Il était dans la merde. Excusez l’expression mais il n’y avait pas d’autre mot pour qualifier la situation de la façon la plus exacte possible. Dans le caca n’aurait pas été assez fort, dans la mouise non plus. Cela faisait près d’un quart d’heure que Winthrop cherchait la foutue note que son supérieur lui avait envoyée. Bien entendu, absorbé par son travail, il n’y avait pas fait attention et maintenant, il n’avait absolument aucune idée de l’endroit où elle pouvait se trouver. Surtout que le travail sur lequel il planchait lui cassait la tête purement et simplement, il ne parvenait pas à trouver le bon geste pour la formule et avait faillit réduire le bureau en cendres. S’il a réussit à sauver le ministère, il ne pouvait pas en dire autant d’une certain nombre de formules mises au point par ses collègues qui ne lui adressent plus la parole. C’était assez compréhensible mais cela désespérait le sorcier qui avait ABSOLUMENT besoin de leur aide pour retrouver CETTE FOUTUE NOTE. Exaspéré par ses recherches infructueuses, Winthrop se laissa glisser sur le sol encore noirâtre – il fallait qu’il pense à nettoyer ce chantier – et s’y allongea. Une fois sur le dos, il ferma les yeux et se massa les tempes. Elle devait bien être quelque part, il ne pouvait pas l’avoir perdue. Elle était LA. Calme. Il fallait qu’il pense à un gentil troupeau de mouton qui sautille gaiment… Et qui mange du papier. LES MOUTONS CA MANGE LE PAPIER. Mais où pouvait bien être cette note ? Petit, petit… Viens voir papa. Méchante. Haaaaan. Il était dans la merde.

« DAWNING ! QU’EST CE QUE C’EST QUE CE FOUTOIR ? TU CROIS QUE TU PEUX TE PERMETTRE DE DORMIR ? DEBOUT ! ET RANGE MOI CE BAZAR ! TOUT DE SUITE ! ET QUE TOUT LE MONDE SE PREPARE : INSPECTION DANS UNE DEMIE HEURE ! »

Inspec… Inspec… Tion ? Mammamia. Baguette. Rangement. Vite. Inspection. Aaaah. Détraqueur. Aaaaah. Cauchemar complet. Okay, calme. Respire. Un. Deux. Un. Deux. Voilà. Hum. Une fois la pièce où lui et deux de ses collègues travaillaient rangée, le jeune homme s’attaqua à son bureau et prennent soin de tout classer correctement, les inspections ça ne rigolait pas. Les différents départements du ministère de la magie se faisaient contrôler régulièrement, histoire que tout les employés fassent bien leur boulot. Certains départements recevaient la visite de mangemorts nettement plus souvent que d’autres en raison de leur importance, d’autres n’en recevaient que pour la forme. La commission des sortilèges expérimentaux, où il travaillait, n’était pas un des organes vitaux du ministère mais il avait la particularité de regrouper des sorciers compétents… Et donc potentiellement dangereux. D’où les contrôles fréquents. Il doutait cependant que le département des mystères reçoive autant de visite alors qu’il regroupait également des sorciers talentueux. Etranges, certes, mais talentueux. Winthrop détestait tout bonnement ces inspections car les mangemorts ne venaient pas seuls, ils étaient toujours accompagnés d’un détraqueur. Sait-on jamais, n’est-ce pas ? Les inspections ne duraient en moyenne qu’une petite heure mais elles semblaient en durer bien plus, sans parler du fait qu’après, il n’était plus bon à rien. Une larve. Et s’il y avait bien une chose que son chef détestait, c’était les larves… Et s’il prenait son après midi ? Après tout, il avait besoin de changer d’air et de réfléchir à ce sort sur lequel il travaillait. Ce n’était pas non plus comme s’il était absent souvent depuis qu’il était au ministère, son chef n’allait pas lui en vouloir. En théorie.

Finalement, il n’eut même pas besoin de demander car son chef congédia tout le bureau après l’inspection, à l’exception de quelques employés qui travaillaient sur un projet confidentiel… De l’avis de Winthrop, ce projet sentait incroyablement mauvais. Quel type de sort valait une protection pareille mis à part des sorts peu sympathiques ? Lui-même ne faisait pas partit de ce genre de projets car il était nouveau, on lui confiait donc les sorts qui ne causerait pas de controverses si leur utilisation venait à se savoir. En clair, des sorts techniques à l’usage d’employés du ministère pour améliorer leur efficacité, rien de bien méchant. Il n’avait cependant pas le droit d’en parler car si l’on entrait en possession de la formule, il était possible de trouver son contre-sort et donc de passer outre l’autorité du ministère. Chose qui n’était pas désirable, bien entendu. Mais qui arrivait, bien entendu. A croire qu’il y avait des espions au ministère… Ce n’est pas une hypothèse que l’on formulait à haute voix lorsque l’on y travaillait mais tout le monde le pensait, il n’y avait que les mangemorts pour faire les autruches. Lui-même prenait parfois un malin plaisir à faire des formules simples à trouver dans certains cas, histoire d’aider un peu l’extérieur. Mais pas trop souvent quand même, sinon on allait finir par se rendre compte de quelque chose.

Lorsque Winthrop posa les pieds dans le Londres moldu, il respira un grand coup. Il avait vraiment besoin de se détendre après une matinée pareille. D’ailleurs, il n’avait toujours pas retrouvé la note de son chef… Il haussa les épaules, si ça avait été réellement important il se serait déjà fait taper sur les doigts. Il décida de s’offrir une petite ballade en rentrant chez lui à pied, histoire de se sortir de la tête tous les mauvais souvenirs que le détraqueur avait remonté à la surface. Son cousin l’avait aidé à trouver un appartement à un prix abordable et pas trop loin du ministère, il n’était pas bien grand mais c’est fou ce qu’on peut faire avec la magie. Les sortilèges d’aménagement d’intérieur ne sont pas les plus simples à utiliser il était toutefois spécialiste en sortilèges après tout, ils ne lui ont pas résisté longtemps. Une fois dans son appartement magiquement modifié, le jeune homme se dirigea dans la cuisine pour sortir une plaque de chocolat d’un placard pour se requinquer. Il avait apprit avec le temps qu’il n’y avait pas meilleur remède aux visites des détraqueurs. Le jeune homme engloutit son chocolat rapidement puis regarda autour de lui. Il soupira alors longuement, ce qu’il aurait aimé retourner à Poudlard. Il trouvait ça bête comme souhait parce qu’après tout cette école n’était pas des plus joyeuses. Cependant, on ne pouvait pas en dire autant de ses habitants, ou du moins des Poufsouffle. Winthrop jeta un œil sur les nombreuses photos qu’il avait accroché sur son mur, ils lui manquaient tous terriblement. Surtout Fred et Alienor, ses meilleurs amis à Poudlard. Il n’avait plus l’occasion de voir ni l’un ni l’autre car Fred avait redoublé et Alienor était membre d’une équipe de Quidditch et passait son temps à s’entrainer. Et de son côté, on lui demandait de travailler beaucoup également, il n’avait donc pas énormément de temps libres.

Winthrop eut soudain une excellente idée : il allait aller à Pré-Au-Lard. Avec un peu de chance il croiserait quelqu’un. Il savait qu’il n’y avait pas de sorties de prévues ce jour là mais il n’était sans doute pas le seul de ses anciens camarades à être un peu nostalgique. Ou du moins, il l’espérait. Il inspira longuement et transplanna à Pré Au Lard… Enfin, à l’entrée du village plutôt car il lui était impossible de transplanner dans le village sans déclencher des alarmes. Il avait donc décidé d’éviter les ennuis et de marcher un peu dans la campagne avant d’entrer dans le village. Il avait décidé de ne pas aller jusqu’à la grille de Poudlard, il se contenterait de regarder le château de loin. De toute façon il avait déjà essayé auparavant, on ne voyait pas grand chose à travers celle-ci. Sa vue lui rappelait tant de souvenirs que ce n’était de toute façon pas la peine de s’en approcher d’avantage. Le jeune homme pensa à ses fou-rires, à ses moments de solitude – qui le faisait bien rire désormais – aux jumeaux et à leurs histoires, à Fred, Alienor, Lucy… Un faible sourire apparut sur son visage alors qu’il entrait dans le village.

Après avoir flâné un peu dans les rues du village et salué quelques commerçants de sa connaissance, il commença à avoir mal aux pieds. Il se dirigea donc vers les Trois Balais pour aller s’asseoir un moment en compagnie d’une bièraubeurre. Il était un peu déçu de n’avoir aperçut aucun de ses anciens camarades. Mais après tout, ils avaient peut être tous autre chose à faire, lui-même ne venait pas ici souvent. Il commanda sa boisson après avoir salué le barman, à force de venir il le connaissait bien. Puis il s’installa tranquillement à une table. Etant seul, il fit apparaître de quoi travailler. Il savait bien qu’il n’allait pas avancer beaucoup dans ce pub mais bon, il n’allait pas passer son temps à savourer seul une bièraubeurre, aussi bonne soit-elle. Ce qu’il ne savait pas encore, c’est qu’il n’aurait pas à le faire.

«« Mes chaussettes rouges à points jaunes ont disparu... Tu ne les aurais pas trouvées par hasard ? »

Le sorcier reconnu la voix de sa meilleure amie à son oreille et se tourna vers elle avec un sourire heureux. Finalement il avait rencontré quelqu’un, et pas n’importe qui. Il rangea ses affaires de travail alors qu’elle s’installait à côté de lui et qu’elle commandait une bièraubeurre. Il l’observa alors qu’elle s’asseyait, elle était rayonnante. Il se doutait bien que le voir devait jouer son humeur mais il avait l’impression que ce qu’elle faisait lui plaisait beaucoup. D’un autre côté, il avait du mal à imaginer que jouer au Quidditch puisse être affreux.

«« Comment tu vas Win ? »
« Puisque tu es là, très bien. Et je serais bien désolé pour tes chaussettes, mais je sais que tu n’en a pas des comme ça. »

Winthrop rit doucement et avec grand plaisir, il ne le faisait que très rarement ces derniers temps et c’était assez libérateur que de pouvoir rire avec une amie. Surtout Alienor, ce qu’elle avait pu lui manquer. Quand il se levait le matin désormais, il écrivait des lettres quand il en avait à écrire, notamment à Fred, sinon il lisait un livre avant que ce ne soit l’heure de se préparer un petit déjeuné. C’était un programme nettement moins sympathique que d’attendre le petit déjeuné en compagnie de sa meilleure amie. La bièraubeurre de la jeune femme fut servie et celle-ci reprit la parole après avoir bu une gorgée.

«« Mais qu'est-ce que tu fais ici ? »

Ca, c’était une bonne question. En réalité, il ne savait pas vraiment comment y répondre… Devait-il vraiment raconter toute sa journée, l’ambiance au ministère, l’inspection, le détraqueur, l’ennui, la nostalgie, l’envie de revoir ses camarades… Non, ce n’était pas quelque chose à raconter tout de suite, surtout qu’il n’avait pas pour habitude de s’attarder sur son cas lorsqu’il parlait. D’ailleurs Alienor ne connaissait pas grand chose de sa vie à cause de cela. Il se prit à penser qu’elle aimerait sans doute en connaître un peu plus mais il ne parlerait que si elle le demandait expressément. Et encore, ça dépendait de ce qu’elle désirait savoir. Winthrop se contenta donc d’une réponse passe-partout. Peut être que le Win de Poudlard aurait répondu autre chose, mais il s’était passé tellement de chose depuis que le Win de Poudlard n’était plus vraiment lui. Pourtant il ne s’était pas passé des siècles depuis qu’il avait quitté Poudlard, mais le temps passait si vite… Avant de répondre il bu quelques gorgées de bièraubeurre.

« J’avais juste envie de faire un tour dans le coin. J’espérais y rencontrer quelqu’un, je suppose que mon vœu a été exhaussé. Et toi, comment vas-tu ? »