Chaque vie est la bonne. Le chemin qu’on empreinte
est toujours le bon chemin. Tout aurait pu être n’importe quoi d’autre,
et cela aurait eu tout autant de sens.

La période des examens commençait bientôt et William était débordé de travail en tout genre. Il avait des cours à préparer, des copies à corriger, et beaucoup de sommeil à rattraper. Les cernes s'accumulaient sous ses yeux et il se rendait compte que plus rien n'était à l'heure dans sa vie. Il n'entendait pas son réveil, et quand il arrivait en cours le ventre vide et les lacets défaits, c'est à peine si ses élèves, habitués, arrivaient tranquillement après lui. Il avait d'autre part, comme tout le château, été assez troublé par l'annonce du Seigneur des Ténèbres alias le directeur de Poudlard. Les mesures imposées étaient plus strictes que jamais et la première pensée qui lui était venue était qu'il allait être difficile pour lui d'inviter Gill à dîner si un mangemort les accompagnait. Quoique, s'il s'arrangeait avec Clint... Mais bon. Il ne voulait pas lui causer de problèmes et devrait donc se débrouiller seul, comme un grand. Qui veut voir William faire la cuisine ? Rendez vous dans un prochain rp, ça va être marrant...
Toujours est-il que la deuxième chose qui l'avait frappé, avec cette annonce, c'était qu'il allait être interrogé. Lui aussi. Il était curieux de voir ce que cela allait donner, car après tout, il ne savait pas comment ça allait se goupiller, et William était curieux par nature. Mais il avait un peu beaucoup d'appréhension quand même. Il n'était pas sur des choses qu'il devait garder sous silence et des choses qu'il pouvait révéler. Il ne se faisait pas confiance. Et puis, comme la discipline devenait à Poudlard la chose la plus omniprésente, il se devait d'arrêter son bordel d'horaires. Il se jura donc de faire attention et d'être exemplaire.
Un matin, il se réveilla en sursaut à 5 heures pour se rendormir avec mauvaise humeur en réalisant que justement, il n'avait pas cours ce matin là. Les bonnes résolutions, il les maudit cinq fois au moins. On le retrouva donc à la table du déjeuner EN MÊME TEMPS que les autres, attention ! Il failli plonger dans son bol de thé en voyant que tout le monde chuchotait en le montrant du doigt, et bavarda brièvement avec Oli qui se moquait de lui. Comme Stoker dû aller s'acquitter de son devoir de bibliothécaire, Will décida d'aller corriger des copies, toujours dans la veine "exemplaire". Il chercha un endroit bien, mais dehors il y avait du vent, et il ne voulait pas corriger dans son appart. Et puis il ne pouvait pas aller corriger dans le petit pub londonien qu'il affectait tant. Comme sa salle de classe n'était pas éclairée par le soleil à cette période de la journée, il se rendit dans la salle des profs où de grandes fenêtres donnaient sur le parc. Il s'installa à une table près de la fenêtre et s'attela à sa tâche. Au bout de cinq copies, il en avait déjà marre mais il persévéra courageusement et finit par corriger héroïquement toutes les premières années. Il était en train de rêvasser devant le paquet de copies des cinquième année quand April Alterman entra dans la salle, l'air préoccupé. Instinctivement, Will sourit. Il avait mis du temps à remettre April, mais il avait finit par trouver et se rappeler d'où il la connaissait. Il ne lui avait jamais dit car elle semblait avoir oublié, et surtout parce qu'elle faisait un peu peur à William. Elle avait tellement grandit et changé... Lui qui la connaissait si bien avant avait peur de faire des bourdes et de ramener de mauvais souvenirs à la surface. Il savait ce que cela faisait et n'avait pas envie de faire subir ça à April, qu'il aimait tendrement comme une petite sœur.
Elle s'assis, sans se rendre compte, en fasse de Will. Il la regarda longuement, un sourire figé sur les lèvres et les yeux dans le vague. Il se rappelait quand il avait connu la petite Alterman. À cette époque, elle était encore toute petite. Elle avait une bouille d'ange, des pommettes roses, un regard presque innocent... Du moins c'était ce que se rappelait William. Il l'avait gardée plusieurs fois, quand ses parents partaient quelque part ("en voyage", "en weekend" étaient les excuses mais Will, qui n'avait jamais été dupe, savait qu'il s'agissait de choses de grandes personnes, ayant des rapports directs avec les Mangemorts et les Phénix), car ils étaient amis avec son père à lui, Everald. Il se rappelait que c'était une des seules joies des vacances au manoir des Blake: la possibilité de s'échapper pour aller voir la petite April. Et puis, il avait fugué... Et perdu tout contact avec elle, et les autres.
Quand ils s'étaient "retrouvés" à Poudlard, April n'avait montré aucun signe de reconnaissance ni rien, William en avait donc conclu qu'elle ne l'avait pas reconnu. De l'eau avait coulé sous les ponts, il en était plus que conscient, et même la preuve vivante. Et d'après le peu de choses qu'il savait de la vie d'April, elle avait été au moins aussi remplie et compliquée que la sienne.
Voyant qu'April semblait assez morose, William, dans un élan d'affection, décida de détendre l'atmosphère, oubliant la peur qu'elle lui inspirait avec ses regards noirs, si différents de l'affection qu'ils se portaient étant plus jeunes. « Tu te rappelle pas de moi ? » C'était plus une affirmation qu'une question, mais bon. « Je m'appelle William Blake. » Il disait ça comme si elle ne savait pas comment il s'appelait, comme si elle pouvait s'écrier "ah ouiiiiii" et lui sauter dans les bras, mais il n'avait pas percuté qu'elle connaissait son nom et qu'il avait, pour l'instant, sa place dans les noms plus ou moins familiers mais oubliables du cerveau d'April, et pas encore dans la catégorie des noms qui font tilt quand on les entend, ceux qui nous sont aussi familiers que notre propre prénom. Il sourit bêtement, et comme elle ne réagissait toujours pas, le regardant mi-surprise, mi-amusée, il ajouta: « Quand on était petits, je te gardais quand tes parents partaient en voyage. » Et il lui sourit d'un air illuminé, plein de chaleur et d'émotions envers cette jeune femme si jolie qu'était devenue sa petite April à lui, et qui semblait si éprouvée par la vie...

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