Lucy avait eu le besoin constant de voir Adrian depuis qu'elle avait appris que son père était mort mais voir Adrian n'était pas si facile que ça, surtout dans un moment comme ça. Tout le monde guettait le moment où elle s'effondrerait. Heureusement grâce à Aeden, elle avait réussi à garder un peu de contenance en présence de « son public ». Et quel public que celui formait par les élèves et même le corps professoral de Poudlard ! C'était un public exigeant qui aimait se moquer des autres et qui se délectait des souffrances des autres. Malheureusement pour Lucy, elle était l'une des cibles préférées de ce public en ce moment. Entre le Code Phénix, son changement de camp et maintenant la mort de son père, il y avait de quoi se moquer d'elle ou en tout cas parler d'elle. Finalement être le centre d'attentions, c'était pas forcément une bonne chose. Lucy s'en serait bien passé... Ou alors peut-être que c'était elle qui n'était pas faite pour cela, allez savoir. Enfin bref, elle avait pu croisé le regard d'Adrian en cours. Elle avait vu qu'il cherchait le sien tout comme elle le faisait puis il avait laissé tombe une note dans sa poche jouant une fausse collision en sortant de cours. Sur cette note on pouvait lire : « Retrouve moi ce soir après le couvre feu à côté de l'arbre près du lac. » Certes il y avait tout un tas d'arbres près du lac mais Lucy voyait parfaitement celui dont parler Adrian. En effet une fois alors qu'ils étaient en quatrième, ils s'étaient amusés à grimper dans ce fameux arbre. L'idée était marrante mais Lucy était tombée, elle s'était cassée le bras. Adrian avait mal pendant trois jours mais Lucy, elle avait trouvé cela drôle en fait et après, elle avait eu un joli plâtre sur lequel tous ses amis avaient écrit un mot gentil. Ça avait toujours été un merveilleux souvenir aux yeux de Lucy. Elle irait bien évidemment à ce rendez-vous, elle n'attendait que cela même si l'idée de sortir après le couvre feu était dangereux. Lucy aimait les choses dangereuses, elle sortait quasiment toujours après le couvre feu mais en ce moment, c'était pire et puis Adrian et Lucy formaient un couple secret, c'était prendre encore plus de risques. Au stade où elle en était, franchement elle s'en foutait comme de l'an quarante !


Lucy eut l'impression que l'heure du couvre feu ne viendrait jamais. Elle ne mangea d'ailleurs quasiment rien, tellement elle était stressée et impatiente. Elle était ailleurs, quand on lui parlait, elle n'écoutait pas. Elle eut droit à quelques réflexions de la part de Roxie mais là encore elle ne comprit pas car elle n'avait écouté qu'à moitié. Ce n'était pas totalement de sa faute mais elle voulait voir Adrian et elle n'arrivait à penser qu'à cela. C'était elle qui avait provoqué le statut de leur relation à savoir cachée. Il faut dire qu'elle avait même tout fait pour que cela n'arrive pas, sombre idiote mais elle n'avait pas prévu que cela soit si dur à supporter au quotidien. Elle avait l'impression de manquer de les faire découvrir à chaque parole qu'elle prononce parce que mine de rien elle aurait voulu en parler avec quelqu'un. Elle aurait voulu dire à cette personne qu'être avec Adrian la rendait heureuse et lui faisait oublier un peu tous les soucis qui lui tombaient dessus et même si rien ne pourrait lui faire oublier la mort de son père, l'idée de retrouver Adrian tout à l'heure la rendait un peu plus légère. Elle se sentait coupable d'un côté parce que ce n'était pas juste vis-à-vis de son père mais elle continuait de le pleurer, elle le ferait toujours. Enfin il vint l'heure pour tout le monde de gagner son dortoir. Lucy alla dans les quartiers des Poufsouffles mais seulement pour faire comme tout le monde seulement elle savait qu'elle devait les quitter vite car sinon les gens se rendraient compte qu'elle sortait après le couvre de feu. Hors elle n'avait pas besoin qu'on la dénonce ou pire qu'on l'espionne ! C'est pour cela qu'elle récupéra juste deux-trois affaires avant de sortir et elle gagna le parc. Elle aurait sûrement un peu d'avance et c'était risqué mais tant pis. Elle en avait assez d'attendre et prendre un peu d'air lui ferait du bien toute façon. Elle étouffait dans ce château parmi toutes ses personnes qui lui donnaient mal au cœur. Elle qui avait toujours adoré Poudlard ne souhaitait plus qu'une chose : le quittait au plus vite.

Elle ne mit pas longtemps à gagner l'arbre où elle devait retrouver Adrian. Cependant elle prit bien la précaution de ne pas tomber sur un pion, le concierge ou même un mangemort en patrouille. Elle était déjà bien assez le cobaye des « séances de torture » du professeur de défense contre les forces du bien. Löfgren était une tarée croisée d'une folle combinée d'une psychopathe, bref c'était une mangemort traditionnelle. Cependant elle fut surprise de trouver Adrian déjà là en train de l'attendre. Tous les deux avaient de l'avance, devait-on voir un signe ? Enfin ce n'était pas Lucy qui allait s'en plaindre. Elle oublia alors de regarder à droite à gauche puis de nouveau à droit et de nouveau à gauche pour finir sur un demi-tour afin de voir s'il y avait quelqu'un derrière elle. Elle se mit à marcher très vite voir à courir, elle ne savait plus trop et elle se jeta dans les bras d'Adrian avant de l'embrasser. Que cela faisait du bien de s'abandonner dans les bras de celui qu'on aimait. Lucy était bien en ce moment. Ils rompirent alors leur échange mais Lucy ne s'éloigna pas pour autant.  « Tu m'as manquée. » Une phrase peut-être banale mais tellement sincère. Il fallait qu'elle la dise parce que ça lui semblait important, parce que ça lui faisait du bien de le dire et que cela ferait sûrement plaisir à Adrian. Et pourquoi fallait-il de toute façon tout le temps une raison ? Elle voulait le dire, elle le disait, c'était tout.  

Spoiler:

 On l’avait prévenu bien trop en retard à son goût. Peut-être ne fut-il pas le dernier au courant, mais Adrian avait la sensation d’avoir manqué quelque chose. Sur le coup, il avait une seule préoccupation : Lucy. La mort de son père fut aussi rapidement connut que les autres. Le jeune homme c’était vite mit à la recherche de sa belle avant de ralentir ses pensées et de prendre le temps de réfléchir. Elle devait être au plus mal et bien qu’il aurait donné tout pour être auprès d’elle, leur secret devait rester inconnu. Alors il la guetta de loin, s’assura des bruits de couloirs de son état, chercha son regard, mais rien ne le comblait. Il avait besoins d’avantage. La prendre dans ses bras, sentir son souffle, lui montrer qu’il sera toujours là. Quoi d’autre ? La mort d’un proche était surement le plus terrible à vivre. Bien qu’il n’ait jamais connu tel situation, c’était tout comme tel. Il devait la voir ! Combler ce manque et rapidement. Alors il la bouscula à la fin d’un cours et d’un geste rusé laissa tombé un bout de parchemin dans sa poche. Un rendez-vous, aux heures interdites, à l’arbre qui leur avait de nombreuses fois tenues compagnies. Pas ailleurs. C’était leur endroit à eux. Du moins, c’est ce qu’il s’imaginait. Le temps allait être long. Surement plus long que d’habitude. Lui n’étant pas très patient, il allait devoir attendre.

Bien que personne ne soit au courant, on le trouva bien impatient. Nombreuses fut les questions en attendent de réponse. Ses camarades avaient fini par avoir l’habitude. Adrian était devenu un vrai mystère. Certains disaient qu’il allait quitter la résistance car il n’était plus qu’un fantôme dans le camp. Ce n’était pas faux et l’idée lui avait de nombreuses fois traversée l’esprit, mais il était encore là. Assit au fond de la salle, certes, mais bel et bien présent. On le trouvait trop calme, trop impulsif, à la limite de la violence quand la colère le prenait. Que croyaient-ils ? Que l’entretient avec le mage noir ne l’aurait pas touché ? Bande d’idiot. Il avait rapidement grignoté un petit quelque chose au diner avant de retourner dans son dortoir. Kenneth l’avait rejoint, faisant comme si de rien n’était. Comme à chaque fois à présent. Ils bavardèrent un cours instant avant de se séparer. Le couvre-feu n’allait pas tarder et Adrian ne perdit pas de temps avant de quitter la salle commune. Son ami le couverait, il le savait. C’est ce qu’ils faisaient toujours. Le brun n’avait enfilé qu’un sweat à capuche au-dessus d’un tee-shirt, un simple jean et une paire de converse bien trop vieille. « Au moins, j’ai des chaussures » pensa-t-il. En rejoignant le lac, il se s’autorisa à se perdre dans ses souvenirs. Souvenirs partagé avec celle qu’il aimait. La course de balais, la chute de l’arbre, les nombreuses bagarres amicales et courses poursuites pour avoir la dernière choco-grenouille. Il pressa le pas. L’idée de la voir le faisait déjà bêtement sourire. C’était devenu rare de voir ses lèvres joliment s’étirer. C’était bien dommage, son visage était maintes fois plus charmeur avec un sourire. Arrivant près de l’arbre, il inspira l’air frais du soir avant de jeter un coup d’œil à sa montre. En avance. Un peu trop en avance. Soupirant, il s’essaya près du tronc, de façon à ce qu’on ne le remarque pas ou du moins le moins possible. Sa seule occupation fut de se laisser aller dans le calme du lac.

Comme une intuition, le brun jeta un coup par-dessus son épaule. Son instinct l’insista à être vigilant, sentant un regard posé sur sa personne. Un mangemort pouvait l’avoir repérer ou un autre élève possédant une âme vagabonde. Son regard se posa sur une douce silhouette. Celle qu’il attendait depuis peu. En avance elle aussi. Il ne put s’empêcher de sourire. Se relevant, il ne prit pas la peine de s’assurer qu’ils n’étaient que deux et s’approcha de la demoiselle. Il la prit dans ses bras et l’embrassa. C’était dingue cette emprise qu’elle pouvait avoir sur lui. Tout son corps se réchauffa, faisant disparaitre la fraicheur de la soirée. Un instant, il la souleva juste assez pour qu’elle se retrouve quelques secondes dans les airs. Adrian avait l’impression que cela faisait une éternité qu’il ne l’avait pas enlacé et quelque part, il n’avait pas tort. Ils rompirent leur échange sans s’éloigner l’un de l’autre. « Tu m'as manquée. » Il ne put s’empêcher de déposer une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes. Elle aussi lui avait manqué. Un peu trop même. Il avait l’impression d’avoir milles choses à lui dire, mais il ne savait pas exactement par où commencer. Il décida rapidement d’éviter les sujets les plus durs. Ils se voyaient tellement peu. Les conversations les plus durs à entendre pouvaient attendre ou être écrite dans une lettre. « Toi aussi, tu m’as manqué. Un peu trop même ! » Il sourit. Les mains posées dans le bas du dos de Lucy, il sera un peu son étreinte, la laissant se coller un peu plus contre lui. « Tu n’as même pas idée à quel point tu m’as manqué. A quel point l’envie de te serrer dans mes bras au détour d’un couloir ou encore te voler un baiser pendant un repas était présent… » Si, elle devait se l’imaginer. Surement qu’elle avait cette même sensation ou du moins cette espèce de manque constant. « Comment tu vas ? » Question bête, mais il avait comme ce besoins de la posé quand même. Qu’elle lui dise de ses propres mots comment elle se sent. Il se recula un peu pour avoir la possibilité de plonger son regard dans le sien sans jamais la lâcher. Comme à chaque fois, il allait profiter un maximum de ce moment. La situation était tellement dur pour lui, mais il la savait importante, alors il s’en contentait. Mainte fois il avait réfléchit à comment faire pour que leur relation ne soit pas « en danger ». Mais peu importe les circonstances, rien ne pouvait convenir. Il n’était pas questions de clan ou d’opinion, mais bien plus que cela. Il le savait et l’acceptait.        

Spoiler:

Une petite bulle hors du temps. C'est cela, Lucy était dans une petite bulle hors du temps quand elle était avec Adrian. Tout ce qui se passait, tout ce qui allait de travers ça n'existait plus. Qu'elle soit une obscure ? Effacé. Qu'ils aient participé à Code Phénix ? Oublié. Que ça soit l'anarchie en ce moment ? Ça n'avait plus lieu d'être. Lucy était même en mesure de mettre de côté pendant quelques instants qu'elle avait perdu la personne la plus chère à ses yeux. Cette bulle, elle était sûrement faite de bonheur. De quoi d'autre serait-elle faite ? Une sorte d'échappatoire mais alors attention à ne pas trop s'y raccrocher car là était le problème. Lucy se raccrochait à cela, c'était le seul instant où elle se permettait une pause. Elle relâchait tout : l'attention, sa volonté à accomplir ses objectifs. Elle oubliait tout le poids qu'elle s'était mis sur les épaules et se laissait à être seulement une fille de dix-sept ans. Une fille comme n'importe laquelle de son âge. Seulement quand elle revenait ensuite, que la réalité revenait, la douleur n'en n'était que plus grande et insupportable. Tout simplement parce que c'était idiot, futile en fin de compte et qu'elle ne pouvait pas se le permettre. Elle le savait bien pourtant mais à chaque fois c'était la même. Les sirènes tentatrices de l'amour étaient bien plus fortes que celles de la raison. Faible elle l'était face à ses sentiments car ils explosaient quand elle le voyait, elle frissonnait en imaginant ses bras autour de sa taille comme il le faisait en ce moment. Un contact et elle se perdait. Il l'embrassa et alors toutes les pensées qu'elle pouvait voir valsèrent jusque dans le néant. Tout ce qu'elle pensait c'était à ses lèvres sur les siennes, à quel point ce contact était doux et agréable. Le reste n'avait pas d'importance, le reste n'existait pas. Il rompit ce baiser bien trop tôt à son goût mais elle était toujours dans ses bras, cela compensait. « Toi aussi, tu m’as manqué. Un peu trop même ! » Trop ? Lucy doutait qu'elle puisse trop lui manquer, ou en tout cas plus qu'il pouvait lui manquer à elle. Pourtant le manque dans leur relation n'était-il pas fondamental ? S'il y avait le manque, cela voulait dire que l'amour était là, la flamme comme disent les grands romantiques. S'ils ne se manquaient plus, à quoi bon restait ensemble ? C'est cela qu'elle devrait combattre, le manque puisqu'elle voulait l'éloigner mais pour se faire, elle devait déjà vaincre le sien, à elle. Et elle était loin de réussir. Il lui sourit et elle se sentit coupable. Oh s'il entendait ses pensées, il deviendrait sûrement fou. Lui, le seul qu'elle n'avait pas encore déçu même si cela ne saurait tardé. Oh par Merlin, qu'elle se sentait mal à l'idée de le décevoir et pire de lui faire du mal. Et alors qu'il resserrait son étreinte, ce sentiment continuait de monter en elle. « Tu n’as même pas idée à quel point tu m’as manqué. A quel point l’envie de te serrer dans mes bras au détour d’un couloir ou encore te voler un baiser pendant un repas était présent… » Oh qu'elle avait une idée car ses paroles, elle aurait pu les dire mot pour mot. Exactement les mêmes. Très souvent elle avait envie d'un contact mais elle ne pouvait pas. Quand elle avait de la chance, elle croisait son regard et c'était déjà mieux que rien.

Mais rien n'était pas synonyme de vide, oh ça non. « Comment tu vas ? » Comment répondre à cette question ? Savait-elle elle-même comment allait-elle ? À ce moment très précis, elle pourrait répondre très honnêtement qu'elle allait bien, qu'elle était heureuse et que rien ne pourrait mieux aller. Mais son dégrossissait, si on étalait ça aux derniers moments, elle pourrait dire qu'elle était tour à tour dévastée de la mort de son père car elle se sentait responsable de par son implication dans Code Phénix. Ce n'était pas tout, cela la mettait dans une rage sans limite parce qu'on lui avait pris son père, qu'on lui avait volé tant de joies à vivre avec lui et qu'il était mort pour rien. Alors ça lui donnait encore plus de courage à continuer son long combat à porter le fardeau de cette solitude et cette trahison affichée. Et par dessus-là, il y avait toute la tristesse par le regard des autres enfin celui de ses proches. Voir la haine, la déception, le dégoût et même l'indifférence ce n'était pas facile surtout quand c'était sur le visage d'Hermès ou de Louis. Parce qu'à chaque fois, elle aurait voulu tout leur raconter pour qu'ils soient apaisés mais elle ne pouvait pas. Tout ça mélangé faisait un cocktail nocif. Elle sentit d'ailleurs les larmes lui montaient aux yeux. Elle ne voulait pas pleurer, non elle ne voulait pas parce que ça serait reconnaître que ça n'allait pas. Ça serait reconnaître qu'elle n'arrivait pas à tout gérer et c'était à ses yeux un signe de faiblesse. Pourtant tout le monde avait des moments de faiblesse, personne n'était infaillible. Le truc c'est que Lucy avait l'impression que si elle se montrait faible alors tout serait gâché, tous les sacrifices qui avaient pu êtres faits ne serviraient au final à rien. Elle sécha alors ses larmes avant de répondre : « Pas très bien, tu t'en doutes mais, mais ça ira.  » Lucy fit une petite pause avant de rajouter. « Il faudra bien de toute façon. Je, euh... »  Elle ne pouvait pas être autant insensible, pas par rapport à son père, jamais. Lui qui lui avait tant appris, elle l'avait toujours admiré. Il était son héros à elle et maintenant il n'est plus là. « En fait, non, je sais pas si j'arriverais à m'en remettre mais j'ai pas le choix. Ils sont tous là à attendre le moment où je craquerais pour se réjouir de ce qui arrive. C'est comme des vautours et mon père il aurait pas voulu que je m'effondre aussi mais je peux pas m'empêcher de penser que c'est injuste. Il a rien fait et il a tellement fait au ministère. Je veux dire il a toujours été rabaissé mais il faisait un travail exemplaire. Et je... » Elle s'arrêta ne savant pas si elle devait en parler à Adrian mais après tout, il avait vécu la même chose qu'elle. Qui mieux que lui pouvait comprendre ? Elle sentait que les larmes montaient à nouveau mais tant pis, c'était bien le dernier de ses soucis. « Et je me demande si... Enfin j'ai l'impression que c'est ma faute. Si y avait pas eu Code Phénix ça serait sûrement jamais arrivé. » Voilà elle l'avait dit et à présent elle était interdite.