vis ma vie
Le syndrome de Stockholm désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à développer une empathie, voire une sympathie, ou une contagion émotionnelle avec ces derniers.Une odeur de sang de promène dans l'air humide. Nauséabonde, celle qui prend au tripes. Dans l'obscurité, on ne distingue pas vraiment le rouge du noir, mais l'odeur omniprésente suffit à vous donner des haut-le-cœur. Des rayons lunaires font immersion entre les lattes de bois de l'habitat. La pleine lune éclaire, et s'abat comme une malédiction. Des yeux luisants diffèrent de la noirceur. Jaunes, animal. Puis tes sanglots brisent le silence. Ils résonnent, attirent l'attention.
Shhh, il va te voir. Mais il t'a déjà repéré, le loup. Il grogne et s'approche, fatal et mortel. La sueur perle le long de ton front tandis que tu serres la main inerte de ce qui pourrait être ta sœur ou ta mère.
Peu à peu, le temps prend le dessus, et l'aube renait du noir. Tu clignes des yeux, tu n'y vois plus rien. Tu es aveuglé par le changement soudain de lumière, et le grognement se transforme en respiration humaine. Trop familière. Une main brute attrape ton menton et tu fais face à ton bourreau. Ton voisin, l'ermite. Celui dont tout le monde à peur, celui dont tout le monde devrait avoir peur. Il te jauge du regard.
Je peux te tuer petit. Mais ta punition pour avoir échapper à la pleine lune sera bien pire. Un sourire dévoile ses dents noircies, et rougies par la chair fraîche. Tu ne respire plus, tu ne parles pas et sans broncher, il te traine en dehors de la maison. Le froid te serre la gorge et le sang s'écoule de tes vêtements dans la neige. Le sang de ceux que tu aimes, pour apaiser la faim, et l'envie de tuer.
Le long tracé rouge dans le chemin immaculé blanc te poursuit à chaque pas que tu fais. Ton passé te poursuit, et tant que la tempête en toi ne se sera pas calmée, tu seras maudit par cette morsure et ce massacre.
La douleur ne partira pas. C'est toi qui t'y habitueras Sidney. Comme un animal, à ton tour. On t'as donné un nom, une maison, une raison de vivre. L'homme te regarde avec un air presque écœurant. Il prend soin de toi, tu le préoccupes, tu es comme son
fils. Et cet homme est ton père. La douleur est si vive que tu ne tiens plus longtemps debout. Tu es par terre, contre le marbre froid de la nouvelle demeure tandis que tes os se disloquent et que ta vraie nature ressort peu à peu. Tes dents s'allongent, ta colonne vertébrale se tord, s'agrandit. Tu ne cris même plus, persuadé que tu finiras par t'évanouir. Mais c'est une malédiction. Tu vas souffrir et t'y habituer, conscient puis amnésique, un enfer, un ennemi impossible à vaincre. Tu craindras les rayons blancs qui te brûlent la peau et tu tueras. Tout, tous, plus rien n'a de sens, Sidney n'existe plus. Tes yeux prenne une couleur noire et un hurlement brisant secoue la nuit.
Je t'aime. La blonde pose ses lèvre sur les tiennes et tu apprécies ce moment entre vous deux. Tu lui as dis que tu l'aimes, mais qu'est ce que tu connais à l'amour ? Tu seras bien vite désillusionné par la dure vérité des choses et des gens.
Moi aussi. Deux ans vous sépare, et pourtant elle est bien plus que toutes ces filles de ton âge. Elle glisse une main sur ton visage, cerné et fatigué. La pleine lune d'avant hier aura été dure, un ciel sans nuage qui ne pose aucun répit, juste de la souffrance. Tu attrapes ses hanches et la porte pour la posé sur le rebord du muret dans le parc.
Tu sais garder un secret ? Ta main se balade inconsciemment dans la chevelure blonde platine. Ton cœur bat la chamade, tu le sens battre dans tout ton corps. Elle est la première à qui te ressens le besoin de lui dire. Malgré ses airs revêches et supérieurs, elle t'inspire tout ce qu'il y a de familier, mais sans cet aveu, elle ne te connaitra jamais complètement.
ça dépend desquels. ça dépend des gens. ça dépend de ce que c'est. mais je suis pas une personne qu'on va voir pour dire ses secrets. Elle t'embrasse à son tour et t'interroge du regard.
Quelque chose ne va pas ? Tu t'appuies de part et d'autre de sa silhouette, contre le muret. L'hésitation et l'angoisse presque le dessus tandis que ta respiration s'accélère.
Je- je ne t'ai jamais parlé de mon enfance. Cassiopée attrape ton visage entre ses mains, douces et rassurantes, ce qui a le don de te calmer instantanément.
Il y a huit ans, je vivais dans un village, en campagne, éloigné de tout, pratiquement pas de population. Ta gorge se serre, et il t'es encore plus dur de parler. Tu te souviens de tout.
Un loup garou à tué la moitié des familles présentes. Le regard bleu de ta copine s'adoucit. Elle doit se rendre à l'évidence, que si toi tu es encore en vie, c'est qu'il y a anguille sous roche.
C'était un de nos voisins, et.. Il t'a mordu, n'est ce pas ? Tu la remercies du fond du cœur pour avoir fini la phrase à ta place. Une larme menace de glisser le long de ta joue, elle perle au coin de ton œil, trahissant ta plus grande force, mais aussi ta plus grande faiblesse. La blonde attrape ta nuque et te rapproche d'elle. Tu trouves ton visage dans le creux de son coup, passant tes bras autour de ses hanches. Elle ne dit rien, mais les aléas de ses doigts agiles sur tes cheveux t'apaisent.
Cassiopée Cayrel est celle qui aura eu le plus confiance. Après ton père adoptif, ton gardien, ta malédiction en personne, elle est celle qui aura les éléments pour te détruire. Tu descend de ton dortoir et dans la Grande Salle, une jeune fille retient un hurlement lorsque vous manquez de vous rentrer dedans par mégarde.
D-dé-désolée. Elle s'éloigne bien vite et rejoint ses amis, qui te lancent des regards inquiets,
effrayés. Inconsciemment, tu recules et quelques pas. Tous les regards sont tournés vers toi, même certains professeurs te jaugent lourdement derrière leur livres, leur paires de lunettes. Tu trouves la chevelure blonde parmi tous les serpents et tu remarques très bien le moment ou la brune près d'elle te pointe du doigt et que Cayrel hoche la tête. Tu ne mets pas longtemps à comprendre ce qu'il se passe lorsqu'un Poufsouffle imite pitoyablement le hurlement d'un loup derrière toi.
Je peux te parler un moment ? Elle te regarde, et regarde son bras, que tu tiens fermement, elle doit avoir mal mais elle ne le montre pas. Comme lorsque tu as arrêté votre relation, rappelle toi. Tu n'avais pas envie qu'elle soit avec quelqu'un comme toi, un monstre, faible et pourtant si dangereux. Puis, il faut le dire, elle ne ressentait rien, et ta condition bloquait les sentiments. Uns à un, tu desserre tes doigts de son bras frêle, et le calme reprend le dessus.
Je croyais que je pouvais te faire confiance! Qui t'as fais croire ça ? Tu me connais je crois. On était ensemble ! C'est ça, un couple, non ? Oui Sidney, tu te dis qu'après huit mois de relation, vous pouviez rester amis ? Mais Cassiopée Cayrel n'est rien de tout ça.
Tu te rends compte de ce que t'as fait ? Ma vie ici est foutue Cassiopée! Elle balance sa main dans le vide. Elle s'en fout Sidney.
Ouais, t'es mignon quand t'es triste. fallait pas me lâcher comme ça, je t'avais dis que tu le paierais. Un rire acerbe sort de ta bouche tandis que tu la plaques contre le mur de pierre derrière elle.
JE le paierais ? T'as encore rien vu ma belle. Fais gaffe, tu me revaudras ça, je te le promets. Tu pourrais lui cracher dessus, sur la belle blonde qui se fout royalement de tes menaces. Tu la laisse plantée dans les cachots. Elle ne mérite rien de plus la conne.
Tu t'extirpes de la forêt interdite, remettant ta chemise à l'arrachée. La nuit à encore été longue, éclairée par l'omniprésence de la lune. Tu n'as pas mis de chaînes ou quoi que ce soit, tu ne bois pas ta potion. Dès ton plus jeune âge, on t'as appris à craindre la malédiction sans l'affecter avec quelconque sort. Cela fait deux ans que chaque matin de pleine lune, les gens agissent différemment envers toi. Du moins, encore plus que d'habitude. Cela fait deux ans que plus personne ne t'adresse la parole.
Tu es une abomination, que veux tu ? Ce matin là, tu déambules dans les couloirs pieds nus, la chemise salie par la terre quand tu l'as laissée par terre, dans la forêt. Mais ce matin, une chose change, tu la croises, Cassiopée, mais elle ne marche pas de son allure frénétique, ou stressée. Elle traine des pieds, le regard lourd, et ces marques sur ce visage. Elle
oublie même de te regarder bizarrement.
Après sa longue absence suite à l'attaque du loup, tu n'avais eu que des soupçons, et interroger sa meilleure amie n'était même pas envisageable. Mais maintenant, sa parfaite silhouette abimée le lendemain d'une pleine lune, Sid, tu tente sa chance au double ou quitte. Tu l'as prend à part, dans le renfoncement d'un couloir déjà désert.
Le karma est une belle pétasse non ? Tu ris, en t'approchant un peu plus de ta future-victime à long terme.
Moi au moins je n'ai pas à m'en cacher, grâce à toi. Elle te regarde l'air fatiguée, elle n'a pas l'air de comprendre. Faut-il lui donner un petit boost. Alors tu mime un hurlement de loup, penchant la tête en arrière pendant que le visage de ton ex-copine blêmit.
Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée Sid.. Désolée ? Je suis censée m’apitoyer là ? Elle est bien belle sa vie à la blonde. Elle pense que tu vas lui pardonner comme ça. Naïve. Elle s'accroche à ton cou, à ta veste, elle te fait pitié.
Comment t'as su ? Tu lèves la main, et glisse tes doigts le long des marques cinglantes sur son visage. Puis tu tapotes tes propres marques, comme en reconnaissance.
Oh tu sais, je vais pas t'expliquer que quand on cherche quelque chose, on trouve. J'ai attendu deux ans pour te faire payer Cayrel, ne crois pas que j'ai oublié que tu m'a ruiné dans cette école. Ou est passé ton assurance ? Ta pauvre réputation, ta pauvre vie tranquille, ton pauvre futur, tu les voient partir en fumée ? La blonde s'éloigne un moment, son regard paniqué va de partout. Mais Sidney a une bien meilleure idée en tête. Il sait qu'elle va le proposer car elle ferait tout pour sa petite suprématie. Huit mois ensemble, et tu as toujours l'impression de la connaitre par cœur. Elle a été ta plus longue relation. En fait, après elle, tu n'as jamais eu personne pour comparé. On avait peur que tu les bouffe dans leur sommeil tu sais.
Tout ce que tu veux! Tout ce que je veux ? Tout ce que tu veux! Un rictus déforme tes lèvres.
Bien, tu sais garder les secrets maintenant ?