La verte et argent s’étira longuement, ses muscles douloureux se crispant sous l’effort tandis qu’une légère grimace traverse les traits de la jeune fille. Ses bras retombent alors le long de son corps, sans force, avant de rebondir mollement sur le matelas où elle est installée. A cette heure-ci le dortoir était vide, tous les élèves étant censés être en cours. Seulement la blonde n’avait pas eu le courage de se rendre en cours, surtout en cours de métamorphose, premier de sa longue journée. Elle sentait encore quelques picotements au niveau de son crâne lorsqu’elle se relevait trop rapidement, conséquence du sortilège de douleur qui l’avait frappé de plein fouet quelques jours plus tôt. Secouant la tête pour faire échapper ces images d’horreur de son esprit, la blonde posa un pied à terre avant de se diriger vers la salle de bain pour se préparer. Quelques longues minutes plus tard, la jeune fille ressortit, enveloppée dans une épaisse serviette verte, soulagée par l’eau brûlante qui avait calmé les assauts de ses courbatures. Tout en faisant lentement tourner son cou pour se détendre davantage, la jeune fille se pencha vers sa malle avant d’en extraire son uniforme qu’elle enfila distraitement. Bas, jupe, chemise, pull, veste, chaussures, tout était si répétitif. Ces gestes étaient devenus un mécanisme pur et dur, une routine qu’il fallait effectuer chaque matin. Triste à pleurer. Un soupir s’échappa des lèvres de la jeune fille tandis qu’elle se retournait vers le miroir, ses cernes dissimulés sous un maquillage discret, ses cheveux coiffés et lâchés. Elle était fatiguée et cela se voyait, même si les efforts de la jeune vipère pour masquer cette fatigue l’aidaient légèrement. Attrapant finalement son sac, la blonde ouvrit la porte à la volée avant de dévaler les marches puis, enfin, sortir de la salle commune. Roxanne se retrouva bientôt dans les couloirs sombres et humides des cachots, ses yeux cherchant désespérément quelque chose ou quelqu’un. Mais seule l’obscurité et le crépitement du feu dans les torches entouraient la jeune fille qui décida donc de se rendre dans le hall d’entrée. Désert. Rien à faire, elle semblait bel et bien seule, abandonnée à son triste sort, et errant jusqu’à la pause dans l’espoir de trouver quelqu’un. La blonde passa une main dans ses cheveux fins avant de soupirer et de se diriger vers les lourdes portes de l’entrée principale. Poussant du bout des doigts le loquet, elle sentit un léger vent venir soulever sa chevelure et un sourire se dessina sur ses lèvres. Une ballade. Elle savait comment tuer son temps désormais. Se faufilant à l’extérieur de l’école, la jeune fille referma la porte derrière elle avant de s’appuyer dessus, laissant à son corps le temps de s’habituer au vent qui soufflait. Puis, lorsque les derniers frissons furent évaporés, la jeune fille se décolla de la porte avant de s’avancer dans les allées du parc, observant les alentours. La jeune fille arriva bientôt à un croisement, et ses pas se stoppèrent, hésitant entre les deux directions. Continuer dans le parc ou se rendre sur la plage misérable de l’école. Haussant les épaules, la jeune fille décida de continuer sa route en direction de la plage.

Quelques jurons s’échappèrent de la bouche de la demoiselle tandis qu’elle se prenait les pieds dans des racines ou manquait de perdre l’équilibre, se raccrochant de justesse à un arbre voisin. Mais c’est en vie et indemne que la jeune fille arriva au niveau de la plage, l’odeur lui faisant clairement comprendre qu’elle était proche de son but. Une odeur particulière lui parvint aux narines, odeur de l’eau mélangée au vent qui porte les feuilles mortes et l’odeur des fleurs. Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille tandis qu’elle posait un premier pied sur la plage de graviers, ses yeux observant le sol pour ne pas que ses pieds heurtent un obstacle. C’est donc en évoluant de cette façon-là que la jeune fille entendit une voix résonner à ses oreilles, portée par les rafales de vent qui soufflent davantage près de l’eau. « Et alors Weasley on s'est perdu ? » La blonde se stoppa dans ses pas, son regard azur se posant sur la silhouette brune à laquelle appartient cette voix. Sans savoir pourquoi, son cœur rata un battement et elle passa rapidement sa main dans ses cheveux pour remettre une mèche rebelle derrière son oreille. Sidney Fawkes, le fameux lion qui l’avait embrassé sans raisons après que la blonde ait eu une conversation mouvementée avec sa cousine. Que faisait-il là ? Et surtout, pourquoi avait-elle envie de rester ici, avec lui, alors qu’elle ne le connaissait pas et que sa réputation n’était pas de bon augure pour lui. Le lion se détourna bientôt et tapota le tronc humide sur lequel il était installé pour que la blonde vienne le rejoindre. Un sourire se dessina sur les lèvres de la blonde tandis qu’elle s’avançait vers lui, s’installant finalement à ses côtés, face à l’étendue d’eau qui leur faisait face. « Je cherchais un truc à faire pour tuer le temps » Elle ferma les yeux l’espace d’un instant, laissant le vent soulever ses cheveux tout en emplissant ses poumons de l’air frais et naturel. Fatiguée et lasse, voilà ce qu’elle est aujourd’hui. Fatiguée de jouer, fatiguée de faire semblant. Elle aurait dût partir, elle n’aurait pas dût accepter de s’installer à côté du lion à la réputation douteuse et aux mœurs étranges. Elle aurait dût l’incendier et lui demander pourquoi il l’avait embrassé en le claquant. Mais elle n’avait ni l’envie ni la force d’agir comme ça. Pas aujourd’hui, pas ici, pas maintenant. Les paupières de la vipère se rouvrirent lentement et la jeune fille mit quelques secondes à se réhabituer à la lumière claire du jour. Finalement, elle tourna la tête en direction du brun, observant son visage sans dire un mot, ses yeux scrutant chaque détail qu’ils parvenaient à capter. « Et toi Fawkes, à la recherche d’une autre victime à embrasser par surprise ? Le calamar géant peut-être ? » La blonde esquissa un sourire avant de détourner le regard, le cœur battant légèrement plus rapidement qu’à la normale. Ses ongles s’enfoncèrent dans le bois humide lorsqu’elle repensa au baiser, bref, échangés quelques temps auparavant. La réaction qu’elle avait eu avait été étrange puisqu’elle était partie sans rien dire, sous le choc sans doute. Mais, même si jamais elle ne l’aurait avoué à qui que ce soit et certainement pas à Fawkes, elle y avait repensé. Rarement, par épisodes, mais cela était suffisant pour plonger la blonde dans un trouble sans nom. Pourquoi diable repensait-elle à leurs deux bouches scellées l’une contre l’autre alors qu’elle ne connaissait pas Sidney, qu’elle avait rarement remarqué sa présence auparavant et qu’ils avaient des cercles d’amis très différents ? Trop de questions qui n’aspiraient à aucunes réponses. Derrière cette pique humoristique que la blonde venait de lancer se cachait l’envie secrète que le brun parle de cet épisode passé. Pour comprendre.

La situation était étrange et pourtant la blonde ne ressentait pas l’envie de quitter cette plage et de tourner le dos au rouge et or qui se tenait à ses côtés. Elle ne connaissait pas vraiment le lion et pourtant, il possédait quelque chose qui l’intriguait, qui la changeait, qui la faisait agir de manière plus spontanée et pas de manière stratégique et glaciale comme elle en avait l’habitude. Elle ne savait pas ce que c’était, mais le fait est qu’elle se sentait bien en sa présence, comme s’il la calmait sans dire un mot. Malgré tout, elle cherchait aussi des explications à leur dernière rencontre, cette fois où le brun avait déposé un baiser sur ses lèvres sans aucun raison apparente, laissant la jeune fille dans un état second étrange. Parce qu’étrangement, elle n’avait pas réagi. Sa main n’avait pas atterri sur la joue du jeune homme, elle ne l’avait pas fusillé du regard ni même incendié comme elle aurait dût le faire. Et cette scène tournait parfois en boucle dans sa tête, son esprit tentant de comprendre, d’analyser, sans succès. Et aujourd’hui, il était là, et elle comptait bien clarifier les choses. Son regard perdu sur l’étendue bleu, la jeune fille écouta le bruit du vent, ses mains agrippées contre le bois mouillé et tendre. « Je suis démasqué, merde. » Un sourire sincère se dessina sur les lèvres de la vipère sans même qu’elle puisse le cacher et elle ne pût retenir un léger rire. Baissant la tête en souriant, la jeune fille releva le visage en direction du rouge et or, son sourire se fanant sur ses lèvres lorsqu’elle croisa son regard inquisiteur. « Je suis désolé, pour l'autre fois, tu sais. » Et voilà, le sujet était lancé. La jeune fille se redressa légèrement tout en gardant les yeux rivés sur Sidney et elle fronça les sourcils tout en haussant les épaules. Elle tenait le bon bout, le brun semblait presque décidé à mettre les choses aux clairs même si dire qu’il était désolé revenait à dire que Roxanne embrassait mal. Ce qui était purement faux de toute évidence. « 'Fin désolé.. non, pas vraiment, j'aimerais te donner une explication valable mais je- » Ah, il se rattrapait, c’était déjà ça. La blonde ne bougea pas, laissant le vent soulever ses cheveux et gardant le regard fixé sur le visage du jeune homme. Ses yeux descendirent vers les lèvres du jeune homme qu’il commença à mordiller, de toute évidence nerveux de la tournure de la conversation et la jeune fille s’agrippa plus fermement au bois sur lequel elle était assise, le cœur battant. Il n’avait aucune explication à lui donner ? Donc il la laissait seule avec ses tourments et ses questions, comme si tout ceci était normal ? Elle avait besoin de savoir, il ne pouvait pas en rester là, elle ne l’acceptait pas. « Mais rien, j'en ai pas. » La vipère eut l’impression qu’une boule lui tombait dans l’estomac et elle détourna le visage, ses paupières se fermant l’espace d’un instant. Elle se pinça l’arête du nez en inspirant, pour se calmer, pour essayer de ne pas se perdre. Que pouvait-elle dire en réponse à cela ? Elle ne savait même pas comment elle devait réagir. Elle aurait dût partir, elle n’aurait même pas dût aller le voir, elle aurait tout simplement dût tourner les talons comme toute personne censée, mais elle ne l’avait pas fait. Et maintenant, elle n’avait aucune explication, elle était encore plus perdue qu’avant parce que lui-même ne pouvait pas l’aider. « Je peux pas vraiment t'expliquer pourquoi j'ai fais ça. » Relevant les yeux, la vipère croisa le regard du jeune homme qui ne la quitta pas des yeux, la scrutant fermement. « C'est difficile à croire comme ça, mais j'en avais vraiment envie. Et si je l'ai pas fais dans les normes, c'est que j'ai plus de temps à perdre. » Il secoua ensuite la tête en laissant une insulte s’échapper de ses lèvres et la blonde poussa un long soupir avant de se lever de toute sa hauteur.

Faisant dos au jeune homme, elle croisa les bras sur le devant de sa poitrine et ferma les paupières, essayant de remettre en ordre ses idées floues. Pourquoi le temps ? Ils avaient tout le temps, le jeune homme jouait la carte du mystère et la blonde ne comprenait pas ce qu’il cherchait à faire. Prenant une large inspiration, la jeune fille rouvrit brusquement les yeux avant de se tourner vers Sidney, toujours assis alors qu’elle était debout. « Est-ce que je peux savoir de quoi tu parles ? » Ses yeux observèrent le visage du jeune homme qui ne semblait pas à l’aise, habité par un sentiment de peur. Tout chez lui indiquait qu’il avait quelque chose à dissimuler et la blonde voulait savoir ce qu’il cherchait à cacher. Pourquoi jouait-il l’homme mystérieux alors qu’un simple baiser n’engageait à rien ? Pourquoi parler de temps à perdre et compagnie ? Elle ne parvenait pas à saisir la logique du jeune homme et cela lui arracha un nouveau soupir tandis qu’elle décroisait ses bras, passant une main à travers sa chevelure blonde. Commençant à faire les cent pas juste devant le brun, la jeune fille se stoppa au bout de quelques secondes de cette mascarade avant de plonger son regard dans celui du jeune homme, les sourcils froncés. « Pourquoi t’as plus de temps à perdre ? Dis-moi. Je partirais pas d’ici sans savoir Sidney » Se penchant en avant, elle approcha son visage de celui du jeune homme, les yeux toujours plongés dans le regard azur du jeune lion. « J’ai vraiment envie de savoir » La jeune fille insista sur le terme envie, faisant référence aux dires du rouge et or quelques minutes plus tôt. A ces mots qu’elle laissa échapper dans un souffle, elle rapprocha ses lèvres de celles du brun sans réellement les toucher. Les effleurant à peine, juste assez pour sentir le souffle ardent du jeune homme contre son visage, de sentir son odeur pleinement et de goûter à la saveur acide de ses lèvres, elle se recula, rouvrant les paupières. La verte et argent se passa alors la main dans les cheveux avant de lâcher une injure et de se laisser tomber de nouveau aux côtés de Sidney, mollement. Elle enfouit alors son visage dans ses mains, puis fit passer ces dernières sur sa nuque avant de relever le visage et de le tourner en direction du lion toujours à ses côtés. Laissant retomber ses mains sur leur banc de fortune, elle sentit les doigts de Sidney juste à côté des siens, et elle reprit rapidement la parole. « Je t’en veux pas. Pour l’autre fois je veux dire. » Un soupir traversa ses lèvres et elle reprit après une brève hésitation. « Normalement je t’en aurais voulu mais là non. J’sais pas pourquoi, faut croire que c’est un peu déroutant cette histoire, mais c’est comme ça, j’arrive pas à t’en vouloir. » Elle n’osait pas le regarder droit dans les yeux et continua donc en fixant son épaule. « Peut-être parce que j’ai pas trouvé ça si désagréable, peut-être parce que j’en avais aussi envie, j’en sais rien du tout. » Mordillant sa lèvre inférieure, la jeune fille releva les yeux d’un air timide, ne voulant pas voir quelle expression le visage du brun avait pris après ces dernières paroles. Puis, laissant sa lèvre tranquille, elle reprit dans un murmure. « Laisse-moi t’aider » A ces mots, elle approcha ses doigts de ceux de Sidney, exerçant une légère pression sur la main du rouge et or. Elle ne savait pas ce qui lui prenait, elle ne comprenait pas pourquoi elle agissait de la sorte avec lui alors qu’ils n’étaient pas si proches que ça en soit, hormis de baiser qu’ils avaient échangé par surprise. Mais quelque chose la poussait à laisser les barrières tomber devant lui, à laisser tomber le masque qu’elle portait en permanence. Elle n’avait jamais, ou très rarement, eut ce genre de comportements avec les autres élèves de Poudlard, mais avec lui, elle sentait que cela ne servait à rien de jouer son rôle de princesse de glace. Parce que ça ne collait pas, parce qu’il n’était certainement pas dupe de son petit numéro. Alors elle laissait tout tomber. Le brun exerçait sur elle une attirance étrange, une attirance enroulée de mystère qu’elle ne parvenait pas à percer mais qu’elle cherchait à déchiffrer. Elle ne pouvait pas lutter contre ça, elle avait déjà essayé de l’éviter, de lui parler le moins possible, mais aujourd’hui, elle avait peur. Peur parce qu’il parlait de temps perdu. Peur parce que, quelque part au fond d’elle, elle sentait que quelque chose de grave se tramait dans la vie du brun. Peur parce qu’elle sentait qu’il avait raison, que leur temps était fini, qu’une page allait tourner et que tous ces efforts avaient été stupides. Ce n’est lorsque quelque chose nous échappe que l’on se rend compte de sa vraie valeur, et à voir le visage de Sidney lui annoncer que les choses allaient changer, la jeune fille sentit une boule se former dans sa gorge. Parce que tout ne pouvait pas se conclure de cette manière, pas cette fois où elle décidait enfin de ne plus jouer à son rôle.

Une boule se formait progressivement dans la gorge de la jeune fille qui n'osait pas lever ses yeux bleus en direction du jeune homme, la brûlure honteuse de ses dernières paroles la marquant au fer rouge. Le vent se levait légèrement sur les étendues d'eau et un frisson parcourut l'échine de la jeune fille qui resserra les bras sur les côtés de son corps. Pourtant, ce frisson n'avait pas tout à voir avec les brises de vent qui n'avaient pas assez de force glaciale pour pénétrer les chairs de la demoiselle. Sentant le mouvement du brun, la vipère s'autorisa finalement à relever le visage et ses yeux se plantèrent immédiatement dans le regard du jeune lion, ne pouvant plus s'en détacher. Un violent frisson, plus fort que le précédent, fit remuer les fibres de la jeune femme tandis que ses tripes se contractaient violemment. La peau du jeune homme venant se poser à même la peau dénudée de la jeune femme, ses doigts englobant la joue pâle, son pouce exerçant une pression sur sa chair mise à nue de manière trop douce, trop inhabituelle. « Roxanne.. » Son prénom prononcée par cette voix fit battre son cœur légèrement plus vite tandis qu'elle se redressait imperceptiblement, essayant d'attraper au vol toutes les excuses, les réponses, que le brun allait pouvoir lui fournir. Elle se rattachait à cet espoir de voir enfin ses questions éclairées par des réponses qui sortaient tout droit de la bouche de l'intéressé et non pas de celles des commères qui peuplaient le château et déambulaient dans les couloirs en prêchant leurs bonnes paroles envenimées. Elle avait besoin de réponses, elle avait besoin d'être fixée. Que ce soit de la haine ou autre chose, elle avait besoin de savoir ce qui agitait ses tripes, et pourquoi toute cette agitation avait commencé. Elle avait besoin de savoir si lui aussi avait ce sentiment d'étouffer, s'il avait aussi les mots qui perdaient leurs sens et qui ne trouvaient plus le chemin de la bouche lorsqu'il se trouvait face à elle. Elle voulait des réponses, des pistes, des espoirs ou des réalités funestes. Mais pas de voiles de fumées, d’échappatoires ou de fuites. Elle était lasse de fuir à chaque fois, cachant tout derrière des montagnes de rictus et de piques qu'elle envoyait pour se protéger. Pour une fois, la vipère faisait front et allait chercher au fond du problème quitte à se dévoiler plus qu'il ne le fallait. Mais la lassitude étreignait ses muscles et elle n'avait plus la force de lutter contre ce regard chocolat qui la sondait comme un livre ouvert, qui l'avait surpris alors qu'elle n'avait jamais ressentit cela depuis de longues années. Le front du brun, brûlant sur la peau de la jeune femme, vint se caler sur son propre front et la blonde laissa ses paupières se fermer lentement tandis que le souffle des deux élèves se mélangeaient dans un tourbillon fiévreux. Devinant les mouvements du jeune homme à travers ses yeux clos, la jeune verte et argent sentit alors les lèvres auxquelles elle avait déjà goûté venir se caler contre les siennes, de manière beaucoup plus douce et prévisible que la dernière fois. Une caresse qu'elle accueillie avec plaisir, retrouvant le goût de ce lambeau de chair auquel elle avait déjà beaucoup trop pensé.

La vipère sentait que ces lèvres attendaient une réaction, et son cerveau endormi laissa libre cours à son corps qui prit le relais, répondant doucement, plus plus fermement, aux assauts du lion. Elle sentit les dents du rouge et or venir s'enfoncer légèrement dans la chair de ses lèvres, mais bientôt leur étreinte se termina et leurs visages se séparèrent. « Putain. » Rouvrant les paupières difficilement, la jeune fille releva les yeux et sentit la paume ardente du lionceau venir se poser sur sa main laissée sur le tronc d'arbre. Plongeant ses yeux dans ceux du jeune homme, elle essaya de décrypter ses gestes et ses paroles mais tout ce qu'elle y voyait n'était que confusion et néant. Elle n'arrivait pas à déterminer ce qu'il se passait dans l'esprit du jeune homme et elle détestait cette sensation de perdre pied et de ne pas pouvoir retomber sur ses pattes, cette sensation de ne pas avoir tous les éléments en main et de laisse à l'autre tout le champ d'action. Non, elle n'était pas ce genre de personne, elle avait besoin de contrôler, de savoir, de connaître, sinon elle paniquait et elle ne pouvait alors plus faire comme elle savait faire. Et avec Sidney, elle ne savait pas comment agir parce qu'elle ne savait pas contre quoi elle devait agir. Contre quoi se battait-il, contre quoi devait-elle se lever ? « Ce qui m'arrive est.. compliqué. » Un énième soupir traversa les lèvres de la jeune femme qui détourna les yeux du visage de son amant éphémère et leva sa main libre pour la passer dans ses cheveux. Ce mot la rendait folle, comme une ritournelle infinie derrière laquelle elle courrait sans jamais parvenir à la saisir. Ses lèvres fourmillaient toujours de l'échange qu'elles venaient d'avoir avec leurs jumelles et ses doigts glissèrent légèrement sur la chair avant de retomber mollement sur sa cuisse. « Je ne peux rien te dire de concret, crois moi, j'aimerais tellement. Mais rien que ton nom de famille.. Je pourrais t'attirer tellement d'ennuis, tu te rends pas compte. » Elle retint un ricanement qu'elle jugea alors trop déplacé mais l'envie était bien présente. Il ne se rendait pas compte qu'elle n'avait pas besoin de lui pour être dans les ennuis. Sa sortie de Poudlard était plus qu'incertaine et son nom de famille, comme il le disait si bien de sa voix rauque, était suffisant pour l'envoyer croupir dans une cellule froide et inhabitée jusqu'à la fin de ses jours. Mais elle ne comprenait toujours pas. Pourquoi tant de détours, de périphrases. Pourquoi tourner autour du pot sous prétexte de la protéger alors qu'elle était déjà assez ciblée comme ça. Elle ne voyait pas comment il pouvait la mettre en danger plus que son frère qui avait à son actif des actes de rébellion que le régime n'acceptait pas. La blonde sentit la main du bru trembler au dessus de la sienne et elle vint déposer l'autre juste au-dessus, dans le but de le calmer. Ses yeux fixaient un point près du visage du lion sans jamais se poser sur celui-ci, de peur d'exploser devant tant de mystère. « Je ne vais pas pouvoir rester à Gryffondor. Je vais arrêter les cours, faire autre chose de ma vie. » La boule revint se former dans la gorge de la jeune femme mais elle acquiesça en silence, bougeant seulement la tête au rythme des rafales de vent, n'osant pas ouvrir la bouche de peur de déverser un flot de paroles inutiles et pathétiques. L'idée se formait petit à petit dans son esprit qui réfutait pourtant ce qu'il avait sous les yeux. La nature humaine se cache de ce qui fait mal et c'est ce que la raison de la jeune femme faisait, se dissimulant sous l'espoir d'avoir mal perçut la nuance, l'espoir d'avoir mal saisi les propos. Et pourtant, l'ultime coup de couteau fut porté et la raison de la jeune vipère ne pût davantage se dérober. « Ne laisse personne savoir qu'on se connaissait. Personne. S'ils te font du mal à cause de ma fuite je- Il faut que je m'en aille d'ici Roxanne. » La blonde déglutit avec difficulté tandis que ses yeux dérivaient enfin sur le visage du brun, observant ses paupières closes tandis qu'elle sentait sa gorge la brûler. Ses doigts se refermèrent dans un spasme nerveux autour de phalanges du jeune homme et elle laissa le silence venir tenir compagnie au vent qui soufflait. Un raclement de gorge vint finalement le briser et elle laissa enfin échapper sa parole désormais précieuse. « Je comprend. » Non. Elle ne comprenait pas, et elle ne voulait pas comprendre. Égoïstement, elle s'attachait à cette idéal. Parce qu'elle rageait de ne pas avoir eu le temps d'essayer, de ne pas s'être donné une chance. Le temps leur arrachait une chance à peine éclose, un germe encore grandissant. Le temps ne faisait pas son travail, sa face cachée, vicieuse, leur coupait leur chance avant même qu'ils aient pût y goûter.

Parce que, lorsqu'elle trouvait enfin une bribe d'espoir, quand elle trouvait enfin le courage de laisser tomber le masque devant un personne qui n'appartenait pas à la même catégorie sociale Poudlarienne qu'elle, le temps s'amusait à lui arracher de manière violente et inattendue. Comme s'il riait de la voir errer davantage dans les couloirs de l'incertitude et du questionnement, comme s'il voulait la voir renfermer davantage la sincérité et laisser échapper la haine à la place de l'espérance. « Y a d'autres solutions » Dans un souffle, elle laissa échapper une dernière tentative pour se raccrocher égoïstement à lui, même si elle savait qu'elle se mentait autant qu'elle lui mentait à lui. Elle ne connaissait pas les sombres recoins de cette histoire, de son histoire, mais elle savait que des instances supérieures étaient en jeu, des instances contre lesquelles ils ne pouvaient lutter. Les larmes, la douleur, le sang et la mort planaient au dessus de leurs têtes depuis que les Mangemorts laissaient échapper leurs instincts primaires sur quiconque se dressait. Et elle savait, peut-être mieux qu'un autre élève dont le nom ne colle pas à la peau, qu'il fallait adhérer, ou mourir. La fuite. Elle ne se rendait pas compte , ou du moins seulement de son point de vue narcissique et égocentriste. Sa main glissa sur les doigts du jeune homme et elle déroba l'autre de l'emprise du jeune lion. Puis elle la releva et vint la poser sur la joue du brun, tout comme il l'avait fait avec elle quelques minutes plus tôt. « Ils ne me feront pas de mal. Heureusement pour moi, ils ne penseront pas que je pouvais traîner avec toi » Elle laissa échapper un ricanement triste avant de relever les yeux, son doigt formant un cercle sur la peau lisse du rouge et or. « T-tu fais ce qui est le mieux. T'as dût assez y réfléchir et- » Ses mots se bloquèrent dans sa gorge et elle s'arrêta un instant, avant de laisser glisser ses doigts le long de la joue du jeune homme puis de les laisser retomber. Elle se redressa alors, décollant son corps du banc improvisé sur lequel il reposait et fit face à l'étendue glacée et calme devant elle. Enfin, elle se tourna vers le jeune homme, et dans un dernier geste, se pencha vers lui, scellant ses lèvres aux siennes une dernières fois. Leurs souffles mêlés, elle laissa échapper une dernière phrase. « Te fais pas attraper. Jamais. » Les corps se séparèrent et la blonde glissa ses mains dans ses poches avant de tourner les talons, une boule grossissante dans sa gorge l'empêchant d'émettre un son de plus, et elle emprunta la route qui la menait vers le château, empruntant un chemin différent que celui vers lequel les pas du lion le menaient désormais.