Hier soir, alors que la jeune femme était en pleine discussion avec son cercle très fermé des filles les plus populaires de l’école, le chef des Obscurs en personne était venu la trouver pour lui confier une mission importante. Un certain Kenneth Shaun, élève de Gryffondor, n’appartenait à aucun clan malgré les nombreuses sollicitations qu’on lui avait déjà faites, d’un côté comme de l’autre. Qu’il soit dans la maison des lions et que pourtant il n’appartienne pas à la résistance était, selon son chef de clan, la nette déclaration qu’ils avaient toute leur chance de le convaincre de venir chez eux. S’ils y parvenaient, ce serait un allié de poids pour deux raisons au moins. Déjà, ça leur ferait une oreille attentive et très bien placée qui pourrait les instruire sur des informations du clan adverse, mais aussi Kenneth était quelqu’un de loyal dans ce qu’il entreprenait, et asservit à leur cause, il serait un puissant allié. Est-ce que la blonde y croyait ? Elle n’était pas là pour discutailler ni pour remettre en question ce qu’on lui disait, mais si ce garçon était bel et bien comme son chef le décrivait, il faudrait qu’elle redouble de prudence et de ses charmes pour parvenir à quelque chose de concret avec le Gryffon. Pourquoi est-ce que c’était elle qui avait été mandatée pour cette mission ? Inutile de le demander, elle s’en doutait déjà. Contrairement à beaucoup de ses amies qui aimaient faire sentir aux autres qu’ils n’étaient pas à leur mesure, Sixtine, elle, jouait essentiellement la carte de l’innocence et de la camaraderie. Hypocrite quand il fallait l’être, elle parvenait parfaitement à se fondre dans la masse, tout en restant classe et parmi les plus convoitées. C’est pour ces raisons précises qu’elle avait été choisie, et elle comptait bien être à la hauteur de ses talents. La tâche ne serait pas aisée, elle en avait parfaitement confiance, d’autant que ce garçon-là, elle ne le connaissait que de nom, et de réputation de se laisser désirer par la gente féminine. On lui avait même rapporté qu’il y avait une liste de filles, et que chacune d’elle attendait avec patience son tour ! Quand elle avait entendu cela, ça l’avait fait sourire. Apparemment, Kenneth était son alter-ego, mais qui était encore à ce jour de l’autre côté de la barrière. Le jeu n’en serait que plus trépidant !

Le lendemain donc, la Serpentarde commença à préparer le terrain. D’abord, il fallait se renseigner sur ce fameux élève et sur ce coup-là, sa meilleure amie Roxanne s’avéra plus utile qu’on n’aurait pu le penser de prime abord. Les joutes verbales entre les deux démontraient que le Gryffondor était intelligent, malin, et sûr de lui. Il ne serait pas facile de l’amener à douter de ses convictions les plus profondes et de le convaincre en deux trois temps mouvements. Non, la personnalité de son camarade masculin laissait supposer qu’elle devrait s’y prendre à plusieurs reprises, calmement, doucement, jusqu’à trouver son point faible et l’utiliser contre lui, pour l’amener là où elle le souhaitait, c’est-à-dire chez les Obscurs. Cela en tête, la blonde passa à l’étape suivante : choisir très soigneusement sa tenue. Elle aurait besoin de quelque chose de sobre mais néanmoins légèrement acidulé, afin de paraître sérieuse juste ce qu’il faudrait. Ne jamais sous-estimé l’apparence et tout miser sur les paroles, car persuader quelqu’un était un labeur à nul autre pareil, surtout quand ladite personne se montrerait méfiante dès le début de la rencontre. Ainsi, pour désamorcer un premier conflit d’intérêt dut à nos maisons paradoxales, il lui faudrait arborer une tenue qui mettait en confiance, tout en restant neutre. Ensuite, il fallait travailler la gestuelle. Pour un jeune homme comme lui, elle ne devrait pas miser sur sa plastique en tentant de l’aguicher car il ne faisait clairement pas partie de cette horde de mâle en manque prêt à sauter sur tout et n’importe quoi. Dommage en un sens, ça aurait été bien plus facile sinon… Un battement de cils et l’affaire aurait été dans la poche.

A l’heure du petit-déjeuner, la Serpentarde avait cherché le Gryffon du regard, et finit par l’apercevoir, en train de bâfrer comme un troll à sa table. Dubitative, elle s’était demandé s’il s’agissait bien de la bonne personne car à le voir ainsi, il était loin de ressembler l’élève intelligent qu’elle s’était imaginée. Enfin, les apparences sont trompeuses, comme elle le savait parfaitement bien. Laissant la matinée s’écouler tranquillement, la Vert et Argent prenait le soin de réfléchir à l’entretient qu’elle aurait bientôt avec son camarade, tout en faisant ses devoirs. Faire fonctionner ses neurones en noircissant des centimètres et des centimètres de parchemin la mettait en condition psychologique pour ce dialogue emplit de manipulation. Le plus important ne serait pas de lui parler des Obscurs, mais de capter son attention et d’obtenir un tant soit peu de sa confiance. Il faudrait aussi creuser dans ses intentions, qu’est-ce qui lui tenait à cœur, ses craintes et ses espérances. Jamais il ne livrerait tout ça de vive-voix, et la petite blonde devrait se montrer particulièrement observatrice pour faire les conclusions qui s’imposaient, et de là, l’attirer à elle. Sixtine méditait encore là-dessus lorsque Roxanne s’installa à ses côtés pour lui dire qu’elle venait de voir Kenneth passer, et qu’il serait bien qu’elle se dépêche d’aller le trouver, car le chef des Obscurs voudrait rapidement un compte-rendu. Déterminée, la sixième année rangea ses affaires et se mit en quête du lion. Demandant poliment à ceux qu’elle croisait s’ils avaient aperçu le Gryffon, on lui indiqua un chemin qui la mena finalement à la salle des Trophées. Entrant dans la pièce, elle s’arrêta un instant devant une vitrine, remit en place ses vêtements, ses cheveux, avant d’entrer plus avant dans la salle où, à son grand étonnement, elle lui fit peur. En d’autre circonstance, elle aurait pu trouver cela vexant, mais en l’occurrence, elle trouva sa réflexion amusante et lui sourit.

« Un grand et courageux jeune homme comme toi, avoir peur ? Je n’en crois pas un mot. » commença-t-elle sur un ton espiègle et réservé à la fois. « Belle reprise ! » remarqua-t-elle en désignant le trophée qu’il avait rattrapé et reposé sur l’étagère.

Ne pas se montrer trop familière pour ne pas lui mettre la puce à l’oreille, mais ne pas non plus se montrer trop distante, sans quoi le Rouge et Or l’ignorerait rapidement. Il fallait qu’elle joue de finesse. Visiblement son approche s’avérait plutôt réussite puisque ce dernier ne montra aucun signe d’antipathie.

« J’aurais pu t’aider à tout réparer si jamais, mais honnêtement, même si tout se serait écroulé, ça n’aurait pas été de notre faute. Ce serait bien qu’un jour ils songent à investir dans le mobilier. »

Elle avait sourit en prononçant ses paroles, et avait fait attention à utiliser un ton amical mêlé de douceur pour poser une touche de complicité. Pourtant, tout se jouait sur cette dernière phrase qu’il asséna comme une évidence, en suggérant que comme leurs maisons étant en lutte constante, voir l’étagère des trophées des Gryffondors s’écrouler avec pertes et fracas auraient fait plaisir à la Verte et Argent. Celle-ci haussa les épaules, avant de répondre avec une étonnante sincérité :

« Oh et bien désolée de te décevoir mais, quand bien même nos maison se font la guerre depuis des centaines d’années, je n’ai de mon côté aucune grief envers les Rouge et Or. La valeur d’une personne ne se définit pas à sa maison d’appartenance mais à ce qu’elle a ou non dans son cœur. C’est en tout cas ce que je pense et tant pis si je suis la seule à le croire. »

Briser les barrières, c’est que cherchait à faire la Serpentarde. Elle avait donc continué de parler avec douceur, politesse, et une petite pointe de d’espièglerie et de fragilité qui, en général, retenait l’attention de ses interlocuteurs. A demi-mot, elle l’incitait à donner son avis sur cette affirmation et quand il l’aurait fait, elle en saurait déjà plus sur son mode de penser, et pourrait alors voir de quelle manière poursuivre la conversation.

Honnêtement, la jeune fille fut plus que surprise de constater que le Rouge et Or ne l’envoya pas balader d’une manière incroyable et fracassante, comme la majorité d’entre eux en avait la tendance. Plus naïf que la moyenne, ou juste plus aimable ? En tout cas, la surprise était bien agréable et Sixtine se laissa à croire que les choses seraient plus faciles qu’elle ne l’avait prévu. C’était une bonne chose. Manipuler les autres pour les obliger à aller quelque part ou à la base ils n’avaient pas envie ne l’amusait plus autant qu’avant, et se débarrasser de ce fardeau rapidement serait une libération. Le jeune homme en lui-même n’avait rien d’un poids, bien au contraire, mais sa mission en revanche… Doucement, la jolie blonde avait réduit la distance entre eux, tout en restant dans les bonnes convenances. Le sourire sincère qu’affichait le Gryffondor, son énergie, cette assurance et cette gentillesse qu’il dégageait avaient tendance à la déstabiliser, en même temps qu’elle l’enviait d’être naturel et heureux. Il n’était pas spécialement populaire, pas au niveau ou elle l’entendait en tout cas, et pourtant, il était rayonnant. Elle se demandait ce que ça pouvait bien faire de ressentir un tel bien-être. Chez elle, tout était toujours maquillé, travestit, de ses regards à ses sourires, de ses salutations à son mépris. En général, les seuls sentiments qui la gouvernaient étaient la suffisance, la fierté et l’indifférence face aux autres. Quant à la joie, la seule qu’elle ait éprouvée remontait à bien longtemps, et sa source était superficielle. Devenir l’élève la plus populaire de Poudlard… vraiment ! Pour un peu, elle se donnerait des gifles de s’être montrée si frivole ! A présent, elle était prisonnière de cette image qu’elle avait érigée elle-même, esclave d’illusions qui avaient supplanté la réalité. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’elle se tenait devant son camarade en cette heure, parce qu’elle savait endormir la vérité la plus profonde et instiller chez les autres l’envie de faire et de penser l’exacte contraire de leur volonté première. Un don probablement, mais elle aurait de loin préféré en avoir un autre. La miss devait tenir cette aptitude de ses propres parents, après tout, ceux-là avaient réussi à la convaincre que le bonheur éternel se trouvait dans le pouvoir qu’on obtenait par le jeu des apparences. Quelle bonne blague ! Il était cependant trop tard pour reculer et avec un peu de chance, elle lierait une véritable amitié avec le Rouge et Or et il déciderait de son plein gré de rejoindre les Obscurs ? L’espoir fait vivre ! Bien que là, ce soit plutôt de la folie.

Se postant face à lui, son camarade la remercia après qu’elle ait félicité ses réflexes, avant de se mettre à plaisanter en disant qu’il pensait avoir été jongleur dans une autre vie. Sixtine leva des yeux amusés vers le jeune homme, bien que surprise, et lorsqu’il continua en disant qu’il hésitait entre ça, jongleur, ou danseur de samba, la sixième année laissa échapper un petit rire cristallin, après quoi il annonça qu’il disait n’importe quoi. Ça, pas besoin de le lui dire, elle l’avait bien compris. Ce n’était pas parce qu’elle était à Serpentard qu’elle était allergique ou complètement hermétique à la plaisanterie que certains qualifieraient sans doute de lourde. De son côté, elle considérait surtout que ça prouvait la bonne humeur et la sincérité du lion (mais pas question de l'avouer à voix haute !). Soit c’était ça, soit il était rudement intelligent pour se faire passer pour un crétin et faire baisser la garde de son interlocutrice. Quoiqu’il en soit, Sixtine décida de mettre ses grands airs de côté et de se laisser à être quelqu’un de normal, comme lui.

« Je plaisante, je sais pas danser la samba.
« Dommage, tu m’aurais apprit sinon, » fit-elle en souriant.

Participer à ses facéties au lieu de le regarder de haut et de le mépriser était bien plus amusant qu’elle ne l’aurait cru. Oublier le protocole, les bonnes manières, les faux-semblants et rire comme les deux étudiants qu’ils étaient, sans arrière-pensées, ça lui faisait du bien. Inconsciemment, en tombant le masque de la sorte au lieu d’essayer de juste viser la cible qu’il était et de toucher au but rapidement, comme elle était sensée le faire, elle s’entrainait à cette idée qui avait germé avec force dans sa tête : aller parler à Matthew et s’excuser pour ce qui s’était passé il y a deux ans. Un sacré revirement et une première pour elle ! Qui aurait pu croire qu’un jour, Sixtine Victoria Simons consente à reconnaître ses erreurs et qu’elle éprouve du remords ? Et pourtant ! Comme on dit, il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis ! Elle reconnaissait cependant qu’apprendre à son cœur à devenir humain, l’exposait à des dangers auxquels elle n’avait jamais songé. Appartenir à un clan, en l’occurrence les Obscurs, lui conférait certes des avantages mais aussi des obligations, et les leaders du clan étaient intransigeants. Si elle continuait sur cette voie-là, à se montrer sincère et aimable au lieu de méprisante et efficace, elle pourrait bien s’y brûler les ailes. A moins que… Oui, pourquoi pas après tout ? Elle n’était pas qu’un beau sourire sur un corps désirable, elle avait des qualités, des défauts mais aussi des habiletés – la manipulation par exemple - qui pour le moment étaient au service des Obscurs, mais qu’elle pourrait tout aussi bien retourner contre eux. Son désir toujours plus vaste de s’affranchir de ses chaines illusoires et de goûter la liberté pourrait bien la perdre, il faudra qu’elle fasse attention à l’avenir. Une question demeurait pourtant en suspend : ses nouvelles convictions et sa vie de poupée étaient-elles réellement contradictoires ? A méditer ! Pour l’heure, elle continuait de sourire au Gryffondor qui l’effraya quelque peu en criant un merci avec un peu trop d’engouement. Elle voulait bien tomber le masque, mais ses anciens réflexes n’avaient pas encore déserté, il faudrait du temps. Elle reprit alors simplement le fil de la conversation en énonçant sa position dans la guerre Serpentard/Gryffondor, répondant par la même au sous-entendu qu’il lui avait lancé, lorsqu’il avait supposé qu’elle aurait été ravie de voir l’étagère des trophées de sa maison s’écrouler. Sa réaction ne se fit pas attendre et Sixtine put lire une certaine surprise sur son visage. Est-ce qu’il avait prononcé cette phrase en plaisantant et qu’elle n’avait pas compris ou est-ce qu’il était sérieux et était étonné de sa réponse ? Elle l’ignorait et n’eut pas vraiment le temps de se poser la question plus avant, puisqu’il lui déclara apprécier sa manière de penser, avant d’ajouter que c’était également sa façon de penser. Sixtine sourit avec douceur. C’était un bon point pour elle et en plus il disait raisonner de la sorte. Vérité ou manipulation ? On lui avait dit qu’il était intelligent, est-ce que ça signifiait aussi qu’il était manipulateur ou est-ce que ça n’avait rien à voir ? Elle était sans doute devenue paranoïaque à force de se méfier des autres et de vivre avec des vipères, mais néanmoins, elle décida de le croire. Elle eut davantage confiance en son intuition lorsqu’il s’avança pour se présenter et lui tendre la main, un grand sourire accroché au visage, sourire auquel elle répondit avec une authenticité qui la surprenait elle-même.

« Enchantée de faire ta connaissance Kenneth. Je suis Sixtine Simons, en sixième année. »

Bien, le contact était maintenant établit, il fallait songer à passer à la suite. Mais quelle suite ? Continuer à faire connaissance ou tenter une approche plus frontale ? Question délicate dont la réponse s’imposa cependant d’elle-même. Hors de question de le faire fuir, ou de le charmer. D’ailleurs, vu ce qu’on lui avait dit, elle doutait fortement qu’il se laisse avoir au jeu de la séduction. Le choix était donc tout fait. Naturellement, sur le ton d’une conversation banale tout en montrant qu’elle s’intéressait à lui et à leur échange, elle continua.

« Je venais pour admirer les Trophées, en espérant secrètement qu’un jour ou l’autre, j’y laisserais ma propre emprunte. Ce serait vraiment un honneur d’avoir une coupe à mon nom et à choisir, j’aimerais beaucoup celui de… la meilleure soigneuse d’animaux magiques ! » fit-elle d’une manière légèrement théâtrale, puisqu'elle savait qu'il ne la croirait pas, pas tout de suite. Or, par son attitude, elle cherchait justement à lui faire croire qu'elle n'était pas qu'une jolie fille, mais qu'elle était plus que ce qu'on pouvait croire au premier abord. Mais qui cherchait-elle réellement à convaincre, lui ou elle ?

Est-ce que c’était vrai ? Pas vraiment. Les créatures magiques, même si elle les aimait bien, elle n’avait guère envie de passer sa vie à leur côté. Ce que la blonde espérait vraiment à ce niveau-là, c’était un oscar pour saluer sa beauté et sa popularité. Une consécration, en quelque sorte. Mais bon, ce n’est pas non plus comme si elle mentait réellement. Ces derniers temps, elle s’y intéressait vraiment à ces bêtes et de toute façon, qui pourrait douter, vu qu’elle avait de bonnes notes dans cette matière ? Ce cours-là, elle les avait toujours considéré comme une sorte de manipulation des cerveaux animaux, plus que d’un cours de soin. Ceci devait expliquer cela. Pour en revenir au lion, elle ne doutait pas qu’il lui apprenne la raison de sa venue, tout comme elle-même venait de le faire. La seule différence, c’est qu’il serait sincère, contrairement aux bobards qu’elle venait de lui servir. Mentir, tomber le masque, mentir… c’était un véritable métier. Elle espérait juste être encore à la hauteur malgré qu’elle se découvrait une conscience qui, pour une raison inconnue, avait décidé de se faire connaitre maintenant.

Au début, quand on lui avait demandé d’approcher Kenneth pour l’embrigader chez les Obscurs, Sixtine avait soupiré intérieurement. Depuis quelques temps, elle commencé à changer, de manière bien trop profonde pour qu’elle réussisse à se le cacher longtemps, et ce changement faisait qu’elle commençait à trouver lassant d’utiliser son corps, ses grands yeux azur et ses sourires pour attirer les hommes. Elle n’était quand même pas qu’un jolie sourire sur un corps de rêve, si ? Elle savait faire autre chose, elle savait s’amuser, taquiner, faire la folle et si on lui demandait, elle était persuadée qu’elle saurait aider les autres. Mais ça, on ne lui demandait jamais. Ceux qui venaient lui parler lui demander toujours la même chose : manipuler les sentiments des gens pour faire plier leur volonté et les obliger finalement à aller dans sons sens à elle. Le pire là-dedans, c’est que comme elle avait toujours pensé que c’était normal, comme elle avait toujours mené ses missions à bien, tout le monde était convaincu intimement qu’elle n’était capable que de ça. Certes la Verte et Argent y excellait, mais c’était tout ? Sa vie se résumait vraiment à ça ? La sixième année avait envie de changer, de se laisser vivre et d’être comme Kenneth. Lui il semblait heureux et ça, ça n’avait pas de prix aux yeux de la blonde, qui se rendait compte que sa vie ne tenait sur rien. Le jeune lion disait n’importe quoi, ne cessait de sourire à pleine dent, et bien qu’elle soit de la maison opposée à la sienne, il ne montrait aucun signe de méfiance et n’avait aucune parole cinglante à son égard. A ce niveau-là, c’était carrément inédit ! Cela dit, elle n’allait pas sans plaindre. Pourtant, elle savait qu’elle ne pourrait jamais changer, et qu’elle n’en avait pas le choix non plus. Si Sixtine avait rejoint les Obscurs par effet de mode plutôt que par réelles convictions dans leurs idéologies, eux en revanche avaient su rapidement utiliser ses talents pour la rendre presque irremplaçable. Et insistons sur le presque. Une très grande partie de sa popularité, elle l’avait acquise en choisissant ce camp-là et elle savait pertinemment que si elle tentait de manquer à son devoir, ou pire, de retourner sa veste, la réprimande serait sévère. Or la Serpentard ne pouvait pas se le permettre. Sa notoriété, elle ne la laisserait pour rien au monde ! Plonger dans l’anonymat ? Une torture ! Un meurtre ! Qu’est-ce qu’elle ferait si les gens se mettaient à l’ignorer ? A quoi aurait servit tous les sacrifices qu’elle avait consentit à un moment ou à un autre ? Sans compter qu’elle avait besoin de sa célébrité pour faire la carrière qui l’intéressait : mannequin avant de créer sa propre marque de fringues. Dans ce métier il fallait des relations, des relations qu’elle avait déjà commencées à nouer ici. Alors la Serpentard n’avait pas le choix, sa voie était toute tracée. Bien que parfois elle aimerait être aussi libre et pleine de joie que le Gryffondor en face d’elle, elle n’allait pas tout foutre en l’air. Il fallait qu’elle reste concentrée. Hum… et en même temps, qu’est-ce qui l’empêchait de joindre l’utile à l’agréable ? Absolument rien ! Autant qu’elle se fasse plaisir, du moment qu’elle faisait attention de ne pas se faire avoir à son propre jeu !

Mêlant son rire à celui de son camarade, quand elle avait lancé qu’elle adorerait se voir attribuer une médaille pour la meilleure élève en soin aux créatures magiques, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que la situation, bien que complètement improbable, était pourtant des plus agréables. Si au début elle craignait de devoir se coller un mec complètement barbant et difficile à capter l’attention, la voilà rassurer ! Kenneth était vraiment drôle, bien que plus cinglé que la norme établie par les humains civilisés depuis des siècles, mais au moins avec lui, elle pouvait se laisser à être ce qu’une seule personne savait d’elle : elle avait son propre grain de folie et aimait lui laisser libre cours de temps en temps. Pour beaucoup elle jouerait la comédie en étant ainsi, et pourtant… Ne pas pouvoir être soi, naturellement et entièrement, c’était aussi un prix qu’elle devait payer pour être une fille populaire. Jour de chance ! avec le lion, elle allait pouvoir être cinglée sans passer pour une folle !

« Arrête ! C'est mon rêve à moi aussi !!! » affirma le Rouge et Or avec un sérieux qui la fit lever un sourcil, sceptique. Et lorsque son camarade se mit à se bidonner, elle rit franchement avec lui. Bizarrement, ça l’aurait étonné aussi, qu’il devienne sérieux subitement. La situation lui était quand même déstabilisante, Sixtine n’était pas habituée à s’amuser de la sorte, surtout pas avec des inconnus ! Alors même si elle se laissait à sourire et renchérir sur les plaisanteries, elle ne pouvait s’empêcher d’être légèrement inquiète sur ce qui pourrait se passer ensuite. D’habitude les mecs elle les aguichait, elle ne s’en faisait pas des compagnons de fou-rires ! Une véritable expérience, bien loin d’être désagréable, il fallait bien qu’elle le reconnaisse. C’était comme retrouver son âme d’enfant, si toutefois elle en avait eu une. « Non tu plaisantes ? Mais alors ça signifie que… » répliqua-t-elle, faussement surprise. « Alors cela signifie... Qu'on va devoir se battre pour ce titre ? » « J’en ai bien peur ! » Un sourire amusé en coin, Sixtine se mit à rire en voyant la position de combat du Gryffon. Merlin ce qu’il était fou ! Fou mais hilarant ! Depuis combien de temps n’avait-elle pas ri de la sorte ? Un rire franc et sans une once de méchanceté, qui sortait du cœur ? Impossible de s’en souvenir, mais qu’est-ce que c’était bon ! Elle en oubliait presque pourquoi elle était là ! « Wataaaah » fit alors Kenneth en lançant son poing dans l’air, près de la tête de Sixtine, qui le dévisagea, réellement surprise. Mais celle-ci passée, elle lui sourit. « OK, j’abandonne le titre ! Tu es trop fort pour moi ! » surtout trop fou ! et si la miss abattait ses barrières de sérieux et de manipulation avec lui, il ne fallait pas trop lui en demander non plus ! Mais elle ne pouvait pas se permettre de fuir et puis, même dangereux, il restait très mignon tout plein ! « En toute honnêteté, je convoite le titre de pâtissier. Ou plutôt de mangeur. Ou bien les deux. Tu garderas mon secret ?» Sixtine posa son indexe sur son menton, faisant mine de réfléchir à la proposition de son camarade. « Hum… ça dépend, qu’est-ce que j’y gagne moi, dans cette affaire ? » demanda-t-elle, malicieuse. « Ah ! Je sais ! Je garde ton secret si en échange tu gardes le mien, d’accord ? » Elle fit quelques pas pour se rapprocher de lui et lui murmurer à l’oreille. « Oui mais attends, mon secret ce n’est pas d’avoir une médaille pour les soins aux créatures magiques, mon secret, c’est que j’aimerais beaucoup montrer que les amitiés Serpentard/Gryffondor existent, et que ce sont mêmes les meilleures ! Mais chuuuut ! Si ça s’apprend, je vais me faire passer sur le grill ! Tu gardes ça pour toi hein !» Et se reculant, la jolie blonde lui adressa un sourire sincère et amusé tout à la fois. Est-ce qu’il allait être déstabilisé ? Allait-il la croire, prendre ça sur le ton de la plaisanterie ? Ou bien allait-il finalement se méfier ? Sixtine ne lui laissa pas le temps de réagir plus que ça qu’elle lui tourna pour le dos, fit quelques pas dans la pièce avant de se mettre à tournoyer, faisant virevolter sa crinière d’or. Elle laissa échapper un petit rire cristallin avant de s’arrêter prêt de lui, toujours en souriant « Alors ? Tu en dis quoi ? » Question à double sens, elle voulait savoir s’il acceptait de garder le secret, mais surtout, elle cherchait maintenant à le tester sur ce qu’il pensait réellement et dans quelle mesure il était rusé. Roxanne le disait intelligent, oui mais jusqu’à quel point ?

Pendant un court instant, Sixtine s’était dit que son jeu de manipulation allait voler en l’air. Quand Kenneth avait fait semblant de vouloir se battre et qu’elle avait vu son poing partir dans sa direction, la Serpentarde avait eu peur, vraiment peur. Durant ces quelques secondes, elle se rappela les quelques petits copains qu’elle avait eu dont certains n’avaient pas toujours été très correct avec elle et qui l’avaient menacé quand elle avait rompu. C’était idiot qu’elle ait eu peur de la sorte, alors qu’aucun d’eux ne l’avaient réellement touché… Quoiqu’il en soit, ça lui avait rappelé de mauvais souvenirs mais très vite la blonde s’était reprise. Une vraie pro… Mais elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle n’avait pas eu la bonne réaction. Kenneth n’était absolument pas le genre de garçon dangereux qui serait capable de faire du mal aux autres, et en général, elle arrivait assez facilement à connaître les autres rien que par leurs gestes ou leur comportement. Un don qui expliquait comment elle était parvenue facilement à se faire une place de choix parmi les plus populaires et qui expliquait aussi comment elle parvenait toujours à gagner la confiance des autres, même des plus réticents. Enfin, ça n’avait guère d’importance. Kenneth s’excusa d’un petit sourire, culpabilisant vraisemblablement de lui avoir fait peur et Sixtine lui rendit son sourire, évaporant ainsi la gêne qui s’était installée. Et pour être sûre que le sujet était clos, elle lui affirma qu’elle abandonnait, qu’il était trop fort pour elle, ce qui étonna apparemment le Gryffon. Cela dit, la miss n’allait pas lui laisser la possibilité de trop réfléchir à ce qui venait de se passer et, chose fantastique, il tendait lui-même les cartes qu’elle pourrait abattre plus tard sur lui en lui demandant de garder son secret. Sixtine aperçut ici la brèche qu’il lui fallait pour en venir au cœur de la raison qui faisait qu’elle était là. Evidemment qu’elle n’était pas arrivée ici par hasard pour contempler les trophées, comment pouvait-il vraiment y croire ? Elle soupira intérieurement. On disait souvent que les personnes comme Kenneth étaient stupides, naïves, mais la vérité c’est qu’une personne sincère ne pourra jamais avoir de l’avance sur un calculateur. Par contre, qui était réellement heureux, ça, c’était une autre question. S’approchant du Rouge et Or, Sixtine joua de ses charmes en lui glissant à l’oreille son secret, avant de se reculer, espiègle et de tournoyer dans la pièce. Lui jeter de la poudre aux yeux, une de ses tactiques préférés qui marchaient si bien ! Et sur lui aussi la blonde sentait que ça fonctionnait. Elle sentait son regard posé sur elle tandis qu’elle lui offrait ce spectacle aussi surprenant qu’agréable. Puis la Serpentarde revint vers lui avant de lui demander s’il était d’accord pour garder son secret et elle sourit intérieurement de le voir méditatif. D’un côté il semblait vouloir y croire mais en même une certaine réticence flottait dans ses iris. Roxanne avait raison, il était plus malin qu’il n’y paraissait et sa folie apparente n’excluait en rien le fait qu’il soit intelligent. Tant mieux ! Au moins il y avait du challenge ! Et en même temps… Sixtine était tiraillée entre son amour pour l’art de la manipulation qui lui montrait qu’elle était supérieure aux autres et ce changement qui s’opérait en elle. Depuis quelques temps, son cœur de glace s’était réchauffé et elle se rendait compte du mal qu’elle pouvait faire aux autres, uniquement par égoïsme. Mais même si elle changeait, soyons réalistes, elle ne pourrait pas dire au chef des Obscurs qu’elle prenait une retraite anticipée et qu’elle ne voulut plus persuader des élèves de rejoindre leur cause. Déjà qu’elle-même n’était pas très convaincue pas eux… Alors qu’était-elle sensée faire ? Elle opta pour continuer de jouer le jeu tout en priant pour qu’il résiste. Quand à elle, elle devra faire attention de ne pas se brûler les ailes.

« Et bien, faut voir si tu le mérites. » Sixtine sourit. Qu’il la mette à l’épreuve, ça rendait les choses tellement excitantes ! Mais sa fébrilité s’estompa devant la surprise qu’elle éprouva lorsque Kenneth, plus calme et plus curieux lui prit la main tendrement avant de l’emmener à l’endroit ou la miss avait tournoyé quelques instants plus tôt. Que voulait-il ? Pendant un cours laps de temps, elle se dit qu’il voudrait peut-être qu’elle lui offre ce que tous les hommes attendaient des femmes. A trop jouer de ses charmes, voilà ce qui pouvait arriver… Mais elle fut rapidement soulagée quand il s’arrêta au milieu de place et qu’il se positionna face à elle, prêt à la faire valser. Vraiment, qu’est-ce qu’elle pouvait être idiote à s’imaginer des choses pareils ! Qu’est-ce qui lui prenait à s’effaroucher d’un rien ? D’habitude, elle était indifférente vis-à-vis des mecs. Certes elle jouait avec eux parce qu’elle savait qu’elle était belle et qu’elle en profitait, mais d’une manière générale, elle n’éprouvait guère de sentiment particulier. Avec Kenneth pourtant c’était différent, sans doute parce qu’il était différent. Il ne cherchait pas à profiter d’elle ou à la rabaisser, non, il était réellement curieux et Sixtine avait presque l’impression qu’elle le fascinait de par sa personnalité surprenante et non pour son physique. « Je ne te connais pas, après tout. J'aime l'idée qu'une verte et un rouge puisse merveilleusement bien s'entendre, mais comment savoir si tu ne te joues pas de moi ? » demanda-t-il en commençant à la faire danser. « C’est une excellente question. Je suppose qu’il faudra du temps pour que tu me croies. » Sauf que du temps elle n’en avait pas à revendre donc le plus tôt serait le mieux. Plus vite il aura rejoint les Obscurs, plus vite elle pourra se soustraire à toute cette mascarade. Quoique… qu’en on y réfléchissait, Sixtine pouvait tout à fait être sincère et devenir son amie. Après tout, n’allaient-ils pas se retrouver dans le même clan ? Un bon compromis non ? « T'aurais pas trop honte de traîner avec moi ? » Donc il allait lui faire subir un interrogatoire préliminaire comme premier test de confiance. Rien de surprenant, dans la grande majorité, tous ceux vers qui elle allait pour les recruter passaient par ce processus. D’après elle, ils se faisaient bien trop confiance ! Le preuve, elle n’avait jamais échoué jusqu’ici ! « Pourquoi ? Parce que tu es différent ? Parce que tu aimes délirer et que tu le montre au monde entier ? » demanda-t-elle sérieusement mais avec douceur. Affichant une mine de circonstance, la blonde cessa toute malice pour prouver sa bonne foi, que ce qu’elle disait était vrai et qu’elle était tout ce qu’il y avait de plus sincère. « C’est vrai que ça en surprendra plus d’un de voir que je m’entends bien avec des personnes qui parlent d’autre chose que de manucure mais honnêtement, non, je n’aurais pas honte. Le monde est fait de disparité et c’est ça qui le rend unique et merveilleux. » Se laissant aller, acceptant les pas que dansait Kenneth, Sixtine restait ses iris azurs plantées dans le regard du jeune homme. Elle devinait qu’il tentait de démêler le vrai du faux pour accéder à la vérité, et elle se plaisait à le regarder. Il avait un visage magnifique, doux et amical avec néanmoins une étincelle d’intelligence vive au fond des prunelles qui le rendait irrésistible. Cet air mi-taquin mi-sérieux pourrait presque la déstabiliser, si elle n’était pas Sixtine Victoria Simons, reine de la manipulation au service des Obscurs. « Et toi ? Tu n’aurais pas honte de trainer avec une fille qu’on qualifie souvent de superficielle et de peste ? Est-ce que tu les crois ? Est-ce que tu leur donne raison ? Est-ce que vouloir garder une certaine image de moi me place obligatoirement chez les méchants ? » Une question formulée à voix basse, dans laquelle pointait de la tristesse, une tristesse relative à ce qui se disait sur elle. Ces gens qui parlaient derrière son dos n’étaient que des jaloux et la vérité c’était qu’elle se moquait de ce qu’on disait sur son compte. Mais bon, il fallait bien convaincre le Gryffon et pour ça, tous les coups étaient permis. Jouer à la victime fonctionnait très bien aussi comme technique. Kenneth resserra alors ses mains autours de Sixtine, passant maintenant à un slow. Ce moment était vraiment insolite et la blonde ne conservait son rôle que par l’expérience. Intérieurement, elle se sentait perturbée. Jusqu’ici elle n’avait accordé sa confiance qu’à Ewen et elle avait aussi de l’estime pour Fred Weasley, mais niveau mec, c’était tout, bien qu’elle commençait à s’intéresser à Matthew. Quand on lui avait parlé de mister Shaun, elle s’était dit que c’était un clown sans intérêt et qu’elle bouclerait vite sa mission, mais dans les faits, c’était tout autre chose ! « Parle-moi de toi. » Sa meilleure amie lui avait dit qu’il était plus rusé qu’il ne le paraissait, savait-elle seulement à quel point elle avait raison ? Pas sûr. « Il n’y a pas grand-chose à dire. Je suis fille unique d’une famille plutôt aisée. Bien que j’aime la mode et être bien habillée, j’aime étudier, me servir de mes cellules grises, n’en déplaise aux gens qui prétendent le contraire. » fit-elle avec une pointe de défi. Elle n’aimait pas qu’on la sous-estime et qu’on la prenne pour une idiote de blonde. Ce qu’elle avait du caractère cette petite, même si elle ne le montrait que rarement. « J’aime le chocolat et la vodka. Les roses rouges et les mecs qui ont du caractère. En revanche je déteste les raisins secs, le gel dans les cheveux et le rhum. Je trouve insupportable les gens qui n’ont pas de personnalité mais encore plus ceux qui ne savent pas ce qu’ils veulent. J’adore la mode et mon plus cher désir serait de devenir mannequin avant de lancer ma propre collection de vêtement. Les gens qui ronflent me donnent des envies de meurtres et… que dire d’autre ? Je suis visiblement attirée par les brutes  mais j’envisage de me faire soigner. Je suis plus folle qu’il n’y paraît et j’aime me balader et prendre l’air frais bien qu’il m’arrive de faire ma mijaurée quand on me propose des sorties en forêt.  Ma plus grande passion, c’est sans doute les chaussures et les bijoux. J’aime mettre en valeur mes yeux et mes lèvres mais j’aurais aimé être plus grande. Il m’arrive souvent de rêver que j’étrangle ceux qui m’agacent mais j’ai trop de classe pour le faire réellement. J’admire les gens courageux même si je trouve que leur témérité s’apparente à un suicide. Et… j’espère qu’un jour je vivrais dans un immense manoir près d’une grande ville mais aussi proche de l’océan. Un de mes plaisirs quotidien est de commencer la journée en buvant un grand verre de jus d’orange. Je préfère les tartines beurrées au viennoiserie et ma fête préférée c’est la Saint Valentin. Je n'aime pas me prendre la tête par contre j'aime plaisanter. Je ne me considère pas comme une fille futile ou méchante bien que je puisse me montrer mesquine si on me cherche. Parfois j'aimerais redevenir une gamine, où tout avait l'air plus simple. Comme toute les femmes, j'aime plaire et être regardé mais je suis facilement agacé par ceux qui me prennent pour un bout de viande. Tu veux que je continue ou on inverse un peu ? » Sixtine avait débiter tout ça d’abord en réfléchissant puis avec amusement. Elle disait ce qui lui passait par la tête mais tout ce qu’elle avait énoncé était la pure vérité. Que des banalités mais qu’aurait-elle pu lui dire ? Il s’attendait vraiment à ce qu’elle lui dise qu’elle avait rejoint les Obscurs comme une brebis plus que par réelle conviction ? Que ceux-ci avaient vu ses talents de persuasion et l’employaient pour recruter des élèves à leur convenance ? Qu’il faisait partie d’une de ses missions et qu’elle en était désolée pour lui parce que mine de rien,  elle le trouvait différent, intelligent et qu’elle préférerait qu’il lui résiste ? Peut-être était-ce ce qu’il aurait aimé, mais elle n’était pas là pour œuvrer à sa propre perte. Les Serpentards et les Obscurs lui avaient appris qu’il fallait sacrifier les autres pour conserver ses propres intérêts et la blonde avait l’impression que ça n’avait jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui. Et sinon, le test était concluant ? Les mains posées dans le dos de son cavalier, Sixtine avait levé les yeux vers lui après qu’elle eut fini sa tirade, attendant le verdict.