Quelques rires discrets avaient précédé les plaintes gémissantes. Corps tremblants polis par la sueur du plaisir de l'après, râles satisfaits étouffés contre la peau nue de l'autre, les amants d'une nuit s'étreignirent tendrement. Courbes dévêtues avachies au creux du canapé installé là à l'improviste,et  regards évasifs se perdant à l'orée du plafond voilà qu'ils assistaient, complices, à leur débauche volontaire. Ils se ressassèrent leur étreinte passionnée non sans redessiner du bout des lèvres la tendresse dont ils avaient pu faire preuve, coulèrent une oeillade amusée sur les alentours à la lumière tamisée où ils ne laissèrent sur leur passage que bordel et décadence. Rien n'avait été machinal. Cadencé au contraire. Le cœur lourd mais le corps léger perclus dans le vice et l'obscène. Ainsley Blackwood et Emily Spencer étaient faits pour s'entendre. En toute probabilité l'avaient-ils toujours été, même lorsque la Serpentarde tenta de regagner les faveurs d'un Sin devenu trop sage lorsqu'il partageait encore la vie d'une certaine Lily Potter. Puis le temps faisant, leur fidélité respective en faveur de ceux qu'ils purent aimer se muant en un échec, le Don Juan et la Concupiscente étaient revenus à leur passe-temps favori bien que primitif : le plaisir de la chair, mais l'affection en prime. Comme pour se panser le cœur de leurs déroutes idyllique passées, palpitants meurtris par une Lily ou par un Ellio, et qu'ils contribuaient à soigner par le sexe. Essai maladroit mais effectif : Sin ne concevait plus de ne pas compter dans ses conquêtes la divine Emily Spencer. « Tu devrais peut-être y aller. » souffla-t-il à l'oreille de l'amante éphémère, une main cavalière dégageant une mèche de cheveux brun de son visage opalin. La belle approuva d'un sourire complice, se releva d'un bond et partit à la recherche de ses vêtements jonchant le sol. Leur effeuillage s'étant fait autant alangui que passionnel, ils avaient semé le tissu comme ils préféraient semer le doute de leurs premiers chagrins d'amour.

Fidèle à lui-même, le brun ténébreux se redressa quelque peu du canapé et pour toute aide provisoire daigna seulement accrocher sa pupille avide sur le corps dénudé de Spencer. Tannée par la lumière diffuse d'une lune pâle, elle n'en était que plus radieuse. Joueuse, la demoiselle lui lança au passage sous-vêtements et pantalon masculin qu'il enfila d'une main encore engourdie par le plaisir. « Ne te fais pas prendre. Il n'y a que moi qui ai le droit de le faire. » conclut-il, lubrique, pour tout avertissement, soucieux que son amante et amie ne puisse passer à travers les filets d'un couvre-feu trop strict. Un clin d'oeil pour approbation et Emily passa le seuil de la porte, laissant là Ainsley rendu quelque peu groggy par tant de douceurs charnelles.

Las pourtant, la nuitée ne venait que de commencer et bien vite troquerait-il son apaisement contre quelque peu d'amertume. Car quelques minutes à peine s'écroulèrent lorsque le verrou de la porte sauta à nouveau ; Ainsley braqua son regard d'abord appréhensif sur cette dernière, avant de se rabattre à toute logique. Sans doute était-ce Emily qui revenait pour un deuxième round, féline et affamée. Le jeune homme se racla la gorge pour mieux accueillir son amante joueuse, prêt à décocher son prénom... « Emi... » Et la stupeur se logea contre sa pupille ambrée lorsqu'il découvrit les cheveux roux balayant tel un voile fauve la démarche chaloupée de l'intruse. Lily. Le palpitant du Gryffondor loupa un battement comme il bondit sur ses jambes, autant déstabilisé que pressé par le temps. Oh certes, ce n'était pas la première fois qu'il croisait son ex depuis leur rupture mais depuis lors ils ne s'étaient jamais retrouvés en tête-à-tête. Et plus encore, le respect que Sin éprouvait encore pour la Serdaigle le poussa à ne se vanter ni de la chair qu'il venait de croquer et moins encore de son torse dénudé ou de ses cheveux hirsutes. Ainsi chercha-t-il du regard une chemise esseulée quelque part sur le sol d'une prompte oeillade. "Qu'est-ce que tu fais là ? " Le garçon stoppa un instant sa quête éperdue, accrocha la silhouette éthérée de Lily de ses yeux fauves, et comme il ne trouva pas ses mots tarda à lâcher ces quelques palabres proférées d'un timbre cordial : « Je ne pense pas que tu veuilles le savoir. » Car la réponse plus qu'évidente ne pouvait se prêter à l'oreille de son ex, pour qui il eut tout donné autrefois. Ainsley se demanda cependant si la rouquine eut croisé la Serpentarde pour qui elle nourrissait une inimitié absolue. Probablement pas, au vu de son visage semi reposé. Satisfait de sa propre réponse intérieure, Sin continua de toiser le sol jusqu'à retrouver le tissu blanc avachi et d'ainsi revêtir sa chemise. Et comme il la reboutonna avec aise mais empressement, ne put que remarquer les traces de rouge à lèvres souillant la blancheur immaculée du vêtement.

Pincement de lèvres évasif. C'est qu'il aurait préféré ne pas afficher à la vue de Lily sa vie de débauche retrouvée. Ses obsidiennes ainsi redressées vers la Serdaigle comme un signe de repentance, Ainsley ne put que lire la gêne de la jeune fille qui tenta alors de se recouvrir quelque peu. Et de ce geste banal il n'en éprouva qu'une certaine amertume lorsqu'il songea à la pudeur qu'elle affichait aujourd'hui face à lui, et leur histoire passée faite de tendres caresses et de baisers chauds. « C'est bon, je ne vais pas te manger. Je retrouve ce qu'il me reste de fringues et j'y vais. » Ce sifflement aigri glissé à la lippe ne témoignait que de la déception muée en un léger courroux, aussi reprit-il d'un ton plus léger : « Tu n'aurais pas vu ma cra... Oh.... » Pause soudaine. Le regard du garçon venait d'accrocher la cravate en question, toujours nouée à un pied de table... Conséquences d'un jeu érotique qu'il tenta de cacher par un vulgaire raclement de gorge gêné. Sin s'en alla donc dénouer le morceau de tissu qu'il posa nonchalamment à son cou, passa une main brève dans ses cheveux déjà décoiffés, et comme il s'approchait de la porte de sortie dut également s'avancer vers la rouquine qui n'avait guère bougé d'un pouce. Instinctivement, le Gryffondor toisa les livres tombés au sol, se pencha gentleman pour les ramasser – privilège octroyé seulement pour Lily, puisque Ainsley demeura du genre à ne courber l'échine pour personne – et lui tendit le butin de papier. « Tu es venue pour réviser ? Il y a des choses qui ne changent pas. » Léger sourire en guise de ponctuation, le brun ténébreux glissa ses mains dans les poches, accusa le silence oppressant et enfin s'accorda à se dire qu'ils n'avaient probablement plus rien à échanger. « Bon... Alors amuse-toi bien. » Sans raillerie ni cynisme. Quelques mots seulement afin de clore une conversation déjà fort gênante et qu'ils ne semblaient combler que par d'autres silences assommants. La gratifiant d'une dernière oeillade, Sin se dirigeait déjà vers la porte. Avide sans doute de se délester d'un passé encore douloureux.

A l'entente du prénom de la Serpentarde, Ainsley ne cilla pas. Ni l'once de rides d'agacement formées sur son front par la force d'une barre sourcilière, ni soupir irrité glissant à sa lippe résolument close. Le Gryffondor n'ignorait pas, bien sûr, l'inimitié totale qui unissait les deux jeunes filles quoique Emily avait été l'amante du garçon bien avant son engagement avec Lily. Et aujourd'hui trop avide d'oublier, de noyer sa déception dans la facilité du stupre, Sin se savait égoïste en privilégiant la rivale de la Serdaigle quand bien même il n'eut jamais été question de la blesser. Preuve en était que le jeune homme préféra demeurer muet face à la stupeur courroucée de Lily, faisant preuve d'une sagacité inhabituelle puisqu'il se douta bien que moins il prononcerait son prénom et son existence, au mieux Lily se porterait. Ainsley donc ne pipa mot et détourna bien vite la conversation sur ses vêtements éparpillés ici et là. Quelques autres mots pour la forme, et le Gryffondor s'extirpait déjà des lieux qu'il sentait soudain comme confinés. Car le palpitant décédé se réveillait par spasmes à la vue de la rouquine, jouant de sa pulse cardiaque incessante, comprimant ses poumons et sa gorge sèche... Autant de symptômes amoureux qu'il voulut éviter à tout prix, lui qui avait tourné la page dès lors qu'il revit Lily heureuse dans les bras d'un autre – ah et la jeune fille n'avait d'ailleurs pas tardé à trouver l'amour ailleurs – , se sentant  aussi trahi que blessé. Humilié même, qu'il ne soit si vite oublié. Et aujourd'hui Ainsley n'aspirait plus qu'à l'effacer de sa mémoire ; entreprise qui s'était avérée effective jusqu'à ce soir... Pourquoi avait-il fallu que Lily ne se rappelle à son bon souvenir, rallumant les flammes de sentiments disparus.

" Sin, Attend reste. " Ce fut interdit que le brun ténébreux se retourna, avisant le regard satiné de l'ingénue avant de porter son attention sur leurs mains liées par la volonté de la jeune fille. Et il ne put en détacher le regard, se rappelant à trop de souvenirs teintés de douceur et de complicité. Intérieurement pourtant, le Gryffondor se débattait... Ne pas retomber dans les affres sentimentaux s'avérait difficile et ainsi resta-t-il de trop longues secondes ainsi sans bouger, jusqu'à ce que l'image du bonheur de Lily et Kenneth n'implose en son cerveau. Implantant ça et là des monceaux vénéneux à lui entailler la chair, douleur malvenue agitant son cœur trouble. Sin alors ôta aussitôt sa main, comme parcouru d'un choc électrique et darda la Serdaigle droit dans les yeux. Regard qui se fit aussi incisif que désolé, tandis qu'il tenta vaguement de s'expliquer d'un timbre confus. « Non je... Je ne peux pas. » Car il eut été trop ardu de rouvrir les plaies si difficilement pansées, alors que Ainsley parvenait enfin à  l'oublier et ne plus la compter dans sa vie. Gorge asséchée par l'affliction, il trouva pourtant la force et le courroux en ses tripes pour reprendre avec un peu plus de dureté : « Fous-moi la paix, Lily. » qu'il dégoisa un peu sec, un peu malheureux, mais convaincu pourtant que leur éloignement était salvateur pour eux. Pour lui surtout. Se voyait-il devenir ami avec Lily alors qu'elle assurait son bonheur dans les bras d'un autre ? Certes pas.

Dernier regard avant de tourner les talons, prêt à bondir hors de la salle comme s'il eut fui la peste s'attaquant à son myocarde. Ainsley ne doutait pas que la seule issue possible afin de sauver sa guérison était encore de s'éloigner de la jeune fille ; comportement égoïste mais efficace. Et alors qu'il posa sa main sur la poignée, la voix dépitée de la Serdaigle résonna encore. "Reste avec moi, s'il te plaît" Quelques mots promulgués d'un timbre si bas qu'ils demeurèrent presque repentants. Sin se retourna doucement, le cœur serré par tant d'angoisse assaillant Lily. Et alors qu'il considéra la demande, il ne lui suffit que de lire les traits anxieux de la jeune fille pour faire son choix. Léger soupir face à sa faiblesse, et le jeune homme se retourna entièrement vers elle. « Okay... » souffla-t-il de sa voix suave mais pour une fois hésitante. « Mais je te préviens, si c'est pour me parler de ton prince charmant, je me casse. » Regard fuyant, mâchoires crispées par la douleur, Sin s'adossa contre la porte sans jamais lever ses yeux fauves sur la jeune fille. Ah quelle drôle d'allure pour le sieur lubrique ! Chemise débraillée et marquée d'un rouge criard, cravate simplement posée autour du cou, cheveux hirsutes... Une lueur pourtant trouble balayant son regard. Le jeune homme soupira par ailleurs face à son propre égotisme avant de reprendre, compatissant. « Ecoute je sais que c'est pas très probant, au vu de ma famille qui ne soutient pas franchement les Potter. » Quel doux euphémisme glissé là contre sa langue. Les Blackwood exécraient littéralement cette famille de sorciers, ce qui par ailleurs valut à Ainsley la déconsidération la plus totale de son paternel lorsque ce dernier apprit que son fils s'était amouraché de Lily Potter. « Mais sincèrement, je suis désolé pour ce qui est arrivé à ton père et à ta famille cet été... » Sin passa une brève langue contre ses lèvres aussitôt pincées, et redressa ses yeux confus sur la demoiselle. Bien sûr que telles palabres dans la bouche d'un Obscur demeuraient presque trahison, et pourtant le jeune homme pensait ce qu'il disait. Oh non pour l'exécution de ces figures anti-mangemorts en elle-même, mais pour la peine et l'abattement qu'elle procura à Lily. Rien d'autre.  

" Tu devrais savoir que Kenneth et moi sommes séparés" « Je veux rien savoir. » asséna-t-il d'une voix tranchante, accusant derechef le coup des aveux sentimentaux éplorés de la demoiselle. Non il ne voulait rien savoir, ne rien entendre, ne rien appréhender. Car le jeune homme n'ignorait pas qu'une faille d'espoir, même minime, contribuerait à l'ébranlement de sa guérison, lui qui se sentait faillir face à Lily Potter. Pour preuve son regard habituellement incisif et carnassier, luisant des vices les plus immondes et des débauches les plus sordides, s'était rendu troublé et perdu bien que Sin s'évertua à le visser au sol. Croiser au minimum le regard satiné de Lily pour ne pas se souvenir ni enclencher les rouages d'un cœur aujourd'hui rouillé. Comme un réflexe d'auto-défense primitif ; ériger des barrière et s'y barricader, contourner l'obstacle de leur idylle défunte représentée par la douce Serdaigle ne cillant pas. Alors non, il ne désira se soucier de rien. Ni des perspectives d'avenir qu'elle put avoir avec Kenneth ou bien de son abandon au contraire, si elle l'aimait toujours, si elle le maudissait. Si elle songeait à lui avant de s'endormir, si ses sourires rares et convoités lui étaient entièrement destinés. Probablement. Et en cela Ainsley se refusait d'y songer ; faire la sourde oreille pour mieux s'en protéger, là demeurait sa force lâche.

Acculé mentalement contre les parois de leur mémoire, le jeune homme demeura adossé à la porte comme pour mieux ériger ses dernières défenses. Réflexe stupide, certes, mais pouvait-on blâmer un cœur soumis à une hémorragie certaine de tenter de s'éloigner au plus loin de ce qui put le faire souffrir... Certes non. Sin pourtant resta aux côtés de Lily à sa demande, soucieux bien sûr des préoccupations de son ancienne petite amie, présent malgré sa distance évidente. Mais diable, que se passerait-il si quelqu'un venait à les déloger d'ici ? Lily Potter et Ainsley Blackwood dans la même pièce à la lumière si diffuse qu'elle en fut intimiste... Et que dire de la tenue du Gryffondor qui ne ferait que corroborer les suspicions quant à des retrouvailles bien charnelles entre les deux anciens amants. Obscurs et Résistants seraient en émoi, le père du jeune homme s'enfoncerait plus encore dans la honte et sans doute le renierait-il... Ou bien le marierait-il à une demoiselle de sang pur afin d'enrayer le danger que représentait la rouquine pour leur réputation. Sin passa une main nerveuse dans ses cheveux hirsutes bien qu'il s'efforça à reprendre constance ; un dos redressé afin de sublimer son port de tête princier, et il plongea ses obsidiennes – deux billes d'ambre aux couleurs de le vicissitude – dans le regard serein de la Serdaigle. Cette dernière ne cillait pas, avisait même la scène avec la force tranquille de la constance. Ne semblait par ailleurs ébranlée en rien. Ce qu'elle désirait ce soir n'était autre qu'une oreille attentive sans se laisser embaumer par les souvenirs de leur idylle passée. Un ami, peut-être. Quelles foutaises.

Les filles et leur manie de se prêter à l'art de la communication pour apaiser les peines et les tensions. Que ça lui pompait l'air. Entre nous soit dit, Sin préféra lorsqu'elles lui pompaient autre chose. Mais passons sur les détails grivois.

Il demeura pourtant puisque Sin n'envisageait pas de la laisser tomber. Quand bien même il eut rejoint le camp des Obscurs et y jouait aujourd'hui un rôle actif en tant que recruteur jouant sensiblement de ses charmes pour attirer ses proies, le Gryffondor ne pouvait se résoudre à la laisser dans ce marasme d'inquiétude et de peine. Conscient bien sûr que la perte de son père devait ce soir agiter les démons intérieurs de Lily. Autrefois, sans doute l'aurait-il prise dans ses bras avant de la bercer tendrement. Essuyer ses larmes d'un revers de main trop tendre, murmurer quelques mots réconfortants à son oreille, lui assurer qu'il serait là pour elle. Toujours. Mais aujourd'hui la donne avait changé, et Sin espéra que sa seule présence put lui faire du bien. Par ailleurs préféra-t-il rester tout contre la porte, instaurant une distance volontaire pour ne pas effleurer à nouveau sa peau. Et lorsque la rouquine le remercia, Ainsley acquiesça alors, portant en étendard toute la sincérité de ses condoléances, bien que conscient de l'étrangeté de la scène. Un Blackwood pleurant des Potter, quelle idée. " Cela va te paraître égoïste de ma part de te dire cela, mais tu m'as manqué, enfin même parfois, tu me manques encore."  Un bref soupir blasé passa la barrière de ses lèvres comme il roula ses yeux bruns vers le plafond à l'entente de ces mots pourtant doux. Le Gryffondor peinait à y croire néanmoins, revoyant la rouquine dans les bras d'un autre jeune homme. L'air épanouie et vivante. L'air amoureuse, surtout. Il ne comprit pas en quoi il eut pu lui manquer et accueillit ces mensonges comme une forme de politesse. « Ouais. C'est ça. » Sa gorge serrée eut raison de lui, et aussitôt Sin plongea dans un mutisme éphémère. Toisant la jeune fille qui semblait si détachée dans son approche qu'elle ne devait évoquer là que leur complicité... C'est ainsi que Ainsley prit ses pensées au mot, sans chercher à savoir s'il eut tort ou raison de songer ainsi. « Tu me manques aussi. » avoua-t-il non sans mal avant de reprendre. « Mais je ne veux pas qu'on soit amis. Puis Roméo et Juliette, ça va bien un moment... » En référence à leur idylle passée qui attira tant de haine de la part des deux camps, qu'on ne put qualifier leur histoire d'amour autrement. L'issue tragique des deux protagonistes n'était d'ailleurs pas d'une bonne aubaine pour eux. « Nous sommes dans deux camps différents, nos familles se détestent. Les tensions à Poudlard montent, deviennent dangereuses... Alors toi et moi, ensemble, c'est juste du suicide. » Sans compter bien sûr que la vue des prétendants de la demoiselle lui était insupportable. Un autre Gryffondor, pour ne citer que lui. Bonne tête, bonne situation, bonne âme. Le Prince Charmant parfait qui reviendrait de toute évidence vers sa dulcinée, meurtrissant à nouveau Ainsley qui peinait à se reconstruire. Oh certes bâtissait-il sa nouvelle vie sur les décombres de la déchéance, mais cela lui suffisait d'oublier ses déboires entre les cuisses d'autres filles. Le stupre pour pallier à l'amour, stupide sentiment gangrenant son cœur aux abois.

Lily L. Potter a écrit:

Lily L. Potter ∞ Ainsley Blackwood

Lui demander de rester bien qu'il concède à sa demande, était égoïste de la part de la Serdaigle. Mais lorsqu'elle l'avait vu, le besoin de l'avoir près d'elle s'était fait sentir en lui broyant les entrailles. Le cœur chancelant aux souvenirs du passé, les mains moîtes à la simple idée du rejet, ou les yeux brillants dans l'espoir d'une chance de se retrouver quelques instants de plus en sa présence. La Serdaigle assura à mi-mots qu'elle et son ancien petit ami, Griffondor, étaient séparés. « Je veux rien savoir. » Asséna-t-il tranchant, ce à quoi la rouquine s'attendait. Elle n'était ignorante du regard qu'il lui lançait lorsqu'elle était avec un autre homme, le regard similaire au siens dans la situation inverse. Mais leur idylle les avait marquées, l'amour qu'ils avaient éprouvé l'un pour l'autre les avaient ébranlés et des barrières avaient été construites chez chacun d'eux pour ne plus subir cette douce torture, qui à présent faisait plus de mal que de bien. Lily avait toujours des sentiments forts pour Kenneth, elle ne le nierait pas, mais Sin avait été en quelque sorte son premier amour, un amour dévastateur qui avait tout chamboulé sur son passage, qui avait changé les opinions l'un de l'autre. Elle, résistante dans l'âme, Lui, Obscurs fils de mangemort. Elle, la lumière, Lui, les ténèbres. Et pourtant le rouge et or avait été la lumière de Lily, il avait éclairci cette vie sombre du au Mage Noir. Aucun regret ne franchirait jamais sa bouche, puisqu'elle n'en avait pas, au contraire, elle ne supportait toujours pas, même après leur séparation que quiconque ose s'en prendre à lui. Malgré la souffrance qu'elle avait ressentie lors de leur rupture, le cœur meurtri qu'elle avait dû soigner sans sa famille qui ne lui parlait guère depuis qu'ils avaient appris la romance des deux jeunes opposés. Albus détestant cordialement Ainsley et qui en avait même été jusqu'à se battre avec lui, reniant sa sœur. Bien qu'aujourd'hui, le frère et la sœur se retrouvaient, Lily n'imaginait même pas la réaction qu'il aurait s'il venait à savoir qu'à cet instant, elle retombait dans le passé. Quiconque ouvrirait cette porte ne parviendrait pas à en croire ses yeux, surtout à l'allure de Sin, débraillé signe d'un moment intime qu'avait subi le jeune homme et à Lily dont la tenue ne laissait pas énormément de place à l'imagination. Certes, cela était une situation qui aurait pu être dérangeante, mais au final, la rousse se fichait même d'être vue et que cela fasse le tour du château. Natalya lui avait appris à ne pas prendre en compte l'avis des gens et c'était ce qu'elle faisait. Elle vit cependant que bien qu'il fût resté, il ne tenait pas à avoir une conversation qui les ennuierait autant l'un que l'autre et qui serait fausse, car auparavant, il n'avait pas été ami, et cela était à l'heure actuelle sans doute impossible. La jeune Potter, ne se sentait pas capable d'être ami avec lui, non pas qu'elle ne le portait pas dans son cœur, au contraire, c'était sans doute cela qui l'empêchait d'avoir une relation amicale avec le Griffondor. La Serdaigle, voulait s'approcher de lui, mais sa raison lui sommait de ne pas le faire, par peur sans doute de flancher. De perdre tout contrôle, comme seul Sin savait procurer ce sentiment à Lily. Elle resta donc ainsi, sur le fauteuil tandis qu'il se contenta de rester immobile contre la porte donnant accès au passage secret. Après un silence que Lily qualifierait de pesant, elle lui avouait qu'il lui manquait toujours. Elle était certes perdue dans les méandres de ses sentiments, mais une chose était certaine dans sa tête et dans son cœur, si douloureusement meurtri. Ainsley Blackwood lui manquait plus que de raison. Face à cet aveu, elle ne put s'empêcher de baisser le regard, comme gênée d'avoir eu la faiblesse de lui faire remarquer, ce fut le souffle blasé du jeune homme qui la fit revenir à la réalité. Il ne la croyait pas, comment Lily aurait-elle pu l'en blâmer ? Elle s'étant amourachée d'un autre homme après lui, alors que lui restait un continuel sex-symbol parmi la jante féminine de Poudlard. Chacun ayant utilisé un processus pour se guérir de l'autre. « Ouais. C'est ça. » Lança-t-il peinant à la croire. Ce qui ne surprit pas la Serdaigle après tout ce qu'elle avait fait comment pouvait-il ne serait-ce que penser qu'elle soit sincère. Hors elle l'était.
« Tu me manques aussi. Mais je ne veux pas qu'on soit amis. Puis Roméo et Juliette, ça va bien un moment... » L'entendre lui avouer qu'elle lui manquait avait ravivé quelque chose en Lily, une chose dont elle ignorait encore ce que cela était. Elle le sentait cependant sincère, et quand il avança que leur Idylle à la Roméo et Juliette, était lassant, elle ne pouvait que confirmer. " Je sais..." Commença-t-elle, avant de se lever, et de marcher de long en large cherchant quels mots employés face à cette remarque dont le résumé ne pouvait être plus exact. Leurs deux camps les ayant maudits ce qui n'avait pas aidé au bonheur du couple.
" Je comprends que tu ne désires plus m'avoir dans ta vie, surtout après tout ce qui s'est passé." Continua-t-elle, même si chaque mot qu'elle prononça était comme un acide dans lequel on la plongeait. Cela lui fit mal de l'avouer, elle se sentait fébrile en sa présence, et de comprendre qu'un jour, il partirait définitivement de sa vie, elle ne pouvait le supporter, bien qu'en apparence, elle faisait tout pour ne pas le montrer. Mais Ainsley la connaissait par cœur, il lisait en elle comme dans un livre ouvert, elle avait changé certes, mais il arrivait tout de même à voir quand elle mentait ou quand elle paraissait sincère. Cela était peut-être, le pourquoi de son aveu soudain.« Nous sommes dans deux camps différents, nos familles se détestent. Les tensions à Poudlard montent, deviennent dangereuses... Alors toi et moi, ensemble, c'est juste du suicide. » Se contenta de résumé le Griffondor, ce qui fit grimper indéniablement des perles salées dans les yeux ambrés de la jeune fille. Telles des lames de rasoirs elle sentit son coeur se déchiré. Elle savait qu'il avait raison, mais cela lui était inconcevable. Elle s'approcha de lui, réduisant les barrières ainsi érigées par les deux anciens amants. Elle se planta face à lui laissant que quelques centimètres les séparant.
" Maintenant dis moi dans les yeux que tu penses cela, dis-moi que c'est du suicide. Dis-moi que tu me détestes au point de vouloir me voir disparaître. Dis-moi tout cela et je disparaîtrais de ta vie sans que tu n'es plus jamais à te soucier de savoir que j'existe" osa-t-elle, en le regardant dans les yeux, sans ciller, montrant sa détermination au jeune homme, remerciant intérieurement leur mangemort de professeur pour les leçons qu'elle lui prodiguaient.

code by Silver Lungs

La tension surplombait leurs têtes à mesure que se profilait l'entrevue irréelle. Véritable choc de deux anciens amants transis qui, à l'orée de leurs douleurs respectives, cherchaient encore à comprendre pourquoi ils durent enterrer leur idylle. Un ersatz de doute, une jalousie délétère, un désir de liberté. Mais aussi et surtout la certitude que plus ils avanceraient ensemble et plus les obstacles seraient légions et ardus à contourner. Les amoureux n'avaient eu de cesse d'aller contre vents et marées, détournant le regard face aux critiques acides et renforçant le mur de leur passion par les briques haineuses qu'on leur lançait, seulement à force de nager à contre-courant, l'un comme l'autre avait terminé par boire la tasse. Et ce fut aujourd'hui bien sagace que Sin tentait de faire comprendre à Lily qu'ils ne pouvaient être ensemble dans un tel monde ; l'univers tout entier semblait avoir pour auguste mission de les séparer. De leurs familles à leurs racines, et jusqu'aux tréfonds de leurs personnalités différentes, il n'y avait rien qui puisse bénir leur union actuelle. Qu'ils soient amis ou amants qu'importe, leur rapprochement n'aurait été vu encore une fois que comme une erreur de la nature. Et plus encore, Ainsley dans ses propos tentait seulement de protéger la Serdaigle. Car la cheftaine de la Résistance ne pouvait que se trouver qu'affaiblie si leur ancienne idylle refaisait surface, laissant ainsi le champ libre aux tirs ennemis réclamant sa tête. Et le Gryffondor, pour une fois soucieux d'autrui, estimait que la rouquine serait bien plus en sûreté dans les bras de son rival que dans les siens... De toute évidence la flamme amoureuse de Lily envers Sin lui sembla si minime, au regard de la sérénité dont elle faisait preuve, qu'il n'y trouva pas d'autre issue que celle-ci.

Ennemis à présent, fallait-il qu'ils se fassent la guerre à défaut de se faire l'amour encore ? Ainsley refusait pourtant de se montrer rude et cinglant envers Lily, et bien que son statut d'Obscur le sommait de combattre la jeune Potter, il ne put s'y résigner promptement. Ni aujourd'hui, ni jamais. Le meilleur remède à tous ces maux se miroitait en la fuite et l'éloignement ; moins ils se côtoyaient et mieux ils se porteraient. Du moins était là l'idée farouchement implantée dans l'esprit de Sin, lequel prenait aussi conscience de sa toxicité. Un tel garçon aux mœurs obscènes ne pouvait rendre heureuse si candide demoiselle, en dépit de tous les efforts et de la tendresse d'autrefois. Patient jusqu'à attendre de longs mois durant qu'elle ne se donne à lui sans jamais la presser ni quémander sa virginité. Galant, jusqu'à se refuser à Lily le soir où elle désira se donner à lui. Trop amoureux pour réchapper cependant à la requête de corps éperdument liés.  Aujourd'hui encore trop épris pour ne pas la sommer de partir de sa vie... Et diable qu'il lui était difficile d'arriver à telle décision.

Ses yeux d'ambre pointèrent néanmoins la silhouette nerveuse de l'ancienne amante, laquelle faisait les cent pas face à la vérité déversée par les lèvres ennemies. Le jeune homme ne perdit pas une miette de sa façon de se mouvoir ; plus assurée qu'auparavant, quelques jolies courbes en plus, Lily Potter semblait bien moins juvénile que dans ses souvenirs. Mais à défaut de lui arracher un sourire transi, cette vision lui planta une dague en plein cœur comme il se souvint qu'elle n'était plus – ni ne serait jamais plus – à lui. " Je comprends que tu ne désires plus m'avoir dans ta vie, surtout après tout ce qui s'est passé." Et Sin de briller par son mutisme, fut-il cruel pour les deux jeunes gens bien que cette approbation tacite fut salvatrice. Encore une fois, le Gryffondor estimait qu'ils s'en sortaient mieux ainsi, quand bien même cela était douloureux. Puis il la vit s'approcher de lui, ne cilla pas malgré les quelques centimètres marquant à présent une faible distance entre eux. Senti seulement son myocarde battre la pulse insensée d'un amour éperdu... Amour infâme qu'il jugula aussitôt. " Maintenant dis moi dans les yeux que tu penses cela, dis-moi que c'est du suicide. Dis-moi que tu me détestes au point de vouloir me voir disparaître. Dis-moi tout cela et je disparaîtrais de ta vie sans que tu n'es plus jamais à te soucier de savoir que j'existe". Ainsley tiqua enfin, à la fois interdit et confus face aux aveux tranchants de la jeune fille. Pensait-elle vraiment qu'il l'exécrait au point de le clamer avec tant d'assurance ? Diable mais alors, le connaissait-elle si peu pour penser cela de lui.. « A quoi tu joues, Lily... Tu me demandes de rester pour une raison que j'ignore, tu tournes en rond, tu spécules sans ne jamais rien avancer... Je ne comprends pas ce que tu me veux. » Sa réplique trouble ne fut teintée ni d'aigreur ni de reproches, mais seulement de quelques doutes trahissant son incompréhension. « Je ne t'ai jamais détestée, je ne te détesterai jamais. Je n'ai eu de cesse d'avoir eu peur pour toi cet été et c'est une crainte qui ne fait qu'empirer au fil des jours. Seulement oui, rends-toi à l'évidence, c'est du suicide. »  argua-t-il sans jamais déloger son regard du sien. Prunelles pénétrantes à sonder son âme au couteau. Puis le jeune homme reprit d'une voix suave et lourde de déception, bien résigné à mettre enfin les choses au clair. « Tu m'as oublié Lily. Dès que nous avons rompu, t'es tombée amoureuse d'un autre comme on glisse sur des feuilles mortes. J'ai alors compris que je n'avais été qu'un chapitre dans ta vie. Alors oui j'ai aussi tenté de t'oublier dans les bras d'autres filles, mais pour ma part y a jamais eu de sentiments. Tu l'aimes, ton Kenneth. »  Légère pause meurtrissant son palpitant, bien qu'il tenta de faire bonne figure par un flegme apparent mais faussé. « Te fous pas de ma gueule en essayant de le nier, je sais que c'est le cas. Alors non, je pige pas trop ce que tu cherches ce soir. » Au moins avait-il le mérite d'être franc et sans détour, quand en son esprit résonnaient encore ces quelques mots qu'il savaient véridiques et vénéneux pour son âme : 'Juste un chapitre dans sa vie.'

La chaleur du corps de l'ancienne amante lui arracha un frémissement qu'il ne sut retenir. Lové là, tout contre elle ou presque, Ainsley parvenait difficilement à respirer. Poumons contrits par une douleur au myocarde aussi insupportable que magnifiée par l'amour certain qu'il lui portait encore mais qu'il avait décidé de sacrifier sur l'autel de la sécurité de Lily. Car loin d'être égoïste avec la demoiselle, le jeune homme n'ignorait pas que leur ersatz de relation ne serait pas sans risques ; qu'ils essuient larme de sel ou de sang, les anciens amants n'étaient malheureusement pas destinés à s'aimer dans la douce accalmie. Et parce qu'il était parvenu à tirer un trait sur la jeune fille, se sentir faiblir en sa présence –  cœur étiolé par son parfum sucré et le galbe de ses lèvres cerise qu'il souhaitait tant goûter – ne fit que le courroucer d'avantage. Ah, qu'il était beau le don juan de ces dames. Courbant l'échine face à sa faiblesse quoiqu'il repoussa la rouquine autant qu'il le put afin de ne pas l'empoisonner. La tentation grandissait à mesure que Lily abattait la distance, cruelle pourfendeuse de sa dernière bastion. Ainsi déglutit-il difficilement lorsqu'elle posa ses mains sur les pans de sa chemise froissée, regard à la fois trouble et envieux plongé dans le sien, respiration saccadée et gorge sèche. Pourquoi fallait-il qu'elle se presse contre lui et ne gomme par son simple souffle ses derniers retranchements. " Tu as peur pour moi ? Tu ne penses pas que j'ai eu peur pour toi moi aussi. Que je n'ai pas imaginé le pire, tu avais été renié par ton père par ma faute, j'ai prié tous les jours de cet été pour qu'il ne se venge pas, qu'il ne te fasse pas de mal. Que tu reviennes..." Le brun ténébreux secoua légèrement la tête, incapable encore de laisser quelques mots glisser à sa lippe ce ne fut qu'ainsi qu'il lui témoigna un quelconque réconfort. Son père ne l'aurait jamais malmené physiquement même s'il put s'agir de la réputation familiale que Sin avait ainsi souillée pour quelques histoires de cœur éperdu, du moins le pensait-il. Estomac soudain étriqué, myocarde battant la pulse cardiaque d'une vie retrouvée, l'ancien amant ne pipa mot et se concentra sur sa douleur première et crue : la savoir amourachée d'un autre. Las cependant, Sin sans pour autant accorder sa bénédiction ne put nier que la jeune fille irait alors bien mieux sans lui, car jetée ainsi dans des bras aussi nobles que protecteurs de son Prince Charmant, elle ne put craindre rien ni personne. Mieux valait qu'elle érige son armure que ses failles, aussi le Gryffondor avait accepté souffreteux de la voir partir. Lily cependant ne l'entendit guère de cette oreille et déversa sincère les aveux qui gangrenaient son palpitant et son esprit, avouant ne jamais l'avoir oublié quand bien même Ainsley avait raison : son cœur s'était épris d'un autre, et peu importait le degré sentimental qu'elle put évoquer dans l'ultime effort de réconfort, le jeune homme secoua la tête de résignation, lèvres pincées et mains repoussant déjà les courbes de la belle.

Qu'il était ardu de se défaire d'une étreinte si douce et si longuement désirée... Combien de nuits avait-il rêvé de retrouvailles aux baisers sucrés et aux mains cajoleuses, combien de songes s'étaient ainsi fardés d'espoir de la serrer à nouveau dans ses bras. Mais pourtant convaincu qu'il ne pourrait lui être que toxique, appréhendant par ailleurs que la renaissance de leur idylle ne puisse rallumer de vieux conflits aux enjeux trop forts, le jeune homme puisa dans sa force de résolution afin de la tenir loin de lui. Et si les mains repoussèrent l'assaut tant de fois rêvé, le cœur du jeune homme se fendait à nouveau de désespoir. Une fois n'était pas coutume, Ainsley Blackwood oeuvrait pour autrui et non pour lui-même ; il tentait de l'éloigner pour mieux la secourir. Se brûlant les doigts autant que le cœur dans cette entreprise courageuse, car il n'ignora pas que la sauver équivalait à la faire sortir de sa vie.

Et les lèvres féminines de capturer les siennes avec passion, vol amoureux qui le souffla d'abord puis le laissa transi. D'abord étonné par l'initiative qui ne ressemblait guère à la jeune fille qu'il avait connue si candide, Ainsley succomba bien vite au tendre échange. Lui rendant le baiser avec tendresse et soulagement, affamé de ces lèvres au goût de miel qui lui avaient tant manqué. Ses mains qui s'étaient faites jusque là répulsives vinrent caresser les joues pastel de la Serdaigle dans un dernier élan de douceur quand son cœur vint battre les échos d'une symphonie endiablée tout contre son buste... Soudain le jeune homme se dégagea de l'étreinte, reprenant ses esprits et sa lucidité, il plongea son regard d'ambre dans les pupilles satinées de Lily. Et la douleur d'un myocarde éploré de le transpercer encore, alors qu'il ne se sentait plus la force de la repousser lorsque son ultime désir était de la serrer dans les bras. Voulait-il pourtant que leur idylle ne renaisse de ses cendres et n'attise à nouveau la haine et le courroux des deux camps ? Certes non. La tendresse de leur amour enterré n'avait d'égal que la toxicité qui en résulterait. Qu'adviendrait-il par la suite ? Demanderait-on à Sin de rapporter la tête de Lily sur un plateau, sa famille se servirait-elle de cette romance, n'en profiteraient-ils pas pour extorquer chacune des faiblesses de la rouquine afin de l'épuiser jusqu'à la lie ? Leur relation bien que vivifiante n'avait rien d'une sinécure, et les conséquences pourraient s'avérer dangereuses pour la sécurité de la jeune Potter. « Je ne t'apporterai ni bonheur ni sérénité. » Parce que leurs détracteurs s'assureraient bien sûr de leur mettre quelques bâtons dans les roues. Le cœur lourd et perclus, engoncé dans une peine qui le faisait suffoquer, Sin continua d'une voix si basse qu'elle couvrit à peine la respiration chaude des anciens amants. « Je suis toxique pour toi... » Et avant même que la belle ne renchérisse, Ainsley s'assura qu'elle ne puisse répondre avec détermination. « Je suis un partisan actif des Obscurs, tu le sais. Nous sommes ennemis maintenant. » Semi-mensonge qu'il asséna avec une certaine fermeté afin de s'assurer qu'elle le laisserait partir, même amère. Qu'elle le déteste, qu'elle le haïsse, qu'elle l'exècre si elle le souhaite, mais qu'elle le laisse s'éloigner afin qu'il puisse la protéger. Un silence empli d'opprobres surplombait leurs têtes, quand l'estomac noué Ainsley peinait à arracher quelques mots douloureux de sa gorge. Il entrouvrit néanmoins les lèvres, prit une inspiration certaine et comme il dardait Lily de son regard de fer, indéfectible, trouva enfin le courage d'annoncer ce qu'il n'eut jamais voulu : « Laisse-moi partir pour de bon, tu me dois bien ça. » acheva-t-il à bout de souffle, le cœur en lambeaux mais le visage impassible et le ton tranchant. Convaincu que sortir de la vie de Lily demeurerait sa plus belle preuve d'amour indicible comme son plus beau combat, quitte à déguiser sa bravoure en une indifférence totale.

La lueur amoureuse balayant la prunelle féminine étouffa les derniers spasmes de détermination du jeune homme. Il la darda avec la force de la passion contrite, gorge serrée par un désir qu'il ne pouvait combler ; celui de serrer ses courbes contre les siennes et de se laisser aller à quelques caresses dont la lubricité polirait leur tendresse. Ainsley lutta pourtant contre l'envie de la faire sienne, éclat sagace frappant ses parois crâniennes avec tant d'insistance qu'une migraine naquit de ces élans de lucidité. Car le jeune homme ne pouvait prétendre à l'étreindre lorsqu'il décidait de mettre fin à leur idylle, quand bien même la décision fut douloureuse. Des javelots enfiellés semblaient en effet transpercer son myocarde à l'idée de s'éloigner d'elle, et diable qu'il put pourtant agir pour son bonheur à elle afin de la préserver. Un bonheur qu'elle ne trouverait jamais dans ses bras puisque les faits étaient acquis : ils ne pouvaient être ensemble. Parce que le jeune homme désira s'ériger comme digne héritier de la famille Blackwood, et parce que la belle Lily Potter perdrait toute crédibilité si elle venait à claironner à nouveau ses sentiments pour un obscur. Pis encore, Ainsley ne douta pas que sa jolie mésange serait plus en sûreté dans les bras de son prince charmant. Ainsi à l'entente de cette suspicion lui assénant quelques coups de poignards à son âme, celle qui lui présumait qu'il ne l'aimait plus, Sin déglutit difficilement comme il accrocha la prunelle de la jeune fille de ses yeux abattus. Bien sûr qu'il l'aimait, sans quoi serait-il parti noble et cruel. Aurait-il tourné les talons tout en raillant le chagrin de son ancienne amante, lui soufflant même combien il avait été bon que de coucher avec Emily. Ne lui épargnant par ailleurs aucun détail obscène de sa chevauchée sauvage avec la désirable serpentarde. Du vrai Sin, en somme. Mais aveuglé par l'amour le Gryffondor eut préféré prendre sur lui, encaisser la douleur et la quitter pour mieux la protéger. Ah mais que l'entreprise était ardue lorsque la demoiselle de son cœur se lova tout contre lui, ronronnante de tendresse à lui souffler ces quelques mots : " Reviens moi" Le palpitant du jeune homme loupa un nouveau battement, bien trop heureux que de la savoir encore attachée à leur idylle quoique subsistait un goût d'amertume contre son palais. Celui de la savoir amourachée d'un autre, toujours, ce qui aux yeux de Sin entachait considérablement la pureté de leur passion. Ainsi hocha-t-il négativement la tête, geste pourtant si discret qu'il vint trahir son manque de détermination. Le tombeur de ces dames ne rêvait plus qu'à la rejoindre en réalité et reprendre ainsi leur histoire commune, mais sa lucidité, toujours, le rattrapa avant qu'il n'ouvre la bouche.

Le laisser partir. Là était donc sa revendication lui meurtrissant pourtant le cœur, aussitôt perforé par les serres d'un oiseau de proie. Ses mots demeuraient tranchants malgré la fébrilité de sa résolution, lui qui préféra s'éloigner de Lily pour ne pas la voir souffrir à nouveau. Conscient que leur idylle ressuscitée ne lui apporterait rien de bon. Mauvais pressentiment lui mordant l'échine et le rongeant jusqu'à la lie. Las cependant, il eut fallut que la Serdaigle n'abatte à nouveau ses derniers retranchements et ne le fasse faillir. Toujours lovée contre lui, la belle réactiva les rouages de son palpitant éperdu lorsque son esprit se troublait. Partir, vraiment ? Ne serait-il pas préférable de rester finalement... De se perdre tout contre elle et de goûter à ses baisers, idolâtrer ses courbes comme sa beauté, murmurer à nouveau des mots doux à son oreille... " Je ne peux pas, je ne veux pas. Pas cette fois." Ecoeurant dilemme qui fustigea son palpitant lorsque face à lui Lily trouvait la force de le retenir. Et pourtant Ainsley était persuadé avoir raison ; seul son départ de sa vie l'aiderait à la reconstruire. Tant qu'il restait à ses côtés, ils perdraient autant en crédibilité qu'en force. Savoir sa Lily exposée au danger et à sa toxicité l'angoissait bien trop pour qu'il ne revienne sur sa décision. Et plus encore, avait-il l'envie et la force de s'inscrire dans un triangle amoureux ? Elle, lui et... son bellâtre  de Kenneth ? Certes non.

Malgré tout, le jeune homme goûta à ses lèvres volontiers. Ne repoussant ni l'étreinte ni l'initiative, Ainsley osa même poser ses mains puissantes sur les hanches de la jeune fille dans une ultime caresse envieuse. Lutta d'ailleurs pour ne pas les laisser vagabonder ailleurs dans un dernier sursaut d'envie... Mais plus encore, il colora son baiser lascif des teintes de l'adieu sans que Lily ne le sache encore.  Le jeune homme alors se redressa, plongea son regard désolé dans celui de sa belle, et par un simple baiser sur son front blanc scella son départ. Ni mots à ses lèvres, ni geste retenu, seulement un regard aussi dépité qu'attendri cependant. Ainsley gratifia Lily d'un léger hochement négatif de la tête comme pour lui assurer que plus rien n'était possible, avant de s'extraire de la si douce étreinte de la demoiselle afin d'ouvrir la porte.

Coup virulent à son estomac tandis qu'il gagnait les couloirs glacials et humides de l'école, étouffé par la peine et le cœur trop lourd, Sin retrouva le chemin des dortoirs d'un pas prompt et d'une moue  impassible. Préférant dissimuler ses regrets et tourments sentimentaux par une sublime indifférence... La ruse parfaite pour ne jamais l'atteindre, pensait-il.

- RP CLOS -