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 Time to face the truth ◓ Leff(e)

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E. Jeff Blevins


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MessageSujet: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptyJeu 27 Mar - 17:10

Sans même avoir touché son assiette, Jefferson laisse retomber sa fourchette. Rien à faire l’appétit ne vient pas. Est-ce le résultat de sa cuite d’hier ? De son état de fatigue générale ? Il ne saurait l’expliquer même s’il le souhaitait. Le ciel commence seulement à s’obscurcir. D’ordinaire il se serait rendu aux Trois Balais mais après ce qui s’est passé la veille… Il n’en a que de vagues souvenirs, mais il se souvient ne pas avoir été aussi minable depuis quelques semaines. Il n’a pas envie de faire face aux regards désapprobateurs des autres clients ou des barmans. Machinalement il se dirige vers son placard et tend la main vers la bouteille presque terminée de pur-feu. Il s’arrête pourtant dans son élan. Son bras est étiré et les doigts se resserrent autour du magnum. Il sait qu’il ne doit pas, il sait qu’il n’en a pas besoin. Et pourtant il se retrouve à fermer la porte du cabinet et se rasseoir sur son canapé-lit, à observer le liquide ambré qui tangue dans le récipient. Il entend sa conscience lui crier dessus, lui dire de faire machine-arrière. De trouver quelque chose de plus sain à faire. Dormir par exemple. A force d’enchaîner les shifts et ses sorties au bar, son corps est à deux doigts de le lâcher. Il sait qu’il est épuisé mais devine également que s’il se contente de s’allonger sur son lit le sommeil ne viendra pas le trouver. Comme d’habitude ses pensées dériveront vers Liam ou vers Eleanor. Deux obsessions qui le tourmentent et qu’il supprime en tuant ses neurones à coup de whisky. Solution facile et pathétique. Pathétique. Il essaie de se répéter le mot en boucle dans sa tête afin de se convaincre de reposer la liqueur de là où elle vient, mais il n’a apparemment pas assez de volonté puisqu’il se retrouve à la déboucher et à verser le liquide dans le verre face à lui.

Un vent froid le fait frissonner et il ouvre ses yeux paniqués. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre qu’il est à nouveau devant l’appartement de Liam. Il est venu tellement de fois dans les parages qu’il s’agit presque comme de son propre chez lui. Il est une fois de plus sur ce banc, celui qui lui donne une vue impeccable sur la fenêtre sombre au travers de laquelle il avait l’habitude de le voir lui faire de grands signes pour l’inviter à entrer. Oui il sait où il est, mais il n’a aucune idée de la façon dont il est arrivé ici ou l’heure qu’il est. Probablement pas si tard que cela puisque les rues lui semblent toujours animées. Lourdement, il quitte sa position allongée ce qui lui cause instantanément une migraine à s’arracher les cheveux. Pathétique. Une fois de plus le mot résonne dans son crâne. Il ne saurait dire s’il est sobre ou soûl. Il laisse sa tête tomber sur son torse alors qu’il essaie de retrouver suffisamment de force pour rentrer chez lui et se coucher. Il est certain cette fois de pouvoir fermer les yeux et ne pas les rouvrir jusqu’au lendemain. Encore faudrait-il que ses pieds lui obéissent. Il se redresse et s’affale sur le dossier du banc tout en s’insultant à voix basse. « Putain. Non mais regarde-toi. De quoi t’as l’air. Tu crois que c’est comme ça que tout va s’arranger. Tu me dégoûtes mon vieux. » Il lui faut quelques secondes pour assimiler ses propres pensées. « Ouais. Je me dégoûte. » Ses yeux se ferment et il décide de compter jusqu’à cent. Une fois terminé il se lèvera, quittera le banc et laissera ses idées face à l’immeuble ou vivait son défunt-aîné. Il n’en est qu’à quarante-sept alors qu’un bruit de pas qui se rapproche le force à soulever une paupière. Il ne peut pas rester ici. On risquerait d’appeler la police moldue ou un truc de ce genre et dans son état il serait capable de se mettre à parler de mangemorts, de marque des ténèbres et de l’ordre du phénix. Il pousse sur ses bras et manque de trébucher alors qu’il se met debout. Sa vision est brouillée, son esprit est embrumé et malgré cela il se rend compte qu’il connaît cette silhouette qui s’approche. La chevelure plus exactement. D’un pas indécis il se dirige vers elle tout en fouillant dans sa mémoire son identité. Mais cela fait longtemps qu’il n’a pas entendu parler d’elle. Très longtemps. La dernière fois qu’il l’a aperçue, il ne connaissait même pas Ellie. (Dingue comme elle est devenue sa référence pour tout ce qui touche son existence soit dit en passant. ) Il la voit se reculer à son approche et se rend compte que le fait qu’il sente l’alcool à vingt mètres à la ronde et qu’il titube ne doit pas être récemment. Il s’arrête et essaie sans grand succès de tenir debout. L’interpelle ne pouvant faire mieux. « Pars pas ! C’est moi ! » Putain quel génie, genre elle va faire le rapprochement entre toi et le gosse qu’elle a vu à Poudlard avant de se faire expulsé. Vous ne vous parliez même pas à l’époque et elle n’a probablement jamais entendu le son de ta voix. Super Einstein. « C’est moi Jefferson. Le frère de Liam…. Tu… Tu étais son amie à Poudlard non ? » D’ordinaire tu aurais réfléchis d’avantage et réaliser que si elle est là, c’est qu’elle doit savoir où est-ce qu’il habitait mais il est évident que ça n’est pas ce soir que tu feras preuve de ce genre de logique.


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Dernière édition par E. Jeff Blevins le Jeu 17 Avr - 17:55, édité 1 fois
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Lou J. Stanhope

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MessageSujet: Re: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptyJeu 27 Mar - 21:27



Du napalm dans les veines.


Lou était allongée sur son canapé miteux, déchiré et délavé qu’elle avait pris le soin de recouvrir d’une large bande de tissu bordeaux. Elle avait pris l’habitude de cacher la misère qui élisait domicile depuis trop longtemps chez elle. En y réfléchissant bien, elle se demandait parfois pourquoi elle se donnait tant de mal. Elle n’avait jamais invité personne chez elle et ce n’était certainement pas prêt d’arriver. Du moins, quelqu’un aurait pu venir… Lui. Un soupire franchit doucement la barrière que formaient ses lèvres. Lentement, elle se recroquevilla sur elle-même, allongée sur le flanc et emmitouflée dans cette couverture si froide. Ses yeux clairs regardaient les volutes que formait la vapeur d’eau se dégageant de son thé posé là, juste devant elle, sur la table. Cela faisait des semaines qu’elle n’avait pas eu de ses nouvelles. Pas même une rencontre inopinée dans la rue, pas même un sourire échangé furtivement dans un transport en commun. Rien. Il semblait introuvable. Elle avait pourtant arpenté la ville entière, de jour, de nuit. Elle ne l’avait pas vu et à chaque fois qu’elle passait devant chez lui, la lumière était éteinte. Peut-être était-il parti en vacances, revoir son frère, quelque chose comme ca. Certainement. Ses yeux glissèrent vers son poignet orné d’un fin bracelet azure. Cette vision la fit sourire. Il était là, elle le savait. Il était avec elle malgré tout ce qu’ils pouvaient bien dire. Un jour, il serait devant cette grande porte à l’attendre. Ce n’était certainement qu’une question de jours. Petit à petit, elle s’endormit.

Le réveil fut difficile. Horriblement difficile. Les nuits blanches semblaient s’être accumulées pour venir l’assommer telle une massue. Les yeux encore embués, elle détailla la tasse de thé encore posée sur la table basse, désormais froid. Lou sortit contre son gré de sous sa couverture et se leva difficilement. Son dos et ses jambes étaient douloureux aujourd’hui. Elle avait l’affreuse impression d’avoir pris quarante ans dans les dents. L’horreur. Pour se réveiller complètement, elle attrapa la tasse et alla la vider dans l’évier. Il fallait qu’elle fasse quelques courses aujourd’hui ou elle n’aurait rien à manger ce soir. Et comme beaucoup de monde, elle n’aimait pas faire les courses. Chercher des heures dans les rayons, chercher, chercher, ne pas trouver, s’agacer, chercher. Abandonner. Attendre, attendre, attendre. Passer. Pas de sourire. A chaque passage en caisse, Lou se retenait de jeter ses céréales à la tête de la dame qui l’encaissait. Elle soupira rien qu’en y pensant. Elle se dirigea vers la salle de bain, se jurant de faire un détour par chez Liam sur le chemin du retour.

*

La jeune rousse avait froid. Ses mains étaient devenues blanches et ses jointures douloureuses. Pourtant, elle tenait fermement ces deux sacs de course. Elle ne pouvait pas les abandonner. Son autre main connaissait un autre sort. Elle était bien gentiment cachée au chaud dans la poche de son long imperméable. Son regard se porta sur le bâtiment qui lui faisait face et, à son plus grand désespoir, la fenêtre était horriblement sombre. Tant pis, elle n’allait pas partir sans avoir tenté. Prenant son courage à deux mains, elle enfouit son nez dans son écharpe et s’élança vers la porte d’entrée. Lou n’eut pas le temps d’arriver à son but. Interpelée, elle se retourna.

Un homme s’approcha d’elle. Enfin… un homme… un déchet alcoolisé plutôt. Méfiante, elle recula. Ce visage lui disait vaguement quelque chose. Un lointain souvenir flottait en elle, un souvenir qu’elle n’arrivait pas à resituer. Lorsque l’homme déclina son identité, tout lui revint rapidement en mémoire. Jefferson, oui, le frère de Liam. Elle l’avait croisé, rarement, à Poudlard. Ils ne s’étaient presque voire jamais parlés. Liam lui parlait de temps en temps de lui mais sans plus. Elle avait rapidement compris que sa condition de née-moldue leur causerait des ennuis si c’était amené à se savoir. Comme depuis toujours, c’était elle qui posait problème. Néanmoins, elle tiqua sur la question de Jefferson. Son amie ? Elle ne savait pas si Liam la considérait comme amie ou.. en fait, elle ne savait pas vraiment ce qu’il pensait d’elle. Du moins, à Poudlard. Maintenant qu’ils étaient à Londres, Lou était quasiment certaine que c’était un ami. Un vrai. Pourtant, elle acquiesça. Rapidement, elle fit glisser la hanse de ses sacs dans le pli de son coude et se dirigea vers Jeff. Il ne semblait pas dans son assiette, vraiment pas. Arrivée à sa hauteur, elle lui proposa son aide. Elle ne pouvait pas le forcer, c’était à lui de décider. Travaillant dans un bar, elle avait l’habitude de l’alcool et de ses effets. Son expérience lui avait bien appris à ne pas contrarier une personne alcoolisée.

« Qu’est ce qu’il t’arrive Jeff ? » dit-elle en planta son regard dans le sien, fuyant. « Hé, Jeff. Hé, regarde-moi. Regarde-moi ! Je peux faire quelque chose ? »

Cet état n’était pas normal. Liam ne lui avait jamais parlé d’un petit frère alcoolique. En soirée peut-être, mais pas à cette heure-ci ! Elle allait certainement se prendre un vent monumental mais elle tenta, elle glissa son épaule sous celle du garçon pour le soutenir. Elle ne pouvait pas le laisser ainsi, pas lui.



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E. Jeff Blevins


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MessageSujet: Re: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptyJeu 3 Avr - 16:47

Il lui faut quelques secondes avant de réaliser les mots qui sont sortis de sa bouche. A peine deux minutes plus tôt il s’inquiétait de parler de mangemorts à des moldus et voilà qu’il vient d’évoquer Poudlard à cette nana. D’accord elle a une couleur de cheveux assez atypique, est plus rousse que tous les Weasley réunis, d’accord il est à quatre-vingt-dix pour cent certain qu’il s’agit de cette née-moldue avec qui son frère trainait constamment ; mais… Et si ce n’est pas elle ? Putain, il est dans de beaux draps. C’est certain qu’il n’est pas capable d’effectuer un oubliette proprement et il ne souhaite pas risquer la santé mentale d’une innocente. Il n’est pas non plus en état de trouver un moyen de faire passer l’école de sorcellerie pour un truc moldu. Merde quoi ! Il a vraiment le don de tout foirer et de se foutre dans la mouise. Il regrette de ne pas avoir écouté sa conscience, de ne pas avoir remis cette bouteille de pur-feu dans le placard, de ne pas être allé se coucher sagement. Les pires scénarios se mettent à défiler dans sa tête et sa paranoïa atteint son apogée. Il se met à regarder au-dessus de son épaule, certain qu’un des sbires de face de serpent va venir l’arrêter pour avoir osé parler de leur monde soi-disant supérieur à un sang-pouvoir. Lui qui pensait devenir un dur à cuire se rend compte qu’il est toujours cette chiffe-molle qui se cachait derrière son frère lorsqu’un obscur se trouvait dans les parages. Pathétique. Ouais, il était décidément pathétique jusqu’au bout de la baguette. Fort heureusement pour lui, il semble qu’il ait vu juste. La voilà qui se rapproche de lui et pour être honnête même l’âme la plus charitable de Londres le fuirait s’il n’était qu’un simple inconnu. Il faisait presque peur à voir. Un corps vide, un zombie ambulant. Nauséabond de surcroit. Son prénom s’écharpe des lèvres emmitouflées dans l’écharpe. C’est elle, c’est bien elle. Par contre son identité lui échappe totalement. Il s’en serait probablement souvenu s’il n’était pas si amoché. Merlin qu’il doit faire pitié, une honte violente le prend alors qu’elle lui propose doucement de l’aider. Il se sent stupide. Non, il se sent con. Très con. Si d’ordinaire cela ne le gêne pas de se donner en spectacle, si l’avis des autres est le cadet de ses soucis, en cette soirée ce n’est pas le cas. Il aimerait pouvoir tenir droit, marcher par lui-même jusqu’au banc sur lequel il décuvait quelque minutes auparavant mais il en est incapable et s’appuie sur son épaule, lui montre qu’il souhaite s’asseoir.

Il ne sait par quel miracle elle parvient à le soutenir, comment avec sa frêle carrure elle est capable de supporter son poids, mais le fait est qu’elle parvient à les guider jusqu’à la place qu’il vient de quitter. A peine assis, à peine soulagé de l’épreuve physique qu’était de garder son équilibre, il se met à pleurer. A nouveau ? Ouais il a certainement chialé en se bourrant la gueule. Il essaie de se ressaisir, de parler mais à chaque fois que sa bouche s’ouvre un nouveau sanglot lui échappe. Il s’étonne de la voir aussi patiente, de garder le silence et ne manque pas de l’apprécier. Contrairement à ses parents, contrairement à Eleanor, contrairement à Aleksander elle ne cherche pas à lui tirer les vers du nez et par Morgane, ça fait du bien. Tellement du bien que cela lui donne à dire vrai l’envie de se confesser, de lâcher tout ce qu’il a sur le cœur depuis juillet dernier. Ce qui est surprenant. Après tout il ne la connait même pas, ne se rappelle pas de son prénom. C’est d’un égoïsme profond et il le sait, mais il en a besoin. Et c’est le moment, l’endroit parfait. Il n’y a que très peu de chances qu’il soit surveillé ici, chez les moldus. Qui se douterait qu’il retrouverait une ancienne camarade avec laquelle il n’a aucune attache. Avec laquelle il n’a plus aucune attache. Il ne lui faut pas longtemps pour peser le pour et le contre. Il prend quelques profondes inspirations et sèche ses larmes de sa manche. « Je suis désolé. Je ne m’attendais pas à tomber sur quelqu’un que je connais ici. Tu dois me trouver bien pitoyable. » Se forçant à ne pas croiser le regard de la rousse alors qu’il relève la tête,  un détail attire son attention, un détail auquel il n’a pas songé. Le soleil l’éblouit et il sait parfaitement qu’ils sont face à l’est vu le nombre de fois où les rayons ont chauffé son dos alors qu’il quittait l’appartement de Liam au petit matin pour se rendre à Sainte-Mangouste. Il a passé la nuit dehors. De mieux en mieux. «Merde je suis pas en état d’aller bosser. Je suis vraiment une loque putain… pardon. Je ne voulais pas dire putain, ou merde, c’est juste que… » Il prend une nouvelle inspiration, expire et tourne enfin sa tête afin de faire face à son interlocutrice. « Je crois bien que depuis l’enterrement je suis complètement paumé. » Et apparemment il n’y a pas que lui, sa vision a beau ne pas être au plus haut de ses capacités il croit bien voir la confusion naître sur le visage de la rousse.


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Lou J. Stanhope

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MessageSujet: Re: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptyMer 9 Avr - 6:48

En une infime fraction de seconde, Jeff s’était transformé en une fontaine ambulante. Les larmes qui coulaient de ses yeux semblaient intarissables et créaient des volutes vaporeuses dans cette froideur qui s’était répandue sur la ville. Le cœur de la jeune femme se serra à la vue de cette âme en peine et elle tenta de ne pas passer de l’autre côté de la barrière. C’était plus fort qu’elle, à chaque fois qu’elle voyait quelqu’un pleurer, son cœur se pinçait douloureusement et les larmes lui montaient aux yeux. C’était paradoxal puisqu’elle pleurait rarement pour elle. Dans toutes les épreuves qu’elle a traversé, Lou a toujours voulu cacher sa douleur et ses larmes sont bien souvent sagement restées dans ce lac lacrymal. Néanmoins, en ce qui concernait les autres… C’était une autre affaire. Et elle détestait ca. Elle devait rester forte, elle ne devait pas se laisser abattre ou même tenter d’apaiser leur chagrin du jeune homme en pleurant aussi. Parce que, de toute manière, ca ne fonctionnerait pas. Jeff était mal, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure et elle doutait que, elle, Lou, elle arriverait à le soulager de sa douleur en pleurant avec lui. Elle fut tentée de nombreuses fois de le prendre dans ses bras mais elle se résigna. L’alcool et la tristesse de Jeff mélangés ne la rassuraient pas. Elle ne le connaissait pas assez pour baisser totalement sa garde. La rousse laissa alors le silence régner en maitre sur les lieux. Seuls les claquements de talons sur le pavé résonnaient autour d’eux, seule la brise s’autorisait à craqueler dans l’espace, seules les feuilles se mouvaient encore avec aisance. Le reste semblait mort, vide, inerte, comme si la tristesse du petit frère Blevins avait étendu ses grandes mains à l’horizon, tissant une toile invisible de tristesse et de désespoir. Elle restait là, devant lui, silencieuse et protectrice, à l’écoute et alerte. Elle s’inquiétait pour lui, pour son état, pour le fait que Liam ne soit pas encore descendu le voir. Elle s’inquiétait pour Liam aussi. Décidément, les Blevins lui donnaient bien du fil à retordre.

« Je suis désolé. Je ne m’attendais pas à tomber sur quelqu’un que je connais ici. Tu dois me trouver bien pitoyable. » Un faible sourire se dessina sur le visage pâle de l’anglaise. Elle compatissait à sa peine et l’empathie qu’elle éprouvait rendait ses jambes cotonneuses. Doucement, elle s’assit à côté de lui et posa une main sur son épaule. Au fond d’elle-même, elle espérait que la chaleur de sa paume lui redonne un minimum d’espoir, niant le trouver pitoyable. Elle voulait lui montrer qu’elle était là, il semblait en avoir besoin, tellement besoin. Mais il ne la regarda pas le moins du monde et se remit à parler. Sa voix était chevrotante, mal assurée, enrouée et elle, elle ne pouvait rien y faire. Cette impuissance lui fit mal une nouvelle fois. Lorsqu’elle releva son visage, Jeff lui faisait face. Elle tenta de sourire et ce dernier se noya sous la tristesse de son interlocuteur. « Je crois bien que depuis l’enterrement je suis complètement paumé. » Stupéfaite, elle planta ses yeux clairs dans les siens. « Quel enterrement ? » Elle ne comprenait pas. Etait-ce son père ? Sa mère ? Lentement, son regard glissa vers la fenêtre de Liam. Pourquoi ne lui en avait-il pas parlé ? Pourquoi ne l’avait-il pas prévenu ? Elle ne comprenait pas. Lui qui était pourtant si proche d’elle ! Lui qui… Et elle comprit. Doucement, sa bouche rosée s’entrouvrit alors que son regard ne quittait pas le monstre de pierres qui leur faisait face. Ce n’était pas possible. Ni une ni deux, elle se releva dans un bond et fit face au petit frère. Elle posa ses deux mains sur ses épaules en se penchant vers lui et le fixa. « Me dis pas que… »

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E. Jeff Blevins


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MessageSujet: Re: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptyJeu 24 Avr - 16:34

Lou J. Santhrope ∞ E. Jeff Blevins
Il ne doit pas se passer plus de trois secondes avant que son interlocutrice ne se mette à parler, mais ces trois secondes ont une sensation d’éternité. Leurs regards sont accrochés. Le sien est probablement vitreux à cause de ses larmes et de la dose conséquente d’alcool qu’il a ingurgité la veille, celui de la jeune femme est vif, tremblant, écarquillé. Il ne met pas longtemps avant de comprendre qu’elle ignore tout, il le sait avant même que la question n’échappe de lèvres de l’ancienne sorcière. Il ferme les yeux. Il n’est pas prêt à faire cela. Il n’est pas en état d’annoncer à quelqu’un d’autre qu’il est parti. Il n’en a pas la force. Lui-même n’a toujours pas digéré ce qu’il s’est passé et ne peut faire face à la réalité sans l’aide d’une bouteille de pur-feu. Et maintenant…. Et maintenant il est sensé délivrer le message à quelqu’un d’autre ? Faire passer son fardeau ? Se montrer suffisamment fort parce qu’elle aura d’avantage de raisons de s’écrouler que lui ? Il ne peut pas. Il ne peut pas. Il baisse le visage, déterminé à ne pas la regarder dans les yeux. Il souhaite ardemment pouvoir transplaner en cet instant, disparaître et ne pas avoir à faire face aux responsabilités qui viennent de lui être imposées. Il se rend cependant rapidement compte qu’il n’a pas le choix. Qu’il n’a aucune échappatoire à l’horizon. Il sent les mains qui se posent sur ses épaules et il sait qu’il doit à nouveau affronter la lumière du jour qui se lève, le regard clair de la rousse qui l’a aidé il y a quelques minutes et réconforté grâce à de simples gestes et un silence reposant. Il s’exécute, lit le fol espoir dans les pupilles qui lui font face. Le même espoir qui l’a habité jusqu’à qu’il ait vu les restes de son frère, son visage tuméfié et pâle. Rien qu’à se remémorer cet instant, une envie de vomir le prend. Il repousse brusquement son interlocutrice avant de lâcher ses tripes sur le sol. Une fois, deux fois. Il relève sa tête et inspire. Il la sent s’approcher et lui fait signe de rester encore à l’écart. Trois fois. Sa gorge le brûle et il ne s’est pas senti aussi mal depuis des semaines. Il referme ses yeux et reprend son calme. Son estomac est vide et avec un peu de chance, les crampes qui continuent de le pousser à  régurgiter vont s’arrêter. Mais l’odeur qui s’échappe de la flaque à ses pieds ne l’aide pas. « Préviens-moi si quelqu’un arrive. » Devant son incompréhension, il lui montre la baguette cachée dans sa manche et dès qu’ils sont certains que personne n’est dans les parages, il prononce un léger récurvite. Certes, le sol est toujours humide, mais l’air se fait plus respirable. « Lou… » Ah tiens ! Il se souvient de son prénom. A croire qu’avoir rendu tout cet alcool vient de rendre son esprit plus prompt à fonctionner. Le visage de la rousse se tourne vers lui et il plante son regard désormais déterminé dans le sien avant d’expirer. Fin prêt à prendre la situation en main. « Je suis désolé. Liam est mort l’été dernier. »

Il hésite quelques instants, se demande s’il doit se lever et aller la retrouver, la serrer dans ses bras. Son haleine, plus nauséabonde que jamais, doit se marier avec horreur avec celle qui s’échappe de lui et de ses vêtements. Mais il sait que c’est la chose à faire. Elle n’a pas bougé, pas dis un mot, probablement en état de choc. Jefferson se demande brièvement si elle était proche de son frère. A quel point. En quelques pas il l’a rejointe et lui serre la main d’un geste compatissant. Il ne sait d’où lui vient cette force de caractère, cette volonté mais il ne la discute pas et la laisse prendre contrôle de lui. « Ils vont payer, je vais retrouver les salops qui l’ont tué et leur infliger ce qu’ils lui ont fait subir mille fois plus violemment. Je me le suis promis et désormais je te le promets. Je ne sais pas à quel point toi et Liam étaient liés, si cela te soulage de le savoir, mais il sera vengé. Peu importe ce que cela me coûte.» Il lâche sa main et s’éloigne de quelques pas, afin de lui laisser suffisamment d’espace pour assimiler la nouvelle mais également pour ne pas imposer sa puanteur à ses narines. Il ne sait quoi dire d’autre ou que faire mais finalement devoir s’affirmer et agir en homme fort l’a fait sortir de sa léthargie. Il commence à se rendre que depuis l’été dernier il ne fait que ruminer sa vengeance mais ne fait rien. Il se contente de boire, de supprimer sa colère à coup de verre de whisky. Il n’a rien fait pour tenir la promesse qu’il s’est faite, mais cela va changer.
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Lou J. Stanhope

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MessageSujet: Re: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptyVen 4 Juil - 22:57

Ce visage… Elle l’avait vu de nombreuses fois. De trop nombreuses fois. La peinture et les rayures que vomissaient la tristesse et la douleur, ancrées avec hargne dans la chair, elle les connaissait. Des traits tirés, maltraités et grossiers qui dressaient un tableau chaotique d’une humanité en voie de disparition, d’une lueur prenant congé. Aucun mot, aucune larme, aucun cri ne pouvait exprimer correctement et avec la bonne intensité la douleur que cet être en face duquel elle se trouvait pouvait ressentir. Ses fines mains aveugles et tremblantes cherchaient vainement à partager son fardeau avec maladresse au fur et à mesure qu’elle comprenait que quelque chose l’avait touché. Une flèche tirée des cieux en plein cœur. Ce visage blessé, elle le détestait. Elle détestait que ses propres yeux puissent constater la peine qu’un individu pouvait ressentir, elle détestait se projeter à leur place pour tenter de partager leur peine, elle détestait savoir que là, bien enfoui, un cœur se fissurait et se brisait, morceau par morceau. Elle était témoin d’une mort lente, bien trop lente, d’une agonie corporelle et mentale. Ses pupilles balayaient celles de cet être achevé à la recherche d’une solution. Qu’importe ce qu’elle pourrait faire, elle le savait, elle n’échapperait pas à ce sentiment de compassion ni à cette douleur qui mordait doucement son propre cœur. Après avoir joué avec le temps, Jeff se décide enfin à la regarder. Ses yeux sont vides et cette vision horrifie la demoiselle. Ses yeux à elle vivent encore. Ils sont plein d’espoir, plein de projets et d’amour alors que ceux du jeune homme se meurent à petit feu. Elle le voit. Elle le comprend. L’inconcevable s’est produit. L’arrachement d’une étoile a été fait. Quelqu’un a commis l’irréparable et de là en découlent de lourdes conséquences. Lentement, le poison s’écoule de génération en génération, de bouche à oreille. Elle se répand comme la peste, cette nouvelle qu’on souhaiterait glisser sous le tapis. Un raz de marée qui allait tout dévaster sur son passage.

La rupture du contact entre ses mains et les épaules de Jeff ramena Lou à la réalité. Elle redressa prudemment son corps sans quitter cet homme des yeux. Cet homme qui extériorisait désormais son dégout. Prise au cœur, la jeune Anglaise recula d’un pas et porta le dos de sa main à son nez en détournant le regard. Elle essuya plusieurs hauts le cœur avant de pouvoir une nouvelle fois respirer normalement grâce à la présence d’esprit de cette âme en peine. Prudemment, ses yeux s’aventurèrent vers le chaos viscéral qui jonchait le sol avant de remonter vers le visage blafard de Jeff. L’une de ses mains se dirigea machinalement dans sa direction mais elle se stoppa bien rapidement lorsque les trois lettres qui composaient son prénom rompirent le silence. Son menton se releva vers la source sonore tandis que les battements de son cœur accéléraient dangereusement. Aucun son ne sortit de sa bouche, elle écoutait, elle attendait cette phrase qui la détruirait.

Liam est mort.
Liam est mort.
Liam est mort.

Ces onze lettres avaient claqué dans l’air. Menaçantes. Douloureuses. Meurtrières. Un ouragan déchainé qui emporta tout sur son passage, éteignit la flamme dans les yeux clairs de la belle rousse, glaça son cœur meurtri, vola la force du moindre de ses muscles. Sans même qu’elle ne s’en rende compte, ses frêles jambes se mirent à trembler, accablées par la soudaine lourdeur qu’elles se devaient de supporter, alors que son cœur, lui, lentement se fissurait. Sa vision se voila, se troubla. Les lignes, les contours, les couleurs se mélangèrent dans une cacophonie visuelle déconcertante. Une bulle se referma autour d’elle et emprisonna ses sentiments. Elle n’entendait plus rien à part sa respiration saccadée et les battements affolés de son propre cœur. Elle sentait son sang pulser dans sa carotide, noyer son cerveau et court-circuiter ses neurones. Elle le sentait brûler ses tissus, elle le sentait répandre ce poison, cette douleur abominable, jusqu’à la moindre parcelle de peau. Ses articulations étaient douloureusement verrouillées dans une position inconfortable comme si le temps s’était arrêté, comme si la Terre avait cessé de tourner. Le sablier géant avait suspendu le déversement de ses grains temporels et le vent l’avait accompagné. En quelques secondes, il s’était écroulé telle une feuille tombant d’un arbre. Elle ne comprenait plus. Elle refusait de comprendre.

Soudainement, quelque chose frôla ses doigts, un effleurement qui la ramena difficilement à la réalité. En peu de temps, elle suffoqua et paniqua. Les larmes lui montèrent aux yeux et ce fut la fin. Sa respira fut scandée par le hoquet des pleurs qui dévalaient désormais ses joues pales. Ses mains se mirent à trembler à l’unisson de ses jambes et ses doigts cherchèrent vainement à agripper la main de Jeff. Elle ne comprenait pas ce qu’il lui disait, ses paroles n’étaient que des sons incompréhensibles qui ne daignaient pas être déchiffrés par son cerveau. Lou distinguait difficilement ses lèvres bouger mais cela n’avait aucun sens pour elle. Plus rien n’avait de sens. Elle ne comprenait plus ce monde qui l’entourait. Ne comprenait plus ce qu’elle était. Ne comprenait plus pourquoi elle se battait. Et puis, il la lâcha. Paniquée, elle griffa le vide, chercha à nouveau cet appui qui la maintenait debout. Rien. Elle le voyait s’éloigner. Maladroitement, elle élança faiblement son bras vers lui mais ce geste attira son entière carcasse alors victime de la pesanteur. Elle piétina. Trébucha. S’écroula aux pieds de l’humanité. Elle avait mal. Horriblement mal. Cette douleur lancinante augmentait exponentiellement dans son corps, dans son esprit, et déformait les traits du visage humide de la jeune femme. Liam est mort. Lou se laissa totalement choir sur le sol, le regard perdu vers l’escalier qui menait vers l’ancien habitat de cet être qu’elle aimait tant. Lentement, maladroitement, difficilement, elle ramena ses genoux contre sa poitrine et ne bougea plus. Elle n’avait plus la force. Elle n’avait plus aucune force. Plus la force de se tenir debout, plus la force de retenir ses larmes, plus la forme de calmer son cœur, plus la force de se protéger, de respirer.

Le regard verrouillé sur ces marches cimentées, Lou se remémora alors les nombreux souvenirs de cet être qui venait de l’abandonner. Le monde n’existait plus, les gens n’existaient plus. Elle se fichait éperdument de ces gens qui passaient avec empressement et ralentissaient pour regarder l'étrange scène qui se déroulait en ce moment même. Plus rien ne comptait. Plus rien à part ce visage qui flottait encore nettement dans sa mémoire. Plus rien à part cette façade sombre qui renfermait certainement encore l’odeur de son bien aimé. Elle voulait y entrer, s’y réfugier, s’abandonner sous ses draps et s’y endormir. S’y endormir pour ne se réveiller que lorsque son corps et son cerveau auraient acceptés et digérés la nouvelle.

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MessageSujet: Re: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptyDim 24 Aoû - 4:52

Lou J. Santhrope ∞ E. Jeff Blevins
Etre fort, être l’homme de la situation. Cet effort ne lui a plus été demandé depuis bien des semaines maintenant. Il était plus facile de fuir la réalité, d’oublier par n’importe quel moyen. Depuis maintenant près de deux mois Jefferson s’est coupé du monde, a brillé par son absence psychique. Toutes ses journées n’ont été que remplies d’automatismes. Se lever, quitter son appartement, aller à Ste Mangouste. Remplir des papiers, parler avec des mots vides à ses patients. Le gallois a tout simplement cessé de vivre depuis que ces monstres vêtus de noir se sont présentés devant la porte de ses parents. Depuis qu’ils leur ont balancé la nouvelle sans aucun ménagement. Depuis ce jour il respire le whisky, avale la solitude, vit comme un fantôme. C’était tellement facile, presque reposant si l’on omet l’esprit torturé qu’il se trimballe au moindre de ses pas. Cependant il est désormais temps de se replonger dans la vie. Il doit prendre un grand souffle et ouvrir les yeux. Il sait que cela va être douloureux, encore d’avantage que tout ce qu’il a vécu. Il va devoir admettre que Liam est vraiment parti, il va devoir arrêter de se noyer dans l’alcool et de l’utiliser comme une gomme pouvant effacer le passé. Quoi qu’il fasse, peu importe à quel point il se mettra à frotter le papier de son existence il y aura toujours quelques traces qui subsisteront. Cette page de sa vie ne sera jamais réellement vierge. Liam a bien existé, il était bien le grand frère exceptionnel que tout être bon mérite d’avoir et il est bien mort. Devoir l’admettre lui paraît encore et toujours insurmontable. Il a envie de retrouver son chez-soi, son pur-feu, ses drogues. Il a envie de s’allonger et se laisser dériver encore quelques heures, quelques jours, quelques semaines. Mais il ne peut pas. Pas maintenant, pas en voyant à quel point la rousse devant lui est secouée par la nouvelle. Elle a désormais l’air aussi pitoyable que lui et parce qu’il sait à quel point il n’est pas sain de se laisser sombrer, il va prendre la situation en main. Il va au moins pour les prochaines minutes devenir l’adulte qu’il n’a jamais été. Il va prendre soin d’elle du mieux qu’il peut. Dans la mesure de ses moyens.

Il a beau vouloir faire de son mieux, il ne peut se résoudre à la regarder dans les yeux, à voir sa peine qui est un écho de la sienne. A moins que ce ne soit l’inverse. Il lui a suffi d’un simple échange pour qu’il se rende compte que la jeune femme est profondément attachée à Liam. Etait. Etait profondément attachée. On ne peut pas avoir de réels sentiments pour quelqu’un qui est mort n’est-ce pas ? Tout au plus une nostalgie de ces sentiments. Est-ce donc cela qui cause cette souffrance à la limite du surmontable ? Le fait de savoir qu’ils ne pourront plus jamais réellement aimer Liam ? Que ni l’un ni l’autre ne recevront son amour en échange ? C’est injuste. Injuste d’être là, dans le monde réel et laissé pour compte. Sans rien dire, le gallois s’assied face à la rousse qu’il n’a pas eu le réflexe de rattraper lorsqu’elle s’est écroulée au sol. Il lui a tendu la main mais a rapidement remarqué qu’elle s’enfermait dans une bulle qu’il ne pourrait percer. Elle réagissait exactement comme il l’avait fait après avoir laissé exploser sa rage et il ne pouvait lui en vouloir. Il lui avait bien fallu une semaine avant de quitter son lit, de se rendre à nouveau à Ste Mangouste et de se mélanger aux autres. Il comprenait mieux que personne son soudain besoin de solitude. Il y avait cependant une différence de taille. Alors que lui avait dû encaisser la nouvelle avec ses introvertis de parents pour seule compagnie, elle, était avec lui. Lui, qui est passé par cet état de choc violent, lui qui a touché le fond et commence enfin à griffer les parois qui l’entourent pour remonter à la surface. Il la voit s’éloigner de plus en plus et ne peut s’empêcher de remarquer les mains qui serrent ses jambes avec de plus en plus de force. Il ne peut pas la laisser emprunter ce chemin, il ne peut pas la laisser sombrer comme il a sombré. Jefferson tend son bras et serre doucement l’épaule de la jeune femme.  « Lou. Je sais que c’est dur à avaler mais tu ne peux pas t’effondrer de la sorte. Tu vois l’épave que je suis devenu. Tu ne veux pas devenir comme moi. Je ne sais pas si tu crois à ces histoires chrétiennes mais je suis persuadé qu’il nous regarde en ce moment. Tu crois qu’il a envie de te voir ainsi dans la rue. Non. Il te dirait de te secouer. Il te dirait que la vie doit continuer et que tu ne dois pas imiter son imbécile de frère. » Un nouveau relent secoue son estomac, il a beau avoir vomi plus d’une fois depuis la veille, il semblerait qu’il y ait toujours quelque chose à vider de son estomac. Trois grandes inspirations, qui pulsent également dans son crâne et intensifient la migraine qu’il se traîne depuis qu’il s’est réveillé sur le banc à côté de lui. « Concentres-toi Lou. Suis ses conseils. Devenir amorphe ne t’aidera pas et crois-moi j’ai essayé. Ça ne fait que rendre tout ça encore plus difficile à vivre. » Il ignore si ses paroles sont d’une quelconque aide. Si cela lui aurait été utile si Aemon ou Ellie lui avaient dit ce genre de choses. Peut-être. Probablement. Il l’espérait.  
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MessageSujet: Re: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptyJeu 11 Sep - 4:42

Le monde venait de s’écrouler. Son monde venait de s’écrouler. Fracturé. Explosé. Fragmenté en milliers de morceaux éparpillés sur le sol de l’humanité. Piétinés. Écrasés sans la moindre mégarde par les semelles usées des vies se tenant encore debout. Transportés. Loin. Horriblement loin. Aussi loin qu’il puisse désormais se trouver. Aussi loin qu’il puisse être d’elle. Et elle, elle, ne réalisait pas. Elle ne réalisait ce qu’elle venait d’apprendre. Tout ceci n’était qu’une farce. Une fichue farce qu’elle détestait. Elle ne voulait pas y croire. C’était impossible. Impossible. Impossible que cet homme qu’elle avait tant aimé se soit envolé en une fraction de seconde, impossible que leur avenir soit si brutalement barré, impossible qu’elle se retrouve seule. Impossible. Il devait y avoir une explication derrière tout ça, une raison qui aurait poussé Jeff à lui mentir. Mentir. Jeff n’avait pas menti. Ses entrailles, en tout cas, n’avaient pas menti. Elle le savait. Lentement, le regard de Lou se posa sur les feuilles mortes de cet escalier de béton que le vent balayait. Elles semblaient si fragiles loin de leur grand arbre protecteur. Elles semblaient si seules, si tristes. Condamnées. Sa propre muraille menaçait de s’effondrer. Elle aussi était condamnée. Elle était si frêle, si naïve, si douce, si jeune. Si seule face à un monde qui ne la comprenait pas. Si… vide.

Le corps de la jolie rousse était secoué de spasmes qu’elle ne contrôlait pas. Un séisme violent dans le sous-sol de son univers. Son corps tout entier tremblait sous la douleur et la tristesse que la nouvelle avait répandue en elle. La pesanteur elle-même était devenue insupportable. Elle se sentait lourde, tellement lourde que même allongée sur le sol, Lou ne se sentait pas mieux. Elle voulait partir, disparaitre à jamais dans une crevasse et que jamais, ô grand jamais, personne ne la retrouve. L’idée de pouvoir, de devoir, vivre sans jamais le revoir était inconcevable. Jamais elle n’arriverait à se relever, jamais. Le géant était à terre, fin de la partie, pas de balle de match. Au revoir. Son cœur meurtri vomissait de l’acide que ses larmes ne cessaient de tenter d’évacuer. Elle les sentait glisser le long de ses joues rosies par le froid et puis mourir sur le macadam. Mourir. Lou plissa le front et ses lèvres s’étirèrent en un rictus triste pour la énième fois. L’avalanche humide déferla une énième fois rendant ses yeux brûlants et sa tête douloureuse. En sentant la main de Jeff sur son épaule, Lou se recroquevilla un peu plus dans sa position de fœtus. Sa joue rappa le macadam qui laissa ses gravillons lui griffer la joue. Elle entendit au loin son prénom, déformé. C’était irréel. Elle ne l’entendait quasiment plus, là, enfermée dans sa bulle de tristesse. Elle ne le regardait pas. Ses yeux clairs étaient bloqués sur cette porte d’entrée et elle ne comptait pas détourner le regard. Pourtant, une bride filtra dans son palais de glace. Une phrase qui eut l’effet d’une bombe. « …. Suis ses conseils. … »

« Suivre ses conseils ? » Lou s’était relevée, difficilement, dans un état lamentable. Son bras tremblant éloigna avec fureur celui du jeune homme du mieux qu’il put. Qu’est ce qu’il en savait lui ? Qu’est ce qu’il pouvait bien savoir ?! « Suivre ses conseils ? » redit-elle avec rage, aveuglée par la tristesse. Elle savait qu’il tentait de la consoler mais elle, elle ne voulait pas. « Mais il est MORT ! MORT. » Mort. Elle était essoufflée, essoufflée par cette pesanteur qu’elle ne supportait plus, essoufflée par sa tristesse. Ses larmes se remirent à couler de plus belle. « Il est… m… il est mort Jeff… » Désespérée, Lou laissa retomber sa tête pour ne pas croiser le regard de celui qui voulait l’aider. La bouche pâteuse, elle murmura : « Ce n’est pas possible… » Qui donc pouvait accepter une nouvelle aussi atroce ? Qui ? Et puis qui sur cette foutue planète pouvait bien ôter la vie d’une personne aussi magnifique ? QUI ? Lou voulait hurler sa peine. Elle voulait crier au monde l’injustice de ces morts mais sa bouche refusait de s’ouvrir. Au fond, elle espérait vainement que Liam n’était pas mort. Une petite partie d’elle-même refusait de croire à cette tragédie. Une grande partie d’elle-même. Une trop grande partie. Prise d’un immense espoir, Lou se remit sur ses pieds, non sans manquer de retomber. Ses yeux clairs se plantèrent sur la lourde porte fermée. Peut-être que quelqu’un vivait encore derrière. Peut-être que Liam s’était tout simplement caché ici. Peut-être que… Peut-être qu’il n’était pas mort. Non, peut-être qu’il n’est pas mort !

Sans crier gare et n’écoutant que son cœur encore palpitant dans sa poitrine si frêle, les fines jambes de l’Anglaise se mirent à avancer en direction de l’appartement du Blevins. Il n’était pas mort. Non, il n’était pas mort. Son cœur s’accéléra animé par une vie qu’il croyait perdue. Les veines remplies d’adrénaline, la rousse marcha de plus en plus vite. Il n’était peut-être pas trop tard ! Sans s’en rendre compte, elle se mit à courir et bouscula au passage plusieurs personnes comme de vulgaires marionnettes. Bien vite, Lou fit face à cette grande porte qui l’empêchait de rentrer. Aveuglée par ses larmes, elle se mit à tambouriner frénétiquement sur la porte dans l’espoir que quelqu’un l’entende, dans l’espoir que Liam vienne lui ouvrir. Mais, bien sûr, personne n’ouvrait. Lou ne voulait pas réaliser, elle ne voulait pas que son cerveau connecte la cause et la conséquence qu’elle connaissait déjà. Elle tambourina de plus belles, ses deux poings frappant avec rage le bois vernis. « OUVRE ! » Ses paumes de main s’ouvrirent et vinrent frapper de plus belle le gardien des lieux. « OUVRE BORDEL ! » Lentement, le rythme de ses frappes ralentit jusqu’à s’éteindre. « Ouvre… » dit-elle, le visage ruisselant de larmes tranchantes comme des rasoirs. « Il faut que tu m’ouvres Liam… » Sa paume de main glissa maladroitement sur la surface vernie. Il ne pouvait pas être mort, non, il n’avait pas le droit ! Les yeux bouffis, le souffle court, la carcasse vide de la rousse se retourna vers Jeff qui l’avait probablement suivi. « Ouvre la porte…. S’il te plait Jeff. Ouvre-la. » Lou ne le regardait pas, elle n’en avait pas le courage. Se tenir debout et respirer lui demandaient déjà beaucoup trop d’efforts. « S’il te plait Jeff… » Souffla-t-elle dans un murmure. S’il ne l’avait pas suivi, elle le répèterait plus fort, elle le criait s’il le fallait. Il fallait qu’elle entre, elle avait BESOIN d’entrer dans ce fichu appartement. Lou espérait le trouver encore meublé, encore jonché d’affaires de son défunt bien aimé. Étouffée par les sanglots, elle réussit à sortir une dernière phrase. « J’ai besoin d’entrer Jeff… » Et il était le seul qui pouvait le faire. Elle n’avait plus de magie depuis longtemps et, à moins de passer par la fenêtre (chose dont elle était fortement capable), elle n’arriverait pas à ouvrir cette fichue porte.


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MessageSujet: Re: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptyLun 15 Sep - 22:01

Lou J. Santhrope ∞ E. Jeff Blevins
Trouver les mots justes était sa spécialité. A Poudlard l’une de ses rares qualités était de pouvoir désamorcer une querelle avec quelques paroles bien placées, de pouvoir réconforter quelqu’un en seulement quelques syllabes. Il n’y a pas à dire, cette faculté s’est envolée. Pourtant il pensait avoir fait mouche, avoir trouvé quoi dire pour faire sortir Lou de sa torpeur. Apparemment il est loin du compte. Il voit aisément que ses paroles ne la touchent pas, il se demande même si elle l’entend. Il s’est désormais accroupi face à elle, appliquant les bases de la pratique psychologie qu’il a dû étudier dans sa formation -à savoir se mettre au même niveau que son patient, ne pas le dominer afin d’instaurer une bulle de confiance-. Cependant, la brève satisfaction qu’il ressent pour avoir eu ce réflexe en dépit de sa gueule de bois s’envole aussitôt qu’elle se lève et le repousse le faisant ainsi tomber sur le sol. Il n’a visiblement pas autant décuvé qu’il ne le pensait et n’a pas retrouvé toute sa motricité. Elle est furieuse. Ça aussi il connaît la rage. Cette colère qui essaie de convaincre que la situation n’est pas réelle, cette aigreur qui permet de rester la tête hors de l’eau et qui maintient en vie. Une fois de plus il sait ce qu’elle ressent parce que lui-même est passé par là. Passe par là quotidiennement à dire vrai. Et comme elle le fait avec lui, elle passe ses nerfs sur la première personne qui est à sa portée. S’il n’avait pas connu lui-même ce qu’elle en train de vivre, nul doute qu’il aurait répondu, qu’il se serait également attaqué à elle. Mais il ne peut pas. Non mieux. Il ne veut pas. Comme quoi il commence petit à petit à regagner du self contrôle. Il la regarde, assis au sol, voyant que sa colère s’apaise petit à petit. Dans sa tête, Jefferson se dit qu’elle ne tardera pas à s’écrouler à nouveau. C’est souvent ce qu’il se passe lorsque l’on vit un ascenseur émotionnel. On passe de la passivité à l’activité extrême puis on s’essouffle à nouveau. Alors il attend. Il attend qu’elle se calme, qu’elle retrouve la lucidité qui l’a quittée avec une vitesse presque surprenante. Et puis il faut dire qu’il préfère rester au sol. Il est épuisé, tout son corps lui fait mal, et il a toujours la nausée. Voilà ce que c’est que de te mettre une murge et de dormir sur un banc comme un sans-abri Blevins. T’as que ce que tu mérites espèce de déchet. Occupé à s’insulter en patientant que l’orage ne s’en aille il ne comprend pas ce qui pique Lou, ne se met à réagir que lorsqu’elle est déjà partie comme une furie vers l’immeuble dans lequel il vivait. Il ne sait pas quoi faire, il ne sait pas comment réagir. S’il est parfaitement honnête avec lui-même il n’a aucune idée de ce qui gamberge dans le cerveau de la rousse. Littéralement et figurativement sur le cul, lorsque ses synapses se connectent enfin et qu’il se rend compte qu’une véritable tornade est en route, elle est d’ores et déjà en train de bousculer des londoniens qui sortent de l’édifice. Il ne va pas se mentir, la tentation de baisser les bras est grande, mais il sait qu’il détesterait si ses proches à lui agissaient aussi égoïstement. Il réfléchit quelques instants et pousse un juron en se levant avant de se lancer à la poursuite de Lou.

De justesse, il parvient à retenir la porte en verre qu’un des habitants a ouverte quelques secondes avant qu’il ne parvienne à hauteur de l’immeuble. Son estomac se serre, montrant son mécontentement suite à sa course trop rapide. Il n’a jamais été un sportif, et le fait d’avoir commencé un régime basé sur l’alcool et la nicotine ne l’a pas arrangé. Jefferson se courbe et reprend sa respiration, content que son frère ait décidé de vivre en rez-de-chaussée. De là où il est, il peut entendre les cris de la rousse, les coups secs et violents qu’elle porte contre la porte en bois de l’ancien appartement de son frère. Prenant un pas rapide et tentant d’oublier ses poumons en feu, le gallois rejoint Lou en quelques secondes. Elle ne se retourne pas, mais il sait qu’elle s’adresse à lui. Qu’elle souhaite l’impossible. Une vague d’émotion le prend sans prévenir. La dernière fois qu’il est entré dans le building, son frère était encore un des locataires. Physiquement, pas que sur le papier. Il n’est pas celui qui est venu collecter ses affaires et régler les histoires avec le propriétaire, il a laissé cela à ses parents, sachant qu’il n’aurait pas été assez maître de lui-même pour faire bonne figure. Il lui est extrêmement compliqué de se rappeler qu’il ne va ni ouvrir la porte ni arriver dans leur dos en vissant son dos sur le crâne pour leur montrer à quel point ils sont dérangés de s’afficher de la sorte en public. Il croit enfin comprendre que si pour lui, même s’il a vu le corps brûlé, détruit de son aîné, il est encore habité par ce fol espoir, Lou elle doit être persuadée qu’il est là.

Jefferson tend son bras pour essayer d’empêcher le poing rageur de la jeune femme de s’écraser une nouvelle fois contre la paroi en chêne mais abandonne vite l’idée. Avec ses muscles mous et son manque évident de force en cette matinée, c’est lui qui finirait blessé. Vouloir la raisonner ne sert à rien, il s’en est parfaitement rendu compte. Ce qu’il lui faut c’est une bonne douche froide. Trouver un moyen de la stopper. Il sait l’atout qu’il a comparé à elle, il sait ce qu’il pourrait faire. Mais il est au milieu d’un immeuble rempli de moldus et avec le boucan qu’elle fait, il est presque certain que d’ici une minute ou deux l’un d’eux viendra voir ce qu’il se passe. Le maléfice du saucisson est donc prohibé. Pourtant il faut qu’elle l’entende. Le cerveau embrûmé, il décide quand même d’essayer de l’atteindre avec les paroles, fautes d’autres idées. « Lou. Lou, retournes-toi. Ecoutes moi. » Comme il s’en doutait, il a un mur face à lui. Un mur fait de chair, d’os et de ressentiments. « Lou. » Mais elle ne s’arrête pas. Elle continue, et Jefferson aperçoit que ses mains commencent à saigner. Sa voix s’élève. Même plus forte qu’il ne le souhaite. Il hurle. « LOU ARRETES BORDEL ! T’ES EN TRAIN DE TE BLESSER ! » Elle lui tourne toujours le dos mais ses martellements ont stoppé. Il a beau ne pas être énervé, son ton est sec. « Il n’y a rien à faire okay ? Je ne peux RIEN faire. Il n’est plus là-dedans, il n’y a même plus un seul de ses meubles. Tout est chez mes parents. Tu ne retrouveras rien qui lui ait appartenu. Et de toute façon à quoi ça t’avancerai ? Tu veux un de ses t-shirts pour pleurer dedans ? Je t’en ramène un demain si tu veux. » Il pousse un soupir, souhaitant d’abord s’excuser de ses paroles qui comme toujours commencent à déraper puis se ravise. Peut-être que c’est ce qu’il lui fallait. Une bonne engueulade. Il n’en a pas eu lui. Il n’a eu que des mots compatissants, des phrases mielleuses et douces qui au final le mettaient hors de lui. C’est peut-être ce qu’il lui aurait fallu. Que quelqu’un le secoue. Il tend à nouveau son bras avec lenteur. « Laisse-moi voir tes main. Après tout je suis sensé être au boulot alors pourquoi pas donner des soins ici, ça me changera de l’atmosphère pourrie de Ste Mangouste. »

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MessageSujet: Re: Time to face the truth ◓ Leff(e)    Time to face the truth ◓ Leff(e)  EmptySam 18 Oct - 4:36

Brutalement, elle se retrouvait face à l’horreur de la réalité. Lentement, maladroitement, son cerveau raccrochait un à un les mots dans une cacophonie intellectuelle, créant des phrases incompréhensibles. Tout cela n’avait aucun sens. Debout face à cette porte définitivement close, son corps s’acharnait à obtenir l’impossible, le cœur décharné. Elle voulait le voir. Elle devait le voir. Son visage s’effaçait à chaque minute que le sablier égarait, rongeant un peu plus les murs de sa muraille. Il était trop jeune pour ça, trop jeune pour partir en un coup de baguette. Qu’avait-il fait pour mériter ça ? Qui, diable, se permettait de juger du droit de vie ou de mort d’un être aussi merveilleux ? Y’avait-il une personne assez juste sur cette terre pour avoir ce pouvoir ? Qui donc pouvait se placer à ce point au-dessus de leur tête ? Il ne pouvait pas partir, tout simplement. Pas maintenant. Pas avant qu’elle ne lui ait dit ce qu’elle avait sur le cœur. Pas avant que ces trois mots ne brûlent ses lèvres tremblantes et salées. Elle était désespérée. Perdue. Complètement désorientée. Son repère s’enfuyait à toute allure, il était bien loin maintenant. La rousse se fichait éperdument des passants curieux, des remarques, des regards, des interrogations. Plus rien ne comptait. Plus rien. Londres aurait pu brûler qu’elle ne l’aurait pas remarqué. Son être tout entier était dédié à l’acharnement de sa volonté. Ouvre. Elle voulait juste voir cette porte s’ouvrir, juste le voir, juste sentir ses bras la serrer contre lui. Ouvre. Sa voix devenue frêle et cassante de par ses pleurs s’échouait contre cette porte qu’elle maltraitait. Ouvre. Elle se déchirait, se texturisait de désillusion et d’amertume. Ouvre. Fissurée sous la tristesse, elle finirait par mettre un genou à terre.

Plus rien ne parvenait aux oreilles de la demoiselle et elle s’enfermait petit à petit dans sa folie, guidée par la douleur. Au loin, elle entendait des murmures, des bourdonnements parasites dont les échos irritaient ses tympans et son cœur saigné à vif. Et soudain, le tonnerre. Perturbée, l’anglaise cessa ses mouvements répétitifs et se tourna machinalement vers la source sonore. Vide. Elle était complètement vide. Sa vision s’accommoda difficilement aux traits de la personne qui se tenait face à elle. Les couleurs, les cheveux et puis les yeux, le nez, la bouche. Jeff. Elle eut un haut le cœur. Elle allait capituler sous la peine et sous cet étau imaginaire qui serrait de plus en plus ses côtes. Le monde tournait à l’envers et lui donnait la nausée. Haletante, Lou voyait ses lèvres bouger et tenta de se concentrer pour comprendre ce qu’il disait. Tenta. Aucun mot ne percuta dans sa matière grise. Aucun sauf l’ironie de ses dernières phrases sur un certain t-shirt qui eut l’effet d’une décharge électrique. Sans vraiment se contrôler, sa main teintée de rouge s’élança avec violence contre la joue de cette personne qui ne lui voulait pourtant que du bien. Un claquement. Sourd. Résonnant. Une chaleur s’empara de sa paume de main suivie de quelques picotements qui la ramenèrent à la réalité. Son cœur se serra, une nouvelle fois. Elle n’avait pas voulu ce qui venait de se passer. Gênée, elle laissa tomber ses bras le long de son corps en s’excusant. Elle était allée trop loin. Beaucoup trop loin. Pas d’émotions fortes avait-il dit. Pas d’émotions fortes où vous risqueriez de revoir toutes ces horribles choses, mademoiselle. Pouvait-on compter cela comme une émotion forte ? Suivez à la lettre mes prescriptions et tout se passera bien. Tout se passera bien. Sa tête rousse se tourna lentement vers la porte. Rien ne s’était bien passé. Rien. Ni pour elle, ni pour Jeff. Elle regarda ses propres mains avec peine. Sa peau était devenue d’un rouge éclatant et ses doigts tremblants, anesthésiés, étouffants la moindre douleur. Elle n’allait pas bien, pas bien du tout. Ni elle, ni lui. Lentement, son corps s’affaissa et elle se laissa choir sur le sol, le dos collé contre la porte. Elle tiqua en posant les mains sur le sol. « Comment c’est arrivé ?... » Murmura-t-elle, perdue dans les méandres de ses ressentiments. Tout ça était trop pour elle. Vraiment trop. Elle voyait ces gens marcher devant eux, les dépasser et s’en aller. Elle voyait le monde entrer et sortir de ce bâtiment de béton et de verre sans qu’aucun ne vienne supporter leur détresse. Tout le monde s’en fichait. Leur peine était étalée là, à leurs pieds, et eux la piétinaient. Au fond, c’était presque étonnant que personne n’ait eu la merveilleuse idée d’appeler la sécurité. Ce n’était pas plus mal. Lou n’était plus qu’un volcan. Un volcan bouillonnant. Une bombe à retardement qui n’attendait plus que quelqu’un lui marche dessus pour exploser et déferler sa colère, sa tristesse et sa peine. Elle était prête à frapper n’importe qui, prête à s’écorcher les mains, à se casser les os, à se déchirer les cordes vocales et les muscles pour crier au monde l’injustice de cette guerre de sorcellerie. Horriblement triste et révoltée. Secouée par la nouvelle. Choquée. Elle voulait se battre et en même temps se faire abattre. Elle voulait une chose et son contraire. Avancer et reculer. Se lever et disparaitre. Mais rien ne transparaissait de sa carcasse recroquevillée contre cette porte. Son corps lui-même ne savait pas quel ordre de son cerveau écouter.

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