Nathanaël & Ashara

I'm drowning in the waters of my soul

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« Hastings. » Elle frissonne, de ces frissons incontrôlables qui vous parcourent l’échine, se glisse tout le long de votre colonne vertébrale, ébranle tout votre être. Et elle aimerait ne pas frissoner de la sorte, rester indifférente à ses avances, à son charme. Dieu, qu’il l’insupporte. Tout en lui la repousse, et pourtant. Pourtant elle sent ses entrailles se contracter, le rouge lui monter aux joues. C’est dans ces moments qu’Ashara regrette de n’avoir aucune expérience avec les garçons, rien qui dépasse le stade de l’amitié du moins. Ce ne sont pas les quelques baisers timides échangés avec Samaël qui l’ont armée, ni les autres échangés lors des parties du « tourne la bouteille ». Elle se sentait novice, faible. Et elle n’aimait pas ce sentiment. Elle n’aimait pas le pouvoir que Nathanaël avait sur elle, ce qu’il pouvait lui faire ressentir, simplement en susurrant son nom. Elle pouvait presque sentir son souffle chaud dans le creux de son oreille, malgré la distance qui les séparait encore. Elle aurait voulu s’enfuir. Ash se sentait si faible, si fragile, elle n’était pas apte à affronter Nate, à rentrer dans son petit jeu. Elle voulait être seule. Il ne lui restait que cela, sa solitude. Mais le Gryffondor semblait bien déterminé à rester. Et elle n’allait pas vraiment s’enfuir, ça aurait été tellement puéril de sa part. Alors elle serra les dents et attendit. Il n’y avait que cela à faire avec son coéquipier. Leurs échanges pouvaient être épiques, leurs partenaires de Quidditch en savaient quelque chose. C’était viscéral, elle ne pouvait pas ne pas s’énerver sur lui. Si elle devait passer ses nerfs sur quelqu’un, le nom de Nathanaël Kylian Crickson était en tête de liste. Pourtant, elle ne le détestait pas. Au contraire, dans le fond, elle l’appréciait énormément. Leurs altercations la faisaient toujours rire au final, il avait ce don de lui rendre le sourire, de par son comportement, sa façon d’agir, mais elle ne parvenait pas à le supporter plus que cela non plus. Son égo, voilà ce qu’elle détestait par dessus tout, voilà ce qui la repoussait tant. Il avait pour habitude de se prendre pour Dieu, ou pire, de se croire irrésistible. Donc Ashara s’était donnée pour mission de lui prouver le contraire. Toutes les filles ne tombaient pas dans le panneau, il ne l’aurait pas elle sur son tableau de chasse. C’était du moins ce qu’elle espérait, parce qu’en ce moment-même, dans l’état actuel des choses, elle était prête à laisser passer beaucoup plus de choses que d’habitude. La fatigue avait eu raison d’elle, la rouge et or ne voulait plus se battre avec qui que ce soit, elle n’en pouvait plus de résister, de se retenir de tout. Le contrôle, voilà ce dont elle voulait se débarrasser. Elle savait déjà que tout lui échappait des mains lorsqu’elle pensait maîtriser le cour de sa vie. Alors elle laissait tomber, petit à petit, elle abandonnait, baissait les bras. Elle acceptait les choses comme elles se présentaient, incapable de lutter.

Elle ne réagit pas alors qu’il l’appelait par son nom. Il savait qu’elle détestait cela. Il ne pouvait pas ne pas le savoir. Ce nom, ce n’était rien à ses yeux. Un mot sur un bout de papier. Elle n’était pas une Hastings, pas non plus une Campbell, et souvent, elle se demandait ce qu’elle était alors. Rien, ou pas grand chose. Son identité lui échappait aussi. Parfois, elle aurait voulu oublier ce nom, n’être qu’Ashara. Ashara tout court, ouaip, ça lui aurait plus. Elle n’aurait pas du expliquer d’où elle tenait un nom qui n’était pas le sien, qui l’avait choisi, pourquoi. Alors elle le détestait, et elle détestait encore plus qu’on le lui rappelle. Mais cela aurait probablement fait trop plaisir à Nate si elle s’était mise en colère. La colère l’épuisait, elle aussi, comme le reste des émotions qui tempêtaient dans son cœur ces derniers temps. Mais la colère, c’était la plus simple à gérer, la seule qu’elle pouvait exprimer sans attirer trop de questions. Elle pouvait frapper, se disputer, faire sortir cette colère qui dormait en elle. Si elle avait dû se mettre à pleurer à cause de cette tristesse qu’elle portait aussi, Ash aurait dû répondre à trop de questions. Et c’était ce qu’elle voulait le moins. Elle ne voulait pas expliquer toute cette confusion qu’elle ressentait, cette tempête constante qui ne voulait pas s’arrêter. Elle attendait pourtant avec impatience l’accalmie, le rayon de soleil. Mais rien. La tempête, l’orage, une tornade d’émotions qu’elle ne maitrisait plus. Son poing blessé n’en était qu’une preuve parmi tant d’autre qui s’était glissé sur son corps frêle durant ces derniers mois. Depuis … Depuis qu’elle s’était fâchée avec Aidan, depuis qu’ils ne se parlaient plus. La baguette n’était plus suffisante, elle devait ressentir la douleur physique, remplacer celle qui la torturait à l’intérieur par une autre, une douleur sur laquelle elle pouvait se concentrer. C’était plus facile à gérer ce genre de douleur que celle qui lui brisait le cœur.

Nouveau coup d’œil vers le jeune homme. Il la scrutait, l’observait et son attitude changea alors que son regard se posait sur sa main. Il semblait … Inquiet, préoccupé. Elle grimaça. Et pourtant, elle lui en fut reconnaissante. Cela rassura en quelques sortes Ash. Même si ils ne se supportaient pas, même si ils passaient leur temps à s’engueuler, elle pouvait compter sur lui. En réalisant cela, elle réalisa aussi que lui aussi, il pouvait compter sur elle, que même si elle passait son temps à crier haut et fort qu’elle préférait être à des lieux de lui, c’était faux. Dans le fond, elle l’aimait bien. Ils n’avaient jamais franchi cette ligne durant leurs chamailleries, ils ne s’étaient jamais attaqués aux sujets qui blessaient réellement. Ils avaient le même âge, des passions communes. Dans le fond, ils devaient se ressembler plus qu’elle ne voulait l’admettre. « Qu'est-ce qui t'es arrivé ? » Elle ouvrit la bouche pour lui répondre, mais se ravisa. Déjà, il s’approchait d’elle, un sourire sur le visage, sourire qui s’étirait d’une oreille à l’autre. Un faible sourire se dessina sur les lèvres d’Ash à son tour. Ils étaient revenus dans leur zone de confort, dans cette relation qu’ils connaissaient bien. Il n’y avait plus aucune trace d’inquiétude dans le regard de Nate, mais elle savait que, dans le fond, il voulait réellement savoir ce qui lui était arrivé, même si il ne l’avouerait jamais. Dans d’autres circonstances, elle l’aurait envoyé se faire foutre, elle l’aurait repoussé, aurait réagi. Mais elle ne fit rien. Elle le laissa glisser sa main sur son bras, venir lui parler au creux de l’oreille. « Tu n'as pas été faire de vilaines choses avec de vilains garçons tout de même, tu dirais tout à ton copain Nate avant nan ? » Nouveau frisson. Et elle se détesta un peu plus, se dégoutant d’elle-même, mais elle s’en foutait. Elle fit taire son cœur, sa raison. Elle ne voulait plus penser, elle ne voulait plus ressentir. « Alors, tu as perdu ta langue? Tu sais bien que tu peux tout de me dire ! » Elle eut un petit rire dépourvu de joie. « J’avais envie de refaire la décoration à coup de poing. » dit-elle dans un murmure. Elle évalua sa réaction, chercha une quelconque trace d’intérêt dans son regard. « Et les vilains garçons, je les évite, seulement, ils ont tendance à ne pas vouloir me lâcher. » ajouta-t-elle avec un sourire plus franc cette fois. Petite pique qui lui était adressée, mais pas que. Elle pensait surtout à Rhys, à cette façon qu’il avait de toujours être là, quelque part. À cette idée, son regard s’assombrit. Elle détourna les yeux, voulut fuir ceux, inquisiteurs, de Nate. Quelques secondes de silence s’égrenèrent, avant qu’elle ne reprenne la parole. « Alors ? Maintenant qu’on est tous les deux ici, qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? » Elle se mordit la lèvre en espérant être un minimum sensuelle et planta à nouveau ses yeux dans ceux azur du rouge et or.