Poudlard entre les mains de Voldemort ? Pour toi, c'est très bien comme ça. D'ailleurs, heureusement, les sales sang-de-bourbes ne sont plus autorisés à venir au château. Quand tu es rentrée en première année, c'est tout naturellement que tu t'es tournée vers le clan des obscurs. Rien de ne plus normal en même temps, tu détestes tout ce qui s'apparente de près ou de loin aux moldus, à tout ceux qui sont sans pouvoir, et surtout les traîtres à leur sang. Et puis au fond, un clan ou un autre, qu'est-ce que ça peut bien faire ? Tout ce que tu sais, c'est que tu es dans celui des vainqueurs.

Tu commenças à courir jusqu'au salon, tes cheveux blonds virevoltaient sur tes épaules. Tu te pris les pieds dans le tapis, et faillis tomber par terre. Heureusement, tu te rattrapas au porte-manteau, qui vacilla sous ton poids. Ouf, rien de cassé. Tu continuas ton chemin, ouvris la porte brusquement et crias : « Maman ! Je veux un boursouflet. » Capricieuse, toi ? Si peu. Ta mère leva la tête de la tâche qu'elle était en train d'effectuer, te regarda doucement, et sourit. Tu étais encore jeune. Quelques années seulement, et pourtant, tu avais déjà un caractère bien trempé et tu savais ce que tu voulais. C'était comme ça et pas vraiment autrement. De toute manière, c'était plutôt rare qu'elle te refuse quelque chose. Tu étais leur petite princesse, leur petite fille, leur rayon de soleil. Tu demandais, tu obtenais. Cela n'était pas compliqué. Et plus tard, tu exigeas : un mégaphone magique, un nouveau balai, des multiplettes, un chat, un robe de princesse, un troll, un éteignoir, une chouette, de l'encre auto-correctrice, des Lorgnospectres, un dragon, un retourneur de temps, un tapis volant, un vif d'or, une licorne, une fée … Tu n'en avais jamais assez. Tes parents te cédaient tout et pourtant... Ta famille était depuis longtemps partisane de celui qu'on considérait comme le plus grand sorcier de tous les temps : Lord Voldemort. Toi, tu n'étais encore qu'un enfant, tu ne comprenais pas ce que cela signifiait...


Tu jouais depuis quelques minutes sur le tapis du salon, avec tes toutes nouvelles figurines magiques. Elles étaient belles. On venait de te les offrir pour ton anniversaire. Tu étais vraiment ravie, car Celles-ci volaient autour de toi et tu parlais toute seule. « Non mais voyons. N'importe quoi. » Depuis quelques jours, tu ne cessais de penser à la nouvelle que tes parents t'avaient annoncée quelques jours auparavant. Tu allais avoir un frère, ou une sœur. Mais rien de conventionnel. Ils allaient adopter. Tu ne leur suffisais pas. N'étais-tu pas assez parfaite ? Leur bonheur n'était-il pas complet ? Tu ne comprenais pas grand chose à leurs histoires d'adultes. Tu avais entendu ta mère parler de fertilité et de grossesse à risque, mais le sens de ces mots ne t'était pas vraiment familier. Alors tu n'avais rien dit. Pourtant, cela ne changeait rien. Il était hors de question que cet enfant te vole ta place. Tu étais la fille des Baker, leur unique et véritable fille, celle de sang. Même si au fond de toi, il fallait l'avouer, tu avais vraiment envie d'une petite sœur à embêter ou à cajoler, au choix... Mais si tes parents te délaissaient ? S'ils préféraient cette sœur à toi ? C'était ta plus grande crainte. S'ils t'abandonnaient soudainement ? Cette idée te perturbait vraiment. Sans t'en rendre compte, tu commenças à serrer ton jouet dans la paume de ta main, si fortement que tes jointures devinrent peu à peu blanches. Ignorant les appels de tes parents, tu restais ainsi durant de longues minutes, jusqu'à ce que ton père vienne finalement te chercher. « Cheryl, vas-tu m'écouter quand je te parle ? Dépêche-toi. On va être en retard. » Tu bougonnas. « Mais j'ai pas envie. J'veux pas y aller. » Monsieur Baker tendit sa main que tu attrapas à contre-coeur. Tu traînas des pieds jusqu'à la porte d'entrée, puis vous transplanèrent. Enfin, ton père transplana, toi accrochée à son bras. Vous atterrirent rapidement. Brrr, sérieusement, cette journée commençait mal. Tu détestais ce moyen de transport là, tu y préférais largement les balais, même si tu étais encore trop petite pour en faire toute seule. Tu commenças à suivre tes parents en boudant. Tu savais où vous alliez, et cela ne te plaisait pas. T'y allais même à reculons, même si ton père continuait à avancer d'un pas décidé, te traînant plus qu'autre chose. Rapidement, en quelques minutes, vous vous arrêtâtes devant une bâtisse sombre et tu serras la main de ton paternel encore plus fort comme pour lui montrer que tu n'avais vraiment aucune envie d'y entrer, mais il n'y avait rien à faire, il ne t'écoutait pas, c'était bien une première. D'habitude, il était le premier à te céder tous tes caprices. « Monsieur et Madame Baker ? » demanda une vieille dame, sans doute la directrice de l'établissement. « Suivez-moi. » Tu scrutas tous les enfants que tu croisais, les toisant du regard, ne cherchant aucunement à paraître sympathique. L'un d'eux allait te voler la place qui te revenait de droit, alors pas de quartier. Tes parents s'arrêtèrent dans une grande salle où de nombreux enfants jouaient. Tu avais presque envie de te mêler à eux, mais tu ne le fis pas. Tu n'étais pas là pour te faire des amis, loin de là. Soudainement, ton père lâcha ta main, et tu te sentis brusquement démunie, comme si l'on commençait à te l'arracher. Il semblait s'intéresser à un garçon qui avait l'air d'avoir le même âge que toi, à vue d’œil. Il lui demanda son nom : « Ellio et non Elliott, beaucoup de gens se trompent, ils ont du mal alors ne mettez pas de T s'il vous plaît. » Tu haussas les sourcils. Ellio, quel prénom étrange, c'était bien la première fois que tu l'entendais. Mais bon, et Cheryl alors ? Ce n'était pas vraiment commun non plus. Tu te désintéressas de lui parce qu'il avait l'air nul. On aurait dit un petit ange, le contraire de toi. Ça, tu voulais pas. Quitte à se coltiner quelqu'un, autant qu'il te ressemble un tant soit peu... Tu commenças à tournoyer dans la salle pour faire l'intéressante, mais ton père discutait toujours avec le garçon. Tu le vis lui sourire et lui demander : « Et bien qu'est-ce que tu en penses, Ellio ? Est-ce que tu voudrais venir vivre chez moi ? Avec ma femme, Amélia et ma fille, Cheryl ? » Tu crias : « QUOI ! » Non, pas lui !


Tu le regardas installer ses affaires et tu penchas un peu plus la tête pour mieux le voir. Depuis déjà plusieurs minutes, tu l'observais telle une bête curieuse, cherchant à l'apprivoiser. Il était là. C'était ton frère maintenant. Pas ton frère de sang, il ne fallait pas l'oublier, mais un frère quand même. Tu soupiras doucement. Peut-être qu'au fil du temps, tu arriveras à l'accepter et à le considérer comme un véritable membre de la famille. Ce n'était que le début. Mais il avait l'air gentil. Vraiment gentil. La preuve. « Tu sais, j'tiens pas à te voler ta place. » Tu ouvris tes paupières, cherchant ce que cela cachait. « Ah. » Tu fermas les yeux doucement, réfléchissant. Toi, tu rêvais d'avoir une petite soeur. Certes on t'avait donné un frère, mais au final, qu'est-ce que cela changeait ? C'était même mieux. Tu le voyais même déjà se battre pour toi dans la cour de l'école et te défendre corps et âme. Tu l'aidas à finir de ranger ses affaires, et tu commenças à en apprendre d'avantage sur lui. Finalement, tu te dis que tu aurais quand même pu tomber sur pire. Même bien pire.


Les mois, puis les années avaient passé. Bientôt, Poudlard accueillerait en son sein deux nouveaux élèves. Un frère et une sœur. Lui et toi. Du moins, en l'apparence. L'ancienne promesse donnée par Ellio n'avait plus vraiment lieu d'être, car même s'il n'avait pas cherché à te prendre ta place, tu avais bien compris qu'il avait inconsciemment monopolisé l'attention au sein de ta famille. Tu n'étais plus la préférée. Vous étiez les préférés. Tu n'aimais pas ça. Pas vraiment. Pas du tout. Tu pouvais comprendre qu'ils l'aimaient parce que toi aussi, malgré les apparences, tu avais de l'affection pour lui, mais tu n'aimais pas comment il avait sournoisement conquis le cœur de tes parents. Ça n'allait plus. Ce n'était pas de sa faute, mais tu l'en tenais responsable. Peu importe ce qu'il faisait, c'était toujours mal.  C'était devenu pire depuis qu'il portait le nom des Baker. Avant, tu avais toujours l'impression qu'il ne faisait pas vraiment partie de la famille, mais désormais, c'était officiel, c'était ton frère, il fallait vivre avec.

« SERPENTARD ! » cria le choixpeau magique. Malgré toi, tu poussas un profond soupir de soulagement. Cela t'aurait tout simplement tué d'atterrir à Poufsouffle ou à Gryffondor. Serdaigle, ça passait encore, même si on y trouvait pas mal d'intellos... La maison de Salazar, c'était vraiment celle que tu voulais. Tu courus jusqu'à la table de ta nouvelle maison et t'assis rapidement sous un tonnerre d'applaudissements. En effet, tu étais la première à t'y retrouver, et tu en étais ravie. De longues et belles années s'annonçaient devant toi. Tu regardas les autres se faire répartir jusqu'à entendre le nom d'Ellio dans la bouche de celle qui tenait le Choixpeau. « Fisher-Baker, Ellio. » Malgré toi, tu sentis tes muscles se contracter, espérant secrètement qu'il n'atterrirait pas dans une maison qui déshonnorerait leur nom, et aussi, qu'il te rejoigne... Tu avais peur d'être toute seule, il fallait l'avouer. « SERDAIGLE ! » Tu te détendis. Serdaigle, ce n'était pas si mal.


Tu te mordis les lèvres, légèrement stressée. C'était ta toute première réunion avec ton nouveau clan, celui des obscurs, que tu avais rejoint tout naturellement quelques jours après la rentrée. Jamais on ne t'avait parlé de cela avant d'arriver à Poudlard, mais le principal, c'est que grâce à cela, tu pouvais te rapprocher davantage des gens qui te ressemblaient. Tu pris une chaise et un garçon s'installa près de toi, il n'avait pas vraiment l'air plus à l'aise que toi. Il était en première année, comme toi, tu l'avais aperçu dans certains de vos cours en commun. « Euhmmm, salut, moi c'est Cheryl, et toi ? » « Jude. » Tu lui serras la main. Tu ne le savais pas encore, mais ce Jude n'était pas vraiment là pour les mêmes raisons que toi, mais tu t'en fichais, le principal, c'était d'avoir un allié dans ce clan.


« NOAHSETTE ! » Ouais, surnom de merde. Mais t'adorais. Ta meilleure amie te regarda et haussa les sourcils comme pour dire 'mais qui c'est cette débile qui me sert de copine sérieusement ?'. « Faut que je te raconte. Tu sais pas ce qu'il a encore fait ce débile ? Non mais sérieusement, il a de la merde devant les yeux ou quoi ? » Tu rejetas avec grâce ta longue chevelure blonde derrière tes épaules. « Alors là, ça ne se passera pas comme ça ! S'il croit pouvoir me parler comme ça lui, il se fout sa baguette là où je pense et bien profond ! » Tu repartis aussi vite que tu étais arrivée, sous le regard médusé de Noah, toujours pas vraiment habituée à tes accès de serial killeuse attitude. Il fallait l'avouer, lorsqu'on te cherchait, souvent - toujours - on te trouvait. Mais toi, tu étais comme la petite princesse de ton année, alors qu'importe les autres, ils te devaient le respect.


Main dans la main avec Marcus, tu te rappelas comment tu l'avais connu. C'était il y a déjà longtemps maintenant, mais tu t'en souvenais comme au premier jour. « Cheryl Marcus. Marcus Cheryl. » avait présenté Ellio. Tu avais regardé ton frère, puis le jeune Cauldwell et tu avais répondu : « Ouais salut. » et tu étais partie comme ça, sans un mot de plus. Oui, à l'époque, les potes de ton frère, tu les trouvais bien mignons, mais tu avais mieux à faire que de sympathiser avec eux. Même s'il fallait l'avouer, Marcus t'avait tapé dans l’œil dès le début et puis, il avait plutôt l'air cool. Il était dans ta maison, vous aviez déjà vaguement discuté en échangeant des banalités, mais au final, vous vous connaissiez pas. Maintenant, vous étiez ensemble. Grâce à Ellio. Qui l'aurait cru ? Au début, tu savais que tu n'avais montré qu'au jeune Serpentard ce que tout le monde voyait. La blondasse de service, emmerdante, chiante, agaçante. Une vrai poupée barbie pourrie gâtée. Mais il avait su lire en toi et te comprendre, et aujourd'hui, tu étais heureuse avec lui.