APRIL ET ROXANNE

Elle? Pour qu'elle contribue a la science, il faudrait qu'ils recommencent a envoyer des singes dans l'espace. sheldon.thebigbangtheory

Elle allait tuer quelqu’un. Oui, elle allait tuer quelqu’un, elle ne savait pas encore qui, mais ce qui était sûr c’est qu’elle devait passer ses nerfs sur la première victime qui passerait sous ses yeux assassins, et elle allait la tuer. Elle devait se calmer et elle ne voyait aucune meilleure option. La verte et argent enrageait, elle écumait de rage, elle avait juste envie de tout détruire tellement elle en avait marre et qu’elle était à deux doigts d’exploser. Pourquoi ? Pourquoi était-ce elle et elle seule qui se retrouvait en retenue avec l’autre courge d’Alterman tandis que Londubat rejoignait tranquillement son dortoir comme si de rien était. Alors que tout cela était de sa faute, de sa faute et seulement la sienne. Elle aurait tout donné pour tuer la jaune et noir de ses propres doigts mais pour le moment elle avait d’autres soucis en tête. La blonde décroisa ses longues jambes avant de lancer un regard noir à un première année qui l’avait frôlé d’un peu trop près dans la salle commune. Ce dernier s’empressa de fuir à l’opposé de la pièce tandis que Roxanne serrait les poings, s’enfonçant les ongles dans la chair sans même s’en rendre compte. Le pire dans toute cette histoire c’est qu’elle avait eu le temps de ressasser ce moment fatidique où Alterman l’avait envoyé en colle, et sa colère n’en avait pas été atténuée. Non, la seule chose qui sortait de tout cela c’était la fureur de la blonde, sa fureur grandissante. Mais elle ne pouvait rien faire, elle n’était pas assez stupide pour s’attaquer à une adulte, elle n’avait pas envie de se retrouver dans les cachots de Poudlard à se faire torturer comme un animal avec lequel on s’amuse avant de le tuer. A cette simple pensée, la jeune fille sentit un frisson remonter le long de son échine et elle frissonna avant de retourner sur terre à l’appel de son nom. « Alors comme ça t’as colle avec Alterman ce soir ? » La blonde rouvrit ses yeux bleus et les tourna vers son voisin qui la regardait comme si c’était la dernière fois qu’il avait l’occasion de la voir. Non mais c’est bon, elle n’allait pas crever cette nuit non plus, elle allait juste passer la pire nuit de sa vie en compagnie de la pire personne qui cette terre n’a jamais porté. Au fond ce n’était pas si grave que ça. Soupirant de rage, la jeune fille desserra ses poings qui commençaient à lui faire mal et posa ses mains sur les accoudoirs du lourd fauteuil sur lequel elle était assise. « Tout ça à cause de cette… cette, putain. » La jeune fille était tellement sur les nerfs depuis sa dernière entrevue avec Londubat qui l’avait conduite à aller en retenue qu’elle n’arrivait même pas à poser des mots sur ce qu’elle ressentait vis-à-vis d’elle. C’était bien plus fort que des mots, c’était innommable tellement elle avait envie de la rayer de la surface de la terre. « T’inquiète, Alterman elle parle elle parle, mais je suis sûr qu’elle agit pas » Bien sûr, et tu crois encore au Père Noël aussi ? Non sérieusement, il fallait arrêter de lui parler parce que là elle devenait encore plus acide et peste que d’habitude, et elle devait se calmer avant de se retrouver face à Alterman, parce que sinon elle allait exploser et ça n’allait pas être bon pour elle. Du tout. « Ouais ouais c’est ça » marmonna la demoiselle avant de se lever et de tourner les talons pour se rendre dans son dortoir. Arrivée en haut, elle jeta un coup d’œil à sa montre et vit qu’elle avait encore un bon quart d’heure avant de devoir se rendre dans le parc où elle avait rendez-vous pour sa retenue. Dans le parc, avec ce temps. Alterman voulait sa mort, y avait vraiment aucun doute là-dessus. Si Mme avait vécu chez les sauvages et supportait le froid, Roxanne elle était une fille civilisé, et sortir par un temps pareil pour aller vagabonder dans la boue, très peu pour elle. Sérieusement, on engageait n’importe qui dans cette foutue école. La vipère ouvrit sa valise d’un geste rageur avant d’en sortir un épais pull noir qu’elle enfila par-dessus son tee-shirt. Puis elle trouva une veste noire qu’elle ajouta à sa tenue, sans oublier son écharpe qu’elle enroula fortement autour de son cou. Pour finir, elle enfila ses ballerines plutôt que ses chaussures à talons, parce qu’elle se voyait mal aller gambader dans la boue en talons de douze. Refermant sa valise, la jeune fille attrapa sa baguette qu’elle rangea dans la poche intérieure de sa veste et redescendit dans la salle commune. La vipère passa devant le feu de cheminé où quelques amis la saluèrent d’un air dépité pour elle, puis elle sortit de la salle commune, la tête haute. Elle n’allait pas se laisser faire si facilement, elle n’était pas là pour se faire traîner dans la boue de la sorte – dans tous les sens du terme.

Ses chaussures claquant sur la pierre froide et humide des pavés, la jeune fille emprunta les escaliers qui la menèrent au hall d’entrée, cherchant désespérément des yeux quelque chose à faire, comme si une idée allait tomber du ciel et lui montrer que sa vie n’était pas si nulle que ça au fond. Ses yeux azur se posèrent alors sur la silhouette d’un deuxième année qui passait par là, et elle décida de se diriger vers lui. De toute manière, elle n’avait rien de mieux à se mettre sous la dent et elle devait lâcher ses nerfs avant neuf heures, il en allait de sa propre survie. « Hey machin, on t’as jamais dit que se promener dans les couloirs à neuf heures c’est pas autorisé ? » Le deuxième année leva les yeux vers la jeune fille, son visage se teintant d’une expression d’effroi. « Mais je-je retournais dans ma salle commune » Les yeux de la blonde se posèrent sur le blason du garçon elle une grimace traversa ses traits lorsqu’elle reconnut le blaireau aux couleurs jaune et noir. Encore un Poufsouffle. Décidément il avait mal choisit son jour celui-ci, Roxanne ne pouvait plus voir les jaunes en peinture depuis l’incident avec Louise, et malheureusement pour lui, la jeune fille n’était vraiment pas partiale. Tous dans le même panier, et c’est tout. « Un Poufsouffle ? Sérieusement ? Déjà que t’es pas beau, tu commences vraiment mal dans la vie. » Le deuxième année semblait s’être pris une gifle lorsqu’il leva les yeux vers la demoiselle qui affichait à présent un sourire sadique sur ses lèvres. « Non vraiment, t’as des amis ? Y a des personnes qui osent encore t’adresser la parole ? Enfin, à part ses voisins de classe bien sûr, mais encore eux ils sont obligés donc ça compte pas vraiment » Bingo, les yeux du gamin commencèrent à se remplir de larmes, et la première coula le long de sa joue une seconde plus tard. Puis la seconde, et encore, et encore. Ce fut un déluge de larmes, une hécatombe. Grimaçant, Roxanne décroisa les bras pour aller donner un coup sur l’épaule du deuxième année ce qui eut pour effet de redoubler ses pleurs. « Arrête de pleurer, c’est bon faut bien qu’un jour ou l’autre t’affronte la vérité. Et pleurer ça te servira à rien, sinon à être encore plus ridicule que tu l’es déjà » La vipère recula d’un pas et profita du spectacle que lui offrait le jaune et noir. Elle se sentait déjà plus légère que quelques minutes avant, son venin était enfin sortit, elle pouvait aller en retenue l’esprit tranquille. Moins à nerfs, donc moins de chances de dire une connerie qui la mènerait aux cachots. Souriant, la jeune fille adressa à peine un regard au garçon qui continuait de pleurer avant de tourner les talons pour sortir dans le parc. « Arrête de chialer et rentre dans ta salle commune avant que j’appelle un pion » Elle entendit avec satisfaction les bruits de pas du jaune retentir sur le sol, et bientôt ils s’évanouirent dans la nuit, au moment même où la jeune fille passait les lourdes portes d’entrées du château. Son sourire diminua quelque peu lorsqu’elle sentit une bourrasque de vent lui soulever les cheveux, mais elle n’y prêta pas attention et commença à avancer dans les allées désertes du parc. Elle n’y voyait presque rien, la seule source de lumière étant la lune, et les fenêtres allumées du château. Mais elle préféra ne pas sortir sa baguette, elle ne voulait pas donner une bonne raison à sa prof de lui en faire encore plus baver. La jeune fille continua donc son périple lentement, en faisant attention à ne pas se prendre les pieds dans une racine ou un quelconque élément qui pouvait la faire tomber. Jetant un coup d’œil à sa montre, elle vit qu’elle avait deux minutes de retard, et pressa donc légèrement le pas sans pour autant se mettre à courir. Inutile. Lorsqu’elle arriva au niveau du cours de soins aux créatures magiques, pas d’Alterman à l’horizon. Elle était en retard, ça commençait vachement bien.

La bonne humeur éphémère de la vipère commençait à retomber lentement, mais elle prit son mal en patience et attendit sa prof, s’enveloppant dans ses bras pour ne pas avoir trop froid même si elle était dans un coin peu attaqué par les bourrasques de vent. Quelques minutes plus tard, qui lui parurent des heures, la jeune fille vit débarquer sa prof, la bouche en cœur. Bon Dieu qu’elle détestait cette fille. Déjà elle enseignait un cours inutile au possible, et en plus elle avait un air que la verte et argent ne pouvait pas supporter. Le genre de fille qui se donne un genre alors que pas du tout. Elle la prenait de haut comme si elle savait tout mieux que tout le monde alors que son seul rôle était de lui apprendre comment bouffe un crabe de feu. Sérieux y a plus glorieux comme boulot, alors qu’elle arrête de se vanter comme une idiote. Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, la première chose que Roxanne remarqua ce fut ce sourire moqueur que sa prof tentait en vain de cacher. Elle allait la buter. Ça la faisait marrer qu’elle attende comme une débile dans le froid tout ça parce que madame avait dû passer une heure à se regarder dans le miroir ? Quelle conne. Mais elle ne dit rien, elle garda son visage impassible, en toutes circonstances. « J’espère que tu as pensé à prendre sa baguette. » « Non non, j’ai pris une pelle et un seau gneee » La jeune fille profita que sa prof baisse les yeux vers ses chaussures pour lever les yeux au ciel, se mordant la langue pour ne pas lui répondre que sa baguette elle pouvait se la foutre là où elle pensait. « Avant toute chose je voudrais que tu m’explique ce que tu faisais dans cette salle de cours avec Londubat et pourquoi tu as fais exploser les vitres avec ta baguette. D’ailleurs estime-toi heureuse que vous soyez tombé sur moi et non sur quelqu’un d’autre. » Elle était sérieuse ? Non vraiment c’était pas une blague ? La verte et argent aurait bien explosé de rire si seulement elle avait été en situation propice au fou-rire. Elle avait eu de la chance ? De la chance ? Non mais elles ne devaient pas avoir les mêmes notions de chance et de malchance, parce que sur une échelle de un à dix, la jeune fille était à moins dix-mille niveau chance. Elle aurait encore préféré tomber sur un détraqueur que de devoir fermer sa gueule devant Alterman. Alors non, elle ne s’estimait pas heureuse parce que c’était tout le contraire. Respirant, la jeune fille prit sur elle pour adopter un ton neutre tandis qu’elle répondait à son professeur. « Louise a fait tomber des armures, on s’est réfugié dans la salle, c’est tout » Et les fenêtres ont explosé par l’opération du Saint-Esprit, oui oui c’est vrai je vous jure, moi j’ai rien fait. De toute manière Roxanne parlait au vent puisque Alterman ne lui portait pas la moindre attention. Elle allait vraiment la buter, c’était officiel. « Ouai ok. » Conasse. « Hier un de tes petit camarade complètement abrutit à laisser filer un porsion, du coup il faut qu’on aille en rechercher un. Ce qui est embêtant c’est que quand vous les étudiez j’ai déjà préalablement enlevé le venin de leur dard mais là il va falloir l’attraper au risque de se faire piquer. Et tu vas t’en charger. Et fais attention où tu marche il a plut cette nuit du coup c’est une vraie marre boueuse. » Ah bah bien sûr, appelons la boniche Weasley pour réparer les conneries des autres. Elle détestait le système horrible de cette école. Ils avaient qu’à demander à l’autre abruti qui laisse des animaux s’échapper de se démerder quitte à y laisser sa peau. Pourquoi c’était à elle de faire le sale boulot ? Et l’autre qui voulait qu’elle se fasse piquer. Autant lancer un Avada Kedavra tout de suite, c’est plus rapide. Quant à la boue, tant pis, elle avait déjà vécu pire en compagnie d’une certaine camarade de sa maison qui s’était amusée à la jeter dans la boue. Mais elle avait eu sa revanche, ne vous inquiétez pas. A ce souvenir un léger sourire s’étala sur les lèvres de la jeune fille qui reprit cependant bien vite ses esprits lorsqu’elle sentit le regard pesant de son prof sur elle. La vipère leva les yeux pour voir Alterman sourire comme si elle venait d’ouvrir ses cadeaux de Noël. Cette femme était une plaie vivante. Passant une main dans ses cheveux, la jeune fille lui renvoya son sourire comme si cette retenue allait être le meilleur moment de sa vie. Elle allait la faire enrager, mais elle ne pourrait rien faire contre elle. Jamais elle n’oserait l’insulter ou lui manquer de respect en la touchant ou en la poussant. Mais lui sourire comme si tout cela lui était égal, alors ça oui. « Très bien. On y va ? » Sourire aux lèvres, la jeune fille amorça un pas en direction de la forêt interdite avant de se raviser et de revenir à sa place initiale. « Juste une petite question, c’est quoi un porsion ? Faudrait que je saches à quoi ça ressemble pour pouvoir l’attraper » Ajoutant un sourire tout ce qui y a de plus sincère -ahem- mais pas du tout moqueur -elle avait l'habitude de jouer la comédie la petite- la jeune fille attendit la réponse d’Alterman. Oh bien sûr elle savait bien ce que c’était que cet animal (un animal ignoble et inutile soi-dit au passage, comme la plupart des animaux qui étaient étudiés dans le cours de soins aux créatures magiques mais passons ce léger détail), mais elle voulait juste montrer à sa prof que ses cours étaient bien la dernière chose à laquelle elle s’intéressait. Mais en toute discrétion, bien entendu.

APRIL ET ROXANNE

Elle? Pour qu'elle contribue a la science, il faudrait qu'ils recommencent a envoyer des singes dans l'espace. sheldon.thebigbangtheory

Roxanne n’était pas bête. Ce n’était pas une de ces filles idiotes qui pouffent dès qu’un garçon daigne poser son regard bovin sur elles, ce n’était pas le genre à sortir des inepties toutes les deux minutes, et elle était loin d’avoir de mauvaises notes, même si la plupart de ses devoirs étaient rédigés par Louise. Roxanne avait de nombreux défauts, mais elle n’était pas bête et malheureusement elle se rendait parfaitement compte que devant Alterman, elle avait juste à fermer sa bouche et accepter sans rechigner tout ce que sa prof voulait faire. Et cela la faisait enrager plus que ça ne devrait. La vipère détestait devoir s’aplatir devant quelqu’un, surtout quelqu’un d’aussi stupide que sa prof, prof de soins aux créatures magiques quand même, elle n’avait pas du inventer l’eau chaude cette grognasse. Mais qu’importe, elle devait se taire, elle ne pouvait pas lui renvoyer des répliques cinglantes et acides en plein visage alors qu’elle mourrait d’envie de le faire. Mais se retrouver dans un cachot à se faire torturer n’était pas une hypothèse envisageable. Alors elle faisait des détours, elle lui tenait tête à sa manière, utilisant moult artifices pour faire sortir sa prof de ses gonds, tout en restant dans les limites du raisonnable pour ne pas qu’elle ait une bonne raison de l’envoyer au purgatoire. Sourire aux lèvres, la verte et argent questionna sa prof au sujet des porsions, ces créatures répugnantes. Sérieusement, ce cours devait sans doute être le cours le plus inutile jamais créé par l’être humain, parce que savoir ce que bouffe un scrout à pétard ce n’est pas vraiment ça qui va vous aider dans la vie de tous les jours. Mais bon, le système scolaire a ses failles, la preuve se tenait juste devant les yeux de la blonde. Alterman renvoya son sourire à Roxanne qui ne perdit pas pour autant le sien, prête à en découdre avec cette mégère. « C’est vrai que votre maison n’est pas réputée pour sa grande intelligence… » C’est vrai que toi ton intelligence remarquable t’a vachement aidé dans la vie. Prof à Poudlard, que rêver de mieux ? Mais la blonde ne répondit rien, elle continua à sourire même si elle avait une forte envie de se jeter sur Alterman pour lui arracher les yeux et les donner à manger aux créatures qu’elle soignait. Mais non, attend d’être sortie de Poudlard pour la tuer, t’auras déjà moins de problèmes avec la direction. Notant dans un recoin de sa tête qu’elle devait tuer Alterman lorsqu’elle serait sortie de Poudlard, la verte et argent regarda sa prof sortir sa baguette et commencer ses explications à propos des porsions. « Etant donné que c’est toi qui va devoir l’attraper je veux bien te répondre. Un Porsion est une sorte de clonage entre un scorpion et un sanglier. Il a pratiquement toutes les caractéristiques du sanglier mais il a une queue de scorpion, et donc un dard, de 2 mètre 50 de haut, une simple piqûre ou effleurement et le poison te tuera en moins de trois minutes. Voilà. » Charmante créature n’est-ce pas ? Je pense en adopter un d’ailleurs. La blonde ne se défit pas de son sourire même si son cœur commençait à s’emballer légèrement. Se retrouver en face de ce monstre en pleine nuit n’était pas vraiment la meilleure chose à laquelle elle rêvait, mais bon apparemment elle était obligée de passer par là si elle voulait retourner dans son dortoir. Au pire elle pousserait Alterman devant elle, la laisserait se faire bouffer dans écouter ses hurlements dans la nuit et irait raconter aux autres profs qu’Alterman a sacrifié sa vie pour sauver celle de son élève. On lui remettrait une médaille posthume, Roxanne serait choyée après cette douloureuse expérience, et tout le monde serait content. C’était une idée formidable, la blonde s’étonna elle-même d’avoir des lueurs de génie de la sorte. « Charmant » murmura la vipère mais Alterman ne l’entendit même pas puisqu’elle avait déjà tourné les talons pour traverser la lisière de la forêt, obligeant Roxanne à la suivre.

Marmonnant dans sa barbe, la vipère ouvrit sa veste pour aller récupérer sa baguette dans la poche intérieure et elle la garda fermement dans sa main, ses doigts se crispant autour du morceau de bois. Elle faisait peut-être la fière devant sa prof, parce qu’il s’agissait là d’une question d’égo, mais elle flippait quand même un peu. Normal en même temps, se retrouver face à une créature capable de vous tuer en un mouvement, c’était pas vraiment très rassurant. Mais elle devait faire bonne figure juste pour clouer le bec de cette prof qui la prenait pour un vulgaire pion et qui pensait que, parce qu’elle avait un peu de pouvoir, elle pouvait la traiter comme bon lui semble. Normalement ça c’était le rôle de Roxanne, et cette dernière n’aimait vraiment pas que les rôles soient inversés. C’était elle qui avait du pouvoir, et se retrouver face à une idiote contre laquelle elle ne pouvait même pas porter la main, ça la mettait dans tous ses états. « Attention à la… » La jeune fille n’eut même pas le temps d’entendre la fin de la phrase de la brune puisqu’elle sentit ses pieds s’accrocher à quelque chose. Perdant l’équilibre, elle s’imaginait déjà tomber tête la première dans la boue nauséabonde lorsqu’elle sentit une force la retenir. Deux secondes plus tard elle était de nouveau sur ses deux pieds, fermement appuyés contre le sol. Les ongles de sa prof desserrèrent leur étreinte sur le bras de Roxanne qui ne la remercia même pas de l’avoir aidé à ne pas se ramasser. Plutôt crever. « Regarde où tu mets les pieds la prochaine fois je te retiendrais pas tu es prévenue. » Ne te donne pas cette peine le prochaine fois grognasse. Maintenant la vipère allait devoir passer quatre heures sous la douche à frotter à la pierre ponce l’endroit où la main de sa prof avait touché sa peau. A cette image, la jeune fille sentit un frisson lui parcourir l’échine et elle grimaça. Elle l’avait touché et en plus elle voulait qu’elle la remercie, non mais vraiment le monde ne tourne pas rond dans sa tête vide. Bon ok, elle l’avait aidé à ne pas tomber comme un gros tas dans la boue, mais dans la tête de Roxanne ça ne sonnait pas du tout de cette manière-là. Sa logique était parfois … originale. « Aller dépêche toi on n’a pas toute la nuit. » Ah ouais ? Sérieux ? Non mais au pire on reste là toute la nuit, et demain matin on se fait un petit brunch entre copines en rigolant de cette folle nuit ! Quel beau souvenir ça allait être. La verte et argent emboîta le pas de sa prof qui avait de nouveau tourné les talons et elle leva sa baguette pour s’éclairer à son tour. Elle n’avait pas envie de se reprendre une racine et que l’autre folle la retouche une seconde fois. Sinon elle allait devoir passer en cabine de désinfection. Murmurant « Lumos » la jeune fille allongea le bras pour avoir une vision plus étendue du sol jonché de racines qui sortaient de la terre fraiche et boueuse. Charmant comme endroit, ça donne vraiment envie d’aller étudier à Poudlard. Ils auraient mieux fait de tout raser et de construire un centre de hammam. Ça au moins c’était moins dangereux qu’une forêt où vous pouvez crever à n’importe quelle minute. « Enfoiré » Malgré le léger vent qui secouait les arbres et les bruits de leurs pas dans la boue, la jeune fille entendit plus ou moins clairement sa prof énoncer à haute voix ses pensées. Un rictus malsain se dessina sur ses lèvres tandis qu’elle continuait à se frayer un chemin entre les racines et autres bouts de bois qui jonchaient le sol. Cette femme était folle, voilà qu’elle commençait à parler seule, et à insulter des gens qui n’étaient pas avec elle. Quand je vous disais qu’elle était tarée, personne ne veut jamais me croire. Elle parlait peut-être de son copain ? C'est peut-être pour ça qu'elle est si chiante, parce que son copain est un vrai connard avec elle ? Non impossible, elle ne devait pas avoir de mec, elle avait l'air bien trop chiante pour que quelqu'un puisse la supporter plus de deux minutes. Comment ça je suis méchante ? Continuant sa marche silencieuse, la blonde ne dit rien, perdue dans ses pensées. Elle avait juste hâte de sortir de cette forêt maudite et de rentrer dans son dortoir, s’allonger dans son lit et ne plus jamais se relever. « Sort ta baguette et reste sur tes gardes. » Non mais t’es bigleuse ou quoi ? Débilos elle est sortie ma baguette. Roulant des yeux, la jeune fille regarda le dos d’Alterman comme s’il s’agissait de la chose la plus répugnante qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de voir dans sa vie, et continua à marcher tandis qu’Alterman reprenait elle aussi sa marche. Plus les deux femmes s’avançaient dans les noirceurs de la forêt, plus le silence ne faisait pesant. Déjà le vent ne soufflait plus, les arbres ne bougeaient pas d’un poil, leurs feuilles pendaient, immobiles. Les ombres bougeaient à mesure que les deux sorcières avançaient, donnant à leur escapade une dimension morbide quelque peu dérangeante. La seule source de lumière étant la lune, l’éclairage était d’un pâle cadavérique et tout cela ne rassurait pas le moins du monde la vipère qui serra davantage sa baguette, enfonçant ses ongles dans la chair de sa paume. Un nouveau frisson vint lui parcourir l’échine tandis qu’un froissement de feuilles lui parvint aux oreilles. Se retournant, elle leva sa baguette mais elle ne vit rien d’autre que le vide, le néant. Elle avait dû rêver. Fronçant les sourcils, la verte et argent continua sa marche, accélérant le pas pour se rapprocher de sa professeure. Même si elle la détestait, elle ne pourrait jamais sortir vivante de cet endroit si elle l’abandonnait. Alterman connaissait les recoins de la forêt, Roxanne beaucoup moins. Alors sa survie dépendait surtout de cette débile, même si jamais elle ne pourrait le dire à voix haute. Collant aux basques de la brune, la jeune fille continua à jeter des regards sur sa droite et sa gauche, mais rien ne vint troubler sa vision. Il ne se passait strictement rien, elles étaient seules dans cette forêt pour le moment.

Soupirant d’aise, la jeune fille fut cependant bientôt envahie d’une nouvelle vague de panique lorsqu’un nouveau bruit se fit entendre. Cette fois-ci la jeune fille se stoppa net. Levant sa baguette qui tremblait légèrement, la jeune fille serra sa prise sur le morceau de bois pour qu’il arrêter de bouger de la sorte et regarda les alentours. Elle ne savait pas si Alterman s’était arrêtée à son tour, mais elle s’en foutait bien en cet instant précis. Elle avait entendu un bruit, cette fois-ci elle en était sûre, et si quelqu’un – ou plutôt quelque chose – les suivaient, ça n’annonçait rien de bon, pour aucune des deux. Plissant les yeux pour mieux voir dans ces ténèbres obscurs, la jeune fille fit un bosquet bougé légèrement. Sursautant, elle recula d’un pas avant de reposer son regard azur sur ce bosquet qui ne remit à bouger. Soit elle était droguée et elle voyait des choses, soit il y a avait un truc dans ces feuillages. Optant pour la deuxième solution puisqu’elle ne se souvenait pas avoir pris de drogues, la jeune fille recula encore d’un pas. Son pied fut arrêté par le tronc d’un arbre mais la vipère ne quittait plus le bosquet des yeux. « Ça bouge » Elle avait murmuré ces deux mots, et il était sûr et certain que sa prof n’avait rien entendu, même si elle était à un mètre d’elle. « Là, ça bouge » Sa voix se fit plus forte, sans trémolo. L’autre avait intérêt à rappliquer rapidement, sinon elle allait crever là, bouffée par un bosquet vivant. Sympa comme mort. La jeune fille entendit des pas se rapprocher d’elle mais elle ne bougea pas, ne tournant même pas la tête. Elle gardait le regard rivé sur ces feuillages qui bougeaient, la main levée pour allumer l’endroit. Puis, d’un coup, un bruit sourd résonna dans ses oreilles. Baissant les yeux, la jeune fille vit une sorte de serpent sortir du bosquet. Mais ce serpent ne rampait pas, et il avait une tête bizarre. Une tête qui ressemblait plus à une pique qu’à une tête. Les deux neurones de la jeune fille se connectèrent et elle sentit son cœur louper un battement. « Euh … vous aviez pas dit que les porsions avaient une queue de scorpion par hasard ? » Mais sa question vola dans les airs et n’eut pas de réponse puisque la queue qui sortait du bosquet se souleva pour aller s’abattre sur les deux sorcières. Retrouvant l’usage de ses membres, la vipère plongea sur le côté pour éviter tout contact avec ce dard mortel. Relevant la tête, elle vit sa prof quelques mètres plus loin, et un bruit annonçant que le porsion sortait enfin de sa cachette lui parvint aux oreilles. C’était finit, elle allait crever comme la dernière des malotrus avec la pire prof de tous les temps, et personne n’allait jamais se souvenir de son nom. « Et comment on les attrape ces trucs-là ? Vous auriez peut-être pût préciser ça avant non ? » La voix de la jeune fille résonna dans la forêt. Elle était énervée. Maintenant qu’elle se retrouvait devant cette bête immonde, elle ne savait pas comment faire pour éviter de se faire buter. Très intelligente la prof, vraiment. La jeune fille alla se réfugier derrière un arbre pour éviter que la créature ne la voie, et elle se rapprocha de sa prof. Arrivée à sa hauteur, elle se baissa pour se mettre au même niveau qu’Alterman qui était accroupie sur le sol. « Sérieux on fait quoi ? Je pense pas qu’il va se rendre gentimment pour qu'on lui foute une muselière de merde » La panique lui faisait dire des conneries, jamais elle n’aurait osé sortir une grossièreté devant sa prof, mais là elle s’en foutait pas mal. Un gros mot vaut toujours mieux qu’une mort lente et douloureuse.

APRIL ET ROXANNE

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La soirée de la verte et argent était sans doute LA soirée de l’année. En effet, se retrouver en colle, en compagnie d’une prof à moitié folle c’est déjà bien. Mais alors, aller dans la forêt interdite pour aller chercher une créature plus dangereuse qu’un dragon en colère, et se retrouver face à la bête en question, alors là c’est vraiment ce dont rêvent tous les élèves de cette école. Et bien sûr, c’est Roxanne Weasley qui avait eu l’immense privilège de passer cette soirée de rêve. Non vraiment, elle avait beaucoup de chance, il n’y avait pas photo sur ce point ci. Tandis qu’elle regardait le bosquet bouger, la jeune fille parvint à sortie une phrase au prix d’un douloureux effort. La seule réponse qu’elle eut de la part d’Alterman fut un « Tais-toi… » amical et sympathique. Bah ouais bien sûr, je vais rester là les bras croisés à attendre qu’une bestiole dégueulasse vienne me tuer. La jeune fille, paniquée et se foutant totalement de l’avis de la folle dingue, continua à parler ce qui parut déplaire à son professeur qui vint lui attraper le poignet avec force avant d’essayer de lui dire quelque chose. Mais la queue du porsion vint couper les paroles de la brune qui fut obligée de lâcher le bras de Roxanne pour éviter le dard mortel de la créature. Roxanne fit de même et plongea sur le côté. Son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine tellement il battait fort, et elle avait presque l’impression qu’il allait tomber à ses pieds d’une seconde à l’autre. C’était sans doute la situation la plus cauchemardesque qu’elle aurait jamais pût vivre. Se frottant le poignet à l’endroit où Alterman l’avait attrapé de manière violente, la jeune fille grimaça avant de chercher des yeux sa prof qui gisait non loin d’elle. La queue du porsion avait disparu de son champ de vision mais elle demeura toute de même penchée en avant pour éviter tout risque de se faire piquer par cette bête en colère. Un sifflement retentit aux oreilles de la jeune fille qui se précipita derrière un tronc d’arbre, le souffle haletant et le cœur battant à vive allure. Elle allait crever ici. Elle allait crever ici, à seize ans, en compagnie d’une prof horrible, et personne ne pourrait jamais retrouver son cadavre. Elle vit sa prof la rejoindre derrière le tronc d’arbre et la verte et argent s’empressa de lui demander comment elles allaient faire pour se sortir de ce mauvais pas, la panique laissant place à un flot de paroles qu’elle n’arrivait pas à contenir. Elle avait envie de tuer Alterman pour avoir osé l’emmener dans la forêt avec elle. Mais cette dernière décida de jouer à la conne et vint plaquer sa main sur la bouche de la vipère qui sentit une odeur de boue lui parvenir aux narines. Quelle horreur, et quelle salope. Elle lui foutait sa main sur la bouche comme ça, comme si elle pensait qu’elle avait un quelconque droit sur elle. Ok elle était prof, très bien pour elle. Mais ça ne lui permettait pas de se comporter avec ses élèves comme si elle était leur mère, et de se permettre de faire comme si tout lui était permis. « Mais tu vas la fermer bon sang ! Tu ne vois pas que chaque fois que tu ouvres la bouche pour parler, tu l’attires ? Si tu avais écouté les cours au lieu de te faire les ongles tu aurais su que les porsions sont aveugles, ils se guident à l’aide de leur sens surdéveloppé et donc l’ouïe…toi comprendre ? Donc maintenant tu vas fermer ta gueule sinon je ferais en sorte que tu le fasses, hors de question que je crève ici par ta faute… » Si tes cours étaient plus intéressants peut-être qu’on passerait moins de temps à regarder nos fourches et plus de temps à t’écouter parler, mais malheureusement ce n’est pas le cas. Et puis franchement, si Roxanne avait sût qu’elle allait un jour se retrouver face à une bête pareille, elle aurait peut-être prit la peine d’écouter. Mais malheureusement elle n’envisage aucune voie professionnelle qui inclut la présence de monstres mortels, donc le cours de soins aux créatures magiques est sans doute le plus inutile à ses yeux. Dommage. Et en plus elle avait le culot de l’accuser ? Elle osait dire que c’était de sa faute si elles allaient crever là comme deux grosses merdes ? Non mais c’est l’hôpital qui se fout de la charité là. Roxanne aurait été bien mieux dans son lit, elle n’avait aucune envie de faire une promenade nocturne dans la forêt interdite, fallait peut-être qu’Alterman se mette ça dans la tête une bonne fois pour toutes. La blonde avait envie de lui attraper le bras et de lui dire ses quatre vérités mais le bruit de la bête qui renifla lui coupa toute envie d’ouvrir la bouche une nouvelle fois alors elle ne fit rien. Elle ne dit rien lorsque Alterman l’obligea à reculer, elle ne dit rien non plus lorsqu’elle ôta enfin sa main de ses lèvres. Malheureusement, tandis que les deux femmes marchaient, un pied se posa sur une branche d’arbre qui craqua. Roxanne se crispa, n’osant même plus esquisser le moindre geste. Le silence s'abattu quelques secondes dans la forêt avant que le porsion n’attaque de nouveau et que sa queue fende l’air en quelques secondes. La blonde sentit Alterman la tirer vers elle violemment et elle sentit une bourrasque de vent la frôler. Elle comprit alors que la queue du porsion était passée près d’elle et à cette idée elle sentit ses jambes flageoler légèrement. Elle allait vraiment crever cette nuit, ce n’était pas possible autrement. De nouveau cachée à l’abri d’un tronc d’arbre, la jeune fille tenta de respirer le plus silencieusement possible, au prix d’un grand effort.

Ses oreilles sifflaient, et son corps était parcouru de frissons et de légers tremblements. Elle n’avait jamais eu affaire à une bête pareille, ce qui était normal étant donné que ce n’est pas vraiment le genre de choses qu’une fille de seize ans s’amuse à faire le samedi soir. Et elle était paniquée, terrorisée et tétanisée. Elle ne savait pas quoi faire, et elle ne devait pas parler. Alors oui, là elle sentait qu’elle allait finir par crever, et elle n’avait pas envie de mourir dans ces conditions-là. « Retire ce que j’ai dit. Parle. Raconte ce que tu veux mais parle, fais du bruit, je veux que tu attires le porsion vers toi et je me charge du reste. » Mais elle allait la buter, sérieusement, c’était plus fort qu’elle. Elle jouait vraiment à un jeu malsain cette prof. Elle voulait quoi au juste ? Rendre Roxanne folle à lier avant de la donner en pâture à la bestiole ? Bah oui, quoi de plus facile ? Et puis bien sûr Roxanne allait devoir aller au front et affronter cette ignoble bestiole en risquant de se faire piquer par un dard au poison mortel, tout ça pour les beaux yeux de sa prof. Connasse, c’est ton job pas le mien. Moi je suis censée avoir de bonnes notes, pas d’appâter un monstre mortel, faut peut-être remettre les choses à leur place. Mais elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit puisque sa prof contourna l’arbre, la laissant de nouveau seule. La voix d’Alterman lui cria de nouveau de parler mais la jeune verte et argent était trop paralysée pour faire ou dire quoi que ce soit. « Oui moi comprendre » marmonna-t-elle dans sa barbe en tentant de calmer ses nerfs. Elle rêvait juste de rentrer dans son dortoir et d’oublier cette horrible soirée. Mais elle n’allait pas lui faire ce plaisir, elle n’allait pas lui laisser croire qu’elle n’était pas capable d’affronter quelque chose de dangereux. Elle voulait lui montrer que même si elle n’écoutait pas la moitié de ses cours, elle n’était pas idiote, et qu’elle était capable d’obéir aux ordres d’une folle à lier sans broncher et sans paniquer. Oui, la jeune Weasley avait un tel orgueil qu’un jour cette volonté de vouloir paraître plus forte que tout le monde allait finir par la tuer. Comme ce soir par exemple. Parce que si elle n’était pas si orgueilleuse, elle n’allait pas se lever et se mettre à découvert devant la créature. Mais elle le fit. En effet, la jeune fille prit une grande bouffée d’air tout en serrant sa baguette tellement fortement qu’elle sentit ses ongles s’enfoncer dans la paume de sa main. Puis, s’appuyant contre le sol boueux, elle se releva de toute sa hauteur et fit quelques pas pour se décaler de son emplacement. S’adossant contre un tronc d’arbre, elle inspira profondément une nouvelle fois et, après s’être raclé la gorge, elle parvint à sortir une phrase. « Donc maintenant on envoie les élèves à l’abattoir ? Bel esprit. » Un sifflement fendit l’air et la queue du porsion vint s’écraser contre le tronc d’arbre à quelques centimètres de la tête de la jeune fille. De petits morceaux de bois lui tombèrent sur le crâne tandis qu’elle se baissait et se décalait encore de quelques pas. Il voulait jouer, on allait jouer. Alterman voulait qu’elle parle, elle allait parler. « Si jamais je meurs ce soir, j’espère vraiment que vous êtes capable de bien dissimuler vos meurtres parce que vous allez avoir quelques problèmes. » A part Voldemort, peu d’adultes avaient le droit de tuer des élèves, des sang-purs qui plus est, de sang-froid et en toute impunité. Oui ils étaient Mangemorts, oui ils avaient tous les droits. Mais faut pas déconner non plus. La queue du porsion s’abattit de nouveau, à côté du pied de la verte cette fois-ci qui souleva la jambe pour l’éviter. Le dard s’abattit dans la boue, faisant gicler celle-ci sur la jambe de la blonde qui eut une mine dégoûtée mais qui tâcha de ne pas y faire attention. Se décalant de nouveau, elle continua sa tirade solitaire. « Ah mais je vois. C’est parce que je suis une Weasley ? » Ce qui aurait pût être logique, étant donné que le nom Weasley était équivalent à une des pires injures dans le dictionnaire du parfait Mangemort. « Ou bien c’est parce que vous avez juste la haine contre moi ? » Un bruit sourd interrompu la blonde dans sa phrase. La queue du porsion venait de tomber contre une énorme pierre, la pulvérisant littéralement. Ok, la bête commençait à vraiment être énervée et Roxanne ne voyait pas la trace d’Alterman dans les environs. Si cette salope était partie en la laissant toute seule, alors là ça allait vraiment mal se passer. Elle allait trouver un moyen de sortir de cette forêt, retrouver Alterman et la tuer de ses propres mains en la donnant à bouffer à n’importe quelle créature. Vraiment, elle n’avait pas intérêt à être partie sinon … Essayant de virer cette idée de son esprit, la jeune fille s’éloigna davantage du porsion tout en continuant à parler. « Tu sais que t’es très moche toi ? Franchement dégueu comme créature » Il était peut-être temps que sa prof intervienne dans cette histoire parce que là elle commençait à être à court de place pour bouger. Le porsion quant à lui ne cessait de la suivre à la trace, guidé par le son de sa voix qui s’élevait dans le silence absolu de la forêt. Reculant davantage, la jeune fille sentit son pied s’accrocher dans quelque chose. Essayant de se détacher, elle eut un frisson lorsqu’elle sentit qu’elle n’arrivait pas à s’extirper de son piège. Baissant sa baguette et prononçant « Lumos », elle vit que son pied s’était accroché dans une racine et qu’il était bloqué. Bon bah adieu. Ce fut un plaisir de passer seize belles années sur Terre, vraiment c’était sympa. « Bordel de merde » La jeune fille se baissa tandis que la queue du porsion passait juste au-dessus de sa tête et sa baguette tomba sur le sol et alla rouler à quelques centimètres d’elle, mais trop loin pour qu’elle l’attrape. De mieux en mieux. Attrapant à deux mains son pied bloqué dans la racine au niveau de la cheville, elle tira tellement fort qu’elle parvint à s’extirper de là, mais y laissa sa ballerine. Tant pis, une ballerine ça vaut moins qu’une vie. Roulant sur le côté, elle eut le temps de voir le dard s’écraser pile sur la racine et elle déglutit lorsqu’elle vit la racine exploser en mille morceaux, en imaginant ce que ça aurait pu donner sur sa propre tête. Rattrapant sa baguette, elle se releva et sentit de la boue sur son pied à présent nu, mais elle n’y fit pas attention. Elle devait être immonde : cheveux ébouriffés, couverte de boue, une chaussure manquante, des égratignures sur la joue. Magnifique. « Ça commence à chauffer par ici putain » En gros, bouge ton cul bordel de merde sinon je vais crever. Alterman avait intérêt à se magner, parce qu’elle n’allait pas réussir à esquiver le dard empoissonné de la créature toute la nuit. Le porsion se retourna de nouveau vers la jeune fille qui anticipa et se décala en allant se cacher derrière un tronc d’arbre tandis que la queue s’abattait à l’endroit pile où elle se tenait tout à l’heure. Vraiment, il faudrait penser à intervenir là.

APRIL ET ROXANNE

Elle? Pour qu'elle contribue a la science, il faudrait qu'ils recommencent a envoyer des singes dans l'espace. sheldon.thebigbangtheory

La blonde ne voyait plus rien, plus rien excepté le dard du porsion qui ne cessait de s’abattre à l’endroit où elle se trouvait quelques secondes auparavant, tout au plus. Son cœur lui martelait la poitrine, lui donnant des douleurs sèches et peu agréables. Son souffle, saccadé à force de courir d’un bout à l’autre de la forêt pour tenter d’échapper à une mort horrible et douloureuse, lui brûlait les poumons. L’air froid, ajouté au goût amer qui envahissait sa bouche et sa gorge dès qu’elle prenait la parole, ne faisait que lui brûler toute la trachée, descendant dans ses poumons qui étaient comme brûlés à vif. Plus jamais elle ne remettrait les pieds dans cette partie de la forêt, et surtout pas en compagnie d’Alterman qui ne voulait qu’une seule chose, que la vipère se fasse dévorer et déchiqueter comme un vulgaire morceau de viande. La douleur et la frayeur qui faisait pulser son cœur, envoyant son sang plus rapidement que jamais dans ses veines, lui avaient coupé toute envie de braver les interdits du règlement. Plus jamais elle ne viendrait ici, pas dans cette partie dénuée de lumière en tout cas. Quant à Alterman, elle tombait encore plus bas dans l’estime de la vipère, ce qui était un exploit en soit. La Weasley n’attendait plus qu’une chose, trouver un moyen de se venger de la brune sans risquer de se faire torturer. Elle allait inventer une vengeance qui ne l’exposerait pas aux foudres colériques de sa professeure, et elle savourerait ce plat qu’elle mangerait glacé. Oui, Alterman allait payer, tôt ou tard, et Roxanne se promettait qu’un jour elle allait faire regretter à cette brune de l’avoir emmené dans les recoins les plus reculés de cette forêt dont seul le nom évoquait les dangers qui y habitaient. Mais la vipère ne se faisait pas de fausses idées, elle avait conscience d’avoir les mains liées tant qu’elle serait dans l’enceinte du château. Alterman avait dix ans de plus qu’elle, une autorité que la blonde ne possédait pas, et un caractère de merde que Roxanne n’aurait jamais. Mais il ne fallait pas s’avouer vaincue. Un jour, par un quelconque moyen, elle trouverait la faiblesse de cette folle, et elle l’utiliserait contre elle. Déjà, dès demain, le château allait se remplir de rumeurs lancées par la blonde des serpents, des rumeurs à propos d’une certaine professeure. Même si Alterman devait bien se foutre royalement de ce que les élèves pensaient d’elle, Roxanne allait propager des potins à propos d’elle, histoire que tout le monde sache qui était vraiment cette tarée. Et peut-être même que certains potins allaient parvenir aux oreilles du corps professoral. Et eux, avaient beaucoup plus d’arguments face à la brune. Il n’y avait qu’à voir la façon dont Alterman et Kensington se regardaient, sans parler de Löfgren. Les trois étaient de pures tarées, des Mangemortes sans pitié, et peut-être qu’avec un peu de chances elles pourraient s’entretuer. C’était une possibilité qu’il ne fallait pas exclure tant les trois jeunes femmes possédaient un orgueil et une fierté hors-normes. Mais pour l’instant, la principale préoccupation de la blonde était de sortir en vie de cette forêt, et elle tentait du mieux qu’elle pouvait d’échapper au poison mortel de cette créature infâme et puante qui ne cessait de tenter de la tuer. Elle réfléchirait aux horreurs qu’elle pouvait balancer sur le dos d’Alterman demain, cette nuit elle avait plus envie de survivre que de se venger de sa professeure. Professeure qui avait d’ailleurs disparut du champ de vision de Roxane. Dans un dernier élan de survie animale, la blonde demanda de l’aide à sa professeure, lui faisant clairement comprendre que si elle ne bougeait pas son gros cul elle risquait de se retrouver avec un cadavre sur les bras. Si au moins la mort de Roxanne pouvait entraîner d’horribles tortures pour Alterman, la blonde en aurait été contente. Mais elle se doutait bien que la mort d’une Weasley ne devait pas préoccuper grand monde dans ce château, et cette malade mentale s’en sortirait indemne. Chienne de vie.

Esquivant un nouveau coup de dard, la jeune femme entendit soudain un bruit sourd et lorsqu’elle leva les yeux, elle vit Alterman sur le dos du porsion. Porsion qui ne semblait pas vraiment heureux qu’on le prenne pour un cheval. Sa queue s’agitait dans tous les sens, sifflant au-dessus de la tête de la vipère mais aussi de la brune qui semblait avoir du mal à garder l’équilibre sur cette créature en furie. Reculant en s’appuyant sur ses mains, la jeune fille observa le spectacle qui se déroulait sous ses yeux, attendant de voir si Alterman allait avoir le dessus ou si Roxanne allait se retrouver avec une professeure morte et un porsion encore plus en colère qu’avant. Pour une fois, elle espérait vraiment qu’Alterman s’en sorte, puisque dans le cas contraire cela signerait son arrêt de mort. La vipère aperçut une espèce de seringue que la brune planta dans le dos de l’animal, sans doute un anesthésiant ou quelque chose du style. Roxanne n’était pas vraiment bien placée pour savoir ce que sa professeure faisait, elle espérait juste qu’elle, elle sache ce qu’elle était en train de faire. Finalement, après un combat silencieux qui dura quelques secondes, mais qui semblèrent durer des heures à Roxanne, le corps de la créature fléchit, tombant lourdement sur le sol. La queue qui se terminait par le dard mortel de la bête vint s’abattre avec force à quelques centimètres du corps de Roxanne qui resta pétrifiée, ses yeux azur se posant sur le pique au poison mortel. Le calme revint alors dans la forêt, et la blonde ne pût retenir un soupir de soulagement tandis que son cœur ne cessait pas de battre à vive allure. Le souffle haletant, elle resta assise, ne bougeant pas. Elle devait faire de la peine à voir, un pied dénudé, les cheveux en bataille, des morceaux de bois et de la boue sur le corps et le visage, mais pour la première fois de sa vie elle se fichait bien de son aspect. De toute manière, seule Alterman était témoin de cet état de disgrâce, et Roxanne se fichait bien de savoir si Alterman la trouvait bien ou pas. Vu la féminité de sa professeure, elle n’avait pas vraiment de quoi la juger. « Bien joué Weasley finalement tu n’es pas aussi inutile que je le pensais. » La voix d’Alterman sortit la blonde de ses pensées floues et elle releva le visage vers la brune qui la regardait, un sourire aux lèvres. Mais de rien, ce fut un plaisir, on recommence quand tu veux. Ne répondant rien, la blonde décida tout de même de bouger. Elle n’allait pas rester assise devant elle, comme une débile profonde incapable de bouger un seul doigt. Comme si elle avait reçu une décharge électrique, la blonde reprit possession de ses moyens, son cerveau émergeant difficilement de cette douloureuse épreuve. Prenant appui sur ses deux mains, la jeune fille se releva, son pied nu touchant le sol sale et boueux de la forêt. Mais elle ne prit même pas la peine d’épousseter ses vêtements, ça ne servait à rien. Ils étaient irrécupérables, il valait mieux qu’elle les brûle vu l’état lamentable dans lequel ils étaient. « Tu as perdu une chaussure Cendrillon. » Ah bon sérieux ? J’avais pas remarqué Sherlock Holmes. Ne répondant rien, de toute manière Alterman se détournait déjà d’elle, la vipère se contenta de se diriger vers la racine qui retenait encore prisonnière sa ballerine. Se penchant en avant, elle arracha la chaussure, qui résista quelque peu, de son piège avant de plier son genou de sorte qu’elle puisse se chausser. Lorsqu’elle eut reposé le pied à terre, la voix d’Alterman s’éleva dans les airs et Roxanne ne pût s’empêcher de rouler des yeux, fatiguée d’entendre cette voix résonner dans ses oreilles. « Un détail que j’ai oublié de te préciser. La magie ne marche pas sur les porsions. C’est aussi pour ça que leurs venins est si précieux, rien ne peut le guérir. Ni magie. Ni médecine. » Ça me servira la prochaine fois que je voudrais aller chercher du venin de porsion. Ah mais attends, ça n’arrivera jamais. Non mais sérieusement, Alterman pensait vraiment que Roxanne s’intéressait aux caractéristiques magiques de cet espèce de truc immonde et difforme qui était dangereux et dont le seul intérêt était de posséder du venin. Non merci, sans façon.

Se retournant vers Alterman qui était accroupie à côté du porsion endormi, la jeune fille attendit que la brune ait terminé son petit travail. Lorsque ce fut fait, la voix d’Alterman résonna de nouveaux aux oreilles de la jeune fille. « Il va rester comme ça une quinzaine de minutes, le temps que nous quittions la forêt alors si tu ne veux pas danser le tango avec lui je te conseille de récupérer ta chaussure et de magner ton cul Weasley. » J’ai pas eu besoin de toi pour récupérer ma chaussure, pas envie d’avoir le pied nécrosé parce qu’il est devenu complètement gelé. Secouant la tête discrètement, la blonde avança d’un pas et ouvrit la bouche, mais sa professeure fut plus rapide qu’elle. « Ah et au fait. Je ne t’aime pas. Pas à cause de ton nom de famille ou de ta maison, ou de ta couleur de cheveux ou peu importe, mais juste parce que tu es toi, les pimbèches dans ton genre je ne les aime pas, c’est tout. » Et bien tu ne dois pas aimer grand monde alors, parce que Poudlard est envahi de pimbèches comme tu dis. Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de la blonde tandis qu’Alterman lui tournait le dos, s’avançant vers le chemin de la sortie. « Si vous le dîtes. Mais je sais très bien que mon nom de famille n’est pas aimé des Mangemorts. Après si vous ne m’aimez pas pour d’autres raisons, c’est bien dommage » Ironie quand tu nous tiens. Se taisant, la jeune fille se contenta d’emboîter le pas d’Alterman en silence, pour enfin sortir de cette forêt maudite où la mort rôde à chaque arbre. Elle n’avait qu’une hâte, rentrer dans son dortoir et s’enfouir sous ses couvertures après avoir pris une longue douche pour se débarrasser de tous les débris de bois et de feuilles qui s’emmêlaient avec ses cheveux. Tandis qu’elle marchait, la blonde se calma, son cœur reprenant un rythme normal même si elle se méfiait quand même des alentours de la forêt. Les craquements de branches et les sifflements de vent ne la mettaient pas à l’aise, et elle avait peur de voir le porsion surgir devant elles, l’effet de la potion que lui avait administré la brune ne durant peut-être pas quinze minutes. Sa cheville lui faisait mal et elle sentait quelques endroits de son corps et de son visage la brûler, sans doute des égratignures qui étaient encore à vifs. Passant une main dans ses cheveux désormais secs et sales, la blonde continua sa route silencieuse en direction du château, ne parlant pas à Alterman, gardant seulement sa baguette levée pour pouvoir suivre le dos de sa professeure, histoire de ne pas se perdre dans ce labyrinthe. Finalement, la silhouette du château se dessina bientôt les yeux azur de la blonde, quelques fenêtres étant encore allumées même si la plupart des vitres étaient complètement noires et opaques. Les deux femmes traversèrent le parc en silence, arrivant bientôt devant les lourdes portes du château qu’Alterman ouvrit d’un coup de baguette magique tandis que Roxanne rangeait la sienne dans la poche de sa veste. Enfin, elles pénétrèrent dans le hall et c’est là que leurs chemins se croisèrent. Sans prononcer un seul mot ou même adresser un regard à Alterman, la blonde se dirigea vers les cachots, la vue de cet endroit qu’elle connaissait la soulageant. Le château était bien plus sûr et accueillant que la forêt, elle ne pouvait pas le nier. Plus jamais elle ne se retrouverait en colle avec cette tarée, elle préférait encore passer sa journée à aider les elfes de maison des cuisines plutôt que de passer quelques heures en compagnie de cette malade mentale.

RP TERMINÉ