Méryt-Ahmès & Andy

«what did you expect ? »

Il y a des réflexes que vous ne comprenez pas. Des actes spontanés qui vous paraissent complètement stupides, des phrases qui sortent toutes seules et, une fois que vous les avez dites, vous pensez, incrédule, « J’ai vraiment dit ça ? ». Ce genre de choses absolument pas graves, mais qui donnent un coup à votre amour-propre, tant votre répartie a été niaise ou dénuée de sens. Voilà donc exactement ce qui était arrivé à Andy, quelques jours plus tôt. Le jeune homme avait bravé la pluie et le mauvais temps de ce printemps londonien, car il n’avait plus rien. Non seulement plus vraiment de vivres, il ne mangeait pas énormément, mais tout de même, rien, c’est vraiment peu, mais également plus d’encre, ni de parchemins. Il ne savait lui-même pas tellement comment il s’y était pris, mais il était arrivé à bout de ses réserves, sans s’en rendre aucunement. Il faut dire qu’il n’avait pas passé énormément de temps chez lui, ces dernières semaines, la masse de travail qui l’attendait au Ministère avait brusquement augmenté, et que lorsqu’il rentrait chez lui, c’était soit pour manger, soit pour envoyer un hibou. Voilà donc le pourquoi du comment, et maintenant qu’il était venu à bout de la quasi-totalité de ses devoirs au Département des Mystères, du moins, pour la semaine qui venait, il était temps de se procurer le minimum vital de tout sorcier, à savoir, nourriture et parchemins.

C’était donc pour ces raisons toutes plus glorieuses les unes que les autres qu’Andy était sorti de bonne heure, comme à son habitude, ce pluvieux mercredi. Il n’aimait pas être obligé de se rendre dans un lieu aussi bondé que Pré-au-lard, mais il n’était vraiment pas d’humeur à supporter les milliers de Moldus de Londres. Il avait donc transplané dans le village de sorciers et avait dépensé quelques gallions chez un commerçant d’une des rues principales, afin de combler le vide de son garde-manger. Jusque-là, rien de franchement affolant. Mais c’est lorsqu’il voulut se rendre chez Scribenpenne que les choses s’étaient gâtées. Alors qu’il marchait le long de l’allée principale, la pluie s’était violemment accentuée. Sa cape ne bénéficiant pas d’une imperméabilité exceptionnelle, il avait alors brusquement accéléré le pas et s’était engouffré dans, ce qu’il croyait être, le magasin de plumes et autres parchemins. Une fois à l’intérieur du commerce et sa capuche relevée, quelque chose lui avait immédiatement sauté aux yeux. Ou plutôt, au nez. Cette écœurante odeur de sucre, de moelleux et de gentillesse, si ces deux derniers possèdent une odeur… Complètement inhabituelle et inappropriée au magasin dans lequel il pensait se trouver. Andy se rendit immédiatement compte de son erreur. Il ne s’était pas réfugié dans la boutique d’encre et de papier, mais chez Honeydukes, la confiserie. Il s’y sentait aussi à l’aise qu’un troll dans un cours de danse. Pas besoin de véritablement connaître le jeune homme pour se rendre compte, d’après son physique digne de la plus anorexique des brindilles, que la gourmandise ne faisait pas partie de ses défauts. Et son expression plus qu’amère permettait également de deviner que le contexte dans lequel il se trouvait n’était vraiment, vraiment pas pour le mettre à l’aise.

Et puis là, normalement, il serait sorti, le plus vite possible même. Mais alors qu’il allait faire demi-tour, son regard croisa un regard noisette qu’il ne connaissait que trop bien, même si cela devait faire deux ou trois ans qu’il ne l’avait plus rencontré. Comment aurait-il pu l’oublier ? C’était bien Méryt-Ahmès qui se trouvait là, visiblement vendeuse, peut-être même responsable chez Honeydukes. Andy ne s’étonnait pas tellement de ne pas l’avoir croisée avant, il ne mettait véritablement jamais les pieds dans ce magasin.

Et il ne savait pas très bien dire ce que de revoir son ancien amour lui faisait. Depuis leur horrible rupture, tous deux avaient été d’accord pour dire qu’il valait mieux qu’ils ne se revoient pas. Andy vivant à Londres, Méryt à Pré-au-lard, cela ne s’était pas avéré trop difficile, techniquement parlant en tout cas. C’était Andy qui avait mis fin à leur relation. A contrecœur sont de faibles mots, car l’étrange passion qui animait ce couple improbable fut incroyablement difficile à rompre. Mais il le fallait, le jeune homme savait, et ce depuis le début, que leurs différences étaient trop grandes, leurs idéaux trop incompatibles, et leurs milieux juste impossibles à conjuguer ensemble. En temps normal, deux personnes à ce point éloignées l’une de l’autre ne se lient simplement jamais. Mais il semblait clair désormais qu’Andy n’était pas un être normal et que Méryt était elle-aussi une personne à part. Leur relation fut presque secrète, ce qui ne l’avait rendue que plus intense. Mais un jour, sans prévenir, Andy avait décidé d’y mettre un terme, ce qui avait été l’occasion d’une des plus formidables disputes qu’ils n’aient jamais eue. Car même si l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre était immense, cela n’avait pas empêché que de fréquentes et violentes, par les mots, altercations apparaissent. Ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre, cela ne pouvait pas fonctionner, mais ils avaient eu beaucoup, beaucoup de peine à l’admettre.

Cela faisait donc trois ans qu’ils avaient rompu et c’était là la première fois qu’ils se revoyaient. Enfin, qu’Andy la revoyait, car il n’était pas sûr de vouloir aller lui parler. La jeune femme était derrière le comptoir, et il aurait été très facile pour Andy de simplement faire demi-tour et rapidement quitter le magasin. Mais c’est alors que Méryt lui adressa un sourire jovial, lui signifiant très clairement qu’elle l’avait vu. Il ne pouvait alors plus faire marche arrière, il lui fallait au moins aller la saluer. Toujours dégoulinant à cause de la pluie, il ôta alors sa cape, qu’il replia sur son bras, et s’approcha de la jeune femme. Avec sourire forcé (le sourire ne convenait à aucun Mangemort, il ne dérogeait pas à la règle), et d’une voix qui ne tentait pas de faire croire à un quelconque enjouement, mais polie. « Bonjour Méryt. C’est fou de te revoir, ici… Comment vas-tu ? »

Non, pas du tout, ça n'était absolument pas fou de la revoir chez Honeydukes. Il savait très bien que Méryt avait toujours possédé la gourmandise que lui n'avait jamais eue et ça n'avait rien d'étonnant qu'elle travaille dans ce genre de magasin. N'importe quoi. Sa voix grave était tout à fait audible dans le brouhaha qui régnait au sein du magasin. Les différentes parties du commerce étaient toutes bondées de gens, principalement des jeunes, dont la plupart discutaient d’une voix forte. Andy ne savait pas tellement de quelle manière il allait réussir à se sortir de cette situation qui le mettait de plus en plus mal à l’aise. Il s’agissait néanmoins de sauver les apparences, comme toujours…

Andy Ҩ Méryt-Ahmès

« il y a des personnes qui vous marquent à vie. »

Méryt-Ahmès marchait dans les rues de Pré-au-lard. Elle se dirigeait vers un lieu qu'elle aimait tant : Honeyducke. Elle était particulièrement joyeuse cette journée là. Même l'incessante pluie ne l'avait pas dérangée à son réveil. Elle avait même été enchantée d'enfiler ses bottes en caoutchou qui lui permettait de garder ses pieds au sec. Il était vrai que ce n'était pas très esthétique, mais Méryt-Ahmès les aimait bien ses "chaussures". Elle avait tout de même prévu le coup en fourant des chaussures à talons dans son sac à main. Il fallait faire bonne impression devant les clients. Le pluie glissait sur son ciré bleu nuit qui s'accordait à merveille avec sa robe. La jeune femme sifflotait un air joyeux tout en marchant, ce qui fit se retourner quelques personnes sur son passage. Il fallait dire que le plus souvent elle ne passait pas inaperçu. Malgré son âge, elle avait encore un comportement assez enfantin. Elle tenait ça de Pan, son loufoque de meilleur ami. Il avait déteint sur elle. C'est pourquoi qu'elle dut prendre sur elle pour ne pas sauter à pieds joints dans la flaque d'haut qui s'offrait à elle un peu plus loin. Méryt-Ahmès était certaine qu'elle aurait été la cible de regard noir des mangemorts, si elle l'avait fait. Elle continua donc à marcher, le plus normalement possible pour elle. C'est à dire en sautillant. Quelques minutes plus tard, elle arriva devant la boutique. Elle était la première. Sa collègue devait arriver un peu plus tard dans la matinée. Ce que Jasmine appréciait le plus dans son travail, c'était l'ouverture du magasin. Bien sur, elle adorait le contact avec ses clients, leur proposer toutes sortes de confiserie, les aider dans leur choix. Mais l'ouverture des portes de ce monde sucré était magique pour elle. Quand elle tourna la clef dans la serrure, un sourire naquit sur ses lèvres. C'était un sourire plein de malice, de gourmandise. Elle poussa doucement la porte et plusieurs effluves remplirent son nez. Elle pouvait reconnaitre toutes ses senteurs. L'ancienne Poufsouffle les connaissait par coeur, en grande gourmande qui se respecte. Ce parfum légèrement plus sucré que les autres était celui des flans canaris. Méryt-Ahmès appréciait ce bonbon car il permettait de se transformer en canari géant pendant quelques minutes dès qu'on le mangeait. Cet odeur de poivre appartenait aux gnomes au poivre. La plupart des élèves appréciait cette sucrerie car elle permetait de cracher du feu. Il y avait aussi ses fils dentaires au parfum de menthe. Elle posa un pied dans la boutique et se dirigea vers le comptoir. Elle y déposa ses affaires. Sa baguette magique à la main, Méryt-Ahmès ouvrit les volets, laissant le peu de lumière entrer dans ce paradis sucré. Avant l'ouverture, elle rengea un peu, essuya l'eau qu'elle avait laissé entrer à son arrivé. Après quoi, elle changea de chaussures. La journée pouvait commencer.

Un tas de personne défila. Rien de surprenant pour un mercredi. C'était le point de rendez-vous pour tous les élèves qui avaient la possibilité de sortir. Méryt-Ahmès se faisait une joie de les acceuillir. Il y avait des habitués tel que les Weasley, une grande famille de gourmand, ou encore Hermès Charleston et Juyne Wells. C'était à eux que kjasmine montrait en avant première les nouveautés. Elle leur devait bien ça puiqu'ils étaient des clients plus que fidèles. Méryt-Ahmès conseillait quelqu'un sur les différents assortissements de bonbons, quand elle repéra un jeune homme suspect. Elle l'observait du coin de l'oeil, tout en donnant des conseilles. « Hep hep, mon bonhomme ! Déposes tout de suite la sucette que tu viens de mettre dans ta poche. » La garçon la regarda, feignant la surprise. Seulement Méryt-Ahmès n'était pas dupe. Elle pointa sa baguette magique vers lui et lança un petit accio. La sucette quitta la poche du jean dans laquelle elle se trouvait et atterit dans la main de la belle phénix. Elle s'avança vers lui. « Heureusement que c'est moi qui t'es repéré. Ce mangemort posté à l'entrée ne t'aurait pas fait de cadeau. » Elle l'observa un moment. Il était petit et n'avait pas vraiment une tête de voleur. Vu son âge, il ne devait surement pas avoir assez d'argent pour s'acheter toutes les sucreries qu'il voulait. « Allez, je vais faire ma bonne action de la journée. Viens avec moi, je vais te faire une offre pour ce bonbon, mais ne vole plus. D'accord ? » Le garçon secoua la tête positivement. Jasmine la conduisit jusqu'à la caisse. Elle passait derrière le comptoir au moment où la porte s'ouvrit brusquement. Un vent glacial pénettra dans le magasin. Méryt-Ahmès tourna la tête vers le nouveau venu et aperçu une silhouette vêtu d'une cape. Rien de surprenant jusqu'à là. C'est alors que l'homme se tourna. Elle lut la surprise sur son visage. Il ne devait pas s'attendre à tomber ici. Ce visage elle l'aurait reconnut entre mille. C'était celui d'Andy. Son Andy. Des tas de souvenirs lui revenaient en mémoire.« Nom d'un scroupt à pétard mal luné ! » Le jeune garçon la regarda comme si elle était une folle. Elle en caissa vite la sucette du garçon et continua à observé le mangemort. C'était étrange de le voir ici. Cela faisait presque trois ans que la jeune femme ne l'avait pas vu. Depuis leur rupture plus exactement. Elle se remémorra les quelques mois qu'ils avaient passé ensemble. On ne pouvait pas dire que leur histoire était ennuyeuse, loin de là. Elle avait été des plus tumultueuses. La plus tumultueuses histoire d'amour que Méryt-Ahmès n'est jamais connu jusqu'à là. Malgré toutes les disputes, Jasmine n'avait jamais douté de leur amour. Tout les opposait, mais ils avaient été attiré l'un par l'autre. Ils n'avaient pas pu résister. Et Méryt-Ahmès avait été heureuse d'avoir craqué. Ca avait été une belle histoire jusqu'à ce qu'Andy décidé d'y couper court. La sorcière avait été dévastée par cette rupture. Ils s'étaient quittés sur une dispute, la plus grande qu'ils n'aient jamais eu. Depuis ce terrible jour, ils ne s'étaient plus recroisés. Aujourd'hui, Méryt-Ahmès lui avait pardonné. Leurs regards se croisèrent. Méryt-Ahmès le voyait déjà partir, c'est pourquoi elle lui offrit un sourire l'invitant à s'avancer. Il ne pouvait pas y échapper. Elle l'observa s'avancer avec un sourire forcé. Jasmine devinait facilement qu'il n'était pas vraiment à l'aise dans cet endroit. Quel mangemort le serait ? C'est quand elle entedit sa voix tout près d'elle que Méryt-Ahmès réalisa à quel point Andy lui avait manqué durant toutes ses années. « Bonjour Méryt. C’est fou de te revoir, ici… Comment vas-tu ? » Méryt-Ahmès lui adressa un plus grand sourire. Il n'avait pas beaucoup changé. Il était toujours aussi beau, mystérieux, un peu glacial. Le andy qu'elle connaissait tellement bien. « Bonsoir. Je vais très bien. » lui répondit-elle. « Par contre toi, tu n'as pas l'air d'être très à l'aise ici. » Elle lui adressa un sourire entendu. « Ca te dis d'aller boire un verre ? J'ai terminé. » Sans même attendre de réponse, Méryt-Ahmès se tourna vers sa collègue. « Je te laisse fermé, Sandra. Je reviens, je vais cherché mes affaires. » fini-t-elle en s'adressant à Andy. Elle alla dans l'arrière boutique, échangea ses escarpins contre ses bottes en caoutchou et enfila son ciré. Elle s'empara de son sac. Quelques secondes plus tard, elle se trouvait à coté d'Andy qui lança un regard surprit à ses chaussures. « C'est pour avoir les pieds au sec. » répondit-elle à ses interrogations muettes, tout en lui lançant un clin d'oeil. Elle le prit par le bras et l'entraîna dans la ruelle.

Ils entrèrent en trombe dans le bar avant q'une nouvelle averse ne leur tombe dessus. Méryt-Ahmès se dirigea vers une table au fond de la salle. Après s'être installés, une serveuse vint à leur rencontre. « Je prendrais un rhum groseille, s'il vous plait. » Elle adressa un sourire de remerciement à la serveuse dès qu'Andy commanda à son tour. « Par le chapeau de Merlin ! Je suis surprise de te voir Andy. Alors dis moi, quoi de nouveau depuis ses trois années de silence ? » Jasmine était réellement heureuse de revoir Andy et elle ne le cachait pas.

Méryt-Ahmès & Andy

«what did you expect ? »

«  Bonsoir. Je vais très bien. Par contre toi, tu n'as pas l'air d'être très à l'aise ici. Ça te dit d'aller boire un verre ? J'ai terminé. »

Euh-ben-en-fait-c’est-à-dire-que, ouais. La réflexion d’Andy ne put pas aller vraiment plus loin, Méryt-Ahmès lui avait saisi le bras et il se retrouva dehors sans avoir eu le temps de dire quoi que ce soit. Le temps ne s’était pas amélioré, mais Méryt semblait avoir pris ses précautions. Andy eu un petit sourire à la vue des bottes de son ancienne petite amie… elle n’avait pas changé. Ils n’avaient que traversé la rue mais cela avait suffi pour attirer les regards des passants sur Méryt. Son attitude joyeuse et ses bottes en caoutchouc ne la laissait pas passer inaperçue. Même si la nuit commençait doucement à tombait, Méryt rayonnait, comme à son habitude.

Une averse plus violente débutait, les deux jeunes sorciers s’engouffrèrent rapidement dans un pub. A l’intérieur, l’atmosphère était nettement plus agréable. Le bar était relativement peuplé, mais pas du tout bruyant et une douce chaleur régnait. Méryt, qui semblait connaître l’endroit, contrairement à Andy, les mena au fond de la salle et tous deux s’assirent. Andy ôta sa cape, révélant alors son mince corps. Il s’était habillé très sobrement, lui qui détestait la fantaisie de manière générale, il ne pensait, en plus, absolument pas être de sortie ce soir. Un pantalon plutôt étroit et bleu nuit et un simple pull gris, à col en V, voilà tout ce qu’il portait. Posant son dos contre le dossier de son siège, il passa sa main dans ses cheveux mouillé, tentant, sans y prêter réellement attention, de leur redonner un peu de vigueur, la pluie les ayant totalement aplatis sur son crâne. Le bar n’était pas éclairé d’une lumière trop violente, l’ambiance y était confortable et des gens commençaient à affluer, la fin de la journée de travail ayant sonné.

Méryt commanda un rhum groseille et Andy prit un pastis, il s’agissait de se revigorer. Andy avait de la peine à croire qu’il se trouvait en ce moment-même dans un bar avec cette femme, celle qu’il avait tant aimé, des années auparavant. C’est même la seule qu’il ait aimée, depuis cette époque-là. Il n’était pas un grand émotif et il détestait parler de ses sentiments, mais il ne pouvait pas le nier, il avait été amoureux de Méryt, comme jamais cela ne lui était arrivé, avant. La revoir, pour la première fois, aujourd’hui, forcément, cela le faisait repenser à ces temps qu’ils avaient vécu ensemble. Mais il n’en avait pas envie, il n’en avait absolument pas envie. Il fronça légèrement les sourcils, en chassant ces souvenirs de sa tête. L’heure n’était pas à la mélancolie.

Leurs commandes arrivèrent et les deux sorciers trinquèrent paisiblement. Il devait être aux alentours de dix-neuf heures maintenant. Andy percevait qu’à travers les fenêtres du bar, la faible luminosité du soleil dissimulé par les nuages commençait à disparaître. La pluie avait recommencé à battre les carreaux des vitres, ce qui amena encore plus de monde à l’intérieur. Plusieurs groupes de jeunes arrivèrent. Parmi les nouveaux arrivants, Andy crut reconnaître un jeune collègue Mangemort, mais il ne prit pas la peine de vérifier son identité, cela lui importait peu. Il préféra se reconcentrer sur Jasmine.
« Par le chapeau de Merlin ! Je suis surprise de te voir Andy. Alors dis moi, quoi de nouveau depuis ses trois années de silence ?»

Oh mais la routine, à part une petite dizaine d’assassinats avec préméditation et de sang-froid, rien de neuf sous le soleil... Non, il n’allait décidément pas pouvoir être honnête de ce côté-là, Méryt-Ahmès risquait de ne pas spécialement bien le prendre. Mais omettre, est-ce mentir ? Après deux demi-secondes de réflexion, Andy décida que non. Qu’allait-il donc lui dire à la place de la vérité sur ses activités de Mangemort ? Discuter de son métier ? Aaaah, quelle excellente idée, Langue-de-Plomb, ça c’est un métier qui se prête volontiers à la discussion. Bravo Andy. Donc, si on ne parlait pas de son métier, ni de ses passe-temps, que restait-il ? Les amours ? Encore un sujet follement intéressant, surtout chez un homme aussi frigide qu’Andy. Il ne voulait pas se risquer à lui confier que depuis elle, depuis eux, il avait été tout à fait incapable d’aimer.

Les trois sujets habituels d’une discussion lui étaient donc plutôt très fortement déconseillés. Il allait falloir faire preuve d’inventivité. «Mh, que souhaites-tu savoir ?»
Ah mais quel sens de la réplique cinglante, Andy haussa imperceptiblement le sourcil droit, tant il ne croyait pas à la... mollesse des mots qu’il venait de prononcer. Mais il était vrai qu’il n’avait pas vraiment le choix. Peut-être que Méryt avait une idée précise de ce qu’elle voulait qu’il lui dise. Il enchaîna néanmoins, en restant admirablement évasif. «Je suis fiancé, reconverti dans l’élevage de Botrucs et j’ai quatre enfants, comme tu t’en doutes...»

Voilà qui était mieux, il annonçait sans avoir à prononcer les mots «mangemort» ou encore «mission» ou «sang-froid» qu’il n’avait absolument pas changé de bord, ni d’activité et qu’il était toujours seul. Il sourit à la très légère incrédulité qui passa sur le visage de la jeune sorcière, à ses mots. Sa crédulité aux premiers abords l’avait toujours fait rire. C’était même une des rares choses qui le faisaient rire, à vrai dire. Mais il ne comptait pas sur Jasmine pour croire aux absurdités qu’il venait de dire. Tout en la regardant, il but une courte gorgée de son pastis et se recula contre le dos de sa chaise, après avoir reposé son verre.

Andy Ҩ Méryt-Ahmès

« il y a des personnes qui vous marquent à vie. »

Méryt-Ahmès avait saisit Andy par le bras. Elle le conduisit dehors, le sortant de ce paradis sucré où le mangemort était loin d'être très à l'aise. Le temps ne s'améliorait pas. Loin de là. Mais ce n'était pas ça qui allait rendre Jasmine moins heureuse. Non, elle aimait bien ce temps. Elle pouvait mettre ses bottes qu'elle aimait tant. Méryt-Ahmès sautillait près d'Andy. Les deux amis étaient de total opposé. Andy était plutôt calme, alors que Méryt-Ahmès se faisait remarquer la plupart du temps. Cependant on pouvait dire qu'ils se complétaient. Dans les rues de Pré-au-Lard, tout le monde se retournait sur leur passage, surpris par ce couple. Une jeune femme qui ressemblait à un enfant et un homme plus sérieux ne passaient pas inaperçu quand ils étaient ensemble. Les regards ne gênaient pas Méryt-Ahmès, elle s'en moquait. Elle vivait comme elle le désirait. Une averse débuta quand ils se trouvèrent devant le bar. La jeune sorcière se pressa d'ouvrir la porte et s'engouffra dans la salle. Andy la suivit de près. Une vague de chaleur la saisit. Un feu de cheminée crépitait. Elle chercha des yeux une table où ils pourraient être tranquille. La sorcière saisit la main de son acolyte et ils se frayèrent un chemin parmi la multitude de clients. La jeune femme s'installa près de la cheminée. Il faisait chaud, ça lui rappelait l'hiver et la neige. Elle aurait tout donné pour revenir à cette période. Mais Noël avait laissé place à l’automne. Une très jolie saison, mais beaucoup moins attirante. Elle ôta son ciré bleu et le suspendit au dos de sa chaise. Elle observa Andy en faire de même. Quand ce dernier releva la tête vers elle, elle lui offrit son plus beau sourire. Elle le regarda s'adosser contre sa chaise et passer sa main dans ses cheveux. Trois années déjà, trois années qu'ils n'étaient plus ensemble. Mais il n'avait pas changé. Il était toujours aussi beau, avait toujours autant de charme même avec sa manie de toujours s'habiller avec des couleurs sombres ou sobres. C'est alors qu'elle essaya de l'imaginer habillé de couleur pétante. Avec du vert et du rouge, ou même du orange, avec un drôle de chapeau sur la tête. Elle se mordilla la lèvre pour ne pas rire. Non c'était totalement irréalisable. La jeune femme fut coupée de ses pensées par l'arrivé de la serveuse. Ensuite, elle reporta son attention sur son compagnon. Andy, Andy. Surement l'un des seuls hommes qui est réellement compté dans sa vie. Ils avaient été fou amoureux, malgré leurs différences. Ça avait été magique, même s'il y avait eu beaucoup de dispute. Oh oui ! Elle avait été heureuse avec lui. Même si tout ça était du passé désormais, elle était heureuse de le revoir. C'était presque inimaginable. Aucun des deux ne brisa le silence. Son rhum aux groseilles arriva ainsi que le pastis du mangemort. Elle leva son verre, il en fit de même. Leurs verres s'entrechoquèrent dans un petit tintement. La phénix arborait toujours un magnifique sourire.

Elle lui fit alors part de ses pensées. Elle trouvait ça totalement incroyable de l'avoir croiser dans son magasin. Méryt-Ahmès n'aurait jamais pensé le rencontrer dans cet endroit. Mais elle en était réellement heureuse. « Mh, que souhaites-tu savoir ? » Tout ! Avait-elle envie de lui crier. La jeune femme était une véritable curieuse, elle aimait tout savoir sur la vie des gens. Mais elle savait que ça n'allait pas être facile avec Andy. Si elle voulait assouvir sa soif de savoir, elle allait devoir se rabattre sur quelqu'un plus tard. Le jeune homme était tellement secret, une tombe. Il n'avait jamais été du genre à se confier sur son travail ou autre, même quand ils étaient ensemble. Justement, elle n'avait jamais réellement su ce que faisait Andy de ses journées, mais à l'époque ça lui plaisait. Ça mettait un peu de piments, de mystères dans leur relation. Jusqu'à ce qu'il parte de plus en plus longtemps à l'autre bout de la planète la plupart du temps. Méryt-Ahmès n'avait le droit à aucune réponse, ce qui engendrait pas mal de dispute. Il avait tout de même réussir à vivre comme ça un petit moment. Avant qu'elle ne puisse répondre, Andy continua à parler. « Je suis fiancé, reconverti dans l’élevage de Botrucs et j’ai quatre enfants, comme tu t’en doutes...» Réellement ? En si peu de temps ? Il avait réussis à engendrer quatre enfants ? Il l'avait oublier bien vite dis donc. pensa-t-elle pendant un quart de secondes. Puis, elle remarqua enfin que le jeune homme se moquait d'elle. Elle se frappa le front avec sa paume. Qu'est-ce-qu'elle pouvait être naïve quelques fois. Quand elle remarqua qu'Andy se moquait légèrement d'elle, elle lui tira la langue. Une véritable gamine, comme à son habitude. Puis elle se mit à rire à sa propre bêtise. Son rire retentit dans tout le bar, certains clients se retournèrent vers eux, mais ils retrouvèrent vite leur chope de bière. Elle regarde Andy avec des yeux pétillants. Ce dernier buvait une gorgé de son verre, tout en la regardant. « Que tu dirais-tu que je passe chez toi ? J'ai très envie de voir tes enfants. Des mini Andy. Ça doit être mignon. » lui dit-elle avec un clin d'oeil. Elle imaginait quatre bambins ressemblant trait pour trait à son Andy. « Et puis j'ai toujours rêvé de voir des Botrucs. Tu me ferais ce plaisir ? » Elle but une gorgée de son rhum. Elle appréciait le petit goût fruité de cette boisson. Elle passa sa langue sur ses lèvres savourant chaque gouttes. Comme elle s'en était douté Andy ne lui parlerait pas de sa vie privé. Ou alors il resterait très vague. Bon, elle allait devoir broder. Elle avait l'habitude avec lui. Ils n'allaient pas parler de choses sérieuses, enfin de pas trop trop personnel. Elle regarda par la fenêtre cherchant un sujet qui les intéresserait. La nuit tombait de plus en plus vite. Le ciel était bleu noir maintenant. Des étoiles commençaient à apparaître. Ca lui rappelait Pan et leur visite en Egypte. VOILA ! Ils allaient parler de voyage. Andy parcourrait bien le monde d'après ce qu'elle avait comprit. «Dis moi ! Tu voyages toujours autant ? » dit-elle. Elle s'était avancée et avait posé ses coudes sur la table, sa tête entre ses mains. Elle le regardait attentivement. Elle voulait un récit de ses voyages. « Tu sais moi aussi j'ai voyagé. Avec Pan, tu sais mon meilleur ami. Il m'a fait découvrir un tas de pays, avec leur tradition, leur histoire, leurs animaux magiques ! On voyait qu'il était passionné. Et ça m'a beaucoup plus. » dit-elle enthousiaste. « Mmmh, on a visité l'Egypte, la Russie, la Chine, la Mongolie, le Brésil, la Finlande. On a même été en Arctique ou en Antarctique, je sais plus... mais on a vu les petits oiseaux qui peuvent pas voler. Tu sais les.... Ah comment ils s’appellent. » Elle s'arrêta un moment. Ce n'était pas un animal magique, mais elle l'avait trouvé trop mignon. Pan l'avait empêché d'en ramener un avec elle. Il disait qu'il ne survivrait surement pas dans son appartement. « Un Manchot ! » cria-t-elle. Des têtes se tournèrent une nouvelle fous vers eux. Qui étaient donc cette folle ? « Je le confonds toujours avec le pingouin. » lui dit-elle avec un sourire. «Ce que j'ai surtout apprécié moi. C'est leurs friandises. Il y en a des différentes dans chaque pays ! Par contre, certains mangent des insectes grillés. » fini-t-elle en tirant la langue de dégoût. Elle avait fini de parler. « Et toi ? Racontes moi tout ! » Elle but une gorgée de sa boisson sucré et lui lança un regard pétillant de savoir.