Les rayons du soleil couchant perçaient les hautes fenêtres du Château, diffusant une lueur dorée, un peu irréelle, dans les couloirs et dans le Hall. Iseult pousse la lourde porte d'entrée, pénètre dans la vaste pièce et étouffe gracieusement un bâillement. Il faut dire qu'elle sort de cours - Merlin soit béni, le dernier de cette satanée journée - et que discuter toute la nuit dernière avec Mirka n'était peut-être pas la meilleure façon de s'assurer une force optimale pour le lendemain. Qu'importe, elle est enfin libre.
Elle jette un regard autour d'elle, déçue. Aucun de ses esclaves n'est à ses côtés pour lui porter ses bouquins - ou même son sac. C'est vraiment incroyable, on doit tout faire soi même ici... Elle s'apprête à interpeller un nain de Deuxième Année lorsque quelqu'un la devance. « Hey, Iseult Crowley... » La dénommée Iseult se retourne, agacée. Un instant de surprise passe sur son visage, mais ses prunelles glaciales se parent d'un éclat malicieux tandis que sur ses lèvres rouges se peint un large sourire. Elle a trouvé mieux qu'un esclave.
Un garçon.
Elle reconnaît son air décontracté, ses courtes boucles brunes et sa moue séductrice. Alistair Fitzbern - un Serpentard Obscur. Ils partagent le même Blason et défendent la même cause, mais ils ne se sont jamais vraiment parlé; l'un comme l'autre étant souvent fourrés dans ses draps qui ne sont pas les leurs. Et puis, malgré son air bravache, elle ne lui trouve rien de spécial. Ils ne sont pas vraiment amis, et exception faite des quelques mots qu'il s'adressent lors des réunions des élèves à la Rose Noire, ils ne se parlent presque pas. Elle hausse les sourcils, feint d'être surprise et ravie, le laissant lui baiser la main comme l'usage se doit dans les vieilles familles de sang-pur. Comme à son habitude, Iseult connaît toute la vie des autres sans leur avoir posé la moindre question. Elle ouvre la bouche mais se ravise: il se présente. Elle rit un peu de ce vrai gentleman comme on n'en fait plus - à part Lux, peut-être, mais Lux n'est qu'un bourgeois coincé. « Salut Alistair, tout le plaisir est pour moi. » Elle se mord la lèvre, joue les ingénues. Bien sûr qu'elle le voit venir, le numéro de charme de monsieur Fitzbern, voyons, elle en a vu d'autres. Cela dit, elle se doit d'avouer qu'il est particulièrement adroit - faire valoir sa bonne éducation et ses principes ne font pas souvent partie d'une stratégie d'approche efficace.

Iseult se demande ce qu'il lui veut, soudainement. Certes, ce n'est pas les prétendants qui lui manquent, mais aucun ne se décide brusquement, de cette façon, à l'aborder. Il a de la chance, s'il n'était pas Obscur, il irait se faire voir - elle en a rejeté pour moins que ça. Elle regarde le ciel se teinter de rose-orange et finalement, convient qu'elle lui laisse sa chance. Après tout, sa journée a été dure, elle a envie de se détendre un peu. « Alors monsieur Fitzbern, que puis-je faire pour vous? » Elle est amusée par son vouvoiement direct, ses manières directes et spontanées qui s'opposent à son côté vieux-jeu. Ça change tellement des autres qui prennent des pincettes avec elle tout en espérant se montrer familier une fois les premiers mots échangés ..

Pendant qu'il sourit à sa question, elle scrute son visage parfait, se dit qu'ils iraient bien ensemble, finalement. Quoi de mieux qu'une princesse pour assortir ce jeune prince? Longs cheveux dorés, yeux de glace et malicieux, bouche boudeuse et sensuelle, corps de rêve et nom respecté, Iseult remplit tous les critères de LA fille qu'il faut avoir, celle qu'il faut être. Machinalement, elle passe la main dans ses cheveux puis touche immédiatement son menton, geste qu'elle fait toujours lorsqu'elle est extrêmement satisfaite. Et elle a de bonnes raisons de l'être.