C'est le pied total! Plus sérieusement, Odette est son assistante, son père est Amycus Carrow, il n'y a pas besoin de vous faire un dessin si? Ce serait une perte de temps considérable et même vous devriez être capable de comprendre qu'elle supporte à 100% ses décisions, le pousserait même à être davantage radical si cela était du moins possible. Bref, elle vit parfaitement bien cette situation et souhaite asseoir l'autorité du Mage Noir une bonne fois pour toute.

Calmement et d’un coup de baguette adroit, Odette range l’épi qu’elle a aperçu à l’intérieur de son chignon. Comme bien des sorciers, elle privilégie l’usage de la magie à celle de ses mains dès que l’occasion se présente. N’allez pas imaginer une minute qu’elle soit de nature paresseuse, c’est bien loin d’être le cas. Simplement, lorsque l’on est doté de capacités particulières, il est d’usage de s’en servir. A quoi bon avoir entre ses doigts le pouvoir de faire tant si l’on ne l’exploite pas ? Ce serait du gâchis pur et simple. Après avoir inspecté une dernière fois sa tenue et l’avoir épousseté par simple reflexe, elle glisse son arme dans sa manche et tourne les talons. Comme chaque matin elle quitte son appartement à 6h52 et rejoint le Ministère de la Magie. Il ne lui est pas nécessaire d’arriver si tôt, mais elle apprécie voir les employés entrer un à un, avoir un œil sur ce qu’il se passe. Elle a parfaitement conscience de son rôle et le sait important pour le maître. N’étant pas stupide, elle sait également qu’elle est parfaitement remplaçable. Ayant toujours vécu pour sa réussite professionnelle il lui importe peu de se lever aux aurores, de découvrir le Ministère presque vide. Presque vide à l’exception des elfes de maisons. Yeurk. Elle ne saurait dire ce qui la dégoute le plus entre ces asticots poilus et les moldus. Enfin… ces premiers avaient au moins le mérite d’être utiles. A un point tel qu’elle a envisagé d’en acheter un. Il pourrait lui aider à calmer ses nerfs en cas de journée stressante. Alors qu’elle s’apprête à fermer la porte, elle jette brièvement un coup d’œil à son hibou et au courrier qui gît à ses pattes. Avec un léger soupir, elle rebrousse chemin et décide de le dissimuler dans un grimoire. Ne sait-on jamais, il lui arrive à l’occasion de rentrer accompagnée le soir et elle ne souhaite pas que l’on sache avec qui elle correspond. Correction, elle ne souhaite pas que l’on sache qu’elle correspond avec sa pariât de sœur. Rien que de songer à elle, son humeur qui était… stable dirons-nous, change du tout au tout. Elle sent ses veines bouillir et une envie d’endoloriser… un elfe de maison, tiens, ça lui ferait bien l’affaire.

Odette se revoit gamine, dans le salon de leur appartement Londonien. Elle regardait avec attention son père enseigner à Ariane les fondements de la magie, les sorts les plus enfantins. Envieuse, peut-être légèrement jalouse quand elle la voyait utiliser sa baguette fraîchement achetée au chemin de traverse. Chacun sait qu’elles sont chacunes attribuées à un seul et unique sorcier, qu’elles les choisissent. Cela n’avait pas empêché à son aînée de lui laisser la sienne quelques minutes voyant à quel point cela lui tenait à cœur. La cadette aurait dû le voir venir, elle aurait dû sentir qu’Ariane allait atterrir chez les Blaireaux à être aussi joviale et généreuse. Quand bien même les maisons avaient perdues de leur importance depuis que Le Maître avait majestueusement repris la direction de Poudlard, elle n’avait pu s’empêcher de voir cela comme une trahison. Une Carrow ! Poufsouffle ! C’était comme accueillir un sang-de-bourbe chez les Serpentard. Une aberration ! Une honte ! Rien que de songer à leur illustre nom de famille associé à cette maison de faiblards, elle avait une envie de dégobiller. Face au calme de ses parents elle avait cependant tu ses appréhensions et s’était contentée d’accueillir avec un sourire fané son aînée à chaque vacances.

D’un violent coup de baguette, elle claque la porte et lance un regard hautain à sa voisine qui semble être choquée de son comportement. Sans hésitation, elle lève son arme et lui fait signe de passer son chemin d'un regard froid. Un frisson de dégout lui parcoure l’échine alors qu’elle se demande quand Le Maître se déterminera également à envoyer ces moitiés de sang-de-bourbe en quarantaine. Elle supporte de moins en moins leurs petits regards de chien battus et leur incompétence. Oui, elle est désormais d’une humeur massacrante, ce qui lui arrive bien souvent lorsqu’elle songe à Ariane. Elle se demande toujours pourquoi elle a décidé de les trahir, de s’engager dans une voie aussi peu glorifiante alors que toutes les portes leurs étaient ouvertes. Comme à son habitude, Odette marche quelques rues afin de respirer l’air encore frais du matin. Ce sont durant ces précieuses minutes qu’elle s’autorise qu’elle parvient à laisser sa rancœur de côté. Ce n’est qu’une fois qu’elle a réussi à trouver trois évènements susceptibles de la rendre de bonne humeur qu’elle ne se décide à transplaner. Ses pensées sont cependant toujours encombrées par sa stupide aînée. Celle qui n’a pas su être à la hauteur, celle qui gâchait sa vie et la place de quelqu’un au sein de Poudlard.

Quatre années, elle dût attendre quatre longues années avant de pouvoir à son tour être escortée au château. Elle avait bien évidemment refusé à ce que son père s’en charge. La cadette était plus que fière de porter le nom de ceux qui avaient prouvé une fidélité presque sans faille à leur directeur et maître. Elle avait cependant le désir de faire ses preuves. Ce ne fut sans aucune surprise qu’elle fut admise chez les Serpentard et qu’elle s’avéra être une élève particulièrement douée. Oh bien entendu certaines matières totalement inutiles telles que la divination, l’astronomie lui valurent des piètres mais elle dévoila un talent particulier pour les Défenses contre les Forces du Bien. Est-il également utile de préciser qu’elle fut l’une des premières membres du clan des Obscurs ? C’était probablement à cet instant-ci qu’elle s’était rendue compte de la bêtise de la plupart de ses camarades. A cet instant-ci qu’était né son désir d’écraser tous ces idiots qui n’arrivaient pas à comprendre en quoi le règne du Maître leur était bénéfique. On pouvait dire que la jeune élève était devenue plutôt populaire en son temps, que ce soit auprès de ses camarades ou de ses professeurs. Son ADN pouvait jouer, mais elle se savait assez talentueuse et déterminée pour y avoir contribué de par elle-même. Elle en parvenait même à faire oublier Ariane et était devenue sans conteste la favorite de père et mère Carrow.

Un bon point, quand bien même elle ne supporte pas l’idée d’avoir une personne aussi faible que sa sœur dans la famille. Il faut avouer que cela lui a permis de s’imposer et se faire remarquer plutôt que de vivre dans son ombre. Qui sait peut-être aurait-elle uniquement été directrice d’un département plutôt qu’assistante. Elle se revoit tout naturellement entrer dans le ministère à la sortie de Poudlard et prêter serment au Seigneur des Ténèbres ; gravir les échelons à une vitesse fulgurante grâce à son esprit vif. En voilà un souvenir heureux ! Sensiblement de meilleure humeur elle ne réfléchit pas bien longtemps avant de trouver d'autres évènements qui l'enjouent. Elle se souvient de l’exécution de Potter, de la mort de quelques Weasley, de l’arrestation du reste d’entre eux. Enfin, ils reprennent les rênes du pays en main. Le message est clair. Quiconque tente de s’opposer à eux subira des représailles. On ne défie pas impunément le maître. Grisée par cette sensation de pouvoir et de justice, elle décide d’enfin se rendre sur son lieu de travail. Une fois sur place, elle affiche un sourire éclatant aux rares sorciers qui croisent son chemin et décide d’entamer la lecture des rapports de divers départements. Elle ordonne sa plume à papote de rédiger les convocations et retouche son maquillage avant que les sorciers appelés ne soit fasse à elle. Elle bombe sa poitrine et accueille le premier directeur avec un sourire faussement enjoué. S’il se doutait une minute de ce qu’elle lui réservait… maintenant et pourquoi pas plus tard, quand les bureaux seront vides...