vis ma vie
Elle courait avec la force du damné, les cheveux au vent, le souffle court et le cœur battant à tout rompre dans ses veines. Pourtant le nourrisson entre ses bras ne semblait pas se réveiller. «
Stop, ici ce sera… bon. » La voix de l’homme qui courrait derrière elle semblait aussi être éprouvée par la fatigue. Rose s’arrêta et la tête de l’enfant lui fit face. Elle serra les poings, mais elle savait ce qu’elle avait à faire. Elle sortit sa baguette et la pointa sur l’enfant. «
NON. » hurla une voix de femme, Billie arriva et hurla de nouveau. La nuit était sombre et les nuages cachaient les étoiles, la vallée était uniquement remplie d’herbe et de vaches endormies. «
Vous ne pouvez pas tuer ce gamin ! » La mère en elle parlait, la phénix en elle doutait, elle ne pouvait pas laisser ce meurtre se faire. «
Billie, c’est un Nott, comment crois-tu que cela va finir ? Il sera mangemort, comme les autres. Il va nous traquer, nous tuer, comme les autres. On en a déjà discuté cent fois, la majorité l’a emporté, va-t’en. » Billie pleurait, Rose serrait l’enfant contre ses bras en hésitant de plus en plus, tandis qu’Arthur fulminait de rage. «
Billie, arrête. Nous ne sommes pas les méchants, tu sais bien, mais parfois il faut prendre les décisions. » Sa voix s’était radoucie, il avait tenté de convaincre sa femme un nombre incalculable de fois, mais elle restait sur ses positions. «
Non, ne te rends pas comme eux. C’est un enfant, laisse-moi suivre mon idée … » Billie le suppliait avec son regard de biche, elle ne pouvait croire qu’il refuse, il fallait qu’il retrouve la raison. Il fallait qu’il cesse d’être ce jeune homme fanatique, au point de ressembler au camp adverse. Oui, parfois tuer était une nécessité, mais tuer un enfant sans défense était la pire des choses inimaginable. «
Il sera élevé par des moldus qui n’auront même pas conscience de ce que cet enfant est, il sera protégé par nos soins, et il rejoindra les notre… il va se battre contre sa famille quand il comprendra ce qu’elle fait. S’il te plaît. » Son timbre était tinté d’espoir, elle allait le convaincre cette fois-ci. Il le fallait. «
Si ça tourne mal, tu en seras la responsable. » murmura-t-il dans un souffle. Rose fronça les sourcils, mais après le signe de tête d’Arthur, elle tendit l’enfant à son amie. Le dernier-né des Nott, toujours endormi, s’allongea dans les bras de Billie qui transplana dans un quartier de Londres à l’opposé de là où ils se trouvaient précédemment. Elle entra sans bruit dans une maison de moldu, déposa le bébé dans le berceau qui ne semblait que l’attendre et se dirigea à pas feutrés vers la chambre des parents. Le couple Aschton venait de donner naissance à leur troisième enfant mort-né, c’était une tragédie pour Anna, qui ne rêvait que d’avoir un enfant. Billie ensorcela le couple et modifia leurs souvenirs. Le lendemain il se réveillerait, avec le sentiment que l’enfant endormi était leur premier fils. Et l’enfant, né Archibald Nott, ne saura sûrement jamais sa véritable nature.
« DEBOUT ICAAARE. » hurla l’enfant en secouant son meilleur ami comme un poirier. Les deux gamins habitaient les maisons mitoyennes et le casse-cou qu’était Andréa avait réussi à enjamber la fenêtre pour passer par-dessus le toit. C’était son petit rituel du matin quand il trouvait que son copain dormait trop… enfin quand Icare se levait après les huit heures du matin. Il salua son copain d’un geste de la main et sourit quand il remarqua ses cheveux emmêlés et son haleine matinale. « Bien dormi ? » demanda-t-il pour la forme. Andréa rit quand il vit Swan émerger du lit du dessus, ses cheveux ressemblaient à un pétard explosé. Il avait droit à ce spectacle deux fois par semaine et pourtant il ne s’en lassait toujours pas. «
Mais va traire tes vaches ailleurs, laisse-moi dormir le nabot. » La bonne humeur de Swan était légendaire. Il se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur son front avant que la demoiselle ne roule de nouveau dans son lit pour somnoler encore quelques minutes. Icare était maintenant fin prêt.
« J’ai piqué des trucs dans le garage de papa ! On va pouvoir construire notre navette ! » Les gamins n’avaient que huit ans et pourtant, ils passaient leur temps à construire et améliorer tout ce qui leur tombaient sous la main. Les deux enfants sortirent de la maison par la fenêtre et glissèrent sur le toit jusqu’à la gouttière. Des enfants sans foi ni loi qui n’avaient qu’un seul but dans la vie : jouer. Des enfants qui s’aimaient pour toujours car ils étaient amis à la vie à la mort. Des enfants qui n’avaient qu’un seul désir : ne jamais grandir.
La fleur qu’il tenait dans sa main prit feu quand Annaëlle repoussa ses avances. Ils étaient au primaire, dans la cour de récréation. Depuis le premier jour de l’école Andréa était amoureux de la plus jolie blonde de la classe. Seulement, après avoir été mainte fois poussé par Swan, il avait pris son courage à deux mains et lui avait déclaré sa flemme. Annaëlle lui avait ri au nez. Ses pouvoirs magiques s’étaient ainsi révélés à cause de son premier chagrin d’amour. Il cria en même temps que la demoiselle et lâcha la fleur.
« MAMAAAAAAAAAAAAAN. » hurla-t-il le soir même en arrivant à la maison et en se jetant dans les bras de sa mère. Cette dernière ne pouvait pas comprendre, elle ne le saurait sûrement jamais d’ailleurs.
« Tu sais, j’suis pareil. » marmonna Icare le soir même. Ils étaient assis sur le rebord de la fenêtre et discutaient des événements de la journée, sa moldu ne mère n’avait pas pu lui expliquer, mais Icare lui savait. « C’est Wendy qui m’a raconté. » Wendy, déjà à cet âge-là c’était l’intello de la bande, c’était elle qui savait les choses et qui s’arrangeaient pour que tout le monde aille bien et se calme. Wendy, une fille en or. Andréa tenait les rideaux entre ses doigts et les serrait si fort que ses ongles entrèrent bientôt dans sa peau. Il avait besoin de savoir, il fallait qu’il en apprenne plus. Deux jours plus tard, il recevait une lettre pour Poudlard… Wendy lui avait tout expliqué sur ce que cela signifiait, elle lui avait appris ce qu’étaient les né-moldus, ce qu’était ma magie, ce qu’était Poudlard. Et maintenant qu’il savait que ses trois meilleurs copains y allait, il avait hâte d’entrer au château.
Arriver à Poudlard alors qu’on est un enfant né-moldu n’était pas une chose facile. Andréa a beaucoup souffert, pourtant il était beau, fort, rusé, agile, courageux, beau parleur, il possédait toutes les qualités d’un gryffondor. Comme quoi l’environnement forge la personnalité, car s’il avait grandi Archibald Nott, il ne serait pas assis à la table des gryffondors en train de défendre la veuve et l’orphelin, il n’aurait pas un immense sourire aux lèvres en allant en cours le matin et surtout, le pire du pire, il n’aurait pas trois extraordinaires amis né-moldus à ses côtés. Andréa était fier de sa vie et de ce qu’il avait fait jusqu’à présent alors son origine ne lui faisait pas peur. Il croquait la vie à pleine dent et tant pis s’il était traité de ‘sang-de-bourbe’ à longueur de journée, tant pis s’il était collé plus souvent que les autres par les mangemorts qui servaient de professeur et tant pis si l’on riait à son passage. Ses amis l’aidaient à rester courageux. Jusqu’au jour où le pire arriva. Andréa s’en rappelle si bien de cette atroce journée : c’était un matin froid de septembre. Les élèves qui avaient eu le droit de rentrer chez eux pendant l’été venaient d’arriver à Poudlard, alors le directeur avait fait une grande annonce et tous les nés-moldus s’étaient levés suites aux recommandations du directeur. Il avait pris leur baguettes et les avaient détruites sous leurs yeux tout en les chassant de Poudlard. Andréa entend encore la table des serpentards hurler de joie
« Enfin libérés des infâmes vermines. » Et, les larmes aux yeux, nos quatre lurons quittèrent la grande salle. Une jeune fille était aussi avec eux Lou Stanhope. Elle avait un an de plus, elle était blonde et très jolie. Elle ne s’était pas rapprochée d’eux pendant les années, c’était étrange mais peut être que leur quatuor leur faisait peur ? Cependant Andréa l’avait souvent remarquée et d’ailleurs, il la trouvait très jolie. Une fois ou deux il avait essayé de prendre sa défense dans un combat, mais elle l’avait toujours envoyé bouler, être sauvée par un plus jeune ne devait pas lui plaire.
La première et seule chose qu'ils pouvaient faire : c'était rentrer chez eux. Les pauvres petits n'avaient que quatorze ans. Bien sûr, ils se savaient surveillés, alors ils ont vécu comme des moldus, comme ils vivaient avant. Ils se sont inventé une histoire, pour expliquer pourquoi ils débarquaient comme ça au collège après quatre ans de disparition... mais ils regrettaient tellement le château magique de Poudlard et ses salles enchantées.
Puis ils eurent dix-sept ans et commença alors une drôle de vie. Ils quittèrent leurs parents pour qu'il ne leur arrive rien et s'en allèrent pour combattre à leur manière. L’avantage d’être jeune et sans magie, c’est qu’ils avaient perdu leur trace assez vite. Bon les quatre fantastiques (ouais appelons-les comme cela) avaient tout mis de leur côté et s’était dans un premier temps cachés dans les égouts, l’odeur les protégeaient des sales mangemorts. Puis très vite, ils s’étaient trouvé une maison abandonnée qu’ils avaient restaurée de l’intérieur pour en faire un véritable quartier général. Le premier soir où ils se sont blottis les uns contre les autres dans cette maison, ils se sont jurés une seule chose :
« On reste ensemble, on vit ensemble, on meurt ensemble, on se bat ensemble … pour toujours et à jamais. » C’était leur guerre, ils comptaient bien y participer. Très vite chacun a récupéré un rôle : Wendy était l’intelligente du groupe (et la copine d’Icare), Swan était la peste mais rusée toujours prête à se battre, Icare était le rigolo toujours plein d’entrain et de bonne humeur … et Andréa était le leader, le beau-parleur, celui qui avait des bonnes idées. Eh bah mon cochon, ils étaient pas dans la merde.
A force de recherches et de bataille, les quatre fantastiques finirent par trouver les phénix. Cela mit des mois, pour qu’ils obtiennent un rendez-vous et qu’ils puissent les rejoindre. L’idée était venue d’Andréa, qui aurait voulu se battre pour de bon, et entrer dans la guerre. Les autres avaient d’abord traîné les pieds, mais ils avaient fini par se laisser convaincre et par suivre leur chef chez les oiseaux de feu. Malheureusement, ils ne récupérèrent pas l’accueil espéré. Ce n’était qu’une bande de gamins qui se battaient sans baguette et qui ne voulaient pas être hauts placés à réfléchir, juste se battre, mais garder leur indépendance. Ils finirent cependant par trouver un accord et tous purent jouer leur rôle. Maintenant que la guerre est déclarée officiellement, tous se tiennent prêt, nos quatre lurons en première ligne …