Johane resserra sa cravate rouge et or avec une pointe de fierté, comme chaque matin, devant ce même miroir. Elle se souviendrait éternellement de l'amertume qu'elle avait senti dans la réponse de son père, et de la joie sincère de sa mère lorsqu'elle le leur avait annoncé. Rien que pour le dépit de son paternel, en fait, elle ne regrettait pas d'avoir été répartie chez les courageux.

Après quelques étirements visant à détendre ses courbatures dues aux entraînement de Quidditch - celui de la veille ayant été particulièrement ardu -, elle se coiffa - n'allez cherchez aucune logique là dedans, Johane était un miracle d'incohérence.
Sautillante, sûrement parce qu'elle faisait partie des rares personnes en forme dès leur réveil, elle rejoignit la grande salle en jetant un œil dépité au lit encore investit de Blake. Sans plus s'en préoccuper toutefois - jugeant que la jeune fille était libre de faire ce qu'elle souhaitait après tout - elle ne le réveilla pas et poursuivit ses projets.

La salle commune des Gryffondors était remarquablement vide, et la Grosse Dame était restée ouverte. Une sacrée flemmarde, ne put s'empêcher de pense Joe avec une moue amusée.

Tout aurait pu sembler si idyllique, si normal, si beau, si parfait qu'elle aurait presque pu oublier la broche qui se tenait discrètement accrochée à sa manche. Un phénix rouge et or. Ce rouge et or qu'elle était si fière de porter.

Au tout début, cela avait été difficile. Très difficile. Il était monstrueusement dur de croiser les regards, de faire soudainement attention à chaque manche de chaque élève. Elle avait eu du mal à ne pas pousser des gémissements craintifs chaque fois que la broche adverse se profilait à l'horizon, et à faire la morale à ceux qui n'exposaient rien. Pour elle, ceux qui ne choisissaient pas de camps n'étaient pas des lâches. Juste des doux rêveurs qui pensaient - non espéraient - pouvoir échapper à cette guerre. Tout le monde devait prendre place. Chacun d'entre eux devait choisir un côté. Un idéal. La servitude ou la liberté. La terreur ou un monde plus juste. Un monde où les gens n'étaient pas considérés comme des bêtes simplement à cause de leur sang.

Mais les années aidant, elle avait appris à oublier ce poids, ou du moins à le reléguer à une place suffisamment secondaire pour ne pas en être triste chaque minute de la journée.

Le petit déjeuner fut vite enfilé, et Johane ressortit avant que Blake n'arrive.

- Pousse-toi abrutie, murmura-t-on si bas qu'elle faillit ne pas entendre.

Un Serpentard qui la bousculait et en profitait pour la provoquer, c'était d'un cliché...
Et une Gryffondor qui répondait de ses poings, c'était d'un navrant...

Pourtant le Serpentard ne comprit pas vraiment ce qu'il lui arrivait lorsqu'il se retrouva avec une superbe marque rouge sur la joue, la lèvre en sang.

- Pousse-toi... abruti, articula-t-elle glaciale.

Personne ne réagit autour d'eux, ces réactions de Johane l'avaient rendue célèbre et cela faisait bien deux années que plus personne ne s'en offusquait. Ne s'en occupait ? Ne s'en souciait en fait.

Johane continua son chemin, tout de même pas suicidaire - seule contre quatre, elle l'avait déjà fait, mais n'avait que trop rarement remporté la bataille.

Elle en était à se repasser la scène, quand, au détour d'un couloir vide qu'elle traversait à tout allure, énervée par cette altercation, elle se prit une nouvelle fois une personne de plein fouet...

- Merde ! Tu peux pas regarder où tu vas ?

« Mais pourquoi le réveil sonne toujours trop tôooooot ? » cria Janet avant de se replonger sous la couette. Sarah était tenté de faire de même, dormir une heure de plus serait parfait. Le rêve qu'elle venait de faire était d'ailleurs super, pourquoi fallait-il toujours que ce foutu réveil sonne ? Mais si Sarah ne se réveillait pas tout de suite, et qu'elle ne tirerait pas Janet hors de son lit, personne ne se réveillerait à l'heure ce matin. « Comme tous les autres matins d'ailleurs », pensa la jeune poufsouffle avant de pousser un long soupir, et de se lever. Après maints et maints effort, Janet fini par sortir de son lit, et sans laisser le temps à une de ses camarades de dortoir de le faire, elle se rua dans la salle de bain. Comme d'habitude. Laissant à Sarah le soin de se préparer face au minuscule miroir, en face de son lit. Elle finirait bien par l'aimer ce miroir. Bref, elle furent enfin, prêtes toutes les deux, et dans des temps records. Elles descendirent, ou plutôt dévalèrent, les escaliers et pour une fois, c'est Janet qui arriva la première en bas. Mais une fois n'est pas coutume, et c'est avec le sourire de la fille qui sait très bien qu'elle va se venger, que Sarah regarda sa meilleure amie, qui se dirigeait déjà en courant vers la grande salle.

Le petit-déjeuné fut long, Sarah adorant papoter, ne pouvait s'empêcher de dire bonjour à toutes personnes qu'elle connaissait, se trouvant à ses côtés. Janet, fini par en avoir marre d'attendre, et parti chercher ses affaires qu'elle avait oublié. Sarah pensa qu'elle partait plutôt pour se refaire un maquillage, car les cours ne sont pas si important que ça pour la miss, surtout que ses affaires, elle les avait toutes, mais Sarah n'en avait que faire, si sa meilleure amie avait envie de remonter, c'était pas elle qui irait l'en empêcher, de toute manière, elles faisaient ce qu'elle voulait. Bref, Sarah se retrouva seule à la table. Enfin seule est un bien grand mot, elle était toujours entourée de ses connaissances et amis poufsouffle, avec qui les discussions allaient de bon train. Et puis, elles étaient ultra intéressantes en plus! Qui aurait pu imaginer que le vent soufflait à 55 km dans une petite région au sud de la France? C'était une fille serdaigle qui l'avait dit à son amie de gryffondor qui l'avait appris à sa sœur. Les nouvelles vont vite n'est-ce pas ? En tout cas, Sarah était très prise dans la conversation, elle était tellement passionnée qu'elle n'avait même pas remarqué que les tables se vidaient peu à peu. La grande salle se vidait rapidement, mais les poufsouffles, indifférents à leurs camardes, restaient assis autour de leur tables. Mais pour que Sarah s'en rende compte, il lui fallut entendre la remarque d'un jeune poufsouffle, de 3eme année si sa mémoire était exacte.

UN POUFFY : « Mais on va pas être en retard si ça continue comme ça ?! »

Et zut, Sarah n'avait pas vu le temps passer, elle avait attendu Janet. Cette dernière était sûrement toujours dans le dortoir en plus. « Je vais chercher Janet, on se retrouve en cours ? » avait alors dit Sarah avant de quitter précipitamment la table. Quitter la table, c'est vite dit, parce qu'être sur ou sous le banc, ça revient un petit peu au même non? Et oui vous l'avez devinés, Sarah s'était pris les pieds dans son sac et était tombée par terre. Oh, elle ne s'était pas fait mal, de toute manière elle avait fini par avoir l'habitude. De même, ses camarades avaient fini par arrêter de s'inquiéter aussi, eux aussi avaient l'habitude de la voir par terre. C'est donc dans un grand éclat de rire, qu'elle se releva. Toujours joyeuse, pourquoi un événement tout basique comme celui là lui aurait fait perdre le sourire ? Avec un regard amusé, et surtout, un regard attentif sur ce qui l'entoure, elle sort de la grande salle. C'est bon, elle est dans le hall, direction salle commune des poufsouffle, sans être tombée une seconde fois, c'est qu'elle s'améliore de jour en jour la petite Sarah !

Sarah avançait vite, il fallait vraiment pas qu'elle arrive en retard en cours, elle avait un devoir de potion à rendre pour le lendemain, et Sarah n'avait pas tout à fait compris la dernière question, si elle loupait le cours, Sarah n'aurait pas l'information manquante lui permettant de décrocher le O, d'Optimal. Bien évidement, un EE lui irait très bien, mais viser la meilleure note, c'était quand même ce qu'il y avait de mieux non? Bref, Sarah était perdue dans ses pensées, et était tellement concentrée sur son devoir de potions, qu'elle ne se rendit même pas compte qu'elle avait emprunté la mauvaise direction, au lieu d'aller vers la salle commune des poufsouffle, où elle n'aurait absolument pas retrouvé Janet qui était déjà repartie en cours, comme elle en avait eu l'intention au départ, elle se retrouva dans un couloir vide, mais alors totalement. À cette heure de la journée, qui normalement grouillait de monde, pour rejoindre les cours, c'était étrange, mais Sarah, au lieu de se soucier de ce petit détail, regarda plutôt les dalles du sol. Et si elle avait raison, elles étaient très intéressante, divisées en plusieurs morceaux de cinq, avec un losange rouge pour dalle centrale, elles formaient un cercle, qui s'emboitaient dans le cercle d'à côté. Et ensuite ...

UNE FILLE : «  Merde ! Tu peux pas regarder où tu vas ? »

Aïe. Sarah releva la tête, et du la releva assez haut ; elle était tombée par terre une fois de plus. Et zut, elle remontait au nombre de deux chutes en moins d'une heure, ça n'allait plus du tout. Comme la fille en face d'elle ne faisait aucun mouvement pour tenter de la relever, malgré l'immense sourire de Sarah, cette dernière s'appuya lourdement sur ses mains pour se relever toute seule. Colossal effort qui rata évidement, car la revoilà par terre. Cette fois-ci, elle tendis les bras devant elle.

SARAH : « Tu peux m'aider s'il te plait ? »

Sarah ne vit pas l'expression de la fille qui l'avait aidé, puisqu'elle se concentrait plutôt sur ses propres pieds, en espérant qu'ils ne lui rejoueraient pas des tours. Après une longue fixation, elle décida que c'était bon, elle tenait bien sur ses pieds et pu enfin regarder la personne face à elle. C'était une fille, qu'elle ne connaissait pas vraiment, une gryffondor à en juger par sa robe de sorcier, et oh ! une résistante aussi, son phenix était mis en avant, et il avait l'air beau, sur elle. Sarah se demandait son prénom, mais avant que la fille en face d'elle n'ait eu le temps de répliquer, parce qu'elle avait l'air vachement en colère, Sarah se rependit en excuses.

SARAH : « Je suis désole, vraiment j'avais la tête ailleurs, je ne t'avais pas vu arrivée, tu t'es pas fait mal au moins ? Je suis désolée, vraiment. »

C'était une pouffsouffle. Toute jaune. Cravate jaune, blason jaune, pétillante. Plutôt jolie. Une de ses filles que l'on croise, que l'on jalouse quelques secondes, et puis que l'on oublie. Elle n'aurait su dire pourquoi la blaireau lui faisait cette impression bizarre. Johanne sentit sa colère s'évaporer en une seconde. Elle ne frappait de si gentille bouille si servile. Servile ? Pourquoi encore cette impression ?
Ah. Peut-être parce que la jeune fille venait de platement s'excuser -trop rapidement- alors que Johane était elle aussi en tort et de plus, avait été désagréable. A sa place, Joe songeait amusée qu'elle se serait rembarrée vite fait bien fait avec une pointe de cynisme bien sentie.

Irritée de cette découverte, Johane se recomposa un air moins aimable que celui qui était venu se nicher sur son visage. Elle voulait tester quelque chose, pour vérifier son intuition -celle-ci étant plus que souvent justifiée.

Johane n'était pas une fille très fine, elle ne faisait pas dans la finesse ni même dans la subtilité. Elle avait été élevée à l'orgueil des Flint et à la pugnacité des Bell. Elle n'était pas garçon manquait mais il y avait dans sa façon une certaine brusquerie inhabituelle que le sexe féminin. Presque déplacée, parfois.

Pourtant, elle possédait une sorte de sixième sens : celui de pouvoir juger de la valeur d'une personne au premier coup d'œil. Celui de voir au delà des apparences. De percer à jour la carapace des gens.
Ce talent aurait pu lui être utile, si elle avait su l'exploiter, seulement, bien évidemment, il faut toujours que l'être humain soit brillant d'incohérence et de paradoxe afin d'être le plus riche et complexe possible.

- Franchement, tu pourrais vraiment regarder où tu fous tes misérables pieds ! J'ai entraînement ce soir et à cause de toi, je me suis peut-être foulé la cheville ! Cracha-t-elle dans une rage très convaincante.

Elle simula la blessure -habituée-, tentant de résister à l'envie de redevenir celle qu'elle était et cesser le jeu. Si jamais sa carrière de joueuse de Quidditch foirait - aucune chance - elle aurait toujours de l'avenir dans le cinéma sorcier, c'était plutôt bon à savoir...

Johane n'était pas ce genre de fille hautaine qui se croit meilleure que tout le monde, qui pense respirer un air plus pur que celui des autres et gratifier le monde de sa présence ineffable. Seulement il y avait chez cette pouffsouffle quelque chose qui la dérangeait. Et elle soupçonnait cet air de contrition absolu d'y être pour quelque chose.

Or, s'il y avait une chose que Johane détestait par dessus tout, c'était l'asservissement. Elle détestait cette infériorité que s'auto-infligeaient certaines personnes pour une raison inconnue. Or, le simple fait d'être à côté de la pouffsouffle lui donnait l'impression d'être une entité reine. Et très franchement, elle détestait ça. Encore plus de la part des pouffsouffle. Cette fille lui rappelait celle qui l'avait poussée à s'enrôler chez les Résistants.

Alors elle allait voir comme la jeune fille réagissait. Au pire, que risquait-elle sinon une rumeur de plus chuchotée dans son dos ? Elle serait traitée de fille cruelle, ou de prétentieuse archétypique pendant deux, trois jours... et bien soit. Elle n'était plus à ça près. Si elle pouvait donner une leçon à une âme en peine, cela en valait le coup.

Johane étrange et directe ? Oui, elle l'était. A coup sûr. Capable de s'intéresser à n'importe qui ? Aussi. Mais cette fille n'était pas n'importe qui : elle ne portait aucune broche; intolérable. Et elle lui rappelait indubitablement sa première protégée. Celle qui lui avait insufflé le courage des Gryffondor. Et puis, plus simplement, Johane était joueuse. Sa vie manquait affreusement de piquant ces derniers temps, alors elle tenait à s'en donner.


Comme nous le disions dans d'autres lieux, Johane possédait un grand cœur. Elle cachait, juste, parce qu'il est dangereux d'être naturellement généreux dans un climat de guerre adolescente où manipulation et faux semblants sont la règle du jeu.

Après avoir totalement fini de sortir toutes les excuses possibles et inimaginables du monde, Sarah pensa à Bonnie, elle n'aurait pas été contente de la voir dans cet état là. D'ailleurs tout ses amis plus âgés qu'elle de poufsouffle auraient était dans le même cas que Bonnie. Ils lui auraient dit d'arrêter de s'excuser pour un rien et de montrer qui elle était, voir même de regarder juste la personne en face au lieu de constamment baisser les yeux ! D'ailleurs ce n'était pas totalement de la faute de Sarah si l'autre lui était rentré dedans, les deux filles étaient fautive. C'est décidé, cette fois-ci Sarah se prendra en main, tout doucement elle remonta la tête... et la laissa retomber bien vite, non, ce n'était vraiment pas son genre de se rebeller contre sa timidité comme ça. Bonnie et Lucy avaient encore beaucoup à lui apprendre. Sarah ouvrit la bouche et la referma bien vite, la voix pleine de rage répliqua.

UNE FILLE : « Franchement, tu pourrais vraiment regarder où tu fous tes misérables pieds ! J'ai entraînement ce soir et à cause de toi, je me suis peut-être foulé la cheville ! »

Sarah faisait du quidditch elle aussi, elle savait bien ce que ça faisait d'être blessé et de en pas pouvoir jouer, surtout quand on aimait bien... Mais de toute manière, comme disait son père, « quand on veut on peut », si la gryffondor voulait jouer au quidditch aujourd'hui, elle pourrait facilement, Sarah ne pensait vraiment pas avoir fait si mal à la fille. Et de toute manière, c'est elle, Sarah, qui était tombée ! Et non la fille... qui était elle d'ailleurs ? Parce que l'appeler « la fille » dans ses pensées, au bout d'un moment, c'est lassant, elle décida donc de l'appeler Lafclaf, la fille qui l'a fait tomber, en supprimant certaines lettres et en modifiant des sons, de toute manière, c'était pour elle seule le surnom. Après ça Sarah esquiva un sourire, Lafclaf venait de la faire tomber au sol, de l'engueuler et au lieu de s'excuser une fois de plus, elle lui donnait un surnom ! Si ça ne voulait pas dire qu'elle progressait, qu'est-ce que cela voulait dire alors ? Bref, Sarah se détermina, releva la tête vers la fille et la regarda fixement. C'était bien une gryffondor que Sarah n'avait jamais vu, ses yeux aussi étaient des jamais-vu, envoutant, superbes, des yeux à se plonger dedans, si la fille le permettait. Lafclaf coupa le regard, avant que Sarah se rende compte que fixer comme ça les gens, n'était pas vraiment un bon point pour se faire pardonner. Pardonner peut être vu comme un extrême, mais Sarah essayait vraiment de ne jamais laisser de mauvaises impressions sur les gens qu'elle crosait, elle n'allait pas vraiment continuer sur sa lancer et rendre Lafclaf folle de rage non plus !

Elle regarda quand même la fille en face d'elle un peu plus longuement, Sarah était très curieuse. Et elle fini par se dire que Lafclaf était une fille belle, même si elle se cachait derrière un aspect de garçon manqué, toute son attitude disait clairement ceci. Mais Sarah ne poussa pas le jugement trop loin, car juger n'était pas son activité favorite. Et puis, il fallait qu'elle fasse quelque chose, elle n'allait pas rester debout quatre heures dans le couloir à regarder Lafclaf en face d'elle non plus ? OH ET LE COURS DE POTION. C'était sur, elle l'avait raté cette fois-ci, ça devait faire une heure qu'elle était ici, zut. Zut. Elle regarda sa montre, quand même, par précaution, et l'heure n'avait avancé que d'une minute. Ouf, elle n'était pas du tout en retard. Elle pouvait se calmer. Après une bonne respiration elle ouvrit la bouche, quand elle se rendit compte que Lafclaf en face avait l'air d'avoir vraiment mal à la cheville.

SARAH : « Ne t'inquiète pas, Madame Pomfresh arrange toujours tout. Je suis tombée de mon balais hier, et je suis en pleine forme. Mais si tu as vraiment mal, je peux t'emmener à l'infirmerie, mais... »

Mais quoi? Sarah ne savait plus quoi dire, pourquoi elle lui proposait de l'amener, elle aller vraiment finir par être en retard à son cours là! Et puis Lafclaf était grande, elle pouvait marcher toute seule non mais ! Non, Sarah devait dire quelque chose de plus intelligent, elle sentait bien que Lafclaf n'était pas super heureuse d'être avec elle. Le visage de la gryffondor devenait de plus en plus mauvais, et Sarah aurait bientôt peur d'avoir fait une bêtise. Alors, sans qu'elle s'en rende compte, les mots lui sortirent de la bouche.

SARAH : « Je pense quand même que je ne t'ai pas fait si mal que ça. Si on allait faire du quidditch pour tester ta cheville ?»

Johane attendait avec une avidité presque insultante la réaction de la pouffsouffle. Elle retint un hoquet en l'entendant encore une fois s'excuser. Elle avait mis du temps à réagir, peut-être un peu sous le choc de tant de dureté, mais avait fini par se plier à ses exigences. Joe, continuant son petit jeu, décida de ne pas lever les yeux au ciel et de ne pas secouer la tête de dépit.

Toutefois un peu énervée de tant de passivité, elle ne résista pas à la tenation et étira son cou avec indolence et remua sa cheville sans grimacer, dans une provocation ultime. Juste pour voir où cela les mèneraient toutes les deux. Cette déférence qu'elle voyait dans les yeux de la pouffsouffle faisait presque bouillir son sang de colère, comme si dans une manœuvre insensée, Joe s'était retrouvée catapultée des années en arrière, dans ce couloir sombre, seule, au milieu de cet attroupement de Serpentard trop forts et trop âgés pour qu'elle leur résiste.
Au fond, elle savait qu'elle jouait avec le feu, à trop oublier qu'elle était frêle - bien qu'elle tentât de l'oublier en continuant à préférer le sport à l'intellect. Toutes ces bagarres, ces ennemis, ces protégés, cela ne durerait pas éternellement, mais en éternelle gamine, elle se bornait à le rêver. Et à trop rêver, on finit par y croire.

Johane recentra son attention sur la pouffsouffle qui la mirait de ses yeux humides de déférence. Bon, Joe exagérait peut-être un peu, mais elle sentait la petite prête à exaucer tous ses désirs. Aurait-elle glapit "prostre-toi à mes pieds et répands-toi en excuses", elle était quasiment sûre que la jeune fille aurait obéi. Ulcérée, Johane dut faire preuve d'un self-contrôle poussé pour ne pas trahir son réel état intérieur.

Elle faillit même esquisser un sourire lorsque la petite lui rétorqua, toujours avec une gentillesse extrême, qu'elle pouvait l'accompagner à l'infirmerie... mais elle ajouta une chose qui rassura Joe : une sorte de test.
Dans un soupir de soulagement mental, Johane se dit que la pouffsouffle n'était pas un cas irrécupérable.

Elle était tout de fois surprise. Comme s'il y avait dans cette situation un élément qui manquait et qui empêchait la résolution du problème.
Il lui semblait incohérent qu'après tant d'excuse, la pouffsouffle dresse une sorte de piège presque adroit, visant à déterminer si elle s'était fait avoir ou non.
Mais Johane avait tendance à perdre un peu le fil de sa logique dès que le Quidditch entrait en jeu. Sa passion, son honnêteté et son besoin de savoir si elle allait s'improviser donneuse de leçon et protectrice s'entrechoquaient avec force et rebondissaient contre les parois de son cerveau.

Joe tenta la réponse mesquine - sans réaliser qu'elle s'était inconsciemment adoucie :

- Et bien allons au terrain, lâcha-t-elle le plus sèchement qu'elle put, mais dans une imitation serpentardesque beaucoup moins convaincante que pour son intervention précédente.

L'héritière Flint ne le réalisait pas, mais la simple mention du nom de son sport favori avait des effets désastreux sur son cerveau hooligan.
En fait, elle avait tendance à oublier le monde entier dès qu'il était question de Quidditch. Cette passion était à la fois tout son être et toute son histoire. Entre des parents accrocs, un père qui avait joué en professionnel, une mère dont les seuls amis étaient les anciens membres de son équipe de Quidditch Poudlardienne, comme pouvait-elle déroger à la règle d'or des Flint ?


Qui volera verra.

Et ça avait été le cas. Elle avait appris à voler avant d'apprendre à marcher, avait appris à compter les buts avant d'apprendre à lire, et avait appris à marquer avant d'apprendre à assortir les couleurs de ses vêtements.
Johane avait vécu toute sa vie dans le Quidditch, pour le Quidditch, en pensant la moitié du temps à son balai, qui l'attendait, soigneusement "caché" sous son lit, et l'autre moitié du temps à des stratégies qui leur permettrait de remporter la coupe.

Si bien que dans un instant comme celui-là, elle en oubliait presque son interlocutrice qui pourrait remarquer dans ses sublimes prunelles comme un voile traître de son absence...

Mon dieu. Mais qu'est-ce qui lui avait pris ? Pourquoi avait-elle proposer ça ? Mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Sarah s'en voulait, d'ailleurs elle regrettait déjà, et son esprit s'évadait à la recherche d'excuses aussi pourris les unes que les autres. Par exemple, « on a cours, il faut pas qu'on les loupe », c'est vrai ça en plus ! Les potions sont une matière importante, et Sarah, sécher les cours ? Jamais de la vie. Quoique, avec un peu de persuasion, Janet pourrait arriver à la faire changer d'avis, mais c'est tout ! Et encore, il en faudrait des arguments ! Sarah ne se reconnaissait plus, c'était sûrement la rencontre avec cette fille qui lui avait fait perdre le contrôle de son cerveau. Voilà qu'elle débitait des âneries ; elle supposait qu'elle allait rater les cours ? Quelle idiotie. « Allez, maintenant que tu as les idées claires, va lui dire que tu ne voulais pas dire ça. Allez ! », plus facile à penser qu'à dire. Beaucoup trop facile d'ailleurs. Parce qu'à ce moment là, au lieu d'ouvrir la bouche pour s'expliquer à Lafclaf, cette dernière parla.

LAFCLAF : « Et bien allons au terrain  »

« PARDON ? Quoi? Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Pourquoi avait-elle accepté ? Non, mais non ! C'est pas possible. Repsire, calme toi Sarah, tout va bien se passer ». Oui Sarah avait l'habitude de se parler toute seule, c'est vachement pratique pour se détendre. Après un souffle rapide où elle vida l'air de ses poumons elle regarda les beaux yeux de Lafclaf. Bon, qu'est-ce qu'elle allait faire maintenant ? Sarah n'en savait rien, elle était un peu déboussolée. Mais tout d'un coup, trois remarques se sont imposées à son esprit : la fille n'avait plus un ton si dur et si méprisant, toujours sec, et elle n'avait pas fait un grand sourire, mais au moins Sarah se sentait mieux. Puis elle se dit que la fille devait vraiment être une mordue de quidditch pour accepter jouer avec une inconnue par un froid pareil. Et enfin, elle compris surtout, que si elle avait accepté, ça voulait dire qu'elle n'avait pas si mal à la cheville. Sarah y avait cru, encore une fois elle était tombée dans le panneaux. Elle était vraiment trop naïve, on ne se casse pas la cheville quand on se prends quelqu'un, surtout quand on se prend Sarah, mince comme une aiguille, on peut pas se faire mal !

Bon, c'était au tour de Sarah de parler, il fallait qu'elle convainque Lafclaf d'oublier cette idée, qui n'était vraiment pas la bonne. Pas que Sarah soit mauvaise, elle était plutôt douée au tennis, comme le soutenait Fred, mais elle prenait vraiment ce sport pour un loisir. Et un loisir n'a jamais été une bonne excuse pour manquer les cours. JAMAIS. Il fallait qu'elle trouve un échappatoire. Mais voilà que maintenant, Sarah avait peur du jugement de Lafclaf, si Sarah disait qu'elle voulait aller en cours, elle allait la prendre pour une mauviette. Si Sarah soutenait qu'il faisait trop froid, de même. Et si Sarah renonçait tout cours, c'était même plus la peine d'imaginer une vie tranquille. Cette fille n'avait pas l'air très fine et douce, au contraire. Un soupire inaudible de plus sortit de sa bouche, dans quoi c'était-elle fourrée ? Qu'est-ce qui lui restait à dire ? Que pouvait-elle faire de plus ?

Elle allait ouvrir la bouche, prête à répliquer quand elle remarqua quelque chose d'étrange dans les yeux de Lafclaf, une lueur qu'elle n'aurait pas prêté à son regard en temps normal, ça Sarah en était sûre. Elle renonça alors à tout. Elle allait continuer l'enfer dans lequel elle s'était foutu. Non, elle pouvait pas.

SARAH : « T'es sûre que...»

« par le froid on devrait vraiment y aller ? » continua Sarah pour elle toute seule. Non, non non. Si ? Avec un espoir, Lafclaf interpréterait mal son « t'es sûre que » et penserait... elle pourrait penser quoi? Dans tous les cas ce n'est pas bon pour Sarah, elle allait passer pour une débile et peureuse. Merde.

Johane se sentait étrangement puissante. Comme si elle était tout simplement une sorte d'entité supérieure. Cette pouffsouffle avait le don de faire sentir aux autres qu'elle les trouvait plus important qu'elle. Joe sentait le regard fuyant de la jeune fille sans cesse aimanté par ses yeux à elle - qu'elle savait beaux, bien qu'elle ne s'en soit jamais vraiment préoccupé et que son physique ne l'intéresse pas plus que ça.

En regardant dans le miroir, elle aurait pu trouver ses joue rondes désagréable, son teint porcelet trop rose, son corps trop disgracieux et ses muscles trop proéminents. Mais Johane se fichait comme de la dernière pluie d'être attirante ou non. Bon, c'était peut-être un peu trop extrême, mais elle n'y accordait pas même un sixième de ce que les filles accordaient habituellement à leur physique. Il suffisait de voir comment Johane s'habillait : jean et pull rouge rubis ou vert émeraude - même si ça la tuait de porter les couleurs des Serpentard, elle préférait se dire que c'était plutôt la couleur des brunes. Ce n'était jamais de jolies choses, jamais des vêtements incroyablement sophistiqués. D'ailleurs, porter l'uniforme, ça l'arrangeait bien. Au moins, pas besoin de se casser la tête dix plombes tous les matins pour savoir quoi mettre. D'autant que ça leur évitait de récolter des quolibets parce qu'elle n'avait justement pas passé ces dix plombes à choisir ce qu'elle voulait mettre et avait pris ce qui lui tombait sous la main.

Enfin, la mode n'avait aucune importance dans la monde de vent et de vol de Johane Katie Flint.

Choisir le Quidditch à l'infirmerie n'avait rien de bien exceptionnel. Pour Johane, c'était clair comme de l'eau de roche : entre jouer la comédie et passer une occasion de faire du Quidditch, elle n'hésitait même pas un quart de seconde.

La pouffsouffle, à l'instant où elle prononça ces mots, sembla soudain paniquée. Johane poussa un énième soupir mental. A être trop transparente, elle était d'autant plus facile à manipuler. Johane, outre sa bonne capacité d'observation, avait rarement rencontré quelqu'un chez qui les émotions se lisaient si aisément sur le visage.

Après la panique, il y eut l'hésitation, le regard fuyant à nouveau. Johane devinait la sueur de l'appréhension qui menaçait de goûter contre ses tempes. Un peu perdue dans ce méli-mélo d'appréhension, la Gryffondor chercha à comprendre d'où venait le soudain problème.
Ce qu'elle avait cru être un piège qui lui était destiné serait en fait autre chose ? Intriguée, Johane attendit que l'adolescente en finisse avec son monologue intérieur.

- T'es sûre que...

Sûre que... Sûre que quoi ? Johane haussa un sourcil, dubitative. Elle détestait ne pas comprendre. La curiosité lui manquait souvent, mais face à un mystère, elle ne pouvait plus résister. C'était plus la volonté de ne pas être dépassée par les évènements, en fait.

- Hum ?

C'était suffisamment court pour ne pas révéler qu'elle s'était foutue d'elle, suffisamment suggestif pour l'inviter à continuer et enfin découvrir la raison de ce changement brutal de comportement qui n'avait en fait pas l'air d'en être un, et puis c'était aussi un moyen de cacher l'incapacité de Johane à se faire passer pour la méchante. La fille froide et distante, elle savait à peu près l'imiter, mais la Serpentard tyrannique (genre Iseult Crowley, rien que d'y penser, Johane avait envie de cogner dans le mur), rien à faire...

Et voilà qu'au lieu de l'aider à sortir de là, elle l'encourageait à s'expliquer. Sarah n'avait jamais eu de plan, et plus on avançait, plus elle se sentait cernée. Elle ne savait plus vraiment quoi faire. Accepter ce qu'elle avait proposé lui paraissait débile, continuer dans cet … enfer, lui paraissait improbable. Mais refuser, lui paraissait infaisable. Voilà à quoi elle était réduite, sécher les cours et faire du quidditch. Qu'est-ce qu'elle avait changé depuis ses débuts à Poudlard. Et que diraient ses parents s'ils apprenaient qu'elle avait loupé son cours de potion ? Que dirait d'elle ses professeurs ? Mais aussi fou que cela paraisse, à cet instant, Sarah se senti pousser des ailes. Elle avait envie d'explorer le monde, certes ça à l'air un peu cucul dit comme ça, mais c'était une expérience nouvelle ! Quelle excitation que de faire des choses interdites, voir débiles ?!

Mais elle devait d'abord se calmer, son visage passait trop rapidement d'un extrême à l'autre. C'était toujours comme ça chez elle, pas quelle soit lunatique, juste trop... changeante. Elle ne s'énervait jamais, mais elle passait de la timidité à la joie profonde en un rien de temps. Mais là, elle se trouvait face à une fille qu'elle ne connaissait pas, dont le prénom même lui était inconnu, et elle se mit un rougir. Lafclaf avait du voir successivement trois expressions sur le visage de Sarah, d'abord une timidité profonde avec, limite, un peu de servilité, puis une joie intense et enfin un visage totalement rouge de timidité. Mais jamais elle n'avait eu très peur, beaucoup trop insouciante pour cela, selon elle le monde était rose et bleu, et c'était parfait ainsi.

Le « hum » lui revient en mémoire, moins de deux minutes s'était passées depuis que Lafclaf l'avait prononcé mais tout de même, il fallait y répondre. Même si elle ne savait pas vraiment quoi dire. Qu'elle était désolé d'avoir proposé une insanité pareille ? Qu'elle la suivait tout de suite ? Qu'elle préférait aller en cours ? Qu'elle reportait à plus tard cette sortie ? Qu'elle voulait savoir son prénom ? Oui, c'était ça le plus important, elle voulait savoir son prénom, mais non, elles ne se connaissaient pas. Oh et depuis quand il faut se connaître pour demander le prénom? Au contraire, c'était pour débuter, c'est normalement, une des premières choses que l'on connait sur une personne ! Elle n'allait pas l'appeler « Lafclaf » toute sa vie, si ? Et puis, plus le temps passait, plus Sarah sentait que Lafclaf n'était pas celle qu'elle essayait de se montrer, mais Sarah n'arrivait pas à mettre le point sur cette idée, alors elle l'oublia rapidement, juste elle se dit que la fille en face d'elle n'était peut être pas si méchante qu'elle l'avait cru au premier abord, du moins elle l'espérait. Et puis, le fait qu'elle soit gryffonfor ET résistante, fini par rassurer totalement Sarah. Elles avaient au moins un point en commun.

SARAH : « Bon, tu vas me prendre pour une attardée, à moins que ça soit déjà fait, mais je me suis perdue dans mes pensées et je ne sais plus vraiment ce que je voulais dire. Mais personnellement aller jouer au quidditch me tente bien, et je crois que je t'ai déjà vue dans un match, dans mon souvenir tu jouais bien... »

Elle termina son monologue par un rougissement. Elle était un peu bavarde sur les bords et adorait raconter des trucs inutiles, mais c'était surtout le fait qu'elle parle, face à la gryffondor qui lui était étrange, elle avait un peu vaincu sa timidité maladive en alignant plus de 3 mots, qui n'étaient pas des excuses !

Johane ne put réprimer le sourire qui vint se loger sur ses lèvres en voyant la jeune fille changer d'émotion à la seconde dans un méli mélo indescriptible. Panique, angoisse, extase soudaine, joie, retour à la tempérance, les yeux qui se lèvent et se logent dans le coin gauche, puis le droit, avant de revenir sur elle pour mieux la fixer. Indubitablement, elle aurait pu se mettre à faire le mariole ou à imiter des barrissement d'éléphants, frapper du pied comme un taureau qui s'apprête à charger ou même imiter un dinosaure, la petite pouffsouffle ne l'aurait pas réalisé. Elle était intensément plongée dans un monde de pensées qui n'appartenait qu'à elle. A la fois irritée et amusée d'être aussi invisible qu'un élément du décor, Johane fit mine de s'impatienter, ce à quoi la pouffsouffle parut toutefois être sensible.

- Bon, tu vas me prendre pour une attardée, à moins que ça soit déjà fait, mais je me suis perdue dans mes pensées et je ne sais plus vraiment ce que je voulais dire. Mais personnellement aller jouer au quidditch me tente bien, et je crois que je t'ai déjà vue dans un match, dans mon souvenir tu jouais bien...

Johane la fixa un instant, incertaine, un peu hagarde, un peu perdue. Elle... croyait ? Johane se fichait bien de la notoriété, mais qu'elle joue bien seulement dans un souvenir lui semblait intolérable.
C'était simple, pourtant, il n'y avait qu'une seule chose qui la démarquait vraiment des autres, qu'une seule chose qui la rendait spéciale, et si être connue pour ça ne lui importait pas, elle voulait être reconnue pour ça ! Insulter ainsi son talent au Quidditch c'était... c'était comme l'assassiner à coup de pieux.
Et sur sa pierre tombale survivrait l'épitaphe : "Aura faillit jouer en pro, mais est morte desséchée, tuée par l'inconscience d'une abrutie de pouffsouffle" ?
Non trop ridicule. Trop... pourquoi son esprit commençait toujours à s'emballer alors qu'elle était tranquillement en train de réfléchir à une situation au départ réaliste ?
Peut-être que plutôt que de rester là à asticoter une blaireau pour son bien être, elle devrait retourner à des activités cohérentes et utiles, comme s'entraîner à métamorphoser son cahier en latte de parquet...
Johane soupira et songea avec cynisme qu'elle ne valait pas vraiment mieux que cette fille côté concentration et réflexion... aussi longue et aussi transparente.

- Je suis gardienne, lâcha-t-elle, le regard plein de reproches non simulés.

Pour le coup, Johane le digérait mal.

- Et sûrement la meilleure, continua-t-elle, le visage drapé d'une arrogance pas vraiment feinte.

Johane ne se prenait pas souvent pour une princesse, mais dès qu'il s'agissait de Quidditch, devenir aussi essentielle que Râ ne lui semblait pas improbable. Elle était à l'équipe de Gryffondor, ce que Râ était à l'Égypte. Le soleil. La lumière.
Du moins, c'était ce dont elle se persuadait et se laissait volontiers croire.
Johane était formidablement laxiste avec son orgueil et son égo dès qu'il s'agissait de sa discipline favorite.

- Jouer, donc ? Fit-elle encore une fois, comme pour être sûre que ce n'était pas une proposition qui témoignait encore du caractère influençable de l'adolescente.

Soudain, elle s'arrêta, comme en suspens. Comme si le ciel venait de lui tomber sur la tête. Comme une mauvaise blague.

- Mais attends, bredouilla-t-elle soudainement excitée, oubliant complètement le rôle qu'elle jouait depuis le début. Tu es Sarah Mandleton ! Une des poursuiveuses de Pouffsouffle !

Johane avait la fâcheuse habitude d'apprendre par cœur les compositions des autres équipes et d'emmagasiner le plus possibles d'informations sur les autres joueurs. Rendue presque folle par sa découverte tardive pour le moins surprenante, elle tendit toute empressée - et avec un solennelle déplacé - sa main à Sarah :

- Enchantée ! S'exclama-t-elle aux anges. Et concernant ta demande, je veux absolument jouer contre toi ! S'enflamma-t-elle, enthousiaste.

Johane la méchante ? Oh, disparue. Par oubli et inconséquence. Par passion aussi, un peu, peut-être. Improbable, énervant ? Sarah risquait de piquer une crise ?
Johane n'y pensait pas vraiment. La seule pensée qui tournait en rond dans son esprit, comme une mélodie désagréable était "Tu ne l'a pas reconnue, tu es vraiment une imbécile, tu ne l'as pas reconnue, tu es vraiment une imbécile." Et, en chorus, répondaient en chœur "Et dire que tu as fait la chieuse alors que tu devrais te la mettre dans la poche...".
En plus, elle était résistante. Ça lui apprendrait à se faire passer pour une fille qu'elle n'était pas...

Sarah se fit une remarque qu'elle trouva tout à fait satisfaisante : si elle, mettait du temps à se concentrer et à formuler intérieurement une réponse plus ou moins correcte, Lafclaf aussi était longue à la détente. Bon, il existait une différence ; Lafclaf ne rougissait pas chaque fois qu'elle prenait la parole, et lorsqu'elle parlait c'était avec plus de sens et de pertinence. Certes, leurs caractères n'étaient pas les mêmes. Lafclaf avait un regard plus méprisant, et sa voix avait l'air empruntée à un méchante de films, ou de dessin animé pour les enfants. Sarah imaginait bien la scène ; une grande et classieuse (à cause des yeux magnifiques) jeune femme, elle n'avait pas de nom en tête, car Lafclaf n'était absolument pas méchante, juste son ton faisait peur à Sarah, mais elle, se voyait bien en vilain petit canard, un petit être misérable et rejeté. N'allez pas penser que Sarah soit tout le temps à se dénigrer pour se mettre en valeur, mais plutôt qu'elle était tellement peu sûre d'elle. Et puis, ses réflexions, elle ne les partageait jamais, alors elle en profitait à cœur joie. Bref, les pensées de Sarah de Mandleton étaient souvent déplacées et inutiles, et ayant grandie dans un milieu à part, elle avait une télé moldue chez elle et adorait regarder des dessins animés, en mangeant des chamallows, assis sur le canapé rouge, pendant les soirs d'orages, avec son petit frère Fabien. Ah, quelle jeunesse innocente ils avaient vécut, pourquoi les mangemorts avaient pris le château en « otage » ? Mais au lieu de débattre sur ce sujet si polémique et de se perdre dans les pensées de Sarah, revenons-en à notre couloir désert.


LAFCLAF : « Je suis gardienne. Et sûrement la meilleure »

Oups, Sarah avait fait une gaffe, vu le ton employé par la fille, Sarah avait du mettre les pieds dans le plat. Lafclaf devait sûrement être une fille fière dans son jeu de quidditch et n'admettait absolument pas les reproches. Maintenant qu'elle le disait, Sarah se souvenait plus facilement, elle avait une bonne mémoire, quand elle le voulait, la plupart du temps, chercher ses idées perdues au fond d'elle même lui demandait trop de concentration. Sarah était juste un peu flemmarde sur les bords. En tout cas, maintenant elle revoyait cette partie de quidditch où elle avait joué contre cette jeune gardienne. Excellente, il fallait se l'avouer. Sarah ne se souvenait pas de son nom, c'était comme chercher une … fourchette dans une … boite de foin, ou une expression de se genre là, ça remontait trop loin dans sa mémoire pour se souvenir parfaitement de l'expression que sa mère sortaient quand Fabien-le-bordélique cherchait désespéreraient un petit truc en particulier. Une fois encore Sarah sourit, sans raison particulière.

LAFCLAF : « Jouer donc ? »

Hum, toujours la même question, quelque peu embarrassante, continuer le jeu ? refuser sa propre proposition ? ne pas assumer. Sans qu'elle y ait suffisamment réfléchie à son tour, elle répondit, d'un ton ni trop assuré, ni pas assez, mais dans un murmure peu audible.

SARAH : « Jouer oui, pourquoi pas. »

Peut être avait-elle parler pas fort, peut être que Lafclaf ne l'avait pas entendue, ou alors elle avait fait une découverte tellement surprenante qu'elle n'écouta tout simplement pas la réponse de la jeune Sarah, car c'est avec un air tellement enthousiaste et d'une telle vivacité que Sarah douta, était-ce toujours la même personne ?

LAFCLAF : « Mais attends. Tu es Sarah Mandleton ! Une des poursuiveuses de Pouffsouffle ! »

«Et oui, c'est bien moi !», se répondit Sarah intérieurement. Soudain en relevant la tête elle remarque que Lafclaf la regardait assez bizarrement, la révérence accompagnant sa remarque, ainsi que le pas de danse la déplaçant littéralement sur le côté n'avait pas du être fait intérieurement, eux par contre. Et zut. Voilà qu'une fois de plus, Sarah se ridiculisait, oh elle finirait par en avoir l'habitude, mais c'était tout de même quelque peu humiliant.

Bon, maintenant qu'elle l'avait reconnu, elle pourrait lui dire son prénom? Que Sarah ne soit pas aussi paumée. Elle était peut être une fille mince comme une frite mais au final, sa mémoire était proportionnel au reste de son corps : peu conséquente. Elle allait ouvrir la bouche une fois de plus quand Lafclaf la devança.

LAFCLAF : « Enchantée ! Et concernant ta demande, je veux absolument jouer contre toi ! »

C'est fou comment les revirements de situations pouvaient être radicales, Sarah ne compris pas vraiment bien ce qui lui fit totalement changer d'avis, mais elle remarqua bien que Lafclaf n'était plus la méchante qu'elle était il n'y a même pas cinq minutes. Sarah ne s'était pas trompée en supposant que la Résistante avait une passion qui lui tenait à cœur, et l'avait bien vexée en ne se souvenant que vaguement d'elle. Elle aurait du être plus fine. Quelle idiote !

SARAH : « Oh !, je pense que je ne devrais pas être étonnée que tu me connaisses beaucoup plus que moi, je dois t'avouer que j'ai une mémoire bizarre, on va dire qu'elle me commande plus que moi-même, résultat, je n'arrive pas à me souvenir de ton prénom. Mais je me souviens par contre que tu avais bloqué 6 de mes tentatives de buts au premier match que j'ai joué face à toi et ton équipe. »

Bon ça y est, elle venait de lui demander son prénom, c'était pas trop tôt, elle saurait enfin à qui elle parle depuis tout à l'heure, et qu'elle est la personne qui lui a fait raté son cours de potion, et bizarrement, Sarah n'était pas si maladive rien qu'à l'idée d'avoir perdu une heure. Elle avait fait une nouvelle rencontre et ça se trouve, elle s'amuserait une fois sur le terrain. On verra bien, pour l'instant, elle était un peu chamboulée face à Lafclaf qui avait changé son attitude presque aussi rapidement qu'elle changeait son cours de pensées. Et il faut se le dire, c'était tout de même assez rapide.

SARAH : « Et pour en revenir au jeu, on va dire que tu m'as contaminée et que tu m'as transmis ta bonne humeur. Jouer toute les deux me va très bien. »

Sarah pensait bien que la gardienne était excellente, et qu'elle la battrait à plate couture, mais Sarah ne se rendra pas facilement. Du moins, tant que cela resterait un jeu, si Lafclaf commencerait à vouloir trop en faire une compétition, Sarah s'avouerait vaincue. Oui, ça lui allait particulièrement comme entente ça.

Johane se demandait comment rendre cette situation encore plus absurde. C'est vrai, après tout, ce genre de choses n'arrivaient qu'à elle... si stupide... elle aurait eu envie de se frapper le crâne contre un mur, mais en l'occurrence c'était impossible. Et surtout, elle ne pouvait le faire sous peine de s'exploser le crâne ce qui n'était pas au programme de la journée. Johane décida de laisser couler et se figura le tout sous forme de dessins animés. Sa mère lui en montrait quelque fois, en cachette de son père, contre ce genre "de choses abrutissantes inventées par les moldus". Il est vrai que Marcus Flint préférait conter à Johane le conte de Lapina la Babille et sa queue qui caquetait, mais Katie contre attaquait toujours, dans l'ombre, répondant aux histoires sorcière une romance à la Cendrillon, ou même à la Belle et la Bête. Joe avait d'ailleurs toujours trouvé d'étrange similitude entre ce conte-ci et Le Sorcier au Cœur Velu, malgré leurs différences flagrante, cela restait l'histoire d'un homme seul, ambitieux et voulant devenir riche, méprisant ses semblables... à la différence près que dans le conte Sorcier, l'homme s'auto-condamnait et la fin était si atroce qu'elle l'avait traumatisée toute son enfance.
Amusée, elle en oublia un instant Sarah et s'évada au pays des contes de fées, à la saveur de la lointaine enfance. Elle se surprit à distraitement chantonner un air de La Belle au Bois Dormant - vu discrètement lorsqu'elle avait cinq ans, son père étant au Chemin de Traverse.

- Oh !, je pense que je ne devrais pas être étonnée que tu me connaisses beaucoup plus que moi, je dois t'avouer que j'ai une mémoire bizarre, on va dire qu'elle me commande plus que moi-même, résultat, je n'arrive pas à me souvenir de ton prénom. Mais je me souviens par contre que tu avais bloqué 6 de mes tentatives de buts au premier match que j'ai joué face à toi et ton équipe.

Johane se demandait ce qui pouvait rendre cette situation plus absurde encore ? C'était fait ! Elle chantonnait pendant que Sarah lui parlait d'une mémoire complètement surréaliste - tout en priant pour qu'elle n'ait rien remarqué de son léger égarement.
L'avantage avec Sarah, comme elle l'avait remarqué depuis le début de la conversation, c'était qu'elle était plutôt à la masse, et donc Johane était plus ou moins tranquille et pourrait compter sur sa discrétion, elle en était certaine.
Stop. Retour sur image.
Sarah avait parlé ? Pour dire quoi déjà ? Ah oui.

- Je suis Joe Flint, se présenta-t-elle, en donnant son surnom sentant qu'elle était en terre amie.

Une Joe Flint qui se sentait flattée d'un certain point de vue par le souvenir étrange de Sarah : elle se souvenait d'elle plus en joueuse de Quidditch qu'en temps que personne. La consécration ultime. Rayonnante, fière, soudainement chatoyante de joie, Johane décida d'engager la conversation comme si de rien n'était - oubliant qu'elle avait passé dix bonnes minutes à se faire passer pour une horrible manipulatrice, doublée d'une arrogante égocentrique. Pourquoi déjà ? Johane s'en fichait, Sarah était une joueuse de Quidditch qui se souvenait du nombre de tir qu'elle avait arrêté, pas question d'oser même songer encore jouer avec sa crédulité.

Et puis elle avait dit "toi et ton équipe" non ?

- Je crois que nous avons effectivement mal fait connaissance... Oublions tout et recommençons à zéro, décida Johane d'une voix sûre - sous entendu : n'admettant pas de refus.

Elle s'orna d'un immense sourire et tendit une seconde fois la main à Sarah.

- Je crois me souvenir que tu es celle qui a réussi à me mettre quatre tirs dans la vue au dernier match que l'on a joué, moi c'est Joe Flint, rembobina-t-elle, toutefois incapable de réprimer le rictus qui agitait le coin de sa lèvre. Et toi ?

Par le jeu, Johane effaçait son attitude déplorable et indigne d'elle. Par le jeu. Elle faisait toujours les choses par jeu, finalement. Son père le lui avait enseigné, non ? Pas forcément de la bonne manière, mais elle était devenue l'une des meilleurs joueuses de son âge grâce à un père accroc et doué. Elle avait durant une période souffert de l'addiction de son père, et savait qu'elle n'apprendrait plus rien de lui, maintenant qu'il avait arrêté et s'interdisait de simplement y songer à nouveau... mais ce qu'il lui avait enseigné gardait une valeur inestimable.

- Et pour en revenir au jeu, on va dire que tu m'as contaminée et que tu m'as transmis ta bonne humeur. Jouer toute les deux me va très bien.

Johane s'éclaira subitement, les souvenirs l'ayant assombrie.

- Fantastique ! Allons jouer !

Et comme mieux vaut deux fois qu'une, Johane ne put résister à pousser de nouveau la chansonnette. Oh, pas méchamment. Mais méchamment faux.

La honte ne frappait jamais un Flint, le Flint frappait la honte.
Un vieux proverbe familial.

Sarah pouvait se perdre des heures dans ses pensées, et c'était ce qui étaient encore en train de se produire, c'est fou cette sensation. Depuis qu'elle avait rencontré Lafclaf, elle avait parlé de peu de choses mais avait réussit à éloigner son esprit suffisamment loin pour imaginer une comparaison entre Lafclaf et les Walt Disney. Pourtant maintenant qu'elle y pensait c'était idiot, comme cette fille, qui avait l'air noble et studieuse aurait pu paraître pour une méchante de dessin animé ? Oh Sarah ne pensait pas une seule seconde que Lalfclaf les connaisse, mais c'était tout de même une idée plus que débile.


Sarah était tellement en train de se donner des claques intérieures, elle devait avoir l'air vachement débile quand même, qu'elle mis plusieurs secondes à comprendre que Lafclaf avait ouvert la bouche. Et en même temps qu'elle se rendit compte, elle pria intérieurement merlin, pour qu'il fasse oublier à Lafclaf la débile qu'elle était.


LAFCLAF : « Je suis Joe Flint »


Ah, elle avait bien un nom en fin de compte. UN NOM ? Elle mit tout de même moins de temps à enregistrer le nom, qu'à comprendre qu'elle avait parlé. Enfin elle le connaissait! Après une bonne dizaine de minutes de conversation, elle savait enfin à qui elle parlait. Et même si un nom ne fait pas une personne, comme on dit chez les moldus, l'habit de fait pas le moine. C'est vrai, après tout, elle était déjà Lafclaf, une gryffondor et une excellente joueuse de quidditch. Mais savoir le nom c'était tout de même une avancée. En quoi? Sarah se posait aussi la question, mais à l'intérieur d'elle même elle se sentait soulagée, elle savait à qui elle parlait, c'était déjà ça ! Bon, dix minutes ce n'était pas son records, Sarah se souvenait qu'une fois elle avait parlé avec un ami de ses parents pendant une demi-heure avant de se souvenir du nom de ladite personne, il y a des expériences surprenante dans une vie, tout comme il y en a des inutiles, et malheureusement pour Sarah, elle en vivait souvent des sans intérêt, mais telle quelle était, Sarah s'en fichait. Bref Sarah força son esprit à revenir sur la conversation actuelle, sur, non plus Lafclaf mais Joe. Elle se demanda pendant quelques secondes si Joe était son véritable prénom ou si c'était un surnom, les deux cas lui allait en fait. Le premier ; elle trouvait le prénom beau, et simple. Le second ; elle était honorée de passer directement par l'étape surnom. Alors que Sarah allait lancer un énième « enchanté », Joe (que c'était plaisant comme sensation de l'appeler enfin par son prénom!), parla :


JOE : « Je crois que nous avons effectivement mal fait connaissance... Oublions tout et recommençons à zéro.»


Le ton avec lequel elle avait débité sa phrase ne laissait pas le choix, elle devait forcément dire oui ou au moins approuver d'un signe de tête. Quoiqu'il en soit, Sarah était cernée, mais ça ne la dérangeait, au contraire !, si elles pouvaient repartir sur de bonnes bases, c'était carrément mieux. Sarah n'est pas du genre à haïr le monde sans raison, non c'était pas Sarah du tout ça. Approuver était sincèrement la meilleure option.
SARAH : « Moi, ça me va parfaitement ! »

Mais en même temps que Sarah répondait, Joe lui tendit la main d'un geste convainquant, que Sarah lui serra avec joie, même si elle se sentait un peu ridicule ; dans son esprit, c'était plutôt les grandes personnes qui se serraient la main, mais cela n'avait pas d'importance, le son de la voix de Joe avait changé depuis le début, il n'était plus aussi dur, sec et méchant, il s'était quelque peu adoucit, et ça faisait plaisir à l'adolescente.


JOE : « Je crois me souvenir que tu es celle qui a réussi à me mettre quatre tirs dans la vue au dernier match que l'on a joué, moi c'est Joe Flint. Et toi ?»


C'était exactement vrai, Sarah n'avait réussit qu'à mettre quatre but, cependant Joe lui avait bloqué tellement de tirs que c'était pas vraiment glorieux, pour tout dire. Bon, quelle s'appelle Joe, Sarah avait fini par comprendre, elle était pas si débile. Peut être que si en fait. Mais de toute manière, pour repartir sur de bonnes bases, il faut tout recommencer depuis le début. Sarah se moqua intérieurement d'elle même, lorsque son esprit proposa même de recommencer la chute. C'est avec un sourire aux lèvres que Sarah prononça.


SARAH : « Comme tu l'as fait remarquer tout à l'heure, moi c'est Sarah Mandleton, une des poursuiveuses des jaunes. »


Que devait-elle dire de plus ? Son âge ? Elle était sure que Joe le connaissait déjà. Son niveau de jeu ? Encore moins, ça aussi c'était prévisible qu'elle le connaisse déjà, puisqu'elle a l'air de bien se renseigner sur les joueurs adverses. Que rajouter alors ? Peut être qu'en fin de compte ça suffisait, si elles allaient sur le terrain dans peu de temps, elles pourraient sûrement mieux se connaître. Emmy, sa mère, disait souvent que c'était toujours lorsqu'on partageait l'activité favorite d'une personne qu'on apprenait à la connaître. Bon, Sarah n'était pas persuadée que le Quidditch comptait beaucoup pour Joe, mais elle en avait comme l'impression. C'était pas une intuition phénoménale, ni même son cerveau qui lui dictait ce qu'elle pensait, non, c'était plutôt par rapport au ton de Joe qui avait colossalement évolué. Ton qui était devenu sympathique, et jovial. Sarah commençait à apprécier de plus en plus cette Joe, même s'il faut se l'avouer, c'était assez rare que Sarah haïsse quelqu'un ou juste qu'elle ne l'aime pas. Elle trouvait du bon en chaque personne, comme avec Lysandre, elle était persuadée que ce serdaigle n'avait pas de mauvais fond, qu'il essayait de se donner une fausse image de lui pour rester tranquille. Pourquoi faisait-elle des suppositions bizarre ? Sûrement parce qu'elle avait été élevée dans une famille où l'amour était la principale valeur, où l'innocence était quelque chose d'évident, et où les secrets n'étaient pas dangereux. Pour tout dire, Sarah était trop naïve, mais on l'aimait comme ça, non?


SARAH : « Bon, avec ce que je viens de dire, on ira pas loin, j'pourrais t'avouer en plus que j'ai toujours aimé manger les noisettes à la façon d'un écureuil. »


Voilà, Sarah n'avait pas vraiment de secret, mais les plus farfelus qu'elle avait, elle ne pouvait s'empêcher de les raconter. Certes, peu de personnes étaient au courant de celui-là, pas qu'elle en ait honte, plutôt qu'il était totalement inutile, sauf pour considérer Sarah comme la débile qu'elle était. Mais avec Joe, il faut s'avouer que Sarah n'avait plus grand chose à perdre. Toute les conneries possibles, elle les aurait bientôt dites. « Bon, j'arrête de parler, je respire un bon coup, aah, ça va mieux ». Sarah ne connaissait un meilleur moyen pour se détendre que de se parler à elle-même.


Pour éviter de se perdre encore une fois dans ses délires, Sarah proposa sérieusement, une fois de plus d'aller faire du Quidditch, maintenant tout de suite. Plus le temps passait, plus elle était en confiance, le simple fait de refuser ne se présenta même plus à son esprit, et le cours de potion s'enfuit bien loin de ses pensées.


JOE : « Fantastique ! Allons jouer ! »


Ah bah parfait ! Une phrase dite avec un sourire pareil, ça donne envie ! N'est-ce pas ?! Sarah crut entendre pendant un quart de seconde un son semblable à un sifflement, comme si Joe chantaient, mais croyant que cela sortait de son imagination, elle secoua la tête, et chercha de quel côté il fallait sortir du couloir pour atteindre le terrain le plus rapidement possible. Après deux secondes de réflexion, elle choisit de sortir par la droite, et commença à marcher, Joe sur ses talons.