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Un jour, vous vous éveillez au monde, sans même le savoir, tout simplement parce que des souvenirs se gravent dans votre mémoire, comme ça. L'enfance, l'adolescence, les réminiscences de ces périodes qui vous viennent sans que vous vous y attendiez, cela parce qu'elle sont attachées à un objet, un mot, une situation. Le cerveau est un organe compliqué qui travaille comme il l'entend et c'est vraiment drôle de s'en apercevoir.
Hermès l'avait mainte fois expérimenté ce souvenir soudain qui vous revient. Mais à la différence de beaucoup d'autres, lui ne savait pas toujours à quoi la raccrocher. Ses seuls et uniques souvenirs « à lui » prenaient place dans le nord de l'Angleterre, en compagnie de son vieil oncle Bill et de Fancy, la femme de ménage de celui-ci, rien de bien extraordinaire. Surtout que son oncle était le genre de vieux bourru qui n'avait que faire du reste du monde, son neveux inclus. Alors quand un souvenir duquel aucun détails ne l'aider à en comprendre le sens refaisait surface, il se rattachait aux quatre photos et aux deux lettres qu'il avait de son passé oublié. Deux des photos représentaient un homme blond et une femme châtain clair tenant un bébé dans leurs bras puis se le donnant tour à tour pour que la photo animée imprime le visage de chacun près de celui du bébé. La première était dans une belle cuisine claire et l'autre exposait en arrière-plan un superbe paysage de montagne, sûrement dans un village perché. Un village de résistants. C'était ce qu'avait déduit le jeune garçon blond d'après les deux autres photos qui représentaient la femme en train de jeter un sort, au milieu d'une vingtaine d'autres, sur un mannequin, et l'homme autour d'une table, un parchemin dessus, concentré, parlant à tous les autres d'un ton autoritaire. Et les lettres, elles aussi, le poussaient à penser cela : dans ces dernières on pouvait trouver une écriture si fine qu'elle en était difficilement lisible, celle de sa mère, qui lui répétait à chaque paragraphe à quel point elle était désolée d'avoir dû l'abandonner. Qu'elle y avait été obligée pour leur sécurité à tous les trois, qu'elle l'aimait et qu'elle espérait le revoir un jour en vie. C'était triste. Ou tout du moins ça aurait dû l'être, mais n'ayant jamais connu ses parents, Hermès avait du mal à ressentir de la peine à cause de cette séparation précoce et forcée, peut-être un léger regret mais sans plus.
Son oncle ne lui parlait jamais de ses parents car « un beau souvenir vaut mieux d'être oublié que noirci ». Hermès ne savait pas quoi en penser, mais préférait ne pas trop le faire, justement. Il se demandait parfois si c'était à cause de cette situation que son oncle était devenu aigri comme ça, à cause de la disparition de sa sœur. Son oncle aimait Hermès, le doute n'était pas permis, mais seulement il n'en montrait rien, absolument rien. Alors pour s'en consoler, lorsqu'il était enfant, le garçon jouait et donnait son amour à Derby, le chien de son oncle, qui avait sûrement créé son amour inconditionnel pour les chiens. Ou bien il parlait avec Fancy, cette petite vieille, plus âgée que son oncle, qui était adorable. Il avait eu de la chance d'avoir eu ces deux-là, le premier son meilleur ami, la seconde sa maman de substitution, ou sa grand-mère, il ne savait pas trop.
De toute façon, sans même parler des parents, il n'avait connu aucune autre famille que son oncle, alors il pouvait bien s'en créer une autre.
Et lorsque le chien était avec son oncle, qu'il travaillait dans les champs, et que Fancy était trop occupée à nettoyer le logis, Hermès dansait. Enfin... Il bougeait, il sautait, il tournait... Bref, il vivait une musique avec passion et émotion. Il s'était très vite découvert une passion dans la danse, et même s'il ne se pensait pas très doué (alors qu'il l'était, vraiment) il adorait le faire.
Il aurait bien pu aller travailler aux champs avec son oncle, il avait essayé, mais un jour, une énorme sauterelle lui avait sauté sur le bout du nez, déclenchant une réaction épidermique et une peur intarissable. Depuis ce jour, difficile pour lui de mettre un pied dans les hautes herbes ou de faire face à un de ces affreux insectes, ou à un affreux insecte en général. Mais ça, il le gardait pour lui.
Sa vie était tranquille, limite ennuyante, jusqu'au jour où un mangemort vint le chercher chez son oncle pour l'emmener, fatalement, à Poudlard.
Le jeune homme à peine âgé de onze ans avait de suite détesté le mangemort, parce qu'il savait que c'était eux qu'avaient combattus ses parents. Et par conséquent, il savait que c'était ce qu'il voulait faire aussi.
L E S ♦ I N D E S T R U C T I B L E S Aussi noir qu'il ait pu devenir, Poudlard restait tout de même aussi magique qu'on avait pu le dire. Le château était imposant, fier, implacable, éternel... Des tas d'adjectifs traversaient la tête du jeune sorcier tandis qu'il arrivait en bas du chemin qui menait aux grilles qui fermaient l'enceinte de l'école de magie. Le lac paraissait énorme, le parc encore plus et ne parlons même pas de la forêt interdite. Hermès traînait en rêvassant et le rappel à l'ordre du serviteur du seigneur des ténèbres le fit violemment sursauter et lui rappela une appréhension qu'il avait eu tout le trajet : la répartition. Il ne savait pas dans quelle maison il pourrait bien être, avec qui il serait, comment cela se passerait... Dans ce domaine, personne ne l'avait beaucoup aidé car son oncle n'utilisait plus la magie et ne parlait que très peu du monde magique et Fancy était une cracmole qui n'avait jamais été à Poudlard. De plus, il avait toujours fréquenté des écoles moldues, bref, rien n'aurait pu l'aider à avoir quelques bases auxquelles s'accrocher.
À peine entré dans le hall, le terrible brouhaha le mit mal à l'aise, ne sachant pas trop quoi faire. Apparemment, beaucoup d'entre eux se connaissaient déjà. Lui ne connaissait personne. Il s'adossa à un mur et attendit en regardant les autres. Dans sa « famille », on était pas très avenant, il ne savait donc pas vraiment comment faire. Dans le tas, il remarqua une jolie petite brune pleine de tâches de rousseur et une jolie petite blonde à l'air rêveur, elles venaient apparemment de se rencontrer, elles avaient l'air gentilles.
Un mangemort les conduit tous dans la grande salle et la répartition commença. Il fut l'un des premiers à passer sous le choipeau, C, Charleston. Tout le monde le regardait, c'était la première impression que tous les autres élèves auraient de lui, il devait faire au mieux. Il marcha d'un pas assuré jusqu'au tabouret, pris un air détendu et s'assit. On lui posa le choipeau sur le crâne et celui-ci, d'un ton fatigué, lança après quelques minutes de réflexion : « Poufsouffle ! ». Et son cri fut suivi d'un concert de hurlements et d'applaudissements venant de la table des sus-nommés. Chaque table faisait cela à chaque fois, mais malgré tout, cela faisait plaisir.
Hermès fut très heureux de voir le jolie petite blonde rejoindre sa maison, et se joignit aux autres pour l'acclamer, elle s'assit justement à côté de lui mais il n'osa pas lui parler. Un peu plus tard, ce fut au tour de la jolie petite brune d'être répartie, et le sort fut favorable à Hermès : elle aussi rejoignit les Poufsouffle. Le blonde voulu faire une ola, le garçon se joignit à elle, mais ils ne furent pas très nombreux à le faire, ce qui fit rire le blond.
Le dîner terminé, les deux fillettes partirent en courant, et Hermès voulu les suivre alors sans même y penser il le fit, sans trop faire gaffe. Elles partirent à la chasse d'un monstre que Hermès ne connaissait pas mais souhaitait réellement découvrir : le ronflaxmar. Elles, elles ne firent pas attention à lui tout de suite, elles, elles s'amusaient entre elles mais tout à coup le blonde le remarqua et lui dit qu'elle l'avait pris pour une des bêtes qu'elles recherchaient. Les deux filles riaient, il se mit à rire.
Un jour, Théoxane avait proposé que tous les trois s'appellent les indestructibles, elle avait dit que c'était un dessin animé qu'elle avait vu un jour. Hermès avait trouvé ça très classe, il avait acquiescé avec vigueur et cela avait marque lé début des Indestructibles.
C'est fou comme l'amitié se forme vite à cet âge-là. On ne demande rien à personne, on fait les choses comme elles nous viennent et on voit ce que ça fait. Hermès était comme ça, s'il voulait faire quelque chose, pourquoi peser les pours et les contres, supposer les éventuelles conséquences, quand on pouvait voir ce que cela engendrait en le faisant, tout simplement ?
D'ailleurs, Hermès n'a jamais vraiment changé.
Le petit Charleston, en grandissant et en devenant un grand et beau Charleston, il est resté assez impulsif. Il ne lui fallait jamais grand chose pour faire la bagarre. Il était un peu un guerrier trop sûr de ses forces et mêmes si ses défaites étaient rares, elles étaient violentes. C'est sûr que se battre à un contre cinq, ce n'est pas très intelligent. Malgré tout, il arrivait toujours à bout de deux ou trois de ses adversaires avant que les autres s'y mettent à plusieurs pour l'immobiliser et le finir, le pauvre. Heureusement, Théo et Lucy étaient toujours là pour l'aider avec quelques sortilèges, après tout ils étaient Les Indestructibles et au pire, aucune des deux n'avaient peur de mettre un ou deux gnons ou d'y mettre les dents. Et à la fin, si la défaite se faisait sentir, elles traînaient Hermès à l'abri et le soignaient (ou le mettaient à l'infirmerie) elles-mêmes. Un lien incroyable n'avait cessé de se renforcer entre eux trois depuis la première année et Hermès n'avait plus rien de plus précieux au monde que ces deux filles-là.
Alors bien entendu, quand quelqu'un se moquait de Théo ou quand Ewen avait fait souffrir Lucy, Hermès avait réagi... très vite, trop vite. Et il avait eu des problèmes, comme d’habitude. Le Poufsouffle était loin d'être un bon élève, il était du genre « tu sais pas où se passent les colles ? Suis-moi c'est par-là, et quand on est sages ils nous donnent des bonbons ! », le gros habitué quoi.
Mais les colles n'étaient dues qu'à son comportement parfois un peu violent. Autrement il était un élève sympa et serviable, et même apprécié, tant que le professeur n'était pas trop... mangemort. Sinon, aucun soucis pour multiplier les problèmes au sein du cours pour gêner et bien faire comprendre au professeur à quel point il inspire un dégoût profond à Hermès.
Après tout, il n'est pas résistant pour rien. De toute façon, aussitôt arrivé à Poudlard, les indestructibles eurent tôt fait de rejoindre le clan des combattants. Leurs idées à tous les trois étaient sur la même longueur d'onde que celle de la bande et de plus avec une Weasley dans ses plus proches amis, difficile de vouer une admiration au « Lord ».
Et ce comportement désinvolte, impulsif et un peu rebelle, associé au physique gracieux et athlétique du blondinet faisaient de lui une des cibles assez prisées par les filles. Ses conquêtes n'étaient pas peu nombreuses mais Hermès ne couchait pas n'importe comment et avec n'importe qui non plus. Il lui fallait de la séduction et des affinités, un minimum. Impossible pour lui de coucher avec une obscure par exemple.
De plus, s'il déclinait les avances d'une fille, qu'elle soit obscure ou non, il le faisait toujours avec gentillesse, politesse et galanterie. Si on pouvait lui reprocher sa brusquerie avec les garçons, on ne pouvait passer à côté de sa douceur avec les filles : il était toujours le premier à ramasser les livres qui tombaient, à relever une demoiselle après une chute et lui demander si elle allait bien, à faire des compliments car ça fait toujours plaisir. Les gens pensaient souvent que ses actes avaient des motivations intéressées, mais en réalité, il n'existait pas de garçon aux actes plus désintéressés que Hermès.
De toute façon, il n'y avait qu'une seule fille qui l'intéressait et c'était la plus inaccessible : Lucy. La plus belle de toutes les filles du château. Dans sa tête, il était compliqué d'accepter qu'il aimait Lucy, elle était une indestructible, ils étaient tous les trois les meilleurs amis du monde avec Théoxane, il ne pouvait pas les aimer. D'ailleurs il avait aussi cru aimer Théoxane pendant un moment, mais il avait fini par réaliser que ce n'était rien de plus qu'une amitié sur-dimensionnée. Il avait essayé de se persuader que c'était la même chose pour Lucy, mais tout au fond de lui, il savait bien que c'était différent.
C'était un peu pour ça qu'il avait fini par penser que peut-être les choses seraient plus simples avec les garçons. Alors il eut une période pendant laquelle il partageait son intimité avec les jeunes hommes plutôt que les jeunes filles. Il eut plusieurs aventures, aucune de dura.
Sexuellement, il trouvait son plaisir, mais les relations sentimentales entre hommes n'étaient pas faites pour lui, il ne s'y sentait pas à l'aise et finit par le réaliser... attristant du même coup les différents homosexuels et bisexuels du château : il était un excellent amant.
Il pouvait au moins se vanter d'avoir tout tenté, il était sûr de sa sexualité, il savait qui il était et c'était aussi l'une des sources de son assurance.
Bien entendu, il n'avait gardé aucune aigreur envers l’homosexualité et ses pratiquants, même s'il ne partageait plus leur envie, il avait gardé d'excellents amis parmi eux.
Il y avait des fois où Hermès avait envie de se dépenser pour tout oublier : tous les adolescents avaient leurs problèmes. Dans ces cas-là, il s'arrangeait pour monter sur le toit sans qu'on le voit, parfois avec Théo ou Lucy ou même les deux, et là il dansait.
Et un jour, à la fin d'une de ces danses...
« Waouh Hermès c'était magnifique. Tes cheveux blonds dans le soleil, tes mouvements... C'était superbe.
- Oh oui c'est vrai, Lucy a raison, la beauté de cette danse a du faire fuir tous les poutsikS des environ !
- Vous êtes mignonnes les filles, mais je danse pas si bien que ça.
- Bah je crois que tu ne t'en rends juste pas compte Herm. »
Hermès en pris une sous chacun de ses bras et embrassa leurs fronts avant de les relâcher et ajouter.
« Promettez-moi que vous et moi c'est jusqu'à la mort. »
Elles promirent.