Sasha claqua la porte de son placard d’un coup sec. Elle s’ennuyait, ce qui était fondamentalement mauvais pour tous les habitants du château. Si elle s’ennuyait, il allait falloir qu’elle s’occupe et si elle devait s’occuper… Gare à ses futures proies. La Gryffondor laissa son sac sur son lit, ne craignant aucun vol d’aucune nature. Le premier qui osait toucher à ses affaires se ferait allègrement couper la main avec une cuillère à café, et l’avertissement était bien passé. La jeune fille descendit les marches des dortoirs, déboulant dans la Salle Commune à moitié vide dans un triste soupir. Personne à torturer. Un paysage d’une tristesse affolante. Glissant les mains dans les poches de son slim qui lui moulait les jambes à merveille, la biélorusse sortit dans les couloirs, toujours à la recherche d’une distraction. Elle ne comptait pas sur Demyan, pas aujourd’hui. Elle aurait volontiers passé du temps avec lui s’il le désirait et s’il en montrait l’envie, mais elle était d’humeur à traumatiser une âme innocente. Si on voulait parler concrètement, elle était toujours d’humeur à traumatiser une âme innocente, mais des fois, la météo, une conversation, une personne s’y prêtait plus. Et il y avait toujours une parfaite raison de faire cette joyeuse et revigorante activité. Sasha s’assit sur les marches d’un escalier, attendant qu’il bouge et qu’il la mène là où bon lui semblait. Le karma la porterait quelque part. N’aimant pas particulièrement marcher dans le grand château, et étant habituée à la taille de Durmstrang, il n’était pas rare de croiser la rouquine assise sur une marche, laissant le château lui-même la guider. Elle ne s’était jamais perdu dans l’école britannique, et n’avais jamais demandé sa route, préférant visiter seule et se souvenir au fur et à mesure que demander de l’aide, mais les escaliers mouvants étaient toujours son moyen de transport préféré. L’étudiante en classe préparatoire décida de finalement se lever au hasard, grimpant le peu de marches qui lui restait pour arriver à un étage qu’elle ne connaissait que très peu. Regardant autour d’elle et faisant quelques pas, elle aperçut une porte, qu’elle ouvrit sans réfléchir. Un placard à balai. Soit. Continuant un peu plus loin et remarquant que cet étage était aussi vide qu’inintéressant, elle faillit faire demi-tour, mais s’arrêta juste devant une double porte fermée. Faisant l’inventaire des salles qu’elle connaissait dans Poudlard, Sasha eut un moment de réflexion. Que pouvait bien se cacher silencieusement derrière ses grandes portes ? D’un coup de main experte, la rouge et or les ouvrit, laissant la salle se dévoiler sous ses yeux bruns.

Coussins. Le premier mot qui lui vint à l’esprit. Cette salle était remplie de coussins de plusieurs couleurs, formes, probablement confort aussi. Des polochons autant que des coussins de la taille de matelas, Sasha ne put s’empêcher de sourire. Comment se faisait-il qu’elle n’avait jamais découvert une pièce pareille ? C’était un petit paradis qui était plutôt calme. Elle ne savait si c’était dû à l’heure de la journée ou si c’était quelque chose d’habituel, mais elle retira ses talons pour faire quelques pas nu pieds à l’intérieur, profitant de la douceur du sol. Lançant des regards à la ronde, la rousse se remit en quête d’un ou d’une faible étudiant(e) à traumatiser avant de partir manger en fin d’après-midi. Rien de mieux pour ouvrir l’estomac. Il y avait plusieurs personnes, toutes en train d’écrire, de se reposer, de lire un livre. Sous des piles d’oreillers, on apercevait aussi de temps à autres un couple qui profitait du calme et de la solitude pour se réfugier ici. La biélorusse décida d’avancer encore dans la salle qui paraissait immense. Chacun pouvait se trouver un coin tranquille. Contrariée de ne trouver personne à embêter dans une salle pareille, elle finit par faire un petit saut et atterrir allongée dans une pile de ce qui semblait être des oreillers en plumes. Tournant la tête à droite et à gauche pour trouver une position confortable, elle finit par fixer le plafond, s’emmitouflant dans les coussins. Un toussotement pas loin d’elle la fit presque sursauter. Le silence ambiant était de temps en temps brisé par un rire, ou une conversation, mais jamais aussi près d’elle. En se tournant sur le côté, elle aperçut un garçon qu’elle ne connaissait que trop bien. Un peu trop bien pour lui, pas assez pour elle. Khôl Kaygizis. Hé bien voilà, suffisait de demander une proie pour en avoir une : et alléchante, qui plus est. Comme quoi, le karma. Avec un petit soupir de contentement, Sasha se redressa et s’approcha du garçon, qui n’avait absolument pas toussoté pour attirer l’attention sur lui. Il devait avoir la toux qui le démangeait juste, vu comment il était plongé dans le bouquin qu’il lisait et comment il ne semblait pas intéressé par ce qui se passait autour de lui. La rousse était à quatre pattes, avançant à pas feutrés pour surprendre le garçon seul, tâche qui serait plus que facile. Arrivée à deux centimètres de lui, elle approcha rapidement sa bouche de son oreille, et murmura d’un souffle. « On est tout seul, Kaygizis ? » Le sursaut du garçon fit sourire la demoiselle. Elle se retenait d’éclater de rire devant sa mine un brin terrifié. Il en avait lâché son livre de surprise, ce qui était positif puisque Sasha pouvait l’envoyer valser un peu plus loin. « Ça faisait longtemps qu'on avait pas été tous les deux. » L’égyptien bégaya un genre de salutations à l’adresse de la Gryffondor, se reculant un peu d’elle.

La dernière fois qu’ils s’étaient vus, ils avaient passés un très bon après-midi. La jeune fille lui avait forcé la main, et il n’avait pas pu résister. Ayant cédé une fois à la biélorusse, elle s’était mise dans la tête que c’était quelque chose d’acquis, et qu’elle pourrait le ravoir quand elle en avait envie. Bien évidemment, le garçon n’était pas forcément d’accord avec ça, mais au final c’était bien ça le plus drôle dans l’histoire. Le voir céder petit à petit aux avances de la demoiselle. Un jeu exquis qu’elle adorait pratiquer, puisqu’elle gagnait la plupart du temps. Sasha se releva, et se rapprocha de Khôl au fur et à mesure qu’il reculait, centimètres par centimètres. Au bout d’un moment, son dos rencontra un mur, ce qui ravit la Gryffondor. « Tu me reconnais j'imagine ? » Question purement rhétorique. Elle n'était pas quelqu'un qu'on oublie. Le jeune homme hocha la tête. « Tu m’en vois ravie. » Posant sa main sur la cuisse du garçon, elle commença à faire des petits ronds avec son doigt, essayant d’être le plus perturbante possible, ce qui n’était pas franchement dur. Elle avait l’effet de surprise avec elle, ainsi que sa beauté animale naturelle. « J’espère que tu vas bien. Moi je vais bien. » La biélorusse s’allongea sur les coussins, appuyant confortablement son cou sur la cuisse du garçon sans lui demander, évidemment, aucune permission. Elle avait donc le jeune homme sous la main, bloquée par son cou. Plongeant son regard dans le sien, elle lui sourit. « Je m’ennuie. Alors je me disais que tu pourrais peut-être m’occuper. » Faisant un clin d’œil à Khôl, elle attrapa le livre d’une main, déchiffrant le titre en soupirant. « Sérieusement, tu lis ce genre de trucs stupides ? Quelle perte de temps. » La Gryffondor tendit le livre au garçon qui l’attrapa d’une main. Elle en profita pour lui agripper le poignet et se relever face à lui. La seconde d’après, elle passait sa main dans ses cheveux et l’embrassait à pleine bouche, attendant qu’il réagisse et finisse par la repousser comme il en avait l’habitude au départ de chaque rencontre de ce style. De toute façon, ça finirait comme d’habitude : comme le voulait Sasha Rosenthal. Et avec la réalisation de ce pourquoi elle était venue.