Pour être franc, je ne m'intéressais que peu à toutes ces questions de pouvoir, je faisais parti des impartiaux avant que mon frère ne me fasse changer d'avis et que je rejoigne les obscurs, et à vrai dire, je me sens plus puissant. Les résistants n'ont aucun pouvoir, ils n'arriveront pas à changer les choses autant qu'ils l'espèrent et en ce qui concerne Voldemort, si mon père l'idolâtre autant c'est qu'il doit bien y avoir une raison et soyons lucides, il est le meilleur sorcier que le monde n'ait jamais connu.

Un petit garçon courrait, longeant les grands couloirs du manoir des Campbell, ses fines bouclettes noires scintillantes virevoltaient dans l'air alors que ses yeux bleus océans brillaient d'un bonheur vrai. L'innocence de l'enfance se lisait encore sur son visage pâle du haut de ses quatre ans. Il était encore en train de s'amuser avec son grand frère, cette fois-ci, Aidan avait demandé, d'une petite voix, s'ils pouvaient jouer à cache cache, alors qu'il y a à peine une heure de cela, ils avaient joué à de nombreux autres jeux déjà. Et c'est à ce moment précis que le petit garçon, haut comme trois pommes, sentit des mains l'attraper par dessus le rideau où il s'était caché. Un petit cri de surprise franchissant ses lèvres, et il put découvrir la tête de son frère, un sourire scotché au coin de ses lèvres. « Je t'ai eu ! » C'était toujours comme ça, leur amour fraternel était inconditionnel, ils s'aimaient plus qu'ils ne pouvaient l'avouer, même si, inconsciemment, ils n'avaient aucun réel point commun. Aidan était doux et généreux, il était pour la paix et non pour la guerre, un vrai pacificateur malgré le fait qu'il soit colérique. Rhys, lui, était mesquin, arrogant et impulsif. Mais ils s'aimaient, et le benjamin des Campbell avait toujours un peu idolâtrer son frère, il avait été longtemps son idole, son héro.. Jusqu'à ce qu'une fille au visage angélique pointe le bout de son nez et que cet amour fraternel ne se fissure...


Ils avaient eu cinq années de bonheur à l'état pur avant que la réalité ne vienne frapper cette famille de plein fouet. La mort de leur mère. Aidan en avait cinq, Rhys était âgé d'un an de plus et pourtant, leur chagrin avait été le même. C'était une journée habituelle, un soleil qui annonçait une belle journée mais un destin tragique qui attendait le pilier des Campbell. Une perte atroce et brutale qui en avait changé plus d'un. Aidan n'avait pas compris, il n'était qu'un petit garçon naïf, les mots utilisaient pour décrire la situation n'avaient aucun impact sur lui, il était encore inconscient, il ne savait rien de la vie, des malheurs, de la douleur. Après tout, il n'avait connu aucun chagrin, aucunes peines si ce n'est des broutilles sans intérêt mais cette situation-ci était tout autre. Il venait de perdre sa mère, celle qui l'avait porté durant neuf mois, qui l'avait aimé comme aucune autre ne pourrait le faire. Et il l'avait perdu, si brutalement, si durement, si vite... Il avait mis du temps à comprendre l'ampleur de cet accident, et cela l'avait frappé en plein visage dès lors où son père changea radicalement. Il ne reconnaissait plus l'homme qui avait aimé si passionnément sa mère, et malgré l'éloignement dont il faisait preuve auprès de ses fils, Aidan avait toujours aimé son père comme la première fois. Et il l'aimerait sans doute à jamais de la même façon, comme il l'aimerait son frère aussi, même après la mort. Et c'était une de leur promesse. « A la vie à la mort ? » avait murmuré l'aîné alors que le cadet serrait la main de son frère avec conviction, sous la table de leur salon, cachés aux yeux de tous mais surtout aux yeux des mangemorts qui avaient toujours terrorisé le petit garçon alors que son père lui-même faisait parti de ce camp. Après tout, Aidan avait toujours plus ressemblé à sa mère qu'à son père.


« Une nouvelle va venir vivre ici. Ashara est son prénom, je vous interdis d’aller la voir, de lui parler ou même de l’apprécier. »  Des mots qui résonnèrent dans l'enceinte de leur demeure, des mots durs, prononcés par leur père. Intérieurement, le brun était content de voir arriver une présence féminine autre que les domestiques payées par son géniteur, ses yeux bleus brillants en était la preuve flagrante mais voulant que son père soit fier de lui, il n'allait pas briser les règles installées, pas pour une inconnue car il savait qu'il le mettrait en colère, cet homme dont il ne reconnaissait plus les yeux, qui étaient maintenant dotés d'une lueur terrifiante. Du moins, c'est ce qu'il croyait. C'est quand il la vit pénétrer chez lui qu'il comprit. C'était la fille qu'ils étaient allés voir dans cette vieille bâtisse avec des enfants de tout âge, implorants. Elle s'était avancée et Jack, le père de famille lui avait souhaité la bienvenue. C'était cette petite fille qui était présente, cette jolie fille qui fit sourire le cadet. Il la fixait alors qu'il était au côté de Rhys installé à la petite fenêtre du troisième escalier du milieu, là où leur père ne pourrait pas les voir. « Elle est jolie. » avait lâché malencontreusement le brun, ça lui avait échappé et il mit vite ses mains sur ses lèvres. Il savait qu'il allait se faire réprimander par son frère, et c'est ce qui arriva. « Tu te moques de moi, c’est une fille ! » C'est là qu'il se reprit, il bougea ses mains pour accompagner ses dires, il expliqua le pourquoi du comment, voulant calmer son frère, voulant éviter le regard de celui-ci.


Les jours passèrent, voire les semaines avant que Aidan ne réagisse enfin. Il entendait toujours les cris étouffés de la jeune fille, son père la maltraitait, il le savait, la cause restait pourtant inconnue aux yeux du benjamin. Mais il voulait simplement l'aider, atténuer ses souffrances même si son frère allait lui en vouloir d'énerver leur père, de le faire boire plus qu'il ne le faisait déjà. Ce n'est pas pour autant qu'en la voyant sortir du bureau de son père, le regard fuyant et les ecchymoses visibles sur les parties découvertes de son corps, qu'il n'est pas allé à son encontre, tendant sa main pour offrir son aide, hésitant même, dans un geste protecteur, à essuyer les marques de larmes sur ses joues, ce qu'il ne fit pas. Tendre sa main était déjà briser de nombreuses règles sous peine de représailles, mais dès lors où ses lèvres s’entrouvrirent, il sut qu'il ne pourrait plus faire machine arrière et d'un sourire se voulant réconfortant, il enchaîna. « Viens, suis moi. » Elle le regarda de manière incrédule, après tout, elle n'avait pas le droit non plus d'adresser ne serait-ce qu'un regard au fils de son « sauveur », du moins de son échappatoire à l'orphelinat, elle serait punie plus violemment que le sang et la chair de Monsieur Campbell, lui ne subirait que des insultes, elle, elle subirait des coups, qui avaient déjà tant de fois martelés son corps et provoqués des marques qui, pour certaines, ne s'effaceraient jamais. Échapper à un enfer pour en trouver un autre. Mais finalement, elle prit sa main et il l’amena à l'endroit précis où son père ne venait jamais : sa chambre. Doté de sûrement plus de meubles que la chambre de la jeune fille, son espace était vaste, un lit baldaquin était positionné contre le mur au centre de la pièce accompagné d'un bureau, d'une armoire, de nombreux jouets dont la jolie Hastings avait dû être privée de nombreuses fois.« Ici tu es en sécurité. Il ne vient jamais dans cette partie de la maison. » Alors qu'elle regardait les moindre détails de ce lieu, il la regarda en souriant. « A vrai dire, il ne sort presque jamais si ce n'est sous la demande des mangemorts. » Elle continue sa contemplation, elle devait sûrement se demander pourquoi il était venu l'aborder alors qu'il avait sûrement d'autres préoccupations premières bien plus intéressantes qu'une orpheline se faisant battre, ou elle devait se dire que c'était sûrement un de ces enfants pourris gâtés. Mais il s'en fichait de ce qu'elle pensait, il voulait juste l'aider, apaiser son âme et panser ses plaies. « Il n’a pas toujours été comme ça, tu sais. Avant, il était gentil, il ne pensait pas à la magie noire, au pouvoir. » Avant que la brunette ne dise quelque chose, n'ose poser la question qui devait sûrement brûler ses lèvres, il enchaîna. « Puis maman est morte et tout est devenu différent. Il dit que c’est la faute des moldus. Un homme saoul. Elle était en voiture et elle est morte. A vrai dire, je n'en suis pas convaincu. Et puis avec Rhys on en a pas vraiment parlé depuis.. Mais même avec le temps, c'est pas quelque chose qu'on oublie et on peut pas en vouloir à papa d'être triste. » Il fut surpris du geste qui s'en suit, elle vint entourer le corps encore fin du garçon de ses bras frêles pour une accolade chaleureuse. Il ne se fit pas prier pour faire de même. Il en avait tellement besoin. Et c'est ainsi que débuta leur amitié, ils étaient devenus inséparables, indissociables même s'ils essayaient du mieux qu'ils pouvaient à le cacher, si le maître de maison venait à le découvrir, aucun des deux n'en sortiraient indemnes. Elle l'avait même mis dans la confidence de son secret. Aidan protégeait Ashara de son frère, ou de son père, il voulait la protéger, l'aider du mieux qu'il pouvait. Étrangement son frère n'avait pas vendu la mèche et il le remerciait malgré leur relation qui se détériorait de jour en jour. Les deux personnes les plus précieuses pour le jeune Campbell se disputaient, se battaient, il n'en pouvait plus, ne pouvait pas choisir mais ne voulait perdre aucun des deux.


Heureusement pour eux, la lettre de Poudlard ne tarda pas à arriver et ils furent ravis de partir, Rhys intégra les Serpentard, la jeune Hastings, elle, les Gryffondor et comme tout Campbell qui se respecte, il aurait dû suivre le chemin de son frère en intégrant les Serpentard mais le choixpeau lui, avait un avis tout autre et le fit intégrer les Serdaigle, se fut d'abord difficile pour Jack d'admettre que son fils ne suivrait pas le même chemin, mais finalement il réussit à avaler la pilule malgré qu'il soit légèrement déçu. Tout était normal, Aidan était heureux avant de changer radicalement. Après une dispute coutumière entre l'aîné et l'orpheline, et l'intervention d'Aidan, elle avoua que c'était elle qui avait commencé, ne voulant plus être le souffre-douleur de Rhys et c'est sous le regard déçu de son « protecteur » que la jeune femme partie, sans jamais reparler au jeune homme après. Le brun quitta les impartiaux et rejoignis son frère chez les obscurs, feignant le bonheur alors qu'il terrorisait tous ceux qui osaient le bousculer, il devint froid, incontrôlable. Il avait perdu à nouveau quelqu'un de cher, et comme son père, il avait perdu ses bons côtés pour devenir quelqu'un d'autre.