« Vous avez pas vu Sid ? Personne a vu Sid ? » Mona avait l’impression qu’elle avait répété ça toute la journée. Ce qui était faux : ça faisait une dizaine de minutes seulement qu’elle se baladait dans le château en demandant à tous les gens qu’elle croisait vous auriez pas vu Sid ?. Les réponses étaient pour le moins variée. La plupart fronçaient les sourcils et disaient que non, ils ne l’avaient pas vu, certains lui avaient balancés qu’ils n’en avaient rien à foutre, d’autre encore n’avait même pas daigné répondre. La rouquine était étonnée que des étudiants dans Poudlard ne le connaissent même pas. Ceux qui avaient un peu suivis ces dernières années voyaient forcément qui il était de vue, c’était obligatoire. Et puis il avait été populaire pendant un temps, grâce à Cassiopée, qui elle-même était connue de tous. Scarlett en revanche n’avait jamais été vraiment connue de tout le château, souvent rejeté parce qu’elle était trop bizarre. Ça lui allait très bien : elle partageait son affection pour la race humaine en petits morceaux pour un nombre réduit de personnes, elle se fichait complètement des autres. Sid avait la plus grosse partie et elle ne le trouvait pas, ce qui était plus ou moins embêtant. Il était parti avant qu’elle ait fini de manger et maintenant voilà, monsieur Fawkes était introuvable. Elle s’était même aventurée jusqu’à la salle commune des rouges, et avait attendu que quelqu’un rentre ou sorte et qu’il la renseigne sur la présence de son meilleur ami dans leur repère écarlate, mais non, il n’y était pas. Il ne restait que le parc, endroit dans lequel il était fréquent qu’il se trouve. La septième année soupira donc, et se dirigea vers l’extérieur. Il faisait frais, ce qu’elle détestait. Mona aurait préféré vivre dans un four que dans un frigo, si on lui avait demandé de choisir un jour. On ne lui avait logiquement jamais demandé, et elle n’avait pas eu du coup l’occasion de raconter comme une fois sa mère avait sauvé sa grande sœur moldue des flammes dans l’incendie qui avait ravagé leur maison indienne et qui avait causé leur déménagement pas loin de Londres. Triste histoire qu’elle ne manquait pas d’essayer de raconter chaque fois qu’elle avait l’occasion. Mais au bout de cinq années à l’école de sorcellerie, il n’y avait plus grand monde qui voulait entendre sa vie. Elle s’adaptait donc, montrant généralement qu’elle s’en fichait et passait à autre chose. A quelqu’un d’autre qui avait envie d’entendre sa belle voix ou qui au contraire n’osait pas lui dire de se taire.

« Pourquoi est-ce qu’il fait aussi froid en avril… » La jeune fille grommelait toute seule, traversant le parc en long et en large, passant près du lac et s’arrêtant plus ou moins loin de la lisière de la forêt interdite. Le couvre-feu n’allait pas tarder par arriver, et elle voulait absolument parler à Sid avant de se réfugier sous sa couette et de relire ses cours du lendemain. Ellroy n’était pas une jeune fille qui n’obéissait pas aux règlements : l’autorité était nécessaire et malgré son hyperactivité et sa volonté de toujours partir à l’aventure, si l’heure était dépassée, elle était dépassée et c’était trop tard. C’est pourquoi elle sautait d’un pied sur l’autre, enroulée dans son écharpe jusqu’au bout du nez, maudissant l’aiglon. Un bruit se fit entendre derrière elle qui la fit se retourner dans un bond. Elle manqua de se rétamer et de s’étaler par terre sur l’herbe du parc, trouvant ses nouveaux talons particulièrement inconfortables, mais trébucha juste et se rattrapa à une branche en faisant trois petits pas maladroits. Penchant la tête pour saisir la source du bruit, elle n’aperçut qu’un dos et l’arrière d’une tête brune : il ne lui en fallait pas plus. C’était Sid, qu’elle avait tant cherché partout. Il s’était encore perdu dans un endroit pas possible. La jeune fille avança lentement vers le garçon, comptant le faire sursauter. Elle avait l’effet de surprise, et essayait de ne pas faire trop de bruit avec ses talons dans son dos. Ce n’était pas temps ses chaussures qui faisaient du bruit, mais elle qui se retenait de s’énerver tout haut car ils s’enfonçaient dans la terre. Une paire de chaussure ruinée. Le garçon avançait plus vite qu’elle, de plus, et elle avait l’impression de marcher dans du caoutchouc. Elle se força à accélérer et finit par l’atteindre. Mona essaya de lui sauter dessus, comme d’habitude, mais n’arriva pas à avoir suffisamment d’élan alors posa juste ses mains sur ses yeux en criant. « COUCOU C’EST QUI ? » N’attendant pas de réponse, elle sourit au garçon qui se retournait vers elle. Lui sautant dans ses bras pour lui faire un câlin, elle le sera le plus fort qu’elle pouvait. « T’es parti super vite je t’ai cherché partout. T’es nul vas-y. Et en plus je pourris mes chaussures pour toi. Bon tu vaux plus qu’une paire de chaussure hein mais tu pourrais pas rester je sais pas dans le parc comme tout le monde ? » Lançant un regard à la ronde, elle se mordit la lèvre. « En plus je sais pas si on a le droit d’être là vraiment hein. Mais bon, je préfère être ici avec toi illégalement qu’ailleurs légalement. Tu mesures l’amour ? TU MESURES L’AMOUR ? » La septième année s’approcha du visage de Sidney jusqu’à ce qu’il sourît et lui dise que oui.

Scarlett le poussa pour qu’il se retourne et monta sur son dos avec son aide, l’aiglon lui tenant les jambes et elle s’accrochant à son coup. Il était plus grand, et elle adorait se balader comme ça. Elle voyait mieux et elle ne se fatiguait pas. La soirée devenait de plus en plus sombre, presque à vue d’œil, et la Poufsouffle se rendit rapidement compte qu’elle n’était pas du tout rassurée. « Sid. Emmène-moi quelque part où j’ai pas peur qu’un truc me saute dessus, et où j’ai pas aussi froid que maintenant. S’il te plait. » Son meilleur ami acquiesça et changea de direction, toujours aussi silencieux que d’habitude. « Oh ça me fait penser à une chanson. » Toussotant et se rapprochant de l’oreille de Fawkes elle sourit et commença à chanter. « I got a pocketful of sunshine, I got a love and I know that it’s all mine oh, ouh ooooh ooooh. Tu connais ? » Faisant un bisou sur la joue du garçon, levant une main comme si elle partait à l’aventure et que Sid était son cheval, elle continua de chanter, bien plus fort cette fois-là. « do what you want but you’re never gonna break me, sticks and stones are never gonna shake me, oh, oh oh oh… » « Scarlett, ne chante pas la su-» Avant qu’il n’ait pu finir sa phrase, la septième année reprit, hilare, et gueulant tellement fort qu’elle était en train de se demander si les pions de l’école ne l’entendait pas. « TAAAKE ME AWAAAAAAAAAAAAAAAAAY, A BETTER PLAAAAAAAAACE A SWEEEEEET ESCAAAAAAAAAAAAPE » Le Gryffondor lâcha la rousse pour qu’elle tombe par terre et ouvrit la porte de ce qui était manifestement une cabane. Mona se tut un instant, rentrant dans ce petit lieu clos au milieu de la forêt avec suspision. « Comment tu connais ça ? T’es sûr qu’on est en sécurité ? Tu veux pas qu’on rentre ? C’est quand le couvre-feu ? Il est quel heure ? Reste là j’ai peur. Pourquoi on est là ? C’est quoi cette cabane ? Est-ce que- » ce fut le tour du septième année de couper la jeune fille, posant un doigt sur sa bouche avec un sourire. Scarlett ne dit donc plus rien, attendant au moins des petites réponses à ses questions.

La vie est moins drôle quand on est dans la forêt interdite après le couvre-feu quand il fait noir, et froid. Heureusement, il y avait Sid pour atténuer la peur de Mona d’être là où elle était, mais quand même. Après la foule de questions qu’elle avait posées, elle espérait que le garçon allait la rassurer. « Premièrement, je connais ça car je me balade à poil dans la foret la nuit. Oui je suis sûre qu'on est en sécurité. Non, je veux pas qu'on rentre. Le couvre-feu pour être dehors est passé depuis longtemps ma belle. Je reste là, je te quitte pas. Enfin, on est là parce que... Bonne question. » Scarlett fronça les sourcils. Elle n’avait jamais entendu que Fawkes se baladait tout nu entre les arbres à la lueur de la lune. Ca lui semblait bizarre, mais tout le monde a besoin d’un hobby. La deuxième objection qu’elle voulait faire c’était l’heure du couvre-feu. Bon, rien n’était raisonnable, pourquoi ils étaient encore là, hein ? Elle sentit la main du garçon encore une fois sur ses lèvres. Et puis en plus elle n’avait même pas le droit de parler. « Ah! Et arrête le café après dix-sept heures, ça te réussit pas. » Sidney avança dans la petite cabane sans rien rajouter, la laissant marmonner toute seule. « J’ai même pas bu de café cette fois. » Mais ayant peur de rester dehors abandonnée, elle se dépêche de le suivre, l’observant faire un feu dans la cheminé. Il a l’air d’avoir l’habitude. Peut-être que c’est vrai, qu’il se balade tout nu. A cet idée, elle rigole toute seule. Elle n’a jamais vu un garçon tout nu. Voir son meilleur ami tout nu, rien qu’y penser ça fait bizarre. Elle secoue la tête, se demandant bien pourquoi elle pense à ça maintenant. En plus, Scarlett n’est pas sûre qu’il soit content qu’elle rigole à l’idée qu’il soit tout nu : ce n’est pas forcément très gentil. Se déplaçant vers la petite fenêtre, la rouquine reporte son attention vers Poudlard, qu’elle voit à peine à travers la vitre fissurée de partout. Elle croit apercevoir le terrain de Quidditch, mais ne sait même pas si c’est de ce côté-là qu’il se situe. Bref, elle est encore plus paumée que prévu.

C’est un petit caillou qu’elle reçoit dans les cheveux qui la fait tourner. « OH ELLROY ? Viens t'asseoir. » Obéissante, la dite Ellroy vient s’asseoir à côté du garçon avec un sourire. Nu ou pas, il sera là pour la protéger. Enfin ça serait mieux habillé, parce que à poil il aura froid, et puis en plus il sera blessé plus facilement si quelqu’un les attaque. Mais en même temps, ça peut faire diversion : un attaquant qui combat sans vêtement, ça distrait. Enfin, ce ne sont que des suppositions et Ellroy n’aura sûrement jamais la réponse mais ça fera une jolie histoire à raconter si quelqu’un lui parle de Sid. Le jour où il m’a défendu tout nu contre des monstres. Le garçon a passé son bras autour de son cou, la serrant contre lui. Mona est bien ici, mieux que le reste de la journée. Mais elle est toujours bien avec son Sidounet d’amour. Et puis la Poufsouffle regarde par la fenêtre. Grave erreur : la nuit tombe, et c’est de plus en plus noir. Les flammes font des ombres plus ou moins terrifiantes sur les murs. Et puis ça se trouve, c’est un piège et le Gryffondor va la dévorer. « Arrête de trembler tu veux ? Qu'est ce qui peut bien te faire si peur ? On est à Poudlard tu sais, c'est safe non ? » La rouquine opine du chef. C’est vrai, même s’ils ne sont plus dans l’école, ils restent autour, et puis ils ne sont pas très enfoncés dans la forêt. Pas de raisons d’avoir peur, donc. « Sérieux, t'as rien à craindre, je suis là pour te protéger en plus. » Le sourire du garçon lui fait reprendre confiance. Et lui non plus n’est pas un danger, alors tout va pour le mieux non ? Elle va pour lui faire un câlin et se fait violemment bousculer par le brun qui s’est précipité contre la fenêtre. Mona commence à paniquer, se demandant ce qu’il se passe, pourquoi il panique, si une menace est proche, si ils vont tous mourir – habillés ou pas. Finalement, son meilleur ami retombe sur le sol et la Poufsouffle essaye d’arrêter de trembler. S’il a un problème, c’est elle qui devra le protéger et c’est pas le moment d’avoir peur. Toussotant pour essayer d’enlever la boule dans sa gorge, la jeune fille murmure, inquiète. « Sid ? » Il la regarde fixement. Elle fronce les sourcils, inquiète. « Désolé. J'ai cru que.. que c'était la pleine lune. » Mona le fixe, surprise. Qu’y a-t-il de si terrifiant à propos de la pleine lune ? C’est plutôt joli, non ? « Tu sais, depuis la dernière attaque de loup-garou, on est jamais trop prudent. »

Le sourire que lui lance Fawkes ne convainc pas Scarlett. Elle le regarde sans bouger. Ne sois pas bête, Mona. La septième année vient de faire le lien avec les rumeurs qui courent sur la particularité de Sidney. Elle n’en a jamais eu quelque chose à faire, se disant que de toute façon il n’y pouvait rien et ça n’enlevait rien à la génialité de sa personne. « Tout va bien maintenant ? » Il hoche la tête, mais visiblement, il n’arrive pas à retrouver le calme et l’assurance qu’il avait deux minutes plus tôt. Mona se lève et s’approche doucement. Elle pose une main sur son épaule et s’assoit à côté de lui, souriante. Elle reprend sa question, la tournant en affirmation comme si c’était un ordre. « Tout va bien. » Elle dépose un baiser sur la joue du brun, essayant de trouver quelque chose à dire pour remettre la bonne humeur. Scarlett a envie de savoir si les rumeurs sont vraies ou pas, s’étonnant que son Sidney qui n’a peur de rien soit effrayé d’un loup garou qui était un accident qui ne devrait plus se reproduire. Non, vraiment, ça ne tient pas debout. Mais lui en demander plus maintenant ne serait pas forcément apprécié, et la Poufsouffle ne veut pas l’énerver. « Hé. Viens on chante ça nous réchauffera. » Le septième année hausse un sourcil. Elle éclate de rire. « Oh si j’ai une super chanson. » Il n’a pas l’air convaincu. Elle lui attrape la main et se mets à chanter super fort, comme pour éloigner tous ceux qui auraient envie de venir. « PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS » Le garçon à côté d’elle roule des yeux. Elle s’arrête, le regarde. « Mais si tu connais la suite. Allez. Chante. » Il ne dit rien. Mona le pousse d’une épaule, l’encourageant avec un sourire. « ALLEZ. On s’en fiche du reste. PENDANT QUE… » Attendant qu’il prononce la suite, il y a un long silence. La jaune le pousse un peu plus fort. « Pendant que ? » Sid lui sourit. « PENDANT QUE ? » A force de le pousser et de s’approcher un peu plus, il finit par soupirer. « Le loup n’y est pas. » Scarlett sourit, et lui refait un bisou. « Tu vois quand tu veux. Si le loup y était, il nous mangerait. » Elle se tait, ne rajoute rien, et s’allonge, posant sa tête sur les cuisses du garçon et le regardant dans les yeux. « Tu sais Sidney si tu veux parler à quelqu’un moi je t’écoute comme d’habitude. Si t’as quoique ce soit à dire, je suis là. » Avec un clin d’œil, elle finit par rajouter, sûre d’elle, prenant une voix grave pour l’imiter. « Moi aussi, je suis toujours là pour te protéger de toute façon. C’est safe. »