Matthew n’avait jamais été autant au bord du gouffre. Il suffisait de voir comment s’était passée sa dernière rencontre avec Marcus, un quatrième année qui avait tenté de le raisonner. Matthew avait beaucoup appris ce jour là, sur lui-même. Il avait dit à Marcus qu’il aurait préféré ne pas être né, ce qui provoqua une sorte d’électrochoc. Il fallait qu’il arrête, il méritait de vivre comme n’importe qui d’autre. A présent, il n’allait plus se laisser faire et il allait être déterminé à changer. Il allait s’imposer et ne pas se contenter d’être le loser de Poudlard. Matthew déambulait dans les couloirs en réfléchissant à comment il pourrait faire pour changer sa réputation. Il pourrait très bien la changer en commençant à fréquenter les élèves populaires et influents, sauf que ces derniers étaient responsables de cette dite réputation et qu’ils n’avaient aucune envie de le fréquenter. Il n’y avait qu’à voir Cassiopée, la seule fille avec qui Matthew avait eu une relation, qui nierait toujours tout en bloc s’il y avait un jour une quelconque rumeur, même si elle était vraie. De sang-mêlé et d’une famille très modeste, n’ayant rien d’un apollon ou d’un sportif, Matthew était très mal parti. En continuant d’avancer, il s’arrêta soudain. Il lui semblait avoir entendu un bruit. Il n’en était pas certain, peut-être rêvait-il, mais ce bruit était un rire. Il ne rêvait pas et se remit à marcher. Quelqu’un, plus précisément une fille, riait. Ce rire, il pouvait le reconnaître entre milles. C’était celui de Sixtine. Il se demanda tout d’abord pourquoi elle riait, puis avec qui elle riait. Sixtine n’était pas du genre à se promener seule, elle était donc forcément avec quelqu’un et la curiosité l’emporta, ainsi que la jalousie. Jamais elle ne rirait comme ça avec lui. Mais il avait décidé de changer et de ne plus s’apitoyer sur son sort. Il arrêta donc de réfléchir et tourna dans un autre couloir, plus près de la source du bruit, soudain éteint. Sixtine avait du entendre quelqu’un s’approcher et quelques pas plus loin, il la vit. En regardant autour d’elle, il constata qu’elle était seule. Cette simple constatation était des plus étonnantes. Il s’approcha alors, sans réfléchir. Avant, il se serait contenté de la regarder de loin, à présent, puisqu’il avait décidé d’agir autrement, il réduit rapidement la distance entre eux.

Une fois derrière elle, il fut surpris de la voir se retourner d’un coup. Il ignorait pourquoi il avait été surpris ainsi, Sixtine voulait forcément savoir à qui elle avait affaire. Mais elle se retourna si brusquement qu’elle se heurta à lui. Matthew ne sut pas quoi dire. « Pardon ! » dit-elle rapidement au Serpentard, pour s’excuser. Puis la belle leva les yeux vers lui et il vécut presque ce moment au ralenti tant il lui paraissait irréel. Ils se regardèrent un instant. Elle essayait peut-être de se souvenir qui il était. Matthew, quant à lui, savait parfaitement qui était Sixtine car il était amoureux d’elle depuis très longtemps, bien trop longtemps. En quatrième année, il lui avait révélé ses sentiments, mais elle l’avait rejeté. Il l’avait très mal pris, mais rencontra par la même occasion Olive, qui devint sa meilleure amie et qui l’aida à s’en remettre. Avec le temps, Matthew avait fini par pardonner à Sixtine parce que c’était comme ça. Sixtine était une fille populaire et n’avait rien à faire avec un gars comme lui. Il s’était donc contenté de l’observer de loin. Ses regards insistants avaient été remarqués par beaucoup, mais probablement pas par Sixtine. A ce jour, il était toujours amoureux d’elle. Il n’arrivait pas à tourner la page, même s’il n’avait plus vraiment d’espoir. « Je passais dans le coin et euh… bref… je ne t'ai pas entendu arriver. » Sixtine essayait en quelque sorte de se justifier. Elle n’avait pas besoin de le faire, Matthew n’était pas du genre à parler. Et même s’il avait décidé de changer, il n’allait pas faire ce genre de choses. Sauf que Sixtine ne connaissait pas Matthew et qu’elle ne devait pas savoir quel genre de personne il était. « Enfin, j'ai pas à me justifier. » corrigea la belle blonde. Elle replaça nerveusement ses cheveux derrière ses oreilles, comme si la présence de Matthew la mettait mal à l’aise. Elle le regarda comme si elle attendait qu’il dise quelque chose, c’était du moins ce qu’il supposa. Elle attendait peut-être simplement qu’il dispose. « C’est rien. Excuses acceptées. » dit Matthew en parlant du moment où elle lui était rentrée dedans sans le faire exprès. Cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas adressé la parole à la belle Sixtine et qu’il n’avait pas été si proche d’elle. Ils étaient à la fois proches mais si éloignés. Ils venaient vraiment de deux mondes différents. Un silence gênant s’installa sans que l’un des deux ne bouge. Leurs chemins allaient-ils se séparer aussi vite qu’ils s’étaient croisés ? Ils allaient vite le découvrir.

Décidé à changer, Matthew n’allait pas être celui qui s’en irait le premier. Il ne voulait pas passer pour un lâche. D’un autre côté, il se demandait ce qu’allait lui dire Sixtine. Elle n’était jamais venue lui parler depuis la fameuse scène, elle n’avait probablement pas changé d’avis sur lui, du moins positivement. « Tu as une mèche, là… » dit-il tout en levant sa main vers la chevelure dorée de la jeune fille et en la replaçant. Sixtine était toujours magnifique, même avec une mèche de travers. Il n’aurait peut-être pas du toucher à ses cheveux et rapidement, il retira sa main, gêné. Les cheveux d’une fille, c’était quand même sacré. Il s’attendait à ce qu’elle se mette à lui crier dessus d’un instant à l’autre, telle une diva, même si généralement, Sixtine était plutôt calme. Il l’observait beaucoup. « Pardon. » dit-il à son tour, pour avoir touché à ses cheveux. Matthew se demandait si elle pouvait voir dans son regard qu’il craquait toujours pour elle. Si leurs regards s’étaient déjà recroisés depuis leur quatrième année, ce n’était jamais plus de quelques secondes. Il aurait alors été tenté de dire qu’il n’allait plus lui imposer sa présence plus longtemps et s’en aller, mais ce n’était pas positif, c’était ce que l’ancien Matthew aurait fait. « J’ai longtemps attendu ce moment. » avoua-t-il. Elle ne devait peut-être pas voir de quel moment il parlait, mais il parlait simplement du jour où elle lui adresserait la parole. Se rendant compte que ce qu’il disait n’avait peut-être aucun sens et qu’elle allait croire qu’il attendait désespérément qu’elle lui laisse une chance, il revint à ses vieux démons. « Ça ne sonnait pas aussi bien que dans ma tête… » Et voilà, maintenant Sixtine allait le prendre pour un fou. Au moins, avec sa réputation, il ne pouvait pas tomber plus bas. Il s’éclaircit la gorge et détourna le regard. Il était quand même en train d’entamer une discussion avec Sixtine et ça n’était pas rien.