jeremiah&taylor

Taylor s’allongea sur son lit sans délicatesse. Elle était épuisée de sa journée et cela faisait longtemps que cela ne lui était pas arrivée. D’habitude elle était toujours en forme, même lorsqu’elle était langue-de-plomb et qu’elle enchaînait les longues heures de travail à la suite. Mais là, elle devait faire face à un nombre incalculable de jeune sorciers qui rouspétaient, criaient, se poussaient, hurlaient et réclamaient sans cesse ce n’était pas ce à quoi elle avait été formée alors elle galérait. Elle soutenait que c’était un don d’être professeur et elle n’avait jamais eut cette ambition, pourquoi elle ? Et puis elle n’avait jamais été aussi insupportable lorsqu’elle était étudiante à Poudlard elle, comment se faisait-il que les jeunes aient aussi négativement évolués ? Deux secondes plus tard elle ne se posait même plus la question, elle juste bonne à dormir pour se remettre de ses émotions de la journée.

Jeremiah s’avança vers elle et l’embrassa, comme il ne l’avait jamais fait auparavant et elle lui rendait son baiser avec amour. C’était la première fois qu’ils laissaient, chacun de leur côté, dévoiler leurs sentiments de la sorte, alors qu’elle allait parler et lui dire la fameuse phrase, les deux fameux mots, les sept fameuses lettres… elle se réveilla en sursaut. « Je deviens folle. » ne put-elle s’empêcher de penser à voix haute. Parler à voix-haute n’était pas une habitude chez la jeune femme mais cela avait toujours marché pour la calmer quand elle était seule. Exprimer ses pensées était un bon moyen de se rassurer. Voilà, maintenant qu’elle savait qu’elle avait fait un rêve –ou un cauchemar tout dépendait– elle allait déjà mieux.

Elle s’assit sur le bord de son lit et regarda l’heure, il n’était même pas dix-neuf heures. Elle avait du somnoler à peine plus d’une demi-heure. Elle décida de prendre une douche, c’était la meilleure façon de s’occuper à autre chose, elle se savonna et shampouina pendant tellement longtemps qu’elle en eut les doits fripés mais au moins elle avait prit une décision. Celui lui faisait mal au cœur mais au lieu de prendre cette douleur comme un appel, elle choisit de l’ignorer : ce soir elle sortirait avec Athénora, elle se ferait belle, elle boirait et elle oublierait Jeremiah. Il habitait trop loin et elle ne voulait pas prendre le risque de s’attacher à quelqu’un d’autre. Et puis cela faisait un bon mois qu’elle était entrée à Poudlard et il n’avait pas donné signe de vie. Il était vrai qu’elle non plus n’avait pas fait d’effort, mais dans la tradition c’est à l’homme de faire les premiers pas. Et elle était trop fière et utiliser la tradition comme excuse c’était facile mais essentiel.

Elle chercha dans sa garde robe ses plus beaux sous-vêtements, puis s’autorisant un instant de faiblesse elle pensa à Jeremiah et les reposa. Malgré tout, elle l’aimait. Cela avait été dur à se l’avouer, leur relation était tellement étrange mais tellement unique. Il avait été le seul à ne pas la plaindre quand son père était mort, le seul à se moquer d’elle alors qu’elle était mal, le seul à la pousser vers le haut –sous d’autres intentions mais tout de même– alors qu’elle ne chercher qu’à ralentir, le seul à la taquiner constamment, à lui apprendre des insultes plus belles que ‘sale épouvantard défraichi’ et plein d’autres choses encore. Il avait été là alors qu’elle voulait le voir disparaitre. Il avait été là alors qu’elle le rejetait. Il avait été là alors qu’ils se haïssaient. Et petit à petit, la haine s’était transformée. De toute manière tous les grands philosophes le disent ‘entre la haine et l’amour il n’y a qu’un pas’ mais la jeune Taylor était bien loin de se douter qu’ils le franchiraient si vite. Puis elle repensa à toutes ses années, cela faisait huit ans qu’ils étaient fiancés, six qu’ils se livraient une petite guerre et à peine quelques mois qu’elle l’aimait. Ce n’était pas si rapide au final, c’était peut être le cours de la vie. Elle se mordit la lèvre jusqu’à en avoir mal à la mâchoire pour se forcer à penser à autre chose. Il fallait qu’elle oublie ce sujet, elle devait s’amuser ce soir, elle le voulait.

Revêtant une robe noire, légère et la mettant en valeur, elle se sentit mieux. Elle passerait une bonne soirée, c’était certain, Athénora ne manquait pas de connaître un bon groupe de personne et elle lui trouvait toujours quelqu’un pour finir la soirée. Taylor se permit un léger sourire et finit de se préparer. Elle se passa la main dans les cheveux, ils étaient doux c’était agréable.

Alors qu’elle était en train de réparer l’erreur commise par son mascara magique –il ne faut jamais faire confiance à ce genre de chose, elle était prévenue maintenant– la sonnette retentit. La jeune femme ne put s’empêcher d’admirer Athénora, toujours prête à l’heure même lorsque l’on ne la prévenait pas. Elle s’apprêtait à aller ouvrir mais, avertit par un sixième sens, elle fit disparaître les traces de maquillage raté et finit en deux temps trois mouvement ce qu’elle était en train de faire. Elle ouvrit la porte, prête à accueillir son amie et quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver face à Jeremiah en personne. Il était venu et Merlin seul en connaissait la raison. Il était là et elle comptait lui échapper en sortant avec d’autre. Il contrariait tout ses plans et pourtant elle n’en ressentait pas la moindre déception. « Salut. » C’était tout, un simple salut ? Ah non, il souriait en plus. Comme s’il était heureux de la revoir. Son cœur fondit devant ce sourire, mais elle se retint de toutes ses forces. Elle ne devait pas se montrer faible et lui avouer qu’elle était heureuse de le voir ici, c’était trop étrange. Elle n’avait encore rien dit depuis qu’il était arrivé, alors elle lui retourna la politesse. « Hey. » Sa voix n’était pas hésitante du coup, mais pas aussi sensuelle que celle de son Jeremiah. Elle se mordit la lèvre, avait-elle réellement pensé ‘son Jeremiah’ ? Owh. Dit deux fois c’était trop et pourtant elle se sentait bien en pensant cela. « Est-ce que je peux rentrer ? » La tentation était grande de lui répondre un ‘non’ bien sanglant. Non après tout ce que tu m’as fait je n’ai pas envie de te voir chez moi. Non après tout ce temps passé à t’attendre j’allais enfin sortir. Ou encore non, j’en ai pas envie. Mais ces trois excuses sonnaient comme fausses, d’ailleurs elles étaient fausses. Mais. « Oh, j’allais sortir en fait. » C’était une excuse pitoyable mais elle était vraie. Et puis elle savait que Jeremiah était maniaque et son appartement n’était pas tout à fait … bien rangé. Il allait râler et lui faire des remarques, elle le connaissait. Elle ne pouvait pas le laisser rentrer dans sa vie comme ça pour se faire cracher dessus quelques secondes plus tard. Elle ne voulait plus. Mais son regard était horriblement séduisant, il avait l’air si gentil, si mignon, si près à se faire pardonner. Elle ne pouvait pas résister plus longtemps, elle n’allait pas résister plus longtemps. « Mon appart’ est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler propre, si tu vois ce que je veux dire, t’es sûr que ton côté maniaque va apprécier cela ? » Elle se moquait de lui gentiment, comme avant. Et bizarrement elle trouva cela normal, c’était eux tout craché, c’était « pas grave. » Comment ? Pas grave ? Il ne pouvait pas dire pas grave ce n’était pas Jeremiah là. Ou alors il se passait quelque chose d’étrange et de louche, quelque chose de sérieux même peut être. Allait-il mal ? Taylor commença à s’inquiéter.

Un peu perturbée mais gardant le contrôle d’elle-même, elle s’écarta pour le laisser passer accompagné d’un sympathique « Alors après vous, mônsieur. » bien ironique. Jeremiah ne se fit pas prier et entra dans la pièce, comme s’il était chez lui. Elle haussa un sourcil et l’image d’elle dans le miroir qu’elle vit, était parfaitement séduisante. Elle osa un faible sourire et s’approcha du jeune homme. « Si tu veux faire le ménage n’hésite pas. » Elle voulait tester ses réserves de self-control pour ce soir, cela pouvait être amusant, sauf s’il partait dans un excès de colère ce qu’elle redoutait, vu le calme apparent qu’il dégageait. Alors qu’elle se demanda qu’elle vanne elle allait pouvoir lui sortir pour l’embêter encore un petit peu, elle se rendit compte que la curiosité n’allait pas tarder à emporter le dessus alors elle lâcha. « Que me vaut le plaisir de cette visite soudaine, mon cher fiancé ? » Elle avait accentué le mot exprès, sachant qu’il ne tarderait pas à la taquiner. Mais elle regretta d’avoir dit cela à peine sa phrase finie. Fiancé. Ce mot était fort et beau. Pourquoi ne l’avait jamais remarqué avant ? Elle ferma les yeux et inspira à fond. Elle se forma un air séducteur et lui offrit un petit sourire en coin. C’était à son tour de parler.

Spoiler:

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Taylor trouvait bien que Jeremiah ne se ressemblait pas, il avait l’air perturbé. Mais lorsqu’elle lui lança une bonne boutade, il réagit enfin. Pas exactement comme elle l’avait espéré mais c’était déjà mieux. « Pas ce soir. Peut-être un autre jour si me le demande gentiment, je pourrais toujours t'apprendre quelques techniques et puis tu sais, une soubrette c'est toujours très sexy. » Si elle le demandait gentiment, mais où allait le monde ? Déjà pour elle, être gentille c’était une chose un peu étrange mais alors le voir lui, faire le ménage dans son appart c’était hors concours. Mais son regard disait autre chose, ah, là elle le retrouvait. « Mais je n’ai pas besoin de ça pour être sexy, mon cher. » ne put-elle s’empêcher de répliquer. Lui rendant son regard coquin. Et en plongeant ses yeux dans les siens, elle ne put s’empêcher de sentir son cœur brûler. Il était réellement beau et il lui avait manqué, cela allait sans dire.

Curieuse de la raison qui l’avait amené à débarquer dans son chez-elle, raison sûrement très importante car il n’avait toujours pas critiqué l’état de son salon ni fait de blague, elle lui posa la question. Mais il ne répondait pas. Elle haussa les épaules, s’il ne voulait pas parler elle n’allait pas le forcer, tant pis pour lui. De toute manière il fallait bien qu’il finisse par ouvrir la bouche.

Elle allait lui proposer un thé ou autre chose quand il se décida enfin « J'ai... Euh... Quelque chose à te dire. . » Oh quelle belle entrée en matière. Au moins, elle était prévenue. Son visage marqua un léger sourire, qui attendait la suite de la phrase. « Quelque chose d'assez important, très important même quand on y réfléchit. » Mais encore, mon cher ? Très éloquent ce soir le petit McGregor ce soir-là. Vraiment ça ne tournait pas rond du tout. Taylor commençait à s’inquiéter, est-ce qu’il s’était passé quelque chose de mauvais dans la vie de Jeremiah pour qu’il perde son assurance de toujours ? Hm hm, c’est un bon mystère à découvrir. « Je voulais m'excuser de mon attitude pour la dernière fois, j'ai pas vraiment été... Cool. Ouais non pas du tout, j'ai pas été correct. » Alors ça, si elle s’y était attendue. Certes il s’était déjà excusé dans le passé après l’avoir frappé, mais revenir des mois après pour une broutille dont elle n’en avait même plus le souvenir, c’en était touchant. Pour la première fois depuis longtemps, elle offrit un sourire sincère. Elle ne lui en voulait pas de son attitude et lui avait déjà pardonné depuis longtemps mais cette attention lui retournait le cœur. Si seulement il était comme cela à chaque fois … non, s’il était comme cela elle se laisserait vite de lui au contraire, elle l’aimait pour ses hauts et ses bas. Elle l’aimait pour ce qu’il était et non pour un seul de ses côtés. « Et euh sinon » Oh, ce n’était pas fini. « tu comptais sortir avec qui ce soir ? » Taylor ne put s’empêcher de rire doucement. Elle s’était déjà retenue de ne pas rire trop fort, car elle le connaissait relativement bien pour savoir que cela l’aurait grandement vexé. Elle lui offrit un sourire charmeur et opta pour le semi-mensonge enjolivé. « Tu veux savoir la vérité je présume, eh bah je sortais avec Athénora. » soupira-t-elle. « Rien de bien passionnant, cela doit faire un mois que je suis pas venue ici et comme elle s’ennuie, elle m’a forcée la main. » Elle remarqua qu’il la dévisageait un peu trop, persuadée de son mensonge. « Laisse moi y venir. Bref, elle voulait qu’on aille à Londres dans un resto bien chic, le Voltifor, tu connais ? » demanda-t-elle, improvisant au fur et à mesure.

Il dut finir par la croire, ou du moins abandonné, car son regard suspicieux se fit plus tendre. « Il faut que je prévienne Athénora que je ne viens plus, fait donc comme chez toi, et sert toi un café. » Et elle partit vers sa chambre, lui indiquant la cuisine du doigt. Arrivée à destination, elle écrivit un message rapide « Désolée Athé, Jeremiah est passé à la maison, on sortira un autre soir ? Amuse-toi bien ma belle. Taylor » qu’elle envoya par hibou. Elle ne doutait pas de son ami pour comprendre qu’il ne fallait pas poser de question, sauf si la jeune serveuse avait déjà commencé la nuit et dans ce cas-là, il était fort probable qu’elle croit l’avoir invité et qu’elle s’en veuille de l’avoir oublié. Bref, dans tous les cas Taylor était sauvée.

Lors qu’elle retourna dans le petit salon, elle vit que Jeremiah n’avait pas bougé d’un poil. « Eh bien, tu ne sais plus de faire du café ? » D’un coup de baguette Taylor vira toutes les affaires se trouvant sur le canapé, puis d’un autre elle lui rendit son aspect douillé. « Assis-toi. » Elle lui parlait comme à un enfant mais c’était la seule chose qui avait marché depuis le début. « Comme d’habitude, je suppose, un demi-sucre et dix centi-litres de lait. » Taylor n’attendit même pas la réponse affirmative, elle savait que c’était ça. Depuis six ans qu’ils se côtoyaient ils avaient toujours prit le même café, la même dose de sucre et un peu de lait quand c’était un moment plus important que le simple café du matin. C’était une routine qu’elle appréciait. Même si son appartement montrait qu’elle ne rangeait pas vraiment, c’était un leurre. Il n’y avait que chez elle et dans les endroits qu’elle n’aimait pas, que c’était mal rangé, mais tout le reste devait toujours filer droit sinon elle pétait des câbles. Et une Taylor énervée ce n’était pas beau du tout à voir.

Après avoir servit les deux cafés dans des jolies petites tasses qu’elle avait acheté sans jamais ne les avoir utilisées, Taylor s’assit à son tour sur le canapé. Voyant qu’il ne parlait toujours pas, elle s’intriguait de plus en plus. Les blagues au début n’avaient pas marchés, les demandes gentillettes non plus, allait-elle devoir employer la méthode forte pour qu’il lui explique la raison de sa présence ici ? Elle se tâta puis choisit de ne pas être fine. « Je suppose que tu n’es pas venu uniquement pour savoir avec qui j’allais passer la soirée, puis-je te renseigner sur autre chose ? » Un petit sourire charmeur et le tour était joué, s’il ne lui avouait pas tout, elle ne savait plus quoi faire.

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Assise sur le canapé, Taylor remuait délicatement son café, en attendant que Jeremiah se mette à parler. Il but le café d’une traite, elle en fut étonnée. Généralement on ne fait pas ce genre de chose débile délibérément, sauf pour se brûler la langue ou se donner du courage. Elle ne dit cependant rien mais toujours curieuse. « Ok. Tu vois dans la vie, on doit faire des choix pour savoir la personne qu'on veut devenir, ce qu'on veut accomplir. » Sur ce point là, la jeune femme était on ne peut plus d’accord, ce sont les choix que l’on fait qui construisent une personne et non l'inverse. Elle avait envie de rajouter ‘et ce que l’on peut accomplir’ mais c’était au tour de Jeremiah de parler alors elle se tut. « Toi t'es rentré dans ma vie sans prévenir et j'ai pas eu le choix. » Elle hésita pendant quelques secondes, devait-elle le prendre mal ? Mais en voyant le visage et les yeux de l’homme à ses côtés, en sentant son cœur brûler dans sa poitrine, elle le prit bien. C’était une fatalité et non un jugement ce qu’il venait de dire. Elle ne devait pas se vexer pour une chose aussi futile qu’une énième boutade tout de même. « Cependant j'ai le choix de décider de notre avenir en commun » Mais c’était leurs parents et non lui qui avait décidé de leur avenir en commun. Lentement un dessin commença à prendre vie dans l’esprit de Taylor. Serait-ce possible que … Elle n’osait y songer, ce serait trop beau, mais elle serait si déçue si elle avait faux. Elle le laissa continuer. « et c'est pour cela que. » Il s’arrêta brusquement au milieu de sa phrase et se leva du canapé. Il posa son genou à terre, Taylor sentait des papillons commencer à prendre leur envol dans son ventre. « Mademoiselle Taylor Kensington, future madame McGregor, acceptez-vous de me prendre pour époux ? » Taylor se permit d’être faible pour la première fois de sa vie, elle se permit de montrer ses sentiments ouvertement pour la première fois depuis la mort de son Taylor, elle se permit de verser deux larmes de bonheur qui coulèrent le long de ses joues. Elle était heureuse et plus encore, elle n’y croyait pas tant c’était beau. Elle ne le fit pas attendre, à peine avait-elle vu la bague qu’elle murmura « oui. » Haussant la voix pour qu’il comprenne ses réelles intentions elle répéta « oui. » Puis, se laissant aller au bonheur elle hurla « OUI ! » Elle lui sourit, un sourire franc et sincère, un sourire aimant, un sourire d’amoureuse. « Oui, oui, oui, mille fois oui. » Finit-elle par dire dans un souffle. Les paillions de son ventre s’étaient déjà envolés bien haut, tout le stresse qu’elle avait accumulés les jours précédents n’existait plus, toute la haine qu’elle avait pu éprouver ces derniers temps était partie bien loin, seul restait l’amour pour lui ce soir-là. C’était la seule chose qui comptait à présent.

Elle le regarda dans les yeux, elle était incapable de dégager son regard de ses magnifiques yeux bleus aux reflex noisette. Elle s’y plongeait pour s’y perdre et ne pas en ressortir. C’était si beau. C’était si bien. Elle sourit, puis réussit à décrocher de son regard pour admirer la bague. Celle qu’elle porterait à son doigt officiellement, celle qu’il avait peut être choisit avec amour –elle voulait y croire– celle qu’elle allait aimer de tout son cœur. Un diamant, il avait fait des folies pour elle, mais jamais elle ne critiquerait cet aspect là de son fiancé. Elle pouvait le dire avec amour et en le pensant sincèrement maintenant. C’était presque leur choix, maintenant.

Taylor tendit la main pour qu’il lui passe la bague au doigt. Avec une infinie douceur, le jeune homme se mit à la tache. La bague lui allait parfaitement bien. Comme s’il avait déjà réglé la taille pour elle. Quelle était belle. Elle sourit en se disant qu’elle pouvait parler à la fois de la bague et à la fois d’elle-même. Elle se souvint que Jeremiah était toujours à genou, elle lui tendit la main pour le relever, pour qu’ils soient à la même hauteur, pour l’embrasser. Dans ce baiser, pour la première fois avec lui, elle s’avoua ses sentiments. Un baiser d’amour, un baiser sincère. Un baiser qui voulait lui dire ‘je t’aime’.

Ils ne s’étaient pas réellement beaucoup embrassés en fin de compte. Puisqu’ils jouaient plutôt au chat et à la souris lorsqu’ils étaient ensemble et que leur amour s’était déclaré après leur départ, c’était donc leur premier vrai baiser, le premier qui annonçait une suite d’autre, ça elle se le jura. Quand leurs lèvres se décollèrent enfin, Taylor laissa sa main dans les cheveux de son fiancé. Pour le garder près de lui tout de même, maintenant qu’ils étaient ensemble elle n’allait pas le lâcher aussi vite. Il la serra dans ses bras, là elle était bien. Il serra encore. Euh. Elle voulait bien comprendre qu’il l’appréciait peut être un peu plus que la normal, mais il allait falloir qu’il contrôle sa force là. « Jeremiah ? » Pas de réaction. « Tu m’étouffes. » Lentement il dégagea ses bras, elle respira profondément. « Mais je t’en veux pas, moi aussi, je. » elle s’arrêta, était-ce le bon moment, devait-elle le lui dire. Puis elle ferma les yeux, il fallait qu’elle arrête de se soucier de tout et de n’importe quoi, il fallait qu’elle se laisse guider par son cœur de temps en temps. « je t’aime. » finit-elle.

L’effet des mots était plus fort qu’elle n’avait pu le croire, son cœur s’était embrasé lorsqu’elle avait prononcé la dite phrase. Elle enfouit son menton dans le torse musclé de Jeremiah, pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux s’il n’acceptait pas. Après tout il venait de la demander en mariage, alors s’il ne l’aimait pas, il y avait anguille sous roche. Mais le doute était la chose la plus dangereuse qui pouvait faire retourner une situation en son contraire bien trop facilement.

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Taylor avait caché son visage dans le torse musclé du jeune homme. Elle ne savait plus réellement quoi penser, elle avait peur d’être allée trop vite, elle n’aurait peut être pas du lui dire de but en blanc de cette manière-là, peut être qu’il attendait un autre moment ou autre chose, ou … Mais pourquoi ne répondait-il pas ? Taylor se força à respirer calmement mais sans bruit, après tout ce n’était pas la fin du monde, juste deux petits mots sans grande importance. « Tu sais j'étais pas sûr pour la bague, j'ai hésité longtemps. » La simple phrase annonçait le changement brutal de sujet. Enfin brutal tout est relatif, le jeune homme gardait Taylor dans ses bras et la jeune femme sentait bien que la force puissante des bras de l’oubliator n’était pas sans signification. Peut être que ce n’était pas le bon moment pour lui. Après tout, cela ne faisait que six ans qu’ils étaient fiancés. Elle écouta les battements de cœur de l’ancien serpentard. Il battait normalement ni plus ni moins. Mais elle ne s’autorisa pas à être déçue, elle ne connaissait pas réellement tout ce qui s’était passé dans sa vie, elle n’avait pas le droit de le juger alors qu’ils ne se connaissaient que superficiellement, il était temps d’ailleurs qu’ils se connaissent en profondeur… « Je voulais quelque chose d'original » Elle ne mit que quelques secondes à revenir sur le sujet principal : la bague. « mais en même temps quelque chose dont tu sois fière de porter, quelque chose dont tu n'aurais pas honte. » Il avait une bonne connaissance dans les bijoux féminins, elle n’aurait jamais honte de la porter, de toute manière comment pouvait-on avoir honte d’une bague qui annonce au monde entier la future union avec l’homme aimé. Enfin toujours en relativisant mais cette bague signifiait ceci pour la jeune femme. « J'espère avoir fait le bon choix. » La question ne se posait pas, elle aimait cette bague et il avait excellemment fait le bon choix. Elle lui sourit faiblement avant de se rendre compte qu’elle était toujours appuyée contre lui et qu’il ne pouvait pas la voir.

« Je suis entré et ressorti je ne sais combien de fois de la bijouterie, je crois que la vendeuse a eu un peu pitié de moi car elle m'a dit que j'avais pas à m'en faire » Taylor rigola, elle était heureuse qu’il lui avoue cela, en lui expliquant ces détails, il lui montrait qu’il était … non pas faible mais peu sûr de lui pour ce coup-là et cela le rendait plus humain et plus aimable. Oh bien sur elle l’avait déjà connu très gentil et attentionné, elle savait bien qu’il pouvait être un véritable ange et elle ne l’aimait pas uniquement pour ce côté-là. « qu'il fallait juste que choisisse avec mon cœur. » Oh. Ça c’était mignon, toujours un moyen d’éviter le sujet mais au moins il se faisait pardonner. Même s’il n’avait pas dit qu’il avait choisit avec son cœur, c’était toujours mieux que rien. Lentement elle quitta ses bras pour le regarder dans les yeux. Il soutint son regard et durant quelques instants il n’y eut aucun bruit dans les alentours. Puis elle s’assit sur le canapé avec délicatesse. « Si c’est ton cœur qui t’a guidé, alors il a un bon sens du goût. » Elle s’arrêta le temps que la phrase fasse son effet puis elle continua dans un murmure. « Oui elle est magnifique. » La jeune femme admira la bague sous toutes ses formes, oui elle était vraiment superbe. « Je n’aurai pas honte de la porter, je t’assure. » Avec un sourire méchant sur son visage, elle ajouta. « Oh qu’est-ce que je vais me faire plaisir ! Demain je vais la mettre bien en évidence sous le nez d’Eros, juste pour qu’il voit. » Ha. Elle était fière et elle tenait une vengeance, même si elle-même ne savait pas trop bien ce qu’il se passait avec Eros en ce moment. Il l’énervait au plus au point et elle le haïssait pour tout ce qu’il lui avait fait subir, mais maintenant ils étaient dans le même camp, ils bossaient ensemble, c’était presque une compétition entre eux. Mais elle allait gagner : elle était fiancée à un jeune homme influant, elle avait une place de choix parmi les réunions de mangemorts, elle était une alliée incontestable par son obéissance et sa volonté, elle était crainte dans les couloirs, bref elle était heureuse de la vie qu’elle menait.

Jeremiah avait gardé le silence, comme s’il attendait quelque chose, des explications peut-être. Elle le questionna par un léger sourire et il ne prononça qu’un mot. « Eros ? » Elle acquiesça puis remit ses idées en place, comment parler de lui ? « Tu en as sûrement entendu parlé si ce n’est pas par moi. C’est mon collègue surveillant, il est mangemort et irlandais. C’est un batteur mais de quelle équipe, je m’en fiche. » Pas de réaction de la part de son fiancé. « Hum, très baraque, une tête pas sympa, toujours en train de montrer qu’il est supérieur … Toujours pas ? » à ces mots précis, Jeremiah acquiesça. Eh bah voilà avec des mots simples on arrive toujours à se faire comprendre. Elle sourit méchamment. « Bref, je le déteste pour tout ce qu’il m’a fait subir depuis ma seconde année à Poudlard, je le déteste de m’avoir pourrit la vie, je le déteste parce qu’il m’a mené par le bout du nez durant toute ma septième année, me menaçant de me trahir à mon défunt père à chaque faux pas. Je le HAIS. » Taylor n’haussait pas souvent la voix, mais sous l’effet de la colère remué par les souvenirs laissés par Eros elle en avait oublié toute l’agréable soirée en compagnie de Jeremiah. « Je me suis un peu emportée, pardon. Un biscuit ? Moi j’en prendrai bien un. » Sans attendre la réponse du beau mâle assis dans son canapé, la surveillante se leva et partit en chercher dans sa cuisine. Arrivée au niveau du placard, elle se prit la tête entre les mains et soupira. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus pensé à lui de cette manière-là, toujours elle l’évitait, le snobait, lui répondait sèchement, mais ouvrir son cœur comme cela pour se rappeler les crasses qu’il lui avait fait subir était quelque peu nouveau. Et puis qu’elle idiote, faire cela en présence de Jeremiah, elle n’avait plus qu’à lui raconter son histoire avec l’autre Taylor et il aurait des moyens de pression sur elle, comme si cela ne suffisait pas. Se reformant un visage calme et serein elle sortit de la cuisine, sans oublier de prendre un paquet de biscuit. Des spéculos ses préférés.

Machinalement elle tendit la boite vers le jeune homme avant de se servir et de croquer avidement dedans. Merlin que c’était bon. Un peu calmée grâce à la douceur des biscuits, elle replongea son regard dans celui de son fiancé –c’était réellement officiel maintenant !– et son cœur rata un battement. « Et toi, raconte moi, il n’y a pas une fille au boulot qui te sort par les yeux. » elle marqua une petite pause. « Maintenant que je ne suis plus là pour t’embêter à longueur de journée tu dois t’ennuyer non ? » Et avec un sourire en coin, elle était irresistible.

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Taylor croisa délicatement ses jambes pendant qu’elle mangeait son biscuit. Le jeune homme lui se leva pour poser le gâteau ailleurs. Caprice ? Au moins il avait eu la politesse d’en prendre un, elle n’allait pas se plaindre. Il déposa le biscuit sur la plaque qui recouvrait le radiateur, la femme sourit sans réfléchir plus car Jeremiah lui ne devait pas beaucoup réfléchir à cet instant donné.

Avec sa démarche incroyablement sexy qui la faisait craquer, il s’avança vers elle. Elle fit mine de ne pas être séduite, juste pour l’enrager d’avantage. « Tu es bien curieuse ! » Il osait donc la critiquer ? Voyons, elle ne faisait que se renseigner pour relancer la conversation, elle se doutait bien que les nombreuses femmes qui attendaient à la porte de son beau Jeremiah ne lui arrivaient pas à la cheville, elle avait mis la barre trop haut. Elle n’eut même pas un soupçon de jalousie lorsqu’il reprit « Mais pour te répondre, il y a un bon nombre de candidates qui se pressent mon bureau pour prendre ta place. » Elle décida de le prendre avec le rire et s’éclaffa. Dans son esprit, une longue file de ces anciennes collègues se dessina. Toutes des hypocrites qui faisaient la bouche en cul de poule devant elle, mais qui n’avaient qu’un espoir, récupérer –au moins pour une nuit– son fiancé. Chose qui pouvait être possible mais qui pour l’instant était infaisable. Il était à elle, et s’il osait la tromper maintenant qu’ils étaient réellement fiancés, il allait en voir de toutes les couleurs. Mademoiselle Taylor Uriel Kensington, future madame Jeremiah McGregor, était prête à tout affronter pour poser sa marque sur le jeune homme. Elle leva inconsciemment sa bague en hauteur, comme pour montrer à tous –ce qui équivaut à l’instant présent aux rats et à la poussière– qui elle était.

« Beaucoup d’entre elles sont vraiment charmantes je dois dire. » Oh bah tient, il voulait jouer avec elle. Elle n’avait qu’à parler de l’incroyablement sexy mangemort en vadrouille ou de l’extraordinaire professeur de métamorphose pour lui rendre la pareille. Taylor connaissait bien les jeunes femmes qui travaillaient au ministère, pour en avoir fréquentées beaucoup mais elle n’avait pas peur d’elle. Plutôt peur de la possible trahison de Jeremiah, mais c’était lui qui aurait le plus mal dans l’histoire s’il songeait à essayer quoique ça soit. Elle lui offrit un petit sourire, un de ceux qu’on peut prendre pour un sourire jaloux, mais pas trop de non plus, c’était d’Uriel dont on parlait là.

« Mais je dois bien avouer qu’à côté de toi, elles ne font pas vraiment le poids. » Un sourire fier se forma sur son visage, elle le savait et il ne faisait que de lui confirmer. Il n’avait même pas été assez cruel pour tenter de la rendre trop jalouse. Trop mignon. « Bien trop folles de moi pour le résister. C’est trop facile. » Elle roula des yeux, qu’est-ce qu’il était narcissique, certes réaliste mais tout de même. Elle ne put s’empêcher de lui demander « Tes chevilles arrivent toujours à supporter ton incroyable égo ? » dans un sourire moqueur. Il ne prit même pas la peine de répondre et s’approcha lentement d’elle. « Mais alors… » son souffle chaud chatouilla sa nuque, qu’il baisa délicatement « se pose la question. » il embrassa chaque partie de son corps entre sa nuque et sa bouche. « Es-tu toi aussi folle de moi ? » Avant même qu’elle n’ait eu le temps de répondre, il avait capturé ses lèvres avec passion, elle ne pouvait pas refuser un baiser enflammé mais elle trouvait cela trop facile de sa part il l’avait bien eut. « Je suppose que je peux prendre ça pour un oui alors. » prononça-t-il dès que leurs lèvres se décollèrent. Effectivement il avait bien joué, elle ne pouvait que le reconnaître. Le jeune homme reprit possession de son cœur lorsqu’il se pencha de nouveau vers elle en lui caressant le dos. Elle passa une main dans ses cheveux auxquels elle s’agrippa fortement, puis elle se décala. Eh bien, chacun à son tour n’est-ce pas ?

Elle attendit quelques secondes avant de reprendre. « Mônsieur McGregor, vous venez de me demander en mariage, si je ne vous aimez pas assez pour dire oui, je ne l’aurai pas fait. Je ne fais pas partie de ces hypocrites qui se marient pour de l’argent, de toute manière j’en ai suffisamment mais là n’est pas la question… J’espère que vous ne faites pas partit de ces hypocrites-là. » Et comme pour se venger ou pour prouver ses dires, Taylor s’approcha à son tour de Jeremiah, délicatement elle posa ses jambes sur celles de son fiancé pour s’asseoir à califourchon sur lui. Elle posa ses lèvres sur le torse de son fiancé tout en commençant à enlever sa chemise. S’il paraissait surpris le jeune homme n’en fit rien voir, il se laissa faire entre les mains de la belle blonde. Elle léchouilla son le téton du jeune homme puis embrassa son corps jusqu’au nombril… avant de se relever. Elle remarqua la main de Jeremiah qui se déplaça de quelques centimètres comme pour la retenir. Avec un franc sourire satisfait elle répliqua « Tu vois que toi aussi tu es fou de moi. » Chacun son tour, on avait dit. Un partout, c’était mérité.

La jolie blonde s’était levée mais elle n’eut aucune hésitation à se rasseoir sur les genoux du jeune homme qui lui, ne devait attendre que cela de toute manière. On peut dire qu’elle venait de le mettre en garde, sans l’embrasser ni même s’accrocher à lui d’une quelconque manière, elle planta son regard dans le sien. Elle y sentait un regard lourd de questionnements, elle lui sourit gentiment, mais voyant qu’il ne parlait pas plus pour autant elle se lança. « Tu as des questions à me poser peut être ? » Toujours pas de réponse elle tenta un « Parce que moi j’en ai. Voilà ma couleur préférée c’est le marron clair (et tu as intérêt à t’en souvenir) mais là tienne je n’en ai plus aucune idée. Or il m’en faudrait une qui aille bien avec le marron pour voir sur les faire-part ce que ça donne. » Devant la tête de son amoureux elle ne put s’empêcher d’exploser de rire. « C’était une blague patate, je voulais juste détourner ton attention de ça. » finit-elle en l’embrassant une fois de plus.

jeremiah&taylor

Taylor sourit en croisant les jambes. Ainsi donc il aimait le rouge sang. Pourquoi n’y avait-elle pas songé plus tôt ? Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il aimait tuer comme on aime danser, alors qu’il aime la couleur ne l’impressionnait pas. « Dommage, cela n’ira pas avec le marron, tant pis. » répliqua-t-elle sur le ton de la blague. Elle était joyeuse. Comment ne pouvait-elle pas être rayonnante et heureuse durant cette soirée ? Jeremiah venait de la demander en mariage, c’était presque un rêve qui se réalisait. Après tout ce qu’il avait vécu, après tout ce qui s’était passé les voilà réunis pour qu’ils affrontent la suite ensemble. Taylor n’était pas d’une nature très romantique, mais elle ne voyait pas de raison de ne pas être heureuse ce soir. « Je veux que tu me racontes exactement ce qu’Eros t’as fait. » Ah bah si, en voilà une qui l’empêcherait de sauter de joie au plafond. Bien que ça ne soit pas son état habituel non plus de sauter au plafond. La jeune femme prit une bouffée d’oxygène pour se lancer. Avait-elle envie de parler d’Eros encore ? Non, aucunement. Elle avait suffisamment souffert pour ne pas avoir envie de remuer le couteau dans la plaie. « Je veux savoir toute la vérité. » Il était sérieusement motivé, il voulait savoir et ne jugerait la situation que lorsqu’elle aura terminé son récit. Elle ferma les yeux et ferma son cœur. Elle parlerait d’une voix neutre. Elle ne serait pas touchée par son histoire. Elle ne le serait plus jamais. Elle avait Jeremiah à ses côtés, Eros faisait partie intégrante de son passé. Elle planta son regard froid dans celui de Jeremiah pour débuter son récit. « Il faut que je te parle de Taylor avant de parler d’Eros. Taylor était un né-moldu. Taylor était mon compagnon. » Elle raconta brièvement comment elle avait rencontré Taylor alors qu’elle n’était qu’une jeune fille en manque d’aventure. Elle raconta ensuite comment ils s’étaient retrouvés à Poudlard. « Je n’étais nouvelle que depuis un mois qu’Eros m’avait déjà repérée. » Sans détails insignifiant elle raconta comme l’écossais lui avait déclaré sa flamme et comment elle l’avait rejeté. Elle raconté les moqueries qu’elle avait subies en se rapprochant de Taylor. « Lors de notre septième année, nous formions enfin le couple parfait, j’étais heureuse avec Taylor. » Le regard toujours dur et froid elle raconta comme Eros les avait attendu, comment Eros avait menacé la jeune fille de tout raconter à son père, comment Eros lui avait fait sa proposition. « Je n’avais pas le choix. Si je decevais mon père maintenant, c’en était fini de ma vie, alors j’ai accepté. Eros ne m’a pas violée puisque j’étais à moitié-consentante mais. » Elle ne finit pas sa phrase, il avait compris le principe. Elle raconte ensuite comment cela avait duré toute l’année, comment Eros la menaçait et de quelle manière elle était prise au piège. Enfin, elle raconta comment elle avait accueilli avec joie son diplôme afin de quitter l’établissement. Taylor s’accorda une légère pause. Son histoire était presque finie, si elle racontait le dernier morceau, Jeremiah saurait tout. Elle n’aurait pu rien à lui cacher, même s’il devait être au courant c’était un poids énorme que de se confier de la sorte. Cependant elle se confiait sans doutes, sans hésitations. Cela faisait maintenant plus de trois ans qu’ils se côtoyaient régulièrement et s’ils voulaient se marier ils devaient faire ce pas. Alors elle le franchit.

« Nous étions en vacances en France. Je ne sais comment cela s’est produit, mais lorsque je suis revenue dans notre maison, il était mort, mon père gisant à ses côtés, un moldu fier de lui au milieu. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. C’est totalement impossible que ce moldu ait tué Taylor et Andrew, tous deux experts en magie mais sous la rage je l’ai tué. J’ai tué le seul témoin de la scène. Je ne saurais jamais ce qu’il s’est passé mais j’ai jugé les moldus responsables de ces morts. » Elle acquiesça pour s’approuver, ils étaient son excuse, sa hantise, son dévouement à la cause du Lord, ils étaient ce qu’elle haïssait le plus au monde. « C’est à ce moment précis que j’ai rejoint notre maître. C’est à ce moment précis que j’ai pris goût aux meurtres. » Cela n’en était pas devenu une passion mais au moins cela la détendait et jamais elle n’avait eu de retour à cette décision. Jamais plus elle n’avait cherché une partie de bonté en elle, il n’y avait aucun intérêt à faire du bien quand tout est jonché de mort. Il n’y avait aucun intérêt de laisser vivre les traitres et les moins que rien quand tout pouvait être épuré. Chacun puise sa force dans ce qu’il pouvait, elle, la puisait dans sa conviction de faire ce qu’elle devait faire.

Elle avait fini son récit, mais elle n’attendait rien. Pas d’approbation, pas de confirmation, pas de mot doux pour la rassurer. Elle savait ce qu’elle avait vécu, elle l’avait déjà raconté plusieurs fois et maintenant qu’elle s’en était détachée c’était fini. Elle avait beau croiser Eros tous les jours cela ne l’atteignait pas. Il n’avait aucun moyen de pression sur elle. Et pire encore, il la décevait. Lui, le plus gros caïd de tout Poudlard, le batteur redoutable, voilà qu’il avait des chouchous et des élèves qu’il appréciait pour ce qu’ils étaient ? Elle n’aimait Ariel que pour ses potins et son rire, pas pour la jeune fille profonde qu’elle pouvait être. Elle n’aimait Emily que parce qu’elle lui rapportait un échange. Elle n’aimait les fils de noble famille que pour leur famille. Elle ne les aimait pas d’ailleurs, elle les respectait, les estimait voire même elle en appréciait certain mais outre Jeremiah et sa bague, elle n’aimait pas grand-monde.

La jeune femme décroisa ses longues jambes délicates et chercha du regard sa tasse de thé. Elle l’attrapa et but une gorgée, le thé n’était plus bouillant mais il lui réchauffa tout de même le gosier. Elle finit enfin par se tourner vers son fiancé. « Voilà, tu connais toute mon histoire, je n’ai plus rien à te cacher maintenant. » Elle hésita un instant avant de continuer. « Ai-je le droit de connaître la tienne à mon tour ? » Elle n’était pas constamment dans une relation donnant-donnant, c’est-à-dire, quelqu’un qui cherche absolument à recevoir quelque chose dès qu’il offre, mais elle estimait qu’après tout ce qu’elle venait de lui expliquer, elle avait bien le droit à quelques détails. Curieuse, elle essaya de se souvenir, mais elle ne se souvenait pas réellement de lui lorsqu’ils étaient à Poudlard, c’était une époque où, bien qu’ils soient dans la même maison avec seulement un an d’écart, elle ne s’intéressait déjà pas grand-chose qui ne tournait pas autour de son joli nombril.

jeremiah&taylor

Taylor venait de raconter à Jeremiah sa vie. Toute sa vie. Les parties obscures et généralement méconnues du monde. Bizarrement, elle ne s’en blâmait ni n’en voulait pas. Certes, garder des détails pour elle seule ne l’aurait pas dérangé, mais maintenant que c’était dit elle n’en ressentait qu’une grande indifférence, comme si cela ne la touchait pas. Ou plutôt, comme si ce qu’elle avait confié à Jeremiah était un présent qu’elle lui offrait pour qu’ils forment un tout et non deux personnes distinctes. Cependant, malgré tout, elle osait espérer qu’il lui rende la pareille, qu’il lui confie des détails de sa vie à lui aussi, car en réalité elle ne le connaissait pas si bien. Certes, lorsqu’elle s’était livrée –chose tout de même difficile– et elle n’avait pas songé à ce qu’il lui renvoie l’ascenseur juste pour lui faire plaisir et elle ne souhaitait pas qu’il se sente forcé pour la satisfaire. Non. Elle avait espéré car, au fond d’elle-même, elle souhaitait qu’ils s’aiment réellement et ne se cachent pas les plus lourds secrets, pour qu’ils les partagent à deux et qu’ils soient plus légers à porter. Enfin, cela, elle ne se l’avouerait pas, c’était trop romantique.

Soudain, Jeremiah prit la parole. Il commença à parler, à lui répondre. Elle l’avait espéré mais elle ne s’y attendait pas. C’était d’ailleurs la première fois qu’il se livrait à elle. Il faut dire que cela faisait maintenant quelques années qu’ils se connaissaient, qu’ils se côtoyaient, qu’ils parlaient ensemble mais jamais elle n’avait jamais rien su de son passé. Elle se mit à sourire en prenant compte de la place qu’elle commençait à prendre dans sa vie. Son sourire s’accentua lorsqu’il lui parla d’Arabella. Voilà qu’ils avaient un gros point commun, qu’elle ironie. Il continua, parlant de son aversion pour les sang-de-bourbe, qui n’avait, apparemment, aucun lieu d’être puisqu’Arabella était là, cependant elle comprit. Parce qu’elle haïssait les moldus de tous son être alors que son Taylor en était un à la base. Il n’y avait aucune logique, juste de la haine et cela lui convenait. Pour une fois que quelqu’un pouvait aussi bien la comprendre ! Elle ne put retenir son état de stupéfaction. Voilà qu’il avait été abandonné par la jeune fille, sans raison apparente du jour au lendemain ? Elle n’avait strictement rien comprit Arabella. Elle se remit bien vite, voyant que cela ne faisait que raviver de mauvais souvenirs à son fiancé. Il y eut d’ailleurs un silence pesant. Taylor hésita un instant, devait-elle prendre la parole ? Elle avait beau espérer qu’il ne comptait s’arrêter là, il lui avait déjà beaucoup dit et elle l’en remerciait du fond du cœur. Alors qu’elle allait prendre la parole pour rompre le silence, il le fit avant elle. Sa vie après ce passage avait changé et c’était totalement justifié. « Je l'ai tuée. Mon premier meurtre. » Taylor releva délicatement sa tête vers son futur marié. Elle n’eut aucune réaction aussi étrange que cela puisse paraître. D’un côté elle les trouvait semblable car leur premier meurtre, à chacun, était tourné autour de leur bien aimé de l’époque. D’un autre côté elle les trouvait trop proche, leur histoire n’était pas loin d’être similaire, est-ce que ça n’allait pas jouer contre eux ? Elle se mordit la lèvre, pourquoi ne pouvait-elle pas avoir une réaction normale tout simplement ? Pourquoi était-elle obligée de se prendre la tête sur des détails, il avait sûrement besoin de quelque chose et. « Je n'avais raconté ça à personne, avant. » Une fois de plus elle se sentit à la fois fière qu’il le lui raconte et gênée parce qu’elle n’avait rien à dire. Que pouvait-elle lui répondre ? Elle était souvent qualifiée de commère, de menteuse, de drôle parfois, mais de sentimentale : jamais. Elle aurait dut prendre exemple sur Athénora ou au moins l’écouter quand elle lui parlait de ses problèmes de couple. Soudain elle se dit que Jeremiah n’était pas tout à fait sentimental non plus, sinon il ne serait pas venu à l’improviste dans sa chambre mal rangée … Alors elle pensa pour elle, qu’est-ce qui lui aurait fait plaisir après s’être confiée plus que jamais ? Ses yeux brillèrent et elle se leva d’un seul coup. Si Jeremiah fut intrigué qu’elle s’en aille, la blonde ne s’en rendit pas compte tant elle se dépêchait pour ne pas le laisser seul. En un instant elle avait disparu dans sa cuisine et quelques secondes plus tard, des bruits de verres qui s’entrechoquent et de placards qui s’ouvrent et se ferment précipitamment s’entendirent du salon. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle réapparu dans le salon, une bouteille et deux verres à la main. Elle tendit un des verres à son fiancé en disant « Je n’ai pas grand-chose chez moi, mais ce whisky fera bien l’affaire. » que Jeremiah ne la suive pas dans son raisonnement étrange lui arracha un léger sourire. Elle remplit les verres. « Mince les glaçons. » murmura la jeune fille, se rendant compte de son oubli. Posant la bouteille sur la table sans douceur elle s’enfuit de nouveau vers la cuisine, quelques secondes plus tard, quelques glaçons gisaient au fond de leur verre. « A nos vies passées que l’on souhaite oublier pour de bon. » commença-t-elle en levant son verre après s’être rassise. « A nos vies présentes, qui se déroulent fort bien. » Elle fit une légère pause avant de reprendre. « A nos vies futures qui n’attendent que nous. » finit-elle par conclure. « Santé. » murmura-t-elle en faisant cogner son verre contre celui de Jeremiah avant de boire une gorgée. Le whisky ce n’était vraiment pas une boisson féminine mais pour trinquer il n’y avait rien de mieux. Elle réfléchit quelques instants avant de comprendre pourquoi elle avait un aussi bon whiksy dans sa demeure miteuse avant de comprendre. Une fois de plus, elle se mordit les lèvres. « Je viens de me souvenir pourquoi j’avais cette bouteille chez moi, c’est celle que ma tendre belle-mère nous a offerte pour nos fiançailles, je n’y avais jamais touché. Il faut avouer qu’elle ressort tout de même le bon jour. » Elle rebut une gorgée par reflex. Elle avait un verre dans ses mains elle buvait, elle tenait une plume elle jouait avec, elle gardait un biscuit elle le mangeait. Bref. Elle posa délicatement son verre sur sa table basse et se retourna vers Jeremiah. Elle ne lui avait rien dit par rapport à ses confidence, tout comme il n’avait rien répondu aux siennes, mais peut être attendait-il quelque chose ? « Merci. » dit-elle soudainement. Elle n’avait pas prévu de parler et c’était sorti tout seul, elle était trop polie peut être ? « Merci de m’avoir raconté, tu n’étais pas obligé mais ça nous montre nos similitudes et ça nous aide à construire notre futur. » Elle lui montrait par là qu’elle ne le jugeait pas, qu’elle l’acceptait tel qu’il était et qu’elle était prête à vivre un futur avec lui. Certes elle ne comptait pas emménager chez lui tout de suite, il fallait leur laisser un peu de temps, mais c’était plutôt bien partit pour une bonne relation. Enfin, elle l’espérait de tout cœur !