La beauté de la nuit, tu sais, c'est les étoiles qui se reflètent dans tes yeux.



Minuit venait de sonner. C’était l’heure de sortie de Noah, qui aimait bien déjouer les règles comme toujours. Les quelques punitions encourues ne lui faisaient pas peur, il ne risquait pas grand chose de toute façon. Il glissa ses pieds dans ses chaussures, enfila sa longue cape noire et mis sa capuche. Il aimait bien se donner un air de fantôme, il se sentait errer dans les longs couloirs et il trouvait ça plutôt drôle. Même si ça ne l’était pas. Il sortit à pas feutré des dortoirs de Serpentard, se glissant dans les longs couloirs froids sans aucune appréhension. Noah n’était pas le seul dans les couloirs à cette heure-là mais tout le monde se cachait;
c’était la bonne solution car il valait mieux ne pas le croiser, ça pouvait devenir rapidement dangereux. Il gravit les différents escaliers, sans perdre son temps une seule seconde. Il n’était pas pressé mais il n’avait pas non plus envie de traîner dans ce coin paumé. Heureusement il ne croisa pas de professeurs ou quoi que ce soit d’autre. Il s’arrêta face à la porte de la tour d’astronomie et observa les alentours : il n’entendait pas de bruit et ne voyait personne. Tant mieux, il avait un intense besoin de solitude qui était plutôt impossible à user à Pouddlard.

Enfin, il ouvrit la porte et se glissa fourbement à l’intérieur, observant : il n’y avait personne. Merveilleux. Il poussa un soupir, laissant ses épaules s’affaissées légèrement : il allait enfin pouvoir se détendre quelques secondes. Il se glissa sur le petit balconnet qui servait de rebord à la tour, avec une barrière peu haute. Le lieu parfait pour assassiner quelqu’un mais bon, qui aurait l’espoir de penser pouvoir l’assassiner aussi facilement ? Personne bien évidemment. Il sortit de sa poche un paquet de clope et son briquet, oui c’était mal et il n’y avait pas beaucoup d’élève qui fumaient ici, mais lui ça lui faisait plaisir. C’était malheureux mais c’était ce qui lui ressemblait le plus. Il tira une première bouffée avec intensité, savourant le plaisir de sa rare cigarette de la journée car, hélas, il n’avait pas l’occasion de s’en occuper la journée. Il ne pouvait satisfaire ses envies que la nuit tombée et il le savait bien. Le jeune obscur parcourrait le ciel étoilé de ses yeux, observant les nuages qui se déplaçaient lentement, les quelques oiseaux sombres qui passaient au loin. Il était bien, dans son élément et il allait enfin profiter de quelques minutes de solitude avant d’aller se coucher. Et puis il allait avoir le temps de penser à quelque chose d’autre que ses cours, les gens qui l’entouraient et qu’il n’avait pas envie de côtoyer. Tous ces lèches bottes, ces sangs de bourbes, ces gens qui ne méritaient même pas de vivre, il avait à les supporter toute la journée. Soudain, il entendit un bruit de pas non loin de la porte de la tour. Peut-être quelqu’un allait se présenter ? Il tira une énième bouffée sur sa cigarette, sans prendre peur de quoi que ce soit.

William & April

April soupira pour la énième fois face à la copie qu’elle avait lu une bonne dizaine de fois déjà mais impossible pour elle de se concentrer. Elle était épuisée, à bout de nerf et ne se sentait pas dans son assiette. Pourtant elle devrait se sentir bien non ? C’était dans l’ordre des choses au vu des derniers évènements. Elle s’était découvert une nouvelle famille avec Sarah Mandleton et son père, elle arrivait à faire figure de mangemort exemplaire et était quelque part une figure de réussite après des quelques membres de l’Ordre qui l’a connaissait elle ou sa réputation, elle s’était créer des liens avec des personnes d’exception, des personnes vers qui elle ne se serait jamais tourné auparavant et elle avait même réussit à construire une relation plus ou moins stable avec un homme. Enfin relation stable après fallait le dire vite mais au moins ça avançait, tout doucement mais ça avançait. Ils s’étaient promit l’exclusivité ce qui pour April n’était pas trop difficile, le seul autre homme qu’elle avait plus ou moins fréquenté avant Clint c’était Oli le bibliothécaire. Et encore aujourd’hui elle ne saurait même pas mettre de mot sur leur relation, c’était à la fois ambiguë et pourtant très clair. Surtout qu’elle n’était pas stupide et voyait bien les petites étincelles dans les yeux de Camélia quand elle parlait de son meilleur ami et elle ne se faisait aucun doute quand a la suite des évènements entre ces deux là mais passons. April ne comprenait pas pourquoi elle était tellement à bout en ce moment, elle était tout le temps sur les nerfs, elle était épuisée et pourtant il lui arrivait ces temps ci d’enchainer des nuits de douze heures, une fois Clint a même été obligé de la réveiller de force pour qu’elle daigne se lever. Quelque part elle se sentait aussi terriblement mal à l’aise face à toutes ces personnes et ça commençaient à la travailler sérieusement. Avant la question ne se posait même pas, elle faisait son taf, ce pour quoi elle avait été engagé à l’école, pourquoi elle était née et ce en quoi elle croyait, point barre. Mais depuis que toutes ces personnes se sont immiscées dans sa vie, elle se sent perdu alors qu’elle ne devrait pas. Elle avait toujours cru pouvoir gérer, se sentant toute puissance, pensant que ces choses là ne l’atteindrait pas, qu’elle était plus forte que ça mais en réalité, tout ça lui rappelait qu’au final elle restait humaine comme tout le monde. Qu’elle développait des sentiments, qu’elle aussi pouvait être doté d’une conscience et que en ce moment l’apparition nouvelle de cette foutue conscience l’a rendait malade. Elle faisait des cauchemars, se questionnait à longueur de journée, imaginant milles scénarios si un jour les personnes auxquelles elle tient découvre sa véritable identité. Ce jour là elle allait surement mourir, Voldemort n’acceptera jamais une telle trahison, surtout une trahison qui se sera étalée sur plus de vingt-six ans mais elle savait que ce jour là, le plus douloureux sera d’affronter le regard des autres, d’affronter leurs mépris, leurs déceptions, leurs abandons, surtout concernant une personne. La mort lui paraitra bien douce en comparaison.

April soupira et abandonna l’idée d’essayer de corriger cette copie, elle n’y arrivait pas de toute façon, son esprit étant totalement ailleurs. Elle avait envie de dormir, non elle avait envie de voir Clint mais elle refusait de le voir tout les jours, elle risquait trop de choses en faisant cela. La belle s’appuya contre le dossier de sa chaire en basculant la tête en arrière se demandant quoi faire. D’un côté si elle allait dormir, elle allait faire des cauchemars, ces derniers temps elle reculait aussi beaucoup le moment où elle allait se coucher, sachant que son sommeil allait être agité mais à cette heure ci elle n’allait pas croiser grand monde pour lui tenir compagnie, ou plutôt elle n’allait pas croiser les personnes avec qui elle voulait passer du temps. Camélia devait être en train de dormir ou de parler à ses plantes et Sarah n’avait pas le droit de quitter son dortoir à une heure si avancée. Un sourire se dessina sur les lèvres d’April quand l’idée d’aller promener les chats d’Oli lui vint à l’esprit. C’était un truc qu’elle faisait souvent, par moment ils n’avaient même pas besoin de parler, ils se baladaient juste dans les couloirs en regardant les deux chats gambader dans les couloirs. Et à cette heure ci, il y avait de fortes chances qu’elle le croise justement. Décidée quand à la marche à suivre, April consentit enfin à se lever de sa chaise et contourna son bureau afin de sortir de la salle de cours. Vérifiant que sa baguette était bien dans la poche intérieure de sa veste, elle referma la porte avant de s’aventurer dans les couloirs à la recherche d’un chat ou d’un certain bibliothécaire bipolaire. Les mains dans les poches arrières de son jean, elle ne croisa personne vu l’heure avancée à part un ou deux fantômes comme Gregory à qui elle adressa un grand sourire suivit d’un clin d’œil. Dommage qu’il soit mort celui-ci, vraiment dommage. Continuant ses recherches, elle grimpa les étages mais ne trouva personne ce qui l’exaspéra un peu. Décidemment elle allait être condamnée à rentrer se coucher, c’était vraiment naze. Arrivée au dernier étage, April jeta un dernier coup d’œil aux alentours mais aucun signe de chat ou d’Oli ni même de qui que ce soit. Blasée, jurant dans sa barbe inexistante, la jeune femme enclencha un mouvement pour descendre mais se figea en sentant une odeur particulière, une odeur qu’elle connaissait bien puisque ça sentait clairement le tabac. Un léger sourire flotta alors sur ses lèvres. Rares étaient les personnes qui fumaient dans son entourage et ce n’étaient que des personnes qu’elle appréciait soit Clint ou Oli. April se doutait que ça ne pouvait pas être la première solution alors elle se dirigea vers la source de l’odeur, se rendant dans la tour d’astronomie, elle tomba alors nez à nez avec une silhouette encapuchonnée, la faisant légèrement froncer les sourcils avant qu’elle ne reconnaisse l’individu grâce à la lumière provenant du bout de la cigarette quand ce dernier tira dessus. Un soupire s’échappe alors des lèvres d’Alterman qui s’approcha de lui. « Tu ne devrais pas être couché à cette heure ci Nott ? Tu as vu l’heure ? Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te coller pour le restant du mois sans compter de te dénoncer auprès du directeur pour tes petites escapades nocturnes. » Sans même lui demander son avis, elle attrapa la cigarette des lèvres du serpentard et la porta à ses propres lèvres pour tirer dessus, détournant son regard du sien pour regarder dehors en expirant la fumée.

Ce qui était beau la nuit, c'était ce silence. De temps en temps des bruits rauques parcourraient la sombre forêt, ce qui pouvait inquiéter les plus faibles ou faire sourire les plus fous. Je vous laisse imaginer l'état d'âme de William qui s'amusait tout seul en imaginant les scénarios les plus glauques. Non il n'avait pas un esprit très sain mais ça c'était courant chez les obscurs, il était complètement tordu mais il ne se rendait pas vraiment compte. Pour lui, c'était les autres qui étaient fous, qui étaient différent et lui qui avait clairement raison sur tout ce qu'il faisait. N'aller pas imaginer qu'il puisse avoir de la compassion, essayer de comprendre les familles moldus ou Potter, non ce n'était juste pas possible. Il avait été éduqué ainsi et pour lui c'était limpide d'être aux côtés du Lord depuis qu'il était jeune. Peut-être trop ambitieux, je ne sais pas, mais en tout cas il rêvait d'être son bras droit un jour, d'être sur la marche la plus haute du podium. Il était déjà chef des Obscurs, respecté des autres et ça il savait très bien pourquoi. Il avait toujours été très froid mais aussi impulsif, il n'usait pas uniquement de sa baguette pour obtenir ce qu'il voulait. Will avait tendance à utiliser la violence purement physique, c'était plus surprenant pour un sorcier faible qui ne savait utiliser que ses pouvoirs magiques pour se défendre. La porte grinçante l'ôta de ses pensées et il écouta calmement les pas qui s'avançaient vers lui, un mauvais sourire en coin étirant ses lèvres froides. Les paroles d'April lui arrachèrent un léger rire rauque et court : comme si elle lui faisait peur. Mais de toute façon elle savait très bien à quoi s'attendre avec lui et puis, malgré tout, il l'appréciait un peu quand même. Il savait qu'elle méritait son intérêt et elle avait bien de la chance. Il la laissa s'emparer de sa cigarette, sans même lui jeter un seul regard.

« C'est pas faux. Toute mon admiration et mon amitié vous suffiront-ils, madame ? »

William lui susurra ces quelques mots, avec beaucoup de douceur. C'était une voix beaucoup trop doucereuse pour être agréable et trop basse pour paraître vraiment inquiétante. Il ôta son capuchon et planta son regard dans celui de la femme près de lui. Il pouvait paraître beau, de l'extérieur, mais il avait un visage trop dur, un regard trop perçant et froid, une moue toujours désagréable. Non il n'était pas beau, il était trop remplit par la méchanceté et la violence qui l'entouraient. Mais après tout April le connaissait, elle savait à quoi s'attendre et n'avait aucune crainte à avoir. Et puis si il n'avait pas envie de lui parler, il n'aurait pas pris la peine de lui répondre et serait partit aussi sec. Il laissa la fin de sa cigarette à la professeur et s'en sortit une autre, l'allumant sans vergogne. C'était un petit jeu qui s'était établit entre eux, ils se charriaient mutuellement et ce sans cesse, enfin sauf en public. C'était la seule professeur qu'il respectait vraiment et qui lui inspirait un minimum de sympathie. Il l'observait avec attention : elle avait les traits tirés, paraissait contrariée et fatiguée. C'était dommage car elle était plutôt jolie un peu plus reposée. Mais bon tant pis, ça ne le concernait pas ce qu'il se passait dans sa vie privée.