Éduquée par des parents fervents admirateurs du Lord, Apolline a suivi ces idéaux dès son plus jeune âge. De sang-pur, elle a un intérêt immédiat à soutenir le régime actuel puisqu'elle est loin de refuser les privilèges auxquels elle a droit. Quant à la marque, il l'a lui fallait pour rejoindre le ministère de la magie et grimper les échelons. Néanmoins ce n'est pas entièrement pour des raisons égoïstes qu'elle a rejoint les rangs des mangemorts, mais par véritable conviction que l'idée est juste et qu'elle a raison d'œuvrer ainsi pour la suprématie des sorciers sur le monde et elle prône depuis toujours l'éradication totale des nés-moldus.

« Elle est belle! » siffla une tante d'une air approbateur tandis qu'elle berçait le bébé doucement dans ses bras. « Apolline… C'est un peu lourd comme nom quand même. » marmonna-t-elle néanmoins en secouant la tête. Elle savait bien que c'était l'idée d'Élise de donner un prénom de consonance française à sa fille. Elle-même n'avait jamais beaucoup aimé les français d'ailleurs et ne s'était donc pas particulièrement réjouie du mariage Harper-Rhodes-Leroy. La pauvre enfant allait souffrir de son prénom il n'y avait pas à en douter. Et puis Apolline prononcé avec l'accent écossais des Harper-Rhodes serait proprement immonde. Secouant à nouveau la tête et se promettant de faire en sorte que la famille au moins appelle la gamine par son deuxième prénom, plus approprié après tout vu où ils habitaient, elle rendit le poupon à une Élise fatiguée avachie sur un sofa. « Je la trouve un peu enrobée quand même. » lâcha Dawson l'air pensif rompant le semblant de silence qui c'était installé. Quatre paires d'yeux se tournèrent immédiatement vers lui, outrés, mais il ne se reprit pas pour autant. « On voit bien que tu ne t'es pas vu bébé. » lança sa mère d'un air supérieur avant de pincer les joues de l'enfant de ses mains décharnées. Visiblement celle-ci n'apprécia pas car elle se tortilla dans les bras d'Élise comme suppliant qu'on la tire des griffes de sa grand-mère. La française rapprocha le bébé d'elle, souriant tout de même à sa belle-mère, diplomate. « Elle est parfaite. » fit-elle d'une voix faiblarde dans son habituel accent délicieux pour certains, énervant pour d'autres. Cela ne faisait que quelques jours qu'elle avait accouché et de nature assez faible, elle était visiblement exténuée. Il fallait dire que Dawson n'était pas non plus très utile dans le genre père. « Et puis, elle va s'affiner en grandissant. » conclu-t-elle, comme sûre d'elle, caressant du bout de ses doigts fins la chevelure encore trop fine et éparse du poupon, d'un blond clair oscillant vers le roux comme si elle avait du mal à décider de la couleur de cheveux qu'elle voulait avoir, celle de son père ou celle de sa mère.


Tapie dans l'ombre la jeune fille colla son oreille à la porte les yeux mi-clos comme si ça allait l'aider à mieux entendre. Ses deux camarades de méfaits se chamaillait en silence pour l'autre position de choix contre la porte, pour qui pourrait coller son œil au trou de la serrure et observer la scène qui se déroulait de l'autre côté. Le salon des Harper-Rhodes était visiblement en ébullition depuis la veille, pour une raison qui échappait à Apolline comme aux autres enfants présents avec elle. Leurs parents étaient dans la pièce, discutant de tout évidence de la nouveauté qui les avaient tous mis dans un état étrange et ils étaient bien décidés à en connaître la nature. « Shh. » fit machinalement Apolline en pleine concentration. Cela eut pour résultat d'apparemment régler l'affaire car l'une poussa l'autre et prit la place de choix contre la serrure sans d'autre excuse qu'un haussement d'épaule. « C'est une grande nouvelle. » fit le père de la jeune fille, la voix visiblement emprunte d'émotions. Il fut aussitôt approuvé par les autres comme Ayesha put le voir à travers la serrure. « Les choses vont enfin changer » surenchérit la mère de celle-ci apparemment ravie. La seule personne qu'Apolline ne pu entendre était sa mère. Elle était pourtant certaine de l'avoir vu rentrer dans la pièce, d'autant qu'Élise n'aurait jamais abandonné ses invités dans sa propre salle de séjour, elle avait de meilleures manières que ça. « Et nous avons un avantage: ils croient tous que Potter ment. » fit une voix qu'elle ne connaissait pas mais qui semblait excitée. « Cela signifie tout de même qu'il va y avoir une nouvelle guerre. » Ah, voilà enfin l'accent qu'elle attendait d'entendre, la voix de sa mère était teintée d'une certaine anxiété et n'avait pas tout à fait la même excitation que les autres. « Oui, mais cette fois nous allons gagner, il faut y croire. » Avant qu'elle n'ait pu faire sens de tout ça, des bruits de pas s'approchèrent dangereusement de la porte derrière laquelle ils étaient cachés et les trois enfants coururent vers la cuisine pour échapper aux représailles auxquels ils auraient certainement droit si jamais on les avait retrouvé là.

« Qu'est-ce que tu crois que ça veut dire? » demanda Petyr. « Je sais pas. » Apolline leva les yeux au ciel. « C'est évident, non? Le Lord est de retour. » fit-elle un air supérieur peint sur son visage encore potelé pour ses sept ans. Ses deux amis la regardèrent surpris plus par sa connaissance que par la nouvelle en elle-même dont ils ne comprenaient évidemment pas la porté. « Et c'est bien? » hésita Petyr. « T'es parents ne t'ont donc rien appris? Bien sûr que c'est bien! »


Apolline avait passé la journée enfermée dans la bibliothèque à lire des livres qu'on avait gentiment posés sur une table afin qu'elle n'ai pas à les chercher. Sa passion pour la lecture et pour l'érudition n'avait déjà pas de limite. Force avait été de constater que l'éloigner des livres pendant plus d'un après-midi était chose quasi-impossible et ce, depuis qu'elle avait apprit à lire, aux alentours de quatre ans. Pourtant elle avait "mieux à faire" selon les critères des autres enfants, ayant tout à fait le droit si elle le désirait de s'amuser avec les nombreux jouets qu'elle avait ou d'inviter des enfants des couples amis de ses parents à passer l'après-midi chez elle. Et si la fillette était douée aux réceptions pour se montrer sociable et chaleureuse, c'était son propre choix que de se retrouver seule la plupart du temps. Elle ne prenait pas autant de plaisir que d'autres à la vie en société et son plus grand plaisir à elle se trouvait là, dans cette pièce remplie de possibilités. La sélection qu'elle avait ce jour-là était vaste et elle n'avait que l'embarras du choix, cependant après avoir lu plusieurs ouvrages qui n'avaient été choisis que parce qu'on les considérait appropriés pour une enfant de son âge, elle décida qu'elle voulait plus. Et par plus elle entendait quelque chose de plus mature, de plus enrichissant et de plus stimulant. Elle était une sorcière et dans quelques années, comme son père avant elle, elle foulerai le sol de pierre de Poudlard, mais en attendant de pouvoir manier une baguette, les livres avaient quelque chose pour elle de magique, ils répondaient à tous les problèmes de la vie pour qui savait chercher et les lire avec concentration. Ils y avaient dans cette bibliothèque des trésors probablement innombrables, tous à porté de mains ou presque et il suffisait simplement qu'elle fasse un pas pour s'en emparer. Elle laissa le hasard la guider vers une étagère plutôt qu'une autre, son attention se portant néanmoins sur ces parties de la bibliothèque auxquelles elle n'était pas censée avoir accès.  Les livres étaient consciencieusement rangés par l'elfe de maison sur ordre de sa mère, qui bien que moins littéraire que ne se montrait déjà sa fille, vouait elle aussi une certaine passion à la lecture. Néanmoins certains ouvrages étaient réservés aux sorciers plus matures et Apolline savait pertinemment qu'elle n'avait pas le droit d'y toucher. Il n'y avait toutefois personne pour l'en empêcher et elle se laissa donc porter. Trouvant sur l'étagère une section regorgeant de livres aux aspects plus vieux les uns que les autres, elle s'intéressa d'abord à ceux disposés à son niveau. Cependant ses yeux se posèrent malgré elle sur un ouvrage à la reliure brodée d'or et elle ne vu dès lors plus que lui. Il était rangé trop haut pour qu'elle l'atteigne, ce qui ne l'arrêta toutefois pas et elle entreprit aussitôt de grimper l'étagère aussi agilement qu'elle le pouvait. Elle ne se rendait même pas compte de la hauteur, elle qui rechignait pourtant au moindre effort physique qu'on lui demandait de faire. Presque arrivée au sommet, son pied perdit prise et elle glissa. Dans sa chute, elle attendit le choc, mais celui-ci ne vint pas et au lieu de cela ses pieds touchèrent lentement, mais fermement le sol. Plus étrange encore, le livre qu'elle désirait se retrouva tranquillement posé sur le parquet à ses pieds.

Reconnaissant elle-même qu'elle venait probablement de montrer ses premiers signes de magie, elle se contenta néanmoins de s'asseoir en tailleurs à même le sol et d'ouvrir le livre sur ses genoux. Deux heures plus tard elle n'avait quasiment rien compris, mais elle continuait sa lecture, déchiffrant peu à peu la substance essentielle de ce livre à la magie plutôt sombre. « Apolline! » L'éclat la fit sursauter et vive d'esprit, elle referma brusquement le livre cherchant une cachette. Sa mère était pourtant déjà devant elle, les mains sur les hanches. « Qu'est-ce que tu fais dans cette section? Et qu'est-ce que c'est que ce.. » Élise s'interrompit, ses yeux azurés n'ayant qu'eut besoin d'effleurer la couverture pour reconnaître le livre. Elle l'arracha des mains de sa fille, son regard lançant des éclairs. « Je t'ai dit de ne pas toucher à ces livres-là, ils sont dangereux! C'est dingue, tu comprends quand je te parle?! » Baissant les yeux, Apolline hocha lentement la tête en signe d'approbation. Sa mère ne s'était même pas rendu compte qu'elle était brusquement passé au français, mais la fillette parlait aussi bien l'anglais que la langue maternelle d'Élise et avait donc parfaitement compris. Soudain cependant cela ne sembla plus avoir d'importance pour la sorcière. « Comment t'as eu ça? Il aurait du être en haut, c'est ce que j'avais dit à .. » Ses yeux plissés de manière suspicieuse se posèrent sur la gamine, avant de se déplacer vers l'étagère et de remarquer l'espace vide entre deux livres au sommet. Espace vide où aurait du se trouver le volume qu'elle avait entre les mains. Son visage fin s'éclaira brusquement et elle attrapa Apolline dans ses bras la soulevant du sol et embrassant affectueusement ses joues et son front. «  Oh ma jolie je suis fière de toi! » Elle en avait laissé tombé le livre et la jeune fille dans les bras de sa mère trouvait plus d'intérêt à détailler la quatrième de couverture qui s'étalait par terre devant ses yeux qu'à savourer l'étreinte. Celle-ci ne dura toutefois que quelques secondes, sa mère soufflant alors qu'elle la déposait au sol. « Hmph bon, je devrais peut-être faire comme ton père m'a dit et t'inscrire à un sport. Ca ne pourra te faire que du bien, ça te dirait la danse par exemple? » Apolline qui ne l'écoutait qu'à moitié releva les yeux surprise. Pour une jeune fille intelligente, elle n'avait curieusement pas compris ce que sa mère insinuait réellement. Ou ne voulait pas comprendre. « Je te laisse réfléchir. » enchaîna celle-ci, ayant vu le regard teinté d'incompréhension de la rouquine, mais préférant l'ignorer. « En tous cas il va falloir fêter l'apparition de tes pouvoirs! Que dis tu d'un ga.. euh non probablement pas. OH JE SAIS. On pourrait faire une bonne balade en forêt ou dans les highlands? » « Depuis quand j'aime les balades en forêts? Depuis quand j'aime marcher tout court? » Rétorqua l'enfant toujours refusant de comprendre pourquoi elle n'avait finalement pas le droit à un gâteau. « Bon, réfléchis au cadeau que tu veux alors, ce que tu veux! Promis. » Elle s'agenouilla pour être au niveau d'Apolline avant d'ajouter « Par contre, pouvoirs ou pas tu ne t'approches plus de cette section, c'est compris? » Devant le ton de sa mère, la fillette n'eut d'autre choix que d'approuver, bien qu'une partie d'elle avait décidé depuis longtemps qu'elle reviendrai pour finir le livre à un moment où un autre.


« Harper-Rhodes, Apolline! » appela-t-on enfin, son nom raisonnant sur les murs de la Grande Salle tandis que quelques regards curieux se posaient sur elle.  Malgré l'air décidé qui était clairement visible sur son visage, la jeune fille était tout de même effrayée, craignant l'issu de cette rencontre avec le choixpeau qui était passible de déterminer tout son avenir. Elle ne pouvait pas se contenter de la médiocrité pour plus tard ni pour aujourd'hui d'ailleurs et même si on ne lui avait pas mis de réelle pression quant à sa future maison, elle savait pertinemment qu'on avait certaines attentes. Et elle comptait bien y répondre. Courageusement elle s'avança tout de même d'un pas emprunt de la grâce qu'elle avait fini par acquérir grâce au cours de ballet qu'on avait fini par la forcer à prendre. Elle y avait pris goût, au fond c'était dommage que Poudlard la force à arrêter. La boule au ventre, elle prit place et sentit qu'on posait le vieux châpeau sur sa tête. Elle connaissait les différentes maisons, leur valeurs, leurs fondateurs, elle avait réfléchit et savait où elle avait sa place et où elle ne pourrait jamais s'épanouir. Elle avait conscience que le Choixpeau n'allait probablement pas lui offrir, du moins en première instance le choix qu'elle voulait. Ses pensées furent toutefois interrompues par une voix dans sa tête. « Hmh une Harper-Rhodes, hein? La tradition voudrait que tu ailles chez Serpentard.. toutefois je vois chez toi une goût pour l'érudition et la connaissance, je vois de la créativité et tu aurais tout à fait ta place chez les.. » «  Serpentard. » marmonna-t-elle presque malgré elle et juste assez fort pour que le Choixpeau l'entende. « Mais Serdaigle serait parfait pour toi.. tu es sûre de vouloir suivre le chemin de tes ancêtres? » Elle approuva mentalement. « Il est vrai que tu possèdes l'ambition et la détermination nécessaire et que Serpentard pourrait t'aider à développer ta roublardise.. bien puisque c'est ce que tu souhaites. SERPENTARD. » Sous les applaudissements de ses nouveaux camarade de maison, Apolline se leva prestement de son siège et rejoignit la table des vipères ses longues boucles rousses flottant derrière elle. Quelque part elle avait trahit sa nature et une partie d'elle était énervée, déçue même de son choix. « Bienvenue! Apolline c'est ça? » Après une vague hésitation, elle esquissa un sourire. «  Non, Raven. » Elle avait renié sa nature de Serdaigle et elle qui n'avait jamais franchement apprécié son prénom venait de trouver le moyen parfait de se réconcilier avec elle-même.


Assise sur un fauteuil de sa chaleureuse salle commune Raven feuilletait distraitement un livre de sort, les sourcils semi-froncé, infiniment concentrée. Elle profitait de ce que la pièce aux couleurs vertes était vide pour y travailler, elle qui ne passait en réalité entre ces murs qu'un temps infime. Non pas qu'elle n'appréciait pas sa maison. Ca avait été son choix après tout et elle ne le regrettait. Mais malgré sa décision, Poudlard n'avait fait que développer son goût pour les livres et l'apprentissage et à treize ans elle avait déjà lu plus de livres de l'immense bibliothèque que beaucoup dans toute leurs scolarité. Et les Serpentard avaient beau être ce qu'ils étaient, lorsqu'ils étaient réunis la salle commune devenait une pièce bien trop bruyante à son goût. Il était toutefois très tôt dans la mâtinée, trop tôt pour que la plupart de ses camarades n'aient ne serait-ce qu'ouvert l'œil et elle était donc parfaitement tranquille. Absolument passionnée par les sortilèges, Raven n'en finissait pas de s'instruire sur le sujet ayant largement dépassé le niveau requis pour les troisième années. Elle se contentait toutefois jusque-là de la théorie, sachant se montrer patiente, la pratique viendrait en son temps. Pour l'instant c'était son esprit qu'elle nourrissait et c'était amplement suffisant. Mais elle ne se contentait pas des matières scolaires. Raven avait l'ambition pas peu grande de découvrir les tréfonds de la magie, d'en découvrir les secrets les plus cachés. Un rêve secret pour le moment car trop grand pour une fille de son âge et c'est pour cela qu'elle y allait petit à petit sans brûler d'étape. La vraie connaissance se trouvait dans les détails elle en était persuadée et pour tout connaître il fallait bien comprendre la base.

« Hey! » Elle se retourna brusquement en sentant une main se poser sur son épaule, se demandant qui avait bien oser briser sa bulle personnelle. Elle reconnu vaguement le jeune homme dont le regard sembla néanmoins passer à travers elle. « Qu'est-ce que tu fais à cette ici à cette heu.. » Il s'interrompit tout seul. « Tu lis? » réalisa-t-il presque choqué. Bravo Sherlock. Le regard de l'adolescente se posa sur l'insigne qu'elle n'avait jusque-là pas remarqué sur la poitrine du jeune homme et soudain tout sembla prendre du sens. Il se frotta les yeux, visiblement mal réveillé ou plutôt, comme Raven le suspectait, n'ayant même pas du tout dormi. « Mais pourquoi? » sembla-t-il néanmoins trouver la force de demander. Se retenant de rouler des yeux elle se contenta d'hausser les épaules en guise de toute réponse. Ce n'était pas comme si elle en avait vraiment une après tout. Elle lisait parce qu'elle en avait envie. Visiblement cela paru suffisant pour le préfet car il secoua la tête, mais n'insista pas. « Je croyais que tu violais le couvre-feu, mais j'imagine que ça compte pas. » Fit-il avec un sourire, semblant la remarquer elle pour la première fois depuis qu'il était rentré dans la salle commune sans qu'elle ne l'ai entendu. « J'imagine. » Répondit-elle simplement, sur un ton las, visiblement ennuyée qu'il continue à lui faire perdre du temps. D'un autre côté son intervention lui avait permis de se rendre compte de l'heure, qu'elle croyait trop .. dans la matinée mais qui était en fait surtout trop avancée dans la nuit. Elle n'avait de toute évidence pas une très bonne notion du temps. « Tu lis quoi? » fit-il encore, en réprimant un bâillement. «  Écoute, comme tu l'as si bien remarqué, je suis occupée à lire et je déteste être interrompue, toi tu es visiblement fatigué alors pourquoi tu vas pas dans ton lit et on en reparle plus tard? » craqua-t-elle finalement après avoir soupiré et hésité quelques secondes. Elle ne s'était pas voulu trop cassante. Elle s'en fichait complètement de ce qu'il pensait d'elle, mais une petite voix en elle lui avait soufflé que se mettre un préfet à dos n'était peut-être pas la meilleure idée qui soit. Il perdit son sourire, mais ses yeux trahirent son amusement quant à son attitude et hochant la tête il entreprit de rejoindre son dortoir. « À tout à l'heure alors! Je viendrai chercher ma réponse, hein? » Un sourire imperceptible sur les lèvres elle secoua la tête l'air désespérée et reprit sa lecture.


« Tu rentreras jamais là-dedans laisse tomber. » Se retenant de lancer un regard noir à son amie ou encore de baisser les yeux blessée, l'adolescente hocha simplement la tête comme si c'était un fait. En soi, c'en était un, elle n'avait pas la taille de mannequin d'Ayesha, elle ne l'avait jamais eu et si elle n'était plus la gamine enrobée qu'elle avait pu être elle n'aurait jamais la carrure d'une top-model non plus. Elle avait appris à vivre avec. Plus ou moins. «  C'est clair, tu manques beaucoup trop de seins ça m'ira jamais ton truc. » Et elle balança la robe de son amie sur son lit. Plutôt que de voir les choses sous le mauvais angles, elle se montrait optimiste. Au moins, elle à quinze ans déjà elle avait des formes féminine. Et d'ailleurs une bonne partie des garçons de son année s'en étaient rendus compte d'où le calvaire qu'étaient pour elle les quelques semaines avant la Saint-Valentin et le supplice qu'elle endurait actuellement pour se trouver une tenue pour le grand jour. Très sincèrement elle se serait bien abstenue et aurait bien passé son mois de février comme tous les autres mois de l'année à la bibliothèque, mais d'après Ayesha ce n'était pas une attitude acceptable. Avec une poitrine comme la tienne, on ne peut tout simplement pas se cacher, avait-elle dit. Elle avait peut-être raison, Raven n'en savait trop rien. Et ce qui l'avait surtout convaincue c'était l'offre que lui avait fait quelques heures plus tôt un jeune homme en particulier. Si à treize ans elle avait vu Benjen comme un préfet chiant, elle avait désormais des pensées beaucoup plus favorables à l'égard du septième année. Et elle avait évidemment accepté son invitation à passer la journée avec lui. Ce qu'elle ne comprenait pas c'était pourquoi elle devait absolument porter une robe. Elle acceptait ses formes, certes, mais elle n'avait jamais aimé les robes, qui lui rappelaient beaucoup trop le calvaire qu'elle avait enduré petite à rentrer le ventre à tout prix pour rentrer dans des tenues de princesses beaucoup trop serrées. C'est qu'à l'époque elle ne connaissait pas la magie des régimes, ou lorsqu'on craque et qu'on avale un gâteau, la magie du doigt au fond de la gorge dans les toilettes. Secouant la tête elle chassa ces pensées de son esprit. « Sérieusement par contre, tu crois que ça va mener quelque part toi et Benjen? Je veux dire, il s'en va à la fin de l'année quand même. » Raven haussa les épaules, elle n'y avait jamais vraiment pensé après tout. Ce n'était que l'année dernière qu'elle avait enfin décidé de s'ouvrir au monde, de renouer avec les manières apprises par sa mère. Les relations étaient extrêmement importantes pour s'assurer un bon avenir, elle l'avait enfin compris et elle avait fait nombres efforts pour rattraper son manque de sociabilité de ses premières années passées à Poudlard. La bibliothèque restait toutefois sa meilleure amie et de loin. Désolée Ayesha.


La fumée s'échappa de ses lèvres en ronds presque parfaits, le regard las de Raven suivant leur parcours avant que l'air ne les dissipe. Appuyée contre un arbre elle regardait sans le voir le coucher de soleil, la bouche entrouverte prête à prendre une nouvelle taffe. Il était partit Ayesha avait raison, mais non s'en prendre une partie d'elle avec lui autant métaphoriquement que physiquement. Et Raven s'en moquait, ou presque. En fait elle n'avait pas décidé encore ce qu'elle ressentait. Et c'était bien une décision qu'elle devait prendre, celle de lâcher prise et d'avancer ou celle de se laisser être une adolescente comme les autres et de s'apitoyer sur son sort. Il n'était pourtant pas si mauvais que ça son sort. Elle avait quasiment tout ce qu'elle voulait et était loin d'être mal lotie. La loterie ne la vie avait été généreuse avec la jeune Harper-Rhodes. Du coup elle avait plus eu jusque-là tendance à prendre la première option. D'autant que bon elle l'avait vu venir c'était pas comme si ils allaient rester ensemble après qu'il soit sorti, fallait être jeune et con pour y croire et si elle était jeune, la connerie ne l'avait jamais vraiment touchée. Inhalant une nouvelle fois les vapeurs toxiques de sa cigarette, elle esquissa un demi-sourire lorsque, portée par le vent, une mèche de cheveux vint obstruer sa vue. Elle releva la mèche bleue et la replaça derrière son oreille. Elle avait laissé Ayesha expérimenter sur ses cheveux, pour le peu d'attention qu'elle portait à son apparence, ça lui était égal. Mais c'était vrai qu'elle ne s'était pas attendue à un résultat aussi original et aussi visible. Si elle espérait que ça partirait avant qu'elle ne retourne chez elle pour les vacances, elle n'avait pris aucune mesure particulière pour se débarrasser de la couleur qui ne lui allait pourtant pas vraiment. Elle ne savait pas si elle y avait réellement pris goût, ou si elle aimait juste voir la réaction des élèves. C'était drôle à voir vraiment, le choc en voyant la Serpentard bien sous tout rapport, une des meilleures élèves de leur promotion avec des cheveux bleus. Une autre référence à son allégeance réelle à Serdaigle peut-être. Ayesha avait même décidé de se faire la même chose, elle qui avait pourtant à la base désirait du blond, mais ayant décidé que ce serait "leur truc" à toutes les deux. Cette lubie ne lui durerait probablement pas longtemps, mais c'était amusant de voir la jeune fille au teint mat avec une crinière cobalte. La sixième année écrasa la fin de sa cigarette contre l'écorce de l'arbre et se cala à nouveau confortablement, fermant les yeux pour mieux savourer les rayons du soleil. Dans un an - deux, si elle décidait de faire une classe préparatoire - elle devrait quitter Poudlard et choisir ce qu'elle voudrait faire de sa vie. Quelques professeurs avaient suggéré qu'elle revienne plus tard pour enseigner, mais elle avait rapidement balayé la proposition non sans avoir réprimé un rire à l'idée. Elle n'était pas faite pour être professeur, pas plus qu'Ayesha n'était douée en coloration capillaire. Elle n'aimait pas les enfants et si elle savait parfois se montrer diplomate, une qualité sur laquelle elle travaillait de plus en plus, elle n'était absolument pas pédagogue. Non que ses professeurs le soient tous évidemment, mais Raven faisait toujours les choses comme il fallait et si elle devait enseigner il fallait qu'elle le fasse bien. Vu que ce n'était pas possible, elle ne serait pas prof, point. Devant le nombre de choix qui s'offraient à elle, elle était totalement incapable de prendre une décision et la seule chose dont elle était réellement certaine quant à ce qu'elle allait faire à la sortie de Poudlard c'était de devenir mangemorte. Elle ne comptait pas en faire un métier à plein temps, mais rentrer dans les rangs des proches du Lord était une évidence pour elle et le rappel que son père lui avait donné durant l'été avait été inutile, puisque sa décision avait été prise depuis belle lurette. Si depuis quelques années Raven tentait de se faire bien voir ou du moins ne rejetait plus la compagnie des autres, elle avait toujours eut comme principe dans sa vie sociale de rester à distance respectable de tout né-moldu. On avait pas eu besoin de la convaincre bien longtemps de la suprématie des sang-purs. C'était évident qu'on ne mélangeait pas les torchons et les serviettes.


« Prête? » Raven hocha la tête et Ayesha leva sa baguette. « Legilimens! » lança cette dernière visiblement très concentrée. L'ancienne Serpentard qui avait retrouvé son blond vénitien d'origine, avait fait le vide total dans sa tête et s'appliquait à entretenir la barrière qu'elle avait érigé autour de son esprit. Elle ne voulait rien laisser passer, ni sa peur panique de la noyade, ni ses ambitions les plus secrètes ni ses secrets les plus honteux. Elle voulait tout garder pour elle de ses disputes constantes avec ses parents au sujet de se trouver un fiancé au fait qu'elle souhaitait travailler au ministère sans encore avoir déterminé quel département. La muraille devait être la plus solide possible. Au bout de quelques minutes Ayesha rabaissa sa baguette et un sourire vint étirer ses lèvres. « Rien. Rien du tout! » Son amie se laissa elle aussi aller à la joie. Ses efforts commençaient visiblement à payer et ce même si elle ne se considérait pas comme déjà totalement prête. Elle n'avait atteint qu'un pallier basique de l'Occlumencie, mais c'était déjà pas mal comme en témoignait la réaction de sa meilleure amie. Celle-ci visiblement fatiguée par l'effort, se laissa tomber sur le fauteuil tandis que Raven s'affala elle aussi sur son lit. La maison avait beau être vide, les deux adolescentes avaient décidé de faire ça dans la chambre de la rousse, au-cas-où. Et puis selon les mots d'Ayesha ça rendait les choses plus excitantes de le faire réellement en secret. Ca avait été l'idée de Raven de s'entraîner de cette façon et elles avaient commencé à le faire il y avait plusieurs mois de cela déjà à Poudlard. Fidèle à son côté Serdaigle qui ne la quittait pas, elle n'avait pu s'empêcher de faire d'abord toutes les recherches possibles et imaginables sur le sujet afin de le maîtriser à fond. On ne se lançait pas dans un tel apprentissage sans savoir de quoi il s'agissait vraiment. Ayesha avait accepté, même si c'était surtout pour Raven qui estimait que c'était un savoir extrêmement utile pour leur avenir. Elle avait parlé vague exprès, parce qu'elle ne savait toujours pas ce qu'elle voulait faire. Elle n'avait jamais renoncé à son rêve de découvrir tous les secrets les mieux gardés du monde magique, toujours victime de sa curiosité maladive et au fond c'était pour répondre à cette ambition-là qu'elle avait entrepris d'apprendre lOcclumencie. Parce que si elle devait connaître des secrets si importants il fallait être avant tout en mesure de les garder.


« Je suis QUOI? » Elle se moquait bien d'avoir l'air sourde ou même idiote. Ce n'était juste pas possible, elle n'était pas d'accord. « Enceinte, mademoiselle. » Le regard qu'elle lui lança donna peut-être envie au médicomage de creuser un trou profond et de s'y cacher, mais il ne revint pas sur ses mots qui étaient malheureusement pour la sorcière vrais. « Non. » Ca ne faisait pas partie de son plan, elle n'était absolument pas d'accord. C'était son corps et elle décidait qu'elle n'était pas enceinte, voilà. « J'ai bien peur que si. » osa lancer le docteur d'une toute petite voix, comme s'il craignait que ce ne fussent ses derniers mots. Et ça aurait pu l'être vu l'expression de la jeune femme, si l'assistance du sorcier n'avait pas choisi ce moment pour débarquer. « Monsieur votre prochain rendez-vous est là. » fit-elle avec un regard d'excuse vers Raven qui ne la regarda même pas, avant de filer. « Écoutez, si vous ne voulez vraiment pas de cet enfant, vous pouvez toujours vous en débarrasser..vu votre âge, ça serait même gratuit. » Son âge. Par Merlin ses parents allaient la tuer. Elle sortait à peine de Poudlard, venait de larguer son copain qui ne cessait d'aller voir ailleurs, sa carrière commençait tout juste et voilà qu'elle avait devait songer à avoir un gosse. Si ses parents ne s'occupaient pas d'elle, elle s'achèverait toute seule. Et dire qu'il avait le culot de lui parler argent, mais est-ce qu'elle avait une tête à se soucier du nombre de gallions que ça coûterait? Non, elle s'en fichait complètement. « Oui je veux m'en débarrasser. Maintenant. » Visiblement mal à l'aise, le médecin tira sur le col de sa robe en toussotant. « Euh, il vaudrait mieux que vous preniez le temps d'y réfléchir, c'est une décision importante. Et puis je ne suis pas disponible là tout de suite, laissez-vous au moins une semaine pour prendre votre décision à esprit reposé et si c'est toujours ce que vous souhaitez, alors on prendra rendez-vous. » Bien qu'évitant les yeux de la patiente toujours visiblement en colère, il finit sur un ton catégorique avant de gentiment la guider vers la porte. Raven était trop furieuse pour se rendre compte de son impolitesse et pour en faire grand cas, elle refusait d'admettre qu'il avait raison, n'acceptant tout simplement pas que sa vie soit gâchée parce que de toute évidence Gabriel avait mal fait son boulot. Parce que oui c'était sa faute putain, c'était pas dur de lancer un sort de contraception merde. Ce connard allait vraiment la faire chier jusqu'au bout.


« Avancez. » ordonna la jeune femme d'une voix glaciale. La sorcière menue fit quelques pas, les yeux rivés sur le sol, visiblement mal à l'aise. C'était probablement du plus aux détraqueurs flanqués de chaque côté d'elle qu'au membre du Magenmagot qui, penchée par dessus son pupitre, la regardait de ses yeux froids. Néanmoins Raven se flatta d'en être au moins en partie responsable. « Raina Sparks, vous êtes accusées d'usage illégal de la magie, de vol de pouvoirs magique et de possession illégale de baguette magique. Confirmez-vous? » Elle reposa son regard bleu-vert sur l'accusée, après avoir lu d'une voix plate ce pour quoi elle était inculpée. Si la concernée répondit, Raven ne l'entendit pas et toussotant de façon agacée elle insista « J'ai dis, confirmez-vous? » C'était plus pour la forme qu'autre chose qu'elle posait cette question. Peu importe ce qu'elle dirait, c'était une née-moldue et l'accusation était donc véridique. Elle était coupable, point à la ligne. « Non.. je.. » Raven esquissa un sourire, malgré tout c'était plus drôle lorsqu'ils niaient. « Vous rejetez donc l'accusation qui est portée contre vous? » Elle se pencha encore plus par dessus son pupitre, menaçante. « Êtes-vous oui ou non une sang-de-bourbe? » Raina ne prit même pas la peine de s'offusquer de l'emploi du mot. Ca faisait des années qu'il était revenu dans le langage courant et que beaucoup ne faisaient plus grand cas du politiquement correct. « Non..enfin.. je.. » « Votre père est-il moldu? » l'interrompit Raven. « O..Oui. » Elle allait presque se mettre à pleurer. « Votre mère en est-elle une aussi? » « J.. » Levant un sourcil la juge remit en ordre les feuilles sur son pupitre, cherchant des yeux un document qu'elle finit par trouver. « Adela Sparks? C'est bien votre mère? » La née-moldue se contenta de hocher la tête. « Chauffeuse de bus. » Elle renifla avec mépris. « C'est bien elle, votre mère est une moldue chauffeuse de bus? » fit-elle en haussant le ton faisant sursauter Raina Sparks qui se mit alors à sangloter. « Oui mais j'ai rien volé du tout je prom.. » « Bien. Je vous condamne donc à un enfermement à vie dans la prison d'Azkaban pour les chefs d'accusations sus-mentionnés. » Elle abaissa son marteau et dans le même souffle et avec un désintérêt apparent elle enchaîna « Affaire suivante. » On emmena la condamnée et Raven chercha machinalement des yeux une tête dans le public peu nombreux qui assistait aux affaires. Devant quelques membres de la famille des différents accusés qui se présentaient ce jour-là, se trouvait le vieux directeur de son département qui l'examinait de son regard perçant. Ca ne faisait pas si longtemps que ça qu'elle travaillait au département de la justice magique, mais, malgré la grossesse qu'elle s'était employée à cacher le plus longtemps possible, elle avait fait ses preuves et si elle ne pouvait s'empêcher d'être un brin anxieuse, elle ne doutait pas que son inspection se déroulerait sans problème. À vingt-et-un ans elle faisait déjà une juge émérite. Ces affaires n'étaient qu'une simple routine et elle attendait de pouvoir réellement montrer ses talents avec vraie affaire de droit magique.


« ..Et donc je vais enfin pouvoir décider d'affaires un peu plus importantes maintenant. » Ayesha hocha la tête en finissant son verre d'hydromel. « Cool. Et sinon Hypérion il travaille toujours là-bas? » Raven roula des yeux devant le peu d'intérêt que montrait son amie fasse à ses histoires de travail. Depuis Poudlard elle n'avait pas changé le moins du monde, c'était toujours les garçons avant tout. Elle lui fit néanmoins signe que oui, espérant ainsi éviter plus de questions à ce sujet. C'était se montrer bien trop optimiste évidement. « Alooors? Pourquoi tu m'en as pas parlé? » La jeune femme secoua ses boucles rousses, levant à nouveau les yeux au ciel. « Parce qu'il n'y a rien à dire. Je vois pas comment tu peux trouver rien plus intéressant que mes histoires de boulots. » « Rien est toujours plus intéressant lorsque ça concerne un homme ma chère. » Esquissant un sourire vaguement amusé Raven ne pouvait néanmoins s'empêcher de désapprouver Ayesha. Il y avait plus important dans la vie quand même, comme par exemple sa course au pouvoir et à la réussite. Comme assurer le fonctionnement de la nouvelle société établie par Voldemort. On avait beau croire ça ne se faisait pas dans un claquement de doigt. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle avait rejoint ce département-là du ministère et pas un autre et ce, même si des fois elle songeait réellement à en changer. C'était intéressant, mais pas passionnant pour une personne comme elle. Ceci dit les hommes et tout le reste passeraient toujours après son travail. De toute façon elle avait déjà essayé, et une tentative lui suffisait amplement. « Mais donc Hypérion. » « Putain tu me saoules avec Mulciber! Couche avec lui et qu'on en parle plus. » Elle se mordit machinalement la lèvre, n'ayant pas voulu s'emporter de la sorte, mais ne regrettant pas totalement ce qu'elle avait dit non plus. Ayesha paru n'avoir même pas remarqué son énervement car elle émit un petit rire avant de répliquer sur le ton de l'évidence: « Mais non, tu sais bien que je te le laisse. » Cette remarque laissa la jeune juge perplexe et elle préféra ne pas répondre, se contentant de finir son verre à moitié plein d'une seule traite. Son amie était-elle juste vraiment bornée ou délirait-elle carrément? Raven n'avait aucune intention de se taper ce machiste de première, même si en effet elle y avait déjà pensé, notamment parce qu'il semblait tout aussi prêt qu'elle à gravir les échelons et que ça pourrait toujours lui être utile. Mais sa fierté l'avait rattrapée à la dernière minute car dès qu'il ouvrait la bouche elle se rappelait pourquoi elle ne finirai jamais dans son lit. « Et ma filleule comment elle va? » lança soudain Ayesha semblant se rendre enfin compte que le sujet étais clos. Raven grimaça, si elle avait su que son amie lui en parlerait tout le temps elle se serait abstenue de la faire marraine. Elle avait un enfant, ok la belle affaire. « Bien. Elle marche elle parle. Elle fait du bruit. » Quelle idée d'avoir fait un gosse surtout. « Elle lit beaucoup moins que moi à son âge. » soupira-t-elle exaspérée. Pourtant India et elles recevaient exactement la même éducation puisque c'était la mère de Raven qui s'en occupait. Oui parce qu'avoir un bambin dans les pattes ce n'était tout simplement pas acceptable pour pour une femme qui voulait une vraie carrière. Elle avait déjà suffisamment galéré à continuer sa formation au département de la Justice magique pendant sa grossesse, cachant du mieux qu'elle pouvait son condition, elle estimait que ça plus l'accouchement constituait plus qu'on avait à lui demander. Sans compter l'argent qu'elle dépensait pour sa fille. Elle remplit à nouveau leurs verres pensant la discussion close.  « On se demande pourquoi tu l'as gardée sérieux. » fit Ayesha sans le moindre tact, entrainant un haussement des épaules de son interlocutrice visiblement ennuyée par cette conversation encore plus que celle d'avant. « Elle est là d'ailleurs? » ajouta-elle mine de rien.  « Je te rappelle que c'est toi qui as insisté. » C'était sa seule excuse, pare qu'elle-même se posait encore la question. India n'avait pas été désirée et tous jours les jours c'était prouvé par l'attitude Raven qui était plutôt embêtée d'avoir un enfant qu'autre chose. La raison qui l'avait poussée à la garder quand elle s'était rendue compte qu'elle était enceinte était encore un mystère pour elle. Et un des seuls qu'elle n'avait pas envie de creuser. « Et non, je l'ai laissée chez mes parents vu que je savais que tu venais. » Ayesha secoua la tête visiblement agacée. « Moi qui pensais que tu finirais par l'aimer et par me remercier de mon intervention.. » Levant son verre en guise de toute réponse Raven le pointa vers Ayesha. « À ta naïveté. » avant de le terminer cul sec.


« Vous voulez changer de service? » Assise derrière le bureau massif l'homme la regardait par-dessus ses lunettes comme semblant la sonder. Elle ne se laissa néanmoins pas abattre soutenant le regard et laissant un sourire confiant se dessiner sur ses lèvres. « Oui. Je suis consciente que même si c'est une pratique qui se fait, elle connait ses limites, mais je pense avoir suffisamment fait mes preuves dans mon département actuel. » Il fit mine de prendre quelques notes, ou de regarder son dossier elle n'était pas totalement certaine. Elle était plutôt concentrée sur elle et sur ce qu'elle devait dire pour parvenir à ses fins. Le département de justice magique avait perdu son attrait depuis qu'elle s'était intéressée à l'autre. Il lui correspondait tellement mieux s'en était incroyable qu'elle n'y aie pensé plus tôt. « Qu'est-ce qui nous dit cependant que vous serez efficace au département des mystères? » Parce que c'était dans sa nature tout simplement. La curiosité avait toujours été son trait principale, sa motivation pour presque tout ce qu'elle faisait et sa passion pour les mystères et autres secrets de la magie auraient du l'attirer beaucoup plus tôt vers le département le mieux gardé du ministère. « Rien justement. commença-t-elle calmement malgré ses propos. « Il faudra me tester pour le voir. Mais jusque-là, personne ne s'est jamais plaint de mon incompétence en quoi que ce soit. Quant à ma loyauté au Lord, elle n'est plus à prouver. » Elle avait fermement défendu la nouvelle loi concernant le bannissement des né-moldus de l'école de Poudlard et elle avait toujours appliqué les principes promulgués par Voldemorts dans ses jugements, grâce à elle plusieurs traitres avaient été envoyés en prison et même si l'exécutif était en grande parti responsable de cela elle faisait toujours attention à ce qu'on ne néglige pas l'intervention du judiciaire dans ce genre cas. Quand au mission qu'on avait pu lui donner elle les avait toujours pris à cœur et comme tout ce dans quoi elle se lançait elle l'avait fait correctement. Elle n'aimait pas particulièrement Voldemort, mais elle savait que ce qu'elle faisait était juste pour la cause sorcière. « Bien, nous allons étudier votre demande et nous reviendrons vers vous. » Hochant la tête elle remercia le responsable,  un sourire charmeur aux lèvres. Merlin savait qu'elle était prête à tout pour obtenir ce qu'elle voulait et si pour le moment elle s'en tenait aux moyens les plus droits elle n'hésiterait pas à se corrompre pour voir ses désirs se réaliser.


C'était la salle du temps qui l'avait d'abord fascinée c'était la première salle à laquelle on l'avait assignée aussi. Elle avait passé des heures à faire des recherches dans celle-ci à étudier les différentes horloges présentes et leur signification à la lumière de la mystérieuse cloche de cristal - tout en ne se gênant pas pour étudier en secret certains mystères des salles précédentes. Puis sa carrière l'avait conduite jusqu'à la salle de la Mort où elle se fit complètement engloutir, cherchant à comprendre le fonctionnement de la magie de la vie, la seule vraie question à laquelle toutes les recherches du département des mystères devaient répondre. C'était peut-être une des rares choses que le règne du mage noir n'avait pas changé. Métier moins glamour qu'on aurait pu le penser, langue-de-plomb lui convenait à merveille, c'était tout ce dont elle avait toujours rêvé: une vie de recherche avec un vrai but, avec des découvertes toutes plus fascinantes les unes que les autres. Elle retrouvait son esprit curieux et perspicace d'enfant, en perpétuel questionnement. À tel point qu'elle finit rapidement par s'y perdre complètement. Elle passait des nuits entières dans son bureau à réfléchir ou à écrire des rapports. Elle en oubliait de vivre, faisait peu attention à ses collègues et ne parlait même plus pour dire des banalités lorsqu'il lui arrivait de croiser des gens dans l'un des ascenseurs de l'atrium. Elle avait eut l'habitude de l'isolation et elle ne s'en rendait quasiment pas compte. L'Occlumencie se révéla être un atout primordial pour quelqu'un qui avait désormais tant de secrets entre les mains, bien qu'elle n'ai aucune réponse aux questions existentielles. Elle exerçait toujours ses missions de mangemorte avec conviction, mais devant cacher son agacement à l'idée de devoir laisser tomber ne serait-ce qu'un instant son cher travail. Ses recherches devenaient d'ailleurs de plus en plus égoïstes et elle les faisait désormais plus à son compte qu'autre chose. Son travail devint sa seule allégeance bien qu'elle croie toujours en ses idéaux elle les aurait trahis sans hésiter pour avoir des réponses à ses questions. Quant à sa vie familiale, ses parents lui en voulaient toujours affreusement de ne leur avoir donné qu'une fille illégitime sans le moindre père à l'horizon, mais c'était réellement le cadet des soucis de la jeune femme. Elle appréciait India à sa façon et celle-ci était de sang-pur, ça lui suffisait à se donner bonne conscience.


Enroulée dans sa cape en peau de dragon sombre la jeune femme marchait d'un pas décidé dans les rues de pré-au-lard, sa capuche néanmoins baissée pour cacher son visage aux traits marqués. Une mèche de cheveux blonds s'échappa de la protection et Raven tiqua, mais ne fit aucun effort pour la replacer, accélérant plutôt le pas. Arrivant dans l'allée qui l'intéressait elle s'arrêta devant le bâtiment de pierre et toqua avec force à la porte jusqu'à ce qu'on vienne lui ouvrir. Elle était patiente souvent, mais pas aujourd'hui. « Raven? Alors ça.. Entre. » Elle ne se fit pas prier deux fois et s'infiltra dans la maison de son amie, ou ancienne amie, elle ne savait plus trop. « Bon. Je veux pas paraître froide mais on peut savoir ce que tu fous là quand même? » Rabaissant son capuchon la blonde fixa le sol, ostensiblement mal à l'aise. « Non parce que j'ai pas beaucoup de tes nouvelles depuis que tu travailles dans ton nouveau département-là. Le travail c'est important, mais pas au prix d'une amie que tu connais depuis plus de vingt-ans! » Ca faisait presque deux ans qu'elles ne se parlaient plus et il était clair que c'était la faute au travail trop prenant de la blonde. Le regard toujours rivé sur le plancher, Raven hocha la tête. Elle avait raison. Elle n'aurait pas du venir. C'était bête.  Et elle n'aimait pas être bête. « Je sais. » fut tout ce qu'elle su répondre. « Oh bas ça change tout alors, si tu sais. » rétorqua Ayesha cinglante tirant machinalement sur ses cheveux bruns. En deux ans il y en avait eut des changements dans la vie de l'égyptienne et nombre de fois elle aurait eu besoin de Raven à ses côtés. Elle lui en voulait n'importe qui s'en serait rendu compte. « Je veux dire que je suis désolée. » Ce n'était pas tous les jours que Raven ravalait sa fierté de cette façon et admettait ses tords et Ayesha le savait, peut-être que c'était pour ça qu'elle se radoucit. Ou peut-être parce qu'elle avait besoin d'elle. « Je t'ai manqué au moins? » Relevant les yeux vers elle Raven esquissa un sourire. « Un peu. Je veux dire, j'étais vraiment trop… fascinée tu vois et puis tu sais comment c'est aussi, on est pas censés parler de ce qu'il se passe au département, mais moi c'était tout ce à quoi je pouvais penser alors ça servait à rien qu'on se voit.. » Visiblement Ayesha n'était pas très contente de son explication, mais elle paru décider de laisser couler. « Et maintenant qu'est-ce qui a changé? » Ah oui. La raison de sa visite. Se mordant la lèvre Raven prit une inspiration et annonça à toute allure. « Je suis la nouvelle directrice du département. » Un énorme sourire déforma ses lèvres pulpeuses et sa réplique exacte se dessina sur les lèvres de son amie d'enfance. Elle était culottée de revenir comme une fleur pour partager sa bonne nouvelle, mais Ayesha ne pouvait lui en vouloir trop longtemps parce que c'était Raven et qu'elle savait qu'elle avait dit la vérité. Qu'elle était totalement capable de se perdre dans son travail, d'en venir à bloquer tout le monde comme elle l'avait fait un long moment à Poudlard. Alors elle la prit dans ses bras acceptant son retour pourtant douteux avant d'avouer qu'elle aussi avait quelque chose à lui annoncer. « Écoute faut que j'te dise, India m'a parlé..je crois qu'elle cherche son père. » « Malheureusement t'es en retard, Gabe est déjà venu me faire une crise. » Son visage s'était renfrognée alors qu'elle se remettait en mémoire ce rendez-vous qui lui avait laissé un goût amer dans la bouche. Quinze qu'elle avait pas vu son ex et franchement elle s'en serait passée. Dire qu'il avait le culot de demander des droits sur sa fille. C'était la sienne, non mais.