There is nothing left of me right now. [Ft. Emily Spencer]

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Ellio était venu la voir, la veille, inopinément. Ça ne lui arrivait jamais. Ellio ne faisait jamais rien inopinément. Il était venu la voir, avec son air coupable et la queue entre les jambes. Elle avait noté qu'il avait cet air coupable depuis quelque jours, chaque fois qu'il la croisait. Chaque fois qu'il la regardait. Elle avait supposé que c'était à cause des serres. De ce qu'elle avait dit. De ce que Dalia avait dit. Des attaques qu'elle avait lancé sur Marcus. Mais il n'en était rien. Il se planta devant elle et lâcha:
« Je vois Emily ».
« Oui, moi aussi, demain. On ira peut-être à la plage et.... »
« Non, Cheryl...Tu ne saisis pas... Je « vois » Emily »
Son cœur avait manqué un battement. Elle l'avait fixé, interdite, et lui, il était resté là, à attendre qu'elle hurle, qu'elle le gifle, qu'elle réagisse, qu'elle fasse quelque chose de Cherylien. Mais elle n'en fit rien. Elle avait l'impression qu'elle ne devait pas. Que c'était peine perdue. Elle avait relevé la tête un peu plus haut et avait articulé chaque mots lorsqu'elle dit:
« Alors c'est ça, au fond: tu as décidé de tout m'arracher? D'abord Marcus, et maintenant Emily? Tu te sens tellement misérable d'avoir perdu Dalia que tu te sens obligé de me prendre tout ce qu'il me reste?!»
« Ce n'est pas ça... »
Mais elle avait alors tourné les talons et elle était partie, sans même écouter le discours qu'il avait sans doute soigneusement préparé. Il n'avait pas essayé de la rattraper. Elle ne s'était pas retournée non plus. Elle s'était donc levée, ce matin là avec l'étrange impression que quelque chose n'allait pas. Qu'elle n'était pas censée être à Poudlard. Que, soudainement, elle n'appartenait pas à ce monde. Les choses auraient été bien plus simples si elle avait été moldue. Ignorante, innocente. Moldue. Mais elle était Cheryl Ophélia Baker. Et elle n'avait rien d'innocente. Elle était même loin d'être ignorante. Mais elle était jeune. Impulsive, parfois trop. Elle ne réfléchissait pas beaucoup à ce qu'elle disait, ou aux mots qu'elle utilisait pour le faire. Mais elle avait pensé chacun des mots qu'elle avait dit à Ellio. Elle se sentait dépossédée de ce qu'elle avait de plus précieux. Comment était-ce arrivé? Emily et elle avaient été amies depuis leur plus tendre enfance. Elle l'avait soutenue, à l'arrivée d'Ellio. Elle était peut-être la seule personne au monde qui savait à quel point elle avait attendu ce frère, à quel point elle l'aurait aimé, à quel point elle aurait été une sœur exceptionnelle si seulement il l'avait laissée faire. Une des rares personnes aussi qui étaient capable de lui dire qu'elle était une garce pourrie gâtée, mais qu'elle l'aimait quand même. Elle était aussi la seule personne à Poudlard qui savait à quel point elle souffrait de la perte de Marcus, et à quel point elle en voulait à son frère, qu'elle estimait responsable. Après tout, s'il n'avait pas été là, Marcus n'aurait jamais eu à choisir entre elle et lui. Ils avaient souvent joué, tous les trois. Emily était comme... la trêve dans leur guerre constante. Lorsqu'elle était là, ils se comportaient comme des frères et sœurs normaux. Ils jouaient. Et faisaient des batailles de polochons. Et ils avaient tous les deux pleuré lorsqu'Emily était partie à Poudlard, un an avant eux. Mais elle était l'amie de Cheryl. SON amie. SA confidente. Comment était-ce arrivé?!
Elle avait sauté de son lit et avait préparé hâtivement ses affaires. Emily et elle devaient se voir, de toute manière. Ça devenait désormais impératif. Elle avait filé jusqu'à la Volière, et manqué de tomber plusieurs fois tant elle courait dans les escaliers. Elle n'était pas en colère. Elle ne pouvait pas être en colère. Mais Emily. Et son demi-frère. C'était impensable. Mais tout de même sacrément moins désagréable à imaginer qu'un retour Ellia. Clairement. Elle s'approcha de Catacac, son hiboux.
Il avait de grand yeux marrons et un plumage gris poudré. Elle adorait ce hiboux: il était affectueux, indépendant, et s'amusait à lui mordiller patiemment les doigts lorsqu'elle accrochait les messages à sa patte droite. Elle l'avait appelé Catacac parce qu'il avait l'habitude de claquer son bec, et que le bruit qu'il faisait donnait l'impression qu'il disait catacac. Sur le mot, de son écriture fine et racée, elle avait écrit: « A la plage. Séance débitching. Sois à l'heure. L'endoit habituel». A l'heure. Elle savait aussi qu'Emily saurait qu'il y avait un léger malaise, étant donné qu'elle n'avait pas du utiliser plus d'une dizaine de mots dans son message. Mais ce n'était pas grave. Cheryl n'était pas capable d'en vouloir à Emily plus de dix minutes. Elle n'avait, bien évidemment, pas noté d'heure. Emily saurait que le plus tôt elle serait à la plage, le mieux ce serait. Elles aimaient aller à la plage pour parler. Oublier un instant qu'elles étaient sorcières. même si débarquer sur une plage en robe noire, une baguette à la main n'était pas ce qu'il y avait de plus dépaysant. C'était étrange, mais elles avaient bien aimé l'idée.

Elle passa une bonne dizaine de minutes à se demander si elle allait enfin se décider à y aller ou non. Après tout, Emily ne tarderait pas. Alors elle marcha jusqu'à la plage. Il y avait quelque personne, à part quelque élèves qui révisaient, assis près des rochers. Elle s'installa le plus loin possible de ces personnes là. Elle n'aimait pas le monde, à la plage, et encore moins que ce monde puisse entendre ses discussions. Cheryl profita du temps qu'il lui restait pour se changer. Elle enleva sa robe de sorcière et la plia soigneusement dans son sac en toile. Puis elle passa un paréo par dessus son maillot. Elle frissonna: aller à la plage en Avril n'était pas la meilleure idée qui soit, sauf si elle voulait vraiment attraper une pneumonie. Sa peau était blanche, laiteuse, presque lunaire, et ses lèvres contrastaient de leur rouge vif. Elle avait mis du rouge à lèvre. Un rouge carmin. Elle adorait mettre du rouge à lèvre pour aller à la plage. C'était le seul maquillage qu'elle s'autorisait. Une légère trace de féminité sur le bout des lèvres. Elle aimait aller à la plage avec ses boucles folles qui caressaient ses épaules parsemées de tâches de rousseurs, une large capeline qui protégeait son visage et des lunettes de soleil qui masquaient ses jolis yeux. Elle se sentait jolie. Elle avait besoin de se sentir jolie, pour affronter son amie. Elle avait besoin d'avoir quelque chose pour elle, lorsqu'elle dirait à Emily qu'elle savait. Qu'elle savait tout. Et surtout, elle avait besoin de rester calme. Et rien ne l'apaisait plus que le bruit des vagues qui venaient s'échouer sur la grève. Elle ne s'énerverait pas. Il ne fallait pas qu'elle perde l'amitié d'Em sur un coup de colère. Alors elle attendit, tranquillement assise, en paréo et maillot de bain. De sa main droite, elle caressait le sable, le faisant glisser entre ses doigts fins. Elle n'entendit pas son amie arriver.

There is nothing left
of me right now

Cheryl & Emily

Emily était en pleine euphorie. Oui, c'était le mot. Ce qu'elle avait tant souhaité, ce qu'elle avait si fortement espéré, était enfin arrivé : elle pouvait affirmer être la petite-amie d'Ellio. Et quelle nouvelle ! Autant car si Ellio et elle-même se fréquentaient depuis un petit moment à présent, et qu'ils se connaissaient depuis leur plus jeune enfance, tout d'abord le fait qu'ils soient en "couple" était une surprise peut-être pour tous les deux, mais le fait qu'Emily veuille l'être, ne pouvait qu'être une surprise pour tout le monde. La réaction d'Elena, la veille, l'avait bien prouvé, car la jeune fille qui ne sortait jamais ses livres de cours, toujours en proie à apprendre un peu plus, et à être davantage cultivée et meilleure que les autres, avait levé les yeux de son bouquin, à l'annonce de la brunette, afin de scruter son amie verte et argent durant cinq bonnes minutes, la jaugeant du regard afin de déchiffrer sur le visage d'Emily si elle ne s'amusait pas à lui faire une farce ou un truc du genre, encore, avant de comprendre finalement s'écrier, comprenant enfin « Oh bon sang, mais par merlin, tu t'es faite frappé à la tête ! » Emily avait rit. Beaucoup. Mais après tout Elena avait raison, s'était-elle cognée violemment ? Non, très certainement pas, du moins pas autant qu'elle ne s'en souvenait. Mais elle avait des sentiments pour Ellio, et cela, elle était bien incapable de le nier. Alors au diable les préjugés que les gens portaient sur elle ! Se levant difficilement de son lit en baldaquins, la jeune verte et argent attrapa la première paire de chaussettes qui s'offrait à elle dans son armoire, avant d'agripper un pull noire large et épais, une jean troué, et de filer en direction des douches communes, sa serviette de bain sur son épaule. A l'ouverture du robinet d'eau, la Serpentard ne réussit à retenir un cri strident, lorsqu'une eau glaciale se déversa sur sa fine peau. Mais par merlin ! De l'eau froide en avril ? Mais dans quel monde vivait Poudlard ? Entendant un petit rire provenir de son dos, la jeune fille se retourna de plein fouet, avant de fusiller du regard la petite deuxième année qui avait eût le malheur d'expression ses émotions. « Peste. » avait alors lâché Emily entre ses dents, avant de ne se laver à vitesse grand V, non sans avoir chargé la petite idiote des cinq minutes précédentes de ramener toutes ses affaires à son dortoir, et de la rejoindre au dîner, afin d'agir comme si elle devait faire d'elle une reine. Car oui, Emily était quelque peu excessive par moment, mais cette gamine l'avait cherché, après tout... Non ?

« Coucou mon ange. » Cette voix. Emily l'aurait reconnut parmi mille. Se retournant en une fraction de seconde seulement, la Serpentard se jeta sans attendre un unique instant dans les bras d'Elijah, son grand frère de cœur. Déposant un baiser sur le front de son amie, le jeune homme passa l'un de ses bras sous ceux d'Emily, et il l'entraîna vers la Grande Salle. « T'aurais pas vu Alistair ? » Emily hocha frénétiquement le crâne en signe de dénégation, non, si elle avait vu Alistair, il serait en cet instant même avec elle et nulle part ailleurs. Il était vrai qu'Emily s'entendant merveilleusement bien avec ces jeunes hommes, qui étaient meilleurs amis d'ailleurs. Elijah était, comme dit précédemment, le "grand frère" d'Emily, et Alistair était son protecteur. Une équipe de champions à eux trois, nous diriez-vous. « On devait allé faire un tour dans le parc. Jamais là quand il faut celui-là ! » se mit à râler avec amusement le serpent. Emily sourit, et Elijah se retourna vers elle. « Tu...? » commença-t-il, mais la jeune verte l'arrêta immédiatement, devinant ses paroles « Non je dois rejoindre Cheryl à la plage, si tu le trouves fais lui un bisou de ma part ! » lâcha-t-elle avant de s'échapper en bondissant vers le hall du château. OH BON SANG. Maintenant qu'elle avait exprimé ses paroles, la jeune fille en prit réellement conscience. Rendez-vous avec Cheryl, ELLE AVAIT RENDEZ-VOUS AVEC CHERYL, et elle était loin d'être à l'heure. Prenant presque ses jambes à son cou, Emily se mit à courir un peu plus dans le château, en direction de l'extérieur, qu'est-ce qu'elle pouvait être tête en l'air parfois. Dans son élan de course, Emily ne manqua pas de bousculer quelques personnes sur son passage, mais elle ne s'arrêta pas pour autant, Cheryl allait l'égorger vive si elle pensait que la jeune fille avait oublié. Se ruant dans le parc, Emily croisa quelques couples par ci, par là, qui se bécotaient sans aucune gêne sur l'herbe du château, ou encore quelques élèves malheureux qui n'avaient rien trouvé de mieux à faire que de travailler en une si belle journée. Que Merlin les préserve. Il en fallait de partout, après tout, et pour tous les goûts.

Emily avait mit un pull, et pourtant, sous celui-ci, son maillot de bain argenté et rose était fin prêt pour un petit plongeon dans le lac, si l'envie lui prenait. Il ne faisait pas si froid que cela, après tout, mais tout de même... Enlevant ses chaussures afin de laisser ses pieds vagabonder librement sur le sable fin, Emily haussa les sourcils - un de ses petits tics lorsqu'elle cherchait quelque chose ou qu'elle était passablement énervée - et laissa ses yeux passer de tête en tête avant de reconnaître son amie. Au bout de quelques secondes, les pupilles de la brunette trouvèrent la tignasse blonde de sa grande amie de toujours, et elle eût l'heureuse surprise de se rendre compte que celle-ci était d'ores et déjà en maillot de bain. Souriant dans le vide, Emily ôta son gros pull, afin de se retrouver à son tour en maillot de bain, et elle s'avança vers Cheryl, gardant néanmoins son jean troué. La Serpentard, arrivée à une proche distance de son amie d'enfance, prit de l'élan, avant de faire un bond aux côtés de Cheryl, afin de l'effrayer. D'une voix enfantine, la verte et argent lâcha « Coucou ! » La brunette sourit, heureuse de retrouver son amie, mais également d'avoir pu redevenir un peu plus elle-même. En effet, si Emily n'était jamais fausse, elle était encore plus vraie en présence de Cheryl, et ce par une puissance indémontrable. La cinquième année déplia sa serviette de plage, l’allongeant à côté de celle de la jeune blonde, et elle s'assit, remuant les cheveux afin de les propulser en arrière, et de pouvoir regarder tranquillement Cheryl. « Si avec ça on ne manque pas des cours lundi, je porte plainte ! » L'ironie et l'amusement, Cheryl et Emily en étaient les reines mêmes. Cela était d'ailleurs incontestable. Cependant, Emily ne mit pas longtemps à voir que Cheryl n'était pas comme d'habitude, la verte et argent, ne se laissant pas décontenancé, sourit de plus belle avant de reprendre « Très joli ton rouge-à-lèvres. » C'était vrai, il lui allait à ravir, et plus encore. Emily avait toujours trouvé Cheryl splendide. Elle était si naturelle, et tellement vivace et gracieuse à la fois. Elle était d'une beauté somptueuse et qui était loin d'être commune. Cheryl avait un charme incontestable, et Emily le lui avait toujours dit. Emily également ne se trouvait pas trop mal dans son genre. En fait, elle se trouvait carrément géniale, et c'était bien ce pourquoi à elles deux elles formaient un si beau duo. Plaçant une mèche qui vagabondait au vent derrière son oreille, Emily, souriante comme à son habitude, tournant son visage vers celui de la Serpentard, en proie à discuter, comme elles aimaient si bien le faire, et elle demanda « Alors, dis moi tout, c'est un rendez-vous galant que tu me donnes là ? » un éclat de rires, le sien. La verte et argent avait cette manie de rire en permanence, tout le temps, et quelles que soient les circonstances. Cela était peut-être ridicule par moment, mais elle était un tel rayon de soleil, qu'on lui pardonnait si facilement ses excès. Quoi qu'il en soit, il était clair que son propre humour amusait beaucoup la jeune fille. Car Emily riait peut-être à ses propres blagues, et avait également un humour quelque peu décalé, mais elle avait toujours eût ce don de détendre l'atmosphère. Ici, avec Cheryl, la cinquième année n'aurait pas pu rêvé de même compagnie pour écouter ses blagues et ses ironies à deux pièces, qui l'amusait toujours, cependant, l'expression du visage de Cheryl, ainsi que le mot qu'elle lui avait laissé pour lui donner rendez-vous ici, lui laissait comprendre que les choses n'allaient peut-être pas se dérouler exactement comme elle l'aurait souhaité...

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