« Louise… Mais qu’as-tu donc encore fait ?! » Hannah Londubat se planta devant sa fille, qui arborait une mine boudeuse sur son visage enfantin. Derrière elle, éparpillés sur le sol en bois, se trouvaient les fragments de ce qui avait du auparavant être un vase. « J’ai pas fait exprès ! » Geignit la gamine qui se tortillait sur place, aux bords des larmes. « Je voulais mettre des fleurs dedans pour qu’il soit encore plus beau. » Louise tendit piteusement le maigre bouquet qu’elle tenait entre ses doigts délicats. Hannah ne put réprimer un sourire désolé devant la bouille accablée de sa fille. Louise était, tout comme son père, d’une maladresse assez handicapante, et il n’était pas rare d’entendre des bruits de fracas dans la demeure des Londubat. La gamine se mordait les lèvres, elle faisait toujours cela lorsqu’elle avait commit une bêtise. « Ce n’est pas grave Louise. » Hannah prit la gamine par la main, l’éloignant des morceaux coupants qui jonchaient le sol. « Réparo » Sous les yeux émerveillés de la gamine, le vase se reconstitua à l’identique, Hannah venait, d’un simple coup de baguette, d’effacer la conséquence de la maladresse de Louise. Celle-ci se mit à applaudir, toujours autant émerveillée par la magie. « C’est quand que je saurai faire de la magie moi aussi ? » Hannah sourit gentiment tout en plaçant les fleurs dans le vase. Cette question, elle y avait droit au moins une fois par jour. Du haut de ses six ans Louise était déjà très impatiente de rentrer à Poudlard. « Dans quelques années ma chérie. Lorsque tu auras onze ans » Les traits de la petite fille se froncèrent lorsqu’elle se concentra pour compter le nombre d’années qu’il lui restait avant son départ pour le collège magique. « C’est dans cinq ans alors ? » demanda Louise, fière d’avoir sut calculer avec exactitude. « Et Lucy et Louis ils viendront aussi ? » Hannah s’accroupit à la hauteur de sa fille. « Bien entendu qu’ils viendront avec toi, et si vous avez de la chance vous serez même répartit dans la même maison. » Un sourire rayonnant se dessina sur le mignon petit visage de Louise. « Bon allez, va te préparer, n’oublie pas que nous sommes invité chez les Weasley aujourd’hui. » La gamine poussa un cri de joie avant de filer dans sa chambre revêtir sa plus jolie robe, la jaune, sa préférée.

Tu te rappelleras sans doutes toute ta vie de ce repas, même si, avec le temps, les détails et la douleur sont moins vifs, bien que toujours encrés dans ta chair. Tu te souviens de tout, de la couleur de la robe de Lucy, de la coiffure de Louis, … Qu’avait-elle de plus que les autres soirées ? Dans l’ingrate innocence de ton âge, tu n’avais pas compris. Et pourtant tout avait si bien commencé. Il n’était pas rare que toit et ta famille étiez invité chez les Weasley, après tout la guerre a tissé entre eux des liens indestructibles, forgés par le sang des innocents et la douleur de la perte des proches. La fête battait son plein, comme d’habitude tu étais en compagnie de Lucy et Louis, tel les trois meilleurs amis du monde. « Les enfants, à table. » La voix de Fleur avait retentit, vous tirant à votre conversation. Très vite, vous vous étiez tous retrouvé autour de la table en bois, adjacente à celle où étaient assis les adultes. Tu les connaissais tous, Rose, Hugo, Lily, Albus, James, Roxanne, Molly,… Ils étaient et sont encore comme ta famille, les frères et sœurs que tu n’as jamais eus. Tu te souviens encore, en face se trouvait Lucy, qui bavardait avec Albus, à ta gauche Lysander, ton meilleur ami, déjà. Et à ta droite, Roxanne. Malgré les années passées en compagnie des Weasley, tu ne connaissais pas extrêmement bien la jolie blonde. Ta timidité n’arrangeant rien, tu bafouillas des paroles incompréhensibles qui étaient sensées lui demander si elle allait bien. Elle ne daigna même pas de te regarder. Lorsque le métal froid et dur de la fourchette de ta voisine s’enfonça dans ta main droite, tu ne pus réprimer un cri de douleur, étouffé par le brouhaha des multiples conversations engagées autour de la table. « Louise, ça va ? » Les larmes perlaient aux bords de tes yeux, mais tu essayais tant bien que mal de les contenir. Le regard froid de Roxanne te convaincu immédiatement qu’il aurait été suicidaire de révéler qu’elle était la cause de ta douleur. Tu te tournais avec peine vers Lysander et lui répondit avec un sourire forcé.

Le sable chaud chatouillait les pieds nus de Louise, s’aplatissant sous le poids de son corps. Le soleil caressait de ses rayons ses cheveux d’or. Louise avait toujours adoré venir sur cette plage. Lors du mois d’aout et du mois de juillet, la famille Londubat « s’exilait » toujours dans ce petit coin de paradis où le soleil réchauffait leurs peaux plus habituées aux nuages ternes de Londres. C’était un des meilleurs moyens pour pouvoir s’évader, pouvoir rêver. Il fallait dire qu’après 10 mois à Poudlard, dans un climat de désolation absolue, Louise avait bien besoin de repos, de soleil et de vacances. La seule ombre au tableau était son absence insupportable. Il faisait partie intégrante de sa vie maintenant, et c’était dans des moments comme ceux-ci qu’elle s’en rendait vraiment compte. Mais il fallait qu’elle apprenne à composer avec car lorsque septembre reviendrait, ils ne seraient malheureusement pas réunit. Louise avait finit par se résigner, c’était la meilleure chose à faire, elle n’était pas digne, elle ne méritait pas de s’afficher à ses côtés. Trop maladroite, trop empotée, trop elle en fin de compte. Il méritait mieux, il méritait une fille parfaite, comme lui. Pas une pauvre Louise trop malhabile, trop en manque d’assurance. Mais il lui manquait, il lui manquait comme jamais quelqu’un ne lui avait manqué. Et elle se complaisait à croire que lui aussi regrettait son acte idiot. Son acte à elle bien sur. Après d’innombrables bons moments passés ensemble, après tellement d’amour, elle n’avait eu d’autre choix que de détruire ce qu’ils avaient bâtit. Elle n’avait jamais vraiment eu d’assurance en elle, les autres filles murmurant sur leur passage, se demandant comment une fille comme Louise pouvait être avec un garçon comme lui. Au fils du temps elle aussi c’était posée la question. Et le doute, ce serpent vicieux, s’était installé confortablement en elle, pour finalement la pousser à rompre. Qui aurait put penser que c’est Louise qui aurait mit fin à leur histoire ? Personne, ils la prenaient tous pour une empotée, à raison selon elle. Sa raison lui soufflait que ce fût la meilleure décision, mais au contraire, son cœur se tordait chaque fois qu’elle le voyait ou entendait parler de lui. Toujours cette incertitude, mais elle s’en fouttait, tout ce qu’elle désirait c’était son bien. Louis.