La prison d’Azkaban était un endroit peu accueillant, même pour des Mangemorts. Certes, eux n’étaient pas obligés de côtoyer les gardiens qui volaient à quelques centimètres du sol en traînant leurs longues capes noires et laissant derrière eux l’amer parfum de la mort, mais tout de même, cette prison était bien loin d’être un lieu aussi sympathique que Poudlard. Seulement la suédoise était ici sous les ordres du Lord et elle comptait bien remplir sa mission comme elle le faisait habituellement : parfaitement. Lorsque William Blake avait été tué devant les professeurs et les élèves pour avoir osé trahir la confiance du maître, des fous en avaient profité pour fuir l’école, craignant pour leur peau. Quant aux autres membres du personnel sur lesquels de lourds soupçons pesaient, ils avaient été tout bonnement envoyés en prison. Si certaines Mangemorts avaient constitué une brigade pour partir à la recherche des fuyards, d’autres, dont Solveig, avait été chargé d’interroger les prisonniers. En usant de manières plus ou moins agréables. Ses talons claquant contre les dalles noircies par le sang et la poussière, la rousse avançait avec la tête haute, regardant droit devant elle. De part et d’autre de son chemin, elle pouvait percevoir les râles sinistres des Détraqueurs mais ils ne pouvaient rien lui faire, pas à elle. Ils devaient se contenter des humains mis en pâture à leur disposition. Receleurs, clandestins, membres de la résistance, les cellules de cette prison n’avaient jamais été si remplies selon les vielles rumeurs qui parcouraient le Royaume-Uni. Et encore, elles n’étaient pas toutes remplies comme il le faudrait puisque la plupart des accusés ou des suspects étaient tués avant même d’avoir eût le temps de s’y rendre. De la vermine qu’ils donnaient en pâture à ces êtres des ténèbres, réjouis d’avoir autant de chair fraîche à se mettre sous la dent. Mais pour la professeur de défense contre les forces du bien, ces prisonniers-là n’avaient aucun intérêt. Non, la personne qu’elle cherchait se trouvait à l’opposé de la prison, dans une cellule excentrée, avec ses camarades de Poudlard. Avançant à pas lent à travers les cellules, la jeune femme était accompagnée par un lynx brillant, lumineux comme la pleine lune. Sa baguette bien serrée dans sa main droite, la jeune femme évoluait dans la prison avec comme simple défense son patronus. Mais cette simple défense effrayait tout de même les Détraqueurs qui se terraient dans les moindres recoins lorsque le regard noir de la jeune femme se posait sur eux et que la lumière de son patronus venait s’abattre sur leurs mains cadavériques et noires. Il faut dire que ces créatures n’avaient plus vraiment l’habitude de voir des patronus étant donné que le sortilège avait été interdit par le Lord. Seuls les personnes portant la Marque possédaient le droit de l’utiliser pour communiquer, et dans ces circonstances la rousse préférait l’utiliser pour se protéger, l’idée même de se faire avaler l’âme par une bête dégoûtante ne la réjouissant que guère. Au bout de plusieurs minutes de marche, la jeune femme arriva finalement devant la cellule qui l’intéressait. L’éclat blafard de son patronus illumina légèrement l’intérieur de la cellule et la demoiselle pût y décerner une silhouette, et une autre plus lointaine. Les deux semblaient dormir mais Solveig ne voulait parler qu’à une seule. « Weasley, viens ici » La suédoise tapa les barreaux de fer de la cellule avec sa baguette pour réveiller de son demi-sommeil la jeune femme tout aussi rousse qu’elle. Si la rousse était venue jusqu’ici pour aller chercher l’ancienne infirmière de l’école, et donc ancienne collègue, c’était pour une raison très simple. Sidney Fawkes. Un des fuyards de l’école. Un ancien de ses élèves.

Pourquoi s’intéresser à lui ? Tout simplement parce que la jeune femme avait eu vent de son intention de quitter l’école et de désobéir aux ordres du Lord, et, l’ayant pris en pitié, elle avait fermé les yeux sur cette annonce. Seulement le jeune homme était doté d’une malédiction qu’elle voyait plutôt comme un don : loup-garou. Les loups garous étaient toujours de très bons soldats, le Lord en avait lui-même de nombreux sous son commandement. Seulement, en avoir un dans le camp adverse n’était pas une bonne chose. Pire, le jeune homme ne devait pas avoir de potion tue-loup sur lui, et donc il était complètement incontrôlable. Les Mangemorts devaient donc vite mettre la main sur lui. Etrangement, la jeune suédoise s’inquiétait pour lui, il n’était qu’une victime dans toute cette histoire contrairement aux autres fuyards qui avaient pris pleinement conscience de leurs actes. Le jeune loup lui, avait été contraint de fuir la perspective d’avenir s’offrant à lui. Et malgré sa dévotion complète pour son maître, la rousse ne pouvait cautionner raisonnablement le fait d’utiliser un élève d’une vingtaine d’années à peine. Ils devaient donc le retrouver, pour sa propre sécurité. Et Solveig avait l’espoir que Victoire Weasley soit au courant de quelque chose. Après tout, l’ancien loup allait fréquemment à l’infirmerie et peut-être avait-il confié ses plans aux infirmiers. Or, interroger Lupin était hors de question, la discussion tournerait vite court et la rousse le tuerait tout bonnement. Mais avec la traître à son sang, elle avait peut-être une chance de récolter une information quelconque. Tapotant de nouveau contre les barreaux de la cellule, la rousse commença à s’impatienter voyant que personne ne semblait réagir. Un soupir s’échappa de ses lèvres avant que sa voix, sévère, ne vienne briser le silence de la prison. « Weasley debout » Ses yeux bleus, s’habituant difficilement au noir ambiant, perçurent tout de même du mouvement et bientôt, une tête familière apparut dans la lumière vive du patronus. La pauvre infirmière était en sale état : ses cheveux semblaient emmêlés et sales, son visage avaient des marques sans doute issues de ses interrogatoires mais elle avait toujours le même regard qui avait tant agacé Solveig durant l’année passée à ses côtés à Poudlard. A croire que les Weasley ne savaient jamais quand la bataille était perdue. « J’ai quelques nouvelles pour toi. Ta tante Angelina est morte. Ce n’est pas la première et certainement pas la dernière » Plantant ses yeux dans ceux de la jeune femme à travers les barreaux, la rousse fit claquer sa langue contre son palais avant de continuer sur sa lancée. « J’aurais quelques questions à te poser Weasley. Déjà sache que je ne t’ai jamais aimé, donc ça ne me pose aucun souci d’abîmer ce beau visage, compris ? » Un sourire sadique parcourut les lèvres de la rousse avant qu’elle ne secoue la tête et reprenne. « Ensuite, si tu n’es pas d’humeur à me répondre, j’ai d’autres moyens de pression sur toi que la torture. Il me semble que ton frère et ta sœur sont toujours à Poudlard, et ce serait vraiment dommage qu’ils quittent prématurément les études. » Marquant une nouvelle pause, la jeune femme chercha quelque chose dans sa poche avant de le sortir. Son paquet de cigarettes. « Cigarette ? » demanda-t-elle tout en tendant ledit paquet à la jeune femme qui se trouvait de l’autre côté des barreaux. Puis elle en prit une pour elle et l’alluma avant de ranger le paquet et de continuer, la fumée s’envolant entre le visage des deux rousses. « Alors maintenant, j’ai besoin que tu me dises tout ce que tu sais sur l’évasion de Sidney Fawkes. Je sais qu’il se rendait fréquemment à l’infirmerie, et je sais aussi que tout le monde se confie à l’infirmerie, que ce soit à vous ou à d’autres personnes. » Marquant de nouveau une pause, la jeune femme inspira une taffe de la fumée avant de la recracher et de continuer. « Ou bien même Clarke. C’est une jeune femme très… loquace, elle a peut-être dit quelque chose de spécial ? » La voix de la brune était froide, dure et implacable. Quant à son visage, il était tout aussi fermé qu’à l’habitude, elle ne laissait transparaître aucune émotion. Beaucoup diront d’elle qu’elle est insensible, et il y a une part de vrai là-dedans. Mais cette froideur était aussi la marque de son plus grand trait de caractère : elle n’avait aucune pitié pour ses ennemis. Si la cause est juste, il faut en payer les sacrifices. Les ennemis de sa cause n’avaient qu’à ne pas lutter pour des idées utopiques. Il y avait fort à parier que la rousse ne sortirais pas une seule information, tous les Weasley étaient plus insupportables les uns que les autres. Seulement à la différence de Jeremiah, Victoire connaissait Solveig pour avoir passé une année entière à ses côtés. Elle était donc censée savoir que la suédoise ne plaisantait pas et qu’elle était tout à fait capable d’appliquer ses menaces. Et il serait vraiment dommage que toute cette histoire se termine sur un bain de sang encore plus conséquent que celui qui avait actuellement lieu hors de cette prison. Le sang Weasley coulait à flots ces dernières semaines, si Victoire avait encore un minimum de bon sens, elle allait devoir le prouver ici et maintenant, sous les yeux attentifs de Solveig qui ne laisserait rien passer. Et surtout pas quelque chose venant d’une traître à son sang.

La rousse observait avec attention e visage tuméfiée de son ancienne collègue, éclairé seulement par la lueur qui émanait du patronus de la suédoise. L’ancienne infirmière n’avait pas fière allure, c’est le moins que l’on puisse dire. Les Mangemorts n’étaient pas tendres, et la rousse savait que Jeremiah s’était chargé des interrogatoires en grande partie. Or Jeremiah n’était pas l’un des hommes du Lord les plus tendres, au contraire, il faisait preuve d’un appétit sadique parfois assez impressionnant et c’est en partie cela qui provoquait un certain respect mutuel entre les deux anciens amants. Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme lorsque Victoire refusa sa cigarette mais cela ne l’empêcha pas d’aller la sienne, une forte odeur de tabac planant désormais entre les deux jeunes femmes aux cheveux ardents. Continuant sur sa lancée, la professeure questionna l’infirmière à propos des fuyards, puisqu’il s’agissait de sa principale raison de visite. Elle aurait pût certes attendre d’appeler la rousse en salle d’interrogatoire, mais cette venue surprise permettrait peut-être de mettre la jeune femme dans d’autres conditions plus propices à la délation. Et de toute manière, la suédoise avait plus d’un tour dans son sac pour amadoueur cette traître à son sang. Si la rousse excellait dans la torture, elle savait cependant que cette méthode ne la mènerait à rien face à la Weasley. Mais il y avait de nombreuses autres manières d’obtenir des informations, et Solveig comptait bien mettre son esprit imaginatif au compte de son maître. « Je ne sais pas où ils sont. Demande à McGregor, il est bien placé pour le reconnaître. Certes j'ai beaucoup vu  Fawkes, mais c'est bien normal, c'est un loup-garou et il avait besoin de sa potion mensuelle ainsi que d'un peu de compagnie de la part d'une personne qui ne le considérerait ni comme un monstre ni comme une arme. Je ne peux pas t'aider. » Comment prévu, la rousse ne fit que blablater sans donner une seule piste à son homologue Mangemort. Fronçant les sourcils, la suédoise tira une nouvelle fois sur sa cigarette tout en plongeant son regard azur dans celui de Victoire, l’air très sérieux et froid. Elle ne voulait pas avoir fait ce chemin à travers les détraqueurs pour repartir bredouille, et elle comptait bien avoir au moins l’ombre d’un indice, quitte à y rester toute la nuit. Après tout, ce n’était pas elle qui était enfermée dans une cellule sombre et humide avec peu de nourriture par jour, et malgré toute la force mentale dont pouvait faire preuve la Weasley, elle allait bien vite sombrer dans la folie. Les prisons ne sont pas un endroit accueillant, et même si certains prisonniers luttent plus longtemps que d’autres, tous finissent par sombrer dans la folie ou coopérer dans l’espoir de voir leur quotidien légèrement amélioré. Et c’est sur cet atout que possédait la rousse qu’elle comptait jouer. Rangeant sa poche intérieure, faisant disparaître de ce fait son patronus, la rousse continua d’observer l’infirmière. « Désolée mais ce n'est pas ici que tu sauras où ils se trouvent, je n'en ai aucune idée. » La main de Solveig se posa alors brusquement sur l’un des barreaux, juste en face du visage de Victoire. Ses doigts se refermèrent autour du métal glacé, faisant ressortir les jointures blanches de la jeune femme. Scrutant le visage de son interlocutrice, la rousse ne pût retenir un ricanement qui s’échappa de ses lèvres avant de disparaître dans l’air, un sourire narquois collé à la bouche. Victoire ne comprenait rien à rien, ce n’était pas un jeu, et encore moins une bataille. La rousse avait déjà perdu, elle se retrouvait seule, sans aucune compagnie, dans une sordide cellule. Elles n’étaient plus à Poudlard, la bataille était déjà terminée et Solveig l’avait gagné.

Alors à quoi bon continuer de se battre pour une cause perdue d’avance ? Tous les sorciers symboliques de la Grande Guerre mourraient les uns après les autres comme de vulgaires mouches écrasées par les Mangemorts. Le Lord renforçait son pouvoir de plus en plus et, malgré la Résistance grandissante, il gardait ses appuis dans le monde magique. La répression n’avait jamais été aussi sévère depuis de longues années mais les fous tels que Victoire continuaient à croire en un futur plus lumineux. Peine perdue que de raisonner des fous, il fallait simplement leur montrer où se trouvait le pouvoir et la puissance. Les traquer et les tuer, voilà la seule solution qui se présentait aux Mangemorts, avides de restaurer la gloire de leur maître. Et Solveig comptait bien faire rentrer cette idée dans le crâne de Victoire. Gardant sa main accrochée au barreau, elle rapprocha son visage de quelques centimètres, sentant désormais le souffle de Victoire sur ses joues. « Je crois qu’on ne s’est pas bien comprises Weasley » Levant son autre main, celle qui tenait sa cigarette, la rousse tira une nouvelle bouffée de fumée nocive avant de la recracher directement sur le visage de l’infirmière, puis elle reprit. « Tu comprends pas quels avantages tu aurais en coopérant. C’est difficile d’être séparée de ton traître de collègue non ? » Laissant la question planer le temps que Victoire enregistre bien ses paroles, la rousse se recula pour reprendre sa position initiale. Puis elle laissa glisser sa main le long du barreau avant de le lâcher complètement, souriant à la rousse. « Ce serait dommage que tu n’aies même pas l’occasion de le revoir une dernière fois, non ? Ou même, de ne pas avoir de nouvelles de ton frère ou de ta sœur. Je crois savoir à quel point ta famille compte pour toi. » A ces mots, une grimace traversa le visage de la suédoise. Elle ne comprenait pas comment des personnes pouvaient tenir autant aux liens du sang. Quand elle pensait à sa famille, la rousse n’avait qu’un haut le cœur. Partagée entre son père et sa mère décédés et son frère complètement raté, sa famille était plus une honte qu’une fierté pour la suédoise, et jamais elle n’évoquait ce sujet-là. Comment pouvait-on se battre pour ses frères et sœurs ? Peter avait disparu de sa vie depuis de longues années et leur dernière entrevue fut catastrophique. Le roux n’était qu’une rature dans sa vie et elle aurait de loin préféré le voir croupir au fond d’un cercueil que de devoir subir l’humiliation qu’il soit assimilé à elle d’une manière ou d’une autre. Un beau gâchis. Reprenant finalement ses esprits, la rousse reporta son regard sur Victoire, sa voix se baissant légèrement tout en restant froide et dure. Elle ne plaisantait pas, elle ne voulait pas jouer, elle voulait seulement des indices, quelque chose à se mettre sous la dent. Autant pour sa propre fierté que pour sa survie. Si les Mangemorts faisaient une erreur, il y avait fort à parier que le Lord n’apprécie pas la plaisanterie, et Solveig ne voulait même pas imaginer quel sort il leur réserverait. A cette simple pensée, un frisson parcourut l’échine de la rousse. Elle avait déjà eu l’occasion de voir le Lord punir un de ses pions, et cette vision ne lui donnait absolument pas envie d’inverser les rôles. « Si tu me dis ce que je veux savoir, même l’ombre d’une piste, peut-être que tu pourras retrouver ton cher et tendre. Ou même avoir des nouvelles de ta famille. » Tirant une nouvelle fois sur sa cigarette qui arrivait à son terme, elle jeta le mégot sur le sol avant de l’écraser distraitement du bout du pied, puis elle releva le regard et continua. « Les règles ont changé Weasley, je peux t’aider, tes amis fuyards eux ne peuvent pas. Alors choisis bien tes alliés, autant pour toi que pour ceux que t’aimes. » Le sourire sadique de la suédoise s’accentua alors, découvrant ses dents, mais il ne fut qu’éphémère. Retrouvant un air sérieux, la jeune femme passa une main dans sa chevelure épaisse et rousse avant de reprendre une nouvelle fois la parole. « Quant à Fawkes, tu sais aussi bien que moi qu’il est dangereux. Pas seulement pour les autres, mais pour lui aussi. » La rousse se rapprocha encore des barreaux, posant cette fois-ci ses deux mains sur le métal froid et rouillé. Baissant davantage la voix, elle fixa intensément les yeux de son interlocutrice avant de reprendre. « Est-ce que ta bonne conscience supportera de savoir qu’il a blessé, voir tué, Clarke et les autres ? Est-ce que tu supporterais de savoir qu’il s’est lui-même blessé par ta faute ? Si on les retrouve, et pour ça il faut que tu me dises ce que tu sais, ils seront en sécurité. Ou du moins ils ne seront pas déchiquetés par un loup-garou. » Marquant une légère pause, la rousse reprit rapidement. « Alors, à moins que tu ne veuilles qu’ils subissent le même sort que ta tante, et crois-moi ce n’est pas beau à voir, tu ferais mieux de m’aider. » Se redressant alors de toute sa hauteur, la rousse recula et lâcha les barreaux, croisant ensuite ses bras sur le devant de sa poitrine. « Et alors je pourrais m’arranger pour que tu retrouves ton cher Lupin. » Terminant sur cette phrase la rousse reprit sa baguette et la pointa en direction de Victoire, murmurant un Lumos, qui lui permit de voir pleinement le visage de sa prisonnière. Et d’attendre de ce fait sa réponse, quelle qu’elle soit.

Spoiler:

« Je t'ai dis que je ne savais pas et je ne peux pas inventer des lieux surprises comme ça. Pourtant ça ne fait aucun doute qu'ils ne sont pas retournés chez eux, ils sont trop intelligents pour ça. Ils ont transplané depuis un endroit reculé de la forêt interdite mais que veux-tu que je te dise ? Que je sais comment les pister ? C'est impossible. » Un soupir traversa les lèvres de la rousse tandis qu’elle fermait les yeux l’espace de quelques secondes. Elle avait affaire à un mur, un mur de glace qui ne lui livrerait pour rien au monde ses plus sombres secrets. Et pourtant, la suédoise savait où il fallait frapper, surtout avec la Weasley. Elle l’avait côtoyé une année durant et avait appris à cerner la jeune femme, savoir comment elle fonctionnait. Sa suspicion envers les Weasley et les Potter lui avait intimé l’ordre de garder l’infirmière à l’œil tant qu’elle le pouvait et elle savait que ses arguments avaient la force de la vérité. Seulement, Victoire ne semblait rien savoir, ou alors elle savait mieux mentir que ce que la professeure pensait. Rouvrant les paupières et posant son regard bleu sur le visage fatigué de l’ancienne infirmière, la jeune femme fronça les sourcils, sa baguette toujours levée. Un petit sort. Il lui suffisait d’une formule pour mettre fin aux jours de la jeune femme et régler le problème une bonne fois pour toute, mais elle ne pouvait pas. Si le Lord avait décidé de mener une campagne d’extermination envers les aînés des deux familles, la nouvelle génération avait le bénéfice d’être une source d’informations. De plus, ils ne pesaient pas aussi lourds que leurs parents dans l’opinion publique. La mort d’Harry Potter avait plus de sens aux yeux du monde magique que celle de ses enfants, enfants qui pouvaient servir et qui, peut-être un jour, seraient amenés à rejoindre les Mangemorts, de gré ou de force. Les enfants avaient donc une option de survie et Solveig ne pouvait éliminer Victoire sur un simple coup de tête, même si l’envie grandissait en elle à mesure que ses yeux scrutaient le visage de la rouquine. « Quant à James... Se trouver des cachettes toujours uniques pour échapper à des punitions a toujours été son jeu favoris, c'est un sale gosse et là encore il est bien trop malin pour retourner dans les endroits qu'il a préféré quand il était à Poudlard, vous devez vous attendre à ce qu'ils se doutent que vous viendrez les chercher là-bas, non? » Malheureusement la jeune femme avait raison. Si cela arrachait la bouche de la suédoise de la dire, elle devait admettre que les fuyards n’étaient pas des idiots et qu’ils devaient avoir réfléchi à leur fuite depuis longtemps. Ils n’allaient certainement pas se jeter dans la gueule du loup en se pavanant dans les endroits truffés de Mangemorts. Malheureusement, Solveig ne pouvait pas se mettre dans la tête des exilés : elle ne comprenait pas leur manière d’agir et elle était incapable de prévoir les endroits où ils pouvaient se rendre. Aucun Mangemort ne savait quel était leur but hormis celui de fuir. Libérer leurs comparses ? Azkaban était bien protégé. Attaquer le Ministère ? Possible mais dangereux, trop dangereux. La rousse ne voyait aucune logique dans leurs actions et elle ne connaissait pas assez les concernés pour savoir dans quels genres de lieux ils pouvaient être poussés à se rendre. Des lieux chers ou au contraire des lieux complètement étrangers. Avec un peu de chance, l’aîné Potter allait se rendre au cimetière de son père ou rendre visite à sa mère mais cela avait peu de chances d’arriver. Comme Victoire l’avait dit, James était bien trop intelligent pour cela, et de toute manière Ginny Potter était surveillée en permanence par une horde de Mangemorts prêts à tirer sur quiconque tente d’entrer en contact avec elle. « Je te le répète, je ne suis pas une source d'informations surprise, à part te dire de fouiller tout le pays mis à part Poudlard, Pré-au-Lard et ici-même, je ne peux rien faire pour toi. Je sais très bien qu'à ne rien pouvoir dire comme ça, je n'en ai plus pour très longtemps. Mais c'est la stricte vérité et je ne suis pas réputée pour mes mensonges à répétition. Désolée. » La mâchoire de la rousse se contracta sous les mots de son homologue résistante mais elle tenta de ne rien laisser paraître. Toute cette histoire ne rimait à rien, le Lord aurait mieux fait de tuer tous les membres et futurs membres de l’Ordre sans aucune sommation plutôt que d’occuper des cellules dans cette prison. La vermine ne méritait rien d’autre que la mort et Victoire ne faisait pas exception à cette règle. La professeur de défense contre les forces du bien vit l’ancienne infirmière reculer d’un pas et un sourire en coin se dessina sur ses lèvres tandis qu’elle baissait sa baguette, posant ses doigts fins et blancs autour du barreau noir et crasseux de la cellule. Rapprochant son visage au plus près des barres de métal, elle laissa sa voix s’échapper en un murmure. « Au moins tu es intelligente. Tu as bien compris que ceux qui ne servent à rien n’ont rien à faire ici. Il me tarde de pouvoir te faire rejoindre ta famille de traîtres à leur sang » Plongeant son regard sadique dans celui innocent de la jeune femme en face d’elle, elle accentua son sourire avant de faire claquer sa langue contre son palais. « Et Ted ? » La suédoise ne pût empêcher un ricanement méchant s’échapper de ses lèvres à la question idiote de la Weasley. Comment osait-elle demander des informations alors qu’elle n’en avait livré aucune ? Et comment osait-elle penser que le Lupin se portait bien ? La suédoise n’avait que guère de nouvel de l’autre prisonnier mais elle savait bien qu’il ne devait pas se porter bien, les séances en compagnie de Jeremiah n’étant pas les meilleurs moments qu’une personne puisse passer dans sa vie. Baissant les yeux quelques secondes, la jeune femme les releva ensuite lentement avant de répondre à son ancienne collègue. « Pas sûre qu’il apprécie son séjour à Azkaban. Cependant il n’est pas encore mort, ce qui ne serait qu’une question de temps de toute évidence. » Marquant une légère pause, la jeune femme passa sa main dans ses cheveux avant de reprendre. « Juste pour ça, je te laisse la vie sauve. J’ai envie de voir ta tête lorsqu’il tombera sous tes yeux. » Se rapprochant des barreaux encore une fois, la jeune femme continua à parler tout en baissant la voix, ses mots se transformant en murmures à peine audibles. « Et ce ne sera ni le premier ni le dernier d’une très longue liste. J’ai hâte de t’annoncer les prochaines morts de ta famille » Elle cracha le dernier mot au visage de la rousse. Si Solveig ne savait pas exactement qui serait la prochaine victime du Lord, elle savait très bien que Victoire en serait affectée. Avec un peu de chance, il s‘agirait de sa mère ou de son père, voir les deux. Et ce jour-là elle se ferait un plaisir de se rendre à la cellule de Victoire pour lui annoncer cette excellente nouvelle, la voir tomber à genoux. Si la Weasley ne voulait pas coopérer, elle allait devenir brisée. Ils avaient toutes les cartes en mains pour les éduquer, les manipuler, les affaiblir. Ce n’était que le début d’une reprise du pouvoir aussi efficace que mortelle pour les opposants, et la rousse devait comprendre que ce n’était pas une ère de bon augure pour les Weasley.

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