ainsley et roxanne

Petit copain, petite copine, c’est des concepts. Franchement c’est puéril.

« Ils sont mignons tu trouves pas ? » La main de la verte se serra autour de la plume qu’elle tenait entre ses doigts. La blonde lança un regard assassin à la table voisine, occupée par une bande de Gryffondor de troisième ou quatrième année. Déjà que la jeune fille détestait les conversations débiles des autres élèves en temps normal, celle-ci était pire que tout puisque le sujet même de la discussion était un sujet à ne jamais évoquer devant elle. Et quand je dis jamais, c’est bien jamais. « Mais si, je pensais que c’était un gros connard mais en fait non. Elle a de la chance non ? » Roxanne fut prise d’un haut le cœur. De la chance ? Mignons ? Non mais sérieusement, elle était sur le point de rendre tout son repas du midi si les deux idiotes continuaient à parler en ces termes-là du couple formé par sa cousine et son ami. Le simple fait d’y penser la dégoûtait, mais en plus si elle devait qualifier leur immonde alliance comme étant mignonne, non là c’était véritablement au-dessus de ses forces. Un léger craquement se fit entendre et Roxanne baissa les yeux vers sa main où reposait sa plume brisée en deux. D’un geste enragé elle balança les deux morceaux de plume loin sur la table et entreprit de ranger ses affaires, ou plutôt de les fourrer à la va-vite dans son sac sans vraiment prêter d’attention à ce qu’elle faisait. Déjà que la journée avait mal commencé, les deux rouge et or n’avaient rien fait pour l’arranger. Elle bouscula violemment la chaise d’une des deux filles en partant, et leur lança un regard noir avant de sortir de la bibliothèque. Elle était bien trop énervée pour faire quoi que ce soit de productif, et maintenant elle se retrouvait comme une idiote à traîner dans les couloirs de l’école, sans but. Trop de sensations l’envahissaient : déception, colère, rage, désespoir, abdication. Elle ne savait pas quoi faire, mais elle voulait faire quelque chose, elle devait faire quelque chose. Quoi que ce soit, même si ce n’était qu’une tentative minable, elle se devait d’agir, de bouger, de le faire bouger. Sortir avec cette … cette fille, cette horrible fille qui se prenait pour le nombril du monde, invincible grâce à ses deux frères et son nom de famille. Pathétique. Et Ainsley, comment pouvait-il ? Roxanne se posait vraiment la question, parce qu’elle ne voyait pas comment on pouvait faire pour sortir avec une fille pareille, et surtout comment un mec comme Sin pouvait le faire. Le rouge et la verte étaient assez proches avant qu’il ne se mette en tête d’aller batifoler avec miss Potter, et franchement elle n’arrivait pas à comprendre comment il avait pût changer à ce point. C’est comme si on venait lui dire que Selena rejoignait les Résistants. C’était presque le même niveau de choc et d’incompréhension qu’elle avait ressenti lorsqu’elle avait appris pour le nouveau couple de Poudlard. Et elle avait appris rapidement, c’était son rôle, elle connaissait tout très vite. Et autant vous dire que cette fois-ci elle n’avait pas vraiment aimé de qu’elle avait appris. La jeune fille traversa le couloir en traînant les pieds, lançant des regards noirs à tous ceux qui osaient lever les yeux vers elle. La vipère n’était vraiment pas d’humeur, et mieux valait-il ne pas l’énerver plus qu’elle ne l’était déjà.

Son cerveau était en ébullition, elle cherchait un quelconque moyen de ramener Ainsley dans le droit chemin, une façon de lui faire comprendre qu’il était en train de faire une grosse connerie. Elle avait déjà essayé de parlementer avec lui, mais il faut bien avouer qu’elle ne l’avait pas énormément vu depuis qu’il sortait avec Lily. Et ce n’était pas faute qu’elle essaye de le coincer à la sortie de sa salle commune ou de la Grande Salle. Mais impossible de lui parler plus de trente secondes, tellement sa vie de couple empiétait sur le reste. C’est alors qu’une idée merveilleuse, que dis-je, géniale, lui vint à l’esprit. Elle avait entendu parler d’une petite soirée organisée dans une quelconque salle du château ce soir même. La blonde n’avait pas prévu d’y aller mais c’était là une occasion à ne pas rater, et elle se devait de la saisir. Un sourire s’étala sur les lèvres de la demoiselle tandis qu’elle faisait demi-tour, se dirigeant vers les étages supérieurs. Il ne pouvait pas refuser, il n’allait pas refuser. La jeune fille gravit les marches qui la séparait du septième étage et arriva finalement devant la salle commune des rouges et or. Le destin semblait être de son côté car dès qu’elle eut posé le pied sur la dernière marche, elle aperçut une silhouette qui lui était familière. « Ainsley » Le brun se retourna à l’appel de son nom et la verte et argent s’approcha de lui rapidement, un sourire éclatant aux lèvres. Lorsqu’elle fut arrivée à sa hauteur, elle ne lui laissa pas le temps de prononcer un seul mot et enchaîna directement sur le sujet de sa venue. « Ce soir, soirée dans la salle désaffectée du quatrième. » Elle le vit ouvrir la bouche et leva la main pour l’interrompre. Cette fois-ci elle ne lui laisserait pas l’occasion de se défiler encore une fois, sinon ça allait mal se passer pour lui. « Je me fous de tes projets. Je veux te voir aux escaliers du quatrième à 22h pétantes, sinon je viens te chercher, où que tu sois » Elle lui lança un regard qui montrait qu’elle ne plaisantait pas, et qu’il avait intérêt à être au rendez-vous. « Ah, et t’invites personne, c’est privé hein » ajouta-t-elle pour être bien sûre que le rouge viendra seul. Et bien seul. Puis elle tourna les talons en lançant un « A ce soir » enjoué avant de repartir vers les cachots, fière d’elle. Elle en avait marre de son comportement et allait profiter de cette petite soirée pour lui parler et lui dire le fond de sa pensée à propos de sa relation avec sa cousine. Une grimace traversa les traits de la blonde à la pensée des deux élèves s’embrassant et se débarrassa bien vite de cette vision d’horreur. La jeune fille arriva bien vite dans les cachots qu’elle connaissait maintenant par cœur et se hâta de rentrer dans sa salle commune. Une fois dans son dortoir elle lança son sac à travers la pièce et s’engouffra dans la salle de bain, s’enfermant à double tour. Elle ne voulait voir personne, préférant s’imaginer les divers scénarios que promettait la soirée de la nuit. La vipère savait que convaincre le rouge et or n’allait pas être facile, loin de là. Lily avait dû abuser d’un philtre d’amour, il n’y avait aucune autre explication rationnelle plausible. La Weasley lança un regard à sa montre et vit que l’après-midi était sur le point de s’achever mais que l’heure du rendez-vous était encore bien loin. Haussant les épaules, elle passa sous la douche où elle resta une bonne heure, ignorant les coups frappés à la porte, puis sortit, sous les regards exaspérés de ses camarades de dortoir. Elle les ignora royalement avant de s’affaler sur son lit. La blonde avait l’estomac noué, elle devait bien avouer qu’elle redoutait un peu la soirée. Si Sin ne venait pas ? S’il ne l’écoutait pas ? S’il partait dix minutes après son arrivé ? Il y avait tant de possibilités qu’il parte sans un mot que la blonde avait un peu peur que son plan foire en beauté. Mais elle se persuada d’aller manger, sa dernière soirée à jeun ayant un peu mal tourné. Se levant sans réelle conviction, elle partit cependant avec les autres élèves en direction de la Grande Salle. Durant tout son repas, qu’elle s’obligea à avaler, elle ne cessa de lancer des regards furtifs à la table des gryffons, n’écoutant qu’à moitié la conversation de son voisin. « Hey oh Roxanne tu m’écoutes ? » La blonde fut coupée dans ses pensées par la voix du Serpentard qui la regardait d’un air mécontent. « Ouais ouais désolée Marcus, tu disais ? » répondit-elle, se focalisant sur le quatrième année et refrénant son envie d’observer le comportement du rouge et or. Lorsque la conversation des deux serpents fut terminée, le rouge était déjà sorti de la pièce.

Roxanne ne tarda pas à faire de même, se rendant de nouveau dans sa salle commune. Elle s’installa près du feu, dans un lourd fauteuil en tissu vert émeraude, attendant patiemment l’heure fatidique, sans prêter grande attention aux paroles de ses camarades. Elle ne participa pas énormément au débat à propos des rouges et or, encore moins à celui concernant les résistants, ce qui était plutôt inhabituel puisqu’elle avait toujours un petit potin à sortir dans ce genre de conversation. Mais pas ce soir. Les deux heures passèrent plutôt rapidement, au grand étonnement de la demoiselle qui se surprit même à oublier l’espace de quelques instants sa soirée. Ce n’est que lorsqu’elle vit deux filles sortirent en riant de la salle commune qu’elle se souvint qu’elle aussi devait peut-être s’activer. Saluant le reste des élèves assis à ses côtés, elle remonta dans son dortoir pour se recoiffer, inspecta rapidement son reflet dans le miroir et redescendit aussi vite qu’elle était montée. La vipère avait opté pour une tenue simple si jamais elle avait besoin de courir derrière le rouge ou se battre contre lui pour le retenir contre son gré à la soirée. Bon d’accord, c’était un cas de figure extrême, mais il fallait penser à tout, si jamais Lily lui avait lobotomisé le cerveau il serait capable de tout. Tant mieux, elle aussi. La demoiselle sortit de la salle commune et gravit les marches sans bruit jusqu’au quatrième étage. Elle était légèrement en retard, comme à son habitude, et espérait que Sin l’avait attendu, si du moins il avait daigné venir à l’endroit indiqué. Un sourire apparut sur les lèvres de la demoiselle lorsqu’elle le vit adossé contre un mur non loin des escaliers, regardant dans le vide. La blonde s’approcha en silence. « Salut toi » lança-t-elle lorsqu’elle fut arrivée à sa hauteur. Son sourire s’élargit lorsqu’elle vit l’infime tressaillement du jeune homme qui ne devait pas avoir remarqué son arrivée. Ne le laissant rien dire, elle lui attrapa le bras pour le tirer en direction de la salle désaffectée. « Je suis contente que tu sois venu, ça fait longtemps qu’on s’est pas fait une petite soirée » dit-elle en faisant claquer sa langue contre son palais comme pour marquer la légère remarque cachée sous ses mots. Lorsque les deux élèves arrivèrent devant la salle, la verte et argent renforça sa prise sur le bras du jeune homme avant de pousser la porte. Le silence du couloir fut brisé par la musique qui s’échappa de la salle, et tous deux rentrèrent vite dans la pièce avant de refermer la porte pour ne pas alerter tout l’étage. La salle était déjà assez remplie étant donné que les festivités avaient commencé depuis une bonne heure. Mais Roxanne n’arrivait jamais à l’heure tapante, elle se donnait au moins une bonne heure de marge avant d’apparaître à une soirée. Sa main toujours accrochée au bras du rouge, elle se dirigea vers une table où étaient étalées de nombreuses bouteilles. Elle lâcha sa prise pour attraper deux verres qu’elle remplit d’un mélange de sa connaissance avant d’en tendre un à Ainsley. « A ta santé mon chou » dit-elle avant de boire elle-même une gorgée de son breuvage. Il fallait qu’elle se donne des forces, ou du moins qu’elle se détende un peu. Lançant un regard sur le reste de la salle, elle reposa son regard azur sur le jeune homme, sourire aux lèvres. « Bon alors qu’est-ce que tu me racontes ? Ça fait un bail, j’ai dû louper des épisodes » En espérant sincèrement que ces dits épisodes ne soient pas trop centrés sur une certaine rouquine bleue et bronze. « Et puis souris un peu, ça va on s’amuse, fait pas comme si c’était ta première soirée » ajouta-t-elle pour essayer de détendre le jeune homme. Les Potter étaient vraiment une espèce contagieuse, ça devenait indéniable.

Spoiler:

Un sifflement flatteur passa la barrière des lèvres de Ainsley, accompagnant sa moue charismatique et charmeuse qui lissait les traits écoeurants de la moquerie. Car son comportement de Don Juan n'était justifié que par son désir de bourreau, plantant la hache de l'humiliation dans le corps ventripotent d'une certaine Judith Henley qui venait à peine de passer les portes de la salle commune. Le physique ingrat avec ses rondeurs qui débordent et ses joues rougies par l'effort de placer un pas devant l'autre, la démarche imparfaite, la grâce inexistante, elle était ce genre de fille mal dans sa peau. Normal pour tout adolescent se respectant, mais à bannir de la vision de tous ces cons superficiels, ces mecs au charisme indéniable mais à la langue fourchue, ces jeunes hommes qui vous brisent une vie et défont votre estime avant même que vous n'ayez le temps de dire 'gallion'. Sin, par exemple. « Hey sweety. Tu baises pour une chocogrenouille ? » A ses côtés, un bon camarade de classe ne put retenir un rire rauque et gras, suintant la méchanceté qui découlait déjà des dires d'un Blackwood visiblement bien remonté en ce début de soirée. Si le lion audacieux avait perdu de son aura carnassière en s'adoucissant auprès d'une jolie rouquine, il n'avait pas perdu de sa fougue lorsqu'il s'agissait de se montrer ignoble et écoeurant. La pression quotidienne qui pesait sur ses épaules depuis son idylle avec sa Lily, il l'exorcisait en crachant son venin. En terme de médecine moldue moderne, on appelle cela une saignée. Dans le vocabulaire des riches cons, cela se prêterait d'avantage à une saillie : posséder l'autre par l'esprit était aussi jouissif que de s'approprier son enveloppe charnelle. L'orgasme en moins. Ladite Judith ne tourna pas la tête cependant, prétextant n'avoir rien entendu et préférant, à juste titre, se rendre invisible tout en levant ses yeux clairs sur le panneau d'affichage. Encore aurait-il fallut qu'elle ne soit pas aussi large que le panneau lui-même pour passer inaperçue, pensa Sin dans une énième tentative d'exorcisme. Visiblement ses démons étaient ce soir plus que virulents car le jeune homme mima dès lors sa propre pendaison en tirant bien haut sur sa cravate, pantomime d'un macchabée encore frais sous le joug des ricanements de ses amis vantant la laideur porcine de la pauvre demoiselle. Cette dernière décida finalement de tourner les talons, prenant son courage à deux mains afin de passer près du canapé ocre sur lequel étaient vautrés ses assaillants, elle serra avec angoisse ses livres contre sa poitrine généreuse et hâta le pas lorsqu'elle sentit sur le regard insistant de Sin. « Oh Judith, ne me repousse pas, je sais que t'en pinces pour moi ! » siffla le jeune homme dans une théâtralité exemplaire qu'on ne lui connaissait que trop, salué par un public aussi insolent et mesquin que lui-même. Et alors que Ainsley suivait sa victime de son regard perçant, il englobait son avancée en se retournant au fur et à mesure de ses pas, genoux rendus sur le canapé et bras avachis sur le dossier. « Sweety, passe me voir dans ma chambre cette nuit okay ? Mon sommier est à toute épreuve. Love you ! » Et le jeune homme de lui envoyer un baiser de la main avant de se prendre un coup de coude d'une amie rouge et or passant dans le coin, le toisant d'une lueur froide de réprimande mais d'un rictus semi-amusé en coin. La société aime et a besoin de ses bizuts, c'est bien connu. C'est ainsi qu'elle survit.

Revigoré par son élan de sadisme, Ainsley reprit place dans le fauteuil pour échanger quelques conversations avec ses amis prétentieux, essuya le courroux d'autres compagnons qui appréciaient le Sin sociable et sympathique mais exécraient le bourreau sommeillant en lui et qui se réveillait parfois en sursaut, et finalement se leva d'un bond lorsqu'il avisa sur l'horloge murale qu'il était dix-huit heures frappantes. « Je dois y aller. » « Blackwood et Potter, à quand le mariage ? » « Ta gueule. » souffla Sin non sans un sourire amusé, se recoiffant d'une main leste. « T'as conscience que si t'as des gamins avec elle, ils seront p'têtre roux ? » « Ta gueule j'te dis. » fit-il en lui lançant le vif d'or avec lequel il jouait depuis de longues minutes déjà, et qui lui fut allègrement renvoyé dans un fatras de rire et de complicité soudée par leur torture commune.

Le jeune homme passa donc le seuil de la salle des lions, démarche leste et assurée et regard pétillant de malice amoureuse pour sa dulcinée qu'il allait rejoindre. « Ainsley » Voix familière s'il en est, mais voix distanciée. De celles qui frappent aux portes des souvenirs, tant Sin et Roxanne n'avaient pas passé du temps ensemble depuis longtemps. Le rouge et or se retourna vers la jolie blonde, rictus au coin des lèvres lorsqu'il aperçut l'étincelle malicieuse mais résignée brillant dans l'oeil de la Serpentarde. « Ce soir, soirée dans la salle désaffectée du quatrième. » Ce soir ? Non ce soir il était pris avec Lily. Habituellement Ainsley ne refusait pas une soirée (bien qu'il s'y faisait de plus en plus rare), mais il n'était pas disponible pour... « Je me fous de tes projets. Je veux te voir aux escaliers du quatrième à 22h pétantes, sinon je viens te chercher, où que tu sois » « C'est un concept intéressant. » souffla-t-il de sa voix suave et chargée d'un peu de lubricité, toujours présente, nichée perpétuellement dans son timbre. « Ah, et t’invites personne, c’est privé hein » Le sourire enjôleur du garçon se mua en une grimace lorsqu'il comprit qu'il ne pouvait insister auprès de Roxanne, comme il devait s'en expliquer auprès de sa Serdaigle à qui il avait promis sa soirée. Après quelques secondes de brève réflexion, poussé par l'envie de s'enivrer d'alcool et de débauche comme au bon vieux temps, à croire que son corps était en manque, Ainsley approuva et toisa son amie s'éloigner d'une démarche chaloupée avant de reprendre le chemin de son rendez-vous.

« Ca ne te gêne pas si on repousse notre soirée à demain ? J'ai été en quelque sorte... kidnappé à une fête. » Oui et non, et Lily n'ignorait pas que son cher et tendre avait toujours cet attrait pour la fête, les yeux qui brillent dès que le mot 'party' était prononcé, et avait besoin de s'entraîner de nouveau à tenir l'alcool s'il ne voulait pas perdre la main. Bien entendu, Ainsley omit volontairement de soumettre le nom de Roxanne qu'il savait en guerre froide avec sa Serdaigle, et invoqua ses grands amis de toujours : les Serpentards. Au moins, il ne mentait pas vraiment et se contentait d'alléger un peu les choses. Après un baiser et une promesse tacite de ne pas abuser de la vodka (promesse qu'il savait intenable), Sin tourna les talons et s'éclipsa de la Grande Salle où il venait tout juste de prendre son dîner.

***

« Salut toi » Un tressaillement léger entailla sa nuque lorsqu'il entendit la voix ronronnante de sa tendre amie. Adossé contre le mur, attitude nonchalante sublimée par ce superbe regard absent posé sur le vif d'or roulant entre ses doigts, Ainsley n'avait pas entendu la féline Roxanne s'approcher. Le jeune homme se contenta d'offrir un de ses sourires venimeux à la demoiselle, au nom de leur amitié piquée à la savoureuse ciguë, et s'approcha de cette dernière qui s'agrippa déjà à son bras pour mieux le tirer en direction de leur lieu de rendez-vous. « Je suis contente que tu sois venu, ça fait longtemps qu’on s’est pas fait une petite soirée » C'était peu de le dire. « On a du temps à rattraper. » laissa-t-il alors couler pour appuyer les dires de l'intrigante. Ils n'eurent le temps d'échanger de grandes conversations que déjà elle l'avait poussé dans la salle désaffectée déjà pleine d'invités. Ici et là des salutations enjouées, des accolades, des sourires voire des œillades aguicheuses, et Ainsley put à nouveau humer le parfum oublié de la débauche. Diable qu'il se sentait bien avec les Serpentards, et comme les vipères le lui rendaient bien : il était à première vue, le seul Gryffon accepté dans leur antre sélective. Ce fut poli par cette excitation nouvelle de sentir ses sens désinhibés et de sortir un peu de son quotidien routinier de jeune homme en couple, que Sin se dirigea avec son amie vers la table. A peine arrivés, à peine servis, et le jeune homme avala d'un trait une bonne gorgée de son détonnant cocktail. « Je commençais à rouiller. » souffla-t-il d'une voix suave non sans plisser quelque peu le nez de frustration sous la cascade chaude d'un alcool enflammant son gosier. « Bon alors qu’est-ce que tu me racontes ? Ça fait un bail, j’ai dû louper des épisodes » Et le jeune homme d'étouffer un bref rire non sans rouler ses yeux d'ambre vers le plafond. Comme si miss Weasley comportait dans ses commérages un papier défaillant. « Et puis souris un peu, ça va on s’amuse, fait pas comme si c’était ta première soirée » « Toi qui est au courant de tout, ça m'étonne que tu n'aies pas entendu les langues de pute comme quoi j'allais à l'échafaud. » fit-il pour contrer la remarque sur ses traits quelque peu fermés. « C'est pas la faute du loup s'il a perdu l'appétit... Tant que je perds pas la main, et pas que pour la fiesta... » Remarque libidineuse oblige, Sin se tourna vers la masse de jeune débauchés, verre à la main quand l'autre plongeait nonchalamment dans sa poche. « J'ai rien à dire, tu sais déjà tout. Sors moi tes dossiers, par ordre alphabétique ou chronologique, comme tu le sens. Je t'écoute. » Un sourire en coin, charmeur et charmant pour la demoiselle, un brin provocateur aussi. Car Sin n'était pas dupe et se voyait mal se pencher sur quelque chose que la commère connaissait déjà. Le tout était de savoir quel thème allait-elle aborder : sexe, domestication pathétique du loup, ou routine de couple ? Les dés sont jetés.

Spoiler:

ainsley et roxanne

Petit copain, petite copine, c’est des concepts. Franchement c’est puéril.

La salle était assourdissante, le bruit de la musique se mêlant aux paroles continues des élèves présents. Mais pas assez pour que les deux jeunes élèves puissent s’entendre parler, ce qui convenait à Roxanne étant donné que son objectif premier ce soir n’était pas de finir ivre morte dans les bras d’un quelconque garçon, mais bel et bien de parler à Ainsley. Cependant, elle devait bien avouer que cet étalage de boissons la tentait que trop, et elle remarqua à son grand étonnement que son verre était déjà vide quelques secondes à peine après qu’elle ne se le soit servi. Un sourire s’étala sur ses lèvres tandis qu’elle s’en resservait un autre, tandis que le rouge et or répondait à ses remarques. « Toi qui est au courant de tout, ça m'étonne que tu n'aies pas entendu les langues de pute comme quoi j'allais à l'échafaud. C'est pas la faute du loup s'il a perdu l'appétit... Tant que je perds pas la main, et pas que pour la fiesta... » Tandis qu’elle versait une bonne rasade de vodka dans son verre vide, elle retint un soupir ironique. Elle attrapa une autre bouteille dont elle versa le contenu dans son gobelet avant de refaire face au lion qui lançait un regard rapide sur le reste de la salle. « Fais gaffe, à cette allure tu vas vite rouiller. Et pas que pour la fiesta » répondit-elle un sourire aux lèvres, reprenant les mots du jeune homme. Elle allait sans doute avoir besoin de quelques verres pour parvenir à dire ce qu’elle pensait, mais elle savait bien qu’elle ne devait pas dépasser la limite, sinon Sin allait se faire un plaisir de l’incendier et de ne plus lui parler jusqu’à la fin de ses jours. La vipère prit une gorgée de son nouveau breuvage tout juste préparé. « Tu m’as percé à jour, j’avoue que je sais déjà tout » lança-t-elle avec un petit sourire en coin. Et c’était bien là le problème, elle savait tout et ça ne lui plaisait pas. Elle espérait véritablement que ce qu’elle avait entendu dans les couloirs n’était pas vrai, mais la vérité lui sautait aux yeux : le grand Sin, prédateur de renommé, s’était transformé en véritable agneau au contact de sa dulcinée. Et quelle dulcinée. Lily Potter. Il aurait poignardé la blonde que ça serait revenu à la même chose. Sa cousine, et sans doute la pire de ses cousines au passage, cette Serdaigle qui se prenait pour ce qu’elle n’était pas. Roxanne n’aimait pas le sourire que la bleue arborait depuis qu’elle se tapait le rouge et or, et elle avait bien envie de lui passer l’idée de sourire bêtement et audacieusement. « Mais je peux pas dire que je suis pas d’accord avec. » ajouta-t-elle tout en lançant à son tour un regard au reste de la salle. La plupart des élèves présents étaient des verts et argent, Sin étant sans doute le seul représentant de sa maison. Ce qui n’étonnait personne, puisque au fond le jeune homme avait beaucoup plus de caractéristiques des serpents que des lions. C’est avec quelqu’un comme le jeune homme que l’on pouvait constater les défaillances du Choixpeau. « J'ai rien à dire, tu sais déjà tout. Sors moi tes dossiers, par ordre alphabétique ou chronologique, comme tu le sens. Je t'écoute. » Sin lui envoya en prime un sourire en coin que Roxanne ne parvint pas à déchiffrer, et qui donc l’ignora. Le jeune homme lui tendait une perche magnifique, et elle n’allait pas se priver pour l’attraper sur le champ.

Prenant une inspiration, elle se demanda par quoi elle allait bien pouvoir commencer. Trop d’interrogations, de remarques, de reproches lui venaient en tête, se mélangeant dans un tourbillon de pensées qu’elle ne parvenait pas à trier. Elle avait envie d’attraper le rouge par le col de sa chemise et de le secouer jusqu’à ce qu’il se rende compte de la connerie qu’il était en train de faire, de l’ignominie dont il était coupable. Mais ce n’était pas le genre de la jeune fille d’agir comme ça, et il ne valait mieux pas tester cette nouvelle méthode dans ces circonstances. Il y avait fort à parier que le rouge et or n’apprécie pas trop d’être traité de la sorte par la verte. « Donc tu sors avec Potter ? » Puis elle se rendit compte que la question n’avait point lieu d’être étant donné que tout le monde le savait. « Je veux dire, tu sors avec Potter. Mais bordel qu’est-ce qui s’est passé ? T’es tombé de ton balai ou quoi ? » Son ton n’était pas agressif, loin de là. Sa voix était calme et posée, même le reproche explicite de ses mots n’apparaissait pas dans son intonation. Elle aurait aussi bien pu parler du temps qu’elle aurait pris la même voix. « Tu veux savoir ? Je te reconnais plus. Tu passes tes journées avec elle, tu vois plus personne. Tu peux me dire la dernière fois qu’on s’est croisé à une soirée ? Parce que perso je m’en souviens plus du tout » Ajouta-t-elle, se retenant de mentionner qu’il ne serait sans doute pas venu à celle de ce soir si la blonde ne l’y avait pas obligé. La demoiselle plongea son regard dans les yeux de son ami, le défiant du regard à la contredire. Ce n’était pas tellement un reproche, seulement un fait dont tout le monde était témoin. Le Sin qu’elle avait connu avait plus que jamais disparu dans les tourmentes de l’amour, si jamais on pouvait appeler ça de la sorte. La blonde n’était pas objective c’est vrai, elle n’avait jamais aimé Lily Potter, mais quand bien même, si ça avait été une autre fille cela n’aurait rien changé au fait qu’elle n’aimait pas le nouveau comportement du rouge et or. Il oubliait peu à peu tout ce qu’il avait été, il faisait une croix sur ce qui le caractérisait, et tout ça au nom d’une relation éphémère qui n’allait sans doute pas durer après Poudlard. Ça la dégoutait, l’énervait, l’oppressait. L’opinion de la verte et argent sur ces couples fusionnels n’était pas nouvelle, mais voir que cela pouvait même toucher la dernière personne qu’elle aurait cru capable d’un tel acte l’énervait d’autant plus. Car Ainsley n’était pas le garçon qu’on aurait pût croire capable d’un tel acte. J’aime pas Lily, ça tu le sais c’est pas nouveau. Que tu puisses tu le taper me soule, mais y a pas que ça, après tout tu te fais qui tu veux. » Ce qui était vrai. Si le rouge et or avait juste couché avec Lily avant de la jeter comme un vulgaire mouchoir utilisé, ça ne l’aurait pas dérangé même si elle aurait été étonnée de voir qu’il pouvait vraiment coucher avec n’importe qui. Mais là ça dépassait la simple relation physique, ça allait beaucoup plus loin et c’est ça qu’elle n’appréciait pas. « T’es devenu un petit agneau docile, ça te ressemble pas, alors je trouve normal qu’on se pose des questions. Et quand je dis on, je parle pas que de moi, parce que je suis loin d’être la seule à penser ça. » Elle avait entendu de nombreuses choses, de nombreux avis d’autres élèves qui se ressemblaient tous plus ou moins. Il y avait ceux qui, comme les filles de la bibliothèque, le trouvait « mignon » et les autres qui le trouvaient complètement con. Dans les deux cas, ce n’était pas ce qui reflétait le véritable Sin, et lorsque la jeune fille entendait ça, ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Ainsley Blackwood et mignon ne pouvait se trouver dans la même phrase, tout comme Ainsley Blackwood et con. Et pourtant, elle devait elle-même avouer que lorsqu’elle voyait le comportement du jeune homme, elle était bien tentée de la qualifier d’abruti fini, mais ça elle n’allait pas lui dire, pas tout de suite tout du moins. Qui sait, si l’alcool montait suffisamment, elle aurait peut-être le courage de lui dire, mais pour le moment elle n’était pas encore arrivée à cette limite.

La jeune fille savait faire preuve de retenue, en toute circonstance. Jamais on ne l’avait vu faire des choses idiotes lors de soirées, elle tentait toujours de garder le contrôle de son corps et de son esprit, même si parfois elle sentait qu’elle posait son pied sur la limite. Reprenant une nouvelle gorgée de son verre, elle vit un élève de sa maison arriver vers eux, le pas chancelant. Lorsqu’il arriva à leur hauteur, il ouvrit la bouche mais la blonde lui lança un tel regard qu’il n’osa pas prononcer un mot. Il referma la bouche comme un poisson avant de faire demi-tour et d’aller s’affaler sur un fauteuil dans un coin de la pièce. Quelques minutes plus tard, il était profondément endormi. La jeune fille ne voulait pas qu’une quelconque personne ne vienne les interrompre, elle avait trop galéré pour se retrouver enfin face au rouge et or plus de trente secondes qu’elle n’avait pas envie que ses efforts soient réduits à néant par un débile complètement ivre. Relevant les yeux vers le rouge et or, la jeune fille se demanda ce qu’il pensait de tout ce qu’elle venait de lui balancer en pleine figure. Le savait-il déjà ? Le prendrait-il plus au sérieux si ça venait d’elle ? S’en foutait-il complètement ? Ou bien se demandait-il ce qu’elle voulait dire ? Peut-être que le brun était aveuglé et qu’il ne se rendait pas compte de son changement de comportement, peut-être ne comprenait-il pas les réactions des autres élèves. Mais il était intelligent malgré ce que beaucoup pouvaient dire, et Roxanne était persuadée que même lui se rendait compte qu’il perdait petit à petit sa personnalité, qu’il devenait le fantôme de ce qu’il était auparavant. En tout cas elle l’espérait vraiment, parce qu’elle ne voulait pas qu’il reste comme ça, qu’il s’enfonce dans ses délires de couple avec la jeune Potter, qu’il devienne un élément d’un duo, qu’on ne puisse plus les séparer lorsque l’on voulait parler de l’un d’entre eux. Elle voulait qu’on en parle en tant qu’Ainsley, pas en tant que petit-ami de Lily Potter. Petit ami. Elle n’aurait jamais imaginé pouvoir le dire en parlant du rouge et or. « J’aimerais comprendre Sin, j’aimerais savoir ce qui se passe dans ton putain de cerveau en ce moment. » Elle avait soif d’explications, elle avait soif de savoir ce qui se passait, de comprendre, d’y voir plus clair. Et il avait intérêt à lui répondre, et pas à esquiver l’affrontement. Peut-être qu’il jouait un jeu après tout ? Peut-être que ce n’était qu’un plan parmi tant d’autres destiné à faire tomber la Résistance une bonne fois pour toute et que s’attaquer à la chef du clan n’était que le meilleur moyen pour y parvenir. La blonde l’espérait vraiment, elle voulait vraiment que ce soient là les mots qui allaient sortir de la bouche du jeune brun. Malheureusement, elle avait un mauvais pressentiment, une espèce de voix au fond d’elle qui lui disait qu’elle se faisait beaucoup trop d’espoirs à ce sujet. Reprenant une énième gorgée pour faire taire cette voix, elle attendit la réponse de son ami.

Spoiler:

Le regard de Sin balayait la salle et vint la couver de ses sombres prunelles envieuses. Cet amas festif, véritable packaging incluant alcool blanc, musique sourde et filles facile, avait toujours fait partie de son existence mais il le toisait en l'instant avec envie et désir. Sa vie avait pris un tournant considérable à tel point que le revirement avait fini par choquer un grand nombre de ses camarades et détracteurs, lui le dernier. A présent Ainsley se contentait d'observer les festivités, tiraillé par ses démons échauffant ses sens tout en lui vociférant de procéder à ses scandales habituels – qui n'avait pas déjà entendu parler d'un Sin sulfureux s'adonnant aux étreintes charnelles semi publiques ? – , il luttait avec force comme il réussit à assagir son esprit. Ses yeux en amande quittèrent la piste de danse, gratifièrent les beaux jeunes gens d'un regard indifférent, et se reportèrent sur Roxanne dont la main lourde avait déjà puisé la vodka à sa source. Comprenant à juste titre qu'il allait essuyer d'autres réprimandes quant à son nouveau style de vie et son assagissement détonnants, le jeune homme ne sut véritablement décrire son état d'esprit actuel. Entre l'envie de lui gueuler à la gueule qu'elle ferait bien de s'occuper de ses fesses – très jolies au passage – et le besoin de se reprendre grâce à ses paroles cinglantes l'invitant à se noyer de nouveau dans sa débauche. Un Sin sans le parfum sirupeux de la luxure et du stupre n'était plus le vice personnifié, il demeurait simplement Ainsley, le Gryffondor probablement le plus haï de ses confrères pour avoir fait l'erreur d'être tombé amoureux de la 'mauvaise' personne. Incapable de savoir si avoir perdu ce Sin lui prêtait à défaut ou demeurait plutôt encourageant, le ténébreux jeune homme s'en remit à son amie de toujours non sans savoir que son objectivité était totalement obstruée. Oui mais voilà, une part de lui-même aurait voulu concilier les deux : ses penchants douteux d'antan, et ses habitudes plus sages d'aujourd'hui pour mieux faire plaisir à sa dulcinée. Dulcinée qui au passage lui avait avoué ses premières intentions véritables ; à savoir le manipuler par les sentiments, et qui même après s'être excusée ardemment avait gravé ces aveux immondes dans l'esprit du jeune homme. Envers et contre tous, certes, mais de là à accepter de but en blanc telle révélation il lui faudrait du temps. Mais soit revenons-en au sujet principal à savoir la délicieuse Serpentarde se lançant dans une diatribe interminable. « Donc tu sors avec Potter ? » Un soupir s'échappa des lèvres de Sin et ses yeux roulèrent au plafond. Fatigué de tenir de toujours les mêmes discussions, le Gryffondor hésita à la laisser là en plan mais la demoiselle était coriace et ne lui laissa guère l'opportunité. Et puis quelque part, Ainsley était bien curieux de voir la suite des événements, comme il était envieux de se confier lui aussi sur ce qu'il traversait. Un peu.

Ainsi Roxanne commença à être intarissable sur le sujet de leur couple. Combien elle détestait Lily, pourquoi était-elle si surprise de le voir docile, en quoi elle suggérait que le Sin d'antan était bien plus amusant que celui d'aujourd'hui. Le garçon n'eut par ailleurs aucun contre-argument puisqu'il devait s'avouer vaincu : Roxanne avait raison sur toute la ligne, bien qu'il désapprouvait les critiques à l'encontre de sa belle ainsi que les jugements portés sur son couple. L'envie de s'extirper de cette routine était pourtant la plus forte, aussi demeura-t-il à ses côtés à l'écouter, regard certes sombre et ténébreux, figé lourdement au sol tandis que grandissait son agacement du à l'ébranlement de son égo, verre à la main et raison percluse. « Epargne ta salive, ce sera plus productif pour toi si t'allais galocher un Poufsouffle. J'ai entendu ce speech des centaines de fois, et l'autre abruti d'Albus est en tête. » Une gorgée pleine de vodka ; il fallait bien cela pour faire passer tout le mépris et la colère tue. « T’es devenu un petit agneau docile, ça te ressemble pas... » Il frissonna malgré lui. Son amie avait raison et avait percuté de plein fouet ce qu'il ne voulait ni entendre, ni concevoir, et encore moins approuver. Ainsley avait conscience d'être devenu doux, prévenant, tolérant voire incapable de se positionner aux côtés des Obscurs. Comme si toutes ses convictions s'étaient envolées en éclat sous le joug de battements de coeur trop virulent pour la belle Lily... Seulement il se rendait compte, sous le matraquage des paroles de Roxanne, de la musique sourde et de l'ivresse latente, qu'il avait fait beaucoup trop de concessions et qu'il ignorait s'il en sortirait épanoui. Plutôt dépouillé oui, au vu de l'insistance agressive des Potter qui se liguaient contre eux et se collaient ardemment à leur couple telles des pucelles de quarante ans contre le plombier de passage. « J’aimerais comprendre Sin, j’aimerais savoir ce qui se passe dans ton putain de cerveau en ce moment. » « Je sais ! » Le jeune homme avait fini par laisser porter sa voix habituellement si basse et sensuelle. Mais diable que cela lui avait fait du bien sur le coup ; faire exploser son agacement et son impulsivité en levant simplement la voix. Sin se reprit bien vite cependant, soupira face à son emportement et dut admettre que ce harcèlement perpétuel face à son couple lui taillait les nerfs. « Je veux dire, je sais tout ça. Je sais que je ne suis plus le même. Je me suis même retenu de casser la gueule de Potter. » Un regard complice pour Roxanne et il reprit avant même qu'elle ne puisse en placer une. « Je parle de l'autre con prépubère. Pas de Lily. » Une rasade de vodka pour faire passer le tout. Assez généreuse pour le faire grimacer légèrement sur le coup. « C'est comme si j'avais maté tous mes démons depuis qu'elle était là. Elle est rentrée dans ma vie et a allumé la lumière, j'veux pas retourner dans le noir. » Regard perdu sur la piste de danse, sourcils froncés, lèvres suspendues à ses propres réflexions Ainsley parlait de manière posée. A la fois subjugué et effrayé par ce qui lui arrivait, il se contentait de parler sans chercher à se justifier. Juste exposer les faits. « Peu de sexe, peu d'alcool, mais beaucoup de... » Il s'arrêta alors, pesant ses mots pour ne surtout, surtout pas poser le mot 'amour'. Il y avait des limites dans la niaiserie, même pour un Ainsley aseptisé. « ...sentiments. Et ouais, j'aimerais bien redevenir comme avant et m'éclater. Mais je ne veux pas la quitter. » Ses yeux se tournèrent vers Roxanne, luisant de détermination. Entre le désir de se noyer dans la débauche à nouveau, et l'envie de rester clean. Paradoxe impossible.

Spoiler:

ainsley et roxanne

Petit copain, petite copine, c’est des concepts. Franchement c’est puéril.

Il faut croire que parfois Merlin s’amuse avec les gens. Au fond, il devait avoir un gigantesque échiquier magique sous les yeux, et quand il s’ennuyait un peu, il changeait les pièces de place, voire de camp, juste pour voir ce que ça pouvait donner, pour s’amuser un peu. Roxanne ne voyait aucune autre explication pour que Sin soit passé du côté obscur de la force – c’est-à-dire du côté de l’amour. Non parce que sérieusement, on parlait de Blackwood, l’antithèse parfaite du sentiment amoureux, le stéréotype du parfait connard. Et là, il tombait dans la guimauve, le mielleux, et ça donnait vraiment la gerbe à la verte et argent qui voulait que tout redevienne normal, que la vie reprenne son cours normal, chacun à sa place : Lily du côté des Résistants à se faire martyriser, Sin du côté des Obscurs à utiliser les filles comme des mouchoirs qu’il jetait par la suite. Parce que c’était censé se passer comme ça, c’était écrit comme ça, alors merde qu’ils arrêtent de vouloir faire dans l’originalité, ça ne sert à rien. « Epargne ta salive, ce sera plus productif pour toi si t'allais galocher un Poufsouffle. J'ai entendu ce speech des centaines de fois, et l'autre abruti d'Albus est en tête. » La demoiselle haussa un sourcil, d’étonnement et de dédain. Comme ça son autre abruti de cousin s’était mis en tête d’aller s’attaquer à Sin. Grand bien lui fasse, elle l’avait toujours trouvé un peu impulsif, et puis peut-être qu’à force de faire chier l’autre rouge il allait réussir à en tirer quelque chose. Bien qu’elle en doute énormément. Reprenant une gorgée de son verre sans même relever la remarque idiote de Sin à propos de son incapacité à faire quelque chose pour lui, ou à lui faire comprendre quelque chose, elle lança un regard au reste de la salle où les élèves commençaient lentement mais sûrement à s’abandonner aux limbes de l’alcool, tombant dans les méandres de sa sournoiserie. Elle en repérait déjà quelques-uns qui allaient regretter d’avoir trop abusé sur la boisson le lendemain matin. Tout en gardant le regard fixé sur les autres élèves, elle continua sa tirade, sachant très bien qu’elle avait peu de chances de parvenir à quoi que ce soit, mais qui ne tente rien n’a rien, alors elle s’obstina, continua à enfoncer le couteau dans la plaie, haussant le ton, sifflant ses paroles telle la vipère qu’elle était. Ce n’est que lorsque Sin lança un « Je sais ! » avec une voix dont le ton avait haussé de plusieurs décibels qu’elle se retourna vers lui, visiblement choqué. Si il commençait à lui crier dessus, ils n’allaient pas être copains très longtemps. A quoi pensait-il bordel ? Au fond la jeune fille ne faisait ça que pour l’aider, pour l’empêcher de faire une connerie, LA connerie de sa vie. Autant elle se foutait bien de ses escapades dans tous les lits de Poudlard, il pouvait même se taper tous les Weasley si cela lui faisait plaisir, autant le voir tomber à ce point dans le mélodrame romantique, aveuglé par sa belle, ça elle ne pouvait le tolérer. Ne comprenait-il pas que tous ceux qui étaient là à le matraquer de paroles ne faisaient ça que pour son bien ? Ils n’étaient pas fait pour être ensemble, ils allaient se détruire à petits feux chacun de leu côté et au final il ne resterait plus rien d’eux. Lily et Sin, ils n’allaient pas ensemble, ils étaient trop opposés pour vivre une histoire normale, ils allaient se bouffer, se faire imploser, c’était sûr et certain. Déjà les vieux démons de Sin ne l’avaient pas abandonné, ils étaient toujours là, bien enfouis en lui mais là, et le jour où ils sortiraient de nouveau il ne pourrait rien faire pour lutter contre eux. C’est ça qu’il voulait ? Se détruire ? Hors de question, la vipère n’allait pas laisser passer ça, il était impensable qu’elle le laisse s’enfoncer dans la folie à ce point, il fallait lui faire sortir la tête hors de l’eau une bonne fois pour toute. Mais, cerise sur le gâteau, Sin était plutôt têtu quand il s’y mettait, et le faire changer d’avis n’était pas une tâche facile, Roxanne en faisait en ce moment même l’amère expérience. « Je veux dire, je sais tout ça. Je sais que je ne suis plus le même. Je me suis même retenu de casser la gueule de Potter. Je parle de l'autre con prépubère. Pas de Lily. » Sans blague, elle qui pensait que la rouge aimait bien frapper les filles pour se défouler. Non là c’était le pompon. Roxanne aurait tout donné pour voir le visage tuméfié de Potter – Albus bien évidemment, elle n’était pas un monstre au point de vouloir que Lily se fasse tabasser, des sortilèges c’était bien plus marrant pour elle -, juste pour le plaisir de voir que ses conneries étaient bien sanctionnées au final, que son comportement de sauveur sur son cheval blanc ne marchait pas à tous les coups et que parfois il tombait sur plus fort que lui. Mais non. Sin n’avait rien fait. Sérieusement le monde ne tournait vraiment pas rond. Le rouge et or lança un regard complice à la jeune fille qui roula des yeux sans ajouter un mot, trop désespérée par le nouveau comportement du lion, une anecdote en cachant une autre. Elle préféra noyer son désespoir dans l’alcool et reprit une gorgée de son verre tandis que son ami reprenait la parole, d’une voix beaucoup plus calme qu’auparavant. Mais elle ne pût s’empêcher d’avoir un léger sourire quant à la façon de Sin de décrire le frère de sa copine. Au fond il n’avait peut-être pas changé tant que ça, mais bon il ne fallait pas s’avouer vainqueur trop rapidement sans quoi elle allait tomber de haut.

« C'est comme si j'avais maté tous mes démons depuis qu'elle était là. Elle est rentrée dans ma vie et a allumé la lumière, j'veux pas retourner dans le noir. » Bon ok, il voulait la faire vomir là, vraiment c’était son objectif de la soirée. Parce que sérieusement, sortir un truc pareil à Roxanne Wealsey c’est comme parler de viande rouge à une réunion de végétarien : ça fait gerber, et ça énerve. Sérieusement, les petites amourettes, les sentiments, les phrases à deux noises qu’on tirait de n’importe quel recueil de poésie pour pré pubère, bien peu pour elle. Un sourire s’étala sur les lèvres de la jeune fille tandis que son ami continuait sa tirade amoureuse. Des sentiments. Il parlait de sentiments, autant dire que Roxanne ne pouvait pas comprendre. Elle n’était jamais tombée amoureuse, elle n’y croyait pas, et se voyait mal être liée à quelqu’un toute sa vie. Bien sûr parfois elle se posait des questions, elle hésitait, mais au final elle essayait de se convaincre que ce genre de choses ce n’était pas pour elle. L’image de Sidney passait devant ses yeux à cette pensée, mais elle la jeta bien vite dans un recoin de son cerveau pour se concentrer sur un autre rouge. Mission commando. C’était un peu ça, mais en moins drôle et en plus dépitant que dans les films. « Mais je ne veux pas la quitter. » Ce n’était pas si difficile, suffisait de se comporter en parfait connard et c’était elle qui allait filer en sens inverse. Mais bon, ce n’était peut-être pas le truc à dire pour le moment, pas sûr que l’idée soit vraiment accueillie avec les honneurs qu’elle mérite. S’appuyant sur la table en bois avec son bras droit, elle garda son verre dans l’autre main avant de le porter à ses lèvres, sans rien dire pour l’instant. Ses yeux azurs se perdirent de nouveau dans la foule d’élèves dont les rires venaient envahir l’air. Bizarrement elle n’avait pas envie de rire, mais pas de pleurer non plus, elle était juste blasée. Une absence totale de sentiments quel qu’ils soient, un envie de tout arrêter et d’aller dormir. Elle s’évertuait à lutter contre quelque chose qu’elle ne pouvait pas vaincre, c’était un combat perdu d’avance. Si Sin était bel et bien tombé amoureux, qu’est-ce qu’elle pouvait y faire ? Roxanne Wealsey, insignifiante petite chose dans cet univers, ne pouvait pas lutter contre les sentiments même si elle leur crachait allègrement au visage, ne mangeant pas de ce pain. Toute cette histoire lui avait coupé toute notion, elle était désemparée. Reprenant une nouvelle fois une gorgée, sans se soucier de l’état déplorable dans lequel elle allait finir si elle continuait à ce rythme-là, la jeune fille détacha son regard de la piste de danse où se trémoussaient une bande de filles éméchées, avant de reporter son attention sur son ami. « Qu’est-ce que tu veux que je te dises ? » Perte d’espoir. Mais non, il fallait qu’elle se ressaisisse, qu’elle lui foute la vérité sous le nez histoire qu’il ne puisse pas avoir d’échappatoire. Plus facile à dire qu’à faire. « J’ai l’impression que tu me parles chinois. Pour moi ça veut rien dire tout ça, mais j'aime pas ce que je vois, alors je te le dis. » Elle se redressa avant de passer sa main dans ses cheveux et de reprendre, la voix plus ferme, plus vive, comme si elle s’était enfin réveillée. « Mais je trouve ça louche. Vous êtes tellement pas faits pour finir ensemble, que non, ça sonne faux. » Elle posa son verre sur la table, éloignant de ce fait la tentation d’en reprendre encore une rasade, avant de croiser les bras sur sa poitrine. « Merde, regarde toi, tu sonnes faux, on dirait que c’est toi dehors mais que dedans c’est un mec que personne connait. Si c’est ça l’amour alors franchement c’est un truc de merde » Elle soupira avant de décroiser ses bras et de les laisser tomber le long de son corps. « Je veux dire, pourquoi ce serait à toi de changer ? Sérieux moi je vois aucun effort du côté de Lily, alors que toi tu renies tout. Pourquoi elle pourrait pas ramener son cul à des soirées ? Pourquoi ce serait à toi d’y renoncer ? » Au fond Lily n’était pas conne, ça se trouve elle utilisait le rouge et or depuis le début. C’était une possibilité, et la jeune fille s’empressa d’en faire part à Sin, sans savoir qu’il était déjà au courant. « Et puis qui te dis qu’elle t’utilise pas comme un vulgaire pion ? C’est la chef des Résistants Sin, t’es Obscur, t’es juste la proie idéale pour elle. Et vu comment tu marches dans ce jeu, je crois qu’elle s’est pas trompée en te choisissant » La jeune fille adressa un léger sourire sarcastique au rouge et or, sans rien ajouter de plus. Elle parlait déjà trop, l'alcool lui déliant la langue plus qu'il ne devrait, laissant échapper des mots qu'elle ne disait pas en temps normal, laissant aussi échapper plus de gros mots que la normale. Elle avait l'impression de vomir un flot de paroles continues, une avalanche de mots qu'elle n'arrivait pas à refréner mais qui l'énervait. Se mordant la lèvre inférieure pour éviter de l'ouvrir encore une fois, elle regarda Sin en attendant une réponse. Elle ne comprenait plus rien à cette histoire mais elle savait que ce n’était pas net, ou contre-nature. Ils ne devaient pas finir ensemble. Ils ne pouvaient pas finir ensemble. Point final.

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