éreintante, sa peau diaphane encore plus pâle que d’ordinaire. Tout en elle appelait à la souffrance, comme un cri qu’elle refusait de laisser de sortir mais qui détériorait peu à peu son corps et sa jeunesse. Il n’était pas con, il avait entendu parler de la nouvelle, en fait tout le monde était au courant pour son père, mais personne ne semblait vraiment se soucier du sort de la rousse. Après tout elle était miss parfaite, rien ne semblait pouvoir l’atteindre dans sa grande ascension de l’intelligence. Fronçant légèrement les sourcils en la voyant prendre son sac et sortir de la salle, Shane se tourna vers Pálina qui ajustait son sac sur son épaule. « On se rejoint au parc après ? Je dois régler une petite chose. » Ne lui laissant pas vraiment le temps de répondre, le brun vola un baiser à la gryffondor avant de sortir à son tour de la salle, cherchant des yeux une chevelure flamboyante. L’apercevant un peu plus loin avant qu’elle ne tourne au détour d’un couloir, le pouffssoufle s’élança à sa suite en gardant toujours quelques mètres de distance entre eux. Il la regarda avancer la tête haute, ses livres étroitement serrés contre sa poitrine, ses longs cheveux volant en cascade rousse à chacun de ses mouvements. Elle pouvait paraitre si hautaine et pourtant Shane n’arrivait pas à la voir comme autre chose qu’une personne fragile et vulnérable, une personne qui a besoin d’un bon coup de pied au cul pour assumer ses émotions. Pourquoi il faisait ça ? Il n’en savait rien, en règle général il se foutait des autres personnes, de leurs problèmes, mais d’un côté il aurait aimé qu’un jour quelqu’un fasse ça avec lui, peut-être qu’il ne serait pas devenu aussi misanthrope si ça avait été e cas déjà avec Pálina il se voyait changer, elle était sa seconde chance alors il voulait en faire autant avec quelqu’un d’autre. Rose représentait un peu sa BA en quelques sorte même s’il ne savait pas trop où il allait il fallait l’admettre.  La voyant tourner de nouveau dans un couloir quasi désert, Shane en profita pour se rapprocher en quelques enjambées, lui attrapant le bras sans aucune douceur. Il ne la laissa pas réagir plus que ça, ouvrant la première porte qui passait là en espérant qu’elle soit ouverte. Bingo. Ni une ni deux il la tira à l’intérieur et referma la porte avec son pied, lui relâchant le bras par la même occasion. Jetant un regard circulaire autour de lui, Loan eut la bonne surprise de reconnaitre la salle de duel. Qu’est-ce qu’il avait pu manger dans cette pièce. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres face à l’ironie de la situation avant qu’il ne pose son regard bleu sur la demoiselle en face de lui, l’incompréhension se lisant clairement sur son visage alors qu’elle garda précieusement ses livres contre elle comme pour créer une barrière entre lui et elle.

Le sourire du jaune ne fit que s’accentuer alors qu’il se détacha de la porte pour avancer vers la gryffondor qui recula en même temps, les emmenant plus vers le centre de la pièce. « Tu as peur de moi Weasley ? » un léger ricanement se fit entendre dans la voix du brun quand il prononça cette phrase. Il n’aimait pas spécialement agir de cette façon, il avait presque l’air d’un psychopathe violeur qui vient de trouver sa prochaine proie mais il devait agir de cette façon pour la faire réagir, pour qu’elle sorte enfin de sa torpeur, qu’elle se lâche enfin. Un sourire toujours accroché aux lèvres, Shane arrêta enfin d’avancer, se stoppant à quelques centimètres de la rousse. Il pouvait sentir son souffle saccadé venir balayer son visage, trahissant l’angoisse dans laquelle elle se trouvait actuellement. « Allez détends-toi je ne vais pas te bouffer…quoique. » tendant la main, le jaune donna un coup dans les livres que tenait Rose, les faisant tomber sur le sol dans un bruit sourd qui résonna contre les murs de la pièce. Là elle était sans défense, sans barrière. Se penchant en avant, Loan ramassa l’un des livres et l’ouvrir sans grand intérêt. « Alors comment tu vas Weasley ? » question complètement ironique, il savait parfaitement comment elle allait mais il voulait voir si elle était prête à lui mentir en disant qu’elle allait bien, comme la plupart des personnes qui vont mal mais qui refusent de l’admettre. Feuilletant le livre dans sa main en tournant les pages avec son pouce, Shane remarqua avec amusement que la jeune fille avait écrit des notes un peu partout en rouge. Soulignant, entourant, commentant, son livre était couvert de l’écriture de la rousse trahissant son besoin de toujours tout contrôlé mais surtout de vouloir tout savoir. Claquant sa langue contre son palais, le brun attrapa l’une des feuilles entre ses doigts et tira d’un coup sec, la déchirant avant de la laisser tomber sur le sol. « J’espère que ça ne te dérange pas je vais avoir besoin de ça pour mon devoir de potion…ah et de ça…et…celle-ci aussi tiens… » À chaque fois il arrachait une nouvelle page dans un bruit distinct, détériorant le précieux livre de la rouquine sans même la regarder. « Et dis-moi alors comment va ta famille au fait ? » rentrant dans le vif du sujet comme il parlait du beau temps, Shane continua d’arracher les pages comme si de rien était. « Ton père ça va ? Ah non merde suis-je bête j’avais oublié…triste nouvelle tu me diras même si, soyons honnête, la mort du larbin du grand Harry Potter n’est pas réellement une grosse perte tu ne trouves pas ? » Shane détestait se comporter de cette façon, il savait quel impact allait avoir ses mots mais il espérait que le résultat serait celui escompté sinon il se serait comporté comme le dernier des connards pour rien.

Spoiler:

Comment faisons-nous ? Comment faisons-nous après ? Quand il ne reste plus rien, plus personne. Quand plus rien ne nous retient. Que doit-on faire quand tout s’éteint ? Oh oui, il est facile de dire, qu’il suffit de rallumer la lumière. Mais encore faut-il en avoir la force. Alors que se passe-t-il dans ce cas ? On reste dans le noir, on s’assied, et on attend. On ne sait quoi, on ne sait qui. Mais on sait seulement, qu’il faut attendre ; non on ne le sait pas en fait, on attend parce qu’il n’y a pas d’autres issues à nos yeux ; on attend parce que finalement, qu’est-ce que l’on pourrait bien faire d’autre tout seul ? Qu’est-ce que l’on doit faire quand on est seul ? Qu’est-ce qu’il faut faire ? Putain qu’est-ce qu’il faut faire ?

Sans grande surprise, sans originalité, Rose avait choisi de s’éteindre à petit feu. Alors qu’elle avait commencé à lutter contre les études, contre la morosité, contre l’ennui, contre le sérieux, contre la vie à côté de laquelle elle passait ; alors qu’elle avait commencé à s’amuser, à rire et à rencontrer. Alors qu’elle avait commencé à vivre ; son destin avait décidé de la tuer, de l’intérieur. En supprimant ce qu’elle avait de plus cher. Elle se trainait alors de cours en cours, elle arpentait tel un fantôme les couloirs de l’école, sans but ni envie. Elle n’écoutait plus vraiment les professeurs, elle ne faisait plus aussi bien ses devoirs, elle ne parlait plus, elle ne souriait plus. Ne faisait plus d’efforts pour rien. Aurait-elle pu réagir d’une autre manière ? Que pouvait-on attendre de quelqu’un qui venait de devenir orpheline ? En quelques jours seulement, elle avait assisté à l’anéantissement de sa famille, sans pouvoir faire quoique ce soit, pour les aider, ne serait-ce qu’un peu. Alors Rose ne trouvait pas le courage d’aller rallumer la lumière. Dans ces moments-là, on ne trouve plus de raison à rien. Pourquoi faire ci ? Pourquoi faire ça ? Il n’y a plus de goût, il n’y a plus de senteurs, il n’y a plus rien à voir et à faire. Il faut juste, continuer. Quitte à trainer des pieds, quitte à ramper sur le sol. On croit avancer alors qu’on ne fait que reculer inutilement. Les souvenirs se bousculent et se mélangent, ce qui ne fait qu’aggraver son état. On se morfond et on se rend coupable de l’impensable. C’est ce que faisait Rose. La parfaite, l’intouchable, l’irréprochable, devenait la coupable de tous les malheurs de ce misérable monde. Et si j’avais fait ça ? Et si j’avais pu ? Et si, et si. Et pourtant rien. Rien du tout. Juste un abominable vide, qui s’agrandissait cruellement de minutes en minutes jusqu’à devenir néant.

Perdue entre les phrases écrites à l’encre sur sa feuille, Rose nageait dans un profond brouillard ; un brouillard dont elle ne sortirait pas indemne, elle le savait pertinemment. Jamais plus elle ne serait comme avant. Jamais plus elle ne retrouverait son indestructible et rassurant masque d’indifférence. Oh elle pouvait bien essayé de le garder encore un peu … mais il était tellement fissuré, tellement fragilisé, qu’il suffirait d’un petit impact, même minime. Pour qu’il éclate en milles morceaux. Et jamais plus, elle ne pourrait le retrouver. Elle changerait pour toujours. Alors elle faisait tout ce qu’elle pouvait, elle luttait encore pour garder les apparences, la tête haute. Car une fois qu’elle laisserait tomber, elle ne pourrait revenir en arrière.

Le cours s’acheva sans qu’il n’ait vraiment eu un début. Par des gestes presque mécaniques, elle rangea ses affaires dans son sac. Elle sentait les élèves passés tout près, sans la voir, sans faire attention. Invisible. Mais elle préférait ainsi. Qu’on la laisse tomber tranquillement dans cet abysse qui l’absorbait petit à petit. Se rendre compte à quel point elle était faible et fragile, n’arrangeait en rien son état. Mais plus rien n’importait maintenant, seulement la perfection. La perfection. Ses pas frôlaient le sol. Elle ne rêvait que d’une chose, se réfugier dans ses livres. Lire de belles histoires qui ne seraient pas la sienne, mais qui lui feront oublier le reste. Se concentrer sur des mots pour ne penser à rien d’autre. Mais c’était trop dur. Bien trop dur.

Elle aurait pu continuer à marcher tranquillement ainsi, mais quelqu’un en décida autrement. La Gryffondor sentit une pression s’exercer sur son bras et elle se sentit trainer dans une pièce, bousculer, on la sortait de son chemin, et elle ne fit absolument rien pour lutter. Elle se laissa simplement embarquer par cette bourrasque violente. Comme une vulgaire poupée chiffon. Où es-tu Rose ? Elle se trouva en face de Shane. Elle ne comprenait pas. Qu’est-ce qu’il lui voulait ? Et ce sourire c’était quoi ? Shane était quelqu’un de gentil, étrange certes, mais gentil ; et puis qui n’était pas étrange ici ? Rose serra davantage ses livres contre son torse. Un bouclier ? Un mur ? Peut-être, ce qui était certain, c’est qu’elle ne voulait pas les lâcher. Il lui restait si peu de barrières. Il se passait quelque chose et elle ne contrôlait rien. Plus rien. Control. « Tu as peur de moi Weasley ? » Avec ce ricanement, il y avait de quoi. Elle recula. Il avança. Il faisait quoi ? Sa respiration accéléra. Gardes tes livres. Il s’approchait trop près. Réagis un peu. Tu ne peux plus. « Allez détends-toi je ne vais pas te bouffer…quoique. » Qu’est-ce qu’il disait ? Qu’il s’écarte. Qu’il parte. Qu’on la laisse. Sa main s’approcha et il fit tomber les livres. Elle ne tenta pas de les rattraper, elle ne tenta pas de les ramasser. Pourquoi était-elle si molle ? Pourquoi ne partait-elle pas simplement ? Il suffirait de courir. Elle n’en avait pas la force. Plus rien. Rose fixait la Poufsouffle, les yeux brillant d’une fragilité cachée et qui se montrait peu à peu, au grand jour. La perfection. N’oublies pas la perfection. Elle était nue. Désarmée. Il se pencha et feuilleta un livre. Ne pas toucher les livres. Pourquoi touchait-il tes livres ? Les tiens. Ton control. Maitrise. Immobile, elle resta à l’observe, sans broncher en apparence. Mais en elle bouillonnait une nouvelle émotion. « Alors comment tu vas Weasley ? » Ne réponds pas. Qu’y avait-il à répondre ? Quelle était cette question stupide ? Tout le monde savait sans le montrer, que ça n’allait pas. Elle n’avait plus personne. Personne. Si ce n’est un frère qu’elle avait délaissé pour les études. Pourriture. Ne réponds pas. Il connaît déjà la réponse. Immobile. Le froissement d’une feuille se déchirant la réveilla : « J’espère que ça ne te dérange pas je vais avoir besoin de ça pour mon devoir de potion…ah et de ça…et…celle-ci aussi tiens… » Il déchirait encore et encore et encore. Il éventrait ton livre. L’anéantissait. Il l’anéantissait en même temps. Arrêtes le. Il faut sauver les mots, il faut sauver les apparences, il faut sauver le masque. Tu le sentais craquer dans ton cœur. Rose se pencha alors brusquement vers Shane pour le stopper dans son massacre, mais elle s’arrêta net en l’entendant : [color:bb74= olive]« Et dis-moi alors comment va ta famille au fait ? » Paralysée dans son mouvement, la rousse sentit le masque exploser. C’était fini. Terminé. Terminé la perfection. Terminé les faux semblants. C’était fini. Ses yeux se brouillèrent et brillèrent de larmes naissantes : « Ma famille ? » Murmura-t-elle vaguement. Plongeant tête la première dans les souvenirs d’enfance. Quelle famille ? Celle que tu n’auras plus jamais ? Tu n’auras même pas pu leur dire adieu. Stupide. Et jamais plus tu ne pourras leur avouer à quel point tu les aimais. Ridicule. Elle n’était pas démonstratrice d’affection, et elle ne le saura jamais. Ignoble fille. Intolérant, il continua d’enfoncer le couteau plus loin : « Ton père ça va ? Ah non merde suis-je bête j’avais oublié… » Quelque chose se coinça dans sa gorge. Un hurlement ? « … Triste nouvelle tu me diras même si, soyons honnête, la mort du larbin du grand Harry Potter n’est pas réellement une grosse perte tu ne trouves pas ? » Comment … Comment pouvait-il dire ça ? Pas lui ? Pourquoi ? Pourquoi ? « Pourquoi … » Imperceptible mot, étouffé par le chagrin. Les larmes pourtant ne coulèrent pas. Elle n’aurait jamais imaginé cela de lui. Il était allé trop loin, tu le savais. Mort, ils sont tous mort. Elle se redressa lentement, le néant se lisait dans ses yeux. Quelque chose de plus sombre. Tu ne pouvais tolérer ça. Nan, elle ne pouvait laisser passer de tels mots. Elle n’avait rien pu faire pour eux, au moins pouvait-elle sauver leur honneur. Ils méritaient cela : « Comment peux-tu dire ça ? … » Regardes ton livre. Regardes ce qu’il en a fait ! Il te la détruit ! Fais quelque chose ! Fais quelque chose avant qu'il ne t'anéantisse ! Les masque est tombé. Rose attrapa sa baguette, les yeux vides, il lui restait au moins cela. Et les lettres se bousculèrent : « Expulso ! » Shane fut éjecté un peu plus loin, loin de son livre. Son cher livre. Elle n’avait pas choisi le sort le plus délicat, mais elle s’en contrefichait. Bizarrement, ça ne lui faisait rien. Qu’avait-il dit ? Le larbin … Il a dit ça. Ces mots si durs ; ceux qu’elle n’aurait jamais voulu entendre. « Tu n’aurais pas dû dire ça ! » Rose s’approcha doucement du corps du Poufsouffle : [color:bb74= indianred]« Qu’est-ce qui t’as pris ? Comment peux-tu le juger TOI ?! » Elle se pencha un peu, rougissante de colère, les larmes coulant désormais sur ses joues brûlantes : « MON PERE ETAIT UN GRAND HOMME PAS UN VULGAIRE LARBIN ! » C'est elle qui te bouffera. Elle prit le visage de Shane, remarqua ses blessures affreuses sans pour autant s’en inquiéter ; elle était désormais trop loin : « POURQUOI EST-CE QUE TU M’AS DIT CA ? Tu n’avais pas le droit ! PAS LE DROIT » Ses membres commencèrent à trembler sous la frustration. Elle ne s’était jamais vue ainsi. Toutes ces années à se contenir. Toutes ces années enfermées : [color:bb74= indianred]« TU VEUX SAVOIR COMMENT JE VAIS ? TU VEUX SAVOIR ? » Il pouvait gémir, il pouvait crier, elle ne l’entendait pas. Elle ne l’entendrait pas : « Je me sens … Terriblement seule … » Poussa-t-elle telle une lamentation. Elle ne put cesser le flot qui se déversa sur son visage. Elle ne se souvenait pas d’avoir déjà pleuré autant : [color:bb74= indianred]« Je n’ai plus rien … Plus personne … Pour qui … » Elle se laissa tomber auprès de lui : « Pour qui dois-je lutter ? Pour qui vais-je être parfaite maintenant ?  » Tomber. Tu tombes. Et le sang sur tes mains.

Spoiler:

Shane détestait cette image qu’il était en train de donner. Il détestait voir la peur dans les yeux verts de Weasley, il détestait sentir sa détresse, sa solitude, la voir sombrer sans que personne n’essaye de la rattraper. Ça avait été le cas pour lui, il avait sombré, il était tombé, sans que personne ne vienne le ramasser avant aujourd’hui. Il a eu cette chance de trouver une personne qui lui tendre la main, et quelque part il se sentait redevable et se sentait investit de faire la même chose avec une brebis égarée. Cette brebis c’était Rose. Depuis l’annonce de la mort de ses parents, il avait observé la rouquine attentivement, elle ne mangeait plus, elle errait dans les couloirs comme le fantôme de la fille qu’elle avait été, cette miss je sais tout agaçante mais au moins virulente, là elle n’était plus rien. Il l’a voyait avancer lourdement comme empêtrée dans du sable mouvant, le regard vide, éteint. Il ne pouvait s’empêcher de se retrouver dans cette détresse, dans cet emprisonnement de son esprit par son corps, ce soudain lâché prise sur la corde qui nous raccroche à la vie. Il ne savait pas quand ou comment il allait l’aider alors il saisit l’occasion en la voyant sortir de la salle de cours, se trainant comme un zombie dans le dédale des couloirs, la suivant de près avant de l’embarquer dans cette salle destinée aux duels. Ce n’était pas prévu mais visiblement le destin avait décidé de lui donner un coup de main pour l’occasion. Shane enfila alors ce masque qu’il n’avait jamais porté, celui d’un petit con arrogant, sans cœur, se fichant du mal être de cette pauvre gamine orpheline, de ses suppliques. Il la tortura, doucement, sournoisement, s’attaquant d’abord à ses livres si précieux. Il se donna la gerbe mais il ne s’arrêta pas, pensant au bien que ça lui fera une fois qu’il aura réussi son coup. Il ignora les quelques paroles qui parvinrent à franchir les lèvres closes de Rose, il ignora ce regard suppliant qu’elle posa sur lui, il ignora les abominations qu’il était en train de débiter, espérant qu’un jour elle lui pardonnera s’ils sont amenés à se recroiser. Il fit mine de se concentrer sur ce bouquin sans aucune importance, arrachant les pages une à une dans un bruit de déchirement faisant écho à celui de l’âme de la gryffondor. Tout semblait décuplé dans cette pièce. Puis il s’attaqua au sujet sensible, le sujet tabou qui exposera la plaie de la gryffondor à l’air piquant et à l’acidité du réel. Sa famille. Il sentit sa poitrine se serrer à mesure que les mots fusèrent hors de sa bouche mais il devait aller jusqu’au bout, il devait la forcer à sortir de cette état léthargique, il devait lui rappeler que elle n’était pas morte en même temps que sa famille. « Pourquoi … » le brun releva les yeux du livre pour les plonger dans ceux émeraude de la gryffondor. La vision de son visage dévasté par le chagrin a piqua droit en plein cœur mais il ne montra rien, restant de marbre, se contentant de l’observer en relevant un sourcil, faignant l’innocence de ses propos plus que déplacés. « Comment peux-tu dire ça ? … » Un ricanement s’échappa des lèvres du jaune qui referma le livre d’un geste sec en observant le résultat de son travail. « Ba je peux tu vois bien, un problème peut être ? » le brun savait qu’il allait prendre cher en cet instant, que la rage de la rousse allait se déverser sur lui plus ou moins justement, il pouvait déjà sentir la magie de la gryffondor picoter sa peau mais il ne recula pas, après tout c’est ce que qu’il avait attendu, il n’en était donc pas du tout surprit, il était presque fier que cette manigance digne d’un deuxième année ait fonctionné. Sans même chercher à se défendre, Shane vit Rose attraper sa baguette pour la pointer directement sur lui, le sort fusa et un jet de lumière s’abattit en plein dans sa poitrine. Il sentit alors une force le propulser en arrière avant d’atterrir lourdement sur le sol quelques mètres plus loin. Le choc fut rude et lui coupa la respiration, les étoiles dansèrent pendant quelques secondes devant ses yeux alors qu’il grimaça de douleur. Il avait l’impression d’avoir le dos en miette alors il n’essaya pas de se redresser pour le moment, laissant Rose venir simplement à lui. « Tu n’aurais pas dû dire ça ! Qu’est-ce qui t’as pris ? Comment peux-tu le juger TOI ?! » Le brun bougea pour essayer quand même de récupérer un minimum de dignité mais la douleur le fit de nouveau grimacer. « MON PERE ETAIT UN GRAND HOMME PAS UN VULGAIRE LARBIN ! » le hurlement de Rose donna un sérieux mal au crâne à Shane qui plissa le nez, il avait l’impression que la douleur de la jeune fille le prenait aux tripes mais il resta totalement indifférent en apparence, roulant même des yeux pour en rajouter une couche.

Plaçant les mains derrière lui, il fit une nouvelle tentative pour se lever mais la gryffondor lui attrapa le visage pour la forcer à la regarder dans les yeux. Sa rage ressemblait presque à de la folie pure et quelque part là, au fond de lui, il eut peur pour sa vie. « POURQUOI EST-CE QUE TU M’AS DIT CA ? Tu n’avais pas le droit ! PAS LE DROIT. TU VEUX SAVOIR COMMENT JE VAIS ? TU VEUX SAVOIR ?  »  Shane regarda silencieux la rouge perdre tous ses moyens de miss parfaite, craquer sa coquille d’endormissement, il admira son œuvre en sachant que ce n’était pas terminé, et preuve étant, il vit Rose faiblir de nouveau. « Je me sens … Terriblement seule … Je n’ai plus rien … Plus personne … Pour qui … Pour qui dois-je lutter ? Pour qui vais-je être parfaite maintenant ?  » Il avait envie de la rassurer, de la consoler mais ça ne serait pas lui rendre service. Posant son regard sur son visage dévasté par les larmes, Shane poussa un profond soupire, laissant paraitre une lassitude feinte qui n’avait pas sa place ici. Mais il allait la pousser au maximum. « Tu es pitoyable. » les mots fusèrent de sa bouche comme un coup de fouet, claquant au milieu de cette mer de larmes et de chagrin. Essayant de se redresser de nouveau, le brun y parvint cette fois, ignorant la douleur lancinante de son dos, s’aidant de ses mains afin de se mettre enfin sur ses pieds. Sa tête tourna un court instant avant qu’il ne reprenne clairement ses esprits. Le jaune se tourna alors vers cette petite chose tremblante assise sur le sol, le visage ruisselé de larmes salées, les yeux gonflés. Il la surplomba de toute sa hauteur, ne lui témoignant aucune marque de compassion. « Relèves-toi Weasley parce que vraiment là tu es pathétique. » il cracha ses mots sur la jeune fille, les laissant s’insinuer doucement en elle pour la faire réagir, il avait envie de la secouer, limite de la frapper pour qu’elle se réveille mais il attendait que ce soit elle qui le fasse et non l’inverse. Bien évidemment elle ne bougea pas, elle ne devait même pas comprendre pourquoi et surtout comment il pouvait agir de la sorte avec elle dans de telles circonstances. Se penchant en avant, Shane attrapa sans aucune douceur le bras de la rouge, faisant exprès de le serrer avec plus de force que nécessaire, il la força à se lever sans ménagement. « Aller lèves toi je t’ai dit bordel » une fois qu’elle fut sur pied il la relâcha, la regardant de haut en bas en affichant clairement un dégout sur son visage. Son dos le lançait mais il ignora la douleur, de toute façon il savait que ce mal de dos allait être le cadet de ses soucis. « Sérieusement tu t’es regardée Weasley ? C’est quoi ça ? Tes parents sont morts alors tu te laisses crever à ton tour ? » Il était cru, brusque, bourrin, il ne mâchait pas ses mots et il espérait que justement ça la ferait réagir avec plus de virulence, il devait être masochiste sur les bords le petit. Pálina n’allait pas du tout apprécier la blague. « Tu es pathétique ma pauvre fille. La vie c’est pas ça hein, grandis un peu. Ouai ils sont morts, ouai c’est triste, ba chiales un coup et avances, ce n’est pas en te laissant crever comme une sombre merde que ça les fera revenir. » Il avait envie de se mettre des claques. Reculant d’un pas, il observa la carcasse de Rose, essayant de retrouver au milieu de cette déchéance un signe de l’ancienne gryffondor qu’elle avait été. Avant de finalement secouer la tête d’un air désapprobateur en l’observant ouvertement de haut en bas. « On est en guerre Weasley tu piges ? Alors ouai forcément qu’il y a des pertes et c’est les plus faibles qui crèvent les premiers c’est comme ça. Manque de bol tu es née dans une famille de perdants, ce n’est pas ta faute hein, mais deviens pas comme eux. » Un léger sourire cruel se dessina sur les lèvres du brun qui observa la rousse, espérant que cette fois ci elle laisse échapper sa rage plutôt que sa tristesse.

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