Tôt ce matin, une certaine cohue s'était animée devant le panneau d'affichage principal du collège de sorcellerie. Le Directeur ainsi que son équipe administrative venaient de faire part des nouvelles restrictions que le château aurait à subir. Les yeux du Poufsouffle parcoururent rapidement l'écriteau, emmagasinant les mauvaises nouvelles. Il aurait désormais un élève sur qui veiller. De plus, il serait responsable de tous les agissements de ce dit élève comme de son échec scolaire. Le garçon grimaça. Avec la chance qu'il avait, il tomberait sur une tête dure et il n'aurait aucune emprise sur lui. Louis n'avait pas la personnalité adéquate pour pouvoir assumer ce rôle convenablement. Déjà, il était un solitaire doublé d'une timidité maladive, il aurait probablement d'assez grandes difficultés à s'immiscer dans la vie du plus jeune qu'il devrait avoir sous son aile. Et même si Louis pouvait être quelqu'un de très gentil, affectueux et généreux, qui aiderait volontiers qui lui demande en matière de devoirs ou autre qui reste dans le domaine du possible, il n'en restait pas que s'il tombait sur quelqu'un qui n'en avait rien à faire et voudrait le provoquer ou lui en faire voir de toutes les couleurs, il échouerait et se laisserait faire. Et dans ce cas-là, la punition tomberait. Mais d'une certaine manière, l'élève et le tuteur payeraient, ce qui réconfortait un peu le Poufsouffle. Si son cadet n'était pas masochiste, ça devrait relativement bien se passer.

Puis, il y avait eu la nouvelle des mangemorts en patrouille autour de Poudlard. A la lecture de ces quelques mots dont un qui qualifiait l'autorité d'« intraitable », le sixième année pâlit. Il venait tout juste de quitter l'infirmerie depuis son escapade à Pré-au-Lard où il s'en était sorti plus qu'amoché. En effet, il avait eu une cruelle altercation avec un trio de mangemorts justement en « patrouille » et bien entendu, il avait perdu et s'en était sorti à très mauvais compte. Et même si sa sœur pouvait faire des merveilles, ça se voyait encore sur lui qu'il avait été sévèrement blessé. L'idée d'avoir encore plus de chances de croiser des mangemorts et en pâtir angoissait réellement le Poufsouffle. Pire, ça le terrifiait. Sa dernière expérience l'avait véritablement traumatisé et il ne comptait pas spécialement goûter à de nouvelles mésaventures avec ces obscurs personnages de sitôt. Dans l'idéal, il aimerait qu'on le laisse tranquille et qu'on l'oublie. Passer inaperçu, comme il sait si bien le faire avec beaucoup d'individus. Au moins le temps qu'il ne fasse plus de cauchemars à répétition.

Et la dernière phrase avait formulé le coup de grâce. Un couvre-feu avancé d'une heure, des sorties au village des sorciers plus rares – bien que Louis ne comptait pas y remettre les pieds tout de suite, conservant un horrible souvenir du lieu -, les matchs de Quidditch ainsi que les visites aux familles passées à la trappe. Le jeune homme baissa les yeux. Déjà qu'ils n'avaient pas forcément beaucoup d'occasions de rentrer chez eux et prendre des nouvelles de leurs proches autrement que par missives, voilà qu'ils semblaient prodigieusement mis en quarantaine dans ce château. A ce rythme-là, Louis ne reverrait ses parents qu'à sa sortie de Poudlard. Pourtant, en ce moment, avec la nouvelle année qui débutait, il aurait tant voulu les voir. Il commençait à étouffer au château, il donnerait cher pour un peu d'air frais de sa Cornouailles d'origine. Même si ce n'était qu'une journée. Tout commençait sérieusement à lui manquer, ses parents, sa maison, le reste de sa famille, les traditions qui s'en raccordaient. A Poudlard, tout semblait plus morne et prévisible. Et même lorsqu'un événement sortait du lot, il s'en voyait promptement défini de mauvais, d'erreur. Le sixième année se disait que cette folle envie de revoir sa famille à l'extérieur du château ainsi que le manque qu'elle générait finirait par passer, ou en tout cas, s'estomper : il y a toujours des phases plus difficiles que d'autres. Mais cette nouvelle ne le consolait pas et ne lui donnait pas grand espoir. Pessimiste, il se risqua même à penser qu'il ne les verrait plus avant longtemps. Au moins de très longs mois. Mais il valait mieux qu'il garde ça pour lui, comme d'habitude.

L'adolescent leva les yeux afin de prendre connaissance du reste de l'écriteau. Le clan des Résistants et des Obscurs semblaient mis à l'honneur et fortement menacés, mais cela, il en avait déjà eu vent puisque son propre camp l'avait informé d'une réunion d'urgence dans environ une demi-heure. D'ailleurs, le jeune homme tourna les talons, se rendant au lieu de rendez-vous.

« Il nous faut protéger notre anonymat... Ce qui implique de nous associer avec les obscurs. » La décision de sa cousine Lily, récemment nommée cheffe à la plus grande surprise de ce qui semblait être l'intégralité des Résistants sauf James qui l'avait déclarée ainsi, fut violemment reçue. Un certain chaos s'installa dans la pièce, certains n'hésitant pas à clamer leur opinion fortement négative face à cette nomination ainsi qu'à la première décision de celle qui serait désormais leur leader. Lily, meneuse des Résistants, il fallait dire que Louis avait un peu peur pour elle. Déjà, elle était pratiquement dans les plus jeunes, ce qui la rendait pas tellement crédible. De plus, elle n'était pas reconnue pour être la plus active du clan. Et récemment, Louis avait apprit qu'elle appréciait Xander McClary, un Obscur en puissance. Louis faisait confiance à Lily, mais il craignait que tout cela tourne très mal. Surtout que l'adolescente ne devrait pas tellement compter sur un soutien unanime actuellement de la part des membres de la Résistance, vu les hurlements désapprobateurs qui emplissaient la pièce.

Le repas qui suivit dans les cuisines fut silencieux. Chacun semblait ruminer les derniers événements et au final, Louis avait souverainement perdu son appétit. Si bien qu'il décida d'écourter son repas et parti des cuisines bien avant les quelques personnes qu'il accompagnait. Il remonta les étages le séparant de l'infirmerie, retrouvant Victoire qui lui offrit les mixtures qui l'aideraient à se remettre totalement sur pied le plus vite possible et le Poufsouffle finit par s'attarder dans le domaine de sa sœur, son cœur étant un peu trop lourd pour qu'il ne partage pas ce qui se passait dans sa vie un minimum avec son aînée qui était également une de ses deux confidentes. Une des rares personnes à qui il faisait intégralement confiance, à qui il pourrait confier sa propre vie comme son destin. Quelques temps de discussion plus tard, l'adolescent descendit de nouveau les étages, se dirigeant vers le bureau du professeur chez qui il devait se rendre tous les soirs de la semaine pour deux longues heures de punition.

« Je ne m'échapperai pas. » Voilà ce que le jeune homme écrivait encore et encore sur sa feuille de parchemin ensorcelée avec la plume généreusement prêtée par son professeur. A mesure des lettres qu'il gravait sur le papier, les mêmes mais cette fois-ci sanguinolentes apparaissaient sur le dos de sa main. Au final, sa chair ne s'y habituait qu'à moitié. Au début, ça piquait, puis ça brûlait, la plaie se faisant de plus en plus martyriser. Et finalement, l'apprenti sorcier parvenait à contrôler assez la douleur pour ne plus grimacer et poursuivre son calvaire quotidien. Depuis, ces quelques mots perduraient sur sa main droite et bien que tout le monde ne l'avait pas forcément remarqué, Louis ne pouvait s'empêcher de l'observer longuement la nuit tombée. Ironiquement, il avait pensé à s'échapper. Ou plutôt, il avait songé à comment ce serait, à l'extérieur. Il avait parlé à Lily à ce sujet, lui avait demandé si elle avait déjà souhaité être ailleurs qu'à Poudlard, préféré être dans un endroit différent. Ou ils seraient possiblement plus libres, ou plutôt, auraient un plus large territoire devant eux mais seraient peut-être traqués par les sbires de Voldemort. Louis ignorait ce qui était mieux. Rester ici ou partir. Le fait qu'il se soit fait attaquer à Pré-au-Lard l'incitait à penser que Poudlard était plus sécuritaire, qu'il n'avait peut-être pas ce qu'il fallait aujourd'hui pour survivre au dehors. La benjamine des Potter avait peut-être eu raison : le château n'était pas toujours la joie, mais c'était bien mieux que ce qui les attendrait après.

« Faites-moi voir ça. » La voix du mangemort avait été catégorique, glaciale, si bien que Louis obéit dans l'instant, lui tendant sa main, bien que méfiant. Son interlocuteur observa le dos de sa main, pressa ses doigts contre ses plaies ouvertes ce qui arracha une grimace la plus subtile possible au Poufsouffle et un sourire amusé au membre du personnel. « J'espère que la leçon finira par être apprise, Weasley. La liberté n'est pas quelque chose que vous risquez d'obtenir un jour. » Le jeune homme baissa les yeux, espérant récupérer sa main douloureuse le plus vite possible. « Pas dans ce monde, en tout cas. » ajouta, sadique, le professeur qui finit par lâcher la main de son élève. Louis la laisser tomber contre son flanc alors que le mangemort lui annonçait qu'il pouvait disposer et qu'il l'attendait le lendemain à la même heure, sans fautes ni retard tolérés.

Le garçon jeta un dernier coup d'œil à la pendule du bureau : 20h50. Il déglutit, effaré à l'idée de croiser un pion en sortant dans les couloirs après le couvre-feu. Bien entendu, ce n'était pas de sa faute et il ne pouvait pas arrêter le temps durant sa punition. Mais d'une certaine manière, il avait finit par apprendre que quoi qu'il fasse, il était toujours en tort ici. Le garçon traversa le plus rapidement et silencieusement possible l'espace qui le distançait de la salle commune des Poufsouffle et son cœur manqua un battement alors qu'il se cogna contre un autre élève. Louis recula de quelques pas, reconnaissant bien vite son cousin Albus qui devait rentrer – ou du moins, il l'espérait – dans ses propres quartiers. Le Gryffondor lui offrit d'abord un air rassuré qu'il ait tombé sur Louis et non sur une personnalité hostile puis un regard outré, comme se rappelant qu'il en voulait toujours au Poufsouffle pour lui avoir brisé son balai – involontairement. Albus tourna les talons sans mots dire, laissant Louis seul dans les sous-sols. L'adolescent s'anima uniquement lorsqu'il entendit des pas s'orienter vers lui et parvint à atteindre sa salle commune sans embûches qui était alors qu'à quelques pas de sa personne. Il y pénétra, expirant à la fois de soulagement mais aussi exaspéré et troublé par tout ce qui se déroulait dans sa vie. Ce n'était pas seulement les nouveaux commandements orchestrés au collège de sorcellerie mais aussi son court séjour à Pré-au-Lard, ses rapports avec Albus et Fred avec qui ils s'entendaient avant mais avec qui désormais n'était qu'un froid sans pitié. Puis, il y avait toujours Louise qui l'ignorait... Y compris un nouveau secret qui pesait extrêmement lourd sur sa conscience : il avait couché avec Cassiopée Cayrel. Louis avait l'horrible impression qu'il perdait tout ce qu'il avait progressivement, que bientôt, il se retrouvait seul, sans espoir ni amour.

A ces pensées, le jeune homme expira à en vider ses poumons et prendre une grande bouffée d'oxygène mais au lieu de ça une boule se forma dans sa gorge et il ne réussit pas à inspirer comme il en avait besoin. Il posa sa main contre sa gorge, desserrant sa cravate et s'orientant désespérément vers le mur de la salle commune le plus proche, tentant d'aspirer le plus d'air possible. Mais rien n'y faisait, il avait beau faire les mouvements et finir par se pencher et se redresser longuement mais de manière accentuée, il manquait de plus en plus d'air et finit par se laisser glisser contre le mur, une Poufsouffle accourant alors qu'il était presque assis sur le sol. « Louis ?! Louis ?! Ça va ?! » Pour toute réponse, le garçon continua son manège, tentant de respirer, plaquant sa main contre sa poitrine douloureuse. « DAMIAN ?! » Le Poufsouffle se redressa, posant son dos contre le mur et commençant à respirer un peu mieux, bien que fortement et toujours un peu difficilement. Une poignée de personne s'attroupa autour de lui avant que le dénommé Damian les fasse se reculer pour qu'ils laissent respirer un Louis qui récupéra un rythme cardiaque et respiratoire plus ou moins acceptable assez rapidement. Le Weasley finit par articuler un « Ça va » essoufflé tandis qu'on lui répliquait par un « Tu veux qu'on appelle l'infirmière ? » qu'il répondit par un hochement de tête en signe de dénégation doublé d'un nouveau « Ça va. » Puis, une nouvelle minute plus tard, il se releva, s'orientant vers les dortoirs.

Il descendit les nombreuses marches qui le mèneraient jusqu'à son lit puis s'avança jusqu'aux dortoirs des sixième année. Il poussa la porte de la pièce qu'il partageait avec d'autres Poufsouffle de son âge et constata que le lieu était désert. Fait nullement étonnant vu l'heure avancée et la coutume des Poufsouffle en général à rester le plus possible dans leur salle commune plutôt que leurs dortoirs. Mais Louis n'avait pas envie de se socialiser un minimum. Il aurait pu retrouver Lucy et ses amis, ou peut-être Liv, Loubelle, Sarah, Juyne... Enfin, il avait ses quelques connaissances tout de même chez les Blaireaux. Mais vu sa journée, il se contenterait de se laisser tomber sur son lit, à moitié dans le noir. Il ferma les yeux, se concentrant sur sa respiration, ce qui l'évitait de se ressasser tous les derniers événements malencontreux.

« Je l'aime vraiment bien. » Louis retint sa respiration quelques secondes, fixant sa cousine. En un temps trois mouvements, son visage se déconfit, pâlit peut-être même, tout en accompagnant sa pseudo chute sur le lit. Le garçon fit un peu plus de place à sa cousine sur son lit mais ne rompit en aucun cas le contact visuel qui l'attachait au profil de son interlocutrice. Finalement, d'une voix blanche, elle lâcha un « Oh merde » qui venait du cœur et voulait tout dire.

De longues minutes silencieuses qui parurent éternelles aux Poufsouffles s'évanouirent entre les deux jeunes Weasley, plongeant le dortoir dans un silence impeccable. Plus les secondes passaient, plus Louis se demandait ce qui était mieux : que Lucy lui hurle dessus, ou ce silence pesant, abominable, atrocement stressant. Il voyait bien que sa chère cousine n'était pas spécialement en colère. Elle semblait plutôt inquiète, choquée, déçue même. Des sentiments que le garçon n'aimaient en aucun cas voir animer la capitaine de l'équipe de Quidditch et abhorrait mille fois plus quand c'était lui qui les provoquait. L'adolescent tenta de prononcer quelques mots, mais se rendit compte tandis qu'il entrouvrait la bouche qu'il n'avait strictement rien de pertinemment à déclarer à la jeune femme. D'autre part, ceci semblait être une sensation partagée vu que la sixième année lui offrit le même spectacle à plusieurs reprises. Autant dire que les deux cousins demeuraient bouche bée par la situation des plus saugrenues. Finalement, l'apprentie sorcière sembla trouver les mots, interrogeant son interlocuteur : « Pourquoi elle, Louis ? Pourquoi ? Tu te rends compte que tu ne vas que souffrir dans cette histoire. » Pour toute réponse, Louis baissa les yeux, l'air piteux. Bien sûr qu'il en avait conscience, il avait tourné cette relation dans tous les sens possibles pendant de longues heures, allongé dans son lit, fixant son plafond au beau milieu de la nuit. Il lui arrivait même de rêver à ce nouveau lien qui l'unissait à la Serpentard, à des hypothétiques situations malencontreuses qu'ils pourraient avoir à subir à cause de leur relation plus que controversable. Et bien entendu, il avait mis en doute toute la sincérité de la Cayrel. La jeune femme était reconnue pour être non seulement la « Reine des glaces » de Poudlard, mais aussi pour être une manipulatrice hors pair. Or, Louis était une des cibles favorites des Obscurs en vue d'obtenir des informations sur les Résistants. Non pas parce qu'il en révélait – jamais il ne l'avait fait, sans se vanter – mais parce qu'il ne se défendait pas. Alors dans tous les cas, quitte à rentrer bredouille en terme de nouvelles sur le clan adverse, on avait au moins eu l'opportunité de se dégourdir sur un punching-ball humain pour un petit quart d'heure. Cependant, peut-être le sixième année avait-il finit par attirer de la frustration et que Cassiopée avait été envoyée pour venger ceux qui avaient échoué devant lui ? Peut-être tentait-elle de le séduire dans le but qu'il lui fasse confiance et devienne une taupe ? Fred l'avait déjà mis en garde contre ce genre de scénario, et même si Louis ne pensait personnellement pas être du genre à raconter ce qui se passait chez les Résistants à des Obscurs peu importe l'Obscur en face de lui, il faut dire que cette hypothèse n'avait su quitter véritablement son esprit. Et puis, sur un point de vue logique, pourquoi Cassiopée l'aimerait lui, alors qu'il était le royal opposé de sa personne, qu'il n'avait rien à lui donner à part sa place chez les Résistants et l'amour qu'il pouvait disposer à offrir ? Il n'avait pas le caractère pour tenir tête à la jeune femme, il n'était aucunement animé de la cruauté, de la méchanceté, de la froideur et finalement de la force et importance sociale dont pouvait jouir la préfète des Verts et Argent. En somme, oui, il se rendait compte qu'il pouvait en souffrir. Mais une partie naïve de lui se berçait d'illusions malgré tout, ce dont l'adolescent avait foncièrement honte comme l'incitait à ne pas croiser le regard de sa cousine, de peur qu'elle l'y lise. « Non mais parce que même si on imagine que ces sentiments soient réciproques, votre relation sera autodestructrice et je tiens beaucoup trop à toi pour laisser faire ça. » Un fin sourire en coin étira brièvement les lèvres du garçon. C'était réconfortant de savoir qu'en dépit des derniers événements, Lucy tenait toujours à lui. Mais à part ça, il n'y avait rien de très réjouissant dans cette conversation. « Il faut que tu te la sortes de la tête Louis et le plus vite possible. » Instinctivement, le jeune homme leva enfin la tête vers son interlocutrice, l'air légèrement indigné face à la radicalité dont faisait preuve Lucy. Elle avait raison, bien entendu, c'était la meilleure chose à faire. Et comme toujours, la Poufsouffle ne mâchait pas ses mots, ce qui était honorable. Cependant, plus d'une fois, elle avait su faire tomber son cousin des nues devant sa franchise tranchante. « Tu dois arrêter de la voir Louis et je plaisante pas. Ne serait-ce que pour toi mais t'imagine si ça s'apprend. Déjà que moi je le prend mal, je te parle même pas du reste de la famille Loulou et les résistants... Ça te paraît peut-être secondaire face à ton « béguin », je sais pas comment appeler ça, mais ça l'est pas. Arrête ça avant que ça soit trop tard. » Pendant quelques secondes, Louis ne pipa mot. Il sentait son cœur battre la chamade, martelant solidement sa poitrine. Un véritable dilemme se présentait devant lui et Lucy avait énoncé une bonne partie des conséquences que sa relation avec Cassiopée pouvait engendrer à voix haute. Ce qui rendait les faits bien plus réels. Les propos catégoriques de Lucy ainsi que l'éventualité que ça s'apprenne et soit très mal reçu de la part du reste de la famille ainsi que des Résistants – ce qui serait logiquement le cas – en plus de l'aveu qu'elle le prenait mal – ce qui n'était pas non plus une surprise – le perturbaient. Pire, ça le propulsait dans un état terrible. Il se sentait coupable et idiot à la fois. Il aurait aimé que tout ça n'ait jamais eu lieu, que ça ne se perpétue pas. Il aimerait ne pas être tiraillé par Cassiopée et par tout ceux qui étaient les siens depuis des années, depuis le début de sa vie pour certains même. Néanmoins, Lucy avait tort pour une chose. Il ne donnait pas une place de premier choix à son « béguin », il s'efforçait à ce que ses origines ne soient pas mis en second plan. Il était bien trop « prudent » pour ça. Et depuis son histoire avec Louise, il donnait bien peu de crédit et confiance à l'amour, il fallait dire. Être largué du jour au lendemain sans raison prononcée à l'oral après trois ans de relation vous forge forcément un caractère défaitiste face aux histoires d'amour par la suite. Toutefois, il ignorait - et c'était pathétique et tellement débile selon lui - comment arrêter son histoire avec la Serpentard. « C'est pas secondaire pour moi. Je ferais toujours passer ma famille et mes convictions avant, parce que c'est ce que je suis au final. » Il leva les yeux, tentant un pâle sourire désolé. « Et tu as raison, ça peut pas marcher, ça peut pas être sain, ça doit pas durer. » Il baissa de nouveau les yeux, l'air abominablement triste. Il se remémorait sa soirée avec Cassiopée à Pré-au-Lard, tout ce qu'elle avait pu faire pour lui. Tout ceci n'avait-il pu n'être qu'une mascarade, alors qu'en bout de course, elle aussi avait même finit par payer, ayant été punie pour être rentrée bien après le couvre-feu du village des sorciers ? Ils avaient décidé de se laisser une chance, bien que demeurer discret sur leur relation. En conclusion, ils étaient secrètement en couple à l'heure actuelle. Louis soupira légèrement, prononçant en désespoir de cause, d'une voix brisée : « Je sais pas pourquoi je tiens à elle. » Il fronça les sourcils, ses traits s'étirant dans une expression triste. « Je... J'aimerai ne pas l'aimer comme ça. » Il grimaça, évitant toujours de croiser le regard de sa cousine. « Et je sais que c'est ridicule, et que c'est pathétique. Que ça ne rime à rien. Mais je sais pas. Je sais pas comment faire pour ne plus l'aimer. » Il leva les yeux, l'air à la fois démuni et agacé. « Et c'est terrible parce que j'ai pourtant des milliers de motifs. Elle est odieuse avec tout ceux que j'aime. Même avec moi elle l'est parfois. Je comprends pas pourquoi j'aime quelqu'un qui fait tout le temps du mal à tout ceux que j'aime. » Louis se recula, s'enfonçant un peu plus dans le lit. « Je veux pas vous perdre, mais je sais pas comment me la sortir de la tête. » Il tourna la tête, reniflant, épris dans un douloureux combat intérieur. « Ça m'énerve et j'en ai marre. » conclut-il, les larmes aux yeux. Il laissa quelques instants en suspens tout ce qu'il pensait. Il y avait tellement de choses qui l'énervait. Comme l'impression de toujours être propulsé dans des situations singulières et ne pas savoir comment s'en sortir, et finir par effectuer automatiquement le mauvais choix en pensant que c'est le bon. Comme le fait d'être persuadé que son père qu'il admirait, lui, aurait eu la force et l'esprit de ne pas se mettre dans tous les pétrins que son fils avait manifestement le don d'accumuler depuis quelques temps. Comme le fait qu'à chaque fois que quelque chose de bien se passait dans sa vie, qu'à chaque fois qu'il était heureux, il devait en payer le prix, comme si le bonheur n'était en aucun cas gratuit dans sa vie. Et puis, il avait ce sentiment de toujours tout faire de travers et même de partir à la dérive. Il enchaînait les gaffes et ça le minait, ça le terrorisait même. Il aurait sérieusement besoin d'une corde en ce moment pour soit le tirer de tout ce marécage aux mauvaises intentions ou y mettre un terme une bonne fois pour toute. « Tu m'en veux beaucoup ? » interrogea-t-il finalement d'une petite voix. La dernière chose qu'il souhaitait était bien que Lucy lui tourne le dos pour cette histoire. Bien sûr, il voulait s'en sortir, il ne voulait pas décevoir qui que ce soit, et encore moins sa cousine ou un membre de sa famille. Il était capable de faire tout ce qui était en son pouvoir et de travailler sur lui pour arranger les choses et garder les siens à ses côtés. Quitte à être malheureux durant toute son existence et la vivre en solitaire amoureusement parlant. De plus, il espérait sincèrement que Lucy l'ait comprit que ce soit dans ses dires, son ton, ou son regard.

« Tu ne me perdras jamais, d'accord ? Quoi qu'il arrive, tu ne me perdras jamais. Je serais toujours là pour toi, peu importe ce qu'il se passe, peu importe où tu es, peu importe ce que je deviens. Tu es une partie de moi, Lucy. Je peux pas vivre sans toi, et je peux pas imaginer te perdre. Alors, quoi qu'il arrive, « Pour toujours et à jamais ». » Ses paroles lui firent chaud au cœur tandis que Louis passait son bras autour de ses épaules. Elle aussi y croyait dur comme fer qu'eux d'eux s'était du solide mais en même temps face à l'indomptable Cayrel Maléfique qui ne serait pas un brin déstabilisée ? Pour ne pas dire même un peu apeurée. Bien sûr elle ne montrerait rien aux autres, un peu à Louis, c'est bien ce qu'elle faisait en ce moment. Mais aux autres, non elle garderait un masque. De toute manière peu de gens étaient au courant, tant mieux ça faisait moins d'ennui, moins de dégâts. Lucy espérait toujours étouffer l'histoire dans l'œuf. Oui c'était beau de rêver. Louis l'appela alors. La demoiselle se retourna vers lui. « Tu sais que les valeurs de la Résistance sont une des choses qui sont tout pour moi. Je veux dire, je pourrais jamais penser autrement. J'ai toujours pensé comme ça, parfois même à l'extrême. C'est quasiment plus fort que moi. C'est incrusté en moi.» Lucy comprenait ça mais elle ne voyait pas où il voulait en venir au fait. C'était pour lui dire que même s'il était avec Cayrel Maléfique, sa dévotion à la résistance resterait inchangée ? Certes ça la rassurait mais ce n'était pas tellement ce qu'elle voulait. Non elle voulait qu'il la largue purement et simplement. « Et Cassiopée est une Obscure. Elle est peut-être même aussi Obscure que moi je puisse être Résistant. » Et ? Lucy ne pouvait plus attendre la suite. « Je sais que ça peut paraître périlleux et mauvais ce que je vais te dire. Mais je fais la part des choses. Et les valeurs des Résistants sont tout moi. Alors... Pourquoi je pourrais pas sortir avec Cassiopée en restant chez les Résistants. J'ai déjà fait des tas de choses pour les Résistants et j'ai jamais trahi qui que ce soit là-bas, jamais divulgué la moindre information. Mais peut-être que je pourrais en avoir des Obscurs ? Si je sors avec Cassiopée, forcément je devrais fréquenter ses amis Obscurs, et c'est pas dit qu'ils sont tous muets comme des tombes sur leur clan. Et peut-être même qu'ils finiront par penser que je vais faire comme Sarah pour Xander. Sauf que j'imiterai jamais Sarah. Parce que jamais je pourrais supporter ces horribles idéaux. » Lucy était loin d'être fan de l'idée. Non ça ne lui plaisait pas du tout. En plus il avait évoqué le cas de Sarah ce qui n'aidait pas à mettre Lucy de son côté. Lucy ne la comprenait pas et de toute manière, elle ne le voulait pas. Elle voyait le changement de Sarah comme une trahison. Si encore elle l’avait fait pour elle ou pour un but quelconque pour la résistance ça aurait déjà différent mais là que c’était ridicule et idiot ! Elle avait changé de camp pour un mec qui allait peut-être la quitter comme une vieille chaussette dans deux semaines. Et que ferait-elle à ce moment-là ? Elle viendrait pleurer pour que la résistance la reprenne, elle pleurerait pour retrouver tous les amis à qui elle avait tourné le dos pour les beaux yeux d’un tombeur ! C’était exaspérant, Lucy ne pourrait jamais faire une telle chose et heureusement. Elle se vantait d’avoir un peu plus de jugeote que cela ! « Tu m'as déjà dit que j'étais une des personnes qui avait le plus de force mentale que tu connaissais. Et je sais que je suis capable de faire ça. D'accord, dans l'histoire je gagne deux fois car j'aide les Résistants et je reste avec Cassiopée. Mais au moins, comme ça, même si Cassiopée veut se jouer de moi d'une manière ou d'une autre, je pourrais me consoler en me disant que j'ai aussi aidé mon camp ? Je me défends et je défends mon clan aussi. Et peut-être que je pourrais l'aider davantage. Peut-être que je pourrais tous vous aider encore plus. » Si Lucy enlevait la partie implication émotionnelle et qu’elle ne pensait la situation que d’une façon stratégique, elle lui dirait fonce ! C’est vrai son plan était infaillible et dans tous les cas, comme il l’avait justement dit, il était gagnant. Oui la résistante qu’elle était, était à fond avec lui, pour son plan mais Lucy n’était pas que ça, elle était aussi sa cousine et de ce côté-là, elle était moins d’accord. Non, elle continuait à croire que ce n’était pas bien parce que ça tiraillerait Louis ! Lucy le connaissait, elle savait qu’il était quelqu’un de faux, Louis ne mentait pas dans ses sentiments. Elle savait que ça ne lui ferait pas du bien parce que dans un sens c’était trahir la confiance de Cayrel Maléfique et à un moment où un autre ça créerait des problèmes. Bien sûr Lucy voulait que cette relation cesse mais pas comme ça ! Elle ne voulait pas que ça fasse encore plus de mal à Louis, il avait déjà bien assez souffert à cause de l’amour. Elle n’aimait pas Cayrel Maléfique mais elle n’utiliserait pas son cousin et ses sentiments pour lui nuire, elle n’était pas cruelle.

Pourtant malgré cela, une partie d’elle voulait vraiment lui dire oui mais elle s’en voudrait, elle le savait. Non, elle ne ferait pas ça. « De plus, sortir avec elle parce que je l'aime bien ne sera pas un mensonge non plus. Je ne vais pas avoir spécialement à mentir. Je serais juste comme un... Infiltré. » Elle le sentait hésitant, elle avait l’impression qu’en même temps de la convaincre, il se convainquait lui-même. Ce n’était pas une bonne chose, ça montrait bien que son plan n’était pas si parfait que ça. Plus il avançait dans son argumentation, plus Lucy se forgeait son impression et elle était mauvaise. Non elle ne validerait pas ce plan même si d’un côté ça la tuait un peu de ne pas le faire. « Qu'est-ce que tu en penses ? » Lucy attendit un peu avant de répondre. Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle ne savait pas trop par quoi commencer. « Non. » Un petit mot, trois simples lettres et c’est tout ce qu’elle avait pu dire. Ça manquait certes de développement mais c’était un début. Au moins elle avait dit quelque chose pour briser le silence, pour que Louis ne se désespère pas d’une réponse. « Tu peux pas faire ça Louis parce que t’es pas quelqu’un sans cœur, tu es bon et vrai, Louis. Ça te fera plus de mal qu’autre chose et je refuse que ça arrive. Tu n’as pas à toujours sacrifier tes sentiments, ta personne pour les autres. » Elle savait que Louis était comme ça, bien souvent il se pliait en quatre pour ceux qu’il aimait au détriment de ce que lui pouvait ressentir. Il était comme ça, bien trop bon et gentil. Elle, elle était beaucoup plus égoïste que lui. Oui, elle ne pouvait le nier. De toute façon elle acceptait la défaite. Mais elle ne pouvait être en colère que l’une des bénéficiaires principales actuelles de toute cette bonté soit Cayrel Maléfique ! Non, Lucy ne pouvait pas mettre de côté ses sentiments négatifs envers la jeune femme. Elle persisterait à dire que c’était une pourriture – et excusez l’expression – mais ça la faisait vraiment chier tout ça. « Je la déteste tu sais ! » Bien sûr qu’il le savait mais ce n’était pas exactement ce qu’elle voulait lui dire, lui faire comprendre. Cependant le rappeler ce n’était pas forcément une mauvaise chose… « Ce que je veux dire par-là c’est que je ne pourrais très certainement jamais t’encourager dans cette relation ! Non et tu me connais je ne fais pas semblant, je dis les choses telles que je les ressens. Je pense que c’est mieux que tu saches clairement ce que je pense. A mes yeux, c’est plus respectueux que si je te disais ce que tu voudrais entendre. » Lucy et sa franchise légendaire, Louis était le premier à en faire les frais même si l’expression était un peu trop négative. Ce n’était pas si terrible… Si ? « C’est toujours une incompréhension pour moi, cette « affection » que tu lui portes mais, et j’y crois pas que je vais dire ça, t’as l’air de beaucoup l’apprécier, je peux pas changer ça. Franchement dans un sens ça craint mais j’imagine que c’est encore une leçon de la vie comme dirait si bien mon père. » La vie était nulle des fois mais fallait bien faire avec, non ? Toute manière c’est pas comme si elle avait le choix, là ! Non elle l’avait pas !