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 Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé

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Mahault G. Peverell

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MessageSujet: Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé   Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé EmptyMer 17 Sep - 9:41

Mahault venait de sortir de son cour de DFDB. Comme toujours après était en présence de Syrina Blake, son cœur battait à la chamade, la panique lui nouait la poitrine, l’empêchant de respirer. Elle s’arrêta un instant dans le couloir, s’adossa contre le mur, et fixa les rainures du sol. Elle entreprit de les compter jusqu’à ce que son rythme cardiaque redevienne normal. Ses mains tremblaient encore. Elle les a regardés, essayés de les maitriser. En vain. Cette femme avait le don de la mettre dans une angoisse sourde.

Ses yeux papillonnèrent de gauche à droite.

Il était bientôt l’heure du repas et ensuite, elle n’aurait plus cours avant la fin d’après-midi. Botanique. Dans la joie et la bonne humeur. Surtout quand il faisait un froid à ne pas mettre un scroutt à pétard dehors. La jeune Serpentard réajusta son snood en soie blanche de chez Frantz Barons. La coquetterie était de mise mais par ces températures glaciales, il fallait bien faire quelques concessions. Ainsi si elle avait, comme à son habitude, décidé de mixer entre elles les pièces de sa garde-robe avec l’uniforme de l’école, sa folie vestimentaire du jour était bien moins moindre que ce qu’elle se permettait d’habitude.

Sa jupe d’uniforme assortie à un sweat fin beige à sérigraphie ethnique verte émeraude et argent, des collants noirs, des chaussettes hautes en laine verte assorties à la couleur de son haut et des bottines en cuir à petits talons. Elle enfila un gilet gris foncé à manches longue et le laissa ouvert, ce qui complétait très justement sa tenue casual mais néanmoins chic. Mahault examina ses mains. Ce tremblement. Elle était incapable de le faire cesser. Elle soupira, réajusta sa besace sur son épaule puis se recoiffa. Une simple tresse sur le côté.  

Mahault avisa Emily au fond du couloir. A chaque fois qu’elle revoyait sa meilleure amie, elle avait ce douloureux pincement au cœur. Portant machinalement les ongles à sa bouche pour se les ronger, elle songea à tout ce qu’elle avait perdu dans cette affaire. Si elle faisait le compte de tous ceux qu’elle avait perdus les deux dernières années, directement ou indirectement, elle se mettait à pleurer. Il y avait les morts, bien sûr, mais aussi ceux qui lui avaient purement et simplement tourné le dos après «  son accident familial » et qui l’ignoraient superbement et pour finir ceux qu’elle évitait volontairement pour leur épargner une position inconfortable. Mylie était de ceux-là.

C’était dur.

Très dur.

Cependant, si Mahault pouvait éviter la peste et le choléra à celle qui avait été comme une sœur durant trois années, et c’est ce qu’était sa situation actuellement, une maladie contagieuse, dégradante et mortelle (du moins socialement parlant), alors elle ferait tout le nécessaire pour la protéger. Elle grelotta. La tristesse noua une boule énorme dans sa gorge et lui tordit l’estomac. Elle se résonna. La situation n’irait pas en s’arrangeant, c’était évident, et l’amitié qu’elle avait nouée avec Emily Spencer aurait bien finie par tomber en miettes, fracassée par les aspirations de l’une et les nouvelles convictions de l’autre. C’était peut-être mieux ainsi. La laisser mourir à feu doux, quand les souvenirs ne sont pas encore salis.

La couleuvre attendit de voir la brunette s’effacer au bout du couloir pour se mettre en marche. Une fois dans la grande salle, elle prit place en bout de table, très loin des conversations de ces bruyants petits camarades. Les premières années étaient toujours si enthousiastes ! Tout en avalant un bol de potage,  elle se remémora sa première année avec nostalgie. Quand elle avait franchi les portes de la salle, le trac au ventre et les jambes aussi molles que du coton. Quand le choipeaux décida de l’envoyé à Serpentard et la fierté chaude qui l’avait alors envahit toute entière, quand ses camarades de maison l’accueillaient encore les bras ouverts, quand ses yeux se posèrent sur … Sa main tenant la cuillère tressailli légèrement … Sur Anthony Roberson.

Elle reposa doucement la cuillère dans le bol avant d’en mettre partout. Si son esprit avait tout enfoui au moment de prendre la fuite, son cœur n’avait, de toute évidence, rien mit sous clef. Les images affluèrent sans qu’elle ne puisse y changer quoi que ce soit. Ses yeux. Cette mèche rebelle qu’il remontait toujours d’un geste de la main agacé. Son odeur aussi. Le timbre de sa voix. Son si rare sourire. Ses accès de colère mémorable. Ses remarques cinglantes. Son allergie à la menthe. La lettre qu’elle avait songée lui donner avant de rentrer pour l’été. Ce foutu Irlandais de malheur qui avait fait battre son cœur d’adolescente écervelée.

Mahault passa une main devant ses yeux puis attrapa un morceau de tourte aux champignons.

Par elle ne sait quel heureux hasard, elle ne l’avait pas encore croisé depuis son retour. Cela aussi, c’était tant mieux. Comme il avait été appréciable, après coup, qu’elle se soit ravisée de lui donner la lettre, car s’il avait répondu positivement à ses sentiments, ce dont elle douté fortement maintenant qu’elle n’était plus la tête dans le balais, il aurait été dans une position intenable. Elle ne savait pas grand-chose de la famille d’Anthony, d’ailleurs elle n’en n’avait strictement rien à faire à l’époque, mais son beau-père lui avait toujours donné l’impression d’être un vieil arriviste sénile, méprisant à peu près la Terre entière, doublé d’un manipulateur narcissique. Un vrai con, pour être franc. Et elle se doutait, même si ça la peinait quelque peu, de ce qu’il dirait à son fils s’il la fréquentait maintenant. Alors, c’était bien ainsi. Il ne l’avait certainement jamais aimé, elle ne l’aimait plus, ils ne devaient pas se voir ni renouer ni se fréquenter, elle ne l’avait pas revu et il ne s’était pas manifesté, tout était parfait.

Si tout était parfait, pourquoi avait-elle se trou béant dans la poitrine ?

Mahault secoua la tête. C’était pour leur bien. Pour Mylie. Pour lui. Pour les autres. Elle ne devait pas faiblir. Ils n’y étaient pour rien dans ce bourbier. Ils n’avaient pas à en pâtir. Ni maintenant. Ni jamais. Elle but doucement un verre d’eau pour faire passer les dernières bouchées de tourte, qui avaient pris un délicieux goût de carton-pâte.  Subitement, la jeune verte et argent eu envie de s’échapper du monde, de se soustraire aux regards de ces camarades, de disparaitre. De fuir. Elle se leva puis resta un instant suspendu, les bras tendus devant elle, les mains posées à plat sur la table en bois, passant en revue les différentes options qui se présentaient. Encore une étrangeté que les ragots de couloirs ne manqueront pas de transformer en choux gras.

La bibliothèque ? Non, elle n’avait pas envie de lire ou d’étudier et encore moins de faire le « passionnant » devoir que leur avait demandé la Blake. Le parc ? Elle pourrait en profiter pour s’aérer les méninges. Non. Trop froid. La salle commune ? Non merci si c’était pour subir les sifflements sournois de ces comparses à écailles. Soudain une ampoule s’alluma dans sa tête. Le quatrième étage ! Il y avait là une salle secrète. Plutôt une salle cachée car son existence n’était plus vraiment un secret malgré son subtil camouflage en placard à balais. Là-bas, elle serait tranquille pour dessiner, lire ou tricoter. Et pourquoi pas se faire une manucure, tiens, cela lui remonterait le moral !

Elle rentra dans la salle désaffectée en proie à un véritable dilemme. De quelle couleur allait elle pouvoir se vernir les ongles ? Et pourquoi pas tout simplement une jolie french manucure ?  Si les français avaient inventé quelque chose d’utile, c’était bien cette manière de soigner ses mains. Perdue dans ses pensées, la couleuvre ne remarqua pas tout de suite qu’il y avait une autre personne dans la pièce. Elle déposa son sac contre le mur, près de la porte, et quand elle se retourna, ce fut la douche froide. Son cœur dégringola dans son estomac pour revenir battre à grand coup dans sa poitrine. La brutale poussé d’adrénaline lui coupa la respiration et des millions de fourmis parcoururent ses jambes. Si la peur pouvait vous faire accomplir des miracles, elle pouvait aussi vous paralyser, aussi sûrement qu’un lapin prit dans les phares du magicobus. Inhibant le corps, l’esprit, elle vous empêche d’agir, de réfléchir. Et c’est là que vous mourrez, comme un con.

Mahault se sentait molle, comme prisonnière dans de la ouate, et pourtant tous ses sens étaient en alerte rouge. Il fallait qu’elle se calme. Etre sur les nerfs à longueur de temps finirait par lui ruiner la santé. Elle soupçonna un instant Syrina Blake d’avoir instauré cette terreur en elle juste pour parvenir à cette finalité. Sa professeur et chaperonne, aussi noire que son nom, était assez sournoise pour ça. La jolie brune se concentra sur la silhouette au fond de la pièce. Elle espérait que la goulée d’air qu’elle venait de bruyamment inspirer sous le coup de la surprise ne l’avait pas trahie,  qu’elle pourrait rejoindre la porte et s ‘éclipser sans qu’on ne l’aperçoive. Quelle idiote elle faisait ! La salle ne lui était pas attitrée et ne portait pas son nom, tout le monde pouvait venir s’y réfugier … Bien qu’il soit l’heure du déjeuner pour la majorité des élèves.

Elle allait faire demi-tour quand un détail retient son attention. Elle connaissait cette nuque. Cette peau. Ces légères boucles brunes. La panique la gagna encore plus quand elle sut à qui elle avait à faire. Tony. Son Tony. Celui qu’elle se félicitait de ne pas avoir croisé. Incapable de faire un geste, la Serpentard resta un moment suspendu entre deux. Le temps du yo-yo. Tiraillée entre l’envie de garder son armure de fantôme et celle de manifester sa présence. Elle ouvrit une ou deux fois la bouche, comme un poisson hors de l’eau mais aucun son ne daigna en sortir. La promesse qu’elle s’était faite un peu plus tôt lui traversa l’esprit comme une flèche. Tu dois tenir. Pour eux. Pour lui. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle se tourna doucement, fit un pas vers la sortie. Jeta un dernier regard derrière elle et se figea. Anthony la regardait par-dessus son épaule, comme s’il n’était pas certain de ce qu’il voyait. Son regard par-dessous, noir et intense, ce regard qu’elle aimait tant autrefois, ce regard qu’il lui avait adressé tellement de fois quand elle disait des idioties…

Elle était à la place du lapin dans les phares du magicobus.

Tétanisée.

Il fallait qu’elle dise quelque chose. Il était si pâle. Il fallait qu’elle parte. Il était si beau. Elle n’avait qu’à le planter là. Il n’avait pas l’air bien. Elle n’avait qu’à faire comme si de rien n’était. Il n’avait pas tellement changé. Ses traits n’étaient plus aussi poupon mais c’était toujours lui. Que devait- elle lui dire ? Salut ? Désolé ? Il devait faire chavirer le cœur des femmes maintenant, des vraies, et pas  celui des minettes en mal d’amour et de reconnaissance. Elle se contenta de tirer sur ses manches en cherchant une échappatoire, un moyen de regagner cette foutue porte. Elle se balança légèrement d’avant en arrière, son regard la clouant toujours au pilori. On repassera pour la décontraction. Se mordant les lèvres, elle se lança timidement :

Hum. Je suis désolée, je ne pensais pas que … Tu serais là.

Elle regarda ses pieds, se maudissant intérieurement. Quelle vivacité d’esprit et quel sens de la répartie, vraiment. Elle pointa ensuite la porte du doigt, ses yeux se fixant partout sauf sur ce visage qu’elle avait tant aimé dévisagé à une époque. Pas si lointaine et pourtant terriblement différente.

Je vais te laisser. Je cherchais juste …Peu importe …

Sa voix mourut sur ses lèvres. Il ne disait toujours rien et ne semblait pas vouloir esquisser le moindre geste. Bien. Il était temps de partir. Mais sa pâleur. L’éclat brillant de son regard. Sa raison la poussait vers la porte, son cœur restait collé en arrière. Il était peut-être malade ?  Son allergie à la menthe ? Elle secoua la tête comme pour chasser un moustique. Ce n’était plus son problème. Elle attrapa son sac. Il ne la regardait plus. Tant mieux. Elle posa la main sur la clenche. La raison savourait déjà sa victoire quand son cœur abattit sa dernière carte et tout vola en éclat. Elle fit marche arrière mais maintenant toujours une bonne distance entre eux, elle glissa d’une voix douce :

Tony …

Elle ferma les yeux et pinça les lèvres comme si elle venait de proférer une chose qui n’aurait pas dû être divulguée. Quand elle les rouvrit, il n’avait pas bougé. Elle hésita puis rajouta, tout aussi doucement :

Est-ce que tu te sens bien ? C’est ton allergie ?

Il y avait certainement dans sa voix plus d’inquiétude et d’affection que ce qu’elle aurait voulu, mais c’était ainsi. Elle avait failli à sa résolution, mais c’était ainsi. Il n’y avait jamais eu de raison quand il s’agissait d’Anthony Roberson. Ni même pour aucun de ses amis. Elle attendit patiemment qu’il veuille bien lui accorder un regard, un geste, une parole.
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Anthony D. Roberson

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MessageSujet: Re: Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé   Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé EmptyVen 26 Sep - 4:57

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La respiration rapide, Anthony tâchait de retrouver son calme et de ralentir son cœur parti sur un rythme effréné qui le laissait haletant. Si ce n’était pas pathétique d’être aussi faible physiquement, et aussi puissant magiquement… Il se désolait lui-même parfois, surtout lorsqu’il revenait de l’hôpital, comme maintenant, après une hospitalisation d’urgence au service des pathologies causées non pas par un sortilège ou une quelconque maladie, même bien pas absorption de substance dangereuse. La menthe. Dangereuse. Vraiment. Le Serpentard lâcha un petit rire sans joie en se hissant en haut des escaliers, pour s’adosser au mur le plus proche et retrouver enfin un rythme respiratoire convenable. En sueur, Anthony dégringola dans la salle la plus proche et la plus vide possible, pour se laisser glisser sur une chaise pleine de poussière. On lui avait pourtant conseillé de ne pas courir, de ne pas faire d’efforts trop brusques, de rester au calme pendant au minimum un mois, et au mieux toute sa vie. De santé plus que fragile, Anthony avait l’habitude de respecter à la lettre de telles consignes, s’étant tenu loin de l’objet de son martyre – cet ingrédient à l’intérêt douteux – et surtout loin de tout ce qui pouvait lui demander un certain effort physique. Alors pourquoi venait il de courir dans ces escaliers pour se réfugier le plus haut et le plus loin possible des cachots ? Jamais il ne pourrait l’avouer, même en pensées, encore moins à haute voix, ni à quiconque. C’était déjà assez ridicule d’être aussi peu endurant, alors si en plus il formulait clairement qu’il n’était rien de moins que le souffre-douleur d’un gosse de trois ans son cadet… Anthony secoua la tête pour chasser de telles pensées. Non. Il était juste affaibli, il avait juste eu envie de monter à la bibliothèque, il avait juste… Respire, Anthony, contente toi de respirer. Il devait se calmer. Voilà, c’était tout, il devait se concentrer sur ce seul objectif. Se calmer, respirer, éloigner de soi ce malaise et ces vertiges. Pour ne pas retourner à Sainte Mangouste une nouvelle fois, pour ne pas être aussi faible une nouvelle fois. Et surtout pour ne pas à nouveau être la cible de médicomage désireux d’expérimenter sur lui des potions sans tenir compte un seul instant de son génie et de sa vie si fragile.

Adossé à un mur, Anthony entreprit de se vider l’esprit et de chasser de ses tripes cette peur d’être pris par surprise par sa Némésis. Son meilleur moyen pour s’échapper de Poudlard dans ces cas là ? Le Serpentard ferma les yeux et tenta de redessiner de mémoire le visage de sa petite sœur. Chaque année passée accentuait davantage son absence, chaque année passée le séparait de cette petite silhouette qui devait s’être à présent plus qu’affirmée, si elle était du moins encore en vie. Parce que plus il y pensait, plus Anthony commençait à se rendre compte que son beau-père n’avait pas du préserver la vie de sa petite sœur sans la présence du grand frère pour la protéger. Et pour un couple tel celui formé par sa mère et Julius Dresdn, un couple guidé par la seule ambition et cette volonté ridicule de se hisser le plus rapidement possible le plus haut dans la hiérarchie sorcière, pour un couple comme celui là donc, une cracmol ne pouvait être qu’un poids mort dont il fallait se débarrasser le plus vite possible. Et si pendant ses quatre premières années au château Anthony avait conservé l’espoir de se voir un jour accordé un Week-End de permission chez ses parents, il avait rapidement compris que ce n’était qu’un mirage et que ses parents, aussi sang-pur et hypocrites qu’ils puissent être, n’étaient rien de plus que de vulgaires cafards en comparaison à d’autres familles comme les Malfoy ou les Lestrange. Et les cafards n’avaient pas de droit, en dehors de celui de vivre. Alors une cracmol parmi les cafards… Anthony secoua la tête, faisant exploser d’un coup de baguette la table face à lui. Un sourire traça son chemin sur son visage aux traits fatigués. Il ne pouvait certes pas se défouler physiquement sur un objet ou un mannequin d’entraînement, mais il pouvait largement y aller magiquement. Prenant son inspiration, l’Irlandais s’amusa à brûler, exploser dématérialiser et métamorphoser tout le mobilier de la pièce, laissant s’épanouir pleinement ses capacités comme il ne le faisait que rarement. Après plusieurs minutes, Anthony s’était définitivement changé les idées, bien remonté et sûr de lui. Il pouvait retourner dans sa salle commune, il pouvait désormais conserver sur son visage ce masque de morgue mêlée d’hypocrisie qu’il portait en permanence, ce masque lui-même caché derrière un masque impassible, qui le rendait invisible et peu mémorable aux yeux des autres élèves et adultes. Ne pas se faire remarquer. Ne pas se mettre devant. Ne pas être la cible des regards. C’était l’une des règles qui guidaient sa vie depuis sa naissance, depuis la naissance de May pour être exacte. Parce que l’invisibilité, c’était l’immortalité. Et n’eut été cette allergie ridicule et si agressive qui l’envoyait visiter l’hôpital des sorciers plus de huit fois par an, Anthony se sentait capable de vivre éternellement s’il parvenait toujours à rester dans l’ombre, sans marquer les esprits mais gagnant du pouvoir par le biais d’intrigues.

Si Anthony avait du dire à haute voix ses projets pour l’avenir – il avait eu le temps de bien y réfléchir depuis sa discussion avec Nathanaël et pendant son séjour à Ste Mangouste – il se serait d’un marionnettiste plus que suffisant. Marionnettiste. A tirer les ficelles sans qu’on le voit, à jouer avec des vies et des personnes comme on pouvait jouer avec des pantins, les guider et les placer selon ses seuls souhaits. Avoir un contrôle sur absolument tout. Ne laisser aucune place à… Anthony, qui venait de se relever pour rejoindre sa salle commune après un bref passage à l’infirmerie, s’immobilisa. Elle ? Ici ? Il l’avait bien croisée à plusieurs reprises, mais s’était évertué à l’éviter au maximum ou à disparaître même à ses yeux. Elle avait grandi, depuis. Depuis sa disparition, depuis qu’il s’était contenté de jouer avec elle sans s’octroyer le droit de regarder aux tréfonds de sa conscience ce qu’il éprouvait réellement. Il avait toujours cru être imperméable à la moindre affection. Puis il y avait eu Nathanaël, qui avait transpercé sa carapace pour ne devenir au final rien de moins qu’un ami, ou ce qui s’en approchait le plus. Anthony s’était toujours cru loin de cette capacité à s’attacher aux autres, de cette capacité à regard plus loin que son nombril, et il s’en était toujours vu extrêmement satisfait. Puis elle avait disparu. Et au fil des mois, il avait compris qu’elle lui manquait. Ridicule. Clignant des yeux pour s’assurer que ce n’était pas une illusion – malheureusement – il resta silencieux. La fixant d’un regard noir, attendant une réaction, un mot, avant de disparaître et de continuer à l’ignorer, puisque c’était ce qu’il était le plus sensé. Après tout, son beau-père avait été clair : il n’avait aucun intérêt à frayer avec cette gosse indigne de son sang et s’il ne voulait pas que quelque chose de fâcheux arrive à sa sœur, il devait prendre ses responsabilités et agir comme on attendait de lui. Hum. Je suis désolée, je ne pensais pas que … Tu serais là. Anthony continua de la fixer, sans ciller, sans dire mot. Sans paraître le moins du monde troublé, juste attendant que la place se libère pour passer et disparaître. Ce qu’il voulait plus que tout à cet instant. Je vais te laisser. Je cherchais juste …Peu importe …

Que cherchait-elle ? Anthony empêcha in extremis un pli soucieux d’apparaître sur son front. Elle n’était plus la gamine de jadis, il n’avait plus à l’impressionner pour se rapprocher de ce sang et de cette lignée plus que prestigieuse. Il n’avait plus à jouer un rôle. Et il n’était pas supposé concevoir le moindre remord à l’idée de la jeter comme on pouvait jeter un simple mouchoir usagé ou inutilisable. Tony … Anthony cessa de respirer. Tony Ils n’étaient pas si nombreux à s’octroyer le droit de le nommer par un simple surnom. Dans un frisson, ses poumons reprirent leur activité normale, alors que son masque d’impassibilité menaçait de se rompre pour exploser dans une myriade d’émotions toutes plus destructrices les unes que les autres. Il l’observa fermer les yeux et son instinct lui souffla que c’était le bon moment pour se fondre dans le décor et la contourner. Que c’était le bon moment pour faire ce qu’il attendait depuis le début : disparaître, encore. Mais ce moment s’envola dès que ses yeux se rouvrirent pour se poser à nouveau sur le Serpentard qui se mordilla une lèvre, incertain. Est-ce que tu te sens bien ? C’est ton allergie ?

Un nouveau frisson, ses lèvres s’entrouvrirent pour ne laisser passer qu’un silence. C’était une question, deux mêmes. Il devait y répondre, Pourquoi ? Anthony prit son inspiration, se concentrant pour ne rien perdre de son calme, chose relativement difficile. Lentement, il commença à articuler en cherchant ses mots. « Bonjour… Mahault. Ca… ça fait longtemps. » Sa voix un peu craquelée par son séjour à l’hôpital se voulait atone, sans succès. Le plus dur était fait, maintenant, il n’avait plus qu’à revenir dans ce qu’il savait faire le mieux : mentir. Comme toujours. Le mensonge lui était tellement simple, tellement plus aisé que la vérité qui laissait vulnérable. Avec le mensonge, Anthony se construisait des réalités, des mondes, des pantins dont il possédait toutes les ficelles pour les faire danser au gré de sa volonté. « J’allais très bien jusqu’à ce que je te voie. De toute évidence, mon allergie à la menthe n’y est pour rien dans ce mal-être qui m’envahit au seul fait de respirer un air que tu viens d’expirer. » Anthony se décontracta, ignorant l’effet qu’un tel mensonge pouvait avoir sur ce qu’il pensait réellement. Parce que s’il avait évité Mahault depuis son retour au château, s’il avait fait en sorte de ne jamais avoir à lui parler, à même devoir la saluer à distance, ce n’était pas pour rien. Le hibou de son beau-père avait été très clair, et pour une fois Anthony n’avait pas été en désaccord avec celui qui faisait de sa vie un enfer. Toute personne qui risquait de compter pour lui plus que lui-même ou sa petite sœur n’avait pas à être. Il ne devait ni s’attacher, ni mettre en péril son dévouement pour sa petite sœur. Et Mahault avait mis en péril cet égocentrisme qui constituait une partie de son être. Ne pas la voir, ne pas lui parler, de pas risquer de se souvenir de cette détresse incompréhensible qui l’avait saisi lorsqu’elle n’était pas revenue à Poudlard. Prenant son inspiration, il s’appliqua à lancer un dernier avada kedavra. « Donc si tu pouvais te décaler et me laisser passer, tu m’en verrais ravi. »

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Mahault G. Peverell

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MessageSujet: Re: Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé   Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé EmptyVen 26 Sep - 7:22

Anthony Roberson.

Son énigme. Sa faille. Sa cicatrice. Son secret.

Au tout début de sa fugue, Mahault n’a eu cesse de penser à lui. Elle aurait voulu lui écrire car il lui manquait si fort qu’elle en avait mal dans toutes les fibres de son corps ( bien que Saez lui affirma par la suite que c’était plutôt les grosses quantités de whisky pur feu qu’elle buvait qui la mettait dans cet état-là, elle n’avait pas voulu en démordre), elle aurait voulu lui dire qu’elle allait bien, qu’il ne devait pas s’inquiéter pour elle, qu’elle l’aimait et que c’était pour toujours … mais elle ne l’avait jamais fait de peur que son hibou soit intercepté et qu’il ait des ennuis. Qu’on l’emprisonne ou qu’on le torture pour trahison, pour avoir communiqué avec elle.

La voyant se morfondre et boire plus que de raison, Saez avait alors tenté de lui expliquer avec douceur que certaines familles étaient comme des parasites qui ne s’intéressaient aux personnes que parce qu’elles pouvaient leur apporter quelque chose d’intéressant en retour et que le beau-père d’Anthony Robinson était connu pour être un requin en la matière. Qu’il était fort probable que son ce dernier ne se soit occupé d’elle que pour servir les intérêts de sa famille et qu’elle ne devait plus le pleurer, que ce n’était pas une grande perte et qu’elle se porterait bien mieux sans ce genre de personnes dans son cercle proche. Mahault avait refusé de le croire, bien qu’elle n’ait jamais fait grand cas de la famille de Tony ni de son beau-père, se bornant à le défendre corps et âme, toute naïve qu’elle était.

Plus tard, alors qu’elle se ruinait le cœur de son absence, Saez était rentré dans une colère noire et lui avait fourni les preuves de sa tromperie en l’emmenant dans la maison de ses parents et plus précisément dans le bureau de son père. Une nuit, pendant que Mahault dormait et qu’il se désespérait de la voir remonter la pente, il était allé fouiller dans les papiers de Peverell Père et y avait déniché la preuve irréfutable de ce qu’il avançait. Une correspondance entre les deux paternels parlant d’alliance familiale, de mariage et de quelques autres arrangements communs. A son réveil, il lui avait collé toutes les lettres sous le nez. La vérité fut rude à admettre pour la jeune fille et elle se répéta durant de longues semaines le mantra suivant : Anthony ne l’avait jamais apprécié, il s’était contenté d’obéir à son beau-père qui y voyait le mariage idéal pour leur ascension sociale, ce n’était pas de l’amour, seulement de l’opportunisme …

Perdre Saez l’avait anéantie de douleur mais la cicatrice que l’homme, assis à quelques mètres d’elle, avait laissée dans son cœur était la plus grande de toutes, la fragilisant de part en part, mais aujourd’hui la couleuvre considérait que c’était une de ces faiblesses qui rendent fort.  Elle n’était plus en colère contre lui. Ni triste. Elle ne lui en voulait plus d’avoir suivi sans broncher les manigances de son beau-père, ni de lui avoir menti. Occultant tout le mauvais pour ne garder que les bons souvenirs. Comme un trésor.  Il lui avait fallu du temps, de la patience et beaucoup de douceur pour s’en relever mais elle en était sorti grandie.

Et maintenant, voilà qu’elle le retrouvait là, dans cette salle.

A lui parler comme s’ils étaient toujours bons amis, comme s’ils s’étaient quittés hier, comme si les deux dernières années ne s’étaient pas écoulées, comme si elle ne savait rien de cette duperie, comme si elle était encore amoureuse de lui, qu’il avait encore cette emprise sur elle. Voilà qu’elle se retrouvait là, à s’inquiéter pour lui, à le trouver toujours aussi beau, à avoir envie de le serrer contre elle et nicher son visage dans son cou, à vouloir s’enivrer de son parfum… Quelle ironie. La vie ne l’avait de toute évidence pas assez punie.

Quand il ouvrit la bouche, elle songea un instant que la vie l’avait également adouci, il en était même attendrissant à buter ainsi sur les mots. Seul le ton de sa voix, atone et lasse lui fit l’effet d’une craie sur un tableau noir. Il était évident que ça n’allait pas du tout.  Soucieuse, Mahault fronça les sourcils. Tony avait perdu cette lumière qui émanait de lui et dans laquelle elle baignait quand elle était à côté de lui, plus jeune. Elle craint un instant qu’il ne soit arrivé malheur à sa famille, bien qu’elle n’ait plus aucune estime pour l’énergumène qui tirait les ficelles du clan Roberson .

La couleuvre se creusa les méninges, essayant de se souvenir d’un quelconque fait d’actualité qui aurait mentionné sa famille, tout en scrutant chaque centimètre carré du visage de son interlocuteur. Elle y lisait des choses totalement contradictoires. Comme si sa pensée clamait « ma relation avec elle est vide, il n’y a rien dedans, je n’en ai strictement rien à faire d’elle » et que ses yeux disaient «  tu m’as manqué, je suis confus, je suis content de te voir ».Mahault pencha légèrement la tête sur le côté, dépassée par les questions qui l’assaillent de toute part : peut-on aimer quelqu’un parce que l’on voit au-delà des défenses qu’il a érigées ? Même si son cœur est blessé ? Même si c’est une erreur ? Et pourquoi se posait-elle ces questions maintenant ? Elle ne l’aimait plus, nom d’une gargouille.

Tony la fit sortir aussi vite de ses pensées qu’un cognard furibond. Violemment.

J’allais très bien jusqu’à ce que je te voie. De toute évidence, mon allergie à la menthe n’y est pour rien dans ce mal-être qui m’envahit au seul fait de respirer un air que tu viens d’expirer.

Elle s’en  serait presque recroquevillée. La dureté de ses mots. Son cœur venait d’exploser mais elle n’en laissa rien paraître. Pirouettes et faux semblants. C’est ce qu’elle avait mis en place, elle aussi. Pour sa survie.  Elle haussa le menton et le dévisagea encore, avec assurance et tranquillité. Car maintenant elle savait, elle savait que les mots qu’il lui jetait à la figure, comme des flèches empoisonnées, n’étaient là que protéger l’homme triste et solitaire qu’il s’efforçait de rester, tout au fond de lui-même.

Mahault ignora la peur absolue qui l’étreignit toute entière quand Tony lança son sort, avec tellement de nonchalance  et de décontraction qu’elle eut envie de le gifler, mais elle se ravisa. Ce n’était que provocation de sa part. Une barrière de plus. Elle ne cilla pas et demeura silencieuse. Impassible.

Il était un oignon. Et il y avait bien un noyau sous toutes ces couches de méchanceté et d’ironie. Un noyau de gentillesse qui n’ose pas se dévoiler. Pouvait-elle atteindre ce noyau ?Pourquoi le voulait- elle d’ailleurs ?

Donc si tu pouvais te décaler et me laisser passer, tu m’en verrais ravi.

Durant sa cavale, Mahault faisait du squatt dans des appartements moldus. Un jour, elle était tombée sur une boite de romans vieillis et cornés. Un certain Shaekespeare. Les héroïnes de ces tragi-comédies l’avaient laissée perplexe. Comment pouvaient-elles subir toutes les injustices infligées par leurs stupides soupirants et les prendre dans leurs bras avec une joie non dissimulée à la fin ? C’était impossible. Ce nœud-nœud de moldu n’avait rien compris.

Son regard s’attarda au coin des lèvres de Tony.

Il ne s’était pas trompé une seule fois. Il avait tout compris.

Alors Mahault se contenta de hocher la tête, non pas pour montrer son accord, mais par politesse. Pourtant elle ne s’écarta pas. Elle en était incapable. Parce que cet acquiescement  revenait à un mensonge. Et c’était douloureux. Tony et sa mâchoire obstinément tournée comme s’il était un enfant, refusant de voir, refusant d’admettre.  Elle sentie son cœur se serrer, comme s’il allait simplement s’arrêter de battre sous l’effet du choc et du chagrin, alors, avant de fondre en larmes et de perdre toute crédibilité, elle s’effaça.

Quand il fut presque à la porte, qu’elle l’avait presque perdu, l’énergie du désespoir la fit réagir et, tout en fixant les rainures du pupitre en bois à sa droite, elle demanda doucement :

Est-ce que tu savais que nos familles avaient prévus de nous marier dès la fin de nos études ?

C’était une question rhétorique, bien sûr, mais il fallait qu’il sache qu’elle n’était plus dupe. Un silence assourdissant se répercuta sur les murs.  Mahault se mordit l’intérieur des joues. Ce n’est pas ce qu’elle avait envie de lui dire. Elle avait envie de lui dire qu’il lui manquait, parce que c’était vrai. Parce que toutes les cellules de son corps étaient en manque de lui. D’une manière qu’elle jugeait totalement absurde, d’ailleurs. Mais comme les mots sont beaucoup plus importants que les émotions qui les habitent, elle se retient. Sur le bois est gravé : H+G dans un cœur. En suivant le contour du bout des doigts, elle poursuit, tout aussi doucement :

Enfin, te voilà délesté d’un poids, maintenant. Ton beau-père ne voudrait sûrement pas que tu t’acoquines d’une fille comme moi. Sur ce coup là, tu peux le bénir … ou tiens ! Tu peux même envoyer une lettre de remerciement au Lord puisque toute cette histoire est de son fait … oui, vraiment, tu peux t’estimer chanceux ….dire que tu allais passer le restant de ta vie avec une personne dont la simple présence te rends malade !

Sa voix se fissura et les larmes lui montèrent aux yeux. Pour ne rien laissé paraître de son trouble, elle se dirigea vers lui sans un regard, attrapa sa sacoche, la lança sur un pupitre, s’assit et en retira son matériel de tricot. Si sa présence l’indisposait tant, il n’avait qu’à partir !
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Anthony D. Roberson

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MessageSujet: Re: Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé   Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé EmptyMer 8 Oct - 9:21

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Jouer un rôle ne lui avant jamais posé de problème. Après tout, en tant qu’héritier d’une famille de sang pur, même classée très basse dans la hiérarchie des vieilles familles, il avait toujours du être ce qu’on attendait de lui. Et son tempérament, loin d’être rebelle, le poussait à accepter cet état de fait en se pliant aux exigences mêlées de la société sang-pur d’Irlande puis d’Angleterre et de ces parents. Jouer un rôle, donc, était presque une deuxième nature chez Anthony. Hypocrite, ambitieux, faux-jeton et lèche-botte, il faisait tout ce qui était nécessaire pour plaire à ceux qui en valaient la peine et pour élever les Roberson au rang de famille estimable, comme le désiraient tant Julius Dredsn et sa mère, deux des personnes les plus pitoyables et corrompues qu’il lui avait jamais été donné de connaître. Mais étrangement, depuis quelques semaines, tout ce qui avait été les fondements de la vie d’Anthony et les fondations mêmes de ces armures et multiples murailles qui préservaient sa santé mentale et son invulnérabilité aux dépends d’une indépendance dont il n’avait que faire puisqu’il ne l’avait jamais touchée du doigt depuis ses premiers mois et encore moins depuis la mort de son père. Anthony n’était pas près d’aller rejeter ouvertement l’autorité paternelle de son beau-père, loin de là, mais il commençait à comprendre que sa vie n’était pas un bien que possédaient ses parents. Et celle qui se trouvait devant lui en était, peut être, un peu la cause. En partie. Tétanisé, Anthony s’entendit bégayer, ce qui était contraire à ses habitudes. La voix de son beau-père claqua dans son esprit lorsque ses mots s’entrechoquèrent, incertains. Un Sang-Pur ne bégaie pas. Un Sang-Pur s’impose. Un Sang-Pur sait ce qu’il dit. Ceux qui bégayent auraient mieux faire de se taire. Voix qu’il chassa dans un soupir fugace. Mais voix qui n’avait pas si tort que ça. Un bégayement, c’était une marque de faiblesse, et Anthony se jugeait déjà suffisamment vulnérable pour qu’il n’ait pas besoin de s’en rajouter. Se reprenant, il glissa automatiquement dans ce qu’il connaissait le mieux : le mensonge. Depuis qu’il était petit, il jouait des rôles et il mentait comme il respirait. Simuler, manipuler, dire blanc et penser noir, c’était un point de repère comme un autre lorsqu’il commençait à remettre tout le reste en question, après tout. Le froncement de sourcil de la Serpentard fut pour lui comme une invitation à poursuivre. A envenimer ses propos. A y injecter un peu de ce venin qui commençait à l’affaiblir lui aussi. Et la réaction de Mahault le blessa bien plus qu’il ne s’y attendait. Dans les yeux de son ancienne ami, Anthony y lut une fraction de seconde un mouvement de recul avant qu’elle ne relève le menton comme pour sortir la tête de ce tsunami qu’il venait de déclencher dans sa direction. Elle avait grandi. En prenant conscience de cela, Anthony eut encore plus mal. Elle avait grandi, elle n’avait plus rien de celle qu’il avait connue, de celle dont il s’était joué, de celle qui lui avait, étrangement, manqué. Elle n’avait plus rien de Mahault. Presque plus rien. Parce qu’outre cette assurance nouvelle, cette armure qu’elle s’était de toute évidence bâti, parce qu’outre tout cela donc, elle restait la même à l’identique. Et Anthony aurait bien aimé ne pas s’en rendre compte. Réagissant comme à son habitude dans de telles situations, Anthony préféra attaquer pour s’esquiver vers la sortie. Si une phrase aurait pu avoir l’effet d’un Avada Kedavra, sans nul doute que celle qu’il choisit de formuler pour fuir en eut fait partie. Mais aucune phrase n’avait un tel effet, et celle-là ne dérogea pas à la règle au grand désarroi du Serpentard. Si Mahault hocha la tête, comme pour acquiescer à ses propos, elle ne s’écarta pas de l’embrasure de la porte. Mâchoire serrée, yeux légèrement plissés, muscles crispés dans une tension due à sa fatigue et à sa panique précédente, Anthony resta figé, comme pour la défier de rester en place sans obtempérer. Et concentré comme il l’était sur son attitude et sa respiration, il faillit ne pas voir une Mahault en larmes s’effacer pour lui ouvrir le chemin demandé vers la sortie. Sans attendre, Anthony esquissa quelques pas de brume, se demandant pourquoi la voir pleurer le perturbait à ce point. Ce fut lorsque la voix de Mahault s’éleva à nouveau dans la pièce qu’il eut sa réponse. Est-ce que tu savais que nos familles avaient prévus de nous marier dès la fin de nos études ? Anthony s’immobilisa. « Pardon ? » chuchota-t-il. Une petite voix d’enfant résonna en écho dans sa mémoire, une petite voix d’enfant mêlée de larmes et de reniflement. Julius, il a dit que j’allais me marier plus tard avec Mickaël. Mais je veux pas me marier avec Mickaël, c’est juste mon ami. May, qui n’était pas encore la cracmol aux yeux de Dresdn – ce n’était qu’une affaire de quelques mois. May, qui était en larmes, du haut de ses cinq ans. May qui lui manquait plus que jamais après six ans et demi de séparation. May qui était peut être morte, tuée par un Mangemort trop honteux d’avoir récupéré une cracmol dans un remariage. Un soupir, Anthony se tourna vers Mahault, s’appuyant contre le mur le plus proche pour reposer ses muscles fatigués par l’effort. Enfin, te voilà délesté d’un poids, maintenant. Ton beau-père ne voudrait sûrement pas que tu t’acoquines d’une fille comme moi. Sur ce coup là, tu peux le bénir … ou tiens ! Tu peux même envoyer une lettre de remerciement au Lord puisque toute cette histoire est de son fait … oui, vraiment, tu peux t’estimer chanceux ….dire que tu allais passer le restant de ta vie avec une personne dont la simple présence te rends malade ! Loin de répondre, ou de partir, Anthony se contenta de déglutir. Avant de fermer les yeux. La fuite serait la solution la plus simple, mais comme dit précédemment, Anthony était en train de changer peu à peu, le processus mis en branle par la disparition de Mahault s’étant accéléré lorsqu’il avait pris conscience que rien, strictement rien ne pouvait lui assurer que sa sœur était encore vivante, encore en bonne santé, et qu’il allait potentiellement la revoir un jour.

Après quelques poignées de seconde en silence, Anthony lâcha un nouveau soupir, considérant la Serpentard qui avait pris place sur une chaise survivante. Se détachant du mur, il glissa à l’intérieur de la salle, fermant la porte d’un coup de baguette et l’insonorisant dans un même mouvement, et un informulé. Ses yeux gris se posèrent sur Mahault, tandis que l’ombre d’un sourire s’attardait sur ses lèvres. Cette fois, Anthony prit le temps de préparer mentalement ce qu’il allait lui dire, son ton, ses mots, dans un choix drastique et impitoyable. « C’était ce qui était prévu, en effet. Mais ça me sidère qu’une Sang-Pur telle que toi n’y ais pas pensé, même un instant. » Légèrement goguenard, Anthony lâcha un rictus amusé. « Dès que tu as posé le pied à Poudlard, toutes les familles de sang-pur, ou du moins celles qui se soucient de leur réputation, ont tourné la tête vers les Peverell. Dès que tu as commencé à me parler, j’ai reçu un hibou de la part de Julius. Mais je ne vois pas en quoi cela est étonnant ni même outrageant. Nos mariages sont des mariages d’intérêt, rien de plus mais rien de moins non plus. Je ne vois pas ce qu’il y a de surprenant là dedans, le ton est donné dès le départ tout comme le reste des règles du jeu. » Et le ton de Tony, quant à lui, ne manqua pas de se durcir sur la fin de sa phrase. Qu’elle était naïve de ne même pas y avoir songé, puisque cela semblait être le cas. Un héritier d’une famille minable qui s’occupe d’une Peverell, c’était bien évidemment pour s’attirer les faveurs de la famille honorable, personne ne pouvait être dupe ; personne de malin du moins. Et elle n’avait pas à lui en vouloir. Les traits du Serpentard se radoucirent néanmoins lorsqu’il reprit après une pause et surtout après s’être assis sur la chaise la plus proche – transformée en fauteuil pour l’occasion. « Mais si tu as raison sur ce point, tu as tort sur le reste. Je ne suis pas chanceux, j’ai juste des impératifs à tenir, chose que tu ne sembles pas tout à fait avoir compris vue les dernières… années. » A nouveau, ses yeux gris se font accusateurs, n’osant formuler en pensant ce qu’ils expriment. Tu m’as abandonné. « Nous sommes des sang-purs, Mahault. Nous avons une lignée derrière nous que nous devons préserver de la putréfaction des sang-de-bourbes et des moldus. Alors oui, je le savais. Mais non,… » Sa voix faiblit, perdant de son assurance emplie de morgue qui la soutenait jusque là. « Ca ne m’aurait pas dérangé que ce soit sur les Peverelle que se porte le choix de Julius. » Il la regarda fixement, se demandant si elle allait percevoir le sous-entendu timide et hésitant qu’il venait de faire, et qui venait aussi de regretter.

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Mahault G. Peverell

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MessageSujet: Re: Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé   Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé EmptyMer 8 Oct - 20:30

Tout en sortant une pelote de recyclaine couleur bitume, elle essuya rageusement ses larmes du plat de la main. Une phrase de Saez lui revint en mémoire.

Tu as peur d’avoir mal, alors tu me repousses. Tu repousses tout le monde pour ne pas souffrir. Tu reproduiras sans cesse le même schéma. Et tu passeras à côté de bonnes choses. Que tu mérites, contrairement à ce que tu sembles penser.

C’était un soir d’hiver. Elle était ivre. Encore. Il lui avait servi un lait chaud au miel et à la cannelle avec les petits scones aux raisins qu’elle aimait tant puis il l’avait baigné, bordé, enlacé. Il avait enfoui son visage dans ses cheveux humides et embrassé le creux de sa nuque en suivant les contours de son tatouage...  

Mahault frissonna et ses mains tremblèrent légèrement.

A ce moment-là, l’amour et l’affection qu’il lui portait n’avait fait aucune différence. C’était même pire que ça. Quand il n’était pas vain, il devenait indésirable, comme un fardeau supplémentaire dont elle ne savait que faire. Alors qu’était-elle censé dire ? Comment pouvait-elle lui expliquer ce qu’elle ressentait ? Que ses sentiments, dont il avait toujours tout ignoré, étaient aussi intenses que le dernier jour où elle l’avait vu il y a deux ans ? Comment pouvait-elle lui dire qu’elle ne désirait qu’une chose : le toucher ? Ou même qu’elle crevait de jalousie à l’idée qu’une autre fille est pû prendre « sa place » auprès de lui ? Ainsi, elle estimait qu’il était peut-être mieux que Tony reste dans l’ignorance, qu’il ne sache qu’elle l’avait aimé, aimé jusqu’à l’overdose. Et que même aujourd’hui, cet amour absolu restait un brasier dans fond de son cœur, malgré tous ses efforts pour l’éteindre. Oui, c’était mieux ainsi parce qu’il ne voulait pas être aimé, et surtout, il ne voulait pas être aimé d’elle. Lui avouer cela ne ferait rien d’autre que de lui fournir un moyen supplémentaire pour l’humilier.

C’était ce qui était prévu, en effet. Mais ça me sidère qu’une Sang-Pur telle que toi n’y  ai pas pensé, même un instant.

Tu as raison. Je n’y ai jamais songé. Parce que dès le moment où je t’ai vu, dès que tu es rentré dans ma vie, dès que tu t’es installé dans mes pensées et dans mes rêves, dans mon cœur … Je n’ai eu peur que d’une chose, c’était de te perdre et de ne plus jamais te revoir.

Mahault tressaillie. Les mots  tournaient dans ses pensées sans que rien ne soit révéler. Sous le sceau du secret . Posant les aiguilles un instant, elle ferma les yeux pour tenter de contenir le flot d’émotions qui menaçaient de l’engloutir. Son cœur battait à la chamade. Qu’elle avait été sotte …

Dès que tu as posé le pied à Poudlard, toutes les familles de sang-pur, ou du moins celles qui se soucient de leur réputation, ont tourné la tête vers les Peverell. Dès que tu as commencé à me parler, j’ai reçu un hibou de la part de Julius. Mais je ne vois pas en quoi cela est étonnant ni même outrageant. Nos mariages sont des mariages d’intérêt, rien de plus mais rien de moins non plus. Je ne vois pas ce qu’il y a de surprenant là-dedans, le ton est donné dès le départ tout comme le reste des règles du jeu.

Naïve et sotte, peut-être l’avait elle était autrefois, mais qui pourrait la blâmer ? Elle était jeune et amoureuse. Quelle petite fille ne rêvait pas d’un mariage romantique avec son prince charmant ? Quand bien même Anthony aurait suivit les ordres de son beau-père et l’aurait épousé uniquement par intérêt, ce n’aurait aucune importance pour elle,  du moment qu’il était à elle. Mahault aurait eu alors toute une vie pour l’apprivoiser … Mais ce n’était pas les règles du jeu. Les mariages d’intérêts n’étaient pas forcément des mariages sans sentiments. Ses parents en étaient la preuve mais elle se garda bien de lui dire. Elle recommença son ouvrage, perdue dans ses pensées.

La brunette retient de justesse un sourire quand elle songea à la tête que ferrait Julius Dresdn dès que son retour en beauté dans les rangs des obscurs lui parviendrait aux oreilles, tout ça grâce aux bons soins de Natalya Petrova. Mahault ne pût s’empêcher de se demander si Anthony reviendrait alors vers elle, tout sucre et tout miel, espérant la berner encore. Cette pensée lui broya le cœur cœur. Malheureusement pour eux,  la serpentard ne voulait plus être une héroïne schaekspirienne. Il vient s’asseoir auprès d’elle et elle se recula instinctivement, pour se protéger de la violence de ses paroles. Mahault tenta de se concentrer sur les points de son ouvrage, des mitaines pour les premiers frimas, mais son corps était hors de contrôle. La jeune fille constata avec un certain malaise qu’elle le désirait. Son corps, son être tout entier, était en train de se consumer dans un désir muet.  Comme si elle était constituée de fils de fer et qu’il était l’aimant. Comme un pétard qui n’attends plus qu’une allumette.

La couleuvre fronça les sourcils en loupant une maille.

Comment une personne pouvait-elle susciter autant d’émotions contradictoires en même temps ?

Elle le détestait. Il lui faisait mal. Elle voulait le frapper. Il la rendait folle de désir rien qu’en posant son regard sur elle. Elle voulait l’embrasser. Il l’humiliait. Elle voulait le voir disparaître. Il la narguait. Ne plus jamais lui parler. Il était égocentrique et incapable d’apprécier une autre personne que lui-même. Elle voulait courir se blottir dans ses bras. C’était un menteur pathologique. Elle espérait bien que la menthe finirait par le tuer. Il se fichait d’elle. Elle voulait détruire tous les plans de menthe de la planète. Il ne voulait pas s’attacher. Elle voulait réussir où les autres avaient échouées. Il ne l’aimerait jamais sincèrement. Elle avait envie de pleurer.

Se secouant mentalement, Mahault reposa l’ouvrage sur ses genoux. Elle ne voulait pas le regarder.

Mais si tu as raison sur ce point, tu as tort sur le reste. Je ne suis pas chanceux, j’ai juste des impératifs à tenir, chose que tu ne sembles pas tout à fait avoir compris vue les dernières… années.

Involontairement, la couleuvre reporta son attention sur lui alors qu’elle venait de commencer à compter les enluminures sur un vieux gramophone, au fond de la pièce. Ses yeux gris étaient aussi sombres que le ciel d’un soir d’orage.

Nous sommes des sang-purs, Mahault. Nous avons une lignée derrière nous que nous devons préserver de la putréfaction des sang-de-bourbes et des moldus. Alors oui, je le savais. Mais non,…

Elle pencha la tête, curieuse de la tournure des évènements.

Ça ne m’aurait pas dérangé que ce soit sur les Peverell que se porte le choix de Julius.

Anthony ficha son regard dans celui de la jeune fille, tentant de lui faire comprendre par ce dernier tout ce qu’il avait tellement de mal à lui dire. Contre toute attente, elle avait mal. Loin de la paix qu’elle aurait dû lui apporter, la déclaration cachée d’Anthony avait déchainé un chaos de sentiments qui agitaient son esprit et malmenaient son ventre. Elle aurait voulu se mettre en boule. Disparaître. Oublier. Elle avait eu tort de s’attarder, de lui parler, elle aurait dû fuir sans se retourner quand elle en avait encore la possibilité.  Mahault demeura muette un long moment, puis tout doucement, chuchotant presque, elle dit :

Ce ne sont que des paroles, Tony. Des mots que tu sèmes au vent …

Elle fonça les sourcils, cherchant le meilleur moyen de formuler la suite. Elle devait lui parler, lui dire, c’était une certitude et pourtant, c’était la chose la plus angoissante qu’il lui avait été donné de faire. La serpentard tritura machinalement un fil de laine qui pendouillait dans le vide.

Je n’ai jamais songé que tu pouvais te préoccuper de moi, par opportunisme.

Elle regarda ailleurs, prit une profonde inspiration et se lança :

Et même si cela avait été la raison première de ton affection – elle ironisa volontairement le mot – j’aurais toujours espérer qu’un jour cela change et que tu te rendes compte que finalement tu étais doté d’un cœur qui bat … qui bat pour moi …  Parce que j’étais amoureuse de toi. Tu étais cette belle histoire d’amour que je ne cessais jamais de lire …

Elle fit une pause, effrayée par l’univers inconnu qui se dressait devant elle au fur et à mesure qu’elle pansait ses plaies. Au fur et à mesure qu’elle parlait.

Alors …tu peux bien gardés tes mots tendres et enrobées pour une autre que moi, une autre qui ne se souciera pas de tes promesses faîtes de vide,de rien. J’ai assez donné. Le temps des rêves est fini, n’est-ce pas ? Et les souvenirs se fanent aussi  quand on les oublis …

Sa voix se brisa. L’émotion qu’elle avait jusqu’alors réussit à juguler déferla sur elle. Elle regarda ses mains trembler, mais ses yeux restèrent secs. Elle voulait le défier. Le mettre au pied du mur et au pied de ses contradictions. Elle tendit une main hésitante vers la sienne  … la retira brusquement. Elle lâcha dans un murmure :

Si ce que tu dis est sincère, alors prouve-le.


Elle fixa son regard dans le sien. Elle répéta, plus assurée :

Prouve-le. Embrasse-moi.
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Anthony D. Roberson

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MessageSujet: Re: Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé   Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé EmptyMer 15 Oct - 22:28

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Les alarmes internes d’Anthony l’assourdissaient, l’étourdissaient, lui hurlaient de cesser de se comporter comme le dernier des idiots et de se réfugier au pas de course dans l’atmosphère rassurante des cachots, dans celle de son dortoir, pour qu’il soit enfin seul. Lâche, couard, la solution la plus simple était bien évidemment la fuite. Et Merlin seul savait à quel point Anthony remercier des générations de Roberson de lui avoir léguer dans son héritage cette lâcheté qui lui permettait de survivre, de vivre déjà, cette lâcheté qui guidait par la main la plupart de ses décisions, cette lâcheté qui lui imposait à chaque respiration de revenir sur ses mots et de fuir loin de cette pièce plus que dangereuse. Fuis, fuis, Anthony. C’était la voix claire et enfantine de May. Fuis, cesse cette folie, n’écoute pas cette lâche, cette traitresse, cette Peverell qui a renié ton sang. Le Serpentard enfilait les mots avec cette patience et cette méticulosité qui le caractérisait, comme des perles sur un collier d’Opale. Douceur, amertume, sarcasme, déception, accusation, timidité, silence et mensonge, les tons et les couleurs se mêlaient dans un entrelacs complexe à la signification plus complexe encore. Ca ne m’aurait pas dérangé que ce soit sur les Peverell que se porte le choix de Julius. Bon sang, mais que lui avait-il pris de concéder cela ? Fuis, ne m’abandonne pas pleurait May dans ses pensées. Si tu l’écoutes, si tu cèdes, si tu vas contre la volonté de Julius, je vais mourir tu le sais ! Anthony ne savait pas quoi faire, quel choix faire. Il ignorait même comment faire en sorte que ses yeux gris cessent de le trahir ainsi. Parce que ça ne pouvait qu’être le cas. De sa volonté inébranlable, Anthony détourna le regard. Envisagea de se lever du fauteuil, considéra sa respiration toujours difficile, la faiblesse qui se répandait dans ses jambes, son cœur qui battait à un rythme irrégulier, conséquences à n’en pas douter de sa panique d’un peu plus tôt. Il fallait qu’il se ressaisisse. Il fallait qu’il reprenne le contrôle de la situation, et pour cela il fallait qu’il reste dans la pièce pour faire comprendre à Mahault qu’elle se faisait des illusions, que ce qu’elle ne devait pas manqué d’avoir cru lire dans ses yeux orage n’était rien d’autre qu’un jeu de lumière. Qu’il n’avait rien pensé de tout cela, que les seuls mots qui franchissaient ses lèvres n’étaient rien d’autre que de l’hypocrisie, cette hypocrisie même dont il avait usé pour la mener en bateau ses premières années à Poudlard. Parce qu’il n’y avait rien d’autre derrière. Et il était de bon ton qu’elle s’en souvienne. Et il est de bon ton que toi, Tony, tu t’en souviennes aussi. Peut être.

Pendant un long moment,  il n’y eut qu’un silence entre eux deux. Loin de déranger Anthony, ce silence lui permit de reprendre le contrôle et de ses pensées, et de ses émotions. Il n’avait pas à s’égarer. Lâche, peut être. Faible, sûrement. Mais il n’avait pas à obéir à un autre maître que son beau-père, à une autre entité que le Seigneur des Ténèbres. S’il commençait à se plier aux exigences d’impulsion mêlées de sentiments, il était certain que c’en était fini de lui. Alors non, il ne devait pas se laisser aller de nouveau à un tel égarement, il en allait de sa vie, il en allait de sa santé mentale, et plus encore il en allait de la vie de May. Et même si elle était peut être morte depuis plusieurs années déjà, il n’avait aucune certitude et cette absence de preuves laissait à sa petite sœur un soupçon de réalité. Perdu dans ses pensées, Anthony ne prêtait plus attention à ce qui l’entourait. Ne prêtait plus attention à Mahault. Ce ne sont que des paroles, Tony. Des mots que tu sèmes au vent … Il releva la tête. La pause était finie, il avait eu le temps de reprendre contenance, de rebâtir ses armures et ces murailles autour de ce qu’il y avait de plus fragile en lui. Des mots qu’il semait au vent ? Oui, parfaitement. Mais que voulait-elle de plus, un contrat de mariage ? Le sourire d’Anthony se teinta d’amusement à cette pensée tandis qu’elle, elle fronçait les sourcils. Ce n’était pas le moment d’intervenir, sa conscience aigüe des tours de parole le lui en informant. Savoir quand on pouvait parler, savoir attraper le bon moment pour prononcer quelques mots, c’était plus qu’indispensable lorsqu’on grandissait dans l’aristocratie sorcière, Anthony l’avait compris très tôt. Et c’était d’ailleurs peut être pour cela qu’il passait pour un sorcier réservé et introverti. Il n’intervenait que lorsqu’on le lui permettait implicitement, que lorsque ça en valait la peine, que lorsque c’était le bon moment, une croche décalée dans un rythme rapide, un soupir, une respiration pour que ce soit à lui de devenir la voix principale. Et ce moment n’était pas venu. Il la laissa choisir ses mots, sans détourner pour autant son regard de la Serpentard. Je n’ai jamais songé que tu pouvais te préoccuper de moi, par opportunisme. Il arqua un sourcil. Immature, innocente, naïve. Elle avait couru lorsqu’il l’avait manipulée avec tout son savoir faire. Elle s’était laissé faire avec une candeur qui le dépassait. Que faisait-elle donc à Serpentard ? Et même si cela avait été la raison première de ton affection, j’aurais toujours espérer qu’un jour cela change et que tu te rendes compte que finalement tu étais doté d’un cœur qui bat … qui bat pour moi …  Parce que j’étais amoureuse de toi. Tu étais cette belle histoire d’amour que je ne cessais jamais de lire … Alors …tu peux bien gardés tes mots tendres et enrobées pour une autre que moi, une autre qui ne se souciera pas de tes promesses faites de vide, de rien. J’ai assez donné. Le temps des rêves est fini, n’est-ce pas ? Et les souvenirs se fanent aussi  quand on les oublis … Pour qui donc se prenait-elle ? Anthony pensait être capable de tout entendre, de tout comprendre : les propos de Mahault le dépassaient sans qu’il parvienne à assimiler, à en attraper toute la teneur et les sous-entendus. C’était peut être aussi pour cela qu’il la laissait parler, sans vouloir la couper, sans vouloir briser ses rêves et ses illusions. Elle avait beau avoir grandi, s’être défaite de son enfance, elle restait immanquablement la même. Candide. Naïve. Influençable et manipulable, bercée d’illusions qu’elle entretenait elle-même qu’elle composait elle-même, sans qu’il n’y soit pour quoique ce soit.

Avec une froideur et une impassibilité maîtrisée, il la vit détourner et le regard, les mains tremblantes cessant leur travail sur les aiguilles et le fil sorcier qui s’agitaient pourtant depuis qu’il avait choisi de rester dans la pièce. opportunisme, affection, cœur qui bat, amoureuse, promesse, rien de tout cela n’avait de sens. Anthony avait beau tenter d’imbriquer les pièces du puzzle les unes dans les autres,  il ne voyait aucune cohérence autre que le fait qu’elle ait lu et cru comprendre en lui quelque chose dont il n’avait lui-même pas conscience. Effrayant. Si ce que tu dis est sincère, alors prouve-le. Anthony se leva, sourcils froncés, sourire envolé, traits tendus et plissés par son sérieux qui ne le quittait que rarement. Lui, lui prouver quelque chose ? C’était surréaliste. Il n’avait rien à prouver à une gamine, il n’avait rien à prouver à une traitre à son sang, il n’avait rien à prouver à Prouve-le. Embrasse-moi. La surprise traça son chemin sur le visage du Serpentard qui ne put qu’articuler un « Pardon ? » égaré. Contournant le fauteuil, Anthony n’eut aucune hésitation à s’éloigner de la Serpentard. « Tu te moques de moi, j’espère ! » Que devait-il lui prouver en l’embrassant ? Qu’il ne mentait pas en lui disant que si le choix de Julius avait porté sur les Peverell, il en aurait été  plus que satisfait ? C’était ridicule. C’était… Anthony toisa Mahault, comprenant enfin la logique du puzzle. Et il hésita même pendant un instant à éclater de rire, dans une démonstration d’émotion qui lui était inhabituelle. Au lieu de cela, il se contenta de secouer la tête, un sourire aux lèvres. Sa version du rire, sa version de l’amusement. Sa version de la désillusion et de la compréhension. « Tu y crois vraiment, c’est cela ? » Il leva les yeux au ciel. « Je te dis un mot, tu le tisses dans une phrase et un monologue que je n’ai jamais prononcé. Tu t’emballes Mahault, et par cela tu me prouves une fois de plus que tu restes la petite gamine manipulable que l’on m’a mis dans les pattes au début de ma troisième année ! » Il se passa une main sur le visage. « Mahault, ne te fais pas d’illusion : il n’y a pas de promesse dans les mots, il n’y a pas de sincérité, il n’y a pas de vérité. Il n’y a même pas d’affection. Il n’y avait rien dans mon attitude, juste de l’opportunisme, juste de l’obéissance, juste de la manipulation pour m’attirer les grâce d’une vieille famille de sang pur. N’essaye pas de te bâtir une histoire peuplée de fées, de lutins, de princes charmants et autres bêtises digne d’une gamine de quatre ans. » Anthony fit une pause, coupé dans ses pensées par des souvenirs. Tony, tu peux me relire l’histoire de Babbitty Lapina ? Non, May, Tony ne pouvait plus te lire des histoires désormais. Et il ne pouvait pas laisser Mahault en liberté dans ce pays des merveilleux de l’enfance, il devait lui imposer un retour à la réalité, un retour brutal, un retour inévitable. « J’ignore ce que tu crois ressentir pour moi, j’ignore ce que tu t’imagines qu’il y a entre nous, j’ignore ce que tes pensées dérangées ont cru comprendre de mes mots, alors je vais essayé d’être clair, Mahault : » Anthony prit son inspiration, fixant l’autre Serpentard. « Tu étais une cible, une proie, un marche-pied dans la hiérarchie sociale, et par chance tu n’étais ni trop bête, ni trop moche, et tu avais pour toi d’avoir un sang plus pur que les autres cibles potentielles. Et tu étais si naïve que je pouvais faire de toi ce que je voulais. Un point, c’est tout. Pas d’affection, pas de sentiment, juste de l’opportunisme, mets toi ça dans la tête. » Mais ça, c’était avant. Avant qu’elle ne disparaisse, avant qu’elle ne creuse dans son quotidien une absence qui l’avait dérouté les premiers, une absence à laquelle il s’était finalement habitué, comme Anthony pouvait s’habituer à tout même à l’absence de sa sœur. Avant, il n’y avait pas d’affection, c’était clair. Mais maintenant… il valait mieux ne pas y penser. Parce que s’il devait être franc avec lui-même, Anthony ne pouvait que s’avouer que de pas trop moche, elle était passée à désirable. De pas trop bête, elle était devenue intelligente. Et s’il voulait être encore plus franc, Anthony devait aussi s’avouer qu’il aurait bien aimé l’embrasser, là, maintenant, si le potentiel mariage arrangé entre les deux n’avait pas été réduit en pièces. Mais l’une des principales qualités de l’héritier Roberson était sa capacité à mentir, autant aux autres qu’à lui-même. Imbu de sa petite personne, soumis à l’autorité de ses parents, il était inenvisageable pour lui de désobéir sciemment à un ordre donné. Et si ça rendait les choses plus faciles, cela ne lui posait aucun problème de se mentir, de se trahir, de se voiler d’illusions et de convictions.

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Mahault G. Peverell

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MessageSujet: Re: Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé   Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé EmptyJeu 16 Oct - 6:20

J’ignore ce que tu crois ressentir pour moi, j’ignore ce que tu t’imagines qu’il y a entre nous, j’ignore ce que tes pensées dérangées ont cru comprendre de mes mots, alors je vais essayé d’être clair, Mahault , tu étais une cible, une proie, un marche-pied dans la hiérarchie sociale, et par chance tu n’étais ni trop bête, ni trop moche, et tu avais pour toi d’avoir un sang plus pur que les autres cibles potentielles. Et tu étais si naïve que je pouvais faire de toi ce que je voulais. Un point, c’est tout. Pas d’affection, pas de sentiment, juste de l’opportunisme, mets toi ça dans la tête.


Chacun de ses mots étaient un poison. Ils l'avaient bousculé, assommé, emporté sans qu'elle n'ai la moindre chance de s'en sortir indemne. Un poison avilissant. Il l'avait parfaitement compris, puisqu'il ne manquait pas de lui rappeler l'emprise qu'il avait eu sur elle.  Le souffle court, le coeur douloureux, Mahault avait l'impression que sa raison vacillait au dessus d'un gouffre sans fin. Elle résista à la lâcheté qui la poussait vers la porte. Celle qui lui enjoignait de partir en courant, le plus loin possible. Sa réaction la surprenait elle - même. Pas un geste. Pas un tressaillement. Pas un mot, une larme, un son. Une totale impassibilité que seule démentait la flamme qui avait embrasé son regard aux derniers mots d'Anthony. Une flamme faite de détresse, de souffrance et de rage.

Une rage froide et cinglante.

Mortelle.

Sa main partie avant qu'elle ne se rende compte de ce qu'elle faisait. Le son de la gifle qu'elle venait de lui asséner se répercuta sur les murs alentours. Elle avait bondi comme un diable hors de sa boîte. Si le rouge de la colère avait coloré ses joues l'instant d'avant, la couleuvre était désormais si pâle qu'elle en devenait translucide. Elle regarda sa main, stupéfaite, puis les marques bordeaux sur la joue d'Anthony et eu un mouvement de recul. Il l'avait fait sortir de ses gonds. Il semblait aussi estomaqué qu'elle, passant sa main à l'endroit du coup, comme pour s'assurer de sa réalité. Loin de ressentir le moindre remords, ni même la moindre compassion à son égard, elle attrapa sa baguette d'un geste vif, et le tient en joue, le dissuadant ainsi de toute tentative de représailles. Quand elle rouvrit la bouche, sa voie était aussi pâle que son teint.

Tu n'as donc conscience de rien, ni de personne, Anthony Roberson.Ni même de respect. C'est affligeant.

Jamais, elle n'avait ressentie un tel mélange de force et de faiblesse, de certitudes et de doute. Jamais. Sauf quand elle était en sa présence. Il la faisait se perdre à chaque fois. Et à chaque fois, les chemins où il l'attirait devenaient plus dangereux, opaques, destructeurs. Et elle, aussi idiote qu'une goule,  se bornait à croire qu'il suffisait qu'elle emmène suffisamment de bougies pour que l'obscurité se dissipe. Baguette à la main, elle attendait que sa raison se fraye un chemin dans ce chaos. Chaos provoqué par les paroles d'Anthony et le geste qui les avait suivies. Elle devait réussir à s'en extraire. Pour sortir de l'obscurité. Pour continuer à avancer. Pour vivre. Un sanglot invisible la secoua. Incapable de trouver sa place. Incapable de se décider.Incapable de tirer un trait sur le passé pour aller de l'avant. Elle qui pensait avoir été guérie par Saez, quelle duperie !

D'un air anxieux, elle regarda la porte. Si elle partait maintenant, elle ne pourrait plus faire marche arrière. Un nouveau chemin s'offrait à la jeune fille, un chemin qu'elle désirait ardemment emprunter mais qui la terrifiait pourtant. Un pas dans cette direction et elle serait emporter sans qu'aucun retour ne soit envisageable. Un pas qu'elle ne parvenait pas à faire. Pourtant, tout en elle criait que c'était la bonne décision. Le maintenant sous son joug, Mahault fourra la laine et les aiguilles dans sa besace à l'aide de sa main gauche. Elle ne le quittait pas des yeux. S'il faisait le moindre geste, s'il esquissait le moindre mouvement pour prendre sa baguette, il se retrouverait à vomir des limaces pour les deux prochaines heures. Vite. Pirouettes. Vite. Faux semblant. Elle ne pouvait plus le laisser gagner. D'un geste sec, elle remonta la lanière de son sac à son épaule. Prenant une grande inspiration, elle lui dit d'une voix claire et ferme :

Avant de partir, il faut quand même que tu saches une chose. Une chose simple et élémentaire. Une chose basique qui semble t'avoir fait défaut lors de cette discussion.

La couleuvre fit une pause, ménageant son effet.

Quand tes interlocuteurs emploient l'imparfait, c'est qu'ils te parlent de choses passées. Je vais donc te résumer très clairement la situation : je ne t'aime plus, je me fou totalement de ce qu'on pu être tes motivations, je n'attends rien de toi et encore moins de ce que tu appelles - elle fit des guillemets avec ses doigts - nous deux. D'ailleurs, cela fait longtemps que je ne vis plus au pays des fées, des princes charmants et je ne sais quoi d'autre.

Elle haussa les épaules avec nonchalance.

Bien sûr que je me moquais de toi. Et tu n'y as vu que du feu. On peut donc en conclure que l'élève a dépassé son maître ... Entre nous, si tu penses vraiment que je suis encore la petite fille naïve et manipulable que tu as connu, alors c'est que tu es sot ! Un conseil, il faudra que tu saches faire la part des choses, la prochaine fois que tu essaieras d'humilier quelqu'un de la sorte. Saches seulement que si cette personne, c'est à nouveau moi, tu iras chercher tes dents au fond du lac. J'espère que je suis assez claire.

Elle lui adressa un sourire étincelant puis lui fit un clin d’œil complice en assénant sa dernière phrase :

Mets toi ça dans la tête !

Se dirigeant à reculons vers la porte, Mahault luttait de toutes ses forces pour ne pas se décomposer, priant que ses mots acides et parfaitement ajustés ne se contentent pas de rebondir sur la carapace que s'était forgé Anthony. Une carapace dont elle percevait la fragilité sans savoir comment la fissurer. Sans oser se l'avouer , le jolie brune doutait réellement que son amour pour lui soit capable d'aboutir à autre chose qu'à une impasse. Elle s'était mise à nue avec une simplicité sans égale. Avec une honnêteté absolue. S'il ne pouvait même pas la respecter pour cela, alors, c'est qu'il n'y avait plus rien de bon à espérer de lui. Franchissant la porte avec un soulagement non feint,  elle la claqua à sa suite et s'obligea à faire quelques pas pour ne pas être tentée de revenir en arrière. Il était hors de question qu'elle fasse capoter tout ce qu'elle venait de si péniblement construire. Elle avait mal. Terriblement mal. Mais cette douleur et la déception qui lui nouait la gorge ne pesait rien face à l'essentiel. Il était temps qu'elle tourne définitivement la page car Anthony ne l'aimait pas et il ne l'aimerait jamais. Voilà l'unique certitude qui devrait dorénavant la guider.  Arrivée au fond du couloir, elle s’affala dans une alcôve, à l'abri de tout regard indiscret. Les secondes s'égrainèrent, distillant doute, peur et tristesse jusqu'à ce qu' une phrase de son père raisonne dans son esprit .

Un premier amour ne porte jamais de fruits.


Elle enfouie son visage dans ses genoux et fondit en larmes.
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Anthony D. Roberson

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MessageSujet: Re: Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé   Ce sont les cicatrices qui forgent l'âme [PV Anthony Roberson ] Terminé EmptyMar 21 Oct - 9:28

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Les mots d’Anthony claquèrent, se brisèrent, éventrèrent sans la moindre douceur la distance entre lui et la Serpentard et la proximité qu’il pouvait subsister entre leurs deux personnes. Sans hésitation, sans trouble quelconque, l’héritier Roberson s’entendit lui expliquer posément, froidement, combien elle avait été naïve de croire, combien elle était stupide de s’imaginer, combien il serait encore plus ridicule de sa part si elle poursuivait de telles pensées alors qu’elle ne pouvait qu’admettre qu’il ne lui avait jamais menti dans un sens. Oui, il avait simulé, oui, il s’était joué d’elle, oui, son hypocrisie mêlée à un jeu d’acteur plus grand encore avait du lui offrir l’illusion qu’il l’aimait bien. Mais ce n’était un secret pour personne à Poudlard qu’on ne pouvait pas savoir ce que pensait réellement le Serpentard, capable comme il l’était de faire croire à quiconque qu’il l’appréciait et prêt comme l’était à enfoncer le plus profondément possible un couteau dans le dos de ladite personne. Anthony ne s’était après tout jamais considéré comme quelqu’un d’un temps soit peu moral, noble ou une bêtise dans le genre. Ce n’était pas avec des principes que l’on pouvait survivre, ce n’était pas avec de la noblesse que l’on pouvait faire passer ses intérêts avant le reste et ce n’était en rien grâce à de la moralité que l’on pouvait avoir du pouvoir dans ce monde corrompu et gangrené par des luttes de pouvoirs et des êtres qui se pensaient supérieurs aux autres sous prétexte qu’ils savaient faire de la magie. La seule valeur qui pouvait compter, c’était celle du sang. Celle du sang, de la lignée, de la grandeur et de la manigance. Stratégie, manœuvres politiques, coups vicieux et manipulation, voilà ce qui était le seul vrai pouvoir. Et le premier sang-de-bourbe venu était incapable de comprendre le monde dans lequel il débarquait, abruti comme il l’était par sa méconnaissance des complexités des méandres sorciers. Anthony, donc, n’était pas quelqu’un de particulièrement noble et ça lui convenait parfaitement. Et asséner des mensonges mêlés de vérité et de réalisme à Mahault ne lui posait aucun problème. De toute manière, il ne pouvait pas agir autrement. C’eut été inconscient d’envisager une autre réaction, c’eut été ridicule de croire qu’il pouvait réellement réfléchir aux mots et à l’ordre – un ordre, quelle idée ! – de la Serpentard, c’eut été enterrer sa petite sœur que de considérer un seul instant une introspection à ce sujet. Et de toute manière, chercher était ridicule. Il n’y avait rien à trouver, rien si ce n’était ce dont le Serpentard se savait déjà conscient : elle se leurrait, vivait encore dans un monde peuplé de Licorne et de Harpies, n’avait personne à protéger. Contrairement à lui. Contrairement au petit cœur de May qui ne battait encore que parce qu’il se soumettait totalement aux ordres de sa génitrice et de son beau-père. Mahault avait peut être eu la chance de grandir dans un monde chaotique loin des danses des Sang Pur, ca n’avait pas été le cas pour Anthony, plongé depuis ses premiers mots dans les autres troubles, ces premiers noms ânonnés par l’enfant qu’il était, ces premiers noms qui n’étaient rien d’autre que la généalogie de sa famille. Un arbre étendu, un saule qui pleurait le pitoyable tableau que dessinaient ses branches fines et malingres, ses branches incestueuses, ses branches dégénérées, ses branches qui pendaient mollement dans une atmosphère de folie et de mégalomanie qui avaient perduré autant jusqu’à sa mère que jusqu’à son père biologique.

Mahault ne devait pas avoir connu ça. Le regard d’Anthony se chargea de mépris et de jalousie lorsqu’il prit conscience de tout cela. Elle était stupide de croire, elle était stupide d’espérer. Et même s’il pensait chacun de ses mots, même s’il se tenait droit, nonchalant, détendu et sûr de lui, même s’il ne regrettait aucune de ces syllabes posément articulées, Anthony gagna un peu plus en morgue. Même lorsqu’elle le gifla. Même lorsqu’elle se comporta exactement comme il l’attendait. Le frapper, oui et puis quoi d’autre ? Il allait avoir des marques pendant une semaine vu le coup qu’il venait de se prendre et sa fragilité bien connue des élèves. Il allait devoir cacher ces cinq doigts finement dessinés sur sa joue d’un sortilège qu’il connaissait bien, il allait devoir supporter de les voir dans la glace chaque matin, mais Anthony ne perdit pour autant rien de sa morgue. Elle avait mérité tout cela, lui ne supportait que les conséquences de la stupidité et de l’immaturité de la Serpentard. Si dans un sens elle avait mûri, Roberson se félicita intérieurement d’avoir compris à quel point elle était restée une gamine d’une certaine manière. Etait-ce dans une volonté de rébellion qu’elle était à ce point aveugle à la complexité et au labyrinthe de l’aristocratie ? Tu n'as donc conscience de rien, ni de personne, Anthony Roberson. Ni même de respect. C'est affligeant. Un rire désabusé s’échappa aussitôt des lèvres du Serpentard. Il rétorqua, acide. « Je n’ai conscience que de moi, que de mes intérêts. Mon respect, je ne l’offre qu’à ceux qui le méritent ou qui peuvent me permettre de m’élever. Et je suis désolé de t’apprendre que tu n’appartiens à aucune de ces deux catégories. » Elle ne comprenait rien. Elle ne comprenait pas qu’en ayant ce raisonnement elle était vouée à être écrasée, brisée, détruite par le système qui l’attendait après Poudlard. Il n’avait conscience de personne ? Et bien ça pouvait lui sauver la vie. Et si elle s’obstinait à trouver ça affligeant et bien…

Elle avait sorti sa baguette. Le sang d’Anthony ne fit qu’un tour, à additionner cela à la gifle reçue un peu plus tôt. Sans bouger, il ne savait que trop bien ce qu’il risquait, assimilant sans difficulté tout cela aux diverses corrections qu’il avait pu recevoir de Julius, dépité d’avoir un fils adoptif aussi malingre et faible. C’était comme si son corps se préparait déjà au Doloris, comme s’il était déjà résolu à aller faire un tour à l’infirmerie. Comme si l’esprit d’Anthony était si prêt à se faire battre et mettre à mal qu’il ne daignait même pas combattre. Lâche, il l’était dans toutes les situations. Lâche, le peu de courage qu’il avait pu un jour posséder n’était maintenant concentré qu’autour de May, de cette petite fleur, de cette petite flamme qui le poussait à s’intéresser à une autre que lui. Lâche, Anthony était incapable de faire le moindre mouvement, se contentant de conserver aux lèvres le sourire plein de morgue et de mépris qu’il refusait de faire disparaître. Au moindre mouvement, au moindre tressaillement des lèvres de Mahault, il était prêt à se saisir de sa baguette et à la tuer. Ou presque. Elle se glissa vers la porte, le regard gris d’Anthony déviant sans cesse entre ses yeux et la pointe de la baguette. Avant de partir, il faut quand même que tu saches une chose. Une chose simple et élémentaire. Une chose basique qui semble t'avoir fait défaut lors de cette discussion. Quand tes interlocuteurs emploient l'imparfait, c'est qu'ils te parlent de choses passées. Je vais donc te résumer très clairement la situation : je ne t'aime plus, je me fou totalement de ce qu'on pu être tes motivations, je n'attends rien de toi et encore moins de ce que tu appelles nous deux. D'ailleurs, cela fait longtemps que je ne vis plus au pays des fées, des princes charmants et je ne sais quoi d'autre. Un sourire éclatant explosa aux lèvres du Serpentard, qui décida de ne pas croire un seul mot du baratin de la jeune fille. Elle fabulait, elle mentait, elle simulait avec la maîtrise d’une Vert-et-Argent. Mais elle ne le trompait pas. Cela faisait longtemps qu’elle vivait plus au pays des fées ? Et bien, c’était ce qu’elle croyait. Lui, il ne pouvait pas se laisser berner par un revirement aussi rapide et aussi incongru que celui là. Il n’était ni un Poufsouffle, ni un Gryffondor. Il était un Roberson et un Serpentard, et même si son sang n’était pas aussi renommé que celui des Peverell, il ne s’abaissait pas à de telles simagrées pour se donner l’impression de ne pas être perdant.

Parce qu’il ne pouvait pas penser le contraire. Elle avait perdu, lui avait gagné. Comme toujours. Et quoiqu’elle puisse rajouter, quoiqu’elle puisse justifier, quoiqu’elle puisse minauder, Anthony savait que l’affaire n’était ni close, ni classée, ni une illusion factice qu’elle avait voulu créer. Mets toi ça dans la tête ! Lui asséna t elle dans un clin d’œil qui accentua d’un cran encore le sourire du Serpentard. Sourire narquois, sourire satisfait, sourire qui valait à coup sûr toutes les répliques qu’il pouvait imaginer. Elle recula vers la porte, il la suivit du regard, sans se départir de sa morgue et de son mépris mêlé de ce sentiment de victoire. Il ignorait encore quelle victoire il venait à présent de remporter mais c’était indubitable.

Mais alors, pourquoi une profonde lassitude embrumait son esprit de cette vapeur glacée similaire à celle des détraqueurs ?

Anthony cligna des yeux pour ne pas y prêter attention. Un léger tremblement lui rappela que sa place n’était pas dans une pièce désaffectée mais dans la salle commune des Serpentard. Après quelques secondes à repousser cette lassitude teintée de tristesse qui assaillait sans relâche les murs de sa prison, il ouvrit la porte d’un mouvement de baguette et glissa dans le couloir vers les cachots du château. Passant devant l’alcôve, il l’aperçut qui pleurait. Et la lassitude lézarda la première enceinte. La vulnérabilité de la Serpentard le heurta de plein fouet. Et la tristesse prit d’assaut la deuxième enceinte. Les doigts du Serpentard se saisirent du poignet de Mahault avant qu’il n’ait pu comprendre que c’était une réaction stupide. D’une voix glacée, sifflante comme celle d’un serpent, le regard gris orage du Serpentard se planta dans celui de la jeune fille. « N’essaye pas de jouer à ce jeu là avec moi, Mahault. J’ai grandi dans ce monde d’intrigues et de mensonges, je sais ce que l’on perd à suivre ses sentiments et ses émotions avant sa raison. Alors ne joue pas à un jeu où tu te sais perdante. Fais comme moi, n’attaque que là où tu peux gagner, laisse tomber ce qui te fera plus de mal que de bien. » Comme s’il l’avait brûlé, le Serpentard lâcha le poignet malmené et esquissa quelques pas de brume en arrière, s’éloignant de ses mots et de la Peverell. S’assurant d’un regard qu’ils étaient toujours seuls dans le couloir, Anthony se mordilla la lèvre avant de lâcher un « Il n’y a pas que toi ou moi en jeu cette fois. Et je refuse de risquer la vie de la seule qui m’est chère en me comportant aussi stupidement à quelques mois de ma sortie de Poudlard. » qui le perturba. Il ne savait pas ce qu’il était en train de dire. Il se laissait guider par des émotions qu’il ne reconnaissait pas et qu’il ne voulait pas reconnaître. Il était en train de faire exactement ce que lui hurlait son bon sens. Il était en train de se perdre, et tout ça pour quoi ? Pour qui ? Pour une Sorcière geignarde qui avait Sali le sang de ses aïeux et qui avait réduit à néant l’espoir d’Anthony de se retrouver lié à une personne acceptable. Il ignorait qui se trouvait à présent dans le viseur de son beau-père mais savait pertinemment que les chances qu’il apprécie sa future épouse étaient maigres. Extrêmement maigres. Juste avant de s’enfuir dans les couloirs d’un pas rapide – mais sans courir, il en était incapable et ses poumons non plus – Anthony concéda un dernier, et étrangement sincère, « Fais moi confiance, je ne peux rien t’apporter d’autre que ce que l’on vient de se dire. » qu’il regretta, lui, aussitôt. C’était la dernière fois. C’était la dernière fois qu’il se permettait de suivre ainsi ses pensées plutôt que sa raison.

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