I FOUND OUT NOTHING COMES WITHOUT A COST
AND LIFE IS JUST A GAME WE LOST

► vesper's goodbye, NJ& the administration.

Vous avez déjà eu l’impression de tout perdre en une fraction de seconde ? Avez-vous déjà eu besoin de vous remettre totalement en question ? De rechercher un autre sens à votre vie ? Est-ce que vous vous êtes déjà senti complètement creux, inutile, incapable, impuissant ? Avez-vous déjà ressenti le besoin de tout foutre en l’air, de vous enfuir de ce monde magique à la con, d’aller vivre seul dans la nature sans rien autour sauf des sangliers et ours des bois ? Avez-vous déjà eu envie d’être libre ? S’il avait été un peu plus fou, Seth se serait surement cassé d’ici, depuis le temps. Pourtant, il y a quelques mois, il avait été heureux, malgré ce climat de tension. Seth n’avait jamais été vraiment atteint jusqu’à ce jour par les problèmes politiques du monde magique.  Mais là, il avait juste passé les trois pires mois de son existence. Tout ça grâce aux querelles enfantines de deux camps qui se faisaient la guerre depuis plus d’une vingtaine d’année déjà. Aujourd’hui, Seth était tout sauf heureux. Il voulait fuir ses responsabilités, tout envoyer en l’air.

Seth passa sans soucis les grilles de Poudlard. Sa marque des ténèbres, qu’il avait rendu visible pour l’occasion, l’autorisait à pénétrer l’enceinte du château sans avoir besoin d’une autorisation écrite. Cependant, cela ne suffisait pas. Désormais, chaque adulte mettant les pieds à Poudlard se devait de faire un serment inviolable, pour jurer fidélité. Il était assez anxieux à ce sujet. Il avait rejoint assez récemment l’Ordre du Phénix, même s’il n’adhérait désormais plus à leurs idées. Tout ce qu’il voulait, c’était que ce camp disparaisse. Pas de quoi s’inquiéter… non ? Il se rendit au bureau du directeur, qui n’était autre que le Seigneur des Ténèbres en personne et toqua à sa porte. Ca en bouchait un coin, pas vrai ? Qui aurait cru que le plus grand mage noir de sa génération et de bien des précédentes déciderait d’occuper un poste aussi banal ? Il avait tout compris. Les enfants étaient la principale faiblesse des Hommes. S’il les détenait en otage, il avait un moyen de pression énorme sur le monde magique. C’était injuste, ça rendait Seth fou de rage, mais c’était ainsi. Il n’avait pas son mot à dire. En attendant leur majorité sorcière, ils étaient condamnés à être à la merci du Lord. Après, ils auraient deux solutions : se soumettre ou fuir. Vivre une vie de fugitif ou se laisser dominer. Il y avait après d’autres qui préféraient avoir un petit métier et vivre une vie tranquille, pépère. D’autres qui faisaient semblant, comme Seth mais qui s’en fichaient pas mal au fond. Tout bien réfléchi, ils étaient plus limités que jamais.

« Tiens donc, Seth Jackson. Je t’attendais. J’ai toujours aimé ton côté arrogant, un peu énigmatique et professionnel. Tu m’as souvent été d’une grande aide. Mais tu es loin d’être mon pion préféré. Après tout, mis à part le Lord is Watching You que tu tiens et ta marque des ténèbres… Tu ne m’as jamais montré à quel point tu me respectais. Je me trompe ? » Il sourit d’un air mauvais. « Je suppose que maintenant que ta femme a été tuée, les choses ont changé. C’est ce qu’on va vérifier. Donne ton bras à MacNair. » Seth tenta de rester impassible, malgré l’accélération évidente de son rythme cardiaque. Il salua MacNair d’un signe de tête puis s’exécuta.
« Tu dois jurer de pas porter atteinte au Seigneur des Ténèbres » Seth répondit sans plus hésiter. « Je jure de ne pas porter atteinte au Seigneur des Ténèbres » Il serra les dents. Il était profondément dégoûté des actes de cet… homme. Pouvait-on même appeler ça un homme ? Il s’abstint d’ajouter quoique ce soit tandis que la chaine rougeâtre d’enroulait autour de son bras.

« Tu dois jurer de pas divulguer d’informations concernant le Lord et les Mangemorts à l’Ordre du Phénix » Seth répondit en écho, et au fur et à mesure qu’il jurait, les chaines s’enroulaient autour de son bras, pour sceller un accord qu’il doutait tenir.

*
* *

Ce ne fut que lorsque Seth sortit qu’il put respirer normalement. Il tenta le bilan de ce qu’il venait de jurer dans son serment. Il avait coutume de passer entre les mailles du filet, mais là il ignorait ce qu’il pouvait se permettre ou non. Au moindre faux pas, il était cuit. Il ne voulait pas, tout comme ne pouvait pas mourir. Il avait une mission à accomplir. Il avait une femme qui ne pourrait pas le rejoindre dans l’au delà. Etait-ce, techniquement, trahir le Lord que de tenter de démanteler le camp Obscur ? Il ne se souvenait pas d’avoir juré de ne pas tenter de nuire à ses actions. Ce n’était pas comme s’il s’attaquait au Lord en lui-même. Il comptait seulement faire en sorte à ce qu’ils perdent peu à peu leurs moyens financiers, leur influence sur le monde magique comme moldu. Il n’oserait le défier en personne. Et puis, il faisait la même chose en parallèle avec le camp Résistant. Il n’était pas plus obscur que résistant. Seth soupira. Mille fois il avait du être sur le fil du rasoir, à jongler entre deux identités, deux personnages, deux manières de penser. Il avait toujours joué avec les mots, les promesses. Il s’était souvent fait plus d’ennemis que d’amis. C’était ça, son job. Mais aujourd’hui, ce serait mentir que d’avouer qu’il n’était pas un minimum inquiet de ce que pourrait lui couter ce serment. Tout bien réfléchi, il n’aurait pas du aller à Poudlard. Tout ça, c’était parce qu’on lui avait demandé de rédiger ce foutu article à propos de William Blake, le traitre décédé, et des autres envoyés à Azkaban. Il était censé faire un article peu glorieux sur ces personnes sur lesquelles « on ne pouvait décidément pas compter ». Quand il en aurait fini ici, sa prochaine destination serait Azkaban, où il rencontrerait en personne (tout en étant assisté, évidemment) les détenus. Cela ne lui faisait plus ni chaud ni froid, de savoir que des Résistants avaient été emprisonnés, torturés. Il n’avait nullement l’intention de les libérer. Quand il pensait à ce qu’on avait fait à Lara, il avait envie de les exécuter tous, un à un. L’Ordre du Phénix ne valait pas mieux que le Seigneur des Ténèbres et sa clique.

Seth descendit de multiples escaliers avant de toquer à la porte des cachots, où se déroulaient les cours de potions. « Excusez-moi Monsieur Yaxley, pourrais-je m’entretenir avec vous ? Il s’agit d’une requête du Lord » Preuve à l’appui, Seth tendit à Declan un parchemin signé de la main de Voldemort, qu’il lui avait fourni il y a une demi-heure de cela. Seth embrassa du regard la salle. Les élèves étaient occupés à fabriquer probablement un puissant poison. C’était fini le temps du Felix Felicis ou du Philtre de Confusion… Il croisa un regard puis un sourire qu’il ne connaissait que trop bien. Son cœur manqua un battement. Elle lui ressemblait tellement. Seth ne réagit pas, puis se tourna vers le professeur de Potions. « Veuillez m’excuser, vous êtes occupé. Ce n’est pas urgent, mais merci de me signaler lorsque vous aurez du temps pour quelques questions. » En voyant le sourcil haussé de Yaxley, Seth ajouta, pour le rassurer : « Rien de bien méchant, c’est au sujet des évènements précédents du château. On a besoin de témoignages pour le LIWY, le journal du Lord. » Declan semblait déjà mieux comprendre. « Si vous voulez bien m’attendre une petite heure dans mon bureau, j’ai bientôt fini mon cours avec ces bons à rien de Poufsouffle mais j’ai encore un groupe de Serdaigle turbulents d’ici cinq minutes. » Seth hocha la tête puis se retira en silence.

Il pénétra dans le bureau et s’installa sur la chaise des invités. Pour patienter il sortit de quoi lire à savoir quelques notes qu’il avait prises jusqu’à présent chez d’autres professeurs, surveillants ou autres puis d’autres journaux concurrents. Certes, le LIWY était un journal reconnu et encouragé par le Lord, mais ce n’était pas pour cela que la Gazette du Sorcier ou d’autres journaux avaient cessé d’exister. La censure était partout, mais ça n’empêchait pas aux gens d’écrire pour autant, même si les plumes à papotes et les nombreux contrôles déformaient l’information à volonté.

❝  J'ai rêvé de tant de choses, que demain soit meilleur qu'hier, moins pire qu'aujourd'hui, à la hauteur de mes prières. J'étais pleine de rêves, avec tant de doutes, mais peu de haine... Mais tout a basculé. ✖ SENJA

« Psssttt, Ken ? » murmura Nara doucement, en se penchant vers la paillasse voisine. Son meilleur ami lui jeta un coup d’œil en biais, surveillant de l'autre sa potion qu'il était en train de touiller, non sans difficulté d'ailleurs. « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? » Nara haussa un sourcil et lui montra d'un signe de tête son propre chaudron où sa potion avait pris brusquement une teinte verdâtre au lieu d'être bleue clair. « Qu'est-ce que je fais, ça va péter, je le sens ! Aide-moi ! » Kenneth regarda la jeune D'Alvarez et haussa les épaules. « Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise ?  Demande à quelqu'un d'autre que moi ! Je suis aussi nul que toi, voire plus ! La mienne ressemble à du ciment ! » Sans pouvoir s'en empêcher, la jeune espagnole rigola. Finalement, elle ne devait pas se plaindre, il y avait bien plus pire qu'elle. Il fallait dire que les deux jeunes compères n'étaient pas vraiment des as en potions, c'était même plutôt le contraire. Nara ne comptait plus les nombres d'heures de colle qu'elle avait obtenu grâce ou à cause de ses dons en potions, ou bien à cause de chaudrons explosés, ceux fondus, ceux ayant accueillis des substances douteuses et dures comme de la pierre. Mais souvent d'ailleurs, Ken l'accompagnait en retenue. « D'Alvarez, qu'est-ce qui vous fait rire ? La couleur de votre potion ou la retenue que j'ai prévu pour vous ce soir ? » demanda la voix froide du professeur Yaxley. Nara baissa aussitôt la tête, faisant preuve de respect. Merde. Et en voilà une de plus. Il fallait qu'elle arrête de laisser ses émotions la submerger durant les cours, cela ne lui attirait que des ennuis. Mais au moins, elle échappait au châtiment corporel aujourd'hui. Elle préférait mille fois récurer des chaudrons que de subir un seul doloris. Elle avait déjà pris suffisamment cher à son interrogatoire, et estimait en avoir eu assez jusqu'à la fin de sa septième année. « Rien, rien. » marmonna-t-elle doucement. Elle n'osait pas relever la tête car l'adulte qui se trouvait près d'elle lui donnait la chair de poule. Comme la plupart des professeurs de cette école d'ailleurs. Nara se replongea dans son livre de potions. Les examens étaient terminés depuis déjà quelques jours mais la jeune espagnole avait pas mal de retard et de lacunes à rattraper. Il était hors de question qu'elle échoue maintenant. Elle avait trop travaillé pour ça. Après sa rupture avec Albus, étrangement, la bibliothèque était devenue comme sa deuxième maison, alors elle espérait obtenir de bons résultats pour cette année. Et puis, elle avait hâte de rentrer chez elle. De revoir sa famille. Elle recevait de temps en temps des nouvelles de ses parents et de ses frères et sœurs par hibou mais ce n'était pas la même chose que de sentir la chaleur d'une étreinte, qu'entendre un rire cristallin, que de toucher les cheveux grisonnants de son père... Ils lui manquaient beaucoup trop. Pour quelqu'un comme Nara, qui avait toujours vécu dans un cocon familial détendu et chaleureux, les murs froids de Poudlard lui semblaient bien oppressants. Elle détestait la règle qui l'interdisait de rentrer chez elle durant l'été. Qu'est-ce que cela lui apportait au Lord de les garder au château pendant la saison chaude ? Certains disaient que c'était pour mieux les surveiller, pour les couper du monde extérieur, pour mieux les tenir, mieux les embobiner, mieux les endoctriner. Tout cela, c'était le discours des résistants. Les obscurs se contentaient d'hausser les épaules en disant que c'était comme ça. Le monde était régi par des lois que Nara ne trouvait pas toujours juste d'ailleurs. Mais bref. En tout cas, les vacances d'été lui paraissaient souvent bien longues, alors elle était presque ravie d'aller en cours de soutien. Ces cours organisés par certains professeurs étaient vraiment le bon moyen d'occuper ses journées et surtout de remonter le niveau catastrophique de certains élèves, dont Nara faisait souvent partie. Certes, elle travaillait, mais elle avait quand même des difficultés dans la plupart des matières, et notamment - surtout -, en potions. On toqua à la porte mais Nara était trop plongée dans les instructions de son manuel pour y prêter attention. 'Tournez pendant trois minutes dans le sens inverse des aiguilles d'une montre tout en ajoutant une racine d'asphodèle toutes les trente secondes'. Mince, cela faisait déjà quatre minutes. Elle arrêta de tourner, releva sa cuillère et croisa les bras. La texture de sa potion ressemblait vaguement à du béton. Comment réparer ça ? Peut-être rajouter un peu d'asphodèle ? Nara attrapa une racine. Elle allait la jeter dans son chaudron lorsqu'elle entendit une voix dire : « Excusez-moi Monsieur Yaxley, pourrais-je m’entretenir avec vous ? Il s’agit d’une requête du Lord »  Nara releva brusquement la tête et croisa le regard de son beau-frère. Tiens, que faisait-il ici ? Elle lui sourit doucement, il l'ignora. Nara haussa les sourcils. Depuis quand ne répondait-il pas à ses sourires ? « Veuillez m’excuser, vous êtes occupé. Ce n’est pas urgent, mais merci de me signaler lorsque vous aurez du temps pour quelques questions. Rien de bien méchant, c’est au sujet des événements précédents du château. On a besoin de témoignages pour le LIWY, le journal du Lord. »  Alors c'était pour ça. Nara se perdit dans ses pensées. Penser à Seth, c'était penser à Lara. Pour Nara, sa sœur, c'était toute sa vie. Elle avait toujours été là pour elle, malgré leur grande différence d'âge, elle avait su la réconforter dans les pires moments. C'est en voyant le mari de sa sœur qu'elle se rendit compte que cela faisait d'ailleurs quelques semaines qu'elle n'avait pas eu une lettre d'elle. Avec les examens, elle ne s'en était pas aperçu, c'était étrange. Leur dernier échange avait permis à Nara d'apprendre la naissance de la petite Lola. Cela lui avait mis du baume au cœur de voir la photo de ce petit bout de chou. Elle avait tellement hâte de la tenir dans ses bras... Encore un an à attendre. Après Poudlard, la jeune fille avait bien l'intention de rentrer dans son pays natal, l'Espagne. Néanmoins, elle savait qu'elle suivrait les traces de sa sœur aînée en gardant un pied en Angleterre. Lara n'avait pas pu, comme l'avaient fait Juan, Alejandro, Ernesto et Marco, reprendre une vie normale sur la péninsule ibérique. La rencontre avec Seth avait bousculé sa vie, et lorsqu'ils s'étaient mariés, cela avait mis un terme à son mal du pays. Nara savait qu'elle ne pourrait non plus laisser derrière elle tous les gens qu'elle avait rencontré ici : Kenneth, Maddison, Madelyn, Albus... « Si vous voulez bien m’attendre une petite heure dans mon bureau, j’ai bientôt fini mon cours avec ces bons à rien de Poufsouffle mais j’ai encore un groupe de Serdaigle turbulents d’ici cinq minutes. Elle regarda Seth, et elle eut soudainement très envie de lui parler. Il passait souvent à Poudlard, pour faire des interviews, la jeune espagnole en profitait toujours d'ailleurs pour prendre des nouvelles de Lara, et de toute la famille. Par procuration, il lui donnait de l'espoir. L'espoir de les retrouver bientôt. Et là, à cet instant, elle ressentait le besoin irrépressible d'en avoir. Yaxley avait un cours pendant une heure. Ce qui lui donnait largement le temps de discuter avec son beau-frère. Seth sortit et Nara n'attendait plus qu'une seule chose, que la cloche sonne enfin. Elle n'entendit même pas le professeur se plaindre de ses capacités ridicules en potion, digne d'un deuxième année selon lui. Elle écopa d'une deuxième heure de retenue, pour 'tuer le mal par le mal' il avait dit. Nara n'avait pas vraiment compris ce qu'il entendait par là.

La sonnerie annonçant la fin du cours retentit enfin, et Nara fut la première dehors. Et ensuite, elle attendit que la foule se dissipe, que les Serdaigle entrent dans la salle de classe pour pénétrer doucement dans le bureau du professeur. Elle espérait que Seth ne soit pas parti vagabonder dans le château ou pire, qu'un autre professeur soit déjà dans la pièce en train de discuter. Comment elle expliquerait sa présence ? Elle préféra arrêter de penser et agir à la place. Elle ouvrit la porte doucement, et entra. Seth était assis sur une chaise, plongé dans ses notes. « Alors, on dit même pas bonjour à sa belle-sœur préférée ? C'est pas très sympa ! » déclara-t-elle en souriant. Audacieuse, elle s'installa sur le bureau de son professeur et le regarda : « Oula, t'as l'air crevé toi, Lola vous fait la misère ? J'suis sûre qu'elle fait pas ses nuits, comme Lara, Maman racontait souvent qu'elle était la plus chiante d'entre nous tu sais ! Pourtant, Dieu sait à quel point je suis une grande dormeuse ! » Nara ferma les yeux, imaginant Seth en train de pouponner. Étrangement, cette situation lui parut presque grotesque. Elle ne doutait pas que sa sœur soit une bonne mère, elle avait toujours eu cet instinct avec les enfants et les nouveaux-nés, elle ne s'inquiétait pas pour elle. Mais pour Seth, ça devait être autre chose. Et puis, les hommes étaient moins doués avec les bébés, c'était bien connu. Comme Seth ne répondait pas, Nara réouvrit les yeux. Perplexe, elle le scruta attentivement. Elle avait l'impression que ses traits s'étaient durcis depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Cela remontait à quand déjà ? Quelques mois ? Quelques semaines ? Elle ne savait plus très bien. «  Qu'est-ce qu'il y a ? Quelque chose ne va pas ? T'es bizarre. »

I'm in the foreign state, my thoughts they've slipped away
my words are leaving me, they caught an airplane
because I thought of you, just for the thought of you
► wings, birdy

Seth relisait ses notes. Il était anxieux de n’avoir rien de bien intéressant à raconter dans le LIWY. William Blake avait bien caché son jeu, et peu de gens savaient des choses à son sujet, bien que beaucoup le soupçonnaient de traitrise. Et puis, Seth ne l’avait pas connu personnellement, et n’en avait jamais entendu parler avant son exécution…  Ce qui rendait la tâche encore plus ardue. Il espérait que Yaxley avait de quoi épaissir ses dossiers. Sinon, il allait devoir oublier la piste Blake et se renseigner au sujet du couple d’infirmier… Même s’il doutait également avoir de quoi faire un article. Ca s’annonçait mal pour lui, qui espérait remonter la pente après une petite baisse de productivité après le décès de sa femme.

Une petite voix, qu’il connaissait si bien, le tira de ses pensées : « Alors, on dit même pas bonjour à sa belle-sœur préférée ? C'est pas très sympa ! » Seth maudit intérieurement tous les gnomes possibles et imaginables. Naranja d’Alvarez. Une des deux petites sœurs de Lara… La plus agréable des deux, il fallait l’avouer. C’est pas vrai, c’est pas vrai. Il n’avait pas envie de parler de Lara,  de devoir la regarder dans le blanc des yeux en lui disant à quel point il était désolé. Il n’avait pas envie de parler avec elle de Lola. Il n’avait pas envie de parler avec elle de quoi que ce soit d’ailleurs. Il ne voulait pas même la voir. La voir ainsi, joviale et le radieuse lui rappelait douloureusement ce qu’il avait perdu avec Lara. Sa peau hâlée, ses lèvres sanguines, son regard charbon si mutin. Elle a l’air plutôt joviale, oui. Pour quelqu’un qui a perdu sa sœur il y a trois mois… Seth leva vers Nara des yeux dubitatifs. Elle avait l’air de s’être remise comme il faut du décès de sa sœur. C’était la première fois qu’il la voyait depuis plusieurs mois… La première fois, surtout, depuis la mort de Lara. Nara devait être comme sa sœur : courageuse, forte et optimiste. Elle n’avait pas dû la pleurer bien longtemps avant d’aller de l’avant. Il aurait pensé qu’elle aurait été réticente à l’idée de le voir mais non… En fait, Lara aurait réagi de la même manière. Elle serait allée voir son beau-frère pour le consoler. Mais peut-être pas de manière aussi… gaie et insouciante. C’était assez étrange. On aurait dit que rien ne s’était passé depuis leur dernière rencontre. «  Pardonne-moi mi cariña. » Dit-il simplement en esquissant un sourire en secouant légèrement la tête pour être poli.  «   Je n’allais pas interrompre Yaxley en plein cours, t’imagines bien ! » Nara, tout sourire, alla s’installer sur le bureau du professeur en question. Seth ne la freina pas dans son élan. Il avait pour habitude de s’introduire dans le bureau des professeurs, lui aussi, quand il était plus jeune et un peu moins sage… Et de faire bien plus que ça, en fait. Il avait fait les quatre cent coups, lui aussi, mais la plupart du temps c’était pour impressionner l’élue de son cœur… Il se souvenait un jour avoir dérobé de quoi fabriquer du Felix Felicis –afin d’avoir plus de chance avec Lara… potion qu’il avait bien évidemment raté. En regardant Nara, Seth ne put s’empêcher de penser encore qu’elle s’était drôlement bien remise de la mort de sa soeur. Le fait de voir Seth ne la rendait même pas un peu nostalgique ? Vraiment ? Peut-être ne réalisait-elle pas encore. «  Oula, t'as l'air crevé toi, Lola vous fait la misère ? J'suis sûre qu’elle fait pas ses nuits, comme Lara, Maman racontait souvent qu'elle était la plus chiante d'entre nous tu sais ! Pourtant, Dieu sait à quel point je suis une grande dormeuse ! » Seth resta interdit. Dès la première question il comprit l’horreur de la situation. Nara n’était pas au courant. Par Merlin, elle ne savait pas. Elle ignorait que sa sœur était morte. Qu’était-il censé faire ? Lui annoncer lui-même ? Pourquoi diable personne ne l’avait fait avant lui ? Ce n’était pas à lui de lui dire ça…  Mais il ne voulait pas lui mentir. Seth imaginait que les parents de Nara avaient volontairement épargné ce « détail » à Nara. Elle allait être majeure, nom d’un scrout à pétard ! Le temps des cachoteries était dépassé. Il sentait le poids des responsabilités lui peser. Elle avait aussi évoqué Lola, qui était un exemple de plus qui faisait ressurgir de plus belle la culpabilité de Seth. Il ne l’avait connu qu’une quinzaine de jours, et même si depuis il s’était rendu trois fois en Espagne pour la voir… cela ne suffisait pas. Il n’avait pas le temps de l’élever, de la câliner, de l’embrasser. Lara était furieuse, parce que c’était une des raisons pour lesquelles elle était restée sur Terre. Mais il n’avait pas vraiment eu le choix. La santé mentale de cet enfant en dépendait. C’était sérieux. Seth ne sut que répondre sur le coup, et le temps de trouver quoi dire, Nara avait déjà détecté son regard trouble, sa mine changée.  «  Qu'est-ce qu'il y a ? Quelque chose ne va pas ? T'es bizarre. »  Seth avait déjà arrêté depuis longtemps de regarder Nara dans les yeux. C’était tout simplement intenable de soutenir son regard, tout en sachant qu’elle ignorait quelque chose qui pourrait bien faire basculer le cours de sa vie à tout jamais. Il savait que Lara et Nara étaient plus que proches. Elles entretenaient une correspondance régulière, pas comme avec Anjelica, plus rebelle. Seth ferma les yeux, fort. Il tenait de se contrôler, de garder une voix neutre. Il ne devait pas se laisser abattre, surtout pas devant Nara. Il devait se montrer fort pour pouvoir la consoler. «  Lara n’est plus de ce monde. » Ca faisait toujours aussi mal de le dire. Ce n’était pas tout à fait vrai cependant. Elle n’avait pas encore regagné le monde des morts… S’il en existait un. Il gardait le regard fixé sur le sol. Il prit une grande inspiration. Nara ne semblait pas comprendre. Normal. Même quand Seth était tombé sur sa femme dans une mare de sang, le visage blanc et même lorsqu’il avait constaté que son pouls était inaudible… il avait persisté à vouloir entendre les battements de son cœur, l’oreille collée contre sa poitrine, et à lui murmurer des mots d’encouragement jusqu’à l’arrivée des urgences. Se résigner, accepter la réalité, réaliser que tout était bel et bien fini… Ce n’était pas si simple.

Seth ne pouvait pas rester assis, à attendre qu’après l’incrédulité, la frustration, se peigne sur son visage et que les larmes ne montent aux yeux de Nara. Il se souvint soudainement que Yaxley pouvait débarquer d’une minute à l’autre. Ce n’était pas le moment de tomber sur une jeune fille en deuil et un tonton déprimé. Il faisait décidément tout à l’envers. Il se leva, la fit doucement descendre de son perchoir et l’entraîna hors de la salle, tout en l’entourant de son bras et en la serrant par l’épaule. Ils marchèrent jusqu’à un couloir sombre, où les élèves devaient se faire rares.  Seth se positionna face à elle et la regarda gravement. «   J’ignorais que tu n’étais pas au courant. Désolé. » Il la serra contre lui. Il espérait que cette étreinte calmerait un tant soit peu son chagrin. Elle ne méritait pas de subir ça. Elle aurait besoin de réconfort. Seth n’en n’avait eu aucun, lui, mais il ne voulait pas que Nara vive la même chose. Il avait l’espoir que son petit ami (car il lui semblait, aux dernières nouvelles, qu’elle était en couple) l’aiderait à surmonter cette dure passe. Mais en attendant, il était là, lui, et il n’allait pas la laisser tomber. Cependant, il ne savait pas quoi dire pour la rassurer. Ce n’était pas la première fois qu’il annonçait la mort de sa femme, c’était un habitué… mais là c’était quand même à la sœur de la défunte qu’il s’adressait. Cela rendait la chose bien plus délicate. «  Lola va bien, ne t’en fais pas pour elle. Lola semblait rire aux éclats sur l’une d’entre elle. Il la tendit à Nara, et sur un ton légèrement optimiste il ajouta : «   Elle est heureuse, regarde. Elle ne souffrira jamais de l’absence de sa mère. Elle a tout ce dont elle a besoin en Espagne, avec Astrid. » Il ajouta, sans trop y croire de quoi pouvoir éventuellement la faire sourire : «  Elle fait ses nuits. C’est le rayon de soleil de la maison. Tes parents l’adorent. » Il savait que ça ne suffirait pas à effacer son chagrin. Il serait bien bête d’y croire. Mais parfois, c’était des petites nouvelles comme ça qui nous aidaient à mieux avancer. Réaliser que Lola était mieux en Espagne qu’à Londres l’avait énormément aidé à surmonter son absence, ainsi que celle -physique- de Lara.  Il appréhendait la réaction de Nara, mais il était prêt à l’accepter. Elle devait être loin d’imaginer que la venue de Seth bouleverserait sa vie.

❝  J'ai rêvé de tant de choses, que demain soit meilleur qu'hier, moins pire qu'aujourd'hui, à la hauteur de mes prières. J'étais pleine de rêves, avec tant de doutes, mais peu de haine... Mais tout a basculé. ✖ SENJA

Qu’est-ce qu’on s’ennuie quand on est en cours… Naranja était sur le point de bailler lorsqu’une silhouette familière l’avait tiré de son ennui mortel, de sa lassitude et de sa fatigue. On ne pouvait pas dire que le cours de potion était la matière préférée de la jeune espagnole… On pouvait même dire que c’était le contraire. Combien de fois elle s’était retrouvée en retenue à cause de ses résultats exécrables dans cette matière ? Combien de fois elle avait explosé son chaudron ou celui de son voisin ? En même temps, en ayant Ken comme binôme, ce n’était pas vraiment compliqué de rater ses potions parce qu’il était aussi doué qu’une bille en alchimie. Ils s’étaient bien trouvés ces deux-là en tout cas. Ensemble, ils étaient incroyablement nuls et formaient un duo de choc. Personne ne pouvait les battre sur ce terrain là. Bref. Maintenant que son beau frère était au château, elle n’avait plus qu’une envie, c’est de sortir pour le retrouver. L’excitation était à son comble et elle en avait conscience. Elle devenait nerveuse et se trompa dans les ingrédients. Elle récolta un piètre, mais elle s’en fichait. Peu importait désormais. Elle voulait juste parler avec Seth. Le reste avait bien peu d’importance à ses yeux. Lorsqu’elle ouvrit la porte, Seth eut l’air surpris de la voir. Qu’est-ce qu’il croyait ? Qu’elle allait faire comme si elle ne l’avait pas vu ou quoi ? Et le voir était l’excellent moyen de connaître un tas de détail sur la petite Lola, l’enfant qui avait une fois de plus agrandi la famille d’Alvarez. Et puis, même si Seth était mangemort, Nara l’avait toujours apprécié. Parfois, elle en oubliait même qu’il l’était, tellement il agissait de manière prévenante et douce avec elle. En réalité, elle avait toujours pensé au fin fond d’elle-même qu’il était une sorte d’espion résistant ou quelque chose dans le genre, car elle ne pouvait concevoir qu’il existait chez lui un quelconque once de méchanceté, mais surtout, elle ne pouvait admettre que Lara soit tombée amoureuse d’un meurtrier. C’était tout bonnement impossible car Lara était la bonté incarnée. Même si le vieil adage suggérait que les contraires s’attiraient, il ne pouvait en être de même pour ces deux-là. Lara lui disait souvent à quel point elle était heureuse d’avoir rencontré Seth. Elle avait même renoncé à l’Espagne pour lui. Il devait vraiment en valoir le coup.  «  Pardonne-moi mi cariña. » Un léger sourire s’installa sur les lèvres de son beau-frère. C’était toujours amusant d’entendre les anglais de souche s’essayaient à l’espagnol. Il y avait toujours dans leur voix cet accent so british qui faisait rire Nara, comme quand Ken tentait lui aussi quelques mots dans sa langue natale. Mais Seth comprenait et parlait parfaitement l’espagnol mesdames et monsieurs ! Franchement, un homme qui apprenait la langue maternelle de sa femme, n’était-ce pas mignon ? Nara trouvait en tout cas que c’était une belle preuve d’amour envers sa sœur. Et aussi qu’elle devait compter pour lui, car au point d’apprendre une langue rien que pour elle…  «   Je n’allais pas interrompre Yaxley en plein cours, t’imagines bien ! » Nara haussa les épaules en déclarant : « Sérieusement, ce n’est pas moi que ça aurait dérangé, bien au contraire ! Et puis, au moins, ça nous aurait mis un peu d’animations ! Ce n’est pas qu’on s’ennuie mais… Si, on s’ennuie, définitivement. Rien à dire là-dessus. » Nara ne put refréner un sourire. Cela lui faisait du bien d’être là, d’être avec lui, de lui parler. Mais à vrai, dire, elle avait l’impression que quelque chose n’allait pas. Elle s’en rendit encore plus compte lorsqu’elle parla de Lara et de Lola. Qu’avait-il ? Oh non. Nara comprit presque instantanément. Oh l’enfoiré. Le buffle. Il faisait un gosse à sa sœur et après il arrivait pas à assumer ? Ils s’étaient disputés et depuis il dormait sur le canapé ? OU pire, il l’avait quitté laissant Lara s’occuper de la petite toute seule ? Serrant les poings, Naranja décida de lui laisser une chance de s’expliquer. Après tout, elle était peut-être dans le faux. Mais que pouvait-il y avoir de pire que cela ? Lara était peut-être malade ? Non, c’était inconcevable, elle avait un système immunitaire en béton, de toute sa vie, elle n’avait jamais attrapé ne serait-ce qu’un simple petit rhume, même si le changement climatique entre l’Espagne et le Royaume-Uni était plutôt brutal. Peut-être était-ce Lola dans ce cas-là ? Un tas d’autres scénarios catastrophes germèrent dans son esprit, mais aucun ne semblait prévaloir sur un autre. Certains étaient davantage abracadabrant que d’autres, mais rien n’y faisait, elle n’arrivait pas à voir ce que son beau-frère lui cachait. En plus de cela, il avait fermé les yeux, rendant la lecture de son regard impossible pour la petite Poufsouffle.

Alors elle attendit, ne demandant rien d’autres. Qu’est-ce qui était grave à ce point pour qu’il se mette dans un état pareil ?  «  Lara n’est plus de ce monde. » Instinctivement, Nara lâcha un rire nerveux. « N’importe quoi, qu’est-ce que tu racontes ? » Elle le scruta, observant le sol. Il disait vraiment n’importe quoi. Et c’était vraiment nul. « Arrête, c’est vraiment pas drôle. » Puis elle comprit. C’était ça, la lueur triste dans ses yeux lorsqu’elle l’avait vu. C’était ça, la drôle d’attitude qu’il avait. C’était ça, son comportement plus qu’étrange. C’était ça, les cernes sous ses yeux. C’était ça, ses traits fatigués qui trahissaient la tristesse qui devait le ronger et l’habiter jour et nuit. C’était ça. Lara était morte. Les larmes ne vinrent pas tout de suite. Mais elles coulèrent rapidement quand Nara réalisa pleinement ce que cela signifiait. Lara était morte. Sa sœur était morte. Le monde s’écroulait subitement à ses pieds et rien n’avait plus de sens. Elle tenta plusieurs fois d’ouvrir la bouche, de bouger, mais elle n’y parvint pas. C’était impossible. Sa sœur était morte. « Mais… Mais… mais… je … » Les mots ne sortaient pas, trop choquée pour parler, elle s’effondra brusquement. Soudainement, elle sentit les bras de Seth la faire descendre du bureau de Yaxley et elle le laissa faire. Elle était déconnectée de la réalité, elle était dans un autre monde.Et définitivement, plus le même que celui de sa défunte sœur. Nara se retrouva dans un couloir sans savoir comment elle y était arrivée. Elle avait sans doute marché sans s’en rendre compte, son corps agissant comme un vulgaire automate. Seuls au monde, Seth s’arrêta devant elle, et la regarda les yeux dans les yeux, un air grave au visage.  «   J’ignorais que tu n’étais pas au courant. Désolé. » Il s’approcha d’elle, et l’enveloppa de ses bras. Nara s’accrocha soudainement à lui comme si sa vie en dépendait. Les perles salées continuaient de naître au creux de ses yeux, mais elle en avait que faire de pleurer devant lui, et même devant les autres d’ailleurs car la douleur qu’elle ressentait était indescriptible. Et elle avait besoin d’exprimer sa peine. Ses bras frêles serrèrent le buste de son beau-frère, comme pour partager son chagrin avec lui. Comment pouvait-il supporter cela ? Vivre chaque jour sans elle ? Nara eut soudainement envie de quitter ce monde à son tour. Elle n’avait franchement rien à y faire de toute manière. Le garçon qu’elle aimait l’avait quitté, sa sœur était décédée, Poudlard n’était pas l’école dont elle avait rêvée. Tout s’effondrait, tout s’écroulait. Sa vie était un immense champs de ruine et rien n’arriverait à la réconforter. Rien.  «  Lola va bien, ne t’en fais pas pour elle. » Elle releva la tête vers lui, et même si sa vue était brouillée par des larmes, elle le regarda et répéta : « Lola ? » Durant quelques minutes, elle l’avait totalement oublié. Comment avait-elle pu l’oublier ? Honteuse, elle baissa la tête face à son égoïsme affligeant. Comment pouvait-elle penser à elle-même alors que Lola avait perdu sa mère ? Alors que Seth avait perdu sa femme ? Elle se devait d'être là pour eux. Seth lui tendis une photo, la ramenant à la réalité. Naranja la regarda ce qui lui sembla des heures. Un magnifique bébé qui gazouillait. Elle semblait si heureuse. Mais elle ne le serait jamais. Il y aura toujours un vide dans son cœur, probablement le même que celui qui était en train de se former dans la poitrine de la jeune espagnole. «   Elle est heureuse, regarde. Elle ne souffrira jamais de l’absence de sa mère. Elle a tout ce dont elle a besoin en Espagne, avec Astrid.  Elle fait ses nuits. C’est le rayon de soleil de la maison. Tes parents l’adorent. » Elle garda le silence durant quelques instants. « Elle ne pourra jamais être pleinement heureuse. Il lui manquera toujours quelque chose. L'amour d'une mère. Rien ne pourra remplacer cela. » Après cela, Nara se tut et se perdit dans les souvenirs de son enfance. Ses parents avaient toujours été tout pour elle. Elle ignorait si elle serait devenue ce qu'elle était sans leur amour et leur bienveillance. Mais il y a demeurait des questions sans réponse. « Pourquoi tu ne la gardes pas avec toi ? » C'était une interrogation toute simple. Sa présence aurait pu pallier à l'absence de Lara pour lui. « Tu te sens pas apte de t'en occuper seul ? » Nara le scruta attentivement et posa sa tête sur son épaule. Lara lui manquait déjà beaucoup trop. Elle s'efforçait de ne plus y penser, d'oublier, mais c'était tout bonnement impossible. Elle avait l'impression qu'on lui arrachait une partie d'elle-même.  « Elle a trop besoin de toi Seth, fais pas ça. J't'en prie... Elle a déjà plus Lara, comment elle fera si elle ne t'a pas toi... S'il te plait, lui fais pas ça... » D'autres dizaines de questions demeuraient sans réponse, et Nara craignait d'affronter les explications que Seth lui fournirait. Mais elle devait savoir. Même si cela allait sans doute la blesser encore plus de savoir tout cela. Elle le devait, pour pouvoir répondre aux interrogations de sa soeur, quand elle lui annoncerait la nouvelle, à Esmeralda aussi... Pourquoi ne lui avait-on rien dit ? Quels mystères entouraient le décès de son aînée... Tout se mélangeait dans son esprit, et elle ne savait plus où elle en était. Sa vue toujours brouillée par les larmes, elle demanda d'une voix faible et chevrotante :  « Pourquoi ils m'ont rien dit les parents ? C'est quoi le problème ? Comment s'est arrivé ? Non j'suis pas sûre de vouloir savoir... putain... » Les sanglots la reprirent brusquement tandis que son esprit assimilait et encaissait le choc des récentes révélations de son beau-frère. Des spasmes et soubresauts attaquèrent son corps et son coeur meurtri par la douleur, et elle commença à trembler. Elle releva les yeux vers Seth et se jeta de nouveau dans ses bras.  « Comment on va faire pour vivre sans elle Seth, comment on va faire... c'est pas possible... » Les pleurs s'intensifièrent et rendaient ses paroles presque inaudibles, mais elle s'en fichait. Elle voulait juste que son beau frère l'aide à surmonter ça. Elle avait trop besoin de lui à ce moment précis. Plus rien ne serait jamais plus comme avant et ils le savaient tous les deux. Comment Seth pouvait-il remonter la pente après cela ? On lui avait arraché l'amour de sa vie, sa femme, la mère de son enfant. Et à Nara, on avait volé une soeur, une présence féminine indispensable dans sa vie, un guide, une confidente. Même si elle ne sortait plus avec Albus, elle envisagea une seconde apprendre sa mort, et elle sut immédiatement qu'elle n'aurait jamais réussir à s'en remettre. Comment surmonter ça ? Elle imaginait le gouffre qui avait du se créer dans le coeur de son beau-frère. Un gouffre insurmontable. Elle aurait voulu lui dire que tout allait bien aller, mais elle était elle-même trop inconsolable pour dire quoi que ce soit de réconfortant... Refaire sa vie sans elle ? Inconcevable. Jamais il ne pourrait trouver mieux qu'elle. Jamais.

Seth était désolé. Il savait qu’à la place de Nara il serait loin d’être content. Déjà du fait du décès mais… Le fait qu’on ne le lui ait pas annoncé, il aurait pris ça comme une trahison. Ce n’était pas à lui de le faire et pourtant il se voyait mal lui mentir. Ses beaux parents lui en voudraient sûrement. Pff. Ses beaux parents lui en voulaient de toute façon déjà pour plein de choses. C’était légitime que Nara sache. Elle ne pouvait pas vivre dans l’insouciance toute sa vie non plus.

Mais d’un côté, lui révéler qu’elle était morte… ce n’était même pas la vérité. Il n’avait avoué qu’à Tamara que sa femme était un fantôme, et ce uniquement parce que c’était sa psychologue et que bon, c’était bien son rôle de régler les problèmes des autres, en gros. Il n’était pas prêt à le révéler à qui que ce soit, même pas la famille de la défunte, malgré l’insistance de Lara. Et pourtant, oui, il faudrait bien qu’il le fasse un jour où l’autre. Il n’était pas mieux que ses beaux parents, au fond. Il se bornait à cacher la vérité, pour le « bien » des autres. Mais qu’est-ce qu’il en savait, au fond, que de découvrir que Lara était un fantôme ne leur ferait pas de bien ? La vérité, c’était juste qu’il n’était pas encore prêt à assumer tout ça… et qu’il doutait clairement l’être un jour.

Voir la surprise, la stupéfaction, le chagrin puis les larmes animer son visage fut si dur qu’il lui fallut détourner le regard. Ce fut un vain espoir que de tenter de lui montrer une photo d’elle pour lui prouver qu’il restait une lumière dans la vie de cette famille d’Alvarez, qui avait désormais un petit enfant à chérir pour combler le vide d’une fille partie trop jeune.

Seth qui avait toujours eu une relation fusionnelle avec sa mère, sans pour autant être très communicative, pouvait comprendre les arguments de Nara. Des grands parents, aussi aimants qu’ils puissent l’être, ce n’était pas des parents. Il y aurait toujours un manque dans sa vie. Elle en voudra plus tard à Seth de l’avoir abandonné, de ne pas avoir pris de son temps pour l’élever. Mais lui n’était pas très famille. Sa relation mitigée avec sa petite sœur et le reste de sa famille en témoignait. Incapable de montrer généreusement l’amour qu’il portait aux autres. Il gardait tout ça au fond de lui, se créait un masque. Seule sa femme avait eu la chance de savoir qui il était au fond et de bénéficier d’un amour inconditionnel. La tendance à Seth à se replier sur lui-même ne s’était pas vraiment améliorée avec le décès de Lara. Bien au contraire.

Nara lui demanda pourquoi est-ce qu’il n’élevait pas seul Lola. Euh. Non mais vous comprenez que c’est juste impossible, elle allait finir dingo la pauvre, à voir des fantômes dès sa naissance. Déjà rien que pour ça ce fut hors de question, même si Lara lui avait supplié de la garder. Et mis à part ça, Seth était occupé. Bien trop de responsabilités. Il s’était engagé corps et âme dans son boulot et dans les deux camps. Il n’avait tout simplement pas le temps.

Mais il fallait avouer que… oui. S’il avait vraiment voulu s’occuper de Lola, il aurait trouvé le temps. Il aurait abandonné ses infiltrations dans les camps et se serait consacré à son bébé, à qui il aurait donné tout l’amour qu’un père pouvait donner. C’était gérable. Il avait largement de quoi se payer une nourrice, de quoi s’occuper d’elle. Mais la vérité, c’était que Nara avait raison. Elle posa la tête sur son épaule, après l’avoir observé attentivement. Il ne s’en sentait incapable au fond. Pas sans Lara. Pas sans elle, ou du moins sa présence physique, la Lara de ses souvenir, pas cette... ce fantôme. Avoir Lola jour et nuit à ses côtés, même avec une nourrice, ce n’était pas possible. Elle lui rappellerait trop ce qu’il avait perdu.

Nara aussi lui suppliait de la garder. Seth ferma les yeux et serra les poings. Il voulait se boucher les oreilles. Elle lui faisait trop penser à Lara. Elle s’était exprimée de la même manière quand il avait suggéré l’idée de l’envoyer en Espagne. Il ne répondait rien. Il ne voulait pas, il ne pouvait pas répondre à ça. Ses raisons étaient si personnelles… Ses beaux parents avaient dû se contenter d’un « elle sera mieux avec vous qu’avec moi ».

« Elle sera mieux avec tes parents qu’avec moi. » Dit-il simplement, platement, presque militairement. Nara ne semblait pas convaincue mais hors de question de lui en dire plus. «Pourquoi ils m'ont rien dit les parents ? C'est quoi le problème ? Comment s'est arrivé ? Non j'suis pas sûre de vouloir savoir... putain... » Nara recommença à pleurer et Seth la serra plus fort contre lui. Il ne pouvait rien faire. La seule chose qu’il pouvait faire, oui, c’était être là. Lui proposer des bras dans lesquels pleurer. Il ne pouvait pas la rassurer plus que ça, il ne pouvait pas lui donner plus d’explication que ça. Il se sentait affreusement inutile et coupable de tant de mensonges et de non dits.  « Comment on va faire pour vivre sans elle Seth, comment on va faire... c'est pas possible...  »

« Je ne sais pas, Nara, je ne sais pas…» Murmura-t-il à son oreille tout doucement. La voir ainsi lui donnait presque envie de verser une larme, en se remémorant ce sombre jour où sa vie avait basculé sans qu’il n’y prenne garde.  Celle de Nara aussi sera changé à tout jamais désormais.
« Je ne sais pas pourquoi on ne t’a rien dit. Tu devrais leur écrire une lettre, ça m’intrigue aussi je t’avoue. En ce qui concerne les circonstances du décès… » Il prit une inspiration. Tout ça était encore récent mine de rien, et difficile à avouer. C’était une des pires morts imaginables. « On enquête encore, rien n’est sûr. Mais… » Si elle lui disait qu’elle était morte torturée par des extrémistes résistants, succombant à ses blessures… est-ce que ça arrangerait les choses ? Euh, pas sûr. Lara n’était pas morte de la meilleure façon qui soit, c’était sûr… Elle avait énormément souffert, Lara ne lui avait confirmé. Il avait passé plusieurs nuits sans sommeil, s’imaginant son état de détresse. Devait-il encore mentir, lui inventer une mort pour la rassurer ? Ca faisait beaucoup à avaler. Seth décida d’y aller mollo. La franchise, oui, mais si c’était pour que la pauvre s’évanouisse ou redouble de pleurs après une telle nouvelle, on pouvait s’en passer pour le moment.

« Il semblerait que ça soit une crise cardiaque. Tu sais ce genre de choses ça arrive quand on ne l’attend pas. Elle n’a pas souffert, tout s’est passé très vite. Pas de sang. » Arrête d’en rajouter Seth. Evidemment que tu es crédible dans tes propos, le mensonge c’est un peu ta spécialité. Le problème, c’était que tu envisageais un jour où l’autre de lui dire la vérité, et que ce jour là, ça va faire doublement mal… Elle va te détester de lui avoir menti, tout comme elle déteste actuellement ses parents d’avoir passé sous silence la mort de sa sœur. Et puis, plus tu rajoutes de mensonges, plus tu te perds dedans, plus il est difficile d’en sortir… et plus tu auras de mal un jour à lui avouer la vérité tant ce mensonge sera ancré en elle.

Seth eut une idée. Il ne pouvait pas rester sans rien faire. Il se devait de lui proposer de l’aide. Il était mangemort nom d’un nom. Il était métamorphomage. Il y avait bien quelque chose qu’il pouvait faire pour aider sa belle-sœur en détresse.  Seth la prit par les épaules et lui dit d’un air qu’il voulait rassurant  « Je vais essayer de te dégoter une autorisation de sortie pour cet été. Pour que tu puisses aller au moins te recueillir sur sa tombe et peut-être passer quelques jours chez tes parents en Espagne. Je pense que tu mérites au moins ça. Je ne te promets pas que ça se fera, les dérogations sont très rares, tu n’es ni de sang pur ni de « bonne famille » mais je ferais mon possible. Le Lord m’aime bien donc il y a moyen. » Seth eut un moment de flottement, essayant de trouver des arguments pour convaincre le Lord puis se rappela de quelque chose. Ou plutôt de quelqu’un. « Anjelica. » Il marqua une pause, planta ses yeux sans ceux, encore mouillés de larmes, de Nara. Il savait la relation conflictuelle que les deux sœurs avaient, et Lara non plus n’avait jamais été très proche de la serpentard. Seth la trouvait nettement moins aimable que Lara et Nara mais n’avait cependant pas de réelle opinion sur elle. Ce n’était juste pas sa belle-sœur préférée. Cependant, il ne savait pas. « Il ne faudrait pas oublier de l’ avertir de tout ça… Tu préfèrerais que je m’en charge peut-être ? » C’était douloureux à entendre comme à annoncer, il ne voulait pas infliger ça à Nara, surtout sachant à quel point leur caractère était divergent. Il pouvait le dire à Anjelica aussi. Ça devenait presque une routine pour lui, les larmes de ses proches…

❝  J'ai rêvé de tant de choses, que demain soit meilleur qu'hier, moins pire qu'aujourd'hui, à la hauteur de mes prières. J'étais pleine de rêves, avec tant de doutes, mais peu de haine... Mais tout a basculé. ✖ SENJA

Nara était dévastée. Tout son monde s'écroulait, il s'était simplement brisé en une fraction de secondes. Jamais de toute sa vie elle n'aurait cru que venir voir Seth à la fin de son cours de potions l'aurait détruite à ce point. Elle regrettait tellement... Sa sœur, c'était une partie indéniable de sa vie, et là, on venait de le lui arracher. Elle n'arriverait pas à faire son deuil. Tout simplement parce qu'elle n'avait pas pu lui dire au revoir, elle n'avait pas pu l'embrasser une dernière fois, lui dire un dernier mot, l'étreindre une dernière fois. Les larmes ne cessaient de couler. C'était impossible de les refréner. N'en pouvant plus, Nara se serra une fois de plus contre son beau frère, cherchant un peu de réconfort dans ses bras.  « Elle sera mieux avec tes parents qu’avec moi. » Lui dit-il. Nara dodelina de la tête. Non, c'était faux. La jeune espagnole savait que sa mère était une maman exceptionnelle. Mais elle n'était plus toute jeune et s'occuper de Lola sera dur pour elle. Un nouveau né à assumer, c'est extrêmement fatiguant. Et puis, voir Lola, c'était voir Lara à travers elle, à travers ses rires, ses petits sourires, ses petites joues rondes. Nara se promit qu'à sa sortie de Poudlard, elle s'en occuperait elle. Pour Lara. Elle ne laissera pas tomber sa nièce. C'en était hors de questions. Une sorte d’instinct maternel l'envahit tout d'un coup. Comme pour avec Esmeralda, elle avait envie de la protéger, et elle le ferait. Peu importait les conséquences. Seth était lâche selon la jeune fille. Jamais elle n'aurait pu abandonner son propre enfant. Alors elle avait du mal à imaginer comment Seth arrivait à supporter de ne plus voir sa fille. Lola, c'était une partie de lui-même, sa chair, son sang, Nara ne comprenait pas. Comment pouvait-on vivre comme cela ? Nara était perdue, tellement perdue. « Je ne sais pas, Nara, je ne sais pas…» murmura-t-il à son oreille lorsqu'elle lui demanda comment allaient-ils bien pouvoir vivre sans elle. Nara savait qu'il y aurait un gouffre dans sa vie jusqu'à la fin de son existence. Le manque d'elle surviendrait aux pires moments. Égoïstement, elle se demandait à qui elle allait bien pouvoir se confier, à qui elle allait bien pouvoir se référer, parce que oui, Lara avait toujours été son modèle. Un modèle de réussite. Son amour pour Seth, sa famille avec Lola, son travail. Elle avait toujours été comme une sorte d'héroïne pour elle. Alors vivre sans elle, c'était tout simplement impossible. « Je ne sais pas pourquoi on ne t’a rien dit. Tu devrais leur écrire une lettre, ça m’intrigue aussi je t’avoue. » Nara hocha la tête, et murmura : « Je le ferais... Mais je ne comprends pas pourquoi ils m'ont fait ça... Je leur en veux tellement... Ils m'avaient promis de jamais rien me cacher... Ils ont menti... Ils m'ont menti... » Une larme furtive coula une fois de plus sur sa joue. Elle leur en voulait et doutait de ne plus pouvoir leur faire jamais confiance. On ne pouvait pas cacher un secret comme ça à sa fille, surtout que Nara avait toujours été très proche de sa sœur... Presque fusionnelles. «  En ce qui concerne les circonstances du décès… On enquête encore, rien n’est sûr. Mais… » Nara hocha la tête doucement. De toute manière, qu'importe la manière dont elle était morte. Parce que de toute manière, cela ne ramènerait pas Lara. On enquête disait-il, on enquête... Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire... C'était sans doute un accident. S'il y avait une enquête, c'était qu'on cherchait des coupables, non ? Perdue, Nara ferma les yeux, tentant de rassembler ses esprits. « Il semblerait que ça soit une crise cardiaque. Tu sais ce genre de choses ça arrive quand on ne l’attend pas. Elle n’a pas souffert, tout s’est passé très vite. Pas de sang. » Rouvrant doucement ses paupières, Nara regarda son beau-frère dans les yeux. Une crise cardiaque, à cet âge là ? Lara était en pleine forme, comment c'était possible... « Non. » Nara se tut. Elle n'avait rien à dire, vraiment rien à dire.

Seth la lâcha, et Nara ressentit comme un manque. Elle avait besoin de lui, parce que même si elle ne comprenait pas tous les choix qu'il avait fait, elle avait besoin de lui. Elle avait besoin de lui, parce qu'il était, avec Lola, l'unique trace de Lara sur terre. Un mince et petit lien, mais elle en avait besoin. Il posa ses mains sur ses épaules, on aurait dit un père qui parlait à sa fille : « Je vais essayer de te dégoter une autorisation de sortie pour cet été. Pour que tu puisses aller au moins te recueillir sur sa tombe et peut-être passer quelques jours chez tes parents en Espagne. Je pense que tu mérites au moins ça. Je ne te promets pas que ça se fera, les dérogations sont très rares, tu n’es ni de sang pur ni de « bonne famille » mais je ferais mon possible. Le Lord m’aime bien donc il y a moyen. » Nara laissa échapper un sanglot : « Tu pourrais faire ça ? » Parfois, Nara oubliait que Seth était un mangemort. Et lorsqu'elle le voyait, elle avait en fait vraiment du mal à l'imaginer comme un tueur horrible et sanguinaire : Seth n'était pas comme ça. Il était gentil, prévenant, drôle... Rien à voir avec les professeurs mangemorts qui enseignaient ici par exemple... « Je t'en serais reconnaissante si tu réussissais à faire ça. C'est dur de vivre loin d'eux depuis si longtemps... Mon père me manque... Mes frères me manquent... J'ai besoin d'eux là... J'comprends pas pourquoi ils ne m'ont rien dit eux non plus, on se disait tout dans le temps... Tu vois, je regrette d'être venu à Poudlard, ça a brisé ma famille. L'Angleterre a brisé ma famille. » Elle le regarda doucement et leva les yeux vers lui : « Et la tienne aussi. » Un silence s'installa entre eux. La guerre en Angleterre, les Phénix, les Mangemorts, ces meurtres, ses attentats, ces exécutions, tout cela brisait des vies et des familles qui ne s'en relevaient jamais. Seth aussi était seul maintenant. Perdre sa femme, perdre sa fille. Nara baissa la tête. Comment parler d'autres choses que ça ? Quand elle l'avait vu entrer dans la salle de classe, elle avait milles questions en tête, des dizaines de sujets de conversations à aborder, mais maintenant... Comment penser à autre chose qu'à Lara ? « Anjelica. » Nara releva les yeux vers lui, et versa une autre larme. Comment avait-elle pu oublier Anje ? Lara n'était plus là, mais Anje oui. Il est clair que la relation des deux sœurs n'avaient jamais été au beau fixe, mais Lara était morte. Elle ne pourrait faire comme si elle n'en avait que faire. « Il ne faudrait pas oublier de l’ avertir de tout ça… Tu préfèrerais que je m’en charge peut-être ? » Nara secoua la tête : « Non. » Elle inspira doucement, et essuya ses larmes. Mais à peine venait-elle de les sécher que d'autres prenaient leur place. Elle tenta de se calmer, mais n'y arriva pas. « Je... je vais le faire. T'en fais pas. Et puis, tu as ton interview.. » murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour lui. « Peut-être que... peut-être qu'elle me parlera de nouveau je sais pas, j'espère... Je le dirais à Esmeralda aussi. Je pense que tu n'as pas à faire ça seul. » Nara ferma la bouche, et dit : « Je sais que c'est trop tard, mais, j'suis là Seth. Et... J'espère qu'on restera en contact quand même... » Après tout, il n'avait plus aucune raison de continuer de la fréquenter. Sa fille vivait en Espagne, sa femme était morte, lui et Nara n'avaient plus aucun lien, plus aucune raison de se voir.

Seth ne savait vraiment pas quoi faire. Il était mal à l’aise, car il savait qu’à la place de Nara il aurait sûrement fait de cette cachoterie un drame national. Elle devait être partagée entre la colère et le chagrin. Ses parents auraient franchement du réfléchir à deux fois avant de lui faire un tel mensonge. Tout ce qu’il pouvait faire pour lui c’était lui proposer son aide et du réconfort, en espérant que la mort de sa sœur passe mieux. Après, il fallait attendre. Attendre qu’elle accepte sa mort, attendre qu’elle tourne la page et aille de l’avant.

Nara semblait apprécier la proposition de Seth, qui lui redonna de l’espoir. Celui-ci se promit de faire tout ce qu’il était en son possible pour y parvenir, et d’en toucher un mot au directeur la prochaine fois qu’il le verrait. Il était peu optimiste sur l’issue de cette entrevue mais il ne perdait rien à essayer. Nara méritait bien quelques jours de repos.

Il comprenait ce qu’elle disait. Venant d’Espagne, c’était un peu comme si ses parents, même en voulant la meilleure éducation possible pour eux, les avait planté en plein milieu du champ de bataille en leur disant « fermez vos gueule, débrouillez-vous, vous nous remercierez après ». Seth étant anglais de pure souche n’avait pas vraiment eu le choix pour sa part. Mais il était évident que sa fille, mi-espagnole mi-anglaise, ne remettrait jamais les pieds dans son pays natal. Lara n’aurait jamais eu tous ces problèmes si elle avait étudié en Espagne. Sa famille non plus. Mais d’un côté, il ne l’aurait jamais rencontré, il n’aurait jamais vécu cette belle histoire avec elle… Seth fronça les sourcils. S’il commençait à rentrer dans ce genre de raisonnement, il n’allait pas s’en sortir… En tous cas pas sans un sacré mal de crâne. Ressasser le passé ce n’était jamais bon.

Et mis à part Nara, il y avait aussi Anjelica. Celle-ci était plus difficile, mais il ne doutait pas qu’elle serait tout autant affectée que Nara par la mort de sa grande sœur. Bien qu’il imaginait qu’elle serait moins calme que sa cadette.

« Je... je vais le faire. T'en fais pas. Et puis, tu as ton interview.. » Nara sembla ensuite parler comme à elle-même, et il ne fut pas sûr de bien comprendre : « Peut-être que... peut-être qu'elle me parlera de nouveau je sais pas, j'espère... Je le dirais à Esmeralda aussi. Je pense que tu n'as pas à faire ça seul. Je sais que c'est trop tard, mais, j'suis là Seth. Et... J'espère qu'on restera en contact quand même... »
Il fut un peu soulagé que Nara décide d’avertir sa sœur, il fallait l’avouer. C’était déjà délicat d’annoncer ça une fois. Et puis il n’était pas sûr qu’il aurait eu le temps de le faire, avec tout le pain qu’il avait sur la planche.
« Je t’enverrais des hiboux régulièrement promis. Pour savoir si t’as eu ton autorisation ou pas. Et pour te donner des nouvelles de ta famille et Lola. » Il marqua une pause, tentant de relativiser. « Ne soit pas trop dur avec eux. Ils l’ont fait parce qu’ils t’aiment, ils ne pensaient pas à mal. » Dit Seth d’un ton paternel. Ils avaient leurs raisons. Il ne disait pas qu’il aurait fait la même chose pour protéger sa vie… mais d’un autre côté, il n’était pas non plus en train de lui mentir, en l’éloignant de sa mère ? Même si elle était un fantôme ?

Seth jeta un coup d’œil à sa montre. Cela faisait déjà presque une heure qu’ils étaient ici, tous les deux. Le temps avait filé, il ne s’en était même pas rendu compte. Alors qu’il s’apprêtait à prendre des nouvelles d’Anjelica, la porte du bureau s’ouvrit. « Vous m’avez deman- » Il s’interrompit en voyant la poufsouffle, le visage et les yeux encore mouillés de larmes. Son visage ne trahissait aucune compassion. « Miss d’Alvarez, je ne vous demanderais pas ce que vous faites ici à pleurnicher dans mon bureau, mais il ne me semble pas vous en avoir donné l’autorisation. Dehors, et dépêchez-vous ! J’ai un endoloris qui me démange. » Rajouta Yaxley en lui tenant la porte, les sourcils froncés et l’air perplexe. La poufsouffle jeta un dernier regard à Seth, qui, l’air impassible la regarda sortir de la pièce en silence. « J’espère qu’elle ne vous a pas trop ennuyé. » Reprit Yaxley d’un ton plus professionnel, en s’installant sur son fauteuil de bureau. « Donc vous avez des questions à me poser ? » Seth chassa vite toute pensée négative, et mit dans un coin de sa tête sa triste rencontre avec Nara. Il hocha la tête, reprenant son masque d’antan, celui du mangemort insensible. Il sortit rapidement de quoi noter. Il avait du boulot, et il ne pouvait pluss se permettre un raté cette fois encore.