Tout comme le reste de son dortoir d’élèves de sixième année, Matthew s’était réveillé assez tôt. En effet, ils avaient tous cours de potions à huit heures et le professeur détestait les retardataires et trouvait toujours un moyen de les punir pendant ou après le cours. Alors Matthew faisait tout pour ne jamais arriver en retard à ses cours. Il était le deuxième à aller prendre sa douche. En fait, c’était premier arrivé, premier servi et les autres n’étaient pas encore très bien réveillés. Matthew ne mit pas trop de temps, puis il s’habilla et se coiffa rapidement car il n’accordait pas vraiment d’importance à son apparence. Mais il n’avait plus l’air autant négligé qu’avant, peut-être que l’âge entrait en compte et il avait beaucoup grandit. Et puis à présent, il avait des vêtements neufs même si sa garde robe n’était pas renouvelée aussi souvent que les autres élèves. Comme il avait eu une poussée de croissance, il avait bien été obligé de racheter des vêtements à sa taille. En plus, sa mère avait un nouveau travail et elle gagnait un peu plus. Pour s’excuser d’avoir fait vivre Matthew dans le misère depuis des années, elle essayait de se rattraper. De temps en temps, Matthew recevait des paquets avec de nouveaux vêtements ou quelques gâteaux. Il en était très heureux même s’il disait à sa mère de garder son argent et d’en mettre de côté. Aujourd’hui, Matthew avait mis un tout nouveau t-shirt, aux couleurs de sa maison. Il espérait qu’on ne lui fasse pas de remarque sur ça parce qu’il n’était pas vraiment le type même du Serpentard. Tout content d’avoir un nouveau t-shirt, parfois il ne fallait pas grand-chose pour égayer une journée, il alla prendre son petit déjeuner. Tout se déroula normalement à part qu’un groupe de Gryffondor était un peu trop bruyant. Matthew reprit des forces en avalant sa ration de céréales et lait habituelle. Il surveilla régulièrement l’heure sur sa vieille montre. Chaque jour, il priait pour qu’elle ne tombe pas en panne. Comment il ferait pour être à l’heure sans elle ? Il l’avait acheté d’occasion à Pré-au-Lard en deuxième année et elle semblait toujours bien fonctionner malgré le temps. Dix minutes avant le début du cours, Matthew prit son sac et se dirigea vers les cachots.

Devant la salle, quelques élèves étaient déjà présent alors il patienta. Il regarda rapidement qui était déjà là et ne vit pas Sixtine. Il se demandait où elle était, peut-être encore un train de déjeuner. Il fallait qu’elle se dépêche où elle allait être en retard. L’esprit de Matthew dériva tellement vers Sixtine qu’il ne remarqua pas tout de suite que ses camarades étaient déjà en train de rentrer dans la salle. Il se réveilla d’un coup, après avoir été bousculé par l’un d’entre eux et alla s’asseoir à sa place habituel. Il attendit que tout le monde prenne place. Et d’un coup, il comprit. Roxanne Weasley n’était pas là. Il paniqua. Comment pouvait-elle lui faire ça ? Comment allait-il réussir sa potion sans elle ? Il allait s’attirer les foudres du professeur. Pourquoi n’était-elle pas venu ? Cherchait-elle à le faire tuer ? Elle avait intérêt à être très malade. Enfin, il n’oserait jamais rien lui dire parce qu’elle l’aidait pas mal dans les autres cours de Potions de l’année, mais il allait rater sa potion. En plus de ça, il serait puni par monsieur Yaxley parce qu’il aurait provoqué une catastrophe. C’était la fin du monde. Matthew brouilla du noir dans son coin. Le cours commença. « Où est mademoiselle Weasley ? » demanda alors le professeur. Matthew leva la tête, d’un coup, avec une drôle de sensation. Il s’adressa à lui. Qu’en savait-il ? Il ouvrit les yeux tout rond, incapable de répondre. « Monsieur McAdams, vous avez une langue, non ? » Matthew paniqua un peu. Qu’est-ce qu’il en savait ? Il n’était pas chez les filles et puis ce n’était pas comme s’il était proche de Roxanne non plus. « Je.. je ne sais pas. » répondit-il alors. Le professeur lui lança un regard sévère. Il crut qu’il allait le tuer. Il cherchait déjà dans sa tête un truc à inventer pour justifier l’absence de Roxanne mais il ne trouva rien. « Elle est malade, professeur. » dit une jeune fille du dortoir de Roxanne. Il la remercia mentalement, elle venait de lui sauver la vie. Pourtant, elle ne l’avait pas fait pour lui, elle l’avait fait simplement pour se faire bien voir du professeur. Mais peu importe, il se sentait redevable envers elle. Monsieur Yaxley retourna donc vers son bureau, griffonna un truc et commença à leur expliquer la potion dont il avait noté la recette au tableau. Matthew essaya d’être attentif mais il partait tellement défaitiste qu’en fait, il n’écoutait qu’à moitié.

Soudain, tous les regards se tournèrent vers l’arrière de la salle. Alors pour faire comme tout le monde, Matthew se tourna aussi vers la source du bruit. Quelqu’un venait de frapper à la porte et cette personne n’était autre que Sixtine, même s’il avait un instant espéré que ce soit Roxanne pour qu’on l’aide à faire sa potion. Tiens, il n’avait pas remarqué que Sixtine n’était pas encore arrivée. Le professeur arrêta son explication. « Mademoiselle Simons, puisque vous nous faites l'honneur de votre présence, prenez place à côté de monsieur McAdams. » Matthew tourna d’un coup la tête vers le professeur pendant que quelques élèves se mirent à rigoler. Est-ce qu’il venait bien de dire son nom ? Est-ce qu’il venait bien de demander à la belle Sixtine de venir s’asseoir à côté de lui ? La chance semblait tourner en sa faveur. En plus, Sixtine était plutôt douée en potions, plus que lui en tout cas, elle lui éviterait de faire une catastrophe. Mais cela faisait longtemps, très longtemps qu’ils n’avaient pas parlés. Et si elle refusait de lui adresser la parole ? « Sérieusement ? » dit alors Sixtine. Il n’était pas surpris, elle le détestait, elle n’avait pas envie de se mettre à côté de lui. Matthew n’était pas très fier et se tourna vers sa table. Qu’avait-il fait pour qu’elle le déteste autant ? Ah oui, il était tombé amoureux d’elle et avait espéré qu’elle lui laisse une chance. « Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ? » dit monsieur Yaxley à la jeune fille. Il entendit Sixtine pousser un soupir et prendre place sur le tabouret à côté de lui. Apparemment, le professeur ne plaisantait pas. Une fois l’agitation passée, monsieur Yaxley se remit à expliquer la potion. Matthew tourna la tête vers Sixtine, un peu gêné. Elle semblait très passionnée par la potion. Il devait être en faire de même et écouter. Alors il tourna la tête vers le professeur mais toutes ses pensées étaient dirigées vers Sixtine. Alors il tourna à nouveau la tête vers elle. Une main placée sous le menton, elle écoutait attentivement le cours. Elle était vraiment très belle. Pour lui, Sixtine était la plus belle fille de Poudlard. Il aurait voulu l’effacer, l’oublier, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être toujours amoureux d’elle malgré le temps passé depuis le gros râteau qu’elle lui avait mis.

« Maintenant, à vous de jouer. Je vais passer dans les rangs pour éviter les catastrophes. » Le regard du professeur se posa bizarrement sur Matthew, mais ce dernier préféra baisser les yeux vers la table. Il regarda les ingrédients pour la première fois. Il y en avait quelques uns qu’il connaissait déjà et d’autres qu’il ne connaissait pas. Mais tout était écrit au tableau. Le professeur Yaxley aimait bien utiliser des plantes moins connues que d’autres. « Je vais vérifier que tous les ingrédients sont là.. » annonça-t-il alors. Sixtine n’avait sûrement pas envie de l’entendre parler, alors il se contenta du strict minimum. Le regard de Matthew fit des allers/retours du tableau à la table et de la table au tableau tout en essayant de décrypter l’écriture du professeur et de trouver ce qu’étaient ces nouveaux noms car il n’avait rien écouté. « Tu veux bien.. revérifier ? » demanda-t-il, hésitant. C’était toujours ce que faisait Roxanne car il arrivait parfois qu’il se trompe et il ne voulait pas qu’on rejette toute la faute sur lui. Roxanne ne l’aimait pas beaucoup non plus, mais elle s’était habituée à l’aider et à contrôler ses gestes en potions. Alors déjà qu’il était d’une nullité incroyable dans cette matière, avec Sixtine comme partenaire, il ne pourrait jamais se concentrer. « Tu sais, je suis désolé que le professeur t’ait mis avec moi. » Il disait ça comme si c’était de sa faute alors qu’en réalité, il n’y était absolument pour rien. Matthew n’avait pas trop confiance en lui et préférait souvent se rabaisser plutôt que d’agir normalement. Ce n’était que quand on s’en prenait à sa famille ou ses amis qu’il s’énervait vraiment et qu’il commençait les bagarres. « T’as pas de chance. » ajouta-t-il alors, avec un faible sourire. Il essayait de faire la conversation même s’il savait que c’était une mauvaise idée. Il décida donc de reporter son attention sur les ingrédients et attira vers lui un sachet de fleurs. Elles étaient toxiques au toucher, c’est pour ça qu’il y avait des gants, qu’il n’avait pas vu. Mais ça, il ne le savait pas puisqu’il n’avait pas écouté monsieur Yaxley. Il allait plonger sa main dans le sachet, quand Sixtine l’en empêcha.