Ici on aime se casser la gueule les gobelins Noah s’était réveillée avec des envies de meurtres. Cette gamine de première année avait ENCORE UNE FOIS mis son réveil merdique avec la chanson du nouveau boys band moldu à la mode. Noah a tendance à souvent exagérer mais très honnêtement, vous auriez été là, vous en aurez fait autant.

La pauvre Milady Dawson faisait à présent le bonheur de Mimi Geignarde en décorant ses toilettes d’une substance brunâtre qui ressemblait étrangement à la soupe aux oignons de la veille au soir. Noah pensa qu’elle en avait pour un bon bout de temps à vomir ainsi. Le marron était une couleur charmante et puis ça irait avec… Epargnons nos âmes innocentes de certains détails scatologiques. Le fait était qu’elle avait largement mérité ce qui lui arrivait.

C’était un samedi des plus ordinaires. Marcus et elle avaient convenu la veille qu’ils profiteraient de leur matinée libre pour s’entraîner un peu au karaté. Enfin s’entraîner… Noah considérait plutôt ça comme un simple jeu, mais pour Marcus l’enjeu était tout autre. Il voulait réellement progresser. Il y avait du boulot, c’était vrai, mais Noah tentait de se montrer plutôt encourageante et pédagogique (ou « tentait » était le bon mot). Non mais sérieusement, elle y mettait de la bonne volonté –parfois. Et puis Marcus était plutôt amusant, et même si pour l’instant il ne progressait pas vraiment (ils avaient commencé les cours à peine cette année) c’était toujours un plaisir de pouvoir renouer avec sa passion pour les arts martiaux… et accessoirement, de pouvoir coller une patate à un bleu. En se lavant le visage, Noah eut la gorge nouée en pensant à son père, qui lui avait transmis sa passion pour ce sport moldu peu connu des sorciers.

Noah avait des souvenirs merveilleux avec son père, le défunt Fayez Hollows. De son vivant, il était un homme plein de ressources, extrêmement brillant et ambitieux : un ancien Serpentard qui rêvait d’un monde un peu trop parfait. Au début, s’il était Mangemort, c’était parce qu’il croyait réellement que cela permettrait un avenir meilleur et que c’était la bonne voie pour ce monde si fragile. Après tout, tout son entourage était de cet avis, il avait grandi dans une ambiance pro-Voldemort : pourquoi serait-ce mal ? Cet Harry Potter n’avait eu que ce qu’il méritait pour s’être opposé au Seigneur des Ténèbres, selon lui (et le fait qu’il ait lâchement abandonné Poudlard confirmait le fait qu’il ne valait pas mieux qu’une chaussette délabrée). Ce n’était pas une lutte du mal contre le bien, mais simple une lutte entre des personnes qui croyaient chacun en leurs idées et qui les savaient bonnes. Au fond, qui pouvait juger du bien et du mal ? Qui était le mieux placé pour ça ? Personne.

Noah avait refusé de s’engager à Poudlard. Elle s’était dite Impartiale. Sa mère moldue l’était également, mais ce n’était pas pour cette raison là qu’elle n’avait pas voulu être Obscure. Les idées contre les nés-moldus étaient trop sombres pour elle. Fayez l’avait appris à ses dépends en tombant amoureux d’une moldue et en se faisant rejeter de sa célèbre lignée de sangs-pur. Et encore si ça avait été le seul : il avait une sœur qui avait eu le malheur d’être Cracmolle. Les Hollows ne lui firent pas plus de cadeaux et n’eurent certainement pas plus pitié d’elle.

Cependant, Noah l’avait toujours connu Mangemort, jusqu’à la fin. Il n’avait jamais cessé d’y croire. Noah trouvait cela stupide, mais elle s’y était faite. Il était loin d’être aussi extrémiste que certains, ça ne l’avait pas vraiment dérangé que son père soit comme ça et puis Fayez était toujours adorable avec sa famille : on ne pouvait rien lui reprocher. Jusqu’à son dernier souffle, il avait cru en Voldemort. Un simple adverbe était insuffisant pour dire à quel point Noah avait souffert de sa mort. « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », qu’ils disent. Jamais elle ne s’était senti aussi seule, aussi faible. Le pire, c’était qu’elle avait l’impression de ne rien savoir de son père. Elle eut beau retourner le problème dans tous les sens, elle ne trouva pas d’autre solutions pour honorer sa mémoire. Cette année, le camp des Obscurs avaient eu la « joie » de compter un nouveau membre de Poufsouffle parmi eux. Elle était déterminée à savoir pourquoi son père croyait autant en un avenir pareil, malgré tout ce qu’il avait pu traverser. D’ailleurs, c’était indirectement ça qui avait fait qu’elle connaissait Marcus. Vous me direz qu’il était Impartial, mais c’était plus ou moins par le biais d’Ellio qu’elle l’avait rencontré, un nouveau tout comme elle chez les Obscurs… Enfin après, les circonstances de la rencontre, c’était une histoire un peu plus compliquée. Elle sourit en repensant à l’expression étonnée de Marcus, ce jour-là à la bibliothèque. Eh oui strangulot, les filles ne font pas toutes de la danse en tutu et il y en a un petit paquet qui savent se défendre quand on les provoque…

Ils s’étaient donné rendez-vous dans la salle sur demande, beaucoup plus approprié que n’importe quel endroit dans Poudlard pour ce genre d’activité. Ils avaient déjà essayé dans le parc (trop de gens trop curieux), dans la forêt interdite (pas très pratique), dans une salle désaffectée (pas trop de place) et même salle des armures (aoutch). Heureusement que Lily lui avait soufflé l’existence de cette salle plus si secrète que ça maintenant, la dernière fois lors de leurs fameuses colles hebdomadaires. C’était dans ces moments là qu’on se rendait compte que parfois c’était cool de lire et de savoir des choses. Oh mais bien sûr, Noah lisait, mais le strict nécessaire pour avoir des notes passables en cours. Et puis elle ne lisait jamais durant l’année scolaire, juste pendant les vacances d’été lors desquelles elle retenait presque tout, grâce à sa mémoire fantastique. C’était d’un ennui les vacances d’été, sans les amis de Poudlard…

Noah ne put résister à la tentation, sur le chemin vers le septième étage, d’aller voir la malheureuse Milady au réveil suicidaire. Elle la retrouva en train de se faire consoler par Mimi Geignarde, qui n’avait pas été épargnée dans sa vie, elle aussi. Noah prit un air profondément et sincèrement désolé, en lui faisant remarquer toutefois qu’elle l’avait mérité : ce n’était pas tout le monde qui aimait se lever avec la nouvelle chanson des MECSTROOOSEXY dans la tête. Elle lui fit la morale comme quoi, il fallait respecter ses camarades et que si elle n’était pas intervenue, ça aurait été bien pire. Elle lui dit qu’elle n’était vraiment pas la pire des salopes et qu’en matière de Poufsouffle, il y avait plus cruelle qu’elle. Un jour ou l’autre, on lui aurait fait un coup bas dans le genre la dénoncer carrément aux Mangemorts (elle aurait eu un endoloris obligé) ou ils l’auraient couverte de furoncles pour le restant de ses jours. En gros, Noah avait été particulièrement adorable ce coup-ci, et ça lui avait servi au moins d’avertissement. Une matinée à gerber était un prix tout à fait correct à payer pour ce genre ce dérangement. Au moins elle était prévenue.

Noah quitta la pièce sous le regard interloqué et encore mouillé de larme de Milady mais aussi sous les jurons indécents émis par Mimi Geignarde qui ne semblait par super convaincue de la bonne foi de Noah (entre nous, qui le serait…). Elle se dirigea donc de bonne humeur vers la salle sur demande. Elle fit le petit rituel que lui avait décrit Lily pour y pénétrer. Devant elle s’étendait à présent un dojo immense : surement la moitié d’un terrain de Quidditch, au moins. Satisfaite, elle alla enfiler une tenue et accrochée dans un coin. En attendant Marcus, elle fit quelques étirements, deux trois roues, cinq ou six saltos arrières et avant … La routine quoi. Lorsque Marcus arriva, elle était en train en train de faire le tour du dojo sur les mains. Elle vint à sa rencontre au milieu du tatami, un peu essoufflée (ah quand même) mais fit des pieds et des mains pour ne pas le lui montrer. Pour frimer, elle s’adressa à lui toujours dans la même position, ses cheveux ramenés en une natte touchant le sol :

« Hey Marcus ! J’espère que tu t’es entraîné depuis la dernière fois ! Parce que d’après mes souvenirs, c’était pas fameux. Allez hop ! On ne perd pas de temps je dois aller à Pré-au-Lard faire quelques emplettes après. » Elle commençait un peu à culpabiliser pour Milady, et elle songeait sérieusement lui acheter un joli réveil magique, comme celui que son père avait eu, qui avait pour particularité de ne réveiller que son propriétaire. « Pour s’échauffer, quelques pompes et abdos, ça fait toujours du bien. T’as l’habitude de toute façon maintenant. Bon. » Elle fit une pause. « Trente de chaque ! Et que ça saute ! Allez allez ! » Dit Noah en tentant de le motiver un peu. Lentement, elle s’assit en tailleur, les bras croisés, un sourire un brin sadique aux lèvres, en attendant que le Serpentard s’exécute. Ca promettait d’être marrant. Ils avaient un programme très chargé.

S’étirant de tous ses membres, le rouquin s’étira dans son lit, roulant sur le côté et se redressant pour se retrouver assis au bord de son lit, cherchant ses chaussons avec ses pieds avant de les trouver et de les enfiler. Se frottant les yeux tout en se levant pour aller dans la salle de bain, le vert et argent n’était pas le seul à avoir un réveil plutôt brutal : ses camarades de dortoir grommelaient également alors qu’ils se réveillaient comme s’ils avaient été dérangés. Bon … Ils l’avaient peut-être été, ce matin les quatrièmes années n’avaient pas cours… Mais bon ça ne voulait pas dire qu’ils pouvaient faire la grasse matinée… D’abord parce que le petit déjeuner n’allait pas être servi quand ils le voudraient, et puis on était encore en période scolaire. Fallait bosser ! Souriant à moitié endormi d’avoir dérangé les autres, le rouquin poussa un juron qu’il voulut étouffer alors que son pied heurtait l’encadrement de la porte.Ah put… Chiottes de m… Parfaitement réveillé, le gamin se prépara rapidement comme à son habitude rapidement avant de remonter à la surface pour prendre son petit déjeuner. Guettant la table des Poufsouffle, le gamin n’aperçut pas celle qu’il voulait voir. En espérant que madame s’était levé au lieu de dormir toute la matinée… Elle lui avait déjà fait le coup et lui était resté là à attendre comme un parfait imbécile. Allant s’asseoir à la table des Serpentards à côté d’Ariel, le rouquin la salua, tout sourire. Il aimait bien Ariel. En même temps comment pouvait-on ne pas l’apprécier ? Septième année, cool, sympa, belle –bah ouais eh-, et capitaine de l’équipe de Quidditch de Serpentard. La classe quoi. Et en plus elle l’aimait bien –enfin il pensait que c’était le cas. Elle lui avait fait une place dans l’équipe de Quidditch, en lui faisant miroiter tout ce qu’il aurait à gagner. En échange ? Elle capitaine. Chose faite. Bon c’était peut-être pas correct m’enfin bon … Comment lui dire non aussi… Ah si, Blake elle elle l’aimait pas ! Se retournant vers la table des Gryffondors il aperçut Blake en grande discussion avec Albus. Ce dernier l’ayant dans l’axe, lui fit un sourire pour le saluer. Hein ? Ah ouais… Il était ‘‘pote’’ avec Albus Potter lui aussi c’était vrai… Faisant un petit signe de la tête gentillet en guise de réponse, le rouquin se retourna bien vite alors qu’il voyait au dernier moment sa sœur se retourner d’un coup. L’air de rien, le garçon continua à manger, demandant impunément à la brune à côté de lui quand aurait lieu le prochain entraînement, comme si il ne sentait pas sur lui le regard plein de reproches de son ainée. Se levant finalement après avoir avalé une tartine et une tasse de café, le gamin trouva cela suffisant… Mieux valait pas trop manger sous peine de vomir ses tripes devant la détestable tornade blonde.

Noah… ça faisait maintenant plusieurs mois qu’ils se donnaient rendez-vous à travers tout le château pour qu’elle lui enseigne son style de combat qu’on voyait que dans les films moldus chinois. Le Karate. C’était l’un des (rares) avantages à avoir un parent moldu… Au moins avait-il un peu de culture de ce point de vue-là. Niveau karate il connaissait ses classiques : Bruce Lee, le seul l’unique. Bon Noah en mauvaise langue qu’elle était lui dirait que ce n’était pas du karate qu’il faisait m’enfin ça y ressemblait drôlement. Et puis ça venait du même coin quoi. Mais bon mieux valait qu’il garde ça pour lui. S’il la contrariait en plus de lui foutre la misère elle refuserait de continuer à lui ‘‘dispenser son enseignement’’ comme elle l’avait déjà fait quand il lui avait répondu au tout début de leurs cours. Pour qu’elle recommence, madame avait voulu qu’il se mette à genoux. Le calvaire. L’humiliation totale quoi… Bourreau. Et puis c’était quoi ces cours qu’elle lui dispensait hein ? Depuis le début il ne voyait pas clairement s’il avait progressé ou pas. Pour lui, tout ce qu’ils faisaient pendant leurs séances c’était une pâle réplique des mauvais films d’arts martiaux. Il devait lui montrer du respect alors qu’elle le faisait voler à travers la pièce, encore et encore. Quel enseignement … Comme si ça allait l’aider … Quoique maintenant il ne se faisait plus si mal quand elle le faisait tomber, et il sentait moins ses coups de poing, de pied, et ses droites… Plus résistant ? Mouais toujours utile mais ce n’était pas ce qu’il lui avait demandé de lui apprendre. Il n’avait pas pour vocation de devenir un punchingball, mais le lui dire était –il fallait le dire- un peu effrayant. Cette fausse blonde amicale était un monstre. Beaucoup la pensaient gentille parce qu’ils la trouvaient mignonne, souriante, jeune et surtout Poufsouffle. Mais les apparences étaient trompeuses. Cette fille c’était juste un vrai tyran. Comment Ellio faisait pour être ami avec cette peste ? Le rouquin se souvenait encore comment elle l’avait humilié alors qu’il avait tenté de l’arrêter quand elle fouillait dans son sac… Non mais sérieux quoi ! C’était elle qu’était en tort et elle avait osé lui faire une clé de bras ! Il avait fallu un moment avant que le Serpentard ravale son orgueil et lui dise cash qu’il voulait qu’elle lui apprenne. Et bizarrement elle avait accepté ! Mais pas parce qu’elle était sympa et attentionnée, ça il l’avait appris pas longtemps après. Non. Parce qu’elle devait aimer taper et tyranniser les gens. Ou seulement lui peut-être.

Rentrant dans la salle sur demande, le gamin la vit dans une position bizarre, sur les mains, ses cheveux qui ressemblaient plus à de la paille qu’autre chose touchant le sol alors qu’elle s’approchait de lui toujours dans la même position pour lui dicter ce qu’il avait à faire. [coor=orangered]« Hey Marcus ! J’espère que tu t’es entraîné depuis la dernière fois ! Parce que d’après mes souvenirs, c’était pas fameux. Allez hop ! On ne perd pas de temps je dois aller à Pré-au-Lard faire quelques emplettes après. »[/color]. Ah non même pas en fait. « ‘jour. »Comment ça pas fameux ? Elle ne s’était jamais dit que s’il ne progressait pas c’était sa faute à elle ? Si ça se trouvait elle faisait tout pour qu’il stagne pour le garder comme bouc-émissaire … C’était quoi déjà le mouvement qu’elle lui avait montré la dernière fois ? Ah oui … Coup de pied sur le côté. Qu’est-ce qu’il avait envie de tenter de l’attaquer dans cette position d’équilibriste dans laquelle elle se plaisait sûrement à lui parler pour lui montrer qu’elle gérait. Mais bon. Elle allait se relever et le lui faire payer donc bon … Il s’en prendrait vraiment à elle quand elle lui aura tout appris… Ils avaient le temps donc. Posant ses affaires et enlevant ses chaussures avant de marcher sur le tatami –beaucoup plus agréable que le sol carrelé sur lequel elle avait déjà osé lui faire cours-, le rouquin s’approcha.« Pour s’échauffer, quelques pompes et abdos, ça fait toujours du bien. T’as l’habitude de toute façon maintenant. Bon. Trente de chaque ! Et que ça saute ! Allez allez ! ». Cillant à peine le garçon avait en effet l’habitude. « … Oui Noah-sensei ». L’une des lubies de la blonde. Il fallait qu’à chaque fois qu’elle lui donne un ordre pendant son cours qu’il l’appelle comme ça. Elle devait prendre la grosse tête à force. Mais bon c’était peu cher payé pour espérer un jour fracasser tous ceux qui lui cherchaient des noises. Se mettant au sol alors qu’elle s’était assise en tailleur, le rouquin commença abdos et pompes. Il n’aimait pas quand elle le regardait avec son petit sourire supérieur quand il faisait ce qu’elle lui demandait … Mais bon c’était la vie. « Et sinon… C’est quand … Que tu m’apprends … Vraiment … le Karate … Sensei ? ». Un petit sourire en coin alors qu’il continuait ses abdos histoire de dire que jusqu’à maintenant il n’avait pas l’impression qu’ils aient vraiment fait grande chose et que comme sensei elle laissait à désirer, mais qu’y voulez-vous. Il avait peut-être exagéré précédemment … Elle était peut-être chiante et tyrannique certes, mais peut-être parce qu’il essayait sans cesse de défier son autorité de maitre de dojo. Commençant sa série de pompe, le gamin se dépêcha le plus possible, histoire qu’ils passent à autre chose. Il voulait se battre. Ah ça ouais. Pas spécialement contre elle. Malgré tout ce qu’il disait sur elle, il la trouvait pas si mal même s’il ne lui parlait pas trop non plus en dehors de leurs cours sauf quand elle trainait avec Ellio. Mais bon… Ce n’était pas parce qu’il la trouvait un peu sympa et positivement bizarre qu’il n’allait pas apprécier l’idée de la mettre à terre au moins une fois. Oui. Aujourd’hui, si elle lui en laissait l’occasion, serait un jour à marquer d’une croix rouge sur le calendrier. C’était aujourd’hui que le règne du tyran prendrait fin. A mort la vilaine Poufsouffle faussement gentillette et naïve ! Il allait venger tous ceux qu’elle avait déjà comme lui humilié … Non par pour eux vraiment, mais pour lui.

Tu veux te battre ? Viens par là, qu'on rigole. Lorsqu’il ajouta « sensei » à son prénom, Noah eut du mal à se retenir de sourire de toutes ses dents. Oui, elle aimait bien ce sentiment de puissance. Ce qui était super cool avec Marcus, c’est qu’elle n’avait pas beaucoup de difficultés à le dominer, à l’écraser. Il avait besoin d’elle, donc elle pouvait faire à peu près tout ce qu’elle voulait de lui. Enfin, c’était l’impression qu’elle avait. Mais ça l’amusait pas mal. Il flattait son égo, lui prouvait d’une certaine manière qu’elle était la meilleure, (et ça lui faisait le plus grand bien !) tandis que lui progressait… Ou plutôt tentait désespérément d’un jour l’égratigner. Il y avait en tous cas du boulot en tout cas, avant d’arriver à ce stade. Noah avait du mal à voir en quoi c’était plaisant de se faire massacrer par une fille, mais bon, c’était un accord qui visiblement convenait aux deux. Elle était loin de s’en plaindre. En plus, ça lui permettait d’entretenir sa maitrise du karaté.

En réalité, elle s’en foutait un peu que Marcus progresse. Elle savait qu’il avait envie de rendre la monnaie de leur pièce aux petits malins qui l’embêtaient, mais ce n’était pas ses oignons alors… Marcus n’avait qu’à mieux apprendre ses sortilèges et il pourrait les défier en duel, ça serait tout aussi bien.

Bien qu’assise en tailleur, Noah continuait de s’étirer les bras en baillant, légèrement ennuyée. Elle affichait un petit sourire en coin, un peu suffisant certes, mais un sourire quand même. Après qu’on ne vienne pas se plaindre en disant qu’elle était antipathique hein ! Elle faisait des efforts. Et avec une chiffe molle en karaté comme Marcus, pas facile de montrer un minimum d’enthousiasme quand on savait d’avance que tout effort était voué à l’échec. Pas besoin de se voiler la face coco. Il était évident qu’au rythme auquel il avançait, le petit Marcus ne pourrait jamais se battre dignement. En tous cas, pas avant la fin des trois années qu’il leur restait à Poudlard. Elle fit une moue compatissante à cette pensée. C’était quand même triste. Elle devrait être plus gentille avec lui, parfois. Mais il avait d’autres qualités. Noah était persuadée qu’il trouverait sa voie. Il était assez marrant (même si c’était plus dans le genre comique de service) : il ferait un assez bon comédien. Pour autistes, évidement. Ou concierge. Homme de ménage. Oui, Noah était assez optimiste sur le sujet. Ce mec avait de l’avenir. Marcus, ne désespère pas ! La voix du vert et argent essoufflée la tira de ses profondes pensées. « Et sinon… C’est quand … Que tu m’apprends … Vraiment … le Karate … Sensei ? »

Noah se stoppa net dans son mouvement. Alors, comme ça, il remettait en cause sa méthode d’apprentissage ? Elle fronça les sourcils, piquée dans son orgueil. Bon OK, elle n’avait jamais été très douée en cours (elle s’assurait juste la moyenne), et n’avait jamais non plus été douée pour les explications… Elle se dispersait facilement et s’emportait lorsque rien n’était comme le voulait. Mais là c’était différent. ELLE T’APPREND DEJA LE KARATE BOB L’EPONGE. Enfin, à peu près. Il y avait trois raisons pour qu’il ait osé poser une question aussi impertinente. Soit un, il se moquait des entrainements trop long MAIS nécessaire à sa condition de larve. Soit deux, il ignorait que les échauffements étaient une étape indispensable à tout sport… (En même temps, c’était pas étonnant, vu sa condition physique. Il n’avait pas du beaucoup faire de sport dans sa vie) Soit trois, il se foutait tout simplement de sa gueule. Or, la réponse la plus probable (non mais sérieusement, il pensait être en position de plaisanter là ? Vu son état, Noah l’achèverait en moins de temps qu’il n’en faudrait pour le dire, non mais) était qu’il croyait avoir assez progressé pour passer à la vitesse supérieure. Euh, il ne se voyait vraiment pas. Il était vraiment loin d’être cohérent dans ses mouvements. Il n’avait pas encore les réflexes du karaté. D’habitude, lorsqu’ils tentaient de combattre pour de vrai, il durait rarement plus de quelques minutes debout en combat avant de tomber au sol. C’était d’un ridicule. Noah leva les yeux au ciel. L’ambition, la volonté, la détermination, tout ça, c’était bien beau, mais fallait être réalise aussi… Elle posa violemment ses mains au sol, et son regard se durcit. D’un ton assez sec elle lui répliqua : « Alors comme ça tu t’ennuies ? Mes cours ne sont pas assez intéressant pour toi hein ? » Eh, doucement Noah. Ne monte pas tout de suite sur tes grands chevaux… c’est pas comme s’il avait vraiment critiqué tes cours… « Bien. Tu veux te battre ? » Elle se retint d’ajouter un adjectif peu valorisant « Lève-toi. » Dit-elle en accompagnant ses paroles d’un haussement de sourcils. Alors qu’il s’exécutait, Noah l’imita et lui lança un de ses fameux regards hautains. « Frappe-moi. De toutes tes forces. Histoire que je jauge le coup. Je te dirais si t’es prêt. T’as intérêt à te montrer à la hauteur. Je ne perds pas mon temps avec des incapables, moi. » Elle insista volontairement sur les derniers mots. Encore une manière propre à Noah de montrer sa supériorité. Elle ferait mieux de calmer ses ardeurs. Elle sous estimait peut-être Marcus… Non, c’était ridicule. « Et ne pense même pas à me sortir une ânerie du genre ‘je ne frappe pas les filles parce que je suis trop galant’. » D’accord, fallait avouer qu’elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. C’était un garçon, il était naturellement plus disposé à faire mal qu’une fille. Donc elle aurait un bleu peut-être, mais certainement pas un saignement de nez. Une sacrée douleur dans le pire des cas. En fait, il fallait avouer qu’elle n’avait pas vraiment suivi à la perfection son évolution. En fait, pas du tout. Elle ne saurait donc pas dire si, effectivement, il était capable de battre une première année. Il avait progressé quand même. Ils n’avaient pas beaucoup combattu au corps à corps, c’était vrai mais… S’il s’essoufflait au bout de quelques pompes, il n’était clairement pas prêt ! Mais ça faisait plus de six mois qu’ils avaient commencé à faire ces cours. Il avait raison sur le fait qu’il était peut-être temps de commencer à faire du « vrai karaté ». Qu’il ose seulement ne pas se montrer à la hauteur ! Noah n’allait pas se gêner pour le remettre à sa place. Eh oui les gens, la blonde n’était pas sans cervelle comme dans les stéréotypes, mais sans pitié... Elle mit droite comme un piquet. Marcus pouvait frapper où il le désirait.