Baby était assise sur le rebord d'une vitrine attendant elle ne savait quoi. Un client sans doute, de quoi ramener quelques gallions pour acheter de la nourriture ou autre. Elle n'était pas très matérialiste depuis qu'elle était dans la rue. En même temps difficile de l'être quand on avait ses ressources mais qu'importe, elle était bien. Elle ne se plaignait pas de sa condition. Aujourd'hui il faisait froid et peu de gens « se promenaient » dans les quartiers mal-affamés de Londres. Journée creuse, oui on pouvait le dire. Les filles étaient alignées comme souvent, peu étaient occupées. Ce n'était vraiment pas une bonne chose. Bon nombre de ces filles crevaient de faim ce qui les rendaient encore plus désespérées. Vision tragique d'un Londres non-représentée sur les cartes postales. En même temps, elle n'offrait pas une image glamour de la capitale anglaise mais ça la rendait bien plus réaliste. Ces filles n'avaient pas toute la force de caractère de Baby ou de Nana. Nana, elle était à côté de Baby en train de fumer une clope comme d'habitude. Baby se tourna vers elle avant de lui dire : « T'en as pas une pour moi ? » Son paquet était vide et elle avait vraiment envie d'une cigarette. Il faudrait qu'elle pense à acheter un nouveau paquet ou alors s'en faire acheter un par un client. Ou des fois elle leur piquait leurs paquets, ça fonctionnait aussi de temps en temps. Tous les moyens étaient bons... « Qu'est-ce que tu me donnes en retour ? » Nana n'était pas facile dans les affaires, ce n'était pas nouveau. Et son accent russe. Baby devait bien reconnaître que c'était craquant pas étonnant que ça fasse un malheur. Baby n'était pas jalouse, elle n'avait pas tellement à se plaindre. Elle avait assez de clients. Bien sûr, cela pouvait toujours être mieux et avoir un autre job serait sans doute mieux aussi mais ne revenons pas dans ce débat-là. « On est amies, tu devrais même pas même pas poser la question. » Tac, réponse du tac au tac. Franchise c'était bien ce qui restait à ces filles-là. Au moins, elle ne perdait pas leur temps à être hypocrite pour se plaire. Qu'elle plaise ou non ce qui comptait c'était faire de l'argent. « Certes mais ma jolie, l'amitié ça rapporte pas. » Babylone sourit, l'amitié ne rapportait rien ? Avait-elle oublié la fois où un client avait sorti le pactole pour les avoir toutes les deux ? Ils n'ont pas joué à la belote, vous vous en doutiez bien mais il n'empêche que pour le coup, l'amitié leur avait été fort utile. « Allons, la prochaine ça sera pour moi. » Nana se rapprocha alors et tendit une cigarette à Baby. Cette dernière la mit dans sa bouche et l'avança vers la flamme qu'avait créée Nana à l'aide de son briquet. « Merci. » Baby était polie. Elle avait bien des défauts, c'était vrai mais sûrement pas d'être mal élevée. « Je t'en aurais filé une quand même, t'sais mais j'aime bien me faire désirer. » Grand sourire sur leurs deux visages, Baby lui répondit : « Ouais je sais, mais bon j'aime pas me servir des autres, enfin pas de toi en tout cas. » C'est vrai, Nana se rapprochait de ce que Baby pouvait considérer réellement comme une amie alors autant cultiver cette amitié. « Ouais, t'es une bonne fille, Baby. Oh tiens, voilà un client. » Baby regarda dans la direction indiquée par Nana. Un jeune homme en effet bien bâti s'avançait. Les deux femmes se séparèrent alors. Quand venait le gagne pain, c'était chacun pour sa gueule. C'était la loi de la rue.

Au fur et à mesure que ce jeune homme s'avançait, les filles se mettaient en valeur. Défaisant un bouton de leur haut, ajustant leur chevelure, remontant de quelques centimètres leurs jupes, tout était bon pour attirer le poisson. Néanmoins à cinq mètres, Baby le reconnut. Alistair Fitzbern, ce chien. Oui c'était un chien aux yeux de Baby. Un petit toutou qui ne venait là que pour chercher des informations aux filles, aucune n'obtiendrait quelque chose de ce type. Peut-être était-ce parce qu'il n'en n'avait pas assez dans le pantalon. Sûrement, après tout ce n'était qu'un gamin, il devait encore être dans les jupes de sa maman. Tss, pas de quoi avoir en vie de jouer avec lui. Malheureusement pour elle, il vint vers elle. Bah tiens, il pouvait pas aller voir une autre fille ? Elle se fichait complètement de lui, ne l'avait-il pas compris ? Ou alors il aimait ça. Il avait peut-être des pulsions masochistes, allez savoir. « Regardez qui voilà, on s'est enfin décidé à jouer les grands, mon joli ? Maman est d'accord pour ça ? » Grand sourire ironique sur la figure, pouvait-on se moquait plus ouvertement de quelqu'un ? Sans doute pas. De toute manière, ce n'était pas demain la veille que Baby arrêterait. « Je suis pas sûre d'être dans tes moyens, mon grand, tu devrais peut-être aller voir ailleurs si j'y suis. » En gros, casse-toi mon petit moi je préfère les hommes, les vrais et pour appuyer sa phrase, elle lui envoya la fumée de sa cigarette en plein dans le visage. Fitzbern l'agaçait, dès qu'elle le voyait, elle ne savait pourquoi, elle avait envie de le défier. Sûrement parce qu'il avait cet air hautain qui l'énervait, lui rappelant tout le beau monde qu'elle avait l'habitude de fréquenter du temps où elle était une Reine de Poudlard. Elle avait aussi à ce moment-là cet air hautain et dans un sens elle continuait de l'avoir car au fond, pas grand chose n'avait changeait, elle se sentait encore supérieur. Le fait d'être une fille de joie n'avait pas altérer cette sensation de puissance. Elle était plus forte que tous ces gens qui se considéraient comme étant respectables. Parce qu'ils l'étaient au fond ? Oh non, elle au moins, les manipulait à sa guise. Plus elle paraissait fragile, mieux elle les dupait. Car voilà toute la maîtrise de la femme, souterraine, cachée mais d'autant plus fatale.