La bibliothèque. Filippine apprécie particulièrement cet endroit. Etre au milieu des livres, sans se soucier le moins du monde ce qu'ils pensent d'elle, de la façon dont ils la voient. Elle n'a pas besoin de faire semblant d'être quelqu'un d'autre, elle n'a pas à se forcer pour leur parler. Les livres n'exigent rien, contrairement au relation humaine que Filippine juge comme étant trop compliquée. Compliquée, pour elle, en tout cas. Elle n'avait jamais su comment être avec les personnes qui les entouraient. Elle était incomprise, dans le meilleur des cas, un phénomène de foire, dans le pire. Et la situation n'avait fait que de s'empirer à la mort de sa mère. Elle s'était littéralement fermée, isolée, barricadée derrière une carapace derrière laquelle elle se sentait en sécurité. Il y avait bien évidemment quelques exceptions. Quelques personnes de confiance, devant lesquels elle s'ouvrait et se donnait complètement. Quelques personnes à savoir qu'il fallait aller plus loin que cette apparence froide et antipathique. Ce petit bout de femme ne demandait qu'à se faire une place, mais elle était trop douce, trop fragile pour affronter la méchanceté de certains. Elle s'était donc calqué à leur image. Elle s'était prétendue imperméable à toutes les attaques lancées à son égard, sans jamais montrer que chaque coup qui lui était porté, elle l'encaissait douloureusement. Elle n'était pas forte, elle n'était pas froide, ni même hautaine. Elle crevait de trouille. Continuellement. Sa maladie et ses angoisses ne faisaient qu'accentuer son mal-être. Installée au milieu de la bibliothèque, à même le sol, entourée de bouquins, elle se sentait particulièrement. Elle adorait l'odeur qui se dégageait des vieux livres. Vieux livres qu'elle manipulait avec un soin tout particulier. Il était encore tôt, trop tôt pour que les élèves ne pensent à traîner dans la bibliothèque. Ce n'était pas plus mal, il n'y avait personne pour la déranger avec des questions stupide, ou pour lui faire remarquer que le devoir sur lequel elle était en train de travailler n'était à rendre que deux semaines plus tard. Plusieurs bouquins étaient ouverts autour d'elle. Assise en tailleurs, un livre posée sur ses genoux servaient de surface pour poser son parchemin, elle s'emparait de temps à autre de la plume qu'elle avait coincée derrière son oreille pour prendre quelques notes. Ses orbes azurées allaient d'un ouvrage à l'autre, avide de savoir et de connaissance. Elle s'appliquait à la tâche, comme elle le faisait pour chaque devoir qui lui était demandé. Oh, Filippine ne faisait pas cela pour plaire à ses professeurs, encore moins pour être la première de la classe, non, elle était passionnée et naturellement curieuse. Filippine n'avait pas été envoyé chez les bleus et bronzes sans raison. Bleus et bronzes dont elle portait fièrement les couleurs, sans pour autant porter l'uniforme conventionnel de sa maison. Simple, coquet et sophistiqué. Cela se résumait à un slim en jeans, un t-shirt sur lequel était représenter des dessins vintages et par dessus, un blazer noir. Un médaillon de bronze représentant un aigle pendait autour de son coup. Ses longs cheveux sombres étaient attachés en un chignon sur le haut de son crane, de façon à ce qu'aucune mèche ne vienne obstruer son visage.

Depuis combien de temps était-elle là? Elle n'en avait pas la moindre idée. Il lui arrivait souvenait de perdre la notion du temps, se plongeant dans ses livres, se passionnant pour ses découvertes. C'était plus fort qu'elle, elle ne le contrôlait pas. Et puis de toute façon, quand on aime, on ne compte pas. Elle aimait les livres, elle aimait le savoir, alors elle n'allait certainement pas se priver. Des talons frappaient le sol. Des martèlements réguliers. D'abord lointain, les pas se rapprochaient. Une marche aérienne, fluide et gracieuse. Filippine l'avait entendue, mais elle ne broncha pas le moins du monde, gardant sa concentration pour ses livres. Après tout, elle était habituée aux allées et venues des autres élèves. La quatrième année restait imperturbable. Pourtant, les pas s'approchaient d'elle. ET bientôt, une silhouette se dressa devant elle. Fronçant le nez et les sourcils, la brune releva le menton, portant ses yeux myosotis vers la personne qui, vraisemblablement, était venue pour elle. Les chaussures. Une femme, sans nulle doute. Sophistiquée. Puis, doucement, elle reconnu l'élève qui se trouvait en face d'elle. Mirka Vladmirova. Une Serdaigle pour laquelle elle avait beaucoup d'admiration. Filippine se demandait bien ce que la Biélorusse lui trouvait. Elle était tellement fade et insignifiante à côté d'elle. Et pourtant, Mirka semblait avoir pour elle une attention toute particulière. Filippine était perplexe. C'était absurde que quelqu'un comme Mirka puisse lui trouver un quelconque intérêt. Elle semblait être tellement... Au dessus de tout. Elle représentait les Serdaigle, comme si elle en avait été leur princesse. Elle demeurait de marbre, se contentant de toiser la septième année. Elle attendait sagement que cette dernière lui parle, ne voyant pas trop ce qu'elle pourrait bien lui dire. Sans trop s'en rendre compte, elle réajusta sa position. Sans doute parce qu'elle se refusait de paraître ridicule face à elle. Elle referma le parchemin et le déposa au sol, au même titre que le livre qu'elle avait sur ses genoux. Elle posa la plume à côté du parchemin et noua nerveusement ses doigts. Droite comme un "i" malgré la position dans laquelle elle se trouvait, elle semblait en suspend. Une légère teinte rosée s'était emparée de ses joues, mais il fallait la connaître un minimum pour que ce détail ait de l'importance. Elle était intimidée, mais elle se cachait derrière son indifférence, sa froideur et son insolence qui transparaissait sans qu'elle ne le veille. Elle pouvait paraître hautaine et indomptable. Mais tout cela, elle n'en avait pas conscience. Par chance, ce n'était certainement pas la Vladmirova qui allait fuir face à un tel comportement, bien au contraire. Cela risquerait peut-être de l'agacer. A moins que... Après tout, qu'est ce qu'elle lui voulait? Pourquoi était-elle là? Filippine n'en avait pas la moindre idée, elle devait se contenter d'attendre que la demoiselle daigne lui parler. Elle finirait bien par savoir, non?

montre moi qui tu es

La salle commune des serdaigles était bien trop calme au goût de la préfète en chef qui resta un instant plus court que ce qu'elle pensait. En même temps, les élèves avaient perdus l'une des leurs pendant le bal, c'était donc tout à fait logique que tout le monde soit très calme par rapport à d'habitude. Mirka quant à elle, ne savait plus vraiment ce qu'elle pensait de cette histoire. Jenny Adster, elle était certainement la fille la plus proche d'elle parmi les septièmes années. Elles s'entendaient depuis leur première année et avaient toujours passé de bons moments. Même si certain disaient que l'on ne pouvait rien y faire, elle faisait partie de sa vie et c'était important pour la biélorusse. Sauf que la plupart des élèves pensaient être très affectés, comme s'ils connaissaient tous Jenny, c'était un truc qui énervait Mirka, le fait que certains d'entre eux prétendent être très proches d'elle, alors qu'ils ne lui avaient jamais parlé. Sérieusement, ils profitaient plus qu'autre chose. Comment pouvaient-ils être affectés par la mort d'une fille qu'ils ne connaissaient pas, certes dans la grande salle, n'importe qui aurait pu mourir à la place de Jenny, mais c'était elle qui avait reçu le sort du Seigneur des Ténèbres et personne d'autre. Alors, la biélorusse tentait de rester calme lorsqu'elle entendait ce genre d'élèves parler de cette manière, sauf qu'en général elle n'y arrivait pas. Mirka était à cran, réellement, il ne fallait pas l'ennuyer, sinon c'était à vos risques et périls. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi cela c'était passé, certes le fait que ce soit Jenny n'était pas explicable, puisque n'importe qui aurait pu être touché, la jeune Adster n'avait simplement pas eu de chance. Mais au moins, qu'ils arrêtent de souiller sa mémoire en prétendant qu'ils la connaissaient parfaitement. Ce n'était que de vulgaires menteurs.

Cependant, la préfète en chef n'avait pas grand-chose à faire ce jour-là, devoirs terminés, Xander qui n'était pas dans les parages, d'ailleurs où était-il encore passé celui-là ? Elle se le demandait bien, sauf qu'elle ne pouvait pas y faire grand-chose de toute manière. Il devait certainement être Sarah, enfin ce n'était qu'une supposition de la part de la biélorusse. Trouver quoi faire, c'était son plan, elle sortit donc de la tour des serdaigles de manière à avoir une idée de ce qu'elle pourrait faire. Enfin, peut être qu'elle croiserait quelqu'un qui lui ferait oublier le fait qu'elle soit à cran. Au pire des cas, elle irait à bibliothèque afin de lire un livre. Mais cela serait la dernière option, la jeune femme alla donc rejoindre le couloir qui menait à la salle commune des Pousfouffles, peut être qu'Amadeus passerait par là, au plus grand hasard. Sauf que malheureusement pour elle, le fait de rester quelques minutes à attendre le cadet des Larsön ne fonctionna pas, puisque celui-ci n'apparût pas. La biélorusse devait donc partir, elle n'allait pas l'attendre cent-sept ans non plus tout de même, il ne fallait pas rêver surtout que Mirka et la patience n'allait pas de pair tout le monde le savait. Elle continua donc sa route vers la salle commune des rouges et ors, voir sa jumelle lui ferait certainement du bien. Tout du moins, si celle-ci acceptait de lui parler enfin et arrêtait de l'éviter comme elle le faisait ces derniers temps D'ailleurs, la serdaigle ne comprenait pas ce qu'il arrivait à Zofia, pourquoi elle partait à chaque fois qu'elle allait la voir. Elle se demandait ce qu'elle avait pu bien faire ou dire à son double pour qu'elle lui en veuille à ce point. Mirka en était certaine, sa jumelle lui en voulait, pour une affaire que la première ignorait cependant. Sa soeur, tout comme son meilleur ami ne se montra pas, ce qui fit que la jeune femme soupira de nouveau et changea donc de direction. Qu'avaient-ils tous à ne pas être dans les parages ? Mirka se le demandait, sauf qu'elle ne pouvait pas leur poser de question puisqu'aucun ne se trouvait dans les alentours de la demoiselle. Sérieusement, elle commençait à désespérer là, bon elle avait toujours sa solution de repli à la bibliothèque si jamais. Elle n'avait guère envie d'attendre une nouvelle personne à un endroit où elle allait souvent pour se retrouver bredouille de nouveau.

La bibliothèque était donc l'endroit le plus sur pour la biélorusse, premièrement elle ne s'attendrait pas à croiser quelqu'un qu'elle comptait voir et deuxièmement au moins les livres ils seraient toujours présents pour elle, eux. La biélorusse marcha à travers les rayons afin de choisir lequel elle prendrait et trouverait son bonheur. Elle n'avait pas très envie de travailler l'un de ses cours, donc elle préfèrerait cherche un roman certainement. Sauf qu'une silhouette assise par terre attira son regard lorsqu'elle passa devant un rayon. La biélorusse sourit en essayant de trouver qui était la jeune fille assise par terre, puis s'approcha lorsqu'elle comprit que c'était une serdaigle. Bon c'était le moment d'effectuer une bonne action pour la biélorusse. Mirka alla donc rejoindre Filippine Badstuber sans penser à quoi que ce soit de méchant ni rien. Elle regarda les livres qui se trouvaient aux côtés de la quatrième année et sourit tendrement. Une fois qu'elle se trouvait devant la petite brune et que celle-ci la vit, elle s'accroupit et s'assit aux côtés de la jeune fille. « Cela ne te déranges que je reste avec toi ? » Cette gamine avait besoin d'un coup de booster, il fallait l'aider à assumer ce qu'elle était. Et qui d'autre que Mirka pouvait le faire ? Personne. Il n'y avait qu'elle qui se devait de le faire, elle devait faire grandit la jeune femme et lui permettre de peut-être reprendre sa place une fois qu'elle aurait quitté l'école de magie à la fin de ses études. « Tu dois te demander pourquoi je viens m'installer à côté de toi sans t'avoir jamais vraiment parlé. » Mirka l'avait déjà vu lorsqu'elle restait avec Ellio ou une fois avec Xander, mais elle n'avait jamais vraiment engagé la conversation avec Filippine. Ce qui était une terrible erreur à son avis personnel. Cette enfant cachait quelque chose d'intéressant et la septième année comptait bien le découvrir très vite. « J'ai envie de te connaître, tu me fais penser à quelqu'un. » La biélorusse sourit, la personne à qui lui faisait penser la jeune fille était-elle quelques années auparavant, si jamais elle lui posait la question, elle y répondrait. Néanmoins, au début elle préfèrerait laisser planer le doute encore un petit peu. « J'ai une question tu gardes toujours tes cheveux attachés ? » Si elle lui disait oui, il faudrait que Mirka remédie à cela, il fallait qu'elle montre sa chevelure, d'ailleurs la jeune femme était certaine qu'elle devait être encore plus belle les cheveux détachés. Enfin la préfète en chef, risquait d'avoir beaucoup de travail avec Filippine, mais elle s'en fichait bien, cela allait et devait être agréable pour elles deux.

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