Vanity se sentait l’âme rebelle ce soir-là. La première année avait décidé de prendre des risques par goût d’aventure. Ses amies résistantes ou obscures lui racontaient qu’elles avaient des missions et que c’était vachement amusant, pour peu elle se serait engagée dans l’un des clans mais … en réalité elle n’y croyait tellement pas, trop optimiste pour en faire une mission, qu’elle ne s’était jamais investie. Résultat des courses elle s’ennuyait. Enfin non, elle avait régulièrement des heures de colles et elle faisait –plus ou moins– ses devoirs, se couchait tôt et dormait beaucoup, lisait, jouait, dansait, mais aujourd’hui elle souhaitait faire un truc extraordinaire, seulement elle n’avait pas d’idée. « Cpralie, dis-moi, tu n’as pas une idée de truc fou à vivre avant ta mort ? » La petite blonde fronça les sourcils se demandant ce que mijotait son amie, mais devant l’air plus qu’innocent de sa jeune amie, elle se laissa prendre au piège. Comme quoi, on se fait souvent avoir par ses amies les plus proches. « J’ai toujours rêvé de faire un saut à l’élastique, ça doit être extraordinaire… » Vanity roula des yeux, mais en souriant. « Quelque chose à faire dans Poudlard patate. » Devant le regard de Coralie elle ajouta rapidement. « Enfin non pas patate, j’ai du mal m’exprimer. » La première année finit par rigoler, ç’aurait été bête de prendre mal l’insulte non pensée et elle continua. « Dans Poudlard ? Hum. Je n’y ai jamais réfléchit, je suppose qu’il y a plein de trucs à faire. Déjà découvrir toutes les salles, mais c’est pas extraordinairement fou. » Pensive elle se tut pour réfléchir et, le regard lointain et les joues rouges, elle rajouta « Me balader dans Poudlard la nuit j’adorerai. » Sage et innocente petite Coralie. Vanity regardait son amie avec un grand sourire, c’est vrai que c’était un acte rebelle, mais pas un truc de fifou tout de même. Elle hésita un instant, puis ses petites dents à l’air libre et les yeux brillants elle proposa. « On essaie ce soir ? » Coralie la regarda en écarquillant les yeux. « Par ce soir tu entends … ce soir ? » demanda-t-elle en s’étranglant, pour seule réponse, Vanity ouvrit la bouche en grand, mais avec un air beaucoup plus espiègle qu’innocent cette fois-ci. « Mais tu es complètement tarée, si les mangemorts nous voient on pourra se faire tuer, ou pire ! Se faire expulser ! » Vanity rigola et se dit intérieurement qu’il fallait qu’elle revoit l’ordre de ses priorités mais sa décision était prise : ce soir elle sortait. Oh pas une grande virée de folie à l’extérieur, elle n’allait pas faire de bêtises hors de Poudlard ni rien, non, juste s’évader quelques instants de la salle commune, au beau milieu de la nuit, pour explorer le château sous un autre angle. Elle avait hâte. « T’es avec moi ou contre moi ? » questionna la première année, jetant un regard on ne peut plus sérieux à Coralie. Toute hésitante cette dernière hésita, puis rougissant à l’idée de faire une grosse bêtise, elle accepta. Le sourire de son amie fut on ne peut plus grand et elle sauta au coup de Coralie. « Ca va être GENIAL, faut qu’on prévoit une heure et … aaah, j’ai trop hâte ! » Et la journée se fini dans les rires, tant les deux jeunes filles avaient hâte de partir à l’aventure. Une bonne heure plus tard elles allèrent se coucher, car elles avaient choisis de partir en commando à deux heures du matin, il ne fallait pas qu’elles ratent leur coup ni qu’elles soient fatiguées.

« TULUTUUUUT. » Les yeux pleins de malices Vanity se réveilla d’un bond et éteignit son réveil avant même qu’il n’ait le temps de sonner de nouveau. Imogen ouvrit ses yeux fatigué en demandant « késké spasse ? » et Vanity lui dit de le rendormir en la bordant délicatement et en lui faisait un bisous sur la joue. Cela marcha car pas moins d’une seconde plus tard, Imogen ferma les yeux en murmura « d’accord maman » avant de retomber dans les bras de morphée. Coralie eut par contre plus de mal à se lever, soudain tétanisée par la peur. « Bah alors Coralie, sois une grande fille, ça va être amusant ! » La réconforta-telle. Elle fit un signe de tête négatif et en chuchotant pour ne pas réveiller leurs camarades de dortoir, elle argumenta. « Mais c’est interdit, on a pas le droit, ça ne se fait pas, tu imagines si on se fait prendre ? Et si et si … » La première année la coupa d’un doigt sur la bouche. « C’est pas grave tu sais, c’est juste bête pour toi, rendors-toi, tant pis, moi j’y vais. » Et en s’habillant silencieusement, la gamine se prépara à sortir. Elle avait mis une écharpe verte foncée et une cape noire, au cas où elle croise quelqu’un, elle pourrait toujours s’enfuir et personne ne douterait que c’était une petite gryffondor la rebelle. Elle sourit, fière de son idée et passa la porte du dortoir, il était une heure et quarante-sept minutes.

Vanity descendit les marches sans faire de bruit, puis, tout doucement, elle ouvrit la porte qui donnait sur le couloir. Serrant sa cape contre son corps, elle frissonna. Il était vrai que les couloirs n’étaient pas chauffés et la nuit, sans le mouvement des élèves, l’air était glacial. Elle souffla pour se donner du courage et avança dans le château.

La jeune fille hésita pendant quelques secondes à lancer un sortilège pour éclairer son chemin grâce à sa baguette, mais c’était trop risqué puisqu’elle était plus visible et les tableaux la verraient, alors elle avança dans le noir, heureuse à chaque fois qu’une fenêtre laissait passer de la lumière grâce au rayon de la lune. Elle visita de cette manière quelques étages, montant et descendant au grès de ses envies. Ici il n’y avait personne pour l’accoster ou l’embêter, le château baignait dans un silence de mort total. Souriant toujours, elle s’approcha d’une fenêtre pour y apercevoir le parc plongé dans l’obscurité. En s’accoudant elle remarqua qu’au contraire, l’herbe était bien visible : c’était un soir de pleine lune. Elle ricana en pensant à toutes les bêtises sur les loup-garous qui mangeaient les élèves à Poudlard les nuits de pleines lunes, cela réveilla un tableau qui s’intéressa à la jeune fille. Elle courut vite dans le sens contraire, il ne fallait pas qu’elle se fasse démasquer ou c’était des heures de tortures assurées. Cependant elle était triste de ne pas avoir admiré le paysage tout son soûl et elle décida de retourner près d’une fenêtre. La vitre était si crade qu’elle l’ouvrit afin de voir au travers. Et là, c’était magnifique. Elle avait toujours adoré admirer le parc en plein jour et la vue d’une nuit éclairée de cette sorte par la lune donnait quelque chose d’extraordinaire. Elle se perdit dans la contemplation quand un mouvement vers la forêt l’intrigua. Avec sa vue perçante elle posa son regard à l’orée droite et … une énorme bête en sortit. Suivie d’une deuxième. La première année mit quelques secondes à reconnaître puis à comprendre mais finalement tout devint limpide : au milieu du parc deux loup-garous se battaient. C’était violant et dangereux. Vanity était terrifiée. Elle savait que … Sidney était un loup-garou, c’était une chose connue à Poudlard mais qu’il y en avait un second, cela elle l’ignorait. Et puis il y avait une différence entre savoir que les loups-garous existaient et en voir un. Ses yeux s’ouvrirent de terreur, et sans le faire exprès elle poussa un cri. Le premier loup qu’elle avait vu, venait de se faire mordre à la jambe. En un seul mouvement les deux têtes se tournèrent vers la jeune fille. Même à la distance où elle était, leurs yeux renvoyaient un tel éclat qu’il était impossible de ne pas comprendre qu’elle allait finir en repas du soir. Son rythme cardiaque s’accéléra fortement, sa respiration se fit saccadée, sa peur grandissait. Elle ferma bien vite la fenêtre et … courant à en perdre haleine elle fuit cette fenêtre. Ce couloir. Cet étage. Elle ne savait plus si elle montait ou descendait les escaliers. Elle courait c’était tout ce qui comptait.

Ce qui devait arriver arriva : elle rentra dans quelqu’un. Elle venait d’entendre un hurlement de loup-garou et, de peur, elle avait regardé derrière-elle. Elle craignait tellement qu’un loup ne rentre dans le château et la poursuive. Elle aurait préféré se retrouver dans sa salle commune et son lit, seulement elle avait tellement peur qu’elle était incapable de se guider dans le château. Et voilà que, alors que ses yeux étaient fixés sur un point dans son dos, elle tomba littéralement sur quelqu’un. Le corps était fort, elle avait donc pris tout le cou et l’autre n’avait pratiquement rien du sentir, seulement … si le corps était dur et solide c’était que la personne était grande, donc plus âgé : soit un préfet soit un professeur. Dans les deux cas, elle était foutue.

Elle n’osait regarder la personne dans les yeux, peut être que si elle s’enfuyait cela passerait mieux ? Elle tenta d’esquisser un pas vers le côté pour partir mais une main la stoppa. Une poigne forte qui l’attrapa par le col et la souleva de terre. Bon. Au moins elle savait qu’elle était foutue. Face à elle se trouvait Oli. Elle ferma les yeux et se mordit la lèvre. Ok. Là elle était morte. Si au moins cela avait été Eros ou même Scropius, mais non, c’était le bibliothécaire qui ne l’avait jamais aimé… Certes il faut avouer qu’elle avait emprunté un livre à la bibliothèque, qu’elle l’avait perdu et finalement retrouvé dans la boue. Les amoureux des livres ne l’aimaient donc pas vraiment mais ce n’était pas une raison pour la haïr tout de même. Elle attendit sa sentence avec hantise, que pouvait-il bien lui donner à faire ? Puis finalement elle soupira, au moins elle était sauvée des loups-garous, c’était un point non négligeable. Décidant de jouer l’innocente elle sourit avec douceur et lança un petit « Salut » enjoué.

Il avait fallu qu’elle tombe sur Stocker. Malgré toutes les personnes présentes dans Poudlard il fallait que ça soit juste elle. La moitié du corps enseignant l’avait adopté, l’autre moitié … ok non l’autre moitié ne l’appréciait pas vraiment mais ce n’était pas de sa faute si elle avait fait exploser sa potion … en y mettant un pétard non ? Bon d’accord si. Elle cherchait la merde mais c’était tellement plus amusant, jusqu’au jour où elle se prendrait une grosse claque et là elle deviendrait sage mais ce jour n’était pas arrivé, ce sera l’heure des grincements de dents et … Oli Stocker donc. Elle se mordit la lèvre et tenta de prendre un air heureux et gentillet. Un air innocent. Seulement elle savait d’avance qu’elle était foutue, pas besoin de lire dans les lignes de sa main qu’elle allait avoir une grosse punition voire pire. « Tu sais pourquoi vous avez un couvre-feu ? Pour éviter ce genre de rencontre désagréable, Vanity Cyreil. » Bon, si elle avait encore eu un quelconque espoir qu’il ne se souvienne pas de son prénom ou de son nom de famille, il venait d’être ruiné. En plus de savoir parfaitement qui elle était, il se souvenait d’elle. Elle se demanda s’il parlait de lui ou des loups-garous. Parce que les deux rencontres étaient vraiment désagréables en réalité. Elle se mordit la lèvre et ne répondit pas. Elle était impulsive mais pas conne, au fond de son cœur elle savait que si elle prenait la parole maintenant elle ne ferait que s’enfoncer encore plus. Ses pieds touchèrent le sol quand il la reposa et un jet de lumière lui éclaira le visage. Elle cligna des yeux puisque ses pupilles s’étaient habituées à l’obscurité. « Tu as des ennuis, demoiselle. Mais fallait t’y attendre, à sortir dans Poudlard un soir de pleine lune sans lumière et en te baladant sans faire attention. » Elle baissa la tête. D’une part cela lui permettait d’éviter de recevoir le sortilège dans la gueule et d’une autre part cela pouvait faire croire à Stocker qu’elle regrettait ou qu’elle se sentait coupable. Et puis d’abord elle ne savait même pas que c’était la pleine lune, comment aurait-elle pu le deviner ? Elle n’était pas du genre à compter les étoiles dans le ciel et à faire des calcul pour savoir quand était la pleine lune. Et il ne pouvait même pas se servir de l’excuse qu’elle aurait pu le savoir en fonction des nuits précédentes puisque le couvre-feu était si tôt que généralement la lune n’était même pas levée. « J’ai fortement envie de te jeter un sort pour que tu sois bloquée dans le couloir jusqu’à l’aube, de la glue ou un truc du style » Elle releva la tête brusquement et le supplia du regard, la peur se lisait dans ses yeux. Elle avait vécu des choses terrifiante dans sa vie, mais le regard du loup-garou et son hurlement avaient tout dépassé, sur l’échelle de monstruosité ces deux choses arrivaient en tête et de loin. Elle tremblait comme une feuille rien qu’à ce souvenir. « Mais je vais te donner une chance parce que tu as 11 ans, que je suis responsable, et que j’ai pas envie de t’entendre hurler dans toute l’école. » Son jeune âge lui sauvait la vie, encore une fois. Elle remercia de tout cœur Merlin et soupira d’aise. C’était déjà une bonne chose de gagner même si d’après le regard du brun ce n’était pas encore fini pour elle. « T’as trente secondes pour m’expliquer ce que tu fais ici, ruineuse de livres. » Outch. Trente secondes ce n’était rien elle n’avait pas le temps d’inventer un gros mensonge, pourtant elle était douée pour cela normalement mais là rien ne lui venait à l’esprit. Un vide total. Le cri du loup avait tout dénaturé chez elle. « Je ne savais pas que c’était la pleine lune. » lâcha-t-elle les larmes aux yeux. Dire la vérité ? Elle ne pouvait pas non plus car elle avait transgressé bons nombres de règle de l’école et puis qu’en ferait Oli de la vérité ? Il n’y croirait même pas. Elle se mordit la lèvre proche du désespoir. Où en était-il du décompte ? Approchait-elle de la mort ou bien avait-elle encore une dizaine de seconde ? Lisant dans le regard du bibliothécaire qu’il était grand temps qu’elle se dépêche elle opta pour la vérité, tant pis pour elle. « Je je ne faisais rien. J’avais envie d’être comme les grands, de sortir la nuit, tout le monde fait des choses folles et moi je ne connais même pas le chemin de la cuisine. Alors j’ai voulu, mais… NON S’IL TE PLAIT. Ne me laisse pas là, pas avec cette créature. Je serais sage. Je ferais ton lit. Je ne sortirais plus jamais la nuit. Promis promis promis. S’il te plait. » Des larmes s’écoulaient le long de ses joues, elle avait si peur. Comment pouvait-on rester insensible ? Seulement cette fois-ci elle ne jouait pas la comédie, la peur était réelle. Elle releva son petit minois plein de larmes vers l’adulte qui ne savait sûrement pas où se mettre. « Dis-moi ce que je dois faire, je suis prête à tout, mais plus jamais les loups-garous. Plus jamais. » Elle respirait difficilement, elle savait qu’elle était ridicule et que son air de jeune fille forte et enjouée comme elle avait voulu le lui faire croire, mais elle avait laissé tomber son masque pour redevenir l’enfant qu’elle était. Et même si ç’aurait pu être une technique de sa part pour se faire adopter et éviter la punition, pour une fois ce n’était pas du mensonge c’était vrai. Elle était faible. Et triste que ça soit l’aide bibliothécaire qui la voit dans cet état-là. « Enfin sinon on peut faire des blagues pour oublier le cri ou .. je peux me taire oui. » Le regard de l’adulte la fit changer d’avis et elle s’arrêta avant de finir sa phrase, oui ça allait mieux si elle se taisait après tout.