« Il y a une fête demain dans les cachots du château, tu y seras n'est-ce pas Aleksander ? » demanda la voix aguicheuse d'une cinquième année en lui glissant un bout de papier entre les doigts. Le garçon baissa les yeux vers la feuille, où des dessins de fête étaient dessinés. Un baiser atterrit sans qu'il ne le comprenne sur sa joue, et la jeune fille s'éloigna en sautillant, non sans lui avoir adressé un clin d’œil au loin. Ah, qu'est ce que c'était que cette fête encore ? Comme si le château n'était pas assez animé ces derniers temps, avec les élèves qui étaient plus agités les uns que les autres, et ces conflits obscurs/résistants donc Aleksander se moquait bien. Il semblait que les jeunes de Poudlard aient besoin de s'amuser, et après tout, si il n'était pas réellement pour, il passerait tout de même faire un saut à cette fête pour faire comme les autres, et paraître s'intéresser à ce genre de choses. Se mettant sur son trente et un le soir même, ce qui se résumait à peu près à une chemise grise un peu froissée, un jean et des baskets larges, le jeune homme se rendit à la fête prévue, et se retrouva mêlé à un grand bain de foule. Oh, tout cela n'était pas vraiment son genre, trop de monde, mais après tout, l'ambiance semblait être bonne. S'aventurant donc jusqu'à la table des boissons, le Loevan se servit un verre de ce qui se trouvait devant lui dans une grande carafe, et survola des yeux la salle. « T'es qui toi ? » demanda-t-il à un jeune homme qui semblait bien plus âgé que lui, et qui était habillé tout en noir, la baguette dans une main, le buste plat et droit. « Un classe préparatoire, je suis là pour monter la garde. » Ah, pas si bête, se dit le jeune homme. En réalité, cela était même une très bonne idée, car si un professeur ou pire, le directeur, tombait sur cette petite mascarade, cela serait sûrement le pire des drames pour tous ceux se trouvant dans cette salle. A vrai dire, jusqu'alors, la question de leur sécurité n'avait même pas traversé l'esprit de Aleksander. « C'est bien - dit il en toussotant - et bien... continue ! » lâcha finalement le jeune brun avant de tourner les talons. Quelle réplique. Le garçon avait voulut quelque peu s'intéresser, et voilà ce que cela donné. Comme quoi, il faisait mieux de se taire, parfois, franchement.

Ce soir là, Aleksander fut aguiché par un nombre de filles inimaginable, et elles n'y allaient pas de main morte. Si Aleksander ne s'était jamais trouvé à lui-même un charme particulier, ou même un quelconque pouvoir d'attraction si qui que ce soit, les filles, elles, ne se privaient pas de le lui faire comprendre, ce à quoi le garçon avait toujours beaucoup de mal à croire, après tout, les blagues étaient bien trop fréquentes de nos jours, pour que ce que ces filles disent soit la stricte vérité. D'ailleurs, lui beau, cela relevait de l'impossibilité. Ou d'un énorme problème cérébral brouillant tous les sens de la personne qui le regardait - ou ne le regardait pas, justement. « On va ailleurs ? » lui glissa une des dites fille au creux de son oreille, tandis qu'ils se trouvaient tous deux au fond de la salle, suivit de près par quelques autres filles dont Aleksander se fichait pas mal, tout comme la première, d'ailleurs. Relevant son doux minois vers la belle jeune fille, Aleksander haussa les épaules et s'éclipsa avec elle, se laissant guider par la jeune femme. La demoiselle faisait partie de la même maison que lui, il le vit au blason qui était accroché sur sa robe, et au fond, cela arrangeait bien le jeune homme, puisque ainsi, leur destination était d'or et déjà trouvée, et il ne serait pas très difficile de trouver un coin tranquille dans leur salle commune. Cependant, méprenez-vous, il n'arriva pas ce que vous pensez qu'il allait arriver. Même si la situation en avait tout l'air, avouons-le. Aleksander désirait la jeune fille, et il avait tendance à devenir plutôt sociable en buvant de l'alcool, ce qui ne lui ressemblait pas, mais il avait tout de même de la retenue. « Désolé mais je ne couche pas avec des filles bourrées. » le regard interloqué de la jeune fille qui le dévisage et lui transperce les yeux se fixe dans sa mémoire, et le jeune homme sait qu'il a raison d'agir de la sorte. Une fille bourrée, c'est une personne qui ne peut être sure de ses actes, et cela n'intéresse guère Aleksander. « Je coucherais avec toi quand tu auras tout ton esprit. » la jeune fille ouvrit la bouche pour répliquer mais l'autorité de Aleksander la fit taire. Oui, le brun était quelqu'un d'honnête. Il ne se gênait pas pour coucher avec des filles, mais ce uniquement lorsqu'il les savait pertinemment consciente de leurs actes. Ce soir donc, ce ne serait le cas pour aucune des filles qui l'avaient abordé. Et Aleksander retrouva le lit en baldaquins de son dortoir, s'endormant presque instantanément.

« Quoi, t'as pas couché avec cette fille ? » la parole - hurlement d'Anton, le meilleur ami du Loevan, au réveil tout juste, alors qu'Aleks n'était levé que depuis une bonne trentaine de minutes, faillit faire lâcher au garçon la cigarette qu'il venait de glisser entre ses doigts. Donnant un léger coup à son ami, pour avoir manqué de lui faire perdre l'un de ses biens, le jeune homme alluma d'un coup sec sa cigarette, et tira dessus comme la libération qu'elle était. Un simple hochement d'épaules et un haussement de sourcils faisant comprendre à son ami qu'il se contrefichait bien de ce qu'il pensait sur le fait qu'il couche ou non avec telle ou telle fille, cela ne le regardait pas, et contrairement à bien d'autres garçons, Loevan n'aimait pas s'en vanter. L'alchimie des corps, c'était la nature, voilà tout, il n'y avait rien de plus à en dire. Mais le regard d'exaspération d'Anton ne trompait pas, Aleksander semblait bien le seul à penser de la sorte. « Tu me tueras un jour, si j'avais été à ta place... » Aleksander tourna subitement sa tête - ce qui, au passage, lui donna le tournis - et foudroya son ami du regard, avec un air profond de reproche. Oui, Aleksander savait bien ce qu'Anton aurait fait à sa place, et le jeune homme était bien loin d'approuver cela. Aleksander était loin d'être un porc, et encore moins une personne qui profitait de n'importe quelle situation qui soit, contrairement à Anton, de toute évidence. Soufflant devant le regard plein de sous-entendus de son camarade, Aleksander laissa la fumée de sa cigarette s'échapper de ses lèvres, et les ouvrit cette fois-ci pour répondre à la tirade que s'efforçait de faire depuis cinq bonnes minutes son camarade, qui ne semblait guère manquer de souffle, au désespoir de son compère. « De un tu n'étais pas à ma place, et de deux t'es qu'un porc. » voilà. Franc et indélicat, du Aleksander à cent pour cent.

« Tu es faible Aleksander. Faible. » lâcha Timothy, après avoir coincé son cadet derrière un pan de mur. Oui, Aleksander ce sentait faible à cet instant précis, et il l'était assurément. Il n'arrivait même pas à tenir tête à son aîné, il se prenait la raclée de sa vie, et il ne bougeait pas. Pire, même, il baissait la tête. « Répète-le, idiot. » Le garçon respirait avec difficulté, il manquait toujours d'air lorsqu'il se trouvait avec Timothy, cela était peut-être psychologique, ou peut-être pas. Quoi qu'il en soit, l'homme face à lui le terrifiait pleinement, et il n'avait aucun moyen de se défaire de cette crainte. Timothy appliqua une forte pression sur la robe de sorcier de son frère, et Aleksander sanglota malgré lui. « Je, je. » Le brun face à lui éclate littéralement de rires, créant un contraste parfait entre les pleurs du Loevan, et la joie de celui qui le martyrisait. « Je suis faible. » lâcha finalement le jeune homme, non sans difficulté. Pleurant alors à chaudes larmes, Aleksander fut lâché par son frère, et tomba sur le sol, d'où il n'osait plus bouger. « Tu ne vaux rien, Aleksander. Rien. » Et Timothy avait raison, Aleksander n'était qu'un nul, un bon à rien, il ne méritait même pas de parler à qui que ce soit, et le garçon le décida ainsi, il ne voulait avoir de contact avec personne, hormis ces deux éternels acolytes. A partir de ce jour, plus personne ne connaîtrait Aleksander.

« Salut, je suis ta voisine de paillasse. » le visage froid, Aleksander ne prit même pas la peine de tourner son regard vers la personne qui lui adressait la parole. Qui était-elle, que voulait-elle ? Il s'en fichait. Il ne voulait rien savoir de personne, rien ne l'intéressait. Par merlin, il ne voulait connaître personne, était-ce trop demandé ? « Je suis à Poufsouffle, et toi ? J'aime bien cette matière. » gné ? Qu'est-ce qu'elle ne comprenait pas dans le regard sanglant qu'il lui avait jeté ? Aleksander ne voulait pas être sociable, qu'on le laisse tranquille. En cet instant précis, l'homme n'avait qu'une seule envie, sortir au plus vite de ce cours et allait fumer. Ainsi, ce fut ce qu'il fit. Il prit ces affaires, à peine sorti, et monta sur les toits du château. Au moins là, personne ne viendrait l'embêter. Humant l'air, le garçon profita paisiblement de cet instant de sérénité. Parfois, il se demandait pourquoi il était venu au monde. Il savait qu'il était un enfant indésiré, ses parents lui avaient bien trop de fois répété, par dessus le fait de le lui faire comprendre. Mais pourquoi ses parents ne l'avaient pas tué pour de bon ? Ce n'était pas faute d'avoir essayé, mais un sortilège impardonnable et l'affaire aurait bien vite été réglée. A quoi jouaient-ils, par merlin ? Qui plus est, ses maudits parents étaient deux obscurs francs, ils ne connaissaient que le Mal, et ne vivaient que pour servir le seigneur des Ténèbres. Des valeurs qu'ils avaient inculpé à leur aîné, Timothy, qui rêvait lui-aussi de rejoindre les mangemorts, et de tuer tant de personnes. Cela était en partie pourquoi jamais Aleksander ne rejoindrait les obscurs. Tout autant qu'il ne rejoindrait les résistants. En effet, si cela aurait achevé ses parents de le savoir dans l'autre camp, le jeune homme n'avait pas envie de se joindre à qui que ce soit. Il souhaitait être libre comme l'air, du moins tout autant qu'il le pouvait dans la cage qu'il s'infligeait à lui-même. Car oui, le Loevan s'était établit à lui-même de nombreuses règles. Il devait parler au moins de monde possible, ne jamais sourire -sauf avec Mélinda, il ne pouvait s'en empêcher-, il devait ne pas manger à sa faim, pour payer le prix de son incompétence et de son inutilité. Se faire coller au moins trois fois par semaine, se faire désigner cobaye dans les cours de Défense contre les Forces du Bien. Enfin, tout pour faire de lui un esclave de soi-même. Il ne méritait pas mieux, il en était certain.

« Pourquoi tu te prétends impartial si tu aides les résistants ? » demanda la voix douce et agréable de Mélinda, l'amie de toujours de Aleksander. Les deux jeunes gens s'étaient retrouvés dans le parc vers les seize heures, cela faisait un bail qu'ils n'avaient pas passé du temps ensemble. « Je ne me prétends pas impartial, je le suis. » rétorqua le garçon, un sourire enfantin ornant ses lèvres. Coupant court à un "mais" que la jeune fille s'apprêtait à prononcer, le garçon reprit « J'ai rien contre les résistants, j'ai rien contre les obscurs. Je me fiche de tout cela, c'est pas mon histoire. » Pas son histoire, cela était certain. Pourquoi diable aurait-il voulut se mêler à tant d’effusions de monde ? Non, non, il lui était arrivé une fois de livrer des informations aux résistants, mais ce uniquement car il s'agissait de faire tomber à l'eau l'un des plans échafaudé de son frère, rien de plus. « Pourquoi tu veux rester en classe préparatoire, l'année prochaine ? Puisque tu es si mauvais en cours. » Pour être avec toi, pensa si fort Aleksander, qu'il espérait que Mélinda ne l'ait pas entendu, par il ne savait quel moyen. Pour être proche d'elle, garder un œil sur elle, ne pas se sentir vide, peut-être ? Mélinda avait un an de moins, et était une élève très calme et très sérieuse. Elle ne ressemblait pas vraiment à Aleksander, quoi. « Ça va être dur pour toi, tu sais. » Moins dur que sans toi, mon amour. Il y avait tant de paroles qu'Aleksander aurait souhaité dire, et qui pourtant ne sortait pas de sa bouche. Plus encore qu'avec les autres, le jeune homme était davantage muet en compagnie de Mélinda. L'amour, par merlin. « Surtout maintenant que Timothy est devenu surveillant. » Loevan grimaça. Brrr. Rien qu'à cette pensée, le jeune homme en avait la chair de poule. Une raison de plus pour se faire martyriser sans risques de représailles pour Timothy ? A coup sûr. Et d'ailleurs, le jeune homme vivait à présent dans une peur permanente, de voir son aîné surgir de nulle part et s'en prendre intensivement à lui, comme il était si bon pour le faire. « Tu devrais arrêté de fumer tu sais, c'est mauvais pour la santé. » Sans blague ? Sa santé avait été l'une des raisons qui l'avait poussé à commencer, il y a des années de cela. Mais à présent, il continuait car il en avait besoin. Il se sentait mieux, lorsqu'il fumait. Pas mieux que lorsqu'il avait l'occasion de voir Mélinda, mais presque. La fille dont il était amoureux et la clope, voilà les seules choses qu'Aleksander considérait comme étant positives dans sa vie, les seules. C'est que, il ne pouvait guère allé chercher plus loin. Et ces choses ne le rendait pas moins esclave que qu'il s'infligeait à lui-même d'être. Que cet esclavagisme, cette maltraitance, qu'il s'imposait, en plus de celle qu'on aimait lui attitrer. A quoi bon chercher une issue de secours, de toute manière ? Le Loevan ne s'en sortirait jamais, il ne savait pas où il allait, mais il y allait. Aleksander était né pour ne pas vivre. Alors il se contentait de ne juste pas mourir.